L’épais brouillard s’était levé depuis qu’ils avaient quitté la forêt pour rejoindre la Capitale, et maintenant, le couple s’était retrouvé face aux étals d’un marché. Calcilia s’était donc persuadée que l’idée était bonne que de se perdre une demi-journée à flâner entre les différents stands. Et si la beauté des produits n’était plus à prouver, leur prix eux étaient une réelle plaisanterie. Leur but était simplement de plumer les premiers pigeons qui auraient le loisir de se laisser avoir. Une jolie broche avait d’ailleurs attiré le regard de la jeune femme, et lorsque Liory avait fait mine de vouloir sortir sa bourse de cristaux, un simple regard de la demoiselle avait tôt fait de l’arrêter dans ses lubies de riche. Calcilia poussa un profond soupir, en se détournant, voyant qu’elle n’arrivait pas à négocier le prix. Et il était hors de question de donner le moindre cristal à un homme qui tentait de dépouiller les passants.
« C’est incroyable qu’il ait essayé de me prendre pour une idiote ! Fulmina la barde. »
Elle avait saisi le poignet de son ami pour faire volte-face et disparaître de la rue commerçante. Toute cette abondance lui donnait envie de vomir maintenant qu’elle savait ce que ça coûtait. La ville royale était sûrement la pire de toute. La jeune femme se passa la main sur le visage avant de se retourner vers Liory et de lui offrir un maigre sourire.
« Désolée, je me suis emportée… Mais… Mais… Bafouilla-t-elle en serrant les poings. Ça me révolte de savoir que certains s’en mettent plein les poches ! Je suis sûre qu’ils arrivent à passer à travers les taxes du royaume avec leur combine de vicelards ! »
Et c’était reparti pour un tour, Calcilia s’était remise à jurer sans réussir à se calmer. Elle avait toujours eu l’habitude de vivre de rien. Elle n’entendait déjà plus les tirades de son amant pour essayer de l’apaiser, non seulement cet imbécile de marchand avait essayé de l’arnaquer, mais en plus de ça, il avait osé s’en prendre à son amour-propre. S’ils n’avaient pas été en public, la barde l’aurait sûrement saisi par le col pour lui coller une rouste bien méritée, mais c’était un coup à ce qu’elle finisse encore une fois en cellule d’isolement pour la journée. Ses épaules retombèrent bien à regret, c’étaient toujours les mêmes qui gagnaient. Il lui fallait absolument un remontant pour oublier ce début de journée misérable, et surtout pour faire retomber sa colère brûlante. La barde se retourna, attrapant les épaules de son amant pour le secouer faiblement, ses orbes violines s’étaient mis à luire de fureur.
« On va boire. Tonna-t-elle pour ne laisser aucunement le choix à son ami. »
Tout était une raison pour se laisser aller à l’alcool. Et si au début, Calcilia avait restreint sa consommation pour ne pas montrer une image dégradante face au noble, maintenant, elle se fichait bien que d’avoir une chope à la main à la moindre occasion. D’un pas déterminé, la barde parcourut les ruelles de la Capitale à la recherche d’une taverne qui saurait attirer son regard. Seulement, avant qu’ils ne puissent trouver leur destination, le couple fut interrompu par la course d’un enfant qui percuta les longues jambes de la jeune femme. Celle-ci ne vacilla même pas tandis qu’elle se baissa pour relever le gamin qui lui, était tombé les deux fesses au sol. À peine debout, le petit garçon se cacha derrière la barde qui n’eût pas le temps de lui demander comment il allait. Elle releva la tête pour comprendre l’origine du problème.
« Il est passé où ce foutu gosse ? »
Calcilia devint soudainement livide, avant de se mettre devant son amant presque inconsciemment afin de faire barrière de son corps. Cette voix, elle ne la connaissait que trop bien même après plusieurs années. Au coin d’une rue, la silhouette apparut, il n’était pas très grand, même plutôt maigre et chétif. L’enfant, s’était mis à serrer fortement la tunique de la barde lorsque l’homme était à présent dans leur champ de vision. Une expression de surprise apparut sur le visage de l’inconnu lorsqu’il remarqua la présence de la barde.
« Oh, tiens ! Qui vois-je ? Ça fait longtemps. »
La voix était aussi grinçante que désagréable, faisant reculer la jeune femme de quelques pas. Son esprit était envahi de diverses questions. Pourtant, Calcilia se marqua d’un sourire joyeux en croisant ses doigts devant sa poitrine.
« Mais quelle surprise en effet, s’exclama-t-elle d’un ton jovial. Qui l’eut cru que tu es déjà sorti de ta cage. »
Un léger rire secoua les épaules de la barde qui se montra encore plus protectrice envers son amant, et dissimulant davantage l’enfant. L’homme s’arma lui d’un sourire cruel en tendant la main vers eux.
« Allez chérie, toi aussi, tu m’as manquée, mais, fais-moi le plaisir de me rendre le gamin, on s’évitera une effusion de sang inutile.
- Quel gamin ? »
Elle joua la carte de l’idiote, ne sachant pas quel mauvais tour il allait être encore capable de leur jouer, et Calcilia n’était pas pressée de le savoir. Le sol devint soudainement meuble sous ses pieds, avant qu’une lame tellurique ne sorte de terre. La barde eut tout juste le temps de saisir le col du garçon pour le jeter dans les bras de Liory. L’attaque n’avait pour but que l’intimidation pour le moment.
« Allez, Calci, me rends pas la tâche plus difficile, tu me donnes le gosse et on s’est jamais revus, d’accord.
- Jamais mon lapin, tu sais que c’est pas comme ça que ça marche avec moi. »
La barde attrapa le poignet de son amant, ça ne servait à rien de s’attarder, et il valait mieux fuir. La priorité serait de se mettre en sécurité. Devant le regard interrogateur de son ami Calcilia, lui sourit rassurante.
« On ne rencontre pas toujours les bonnes personnes, fit-elle presque tristement. »
Elle devrait sûrement lui raconter afin de dévoiler quelques parts d’ombre qui parsemaient le passé de la jeune femme. Ils continuèrent à courir sans regarder en arrière.
La capitale et son activité bourdonnante. Elle n'avait guère manquée au noble qui finissait par préférer la compagnie de Calcilia ou de se partenaire de chasse. Bien plus reposante et calme que cette activité frénétique à laquelle il avait été habitué pendant des années. Tant et si bien qu'il ne faisait plus attention aux prix affichés, plus désireux de s'éloigner de cette masse compacte qu'autre chose.
Ironiquement, il était assez riche pour acheter le marché dans son ensemble, et voilà que Calcilia l'empêchait d'acheter un cadeau...
Mais, l'argenté ne tenait pas à contrarier son amante, préférant ne pas tenter de lui offrir quelque chose qui ne lui ferait pas plaisir.
Et quand elle l'emmena dans une rue attenante, Liory se laissa embarquer sans opposer de résistance
-Tu es sur qu'il est sage de boire à la première contrariété ?
Un point qu'elle partageait avec Evelyn : la boisson semblait souvent être le remède universel. Et si le noble ne voyait aucunes objections à cela, il aurait tout de même préféré passer sa dernière soirée avec son aimée ailleurs que dans les sous sols d'une tavernes populaire.
La rusticité faisait son chemin, mais son côté solitaire venait en même temps que ses talents de chasseur.
A croire qu'un être humain ne pouvait pas obtenir tout à la fois.
Ce fut finalement la collision avec un petit humain qui mit un terme à l'idée de s'enivrer, un enfant rapidement suivit d'un homme que l'argenté détesta au premier regard.
Rapidement, les pouvoirs déchainés de ce dernier lui confirma son impression, alors que le sol se soulevait, manquant d'engloutir l'enfant dans une étreinte minérale, sans doute mortelle.
Et si Liory commença à s'avancer, ses yeux azurés s'illuminant en préparation d'une réplique toute métallique, Calcilia l'embarqua dans une course effrénée.
Ils coururent au hasard, passant de ruelles en ruelles, les cris de leur poursuivant se faisant de plus en plus faible, mais toujours colérique.
-Si l'on trouve un abris, tu me fera le plaisir de m'expliquer comment cette histoire à débutée. Et comment un ancien prisonnier peut te connaitre !
Son ton n'était pas accusateur, mais laissait entendre une certaine curiosité qu'il espérait bien voire récompensée.
Et si le dédale des rues fournissait un moyen utile de semer leur poursuivant, un éclat de pierre leur rappela bien vite que l'homme connaissait les rues.
-Quant à toi garçon, tu nous expliquera pourquoi on t'en veux à ce point !
Dit il à l'enfant chargé sur son épaule, ce dernier ballotant sur son épaule comme un fétu de paille, régulièrement frappé par l'arc de chasse que Liory avait attaché à son dos. Si la raison n'était pas bonne, cela lui servirait de leçon.
-Tu n'as pas également des amis dans la garde je suppose ?
Tenta le noble alors qu'un bloc de pierre venait fracasser une arche devant eux, manquant de peu d'ensevelir le couple sous quelques kilos de gravats
« Il y a bien des choses que tu ignores, mais je suppose qu’on ne peut rien garder secret. »
Un murmure pitoyable face au vent, mais rapidement étouffé par le bruit des gravats qui s’effondraient sur eux, dans une pluie assassine. La course arrêtée, Calcilia se tourna vers leur opposant qui marchait lentement dans leur direction, imposant son rythme comme si chaque pas annonçait leur glas dans une mélodie latente. La barde ferma les yeux quelques instants en inspirant longuement, il aurait tôt fait de créer des geôles avec les débris qui trônaient sur le sol. Leur solution n’était donc plus dans la fuite.
« Tu ne lâches rien, n’est-ce pas ? Souffla la jeune femme en rouvrant les yeux. Ça tombe bien, moi non plus, on a toujours été similaires sur ce point. »
Un large sourire étira ses lèvres, et avant qu’il ne puisse faire le moindre mouvement, elle entoura les hanches de son amant, projetant le grappin de son arbalète vers un toit, et bientôt, ils furent dans les airs. Posés sur les bâtiments, Calcilia leur fit un signe de la tête pour les inciter à reprendre leur course, ils n’étaient pas encore sortis d’affaire.
« Dépêchons-nous de trouver un refuge. »
Ils traversèrent une partie de la ville en passant par les toits, ils devaient trouver un poste de la garde où laisser l’enfant afin qu’il soit en sécurité. Calcilia était à peu près certaine qu’il n’avait pas pu les suivre dans leur fuite, et il devait garder un arrière-goût amer de les avoir laissés s’échapper. La jeune femme posa un genou au sol pour saisir délicatement le visage de l’enfant, s’assurant qu’aucune marque ne zébrait son corps fébrile.
« Nous allons te mettre en sécurité, c’est promis. »
Son ton était doux et rassurant afin de mettre le garçon en confiance, et les larmes qu’elle vit poindre dans le coin de son regard firent monter en elle une colère sourde, elle mourrait d’envie de faire demi-tour, pour casser les dents de ce monstre. Ses bras l’attirèrent dans une étreinte chaleureuse, alors que d’une main, elle caressa délicatement ses cheveux comme par peur de le briser. Chaque mot tentait de chasser les craintes de cet enfant, mais ils étaient pressés par le temps.
« C’est presque fini, d’accord ? Souffla-t-elle en plongeant son regard dans le sien. Encore un petit effort, et tu n’auras plus à avoir peur. »
Calcilia se redressa en lançant un regard entendu vers son partenaire. Il leur fallait trouver un poste de garde, une légère grimace déforma les lèvres de la barde. L’envie lui manquait, mais la situation urgente ne leur laissait guère le choix. En silence, ils reprirent leur chemin sur les hauts buildings, avant de redescendre lorsqu’ils furent assurés que le mercenaire serait incapable de les retrouver. Afin de ne pas attirer l’attention, ils se mêlèrent à la foule, jusqu’à enfin trouver la destination attendue. Sans attendre, la jeune femme ouvrit la porte d’un geste de la main, surprenant les membres qui étaient de garde. Elle leur expliqua brièvement la situation sans rentrer dans les détails. Le gamin bien incapable de parler, étouffé par ses sanglots, ils ne surent pas les raisons pour lesquelles il était poursuivi. Et après leur déposition, des agents furent envoyés sur le terrain à la recherche de l’infâme criminel.
Lorsque cette histoire fut enfin derrière eux, Calcilia laissa son fessier s’écraser sur le rebord d’un mur.
Le poste de garde c'était annoncé comme un bastion sur au milieu du chaos qu'il traversait. Et ce furent des gardes surpris qui les virent entrer. Et s'ils se montrèrent d'abord réticent à les écouter, il ne fallut pas longtemps pour qu'une assignation ne soit lancée.
Une première patrouille partit presque immédiatement, suivit d'une autre alors que le dispositif de la garde s'actionnait enfin.
Ce ne fut qu'une fois la situation quelque peu stabilisée qu'ils trouvèrent un peu de repos, s'asseyant sur le rebord d'un mur ou Liory eut tout le loisir d'observer son amante et son air préoccupé
Posant une main sur la sienne, il resta un moment muet, plus inquiet par l'état émotionnel de la jeune femme plutôt que par le fait d'avoir faillit mourir une fois de plus.
-Je pense que les révélations pourront attendre un petit moment, tu m'as l'air plus secouée que notre victime
L'enfant était encore secoué de sanglot, mais c'étaient ceux de la peur passée. Bien conscient que la garde ne laisserait pas quelqu'un lui mettre la main dessus, il prenait à peine conscience de la chance qu'il avait eu
-Il va déjà falloir trouver quoi faire de notre victime, je ne me sens pas à la laisser au gré des rues. Et au vu de son état, il va avoir besoin d'un médecin...
Ce qui tombait bien, car le centre de l'Astre de l'Aube n'était pas si loin, une occasion de laisser l'enfant à des professionnels qui sauraient s'occuper de lui.
Ce dernier semblait ne rien avoir sur lui, mit à pars un étrange tatouage en forme de serpent que Liory n'avait jamais vu jusque là.
-Je connais un centre médical pas très loin, sa directrice est une amie, je pense qu'ils pourraient s'occuper de lui le temps que les choses se calment.
Et puis, il n'y aura pas d'endroit plus sur !
Sa main remonta jusqu'à la joue de son amante, peu désireux de l'entrainer dans une nouvelle course folle ou dans une révélation de sa vie antérieure.
Peut être pourraient ils passer par un des bains de la ville pour se reposer après ça ?
-Faut il éviter certains quartiers ? Ou bien cet homme était juste un spectre qui à fait son apparition au mauvais endroit ?
A mieux y réfléchir, il était vrai que l'argenté ne savait quasiment rien de Calcilia, mis à part son talent pour la chanson et pour les armes.
A croire que jusque là, il n'avait fait qu'effleurer la surface de la jeune femme.
-Calcilia...
Dit il pou la sortir de ses pensées avant de lui déposer un léger baiser sur la joue
-Tout ira bien, ne t'en fais pas
« Je… Excuse-moi Liory, je n’étais pas vraiment là, se justifia maladroitement la barde. »
Calcilia n’avait écouté son amant que d’une oreille distraite. Elle se permit quelques secondes pour réorganiser ses idées, avant d’approuver d’une allégation du crâne. Le puissant édifice qui avait commencé à se fracturer en présence du noble, se refermait doucement. Son regard se baissa vers la petite boule de poils qui venait de sortir de son sac, faisant s’animer un vague sourire triste sur le faciès de la jolie barde. Enfin, elle trouva le courage de se confronter à son ami, repoussant une mèche d’azur derrière son oreille.
« Je pense en effet que ce serait une bonne idée, ce sera mieux que de le laisser livré à lui-même. »
Calcilia s’éclaircit doucement la gorge, se libérant de l’expression grave qui marquait son visage depuis plusieurs minutes. Se morfondre éternellement n’était pas une solution, alors elle regagna rapidement son attitude joviale. La jeune femme saisit la main entre les siennes en fermant les yeux pour ressentir la chaleur de sa présence, elle sentit sa poitrine se faire moins douloureuse, réalisant à quel point l’avoir à ses côtés l’apaisait. Lorsque son regard vint rencontrer le sien à nouveau, la barde déposa un baiser dans le creux de sa paume.
« Non, ce n’était qu’un cas isolé, je ne pensais pas qu’il avait fini de purger sa peine, ni même que je le reverrais un jour. Ne va pas penser que je suis entourée de fripouilles, ça me vexerait. »
Il était temps qu’elle se libère de ses incertitudes. Cette situation aurait pu se produire à n’importe quel moment, sa faute n’était donc pas à remettre en cause. Du moins ce fut ce qu’elle tenta de se persuader. Afin de faire un vide complet, la barde joignit ses mains face à elle en prenant une longue inspiration puis de relâcher toute la pression en baissant les épaules. Ce n’était pas en se laissant aller à leurs idées noires qu’ils allaient pouvoir avancer.
« Allons-y, s’enquit la jeune femme d’une voix limpide. »
Leur chemin se fit à l’inverse dans une ambiance plus légère. Le garçon avait enfin réussi à taire ses sanglots inconsolables. Mais il restait accroché au jeune couple, comme s’il craignait que l’on vienne l’arracher à cette liberté idyllique. Leur route ne fut pas bien longue, et son regard se posa sur la silhouette de l’homme qui avait pris la tête pour les guider à travers le labyrinthe de ruelles. Sa positivité défiait les plus grandes lois de l’humanité, elle ne savait pas comment avec de telles charges sur les épaules, il arrivait à garde la tête haute. Un pincement dans le creux de sa poitrine lui faisait réaliser certaines choses dont la jeune femme n’arrivait pas à y poser des mots, même si leurs divers différents lui avaient ouvert les yeux sur son affection pour lui. Elle sentait que quelque chose de bien plus profond était en train de croître. Songeuse sur ses sentiments, Calcilia ne se rendit pas compte qu’ils avaient atteint leur destination. L’enfant accroché à la manche de la barde semblait réticent à les quitter quand bien même Liory semblait suffisamment confiant pour le laisser aux soins du personnel de l’établissement. La barde posa un genou au sol pour faire face au gamin, les deux mains posées sur ses épaules.
« N’aie pas peur, ils ne désirent que t’aider, dit-elle d’une voix apaisante. C’est tout ce que nous pouvons faire pour que tu sois en sécurité. »
Le petit garçon renifla dans sa manche en hochant la tête, avant d’enfermer le cou de la jeune femme dans une étreinte presque douloureuse. Calcilia se redressa en refermant ses bras autour de lui et le souleva. Le laissant aux professionnels, elle ébouriffa gentiment ses cheveux pour le rassurer puis se détourna en regardant Liory, un air déterminé sur le visage.
« Je vais lui éclater les dents, grinça-t-elle. »
Une lueur de fureur brillait dans son regard, même si la garde s’était mise à la poursuite de cette vieille connaissance, une profonde rancœur demeurait attisée par les larmes ingénues de cet enfant. La colère était sourde, irraisonnée, poussant la barde à vouloir se jeter à nouveau entre les crocs de terre. Sûrement, se serait-elle à nouveau égarée dans les dédales de la cité pour retrouver cet homme si Liory ne l’avait pas arrêtée. Il savait trouver les mots justes, et elle se laissait hypnotiser, sans pour autant perdre ses ressentiments.
Son amant attendait encore certainement des réponses à ses questions, et bien que réticente à s’ouvrir, il était en droit de connaître les secrets qui se dissimulaient sous l’épaisse carapace que s’était forgée la barde. Mais avant tout, avec cette stupide histoire, ils n’avaient pas pris le temps de se restaurer.
« On va manger ? »
Une colère sourde pouvait se sentir, battant dans le cœur de la belle, à lui empoisonner les pensées jusqu'à obscurcir tout le reste. Ce qui ne plaisait guère à Liory préférant son sourire plutôt que sa colère.
Posant une main sur son épaule, l'argenté fit au mieux pour aider son amie.
-Allons belle hirondelle, ne t'obscurcie pas les pensées pour cela. Il sera attrapé à coup sur par la garde. Pas besoin de te salir les mains. Clairement, ça n'en vaut pas la peine.
Tuer des monstres était une chose, une chose utile plutôt bien acceptée par la population du royaume. Vouloir la mort d'un autre humain était bien plus compliquée... Et surtout passible de finir dans les geôles de la garde.
Sa main se fit plus ferme quand elle fit mine de vouloir mettre ses menaces à exécutions.
La douceur du noble soudainement mise de côté alors qu'une facette de ce qui avait fait de lui un redoutable homme d'affaire refaisait surface.
-Hors de question de te perdre la dedans.
Et si finalement, elle reprit un air plus serein en proposant d'aller manger, cela n'empêcha pas l'aventurier de hausser un sourcil.
Restant immobile, il finit par hausser les épaules, regagnant son air rassurant.
-Après tout pourquoi, courir la moitié de la ville avec un enfant dans les bras... Il y a plus reposant
Tout en parlant, l'argenté lui prit la main, l'emmenant avec détermination plus profondément dans la ville. Les rues de la grande ville n'avaient pas sa préférence, mais à force de les parcourir, Liory avait finit par trouver quelques bonnes adresses.
Il y avait bien une taverne, située dans les ruelles commerçante. Pas le summum du luxe, mais plutôt bien réputée si on oubliait que cette dernière était au sous sol.
-Par contre, ne touche pas à la serveuse ! On raconte beaucoup de choses sur elle. Et si elle est la gentillesse incarnée, son pouvoir la rend quelque peu compliquée à approcher.
Pour sa sécurité évite donc !
Billie-Rose comme on l'appelait. Une charmante petite hybrique qui ressemblait parfois plus à une peluche rêvée qu'à une véritable personne faisait le bonheur de tout les clients, même si une règle tacite c'était installée parmi eux.
Ne lui expliquant pas plus, le noble la fit entrer dans la taverne à mi rue, quelques marches permettant d'atteindre une grande pièce bien éclairée qui sentait fort la bière et le tabac, mais dont le mélange était loin d'être désagréable.
Il leur fallut se frayer un chemin jusqu'à une table ou une petite frimousse rose les accueillit avec un grand sourire. Des oreilles de chat s'orientant vers eux alors que ses grandes canines dépassaient légèrement de ses lèvres
-Bien le bonjour ! Nya
Bien loin d'être grande, elle en imposait tout de même par sa forte hybridation, devenue coqueluche de tout un quartier par la force des choses.
Liory lui offrit un sourire avant de commander une bière blonde et un morceau de canard dont les cuisses migeotaient dans une grande marmite au fond de la pièce
-Et pour vous votre miaoujesté ?
Peut être qu'un peu.... ou beaucoup de bière l'aiderait à penser à autre chose qu'à ses soucis
Mais cela n’était que l’hypothèse de ses projets à venir, et en attendant que leur commande ne leur parvienne, Calcilia jeta un bref coup d’œil à son amant, la joue délicatement posée dans la paume de sa main. Il y avait beaucoup de choses à dire, et c’était le moment où il fallait savoir dire les choses avant que ça ne puisse devenir plus compliqué et impliquer son ami dans d’éventuels dangers auxquels il pourrait ne pas être préparé.
« À quel point ta curiosité te pique ? S’amusa la barde malicieuse. J’aurais tout de même préféré qu’on ne se retrouve pas dans cette situation. Ça m’aurait évité de revenir me plonger dans des erreurs du passé. »
Elle se perdit dans l’étang bleuté, rivée dans les orbes d’azur de Liory à qui elle fit tendre davantage son incompréhension. Pourtant, aucune phrase ne sonnait mystérieuse, et Calcilia savait qu’elle n’avait strictement rien à se reprocher de la moindre de ses actions, si ce n’était sa petite tendance kleptomane à aller piquer dans les poches des petits riches agaçants. Elle poussa un profond soupir à fendre l’âme. Leur repas en tête-à-tête aurait pu se montrer romantique s’il n’y avait pas eu cette fichue histoire au milieu.
« C’était un groupe d’hommes qui complotaient contre la couronne. Ils ont tous été exilés suite à des attentats. »
Ça n’expliquait peut-être pas la raison pour laquelle Calcilia s’était retrouvé sur son chemin. Elle se décala, leurs plats étant déposés sous leurs nez. Elle inclina brièvement le crâne pour remercier la petite mascotte, avant qu’elle n’attire à elle sa première chope de bière qu’elle apporta à ses lèvres après avoir trinqué. Elle fut vidée d’une traite avant qu’elle ne repose un peu plus violemment que prévu sa boisson sur la table.
« Nous avons croisé leur route durant notre voyage avec mon maître. Ils essayaient de recruter pour leur cause, reprit-elle plus froidement. Et ces imbéciles ont essayé de se frotter à un maître dans l’art de l’épée. Il les a rétamés, c’était à mourir de rire. L’histoire aurait dû s’arrêter là quand on les a ramenés à la garde. »
La barde planta sa fourchette dans son gâteau pour l’apporter à ses lèvres et croquer dedans, encore plus contrariée.
« Mais y avait ce salaud. Il nous a fait croire qu’il était manipulé et qu’il n’avait rien fait. Donc forcément, mon maître et son trop grand cœur, il l’a pris sous son aile.»
Il les avait bernés pendant deux ans, les nourrissants de faux-semblants et de sourires hypocrites. Calcilia avait même cru qu’ils étaient devenus bons amis. Le goût de la traîtrise était encore plus amer lorsque l’on commençait à s’attacher aux gens. La jeune barde apporta une fraise à ses lèvres, sans terminer son histoire. La fin était assez évidente si l’on retraçait leur matinée.
Avisant l’assiette vide de son amant, elle tendit sa fourchette dans sa direction pour partager ses sucreries. L’expression insondable, alors que sa joue n’avait toujours pas quitté sa main.
« C’est le seul qui a échappé à l’exil. »
Sans surprise, l'histoire de Calcilia était moins que joyeuse. Une comme on en entendait que trop souvent dans la noblesse. Des trahisons, encore et toujours. Sirotant sa bière il n'en apprécia pas pour autant le gout.
L'arôme n'était pas pour autant désagréable, même si elle était un peu chaude. Il se surprit même à boire sans y prêter attention, terminant cette dernière avec la fin de l'histoire.
-Et qu'est il advenu de ton maitre ?
Car si elle parlait souvent de ce dernier, jamais encore son devenir n'avait été évoqué. Et le noble avait peur que ce dernier criminel soit la raison de sa disparition de la vie de la jeune femme.
Avant qu'elle ne puisse vraiment répondre, il accepta le gâteau proposé. S'approchant de la fourchette tendue, il prit délicatement la sucrerie au bout de cette dernière.
Ce n'était pas particulièrement fin, mais il était tout de même sacrément corruptible avec un peu de sucre, si bien qu'il se mit à sourire, reprenant son air sérieux une fois la pâtisserie avalée.
Posant la main sur celle de Calcilia, s'enivrant de ce contact qui allait s'interrompre pendant quelques temps, il finit par s'arracher à ce dernier alors qu'une nouvelle tournée de bière arrivait.
-Peut être que cela ne sera que partie remise, vu ce qu'il à fait aujourd'hui, il y a fort à parier qu'il finisse entre de bonnes main.
Mais si tu es inquiète, pourquoi ne pas en parler à la garde ? Si la garde ordinaire ne fais rien, peut être que la royale se montrera plus concernée par ses précédents projets...
C'était après tout leur travail, et s'il avait échappé à la justice une première fois, la seconde serait peut être la bonne.
Cela ou aller voir d'autres acteurs dans la cité...
Il était désormais connu que certaines entités régentaient une partie de la criminalité locale, en témoignait le symbole de serpent gravé sur une des poutres du plafond.
-Il existe également d'autres moyens, mais je te déconseille d'aller voir par là... C'est s'exposer à beaucoup de risques...
Et Liory avait bien moyen de contacter ces personnes, mieux valaient en rester loin. Faire un pacte avec le diable n'était jamais sans risque.
Secouant la tête, il finit par reprendre un peu de bière, tendant le verre supplémentaire à son amante
-Mais ne va pas t'aventurer la bas, il y a des chemins qu'il vaut mieux ignorer
Mieux encore: il fallait s'en éloigner à tout prix
-Tu ne bois pas ? Voilà qui risque de m'inquiéter d'avantage que tout le reste
« Je doute que tu prennes plaisir à ramasser un cadavre ambulant, s’amusa-t-elle, sans cesser de le fixer. Je préfère limiter la boisson tant que nous sommes ensemble, la dernière fois ne nous a pas réussis. »
Les dents du couvert rencontrèrent à nouveau la crème blanche, s’enfonçant délicatement dans la Génoise. Ce n’était pas réellement un souci si la barde ne pouvait pas s’alcooliser, elle passerait sans mal sa frustration sur les différentes pâtisseries qui s’étalaient sur leur table, puis elle éviterait sûrement une énième taverne dévastée. La joue toujours posée dans la paume de sa main, la jeune femme tendit l’autre en direction de Liory pour venir délicatement caresser sa joue. Son regard s’anima d’une lueur indéchiffrable, alors que ses doigts s’étaient mis à redessiner lentement la ligne de sa mâchoire. Calcilia savait à quel point la curiosité dévorante de son amant à son égard cachait en réalité une inquiétude, elle-même serait sans doute apte à darder le noble de conseils évidents. Elle ne put d’ailleurs s’empêcher de laisser échapper un léger rire cristallin.
« Tu t’inquiètes beaucoup, mon bel ange, peut-être même un peu trop. Tu oublies qui tu as en face de toi. »
La barde relâcha la douce étreinte rompant par la même occasion la bulle intime qui s’était formée autour du couple. Ses yeux reprirent leur sérieux maintenant que le sujet avait été abordé, elle n’allait pas laisser son amant sans réponse. Les souvenirs douloureux n’en étaient pas moins étouffés avec le temps, vivre avec ses deuils était devenu un fardeau qu’elle portait fièrement pour ne pas déshonorer les mémoires de ceux qui avaient été emportés par Lucy. Un sourire nostalgique arma les lèvres pleines de la jeune femme.
« Il n’a jamais eu de considération sur le fait que j’étais une gamine, il était le pire précepteur du monde. Il n’était ni conciliant, ni tendre, j’ai même cru qu’il voulait juste se débarrasser de moi, vu que j’étais une gamine sans ressource. Mais sûrement, sans lui, je n’aurais pas connu une telle indépendance. »
Calcilia se permit une petite pause pour venir saisir une fraise, aucun signe de tristesse ne trahissait son visage à l’expression impénétrable. Elle semblait même résignée, car c’était son quotidien depuis des années, où elle avait vu les cadavres s’entasser sans qu’elle ne puisse jamais changer de macabre destin qui se jouait d’elle. Cette lourde forteresse que la barde s’était bâtie semblait inébranlable, et pourtant, Liory avait réussi à y faire son chemin.
« Ce n’est pas à cause de cet imbécile que mon maître a rencontré sa fin, mais comme tu le supposes, il n’est plus des notres aujourd’hui. »
Une poignée de cristaux roulèrent sur la table, tandis que la jeune femme se releva pour quitter la taverne. Elle n’avait pas besoin d’en dire plus maintenant, il n’était pas nécessaire de s’étendre sur les sujets douloureux pour le plaisir de se faire du mal. Calcilia était une femme joviale qui vivait sa vie comme ça lui chantait, animant les rues de son art. Là était la seule image qu’elle désirait laisser derrière pour le jour où elle-même serait fauchée de la lame tortionnaire du destin.
Un peu de retenue ne serait pas de refus. Et comme la barde le disait si justement, ramener une amante ivre morte jusqu'à chez lui n'était pas forcément dans sa liste prioritaire de choses à faire.
Pour bien des gens, il n'en aurait eu cure. Mais Calcilia était une force de la nature qui se voyait rendue à l'état sauvage une fois ivre. A bien des occasions, il aurait accueilli cela avec un rire amusé.
Mais aujourd'hui, les choses étaient un peu différentes... Surtout au vu des révélations de la demoiselle qui ne réussirent qu'à embrouiller plus en avant Liory.
Devinant une relation conflictuelle, il ne pensait pas que c'était à ce point. Sous ses airs d'amour passionnel pour son défunt maitre, elle gardait une certaine rancœur envers lui. Difficile pour lui d'imaginer quelque chose d'aussi ambivalent
Sa propre relation avec sa famille n'étant qu'un champ de glace qui n'avait nulle lueur pour réchauffer le blizzard.
-Je vois, inutile donc de te laisser t'appesantir sur son sort, la garde s'en occupera, et pour ton maitre, je suppose qu'il sera heureux, même de l'autre côté, d'apprendre qu'un de ses anciens détracteur sera en prison.
A supposer qu'il soit attrapé. Mais très honnêtement l'argenté n'aurait pas vraiment pu faire plus. Chasser des créatures était une chose, et si l'homme en était une comme une autre, l'interdit était encore bien présent.
Une vieille peur qui ne le quittait jamais vraiment.
-Enfin, pour aujourd'hui, il ne nous reste qu'à profiter de notre dernière journée ensemble ! Et si lécher nos blessures est une perspective assez plaisantes, j'aimerai garder cela pour les longues soirées d'hivers !
Il est tout de même bien trop tôt dans l'année pour se morfondre
Finissant par payer leurs consommation, il fit un dernier aurevoir à Billy-Rose avant d'entrainer son amour dans la rue, lui faisant courir les rues pour l'amener jusqu'à la rive jouxtant le palais.
A cette distance, on pouvait voir les deux îles de la capitale, l'une affichant le faste de la famille royale, l'autre la froide efficacité de la citadelle de la garde royale
L'immense bâtiment de pierre froide tranchait sur le reste, ses tours de gardes et ses balistes pointées vers la ville comme s'il était question de quelconque monstre effrayant.
-Et si aujourd'hui est notre dernier jour, autant voir les plus beaux côtés de la capitale.
Je pars demain pour les montagnes et tes sourires vont me manquer...
Dit il en l'embrassant tendrement devant le paysage qui leur était ainsi offert, et ce alors que le soleil commençait lentement à décliner.
-Alors, que fais t-on ce soir ma belle ?
Elle observa la voûte céleste qui s’assombrissait peu à peu, faisant naître au milieu de la myriade d’étoiles, un croissant de lune étouffé. Le décor sombre de la ville éveillait au fond d’elle des souvenirs enfouis. La lueur des cristaux commençait à les sortir de la pénombre, les affublant d’une lumière tamisée. La barde semblait partagée de deux sentiments contradictoires, laisser partir Liory dans les montagnes, signifiait également un danger permanent qui pesait au-dessus de sa tête. Un instinct protecteur semblait s’accroître à mesure qu’elle passait du temps à ses côtés, tandis qu’une voix mutine lui fredonnait qu’il était temps de se libérer de l’emprise de son regard. Calcilia méprisait cette faiblesse qui l’avait alitée à plusieurs reprises ces dernières semaines.
Ses doigts entourèrent délicatement son poignet, tandis qu’elle apporta ses doigts à ses lèvres pour y déposer un baiser tendre. La barde n’avouerait certainement jamais que lui aussi lui manquerait. Elle releva ses prunelles violine qui semblaient presque luire dans la pénombre, Calcilia n’avait de toute façon pas besoin de mot pour s’exprimer s’armant d’une gestuelle équivoque.
« Allons, nous aurons le loisir de nous retrouver, s’amusa-t-elle. J’espère tout de même ne pas avoir besoin de venir chercher ton cadavre gelé dans les plaines de glace. Tu te doutes que même Lucy ne m’empêchera pas de venir de ficher une raclée méritée. »
Derrière ces mots emprunts de violence, se dissimulait une véritable inquiétude. S’il y avait bien une personne qu’elle ne souhaitait pas perdre, c’était bien son amant. Calcilia fit volte-face en croisant ses doigts derrière son dos tandis que le vent frais de l’automne s’égara entre ses mèches bleutées. Sa voix ne semblait pourtant pas soumise aux émotions qu’elle se gardait bien d’évoquer. Ils n’avaient pas besoin d’adieux larmoyants. Ses pas la guidèrent au milieu des ruelles qui s’activaient d’une population différente, alors que la Capitale était emprunte d’une ambiance joyeuse.
« Je pense que nous aurons besoin de repos avant de retourner sur la route. »
Elle se retourna vers son ami, rayonnant d’un sourire sincère. Les spéculations n’étaient qu’une prison qui ne ferait qu’accentuer les terreurs de la jeune femme, alors qu’elle savait que sous peu, ils seraient à nouveau réunis où ils pourraient savourer une nuit de retrouvailles qui serait animée de leurs déboires. Calcilia croyait à cet espoir et que toutes les fins n’étaient pas les mêmes. Les nuages sombres qui voilaient le regard de la barde se dissipèrent aussitôt. Elle fit quelques pas en arrière pour revenir aux côtés de son amant, s’aventurant entre ses bras pour une étreinte affectueuse.
« Même s’il serait dommage de gâcher notre dernière soirée de la sorte. »
Gacher leurs dernière soirée... L'idée n'était pas vraiment enchanteresse. Et, craignant de ne plus jamais la revoir, l'argenté préférait largement profiter de cette soirée comme si elle était la dernière. Et alors qu'elle se blottissait contre lui, le noble passa une main dans ses cheveux
-Fort dommage oui, et quitte à garder un dernier souvenir l'un de l'autre, autant que ce soit dans les meilleurs conditions
Et sans attendre d'avantage, il l'entraina quelques ruelles plus loin, dans une rue des quartiers riche ou sans surprise se trouvait une de ses villa. Liory ne prit pas le temps de lui faire visiter, sachant pertinemment que la barde ne verrait dans tout cela qu'une multiplication de pièces bien inutile.
L'important était de leur offrir quelques souvenirs heureux quand ils seraient loin l'un de l'autre.
Liory ne doutait pas de la parole de la jeune femme, conscient que même Lucy ne pourrait le soustraire longtemps à sa colère.
-Même si je compte bien crée d'autres moments avec toi, gâcher notre dernier moment ne serait pas digne de ce que nous avons vécu jusque là.
La fenêtre grande ouverte pour laisser à la jeune femme la liberté qui lui était si chère, l'amant se coula contre elle, savourant leur dernière nuit dans des draps de soie avant bien des lunes.
Et s'il n'exprima pas ses sentiments verbalement, nul doute que tout le reste en fut la preuve, quitte à en déranger le voisinage
Demain, ils repartiraient chacun de leur côté. Partant vivre une aventure pour se ressourcer avant de mieux se retrouver.