Observant les alentours, la blanche vit une jeune femme pourvue de splendides cornes chatoyantes et prit le parti d'aller à sa rencontre. Ajustant le sac de toile contenant les fruits sauvages sur son dos, et s'aidant de son bâton pour avancer, la jeune femme chercha à attirer l'attention de la villageoise en faisant de grands gestes et en la hélant, accompagnant ses mots d'un sourire rayonnant :
- Bonjour ! Pardonnez-moi de vous déranger, je cherche la production de soie. On m'a fait savoir qu'il était possible de la visiter pour en apprendre plus sur la façon dont sont réalisés les tissages et je dois dire que je suis très curieuse de la découvrir. Oh, j'aimerais aussi observer, si vous le permettez, le filage et la teinte de la laine. Si vous pouviez m'indiquer vers qui je dois me tourner, ou si vous-même pouviez me faire une démonstration, je ne saurais assez vous remercier ! D'ailleurs...
Elle posa le gros sac au sol, contre ses jambes et prit une grande inspiration, s'étirant, bras tendus vers le ciel, avant de tendre la main à l'inconnue :
- Je suis une des prêtresses du Temple, actuellement en voyage, vous pouvez m'appeler Merry ! Je ne demanderais aucun traitement de faveur, et si je dois mettre la main à la pâte pour en apprendre plus, je serais ravie de m'exécuter !
Sans se départir de son sourire, elle sortit une poire de son bagage et la tendit à son interlocutrice avant d'en attraper une deuxième dans laquelle elle croqua à belles dents en demandant :
- Un fruit ? Je les ai ramassés sur des fruitiers sauvages en venant. Je ne pensais pas qu'il y en avait autant d'ailleurs ! Il a fait si bon qu'ils sont sacrément chargés. N'hésitez pas, ils sont si juteux !
- B’jour vous, ‘chanté. Pour l’soie, j’peux vous y c’duire, c’n’est pas loin. Vous v’nez du Temple, hélas on n’a pas d’ça ici mais on a une auberge, p’tite mais sympa. Quand elle me montra le fruit qu’elle venait de sortir de son sac, j’eus un air songeur car ce dernier ressemblait à ceux qui servait pour les oiseaux car souvent rempli de vers. Euh, v’z’avec pris ça où ? L’arbre ‘tait ‘vec des feuilles rouges ou vertes ? Dans le premier, j’vous conseill’rais d’faire gaffe aux insectes qui peut s’trouver à l’intérieur sinon, zéro ‘blème. J’attachais ma hache à ma ceinture, et sortis du jardin familial où je travaillais. V’nez, j’avais vous conduire à l’atelier de Dinze et Eisen, sont sympas, v’verez.
Je conduisais donc la prêtresse Merry si je me souviens bien à l’atelier le plus actif du village, il y en avait bien d’autres mais on pouvait avoir du mal à circuler. On ne pouvait manquer le grand atelier tellement, il était imposant et aussi grand que l’auberge du village. Cependant, contrairement aux autres, il y avait un détail qui pouvait survenir de temps à autres, et on allait y avoir le droit car je voyais quelques villageois regrouper autour de la bâtisse.
- B’jour, Sorin. Sorin était ma meilleure amie, et surtout l’une des rares filles du village de mon âge donc on s’était bien entendu même si je jouais aussi avec les garçons. Je crois qu’aux dernière nouvelles, elle avait eu son premier enfant, et peut-être en attendait un deuxième. Cela fait c’bien d’temps qu’ça s’dispute ?
- B'jour, bah, quelqu’minutes, attendons dix avant de les arrêter d’force. Tiens, c’qui la dame d’rrière toi ?
- Ah, j’uis idiotes, je te présente, euh, c’est comment déjà ? Marry, Merry ?
- Hrp:
- Si tu ne comprends ce que dis Aishela, préviens moi, et je te mettrais une traduction en spoiler
- Vous pouvez y aller les yeux fermés, je vous assure. Allons-y, je vous suis.
Après tout, le Temple possédait quelques vergers qui servaient principalement à nourrir ses habitants, la blanche avait donc l'habitude de sélectionner les fruits et d'entretenir les arbres. Qu'ils soient domestiqués, ou sauvages, ne changeait rien aux points à inspecter avant de récolter. Son regard passa un instant sur la hache. Elle devait avoir une sacrée force dans les bras à manier un objet pareil ! Sans poser plus de question, elle emboîta le pas à sa guide attitrée jusqu'à un des grands bâtiments qu'elle avait repéré de loin.
Des hommes et femmes agglutinés devant les portes ignorèrent totalement leur arrivée, concentrés sur le grabuge à l'intérieur. Surprise, la blanche tendit l'oreille, mais ne parvint à saisir que des bribes de disputes. Devait-elle intervenir ? Ramener le calme au nom de Lucy ? C'aurait probablement été déplacé. Après tout, elle n'était pas en visite officielle et n'avait donc pas le moindre pouvoir. Toutefois... Rester sans rien faire était vraiment agaçant, et pas dans ses habitudes
Secouant la tête à l'entente de son prénom, la prêtresse confirma d'un hochement de tête tout en observant la femme au ventre arrondi en souriant doucement. Pleine de chaleur, elle lança à la future maman :
- Merry, c'est cela. Ravie de vous connaître Sorin, je vois que la déesse vous a béni d'une descendance, quelle chance vous avez ! Je lui souhaite d'être aussi vigoureuse que les deux zigotos qui s'invectivent dans ce bâtiment. Que leur arrive-t-il donc ?
Une fois, présenté à Sorin, elle la complimenta pour sa grossesse. Cette dernière lui répondit :
- J’ne sais pas si la déesse y est pour quelqu’chose mais en t’cas l’un des deux zigotos à l’intérieur oui. Pour faire simple, toutes l’semaines, où dès qu’ils reçoivent un gros travail, il s’engueule sur la march’à suivre. Dans quelqu’secondes, ils vont s’arrêter. Ah ! C’bon, ils sont calmés. J’vous laisse là, j’vais dormir, c’tait un plaisir de vous rencontrer m’dame.
Elle nous laissa seule devant le bâtiment, tout le monde était parti. C’est une activité qui change du train-train quotidien. J’ouvris la porte en grand, et m’annonça pour que les gars ne soient pas surpris de me voir.
- Les gars, c’est Aish’, il y a une dame qui v’drait voir comment v’travaillez sans les engueulades c’pendant.
Dinze et Eisen avaient légèrement sursauté en m’entendant, faut dire que je ne savais pas mesurer le volume de ma voix. Ils se tournaient vers nous, et nous saluaient.
- Yo’ Aish’, et la p’tite dame, vous allez bien ?
- D’solé pour l’bazard, on vient d’finir une grosse livraison. Vous v’lez voir quelqu’chose de précis ou plutôt un tour de l’atelier dans son ensemble ?
- Très bien, je vous remercie. Je suis ravie de voir que votre affaire tourne à merveille. On vante votre travail un peu partout dans la région, c'est pourquoi je voulais en apprendre plus sur la façon dont vous procédez. D'ailleurs, n'ayez pas d'inquiétude, je suis prêtresse, je m'intéresse au savoir et ne compte en aucun cas voler votre technique pour vous faire concurrence.
Elle se tourna vers l'autre individu pour poursuivre, les yeux brillants d'intérêt :
- Toute la démarche à vrai dire. J'aimerais découvrir tous le parcours, de la matière première jusqu'au produit fini ! Enfin, si cela ne vous dérange pas, bien sûr. Je n'ai pas grand-chose à offrir, mais je tacherais au moins de me rendre utile pour le retard que je vous fais prendre en vous demandant de m'accorder de votre temps.
Comme les deux villageois avaient l'air de se concerter, Merry se tourna vers la jeune femme pour demander à voix basse avant d'achever sur une pointe d'humour :
- Lequel est Dinze, et lequel est Eisen ? Ils ont tous deux l'air très gentil lorsqu'ils sont calmes, en tout cas. Est-ce le premier ou le deuxième qui est responsable de l'état de votre amie ?