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Retrouvailles
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Retrouvailles─ avec Carci
Le grand jour était enfin arrivé, j’allais enfin sortir de cet hôpital. Un peu plus d’une demie-lune que j’étais ici, et je n’avais pas encore exploré l’ensemble du bâtiment. Un travail incroyable avait été réalisé pour la naissance de ce lieu qui trônait au centre de la Capitale. Comment le louper ? Juste à côté de la Guilde, il imposait de par sa majestuosité Luz pouvait être fière de son bébé. Luz…
Je profitais encore du paisible lac artificiel pendant que la paperasse pour ma sortie soit rédigée. J’avais dû insister, et il me faudrait signer un avis contre médical. Je sais que le suivi poussé de mon état était imposé par mon amante … Mon exe-amante. Pourquoi prolonger mon séjour ici sans que tu viennes me voir Luz ? Je vais mieux, il est préférable que je m’en aille.
L’hôpital était une vraie source de savoir et de spécialisation. On y croisait de tout, du petit blessé au cas rare. Je pouvais dire sans me tromper que l’Astre de l’Aube avait la main mise sur tout le savoir médical et aidait à sa transmission pour les futurs soigneurs. Bien plus qu’un hôpital, il s’agissait d’un précepte, un art, une science, une éducation. Il donnait du sens à ceux qui voulaient aider les êtres vivants quelqu’ils soient. L’Astre de l’Aube est une réussite, et au fond de moins une étincelle de fierté pour Luz illuminait un tant soit peu la noirceur de mon amertume.
Les lieux brassaient beaucoup de monde, et lors da ma première escapade non autorisée hors de ma chambre je ne pensais pas tomber sur Elle. Cal dans sa version féminine. Cal avec un joli ventre rond. Cal qui n’a jamais cessé de me surprendre de par son tempérament inattendu venait de frapper à nouveau. Il faut dire que ma mémoire me joue des tours depuis l’incident qui m’a amené ici. Ma boucle à l’oreille a disparu … Ma main vint par automatisme retrouver le lobe meurtri dépourvu de son artefact magique. Au-delà de l’absence de sa magie qui me permettait d’enregistrer les moindre détails de mes observations dans ma mémoire, son absence avait un impact sur mes souvenirs personnels de ces dernières lunes. Le départ de Luz … Oublié. Rappelé à l’ordre lors de nos retrouvailles ici même aux urgences. La douleur se rappela à moi comme ce jour funeste où les mots de ma Flamme ne cessèrent de me hanter. Une anamnèse qui allait me réserver bien plus de surprises que je ne le souhaitais. Comme ma rencontre avec Cal ici même. Nouvelle personne, nouvelle surprise.
Il était temps que je quitte les lieux avant que mon cœur ne lâche pour de bon ! Inspirant profondément une dernière fois je repartis à ma chambre pour y récupérer les quelques affaires et signer les papiers des médecins.
- Ah vous voilà enfin ! Ce n’est pas possible, ce n’est pas une partie de cache-cache ici, nous sommes dans un hôpital pas dans une cours de régréation Monsieur Wig! s’insurgea la soignante.
- Bientôt débarrassé de moi. Les papiers sont prêts?
Je butais encore un peu sur certains mots. Je ne me souvenais pas très bien ce qui m’avait amené ici, je sais que j’ai trouvé la Cabale, le visage de Calia me revient. Le visage d’une femme aux traits endurcis. Je l’avais retrouvé mais j’étais incapable de me souvenir ce qu’il s’était passé. Mes doigts effleurèrent à nouveau mon oreille avant de retomber mollement le long de mon corps, exaspéré. Moi qui m’étais écarté de ma vie par une fausse amnésie, voilà un juste retour de bâton par la réelle perte de mémoire. J’espérais juste la retrouver rapidement. Je n’avais pas tout perdu, amour et amitiés, pour du vent. Fallait-il encore que je me perde dans cette quête personnelle ? Elle ne m’avait posé que des préjudices. Il fallait que ma mémoire revienne !
J’avais tort sur une chose. La perte de mes amitiés. Et une tête poivre et sel passant la porte allait me le prouver.code ─ croquelune
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K’awill dans le dos, je me dirige vers l’hôpital de l’Astre de l’Aube. Je ne sais pas si j’étais heureuse ou non. Rassurée ou non, je ne savais pas qu’elle était mon état finalement. J’ai ressenti de la colère au début puis de la peine pour enfin trouver du réconfort. Naëry était vivant mais il était parti seul. L’aventurier était têtu, beaucoup trop même et il avait ses démons. Je ne connaissais finalement rien de sa vie. J’avais demandé à Janua, une hôtesse de la guilde si elle savait si il était parti en prison car il ne répondait à mes appels ou autres messages. J’avais fait un saut à chaque antenne et personne n’avait des nouvelles de lui. Au début, je voulais même entendre les mauvaises, je voulais juste savoir. Est-ce qu’il était vivant ?
Finalement, il l’était et dans un sale état. Là encore, c’est une amie d’une amie qui m’a dit qu’il était caché dans l’hôpital de son ex-amante. Belle ironie je trouve. Je ne sais pas comment Luz à gérer ça. Il faut dire qu’on ne s’est pas trop croisé finalement depuis la disparition de mon ami. Je ne crois pas que je voulais savoir comment elle se sentait, j’avais peur de me rendre responsable de ce qu’à fait mon abruti d’ami. Car oui, c’était abruti d’affronter je ne sais qui pour des raisons aussi stupides ! Mais quand on aime… bah on revient, comme toujours.
Pourquoi Maîtresse triste ?
- Car je ne sais pas si je dois mettre un coup de poing dans la tronche de Naë ou si je lui fais un gros câlin.
- Moi aimer calin !
- Je sais que tu aimes les calins, mon grand. Mais c’est un peu compliqué.
Calin, mieux ! Naëry aime me faire des caresses. Naëry gentil.
- Il n’a pas été très gentil, tu sais.
- Mais Maîtresse adorer Calin.
- Oui j’aime les calins mais je suis triste K’awill...
- Naëry fait pleurer ?
- Un peu mais non. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Naëry a fait des bêtises.
- Moi faire plein de bêtises ! Moi pas faire pleurer Maîtresse.
- C’est différent. C’est un truc de grands.
- Moi Saphir, moi être grand.
- C’est vrai, je pense qu’il sera ravi de voir que tu es passé Saphir avant lui.
- Moi très très fort.
- Oui, tu es le plus fort. La plus forte des loutres.
Mon familier gonflait le torse, fier de lui.
- Moi pouvoir rentrer bâtiment ?
- Non mais je pense qu’on peut faire quelque chose pour ça ! Tu veux faire une surprise à Naëry ?
- Moi être deux jambes !
- Oui, on peut faire ça. Comme ça, tu t’entraînes à marcher dans les bâtiments mais tu ne dis rien, okay ?
- Moi adorer !
Je le vois tout content de pouvoir prendre forme humaine. Ça faisait quelques lunes qui voulaient être comme un deux jambes, comme il le dit si bien. J’avais trouvé un enchantement pour pallier à ce problème. Il voulait faire comme nous et aussi profiter de certaines choses qu’il n’avait pas le droit de faire. Se tenir au restaurant comme nous, pouvoir attraper les choses avec les mains mais je crois, ce qu’il voulait le plus, c’est de faire du tir à l’arc. Je soupçonne qui veut surtout impressionner Kaname.
- Allez, nous sommes arrivés.
Il finit par s'asseoir sur son arrière train, lève la patte et actionne le pouvoir magique du collier. Ça prend quelques secondes avant de prendre sa forme humaine. C’est alors que sa silhouette s’affine, son pelage disparaît et il apparaît avec sa tenue. Ne demandez pas pourquoi il a choisi ce truc mais je ne pouvais pas le lui refuser. J’avais l’impression de traîner avec un aventurier, un brin loufoque mais il était tellement heureux avec sa tenue marron qui reprend la couleur de son pelage. Alors oui, il a les cheveux blancs, une peau un peu basanée mais on dirait plus les habitants du sud qui sont toujours au soleil. Il me dépassait d’une tête et il affichait toujours son sourire benêt. C’était bien K’awill mais sous l’apparence d’un homme plutôt séduisant je trouve. Mais je ne suis certainement pas objective.
Moi prêt !
- Chut, dis rien. Sinon on va te repérer trop vite. Tu reste à deux pas derrière moi et tu ne dis rien, okay ?
Il secoue la tête et nous passons le hall. Je demande des informations à l'hôtesse qui m’indique où se trouve mon ami. Elle faisait les yeux doux à mon familier mais celui-ci ne comprit pas les avances de la jeune femme. Je pense qu’elle rigolerait beaucoup moins si elle savait que c’était une loutre. D’ailleurs, il avait décidé de lui offrir sur le comptoir une sardine séchée qu’il avait toujours dans sa sacoche. Je pus voir la tête dégoûtée de la fille et voilà qu’elle quittait sa place rapidement pour jeter l’offrande de K’awill.
Je prends le couloir, grimpe un escalier et j’entends des voix. Celle de Naëry, mon ventre se tort mais ma loutre place sa patte enfin main dans mon dos. Est-ce qu’il avait compris que j’avais peur et je réfléchissais encore à comment je vais accueillir mon ami…
- Calin Maîtresse. Choisir Calin.
Il avait raison, ça ne servait à rien de le frapper de toutes mes forces. Le mal était fait et je devais lui laisser la chance de s’expliquer. Un dernier souffle et je m’approche de la porte. Je passe la tête et remarque qu’il était là, debout, sur ses jambes, bien vivant. Bien entendu, je faisais comme d’habitude, je ne montrais pas mes émotions et je passe par les blagues pour cacher mon embarras.
- Dis donc, tu t’es fait écrasé par un troupeau de talbuks non ?
Je fais les derniers pas et attrape l’homme dans mes bras. K’awill avait raison, les calins, c’était mieux. Bien mieux de retrouver cette chaleur même si je ne reconnaissais pas son odeur, c’était mon Näery. Alors dans son oreille, je finis par dire ce qu’il me passe par la tête.
- Tu disparais encore une fois, ne compte pas draguer avec un dentier à la place de ses dents.
Je sens que K’awill était un peu retrait mais il restait sage dans son coin. Tant mieux, je voulais garder la surprise pour ça encore...
- l'équipe de choc:
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Retrouvailles─ avec Carci
Les bras de Carci m’enveloppèrent et une douce chaleur me réconforta.
- Tu disparais encore une fois, ne compte pas draguer avec un dentier à la place de ses dents.
Un sourire naquit sur mes lèvres, à cet instant je réalisais que la femme était ma première famille depuis bien longtemps. Notre relation amicale n’avait jamais failli malgré les chemins qui nous avaient séparé à bien des reprises. Cela faisait plus de deux ans que nous nous connaissions, et je comprenais enfin à quel point je comptais pour la Saphir.
- Comment as-tu su que j’étais ici ?
Luz ? Calixte ? Ils étaient les deux seuls à connaître mon hospitalisation. Du moins de ce que je savais.
Soudain je remarquais un grand gaillard s’agiter derrière l’aventurière. Le type à la chevelure décolorée me fixait, heureux. Son regard brun se mariait avec sa peau hâlé. Carci n’était-elle plus avec … comment s’appelait l’enchanteresse déjà … Je réfléchis quelques instants, forçant ma mémoire à se rappeler. Lin ! Oui, c’était bien cela, Lin. La blancheur de leur coiffure était commune, à croire que l’aventurière avait un goût prononcé pour la dépigmentation.
- Tu me pré-présentes?
Mon bégaiement s’atténuer un peu plus chaque jour, ce qui me rassurait quant à ma diction future. Il me fallait juste me remettre sur pied et tout reviendrai comme avant. Tout … Certains mots m’étaient revenus en mémoire, des mots qui m’avaient persécutaient un long temps et que je préférais ignorer. Que nos silhouettes sombrent dans l’oubli ... Cela faisait trop mal, trop mal pour y croire. Je souhaitais que tout me revienne, sauf ça. Luz et moi n’étions plus … Je regardais à nouveau le bonhomme qui, à présent, se dandinait. C’est drôle, il me faisait penser à K’awill à se comportait comme ça. En espérant que le nouveau compagnon de mon amie n’était pas aussi … Simplet, que la dite loutre géante. Courageuse, ah ça oui ! Dévouée, loyale, adorable. Mais elle n’en restait pas moins un animal à la réflexion primitive. J’étais presque envieux de cette légèreté, plutôt que de sombrer dans la complexité de l’esprit humain.
Carci était là, certes avec cet inconnu, mais présente devant moi, fidèle à notre amitié. Il était temps que je fasse tomber les masques. Je suis Naëry Wig et je le resterai. Je suis cependant né sous un autre nom et je ne voulais plus m’en cacher auprès de mon amie. Ne risquai-je pas de gâcher notre relation de confiance en le lui avouant que maintenant ? Sa présence ici me persuadait que non. Et j’avais bien d’autres révélations à lui faire que je venais tout juste moi-même d’apprendre. Le savait-elle déjà pour Calixte ? Sa grossesse ? Le rôle que je devrais assumer ? J’avais besoin de conseils, Luz n’était plus là pour m’aiguiller et pour cause … L’avais-je perdu à jamais ? Il faudrait que nous parlions. Pour l’heure, je devais rentrer.
Contre toute attente, une nouvelle surprise m’attendait lorsque l’aventurière me révéla qui l’accompagnait.
- K’awill?!
L’intéressait se mis à gigoter dans la chambre gai comme un pinson.
- Moi content retrouver gentil Naëry! dit-il de sa voix grave.
Il me tournait autour comme il aimait à le faire sous son apparence originelle, cherchant ses grattouilles habituelles. Bien étrange spectacle que de voir un homme chercher à se faire caresser. Sans vraiment me laisser le choix il plaça sa tête dans ma main, je finis par lui ébouriffer la tignasse en guise de bonjour.
- Par quelle magie? demandai-je en regardant mon amie.
Elle était hilare de voir ma tête d’ahuri. Et mon rire se joignit au sien me tirant quelques grimaces de douleurs par la même occasion. K’awill fit des bruits roques qui ressemblaient davantage au bêlement d’une otarie plutôt qu’un rire d’homme, ce qui eut pour conséquence d’intensifier notre fou rire.
Qu’il était bon de la retrouver. J’avais presque oublier ce que c’était de vivre.
- Rentrons chez moi si vous le voulez bien. Nous passerons récupérer mes familiers avant, cela fait bien une Lune qu’ils sont gardés.
- Oh oui ! Moi jouer avec Asti!
J’eus un léger doute sur le fait que ma Tsy’Ly reconnaisse la loutre et le laisse s’approcher sous cette forme, nous le découvrirons.
- Carci, j’ai besoin de te parler. Sur plusieurs sujets importants.
Je passais mon bras gauche sur les épaules de la femme poivre et sel tant dans une accolade que pour m’appuyer sur elle afin de marcher. K’awill passa sa tête sous mon épaule droite, heureux d’imiter un « deux jambes » comme il nous appelait si bien.code ─ croquelune
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Retrouver la chaleur de Naëry est plus réconfortante. Quelque chose de familier qui m’avait tellement manqué. C’est dans ses moments-là qu’on se rends compte l’importance de l’autre. Certes, Lin partageait ma vie, on avait même fini par se poser dirons nous. Fini les bêtises de Carci, place à une femme plus posée et certainement amoureuse comme jamais mais je ne préférais pas m’étaler plus sur ce sujet. J’avais une réputation à tenir, car draguer ou séduire la gente féminime était un passe-temps bien amusant. Maintenant, ça se contente d’un simple sourire, de gentils compliments même si je voudrais que ça aille plus loin mais avec Lin non loin, je tenais à la survie de la vie. Ne jamais rendre une enchanteresse jalouse, O grand jamais !
Une dernière tape dans le dos, je finis par me dégager de son étreinte. Je contaste que sa diction n’était pas pas au mieux de sa forme. Certainement un contre-coup de ce qu’il lui était arrivé. Cela me soulage au fond, il ne s’était pas caché pour disparaître aux yeux de tous. Il lui était arrivé quelque chose et quelque chose de grave.
- Tu ne crois pas que le fait de disparaître pendant tout ce temps, je ne vais pas m’efforcer à te retrouver ? Tu te trompes mec !
Je sentis K’awill derrière nous, curieux comme d’habitude mais je lui avais dit de pas venir nous déranger tout de suite. Il devait attendre son moment pour faire une entrée triomphale.
- J’ai fais jouer mon réseau, comme d’habitude. Avoir des contacts un peu partout est toujours d’une grande aide. Puis ta tête était plutôt connue finalement. Un beau-gosse avec cet air un peu blasée !
Je me mets à rire un peu à ma propre blague et je fis un signe à mon familier-humain. Bien entendu, il avait gardé toute sa personnalité et j’avais l’imrpession de traîner avec un gogol avec moi. Quand il est en forme de loutre, ça va mais là.. c’est tout autre. Mon compagnon de voyage étant enfin proche de moi, il affiche son sourire idiot sur son visage. Il avait encore du mal à comprendre comment fonctionne ses “ babines “ et ça faisait un sourire totalement ridicule.
- Je te présente K’awill, le seul, l’unique !
L’homme-loutre sautille partout et demande les caresses à Naëry. Maladroit au possible, il quémande ses caresses et le spectacle était beau à voir. Mon ami se prête au jeu et donne les attentions que l’homme-loutre demande.
- Tu sais, j’ai déjà plein d’objets magiques pour moi alors j’ai voulu lui faire plaisir. Il a beaucoup évolué ses derniers temps. Avec Kaname en tête, il souhaite meilleur jour après jour.
L’aventurier me dévisage et essaye de comprendre le sens de mes paroles.
- On en parle après si tu veux. Il va finir par tout casser si on reste ici.
Nous continuons à rire des frasques de K’awill et j’essaye de lui expliquer comme rigoler comme un deux-jambes. C’était peine perdue mais au moins je me dis que les prochaines lunes seront amusantes. Lui apprendre tout un tas de choses, tel un enfant. Ca me rappelle nos débuts à tous les deux. Nous nous sommes entraînés des heures et des heures pour avoir un niveau tel quel. Ce n’était pas un simple familier, c’était un saphir.
- Oh K’awill, montre lui ton insigne.
Heureux comme tout d’apprendre la bonne nouvelle à Naëry, il se place devant lui et montre son torse fièrement.
- Moi Saphir ! Moi avoir rêve à moi.
- Ca aussi c’est une longue histoire !
Nous avions tellement de choses à se raconter que sur cette lancée, il passe le bras au-dessus de mon épaule. De son air grave, il m’explique qu’il avait des choses à me raconter. C’était la première fois qu’il prends ce ton avec moi. Est-ce qu’il va m’avouer qu’il est amoureux de moi depuis des années ? Non, non, non, qu’il ne me fasse pas ça, je n’ai pas envie de lui briser le coeur. C’était mon meilleur pote mais … je préfère les femmes moi ! Bon, si il avait le truc comme Calixte, ça serait cool. Ca changerait la donne, non, non, ce n’est pas ça qu’il va me dire non ? Je tente alors autre chose, un peu hésitante.
- Tu… tu as tué un homme et je dois t’aider à cacher les preuves. Tu sais, je peux faire plein de choses pour toi mais si c’est le prince ou un autre noble de la haute, ça va être difficile tu sais.
Il secoue la tête pour me dire que ce n’était pas ça. Je souffle de soulagement et invite K’awill à nous rejoindre.
- Je ne sais pas si Asti va vraiment apprécier que K’awill lui grimpe dessus. Mais si il doit apprendre à monter, j’aimerai bien que ce soit lui. Certes, il a un caractère de grognours ton Tsy’Ly mais ça serait amusant de le voir donner des ordres à quelqu’un d’autre.
Il a eu toujours la place d’un familier et être de l’autre côté, pourrait être un nouveau challenge pour lui.
- Bon sortons vite fait d’ici. Je n’aime pas trop les dispensaires moi.
Depuis que je suis aventurière, j’avoue avoir mis rarement les pieds là-dedans. Tout consiste dans ma technique, fuir les ennuis, éviter le corps à corps. J’avais un Nivix la plupart du temps pour ça ou autre aventurier qui pourrait jouer ce rôle. J’attaquais souvent à distance et mon équipement magique me permettait ce genre de choses. J’admirais ceux qui rentrait dans le tas. Pouvoir prendre les coups, encaisser et supporter tout ça pour que ceux qui tirent à distance face le reste du travail. J’ai essayé d’être au devant de la scène mais ce n’était pas ma tasse de thé, j’aimais bien de me cacher dans l’ombre. Mais bon, ce n’était pas tout de suite qu’on allait reprendre le chemin des routes Naë et moi.
Une fois sur le parvis de l’hopital, mon ami semble revivre. Combien de temps n’était-il pas sorti ? Une lune ? Aucune idée mais je suis heureuse de l’accompagner dans ce moment de liberté. On avait jamais vraiment pris le temps de sortir tous les deux dans la capitale. On a passé beaucoup de temps dans la Grande Forêt, lors de missions d’éclaireurs. Nous avons certainement parcouru les moindres recoins mais à chaque fois, on trouvait de nouveaux endroits. Je me rappelle encore la fois d’une nuit étoilée particulièrement claire. On avait discuté de plein de choses, comme d’habitude mais cette fois-ci, c’était beaucoup plus sérieux. On était proche tous les deux, beaucoup trop proche mais c’était un moment sans conséquence. On en rit encore maintenant et notre amitié s’est renforcée. Je lui avait tout dit sur moi, mes envies, ma vie, mes rêves. Lui, il était moins bavard comme toujours mais j’avais l’habitude alors dans le fond, je redoute ce qu’il souhaitait me dire. Si il me cachait quelque chose depuis le début ? Avait-il de la famille ? J’ai cru comprendre qu’il a vécu ailleurs et je ne sais rien de lui avant ses dix-septs ans je crois. Je connais que sa vie en tant qu’aventurier mais rien avant. J’ai toujours pensé qu’il y avait une part sombre dans tout ça mais je m’en fichais, c’était le Naëry de maintenant qu’il m’intéressait.
- Allez, allons chez toi. J’espère que tu as gardé quelques trucs à boire. Je crois qu’on va avoir besoin de ça sur la route.
- Moi goûter bière aussi !
- Tu es trop jeune pour ça !
- Moi plus grand que Maîtresse.
- ça ne compte pas.
- Moi plus grand Naëry.
Il se place à côté de l’aventurier et montre qu’effectivement qu’il était plus grand que lui.
- Ce n’est pas de ça que je parle. Au lieu de dire des bêtises, parle nous de Kaname.
- Kaname promise ! Moi être avec elle ! Moi vouloir être fort pour protéger elle !
Naëry l’écoute avec sérieux, ne souhaitant pas couper la parole de l’homme-loutre.
- Moi être saphir, mais moi être plus pour que Kaname vouloir de moi. Moi pas gagner course, moi pas assez fort.
Il baisse la tête machinalement. D’habitude, on aurait vu ses oreilles se baisser mais ce n’était pas possible avec le corps d’un homme.
- Ce n’était qu’une course K’awill. Ce n’a compte pas. Tu es une loutre très forte mais Kaname et encore jeune. Attends encore un peu et elle verra comment tu es.
- Moi attendre. Moi aimer Kaname !
- Je le sais, je le sais. J’ai déjà demandé à Calixte un rendez-vous mais il semble un peu récalcitrant.
- Récalcitrant.
- Il réfléchit, tu sais, il est difficile mais on finira par l’avoir. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu. Tu savais qu’il pouvait se transformer en femme maintenant ?
Je regarde Naëry sur le coup, je sais qu’il s’entendait bien tous les deux.
- Ah mais oui, on était dans la même maison hantée ! Franchement, elle était canon en femme. Enfin arrêtons de parler de ça, rentrons chez toi.
On continue notre route pour le petit studio. Je ne sais pas si j’avais mis les pieds là-bas d’ailleurs en y pensant. Ca sera l’occasion de voir ça tiens !
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Retrouvailles─ avec Carci
Un K’awill éprit de la jeune Kaname. L’anxiété, la peur, l’agressivité, l’affection … des sentiments communs à tout être vivant. Je suis certain que la flore elle même ressent tout cela. Et l’amour ? Attachement oui mais ce sentiment si caractéristique de notre espèce ? Et bien la loutre géante venait de me confirmer que ce sentiment aussi affecte nos chers compagnons.
Brave K’awill … Quel conseil pouvait lui apporter le piètre aventurier que j’étais ? Quand on voit le désastre que j’ai causé autour de moi … Le familier de mon ami était si innocent.
- Patience K’awill, reste t-toi-même. Ta maîtresse a raison, Kaname est jeune. Elle n’est peut-être pas encore dans la même phase que toi.
Voyant la tête de l’homme loutre je réfléchis pour simplifier ma phrase.
- Je pense que Kaname préfère j-jouer pour le moment. Pas faire de câlins amoureux. Mais ça viendra, sûrement … Ahum
Je pataugeais. Vraiment je n’étais pas doué pour ce genre de conseils, je fus bien meilleur par le passé, lorsque je croyais mes sentiments invincibles. Au moins cela avait le mérite de faire rire la poivre et sel.
Carci en vient à parler de Calixte et sa capacité à se transformer en femme. Le malaise m’assaille. Là encore un faux pas a coûté les projets de l’espion. On ne peut pas toujours tout maîtriser, et bien ma vie m’échappait totalement ces derniers temps ! Et avant que je ne reprenne tout en main je sentais que le chemin allait être long. Heureusement la Saphir était là pour me soutenir envers et contre tout. Je l’observais avec une affection toute particulière. Un personnage cette Carci, un bout en train qui se cache derrière l’humour pour désamorcer toute situation. Mais une personne vraie.
Il faisait particulièrement frais en cette journée, l’air me glaçait les poumons, qu’il était bon de respirer ! Les petits bonheurs d’une vie qui reprenait, et je n’étais pas au bout de mon enthousiasme lorsque je récupérais ma marmaille. Loupiac fut le premier à se blottir dans mon cou. Asti me fit bien comprendre son mécontentement avant de poser son museau sur mon front. Quant à Tarapaca, il s’englua sur ma jambe étirant un sourire de ravissement sur mes lèvres.
- Carci, ça fait un moment que je n’ai pas remis les pieds dans mon studio. A part du thé je n’aurais pas grand-chose à t-te proposer. Je pense qu’un ravitaillement s’impose … Mais … je n’ai pas ma bourse.
Aucune affaire, l’on m’avait retrouvé dépouillé. Calixte m’avait fait parvenir quelques de mes habits pour l’hospice. Et je m’étais nourri gracieusement à la restauration du lieu de soin. Je dois avouer que le cuisinier, un certain Faolan, y faisait des merveilles.
Fort heureusement après une boutade bien méritée mon amie se chargea de faire le réapprovisionnement pour la longue soirée qui se profilait à nous.
Le trajet fut joyeux avec un K’awill qui tentait à tout prix de monter Asti comme un deux jambes. Loupiac chantait son bonheur de me retrouver tandis que mon Glooby réclamait des cookies. Une boule restait en mon ventre, entravant mes entrailles d’anxiété. Tout ce que je voulais dire à Carci, était-elle prête à les entendre ? Et moi, étais-je prêt à les révéler ? Il le fallait, je ne pouvais plus la laisser en dehors de mes secret car au final, elle était là, elle.
Nous finîmes par arriver, depuis quand n’avais-je pas remis les pieds chez moi ? J’avais du mal à me souvenir. Calixte avait tenu le lieu propre en mon absence, je ne l'en remercierai jamais assez. J'aperçus une nouvelle décoration au coin de la pièce, un sapin avec des breloques accrochés. Je m'en approchais avant de contempler les visages familiers qui décoraient l'arbre. Cal avec Appoline, ce bon Jack, Zahria, Carci elle-même avec sa tignasse poivre et sel. Luz ... Je détournais le regard.
J’allumais le feu pour réchauffer le lieu et tentais de ranger quelques bricoles. En vain, le corps malhabile de K’awill se cognait contre le mobilier renversant de nombreux objets. Carci rit.
- Détends toi beau gosse ténébreux je suis pas une de tes conquêtes, je me fiche que tout soit propre. dit-elle en se jetant sur une chaise.
Elle parut soudain inquiète.
- Tes révélations là … Tu vas pas me dire que t’es amoureux de moi hein?!
Cette fois c’est moi qui sourit. Je m’installais près de la femme sortant le ravitaillement que nous avions récolté en chemin.
- Carci … C-comment résister à ton charme ?
Je vis son visage se décomposer et j’arrêtais là ma blague.
- Non Carci, j’aurais préféré que ce soit ça … Tu es mon amie, et tu vas devenir ma confidente. A tes risques et périls. tentai-je de dédramatisé.
Je servis un verre à ma coéquipière. Je bus le mien cul sec avant de remplir à nouveau la coupe. Et après une longue inspiration, je commençais mon monologue.
- Par où commencer ...
Je lui racontais ma noble naissance, la mise en scène pour me faire passer pour mort, ma nouvelle vie. Je ne lui avais jamais menti, juste omis ce passé dont je ne voulais pas. Je continuais avec ma sœur, Calia, la Cabale, mon enquête et mes découvertes.
- Je ne sais pas ce qui m’a mis dans c-cet état, pour le coup je ne m’en souviens plus. Je les ai retrouvé, les m-membres de la Cabale et ma sœur. Elle était avec eux …
Une sourde angoisse se réveilla, un pressentiment des plus néfaste. Je finis à nouveau ma boisson d’une traite. Je laissais mon amie digérer tout ce que je venais de lui dire. Elle ne dit rien, se leva et quitta la petite table. Venais-je de briser notre amitié ?
Je sentis alors sa main m’ébouriffais la tignasse.
- Tu restes mon beau gosse ténébreux non?
Un sentiment de soulagement m’enleva un poids des épaules et je ne laissais que peu de répit à la pie.
- Ce n’est p-pas tout …
Je ne savais pas si je pouvais révéler la grossesse de Calixte, mais puisque j’y étais impliqué, je pouvais donc me confier à qui je voulais, non ?
- As-tu revue Calixte sous sa forme féminine récemment ?
- Pourquoi, elle te manque ? dit-elle avec malice et un regard grivois.
Visiblement Carci n’était pas au courant.
- Ce n’est p-pas tout à fait ça. Je me raclais la gorge. Calixte féminine est enceinte … Et elle m’a révélé qui était le père.
Cette fois c’est l’aventurière qui finit son alcool cul sec. Je la resservi aussitôt, elle en aurait besoin.
- Ah oui ?! C’est quelqu’un que je connais vu les cachotteries que tu me fais. Vas-y, balance!
Je la fixais, mes lèvres se contractèrent.
- C’est moi.
La choppe qu’elle avait repris en main quelques secondes plus tôt se retrouva à même le sol. K’awill, désireux de goûter la bière se mis à laper le sol comme sous sa véritable forme. Je tentais de l’arrêtais tandis que Carci restais sans voix. Et pour finir de l’assommer je lâchais le verdict final.
- Il y a deux bébés.code ─ croquelune
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Son appartement était comme avant enfin dans mes souvenirs, ça fait des lunes que je n’avais pas mis les pieds ici. Je compris assez rapidement que quelqu’un faisait le nécessaire pour mettre un peu d’ordre pendant l’absence de mon ami. Même si ce n’était pas le grand luxe côté boisson, ça me suffisait bien d’avoir une boisson chaude pour papoter avec lui. De toute façon, on a tellement rigolé de voir K’awill se casser la figure en essayant de monter le Tsy’li, que j’avais besoin de boire.
Je fis le tour rapidement du studio. Le terrarium vide, je pense que le ou les glooby étaient gardés par une tierce personne. L’appartement était chaleureux, il manquerait presque une verrière pour partager l’espace nuit et cuisine. Ça donnerait un petit charme, c’est certain. Je m’imaginais bien là, assise à moitié affalée dans ce canapé avec deux gros bons Flokis bien douillet pour me tenir chaud. Ne jamais douter du pouvoir chauffant de ces petites bêtes !
Je finis par m'asseoir sur la chaise, je laissais le canapé à K’awill qui essayait de comprendre comment s’installer dessus sans s’affaler mais c’était une chose difficile. Naëry se retrouve près de moi en poussant la chaise à côté de la mienne. Les boissons sur une petite table qui traîne près de nous avec quelques gourmandises. Tout ce qu’il fallait pour papoter entre amis. Bon j’avais aussi faim mais ce n’était qu’un détail.
Bien entendu, je tente des blagues pour détendre l’atmosphère mais je m’étouffe à moitié quand mon ami rentre dans mon jeu. Je m’apprêtais à lui taper sur l’épaule pour arrêter ces bêtises.
- Allez, commence par le début déjà ! Je prends le risque.
Quand on commence une histoire par une phrase pareille, je sens que je ne vais pas regretter d’être assise. Et ce fut le cas. Ce n’était pas son vrai nom, bon je m’en fiche. Il était noble, bon ça aussi, c’est toujours mon pote qui a dormi a la belle étoile et j’en passe. Puis sa sœur, la Cabale. J’avais entendu ce nom dans les tavernes, à la Guilde. Ce n’était pas du tout bon signe dans le viseur de ses malfrats. Instinctivement, je secoue sa tignasse pour le réconforter. Il a tout fait pour disparaître aux yeux de sa famille, son seul lien était sa sœur. Soeur qui fréquente les mauvaises personnes. Je peux comprendre toute la peine qu’il pouvait avoir.
Cependant, je n’étais pas au bout de mes peines quand il a commencé à parler de Calixte. Je fais toujours de l’humour mais quand il m’annonce que c’était lui le père, je lâche ma bière sur le beau sol. Bon, rien à battre de ça, non mais je pense au reste. Naëry, père ? Mais Luz ? Mais Calixte ? Naëry aime les hommes ? Est-ce que l’objet magique de Calixte permet aux bébés de bien grandir ? Ils vont être normaux ? Est-ce que j’ai bien fermé la porte de la grange ce matin ? Ouais, non ça ce n’est pas grave.
- Mais...
Dois-je connaître mes réponses à mes questions, est-ce qu’il connaît au moins les réponses d’ailleurs ?
- Tu...
Allez, trouve une bêtise à dire et vite !
- Tu as encore acheté une bague pourrie toi...
Dis-je sans aucune conviction. K’awill comprit que quelque chose n’allait pas et appuie avec sa patte sur le médaillon pour se transformer en loutre. Il s’approche aussitôt de moi et place sa truffe sur ma cuisse. Il sentait la bière mais ce n’est pas grave. Retrouver le contact de ses poils sous ma main me réconforte un peu, le temps que je me remette de mes émotions.
- Je suppose… que ce n’était pas voulu ?
Je pense même pas du tout prévisible. Calixte était un homme de base et la magie pouvait être totalement terrifiante. Est-ce qu’il allait bien ? Était-il heureux de la situation ?
- Et Calixte ?
Il me raconte rapidement son entrevue à l'hôpital même si il avait décidé que s’effrondrer par terre était la meilleure façon de montrer qu’il pétait la forme. Il semble que le garde avait décidé ce qui était bon pour les enfants. Il avait une compagne qui acceptait la situation et Naë avait une petite place de prévu.
- Veux-tu être le parrain de ses enfants ? Pas plus ou à l’inverse, être loin de leur vie ?
Calixte avait proposé ce choix, est-ce que c’était le bon. Naëry souhaitait sauver sa soeur mais affronter la cabale, c’est affronter la mort non ? Il avait déjà payé un premier prix, le suivant ne lui sera pas fatal ?
- Je crois qu’il n’y a pas de bonnes et mauvaises réponses Naë. Pense à toi, pense à eux.
Je finis par me lever, attrape sa chope.
- Et on va éviter de nous saouler aujourd’hui pour une question aussi sérieuse.
Je pose peut-être un peu trop fort le verre avec ma maladresse habituelle mais je ne savais pas quoi dire dans cette situation. Dire des conneries pour recoller un coeur brisé, je savais faire à peu près. Mais ça ? Il y avait tellement de variables là-dedans sachant qu’il revient de cette longue convalescence mais ce n'était pas le même Naëry que j’avais en face de moi. C’était un homme qui devait assumer qu’il était aussi cet autre homme, cet homme qui a fuit sa famille, son nom, laissant sa sœur seule. J’ai toujours connu l’aventurier altruiste, toujours là pour aider et au final savoir qu’il avait fait ça ? Est-ce qu’il se rachetait en faisant tout ça, aider les autres ? Puis je ne connaissais pas ce passif avec Calixte. Est-ce qu’il avait des sentiments pour l’homme ? Pour la femme ? Je ne pense pas que l’apparence du soldat change quelque chose. Il devait partager quelque chose de particulier avec lui mais quoi ? Non, je n’avais pas les compétences pour l’aider. Luz serait parfaite dans ce rôle. Je l’ai croisée quelques fois et elle me semble de bons conseils. Elle était médecin après tout ! Zahria lui aurait mis une tatane derrière la tête et moi ? Boire un coup et oublier cette conversation ? Je ne veux pas être cette mauvaise amie.
- Là tout de suite, à quoi tu penses ? Voudrais-tu sauver ta sœur ? Tu sais très bien que si tu y retournes, ça finira encore moins bien, tu le sais non ? Je ne peux pas te promettre de t’aider sur ce coup-là. Je...
Lin me tuerait si elle me voit partir m’attaquer à ce groupe. Je lui avais fait la promesse de ne pas l’inquiéter pour rien.
- Quelqu’un m'attend et… je ne peux pas lui faire ça. Tu sais que je pourrai faire des milliers de choses pour toi mon ami mais malheureusement, ça, je ne pourrai pas t’aider. Je sais que tu ne m'as pas demandé de mon aide mais me sentir impuissante, c’est plus douloureux que je le pensais et je n’ai pas envie de te perdre à nouveau mon ami.
Je me retourne vite fait et me frotte les yeux.
- Qu’est-ce que c’est poussiéreux chez toi, sérieux. Tu devrais faire quelque chose pour ça !
J’efface vite les preuves pour retrouver ma place en affichant un sourire de façade.
- On n’est pas obligé de répondre maintenant, tu peux attendre encore un peu. Régler certains problèmes un par un. Tu sais, comme cette tornade rousse...
C’était certainement le problème le plus facile à régler à l’heure actuelle même si je connais déjà un peu la réponse.
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Retrouvailles─ avec Carci
Carciohona fit preuve d'une incroyable sagesse en enlevant nos verres de la table. Je restais penaud sur ma chaise suite aux révélations, dans l'attente des réactions de la Saphir. Et ce fut le soulagement qui me réconforta. Aucun jugement de sa part, juste de la surprise et de l'impuissance. Elle même le reconnut.
Je repris ses questions qui résonnaient en moi déjà depuis les révélation de Calixte.
- J-je n'ai jamais en-envisager d'avoir des enfants Carci... Luz ne peut en a-avoir, nous avons décidé de vivre sans.
Sauf que voilà, Luz et moi étions plus que distants. Je n'arrivais pas à la voir, à la contacter. Je supposais qu'elle savait mais nous n'avions pu en discuter. Pour cause, mon absence. Je fus loin de tout ce qu'il se passait, comme dans un autre monde. Et maintenant son absence.
Carci me rassura :
- Je crois qu’il n’y a pas de bonnes et mauvaises réponses Naë. Pense à toi, pense à eux.
Je me levais pour attraper le pain d'épice acheté par mon amie et nous en servis un morceau. Le sucre ça réconforte non ?
L'aventurière ne se fit pas prier, je remarquais que la nouvelle avait un tant soit peu affecté son appétit habituellement goulue.
- J-Je ne sais pas ce qui est le m-mieux pour eux. Un p-père qu'ils ne connaîtront jamais comme tel ? Un f-faux parrain ? Je ne veux plus m-mentir... Mais ils ont déjà un père, et une m-mère. Je ne vais pas ch-chambouler encore plus leurs vies avant même qu'elles ne commencent, s-si ?
J'expirais longuement. Tout se mélangeait.
- Je suis perdu, soufflais-je.
Lorsque la femme évoqua ma soeur des flashs me revinrent. Des douleurs aussi. Un mauvais pressentiment plus pressant encore me tordit l'estomac.
- Je ne m-mettrai pas ta vie en danger Carci, notre métier le f-fait déjà assez. Et la Cabale.... J'ai été t-trop prétentieux de croire que je p-pourrais régler ça tout seul. Les g-gardes n'allaient pas assez v-vite pour moi. La vie de ma-ma soeur m'est précieuse pourtant....
Pourtant elle est perdue. Une voix au fond de moi me le certifiait. Calia n'est plus. Je me refusais d'y croire tant que mes souvenirs ne me le confirmaient pas. L'espoir. Il fait bien des choses mais pas des miracles...
Voyant l'affection de l'aventurière je me relevais tant bien que mal pour la prendre dans mes bras et l'emmitouflais de ma chaleur amicale.
- Je n'irais plus ... Promis-je.
Pour elle, pour Calixte, pour Luz quand bien même mon existence ne semblait plus l'inquiéter ... Laisser faire les autorités compétentes, oui.
La soirée pointait le bout de son nez et avec, un coursier vint toquer à ma porte. Carci se leva et ouvrit pour me préserver de tout effort, un gamin tenait une enveloppe à mon attention. Il refusait de la lui donner, ayant l'ordre de me la remettre en main propre.
La Saphir le fit donc entrer, il fut accueilli par une léchouille de K'awill qui attendait une gratouille en retour. Au lieu de cela le garçonnet s'essuya, me donna la lettre cacheté magique et attendit son dû. Je me levais pour attraper la petite bourse cachée dans un meuble et lui donnais quelques cristaux noirs. Il leva sa gavroche pour me remercier et fila en courant.
Après avoir refermé Carci me rejoint. Curieuse de découvrir se que contenait cette lettre confidentielle elle eut la délicatesse de s'écartait pour me laisser l'intimité de découvrir le contenu.
- Tu restes avec moi Carci ?
Je peux vous dire que la poivre et sel ne se fit pas prier. Se réinstallant à côté de moi, j'ouvris l'enveloppe à ses côtés pour y découvrir une petite étoffe accompagnée d'un mot : "ils ne savent plus qui tu es, j'ai fait le nécessaire. Tu n'auras pas d'autres chances, souviens-toi."
Je fronçais les sourcils ne comprenant ses révélations à mi-mots. J'ouvris le petit écrin pour y découvrir ma boucle d'oreille eye memory. Ma mémoire ! J'allais enfin savoir ! Un cadeau tombé du ciel !
Ma main trembla légèrement. Étais-je prêt à affronter la vérité ? Je me rétablissais à peine de mes maux physiques, étais-je prêt à panser les douleurs morales ?
Je devais savoir !
Je pris la main de Carci :
- Reste avec moi.
Ce n'était plus une demande mais un besoin. Je mis ma boucle dans le trou à peine cicatrisé de mon oreille, je dû repercer une fine peau qui s'était réformée. La douleur me piqua mais la nécessité de me souvenir était viscérale. Je fermais les yeux et les images m'assaillirent.
Les mots tant redoutés de Luz, notre rupture. La déchirure de mon âme. Ma quête contre la Cabale. Je me souviens. Je voulais juste les retrouver pour en informer Zahria, lui laisser la suite. Mais ma peine de coeur m'avait poussé à l'inconscience. Plus rien n'avait d'importance que ma soeur. Mon enquête, mon avancée, tout me revint. Mon kidnapping, ma torture, Zahria ! Elle était là, infiltrée, impuissante. J'aurais pu foirer sa mission, la mettre en danger elle aussi. Quel imbécile j'ai été !
Puis Calia, ma soeur, elle était là ! Je l'ai retrouvé. Mais la joie de la revoir en souvenir fut vite balayait par les scènes suivantes. Son sourire narquois, la haine dans son regard. Ses paroles acerbes et ses coups. Oui ses coups. Sa vengeance de l'abandon. Je méritais ce qui m'arrivait alors. Je ne sais combien de temps je restais ainsi à me remémorer le cauchemar. Les images s'enchaînèrent, les éclats de voix faisaient écho à ce que je voyais ... Non je n'avais pas vécu tout cela, impossible.
Une lame me transperça l'âme lorsque je la vis s'écrouler.
Ma main serra plus fort celle de mon amie tandis qu'une l'arme roula sur ma joue abîmée.
- Calia est morte ...
La sentence était tombée, et elle était irrévocable.code ─ croquelune
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Généralement quand un coursier frappait à ta porte, c’était soit les impôts, soit une mauvaise nouvelle, soit gagner à la grande Loterie du palais. Mais bon vu la poisse du moment de mon ami, il est certain qu’elle n’avait rien de bon cette foutue lettre. J’attendais là, non loin de lui, pour savoir si il allait l’ouvrir, la jeter, me la faire partager. Je ne voulais pas le laisser seul, c’était un peu hors de mes forces de le voir dans cet état là. Il faudrait que je consulte quelqu’un pour lui donner quelques petits trucs pour le booster un peu. Son bégaiement était encore présent et je me dis qu’il est passé de peu de la mort avec le coup qu’il a dû prendre au crâne ou ailleurs.
- Je serai toujours là, tu le sais non ?
Physiquement ou non, je serai toujours là, non loin de lui. Je renforce sa main dans la sienne. Si je pouvais transmettre toute ma joie, je le ferai. Mais hélas, ce n’était pas possible alors je gardais ce sourire chaleureux, pour lui. Je l’aidais avec sa lettre. Tenant l’un des coins pour qu’il puisse déchirer le dessus. Une note, une boucle d’oreille. Je crois comprendre que c’est un objet magique. La belle écriture sur la lettre montre que c’est une femme qu’il l’a écrite, sa soeur ? Je ne faisais que des suppositions mais lorsqu’il enfile son bijou, les traits de l’aventurier deviennent durs… tristes…
Puis une larme et il prononce ses mots.
Calia était morte
Sa sœur, son dernier lien avec sa famille, perdue à jamais. Ayren de Wig n’existait définitivement plus comme le stipule la missive. C’est qu’il souhaitait il y a quelques années de cela mais maintenant ? Luz était le dernier vestige de cette vie et elle ne faisait également plus partie de la sienne. Qu’est-ce qu’on pouvait dire face à la mort ? Condélances ? Ouais elle était cool, elle ne méritait pas ça ? Lucy est-elle si cruelle ? Lucy avait-elle une bonne raison de l'appeler à elle ? Encore une fois, aucune bonnes ou mauvaises réponses.
Il fallait être sincère et j’étais terriblement nulle avec les mots alors je le pris dans mes bras. Mes mains caressent son dos et je m’en rends compte que c’est la première fois que je vois mon ami en position de faiblesse. Il ne laissait jamais rien transparaître et là, des larmes. Je sais qu’il va faire l’effort de contenir sa peine mais je lui laisse mon épaule pour pleurer s' il le souhaite.
- Moi, gros câlin !
Puis une paire de bras supplémentaires nous entoure. Il s’était placé derrière le brun et K’awill ne fait pas attention à la force qu’il met. Bien entendu, il serra beaucoup trop fort et ça a eu le bénéfice de nous faire rire quelques secondes. Mes yeux étaient rouges également. Je suis sensible vous savez ! Nous ressemblons à deux idiots.
- Moi veut avoir yeux rouges aussi !
- Tu n’es pas obligé mon grand. Allez, viens nous faire un câlin.
- Moi adorer câlin
- Doucemeeeeeent !
- Moi doucement.
La loutre humaine finit par faire quelque chose de potable et se colle plus à Naë qu’autre chose. A-t-il senti qu’il avait besoin de ça ? Mon familier avait pris l’habitude de faire attention aux autres et il appréciait beaucoup mon ami. Je finis par me détacher d’eux et essaye de prendre un semblant de sourire.
- Je ne connais pas tes croyances Naëry mais si tu veux, allons faire une prière pour ta sœur au temple de Lucy ou ailleurs. Peut-être un lampion sur Luisante ?
- Moi aimer lumière eau.
- On serait heureux de t’accompagner.
- Moi aimer toi beau gars.
J’ébouriffe la tignasse de ma loutre humaine.
- Moi aussi mon ami. Allons dire ce dernier mot à ta sœur. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais elle t’a laissé une seconde chance alors faisons en sorte de rendre honneur à cette faveur. Je t’aiderai, quoi qu’il arrive mon ami. Même si je dois déménager tout ce bazar en haut des monts du Grand Nord.
Je n’étais pas fan des déménagements mais si c’était nécessaire j’avais quelques enchantements pour me permettre que ça pèse beaucoup moins lourd. J’attrape sa main et finit par le lever
- N’aie pas de regrets, surtout pas !
K’awill arrive à une écharpe et la tend à l’aventurier. Il ne fallait pas qu’il reste sur ce canapé et on devait prendre l’air.
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Retrouvailles─ avec Carci
J’étais déboussolé. De revivre tout cette épreuve m’avait cloué à la chaise, vidé de mes forces qui peinaient déjà à réintégrer entièrement mon corps. Plus encore la mort de ma sœur qui s’était sacrifiée pour moi, pour me sauver du groupuscule qui n’allait pas s’embarrasser de moi plus longtemps. Je venais de tuer ma sœur de sang. La douleur était insoutenable, je sentais à peine les étreintes de mes compagnons. Ce que j’étais loin de savoir c’est que ma sœur était enfin libérée car sa souffrance avait été bien plus grande encore. Le saurais-je un jour ?
Je me laissais traîner en dehors de mon studio pour gagner les rives du fleuve. L’air froid me revigorait malgré les pensées tenaces de mort qui planaient autour de mon esprit. Je restais mué, Carciphona se démenait tant bien que mal pour garder ma tête hors de l’eau. Je revenais à peine d’entre les morts que déjà mon esprit s’y replongeait. Plus rien n’avait de goût, le froid qui me saisissait n’avait aucune emprise sur moi, pourtant la chaire de poule qui tiraillait mon épiderme accusait de l’influence des éléments sur mon corps. J’étais perdu comme je l’avait été quelques lunes auparavant, imperméable à ce qui m’entourait, je me mouvais à la seule volonté de mon amie.
Non ! C’était fini ! Ma nature reprit peu à peu le dessus, j’avais assez fait de mal autour de moi je ne pouvais plus continuer ainsi. Me sœur est morte, elle était perdue elle-même dans la Cabale. La douleur me transperça la poitrine, je respirait à l’air glaciale me brûla les poumons. J’avais l’impression de renaître encore et encore. Mes yeux déjà ouverts reconnurent les rues et le monde qui m’entouraient, presque aveuglés par la lumière pourtant tamisée de cette journée.
K’awill était au petit soin avec moi, il avait repris son apparence de loutre géante pour mieux me soutenir, et malgré moi je vis l’amour qui m’entourais car Lucy seule savait à quel point la loutre aimait sa forme de deux jambes. Carci ne cessait de s’inquiétait, je le lisais dans son regard. Je glissais mon bras sur son épaule avant de la rassurer tant bien que mal après ces longues minutes d’absence.
- Je s-suis là.
Carci m’entraîna dans un temple où elle glissa quelques cristaux en échange de lampion que nous amenâmes avec nous. Lorsque nous arrivâmes aux abords de la Luisante, je m‘accroupis en bord d’eau, la main de mon amie sur l’épaule me réconforta.
- J-j’aurais aimé lui écrire un d-dernier mot.
Mais je n’avais rien pris avec moi, rien que ma peine et ma culpabilité. Fier, K’awill balança un sac accroché à son harnachement.
- Moi prendre sac Naë avec feuilles vivantes.
Je me relevais péniblement avec l’aide de la Saphir pour récupérer mon petit sac sans fond contenant les feuilles qui me permettaient de créer des origamis que j’animais grâce au Papyrus Vitae.Je souris faiblement à la loutre en la gratifiant d’une caresse, K’awill me colla son museau humide sur le front. Carci sorti un fusain de ses affaires et me le tendit.
M’asseyant à même le sol je commençais ma lettre d’adieu :
Calia,
Quel frère fus-je pour toi ? Je t’ai abandonné pour mieux que tu prospères, mon absence t’a redonné vie aux yeux de notre père. Je ne sais même plus qui est cet homme que la mort a balayé en supprimant l’amour de sa vie et de son coeur.
Tu as grandit loin de mes ailes protectrices, tu as su devenir une femme au caractère bien trempé et pourtant attachant. Tu étais ma sœur, mon lien, mon indic’, ma fierté. Je ne te l’ai jamais assez dit. Je suis fier de toi, je t’aime Calia. Maintenant, c’est trop tard.
Une larme roula et s’écrasa sur le papier, imbibant les lettres qui se déformèrent. Je repris.
Quelles voies t’ont mené là, auprès d’eux ? Le mal est fait, j’ai couru à ta perte. Tu n’es plus là, Lucy t’a rappelé à elle dans le plus beau des gestes : l’amour. Tu m’as sauvé, tu t’es sacrifiée et je ne pourrais jamais t’en remercier. Je m’en veux, et je m’en voudrais toujours. Il faut que je vive bien que l’envie de te rejoindre résonne en moi.
J’aurais aimé être un meilleur frère pour toi, comme tu as été la meilleure des sœurs.
Je t’aime petite sœur, embrasse maman pour moi, je suis sûr qu’elle prendra soin de toi.
Je posais ma main sur le papier pour l’en imprégner de tout mon amour. Je pliais la feuille en forme de lotus.
- C’était sa fleur préférée. soufflé-je à Carci.
Je déposais l’origami sur la surface de l’eau accompagné d’un lampion et d’une prière silencieuse. Je regardais le courant emporter avec lui le vestige de mes erreurs et la lumière scintiller de son pardon. Sans un regard pour mon amie je me relevais, les yeux toujours rivés vers l’adieu, mon bras cherchant son appui :
- Merci.code ─ croquelune
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