- Oui ?
- Tu étais partis ?
- Je suis revenue dans la nuit... Et je suis encore en repos aujourd'hui. Pourquoi ?
- Le capitaine a envoyé quelqu'un transmettre un message pour toi, mais on te trouvait pas... Il veut te voir dans son bureau demain.
- Ah.
- Tu sais pourquoi ?
- Non, mais merci de l'info.
Je tourne alors la tête et avance, signifiant à ma collègue que je viens de croiser dans un couloir de la caserne que je n'ai pas envie de continuer plus loin cette conversation. Moi, détestable ? Surement... Je n'ai pas oubliée avoir été trahis dans mon enfance, et j'ai encore moins oubliée ce que j'ai du faire à Elion, le père de ma fille, pour qu'il n'essaye pas de m'aider... Alors je me cache derrière un voile de solitude, avançant uniquement pour la garde, pour devenir meilleur, pour atteindre mon objectif et espérer me libérer de l'emprise de ma famille noble...
Mais jusque là, c'est un échec. Un échec d'autant plus grand que la veille de la fête, mon destin a une nouvelle fois pris un nouveau tournant. Un tournant qui m'a poussée a céder la dernière chose qui me rattachait aux deux personnes que j'aime...
Et malgré l'absence de mon collier, ma main se porte machinalement à mon cou où je ne le trouve pas. A côté de moi, Haku fixe le vague, la tête basse, ressentant les mêmes émotions que moi.
Mais on va s'en sortir hein ? Après tout, ai-je vraiment besoin de quelqu'un d'autre que lui prêt de moi ? Et puis, qu'est ce qu'un mariage ? Je suis garde royale... Je n'aurai cas me tuer encore plus à la tâche et laisser le mari à ses affaires...
Quand à ma fille et son père, les deux seuls êtres qui comptent, j'ai déjà choisi de sortir définitivement de leur vie... Une deuxième fois.
Même si ça fait mal, c'est mieux ainsi. Avec un mari noble, je risquais d'être suivie, moins libre de mes mouvements... Et je ne pouvais pas prendre le risque qu'ils soient découvert, que ma famille apprenne que je les vois encore. Ça les aurait mis en danger...
Et ça, je ne peux pas me le permettre...
La journée passe sans rebondissement. Fatiguée de ma nuit trop courte, je passe le plus clair de mon temps à dormir et me dire que j'ai pris la bonne décision tout en me remémorant les images de ma fille que j'ai pu serrée dans mes bras la veille.
Et finalement, sans même que je m'en rende compte, le lendemain arrive. Tout comme l'heure de mon entretien avec le capitaine de la garde royale.
"Si ça se trouve... Il va te nommer Prétorienne."
Je regarde Haku que seule moi peut voir et entendre.
- Tu sais très bien que ça ne changerai rien...
"Oui..."
Je lui souris tandis qu'il plane autour de moi sans réel conviction.
Enfin, je me suis déjà résignée à mon destin de toute façon... Alors je doute qu'il ne puisse changer grâce au capitaine... C'est donc sans réel conviction et habillé de mes vêtements quotidiens que je me rends jusqu'à son bureau, une simple épée à la hanche.
Je frappe alors trois coup à la porte déjà ouverte avant de passer la tête à l'intérieur du bureau.
- Capitaine.
Je le salue du salut de la garde royale avant de continuer : Vous vouliez me voir ?
Et alors que les rayons du soleils venaient illuminer son dos, faisant danser des reflets d'or et d'argent dans ses cheveux détachés, Arthorias se permit de soupirer en voyant la nouvelle fiche en face de lui, la classant pour plus tard.
Une décision qui devrait attendre des jours meilleurs.
-Arthorias ?
La voix au delà de la porte s'éleva doucement avant que quelques coups ne fussent frappés, laissant entrevoir Ciaran qui venait récupérer les signatures.
Posant là un café fumant pour l'officier, elle eut un regard compatissant envers son ami qui semblait de jour en jour plus ennuyé par l'administratif.
-Allez Capitaine, courage
Dit elle en souriant doucement pour l'officier qui lui offrit un petit haussement d'épaule avant de prendre la tasse chaude pour en gouter l'arôme.
Le breuvage était chaud, et le parfum puissant suffisamment pour redonner un peu de contenance au lion qui regarda l'heure avec surprise.
Son horaire avait largement été dépassé.
Sa tenue officielle était déjà enfilée, et il dut se nouer les cheveux en vitesse alors que le bruit des pas de la demoiselle approchaient inexorablement.
Le temps pour lui de retrouver un semblant de contenance, et Lunarya était déjà là.
La demoiselle était comme à son habitude propre sur elle, même si depuis la dernière soirée de la garde, quelque chose semblait voiler son regard.
Le blond ne connaissait pas tout ses hommes personnellement, et la rousse n'était pas des plus remarquables. Toujours calme et posée, sans jamais un mot plus haut que l'autre.
C'était sans doute pour cela que la voir plus affectée que d'habitude avait commandé au capitaine de convoquer la cuirassière.
-Lunarya, absolument, entre donc.
Ses yeux bicolores la fixèrent un petit moment, tachant de trouver un signe de renouveau chez cette dernière. Cela dit, rien ne vint, la sensation de malaise émanant de cette dernière ne s'étant pas évanoui avec le temps.
-J'ai cru voir que les choses ces derniers temps ne se passaient pas exactement comme tu voulais
Ce n'étaient que quelques mots lancés en l'air. Car au fond, l'officier n'avait aucune idées de ce qui pouvaient bien se passer dans la vie de sa subordonée.
Dans bien des cas... Cela ne l'aurait pas regardé. Mais si cela touchait au moral de la jeune femme et son efficacité en service...
S'avançant sur son bureau, il prit une petite gorgée de café, savourant ce dernier avant de chasser une mèche tombant de son visage.
-Est ce en rapport avec les refus précédents pour rejoindre les prétoriens ?
Attaqua t-il sans pour autant hausser le ton, réellement soucieux du bien être de la garde.
Laissant quelques instant à cette dernière pour rassembler ses idées, sa tête se pencha légèrement sur le côté.
-Ou bien quelques chose d'extérieur pose problème ?
S'assurer du bien être des soldats était l'un des rôle du capitaine et le lion mettait en exergue ce point précis, trop conscient que son régiment ne survivrait pas à des troubles internes.
-Evidement, ce que vous pourriez dire ici restera dans ce bureau
La rassura t-il, les seuls gardes présent à la porte étant ses propres golems. Les deux sentinelles d'acier barrant l'accès à quiconque voudrait pénétrer dans le bureau sans autorisation
J'hésite. Et ça, Haku l'a bien compris.
"Luna... Tu devrais peut être... Lui dire la vérité ?"
La vérité hein ? Mon visage reste impassible, froid tandis que mes yeux restent fixés dans ceux d'Arthorias. Et alors quoi ? Que pourra-t-il faire ? Est-ce que cela changerait vraiment ce destin qui se profile pour moi ?
"Réfléchit... On... On a plus grand chose à perdre de toute façon..."
Haku... Parfois, j'aimerai que tu fermes ta grande gueule, et tu le sais. Car tes mots là, me font juste suffisamment mal pour faire briller mes yeux malgré la détermination que j'ai à garder mon sang froid. Franchement, l'entendre de ta bouche... L'entendre à voix haute même si ce n'est que pour moi, ça me fait d'autant plus réalisé la dureté de ma situation.
Kahlua, Elion... Je ne les reverrai plus jamais.
Et jamais je ne retrouverai ma liberté.
Mais est-ce vraiment son problème à lui qui a tant d'autres choses à gérer ? Je ne suis qu'une garde, un pion qu'on bouge sur un échiquier... Quelle importance ce que je ressens ou vis tant que je réponds aux attentes que l'on place en moi.
"On y arrivera pas seuls Luna..."
Un instant, je ferme les yeux, respirant profondément avant de détendre enfin mon corps et de replanter mon regard d'émeraude dans les yeux du Capitaine.
- Si vous aviez accepté mes demandes durant ces dix dernières années, ça m'aurait surement allégée d'un poids. Mais rassurez vous Capitaine, cela n'aurait rien changé à l'instant présent. Je suis suffisamment grande pour savoir que si je n'obtiens pas cette mutation, c'est parce que je ne possède pas les compétences requises, ou parce qu'on a besoin de moi ailleurs.
Mais vous avez vu juste. Quelque chose ne se passe pas comme je l'aimerai. Mais ne vous en faites pas, j'ai l'habitude maintenant...
Voulez vous savoir autre chose ou puis-je retourner à mon assignation ?
En témoignait les lettres de recommandations laissés sans réponses dans un tiroir.
-Il n'est hélas pas question seulement de compétences. Et j'avoue toujours avoir été déçu de voir tes demandes refusées
Il laissait donc sous entendre qu'il n'était pas le juge final de tout cela, mais passa sur le sujet. Elle n'était surement pas ici pour connaitre le fonctionnement d'une compagnie aussi compliquée que celle des Prétoriens.
-L'habitude n'a encore jamais autant affectée votre humeur qui jusque là à toujours été égale, ce qui m'inquiète donc
Et légitimement, cette dernière était en effet une sorte de pilier pour la compagnie, qui voyait en sa constance une sorte de base.
Arthorias s'en servait également comme élément stabilisateur pour le reste.
Posant une main sous son menton, l'officier ne lui laissa pour autant par la liberté de retourner à ses occupations.
-Et si il y a bien une chose que j'aimerai savoir, c'est très justement savoir ce que je puisse faire pour toi.
S'il n'est question que de cristaux, je peux aisément augmenter votre salaire, mais j'ai dans l'idée que l'argent n'est pas présentement le soucis
Le problème était d'ailleurs ici. Si le régiment pouvait se targuer d'être bien mieux doté en budget et matériel, pour un effectif bien inférieur aux autres, tout ne se réglait pas à coup de cristaux sonnants et trébuchants.
-Je ne suis pas là que pour donner des ordres, et s'il faut parler à quelques personnes pour vous aider à aller mieux...
Interrompant brièvement le rendez vous, la porte au fond du bureau s'ouvrit, laissant apparaitre l'un des familiers du capitaine. Ce dernier emplit largement l'encadrement de la porte, sa masse blanche se frayant un chemin au travers de la porte alors que le loup géant venait s'allonger dans un coin de la pièce, observant la garde royale avec un flegme rare pour sa race
Le warg blanc eut une certaine curiosité, voir la jeune femme dans le bureau n'avait rien d'habituel. Et si son odorat était habitué au parfum de Lunarya, il n'était pas fréquent ici.
-Nous somme censés être une famille. Une famille un peu spéciale, mais une famille quand même
Une famille. J'y ai cru aussi lorsque je faisais mes classes. Je me suis liée d'amitié avec un de mes camarades, il m'a soutenue, épaulée, encouragée quand ça n'allait pas. Puis, il m'a vendu à ma famille noble lorsque je suis tombée enceinte.
Comment pourrais-je oubliée tous ces mois de souffrance induite par les Lys alors que je tentais désespérément de protéger ce petit être qui grandissait en moi ? Et comment ne pas le maudire de m'avoir infligée cela ? Car il a beau dire avoir fait ça pour mon bien, ce n'était qu'un acte de pur jalousie, rien de plus.
Alors elle est où la famille là dedans ?
Finalement, il semblerait que j'ai de nombreuses familles, et pourtant la seule que je désire me reste systématiquement inaccessible...
Mais ce n'était qu'un membre des gardes, et nous n'avions que 15 ans... Est-ce alors bien de les mettre tous dans le même panier ? De se protéger envers et contre tout ?
Même d'une main tendue ?
Un instant, mon regard se pose sur Yuna qui m'observe depuis un coin de la pièce. Puis, discrètement, se glisse dans celui invisible de Haku.
"On a plus rien à perdre Luna !"
Une nouvelle fois je souffle, perdue. Puis mes yeux vont vers ceux de mon interlocuteur humain.
- Je préfèrerai que vous ne restiez que mon supérieur Capitaine. Après tout, qu'est ce qu'une famille si ce n'est des chaînes qui vous emprisonne et vous vole toute liberté ? Les chaînes que je porte s'alourdisse chaque jour de ma vie et je fatigue simplement de devoir supporter ce poids.
Machinalement ma main va vers mon cou et s'heurte une nouvelle fois à l'absence de collier avant de retomber lourdement le long de mon corps tandis qu'un instant je fixe mes poignets.
- J'apprécie votre sollicitude mais... Gardez là pour vos autres soldats. Cela fait bien longtemps que mon destin est scellé et vous n'y pouvez absolument rien.
Une pensée me laisse alors échapper un sourire en coin un instant, un rire jaune.
- Au fond, c'est surement une bonne chose que ma mutation n'ait jamais été acceptée... Après tout, si cela ne tenait qu'à moi, je n'aurai surement jamais intégrée la royale... Alors les Prétoriens...
Je secoue la tête vers le sol. Clairement, pour la garde, pour mon honneur et ma loyauté, il vaut sans doute mieux que cette mutation ne soit jamais acceptée. Au moins, cela m'empêche de satisfaire la volonté de ma famille adoptive par ces causes qui ne dépendent pas de moi.
Un regard empli d'autorité qui disparut sitôt Lunarya dans le champ de vision d'Arthorias. Partagé entre l'envie de la secouer et celle d'exaucer son souhait.
Mais rien de tout cela. Le capitaine s'enfonça dans son fauteuil, laissant le bois du dossier absorber pendant un moment au moins toute sa lassitude, s'accordant un bref moment de répit avant de reprendre
-Chaque soldat à ses propres problèmes, mais je me dois d'aider chacun d'entre eux, autant par devoir que par envie.
Et si le terme famille te semble aussi sombre, je commence à avoir une idée de ce qui pourrait poser problème.
Sans le vouloir, il avait mis les deux pieds dans le plat. A pied joint et avec de l'élan. Et si le lion n'était pas un expert des relations familiales, ayant lui même lamentablement échoué son mariage, il se devait au moins d'essayer pour les autres.
Essayer quoi au juste ? Difficile à dire...
-Le refus de ta promotion est une chose, mais elle n'est certainement pas dut à tes talents. Et te voir te dénigrer ainsi...
Est quelque peu énervant...
Dit il avec un demi sourire. Pas un de ceux chaleureux qu'il gardait pour les occasions joyeuses. Plutôt le faux semblant qu'il servait à la noblesse du palais pour éviter de commettre une entorse sérieuse à l'étiquette.
-Tu as toujours été un modèle pour ta compagnie, je ne comprend pas ce qui peut te miner le moral à ce point.
Ton supérieur n'à rien à redire de tes capacités. A vrai dire, il était même prêt à te recommander pour passer à l'échelon supérieur
Une consécration pour bien des gens, ainsi qu'une lourde responsabilité. Mais Arthorias avait la nette impression que cette nouvelle n'était pas ce qui aiderait à rendre le moral à la garde.
Il se fit plus songeur, peinant à trouver les mots juste pour réconforter ce soldat qui entrait lentement dans une spirale auto destructrice qui ne lui plaisait guère.
Son réflexe ne passa cela dit pas inaperçu, signifiant assez clairement au capitaine que Lunarya avait perdu quelque chose... Quelque chose ou quelqu'un.
Sans doute un capitaine en poste depuis longtemps aurait su comment réagir, mais pour lui, nommé depuis a peine une vingtaine de lune, les choses étaient encore un peu complexes.
-Et quand bien même je n'y pourrais rien, il est de mon devoir d'essayer de faire tout ce que je pourrais.
Je ne porte pas ce titre parce qu'un membre de la commission à décidé que les barrettes feraient jolies sur moi
Quoique... Au vu de sa nomination soudaine, c'était à se demander. L'organe de gestion de la garde ayant toujours rêvé d'avoir un pantin au sein du palais, même s'il avait été déçu sur ce point.
-Et si cela ne tenait qu'à toi... Où aurais tu été au juste ?
Soulevant la question qui lui avait été tendue sur un plateau d'argent, Arthorias fit de son mieux pour détricoter ce nœuds inextricable que la jeune femme tentait de se passer au cou
Mes bras se referme sur mon ventre, agrippant les pans de ma tenue tout en tentant de contenir mes tremblement.
Si j'avais pu choisir, je serai à la campagne, dans mon village natale, accompagnée d'Elion, l'homme de ma vie et père de ma fille Kahlua. Et là bas, j'aurai protégé les villageois, apporté mon aide à ceux qui en aurait eu besoin, et j'aurai pu élevé mon enfant. J'aurai construit des cabanes avec elle, je lui aurai appris tout ce que je sais en veillant à son bonheur, à celui de son père et au miens.
Mais pour tout cela, il est bien trop tard. Ce rêve, n'est rien de plus qu'un rêve justement.
- Quelle importance, Capitaine... Si je vous le dis, vous seriez tenté de m'exhausser et si vous m'exhaussez, je serai de nouveau à leur merci. Je vous l'ai dit : rien ne se passe jamais comme je le veux. Alors tout ce que je peux faire, c'est faire de mon mieux pour contenter ceux qui tire les ficelles de mon destin et me faire une raison.
Mes mains se décrispent sur mon vêtement, pour autant mes bras ne retombent pas alors que je fixe l'esprit de Haku qui lévite en face de moi, fixant ses yeux bleus remplis d'amour et de compassion dans les miens.
"Il pourrait peut être... Nous aider à briser ces chaînes, tu ne crois pas ? S'il veut vraiment nous aider..."
Je ferme une nouvelle fois les yeux et soupirs. Devoir demander de l'aide me tue. Et pourtant, je dois bien me rendre à l'évidence : cela fait déjà 19 ans que ça dure et que rien ne change.
19 ans... C'est terriblement long.
- Mais si vous tenez vraiment à m'aider Capitaine, la seule chose que vous pouvez faire c'est demander ma main et m'aider à m'affranchir de cette famille que je n'ai pas choisi. En temps que Capitaine de la Garde, vous pourriez être assez "noble" pour satisfaire les exigences de ces gens et peut être trouverez vous comment font-ils pour me mettre à terre sans avoir à me battre.
Et encore... Au vu de sa lignée je doute que ça suffise. Mais sa place haut placée pourrait intéresser Joshua et Iris Lys... Après tout, il est proche du gouvernement non ?
Mais ce que je demande... N'entre clairement pas dans ses prérogatives de capitaine auprès d'un de ces hommes. Alors je me tourne vers lui, une larme que je n'ai pas su retenir roulant sur ma joue.
- C'est la seule chose à faire... Et même si mon bien être vous importe en temps que capitaine, vous ne devriez pas avoir à faire ce genre de choses pour vos hommes. Alors juste, laissez moi simplement le temps d'accepter cette nouvelle épreuve. Je vous promets que cela ne se répercutera pas sur mon devoir de Garde Royale et que je continuerai d'être ce modèle pour les Cuirassiers... Et toutes les autres compagnies où je serai amenée à aller.
Je me redresse alors, bras gauche dans le dos et paume de la main droite sur le cœur tandis que dans mes yeux, malgré ma tristesse, brille tout de même les flammes de ma détermination à satisfaire comme toujours ceux qui compte sur moi.
Finalement Lunarya finit par lui révéler une solution. Une solution qui fut comme une douloureuse douche froide pour l'officier qui comprit cette fois quel genre de problèmes venaient déranger son soldat.
Une foule d'autre solution lui vint à l'esprit, même celles les plus retorse auxquelles il n'aurait pas osé songer auparavant.
Au final, il secoua la tête avant de se mettre à sourire. Demander sa main ? Après tout pourquoi pas, si c'était le prix à payer pour avoir l'une des plus anciennes de la garde apte et en forme...
Ce ne serait pas le premier arrangement qu'il ferait ainsi.
-C'est une chose délicate, mais dans mes cordes
Trancha t-il soudainement.
Oh, il aurait pu faire appel aux espions, s'informer et rendre quelques services devraient être dans leurs cordes. Mais depuis la trahison... Le lion refusait de faire appel à eux, leur duplicité ayant plus qu'une fois été prouvée.
-Je ne devrais pas, il est vrai, mais je le ferai s'il le faut. Le régiment à besoin de toi, et si je veux pouvoir te nommer adjudant, il faut que ce soit une fois ta vie personnelle arrangée
Dit il avec un clin d'oeil envers la garde.
Plus facile à dire qu'à faire, mais Arthorias voulait bien se mouiller un peu pour ses hommes
-Je ne peux te promettre de résoudre tout le problème à moi seul, mais je peux essayer...
Et au vu de ton état, c'est le moins que je puisse faire.
Certaines familles pouvaient être de véritable poisons... C'était bien pour cela qu'il s'estimait chanceux de ne jamais avoir eu de problèmes
Et si le lion ne pouvait se permettre de prendre la demoiselle dans les bras n'étant de toute façon pas assez proche d'elle pour cela, il eut un petit regard interrogatif envers sa subalterne
-Je ne suis pas vraiment un expert pour collecter des renseignement, mais je suis sur qu'il sera possible de débloquer ta situation
Il a dit quoi là ? Dans ces cordes ?
Mais il est fou !
- Capitaine... Je...
Mon sang ne fait qu'un tour. Ma respiration s'accélère... Pourquoi ? Pourquoi fait-il ça pour moi ? Me nommer adjudante ? Vraiment ?!
Je vacille un instant, le souffle court, trouvant soudainement le fauteuil derrière moi et m'y asseyant avant de tomber réellement. Je le regarde alors, perdue, avant de rougir bêtement et détourner le regard.
Non, non, non ! Il n'aurait pas du dire oui ! Il n'aurait pas du ! C'est... C'est trop dangereux ! Et si ça ne marchait pas ?! Et si ça le mettait en danger ?! Je...
- Capitaine, je... Je ne voudrais pas être un fardeau pour vous. Je ne peux pas vous laisser faire ça. Je. Je suis désolée, j'ai proposé cela sur un moment d'égarement. Vous... Vous êtes le capitaine de la garde Royale ! D'autres soldats ont bien plus besoin de vous que moi... Je... Ne vous en faites pas pour moi et pour mes compétences. Ça... Ça ira. Je... Je continuerai de me battre pour vous. Enfin, pour la garde, pas vous personnellement... Je...
Je m'enfonce. Bon sang, mais qu'est ce qu'il m'a pris ! Un moment d'égarement et... Et Haku se marre a côté de moi ! Un instant je lui envoie un regard noir tandis que mes mains qui bougeaient nerveusement s'arrêtent. C'est sa faute tout ça ! Stupide mist spirituel !
"Alors quoi, tu te rends soudain compte que quand tu demandes de l'aide des gens sont prêt à te tendre la main. Exactement comme tu le ferais pour eux non ?"
Maudit dragon, tu ne peux donc pas te taire ? Surtout quand tu as raison ! Alors, légèrement tremblante, je sens en moi naitre quelque chose de nouveau... Quelque chose que je pensais avoir définitivement perdue.
Un espoir.
Et lentement mes yeux humides retournent se planter dans ceux bicolores de mon interlocuteur... Comme ceux de ma fille.
- Vous... Vous voulez vraiment faire ça pour moi ?
Ma voix tremble. Jamais au grand jamais je ne m'étais sentie aussi vulnérable en présence d'un frère d'arme, encore moins d'un supérieur... Et pourtant, aujourd'hui, ai-je un autre choix ?
- Je... Je ne veux pas vous forcer. Ça... Ça pourrait être dangereux pour vous et... Je ne voudrais pas que vous finissiez en marionnette au même titre que moi. Je...
Je baisse la tête, serrant mes mains sur mes genoux. J'ai peur. Peur de l'entrainer avec moi dans ma chute, peur que tout s'effondre et que j'en sois la cause.
Peur d'échouer et de tuer ce dernier espoir qu'il me reste.
S'enfonçant un peu plus profondément dans son fauteuil l'officier s'accorda un soupir, prévoyant déjà en partie tout ce qui allait s'en suivre.
Et après un dernier moment de réflexion, Arthorias finit par donner sa réponse.
-Je ferais ce qu'il faut pour m'assurer que chacun de mes soldats puisse accomplir au mieux sa mission
La réponse était laconique, et un peu trop protocolaire, chose qu'il réalisa bien vite avant d'ajouter.
-Je ne serais pas vraiment digne de mon rang si je ne le faisais pas, et puis... Une famille doit s'aider non ?
Un léger sourire vint flotter sur ses traits, et alors que le lion terminait la tasse de café sur son bureau, il secoua légèrement la tête pour tranquilliser la soldate
-Sans vouloir dénigrer qui que ce soit, j'ai des nobles avec mille fois plus de pouvoir qui tentent de me faire danser au bout de leurs fils. Je pense que je parviendrais à rester en un seul morceau.
Et c'était sans compter sur son pouvoir. Qui s'il était fort utile en combat l'immunisait également à bien des désagrément.
-Mais si tu veux que je t'aide, il va falloir me raconter l'histoire dans les moindres détails.
Une assignation réussie se doit d'être préparée minutieusement
Prenait-il tout ça comme une sorte de mission ? Absolument, mais au vu de son caractère, la chose était normale, sa vie ayant toujours été régie ainsi.
Ses yeux vairons c'étaient remplis de détermination, l'officier ayant comme retrouvé gout à sa vocation.
-Beaucoup de tes collègues en auraient fait autant, voir plus, j'espère simplement pouvoir réussir.
Mais je n'y arriverais pas seul.
Pour avoir touché du bout du doigts les machinations de la haute, je pense que nous ne somme pas au bout de nous surprises.
Se levant de son fauteuils, il commença à ouvrir une des armoires de la pièce découvrant son armure de capitaine.
La superbe pièce forgée à son gout représentait à peu près tout ce que craignais les autres : un représentant de l'autorité royale, avec pour visage une réplique d'un crane humain.
La longue cape rouge formait un rappel du titre de son porteur alors que les armoiries de la famille royales s'affichaient fièrement en filigrane d'or sur ses gantelets.
-Fort heureusement j'ai de quoi parer à quelques éventualités.
Bon... commençons
Cela me demande encore quelques secondes de silence avant que je me relève sous le regard d'Haku qui m'encourage toujours à enfin me confier.
Mais avant ça... Je me dirige vers la porte du bureau. On pourrait croire que je choisi la fuite sauf que non, je tiens juste à fermer la porte.
- Je sais que vous avez confiance en vos gardes mais... Je n'ai jamais parlé de mon histoire à qui que ce soit et... Je refuse que les gens me voient différemment.
Me voient faible. Brisée. Et me prennent en pitié. J'ai besoin d'aide, oui, et ça me coute de le dire. J'aurai vraiment aimée pouvoir me débrouiller seule, me sortir moi même de mon propre pétrin... Mais force est de constater que j'en suis incapable.
Alors, plutôt que de retourner vers la chaise ou j'étais assise, je m'avance vers un mur, observant la décoration sans véritablement la voir pour détourner mon regard, étant bien incapable de parler de moi en regardant celui qui me sauvera peut être... Et qui prendra le risque de tomber avec moi.
- Vous devez le savoir mais... J'ai été adopté par les Lys. A l'époque, Joshua Lys était lieutenant de la garde civile, mais il voulait prendre sa retraite. Il est celui qui était en charge de l'arrestation de mes parents... C'était des petits criminels sans grande importance mais, lorsque l'arrestation a eu lieu, ça s'est mal passé et ils sont mort... Joshua a choisi de m'adopter car il voulait un nouveau moyen d'agir sur la noblesse et le rang de sa famille. Et pour ça, quoi de mieux qu'une fille à marier et à élever comme il l'entendait ?
J'ai donc été éduquée dans le seule but de devenir Prétorienne... D'être une mauvaise prétorienne, devant rapporter des informations du royaume à ces gens. Heureusement, mes demandes de mutations n'ont jamais été acceptée.
Et aujourd'hui si les choses ont changé c'est parce qu'Iris Lys, la femme de Joshua, a bientôt fini de dilapidé toutes les réserves de cristaux de la famille. On a donc changé l'ordre de mes priorités : je dois me marier à une noble famille riche pour assurer un soutiens au Lys.
Et si je n'ai pas pris mes jambes a mon cou pour me défaire de ces ordures... C'est parce qu'ils arrivent à m'atteindre. Je ne sais pas comment ils font mais... Depuis toujours, peu importe ou je me trouve, quand ils apprennent que je n'agis pas comme ils veulent, ils me font mal. Littéralement. Des douleurs me viennent, j'ai parfois l'impression qu'on m'ouvre le ventre, parfois qu'on m'ouvre les jambes... Et qu'importe ma résistance à la douleur, je ne peux y résister.
Et rien que d'y repenser, mon corps tremble, tandis que mes bras se serre contre mon ventre.
- Quand... Quand j'avais quinze ans... Je suis tombée enceinte. Je... Ils ne voulaient pas que je garde l'enfant. J'ai du... J'ai du leur promettre que je me soumettrai pour qu'ils la laissent vivre... Pendant six ans, j'ai cru qu'elle vivait heureuse à la campagne mais... Elle était là, juste sous mon nez, avec son père. Je l'ai retrouvée mais personne ne doit savoir. Et si je me marie... J'ai du... J'ai du l'abandonner une deuxième fois.
Je ne sais pas si j'aurai du parler de Kahlua, mais au fond, elle fait partie de cette histoire et... maintenant que je suis sur le point de tout perdre, je ne peux plus garder cela pour moi. Alors pour la première fois, je m'effondre devant quelqu'un. Mes jambes s'affaissent sous mon poids, mes larmes roulent sur mes joues, mes mains tentent vainement de retenir mes sanglots et mon front s'appuie contre ce mur, les yeux fermer.
- Ils doivent me détester. Je... Je leur ai fait tellement de mal ! Et encore maintenant ! Je m'en veux tellement d'être si faible ! Si lâche ! Si... Si seulement...
J'aurai voulu m'en sortir seule il y a bien longtemps, j'aurai voulu être plus courageuse, j'aurai voulu que tout se fasse différemment.
Mais tel est le destin qu'il m'a été donné de suivre. Et maintenant, il est trop tard pour faire machine arrière.
Tout ce qu'il me reste, c'est espéré que ça marche et qu'ils me pardonnent. C'est tout ce que je désire.
Seul un léger tremblement dans ses bras trahirent la bataille qui se déroulait dans son esprit
-On va trouver une solution pour tout ça, ne t'en fais pas
Sa parole était une chose, mais mis devant les faits, cela ne faisait que le pousser à tout faire pour libérer la garde de son fardeau.
Poussant un léger soupire, il prit quelques instant pour traiter l'information, ajoutant ce poids à celui déjà bien important sur ses épaules.
-Commence par te reposer, si jamais tu en as besoin pour un temps, je peux t'affecter au palais pour bloquer toute source de magie, voir demander à ce qu'on te passe des menottes anti-magie
Ce sera te priver de ton pouvoir, mais ce sera aussi un moyen temporaire pour te mettre à l'abri de toute manipulation magique.
Une solution extrême, mais qui pouvait se montrer salutaire le temps d'organiser les choses. Et au vu de l'état de la soldate, le capitaine tenait à se montrer aussi efficace que possible
-Tu as bien fais d'en parler, c'est une première étape dans la résolution des problèmes.
Une fois tout ça résolu, tu pourra revoir ta famille, et rattraper le temps perdu
Si sa propre famille était un cas désespéré, celui de la jeune femme avait encore une chance et le blond tenait à tout tenter pour conserver l'équilibre de la demoiselle.
Une mère privée de son enfant, si tôt dans sa vie...
Il y avait une certaine cruauté la dedans.
-S'ils n'ont plus d'intérêt dans le pouvoir, mais ne se basent que sur l'argent, il va falloir ruser...
Ont ils des propriétés dans les alentours ?
Si le capitaine pouvait limiter encore leurs acquis, il deviendrait rapidement leur seul espoir. Que ce soit une maison particulière réquisitionnée par le royaume, ou une quelconque entreprise fermée pour inspection administrative...
Tout pouvait se jouer quand on avait les bons contacts
-Inutile d'avancer trop vite en besogne...
Je peux te garantir que chaque prétorien est digne de confiance, si le besoin s'en fais sentir, je te donne la permission d'emmener ta famille dans leurs quartiers pour des entrevues, ce sera l'endroit le plus sur pour commencer à renouer des liens sans éveiller les soupçons
Chaque membre de la première compagnie étant plus loyal envers son régiment que n'importe qui d'autre, un seul mot du capitaine suffirait à étouffer la moindre rumeur.
-Quand à mon rôle dans cette affaire, il va falloir le définir finement. Je ne peux malheureusement pas tenter quoi que ce soit d'illégal.
Nous allons devoir monter une pièce de théâtre bien ficelé pour que tout paraisse réel...
Avec un peu de chance, ils pourraient réussir à libérer Lunarya de cette emprise néfaste
A travers les mots d'Arthorias et cette main tremblante posée sur mon épaule, il me semble voir une lumière au bout de ce tunnel. Alors, rapidement, mes larmes se calment, après tout je suis habituée à faire semblant. Et tandis que je prends le temps de rependre contenance, une de mes mains se pose sur la sienne, puisant dans ce réconfort que je n'ai pas eu l'occasion d'avoir depuis que je suis tombée enceinte.
Elion me manque tellement. Un instant, je ferme les yeux et me surprend à repenser à son visage souriant et remplit d'amour de nos jeunes années. Ce visage, tout comme celui de ma fille, je veux les revoir. Je veux pouvoir m'excuser et tenter de regagner leur confiance et leur amour.
Je veux être libre.
Alors je souffle un grand coup avant de me relever enfin, essuyant une dernière fois mon visage avant de me retourner vers mon supérieur hiérarchique.
- Tant que les Lys ne se doutent de rien et que je suis leurs directives, ils ne me feront rien. Aussi, tout ce que nous préparerons devra être fait dans la plus grande discrétion. Je... Autant que possible, je ne veux pas mêler la garde à cette affaire. Car Joshua en était, de la civile certes mais il doit avoir garder des contacts...
Quant à ma fille et son père... Je leur ai déjà fait mes adieux il y a deux jours. Je ne peux pas continuer de leur faire mal par mes aller-retours. Aussi, j'ai pris la décision de ne pas les revoir avant d'être sûre d'être libre. Ainsi, je suis certaine qu'ils ne risquent rien.
Le pire des échecs seraient qu'ils soient tous les deux pris en otage pour me faire chanter... Voire pire : tué pour me punir. C'est un risque que je ne peux leur faire prendre.
Tout comme je ne peux les contraindre à vivre dans une cage, même dorée, le temps que nous réglions cette affaire avec si peu de marge de manœuvre...
- Pour les propriétés... Ils ont effectivement un domaine à la campagne, à quelques heures de cheval de la capitale... Mais aussi une maison de vacances sur une île de l'archipel. Je me souviens qu'ils m'y ont emmené avant que je rentre à l'internat. Après je n'en sais pas plus, et est ce qu'ils les ont vendu depuis ? Je n'en ai aucune idée mais j'en doute.
Cela dit, je pense que leur finance va bientôt les forcer à le faire, c'est bien pour cela qu'ils tiennent à ce que je me marie...
Et ne vous y trompez pas capitaine, ils veulent les deux. C'est juste... Plus urgent pour eux de renflouer leur caisse maintenant que de gagner en autorité.
Mais Arthorias n'avait pas confiance en cette entité, et répugnait de faire appel à elle pour quoi que ce soit désormais. Il devrait donc travailler seul pour cette affaire.
-Très bien, ça nous laisse quelques pistes... Je pense qu'il ne faudra pas trop tarder...
Quelques pistes, et surtout des endroits à visiter en temps et en heure. Mais d'abord il allait falloir commencer à préparer leur escroquerie.
-Je ne suis pas un très bon acteur, je l'annonce dès maintenant, et s'il faut nous afficher ensemble un temps pour persuader tes parents... Il faudra le faire de manière crédible.
Tapotant le bureau du bout du doigt, son air se fit plus penser alors qu'il chassait une mèche tombant devant ses yeux avec une régularité presque agaçante
-Il faudra t'habituer à m'appeler par mon prénom, je m'excuse d'avance envers ton mari et ta fille, mais la fin justifiera les moyens.
Sans doute faudrait t'il e son côté prévenir quelques personnes pour éviter les rumeurs indélicates. Même si elles finiraient forcément par venir.
Pour le sort de Lunarya, le blond voulait bien risquer un peu de son image, il ne serait pas difficile d'expliquer le pourquoi de tout cela.
Et dans le pire des cas... c'était encore lui le plus gradé. Se levant finalement de son fauteuil, il ouvrit en grand le fenêtre pour profiter du jour déclinant, laissant l'air frai s'engouffrer dans la pièce pour donner à cette réunion bien trop morose un peu de gaieté.
-Jouer au futur mari venu pour demander ta main, il y a des jours ou je suis surpris des péripéties qui peuvent bien arriver.
Reste à savoir quand tu veux commencer tout cela
Elle avait peut être des gens à prévenir, voir des affaires à préparer, retrouver ses tortionnaires n'avait rien e joyeux. Et le lion comprenait aisément qu'il lui faille quelques jours pour préparer tout cela
J'aurai tellement... Tellement aimé qu'il puisse en être ainsi.
- Je me permets de vous corriger Cap. Arthorias... Mais je n'ai jamais été mariée. Et j'ai brisé le cœur de celui que j'aime pour le protéger. Alors je doute que je le sois un jour... avec lui.
Depuis près d'une petite semaine maintenant je me prépare psychologiquement à me marier par intérêt... Cela dit, est ce possible d'aimer plusieurs personnes dans une vie ? Probablement... Mais pourrais-je un jour me pardonner assez pour accepter de tourner définitivement la page avec Elion ? Ça j'en doute encore. Car au fond, si l'entreprise que nous nous apprêtons à mettre en place fonctionne, alors peut être aurais-je enfin le droit de tout lui avouer et espérer qu'il me pardonne ? C'est ce que j'aimerai. Plus que tout.
Mais je doute clairement que ce soit possible.
Alors à défaut de me marier par amour, si je devais le faire avec quelqu'un de confiance, je suppose que ça m'irait tout de même.
J'avance jusqu'à la fenêtre ou se trouve le capitaine à qui j'ai décidé de dire mon secret, à qui j'ai choisi de confier mon destin. Regardant dans la même direction que lui, je pose alors une main sur son avant bras.
- Merci. Merci d'avoir accepté d'essayer avec moi. Je ne sais pas si nous réussirons, je me sais même pas si je ressortirai vivante de cette épreuve mais... Sachez que vous avez ma reconnaissance. Si nous arrivons à me libérer soyez sur que tant que je vivrai, vous pourrez toujours compter sur moi.
Je reste ainsi un instant, le fixant avec émotion alors que j'entrevois doucement le seul espoir qu'il ne m'ait jamais été donné jusqu'à aujourd'hui.
Puis, comme brisant la magie du moment, je me reprends soudainement, laissant ma main glisser de son bras jusqu'à retourner le long de mon corps.
- Les Lys ont prévu d'organiser une soirée avec quelques prétendants à me présenter. Ils ne vous ont pas invité mais je suppose qu'on peut partir du principe que je peux le faire pour eux... Je... Il y aura surement pas mal de noble mais... Je dois pouvoir les convaincre de minimiser les invités. Et je suppose que si je leur annonce que j'ai moi même invité quelqu'un, ils seront satisfait que je m'implique dans ce mariage...
Le seul hic, c'est qu'Arthorias n'est pas de sang noble. Mais il est Capitaine de la Garde Royale, alors ça compense non ? J'en doute quelques peu...
- Et... Je préfère vous le dire de suite mais... Vous risquez d'être mal reçu. Par ce mariage, les Lys attendent surtout que je leur amène un soutient politique et financier... Alors j'espère vraiment que votre rang suffira mais...
Mais il y a un risque pour que ça foire avant même que ça ne commence. J'aurai presque envie de lui dire de laisser tomber maintenant mais... Je suppose que si je n'essaie même pas il n'y a aucune chance pour que je sois sortie de là, non ? Au pire, quoi, j'épouse un autre noble et je fais une croix sur ma fille, soit exactement ce que je prévoyais avant d'avoir cette conversation avec mon supérieur...
Et sa propre droiture lui interdisait de spolier cet honneur à quelqu'un d'autre.
-Nous ferons tout pour te libérer de leur emprise, dussé-je y laisser une partie de ma fierté, gardes donc tes remerciement quand nous aurons brisés tes chaines
Avoir un contact physique avec la soldate le ramena pendant un moment à la triste réalité. Notamment celle de la difficulté du plan. Le contact avec les familles nobles étaient devenue une habitude. Et les approcher sans être de leur monde relevait d'une alchimie compliquée, faite de sous entendu, et de pression discrète.
Une alchimie qu'il avait apprit à connaitre, le faisant compenser ses origines modestes par des appuis plus puissant que ce qu'on pouvait lui opposer.
Un exercice qu'il avait été lent à comprendre, peinant à s'imposer autrement que par la stricte conduite d'un soldat du royaume. L'occasion d'exercer lui était donc offerte.
Les défis n'étaient pas sa partie préférée, mais dans le cas présent, c'était pour le sort de quelqu'un d'autre.
Arthorias se montra rassurant, désignant l'insigne royale gravé sur l'armure à l'autre bout de la pièce, se fendant d'un sourire.
-Murmurer à l'oreille des souverains aide en général à faire appuyer ses arguments mais je tacherais de me montrer sous mon meilleur jour.
Si c'est possible évidement.
Mais d'ici là, il y avait fort à faire, et l'officier commença à griffonner sur un morceau de papier, apposant son sceau sur ce dernier avant de le tendre à Lunarya.
-Mais d'ici à ce que notre plan puisse se faire, je tiens à vous éloigner de la capitale et de votre famille. Je vous envoi en assignation loin d'ici.
Cela devrait nous faire gagner du temps et vous permettre de penser à autre chose
La distance n'allait peut être pas aider avec sa malédiction, mais au moins pouvait elle justifier de son absence auprès de ses tortionnaires.
Un répit qui serait payé par le travail accru qu'elle aurait une fois en mission, mais à en deviner l'air sur son visage, cela serait surement moins exténuant que de vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête.
-Reviens en un seul morceau et nous irons terminer cette histoire une bonne fois pour toute
Déclara t'il comme pour mettre un terme à cette entrevue qui venait sans doute d'ouvrir un nouveau pan de son histoire.
Dire que la garde royale était une famille était une chose aisée, réalisé ce fait allait être une gageur d'un tout autre niveau
Et là, j'ai besoin d'être un peu seule.
A peine la trappe refermée sur moi après m'être assurée ne pas avoir été suivit, je m'effondre un instant au sol et laisse couler enfin toutes ces émotions qui me travaille encore trop. De la peine, de la peur, de la colère d'être dans une telle situation mais aussi, cet espoir. Et ce sentiment d'être soutenue.
"Oh Luna... Ça va aller, tu verras. On va s'en sortir, on sera enfin libre !"
Je lève mes yeux dégoulinant de larmes vers l'esprit mist qui s'approche de moi et tente vainement de coller sa tête contre la mienne. Et même si le contact ne se fait pas de par sa nature spirituelle, je ressens tout de même en lui tout son amour et sa compassion pour moi.
- J'espère Haku, je l'espère tellement !
Je reste encore un moment à sangloter sans bouger. Jusqu'à ce que je me sente enfin vidée de tout ce surplus d'émotion. Alors je souffle grandement et regarde une nouvelle fois le papier dans ma main. Essuyant le reste de mes larmes avec l'autre, je le tends alors devant moi et en prend connaissance.
En le lisant, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit rire.
- Dire que c'est moi qui vais enfin pouvoir fuir la capitale alors que c'est ce que j'ai toujours dit à Elion de faire.
"C'est sans doute ainsi que doit se comporter une famille. En aidant et écoutant l'autre et en faisant tout son possible pour le soulager de sa peine."
- Alors Arthorias avait raison, nous garde royaux sommes bien une grande famille. Et c'est surement la seule avec Kahlua a se soucier réellement de moi.
"Et moi ? Je suis là, moi."
- Toi tu fais parti de moi Haku. Tout comme je fais partie de toi. Sinon tu aurais surement choisi une autre âme à hanter non ?
"Aucune autre ne vaut la tienne Luna."
Mon Haku. Si seulement... Si seulement je pouvais le serrer fort dans mes bras.
- Aller viens au lieu de dire des bêtises. Partons loin de cette ville et de tous nos problèmes pour aller tabasser des malfrats.
Je me relève, sortant de ma cachette en souriant avant de me diriger vers mon adjudant et lui montrer mon assignation venant d'Arthorias lui même.
Et bizarrement, je n'ai jamais eu autant hâte de partir ainsi en mission.