La maigre tunique en lin qui couvrait son corps, dévoilait les ecchymoses encore récentes, alors que même son cou était entravé par les chaînes.
Un sourire carnassier se dessina alors sur le visage de l’homme qui se tenait juste derrière elle, satisfait.
« Je compte sur toi pour ne plus te mettre sur ma route, chérie. »
~
« Comment ?! »
Le cri résonna dans la petite boutique alors que les deux mains de la barde rencontrèrent le bois du comptoir. Face à elle, se tenait sa vieille amie qui rangeait le présentoir juste derrière elle. Un journal s’écrasa alors sur le visage de la jeune femme qui recula en poussant un faible couinement. Amy soupira longuement, puis se saisit d’un onguent avant de lui faire un signe du menton pour qu’enfin la jeune furie aille s’asseoir sur le tabouret.
« Arrête de hurler et tiens-toi tranquille, manda la soigneuse. Je te raconte ce que je sais à condition que tu la boucles. »
Calcilia allait répliquer, mais devant le regard de son amie, elle finit par obtempérer en croisant ses bras, les joues gonflées. Elle savait parfaitement qu’elle n’aurait jamais le dernier mot si elle voulait des informations. Vaincue, elle baissa les épaules en laissant l’herboriste appliquer les soins sur ses plaies. La barde grimaça légèrement, bien que docile, tout en laissant ses doigts caresser le doux pelage blanc de son familier. Remarquant qu’elle avait enfin l’attention de la jeune femme turbulente, Amy reprit.
« Braith est venu me voir récemment, annonça-t-elle d’un ton calme. Il te cherche, il paraît que votre dernière rencontre à la Capitale ne se soit pas bien passée. »
Le tissu de sa tunique se froissa sous ses doigts, la barde contenant difficilement sa colère. Leur rencontre remontait à quelque temps déjà, mais elle n’imaginait pas qu’il avait pu échapper aux gardes. Cela voulait également dire que d’autres enfants devaient être victimes depuis qu’ils s’étaient croisés, et c’est ce qui inquiétait davantage la jeune femme qui fit soudainement volte-face, alors que la soigneuse refermait précieusement son onguent. La mine de Calcilia s’était assombrie même si elle essayait encore de garder le contrôle d’elle-même pour ne pas sortir de la boutique et retrouver cet enfoiré.
« Il ne t’a pas blessée ? Murmura-t-elle d’une voix glaciale.
- Il n’allait pas s’y risquer en plein centre de la cité, il n’aurait pas pu aller bien loin. »
Un soupir de soulagement retentit dans la boutique, avant que Calcilia ne se rassoit lourdement sur le tabouret. La priorité restait tout de même son amie, et s’assurait qu’elle ne courait aucun danger. Mais l’air grave qui marquait son visage fit rapidement comprendre à la jeune femme que quelque chose de bien plus important se tramait. Cela faisait des années qu’elle côtoyait la soigneuse et rares étaient les fois où elle avait été soumise à cette expression. Les dents de la barde entamèrent sa lèvre inférieure.
« Qu’est-ce qu’il voulait ? Finit-elle enfin par demander.
- Calcilia…
- Qu’est-ce qu’il voulait ? Répéta-t-elle durement.
- Il n’a pas été très clair… Mais il voulait te retrouver. J’ai déjà prévenu la garde, alors ne t’en mêle pas plus. Tu sais très bien comment ça se termine quand tu les côtoies. »
Calcilia se passa les mains sur le visage en soupirant longuement. Elle n’était pas certaine que la garde se manifeste pour un seul homme qui n’avait pas provoqué plus de problèmes que ça. C’était un risque à ce qu’on l’envoie paître si elle allait plaider contre Braith. C’était un homme suffisamment intelligent pour ne laisser aucune trace derrière lui. C’était un fait avéré, Calcilia ne faisait aucunement confiance à la garde.
Elle décrocha son attirail, ne gardant sur elle que ses épées et sa broche.
« Je te confie Illwy et Eira, souffla la jeune femme en disparaissant de la boutique. »
Amy n’eut malheureusement pas le temps de la stopper alors qu’elle s’évaporait dans la cité portuaire, laissant derrière que le souvenir de son passage. La soigneuse soupira longuement en se laissant tomber sur une chaise.
« Elle me fatigue. »
~
« Tu es certain que c’est ici ? »
Illwy jappa doucement en remuant fièrement sa queue. Pénétrant dans le domaine Alkh’eir, Amy foula la plage de sable sur laquelle la barde y avait autrefois mis les pieds. Et si le noble n’était pas à son domicile ? Personne jusque-là ne l’avait écoutée si ce n’était le fidèle ami de la barde à qui elle avait déjà remis une lettre alors qu’Emerald n’était pas présent dans sa demeure lorsqu’elle s’y était rendue. Ces nobles qui s’autoproclamaient aventuriers et toujours en vadrouille à l’autre coin du continent. Ils l’agaçaient.
La soigneuse tambourina à la porte vivement. Celle-ci resta close face à la jeune femme qui sentit la colère monter. Il avait déjà fait s’écrouler sa porte une fois, elle n’avait donc qu’à lui rendre la pareille. Le labrys qui la suivait habituellement lors de ses voyages s'éleva au-dessus d'elle. Il fendit l'air, faisant exploser la porte d'un mouvement sec.
« Il est où ce foutu bourge ? Hurla-t-elle dans la demeure. »
Sans aucune réponse de sa part, la soigneuse vint attacher autour du cou du familier de la barde un mot.
Je dois retrouver Calcilia. Je t’attends chez moi. Amy.
« Reste ici Illwy, je compte sur toi pour remettre le mot à ce stupide noble. »
Le renard s’allongea sur le palier de la porte, attendant patiemment le retour du noble dans sa demeure. Il poussa un jappement attristé en voyant la soigneuse s’éloigner.
Cela faisait longtemps que les pas de l'aventurier ne l'avaient pas conduis jusqu'à chez lui. La montagne avait été souvent cruelle et sa caresse glacée n'avait rien de comparable avec le souffle chaud qui égayait la vallée.
Loin des tourments cruels des pics enneigés, l'océan reignait en maitre ici. Ce fut avec le sourire sur le visage que Liory mis les pieds chez lui, parcourant les quelques lieues qui séparaient l'entrée de la vallée à se demeure.
L'équipement flambant neuf du départ avait laissé place à une version bien moins rutilante de ce dernier. Chaque pièce avait souffert du voyage, le cuir affichant une teinte usée et le tissus une usure toute naturelle.
A bien des égards, on aurait pu ne pas le reconnaitre. La cagoule sur son visage, portée d'avantage par habitude que par nécessité couvrant des traits amaigris.
Amaigris mais encore plus joyeux que l'accoutumé.
-Il est bon de retourner chez soi
Dit il pour lui même, ses voyages ne lui ayant pas fournit un compagnon avec qui rentrer. Evelyn avait bien de la chance d'avoir un familier, ce dernier l'accompagnant dans ses derniers pas jusqu'à chez elle.
Les pensées du noble vagabondèrent un temps vers son amie avant qu'il ne la chasse de son esprit en secouant la tête. Il n'était plus temps.
Alors que la villa se dessinait lentement sur le paysage, Liory accéléra le pas, impatient de retrouver un lit confortable et quelques heures d'eau bouillante. Son plan était tout tracé jusqu'à ce qu'un détail ne vienne ruiner le tableau idyllique qu'il se faisait
La porte de l'endroit était réduite à l'état d'esquille éparse, ces dernières jonchant le marbre clair. Les pas rapides se muèrent en course alors que l'arc géant tombait dans ses mains.
Sa poignée texturée finissant par prendre une place toute naturelle dans sa paume, s'étant légèrement déformée à la forme du noble.
Si le cambriolage n'était pas vraiment un risque, et les créatures hostiles interdite d'accès ici, cela n'expliquait pas pourquoi la porte du manoir avait disparue
Les semelles de l'aventurier se posèrent sur le sol luxueux sans un bruit, l'expérience ayant finit par lui inculquer les notions de base de la discrétion.
Pas assez cependant pour que le petit renard de saison qui attendait au frais dans une fontaine ne le remarque et ne vienne à ses pieds, sa queue battante. Le message pendu à son cou suffisant à faire baisser les armes de l'argenté.
-Allons bon, que me veut tu mon petit ami ?
Dit il en se mettant à genoux pour venir délicatement saisir le papier, ses gants usés se saisissant du vélin avec précaution.
Son visage détendu se fit plus grave à mesure que les quelques mots étaient lus.
Calcilia... La simple mention du nom de son amante coupa toute envie de repos, le faisant se redresser comme un diable à ressort, ne manquant pas de faire sursauter le petit renard qui ne s'attendait pas à une telle réaction.
Un jappement s'échappa de sa gueule jusque là close.
-Amy... Je crois me souvenir d'elle.... plus ou moins
Quelques frétillement de queue répondirent au nom de l'aventurière signe que le familier devait connaitre le chemin.
Les yeux azurés de l'archer se portèrent sur le petit renard qui semblait déjà trop ennuyé de rester là.
-J'ai comme l'impression que nous somme compagnons de voyage pour un temps
Dit le noble avec un sourire masqué par la cagoule qu'il n'avait pas encore quitté.
Posant le renard sur son épaule, l'argenté partit en sens inverse, remontant les douces collines de la vallée pour gagner le grand port.
*****************
-Amy !
Cria l'argenté en tambourinant à la porte toujours close de la demoiselle.
Une nouvelle succession de coup se fit entendre, le noble n'ayant nullement l'intention de repartir sans avoir entendu ce qu'elle avait à dire.
Une patrouille de garde l'observa pendant un temps, son allure d'aventurier vagabond n'aidant pas à tranquilliser les soldats
Il lui fallut quitter les vêtements qui lui couvraient le visage pour les faire repartir. Même aventurier, un Alkh'eir était reconnaissable dans cette ville.
La porte restant désespérément close, l'argenté décidé de prendre les choses en mains, ses pupilles s'irisant alors que sa magie entrait en action, ouvrant délicatement le verrou pour lui permettre d'entrer.
L'urgence lui faisant oublier toute notion de politesse. Calcilia lui ayant déjà ôté sa réserve habituelle.
Si cette dernière était en danger, on lui pardonnerait bien une effraction
Dague en main, il fit quelques pas dans la boutique, faisant attention à ne rien déranger, son regard balayant la pièce désespérément vide de la présence de son aimée
Berceuse éternelle
Liory & Calcilia & Emerald
Les arbres commençaient doucement à se dénuder, semant des feuilles rouges et or sur la route qui menait à ta demeure. Un croassement sinistre se fit entendre non loin de toi, ton regard se tourna vers un immense corbeau qui te fixait d’un œil. Il ouvrit ses ailes comme pour te menacer avant de laisser échapper à nouveau sa triste mélopée. Bien que peu adepte des mauvais présages et insensible aux superstitions, tu frissonnas en voyant qu’il était loin d’être seul. ”Une vraie invasion.”
Tu allais devoir en toucher deux mots à Laurence car c’était la première fois que tu en voyais autant si près de chez toi. Tu pressas le pas, tu n’avais qu’une envie : retrouver la chaleur de l’âtre et de lire un bon livre avant de devoir t’occuper des divers documents qui commençaient à s’accumuler sur ton bureau. C’est que ton projet avançait rapidement.
Tu arrivais presque aux marches menant au perron quand la porte s’ouvrit soudainement pour laisser apparaître ton cher majordome et une demoiselle de ta connaissance. Une chevelure rappelant la neige, un teint tout aussi pâle et des yeux d’un rose éclatant. Amy, une amie et aventurière de ta chère et tendre barde. D’ici, tu peux déjà voir qu’elle n’est pas venue discuter autour d’un thé ou pour te partager de joyeuses nouvelles. Même Laurence affichait une expression crispée et inquiète, lui qui est habituellement si flegmatique. Il n’y a qu’une raison pour que ces deux-là affichent une telle expression :il était arrivé malheur à Calcilia. Tu sentais déjà ton monde vaciller à l’idée qu’il ait pu arriver malheur à la jeune musicienne. La blanche se tourna vers toi, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu’elle se rapprochait de toi.
”Te voilà ! Ca fait une éternité que je t’attends, Calcilia a des ennuis, de très gros ennuis !”
Tu perds quelques précieuses secondes, comme si ton cerveau prenait son temps pour comprendre et accepter ces mots. Ainsi la belle est en danger ? Comment ? Pourquoi ? Tu n’as même pas le temps de l’interroger qu’elle te devance, te donnant les quelques informations qu’elle avait en sa possession. Braith. Tu connaissais ce nom, Calcilia t’en avait parlé à diverses occasions et tu avais même eu la “chance” de le rencontrer.
”Laurence, je vais suivre Amy. Je compte sur toi pour harceler la garde, utilises notre nom si besoin ! Et s’ils ne sont pas réceptifs, je t’autorise à en parler à mère, elle saura faire bouger les choses.”
Enfin, tu espérais vraiment ne pas avoir à en arriver là, d’autant que ta mère était toujours à la Capitale, le temps qu’elle vienne remonter les bretelles des gens, vous pourrez très bien être déjà revenus ou morts.
”Laisse-moi le temps de récupérer quelques affaires !” Soufflas-tu avant de te presser dans tes appartements pour récupérer quelques artefacts et autres. Malheureusement, ton inventaire était … assez vide puisque tu revenais de quête. La majorité de tes affaires n’étaient pas encore revenues. Tu trouvas tout de même quelques petites choses intéressantes et rejoignis Amy.
”Allons-y !” Déclaras-tu à l’aventurière, après quelques autres recommandations à destination de tes employés qui semblaient presque sur le pied de guerre... ce qui devait être le cas selon toi. “Tu pourras m’expliquer plus en détail en chemin, tu as parlé d’Alkh’eir ?” Bon, vous seriez au moins trois et de mémoire les deux étaient assez expérimentés. Ca serait une bonne équipe pour tirer ta princesse des viles griffes de Braith et son groupe.
***
Vous étiez arrivés devant chez la demoiselle, prêts à attendre l’autre noble aventurier qui participerait au sauvetage, quand tu vis que la porte était ouverte.
”Amy, tu n’es pas partie en laissant ta porte entrebâillée, n’est-ce pas ?”
Soufflas-tu en posant une main sur ton épée. Le regard de la jeune femme te fit comprendre que c’était loin d’être son genre... et ça ne laissait qu’une solution : quelqu’un s’était introduit chez elle. Maintenant, il ne restait plus qu’à savoir si cette personne était encore dans la maison et si c’était un ami ou un ennemi. Amy te devança, prête à attaquer l’intrus quand elle se stoppa, baissant au passage son arme.
”Ah ! T’es là.”
Tu t’avanças à ton tour pour découvrir un jeune homme au visage vaguement familier mais assez reconnaissable. Liory Alkh’eir était arrivé.
« Calcilia a disparu, commença-t-elle de but en blanc. »
La soigneuse était dans l’urgence, et elle attendait simplement qu’une réaction vienne se marquer sur le visage de ses invités. Et si elle avait pu déblatérer quelques explications vagues au cher ami de la barde, Liory était encore totalement dans le flou. Ses traits tirés prouvaient qu’il s’était hâté à peine la lettre lui était parvenue. Amy se passa une main lasse sur le visage, commençant à expliquer calmement les événements des dernières semaines, et des détails qu’elle avait pu obtenir concernant cette affaire.
« Cette fichue tête de mule a toujours trouvé bon de se mettre dans des situations embarrassante, mais je pense que cette fois ça dépasse de loin ses compétences. »
Elle marqua une légère pause, avant de secouer ses longues mèches d’albâtre, la barde avait toujours été une femme débrouillarde, mais elle s’était lancée à l’assaut d’un poisson bien trop gros pour elle et c’est ce qui inquiétait grandement la soigneuse qui peinait à garder son calme habituellement glacial. Elle tira une chaise pour s’asseoir.
« J’ai déjà fait tout le nécessaire auprès de la garde, j’ai même pu recueillir quelques informations, mais j’ai bien peur que l’opération ne soit pas lancée dans l’instant, et ce au risque de la perdre. »
Cela faisait plus d’une semaine que la jeune barde était portée disparue, elle n’avait laissé aucun mot, aucun de ses chants n’étaient parvenus jusqu’à la ville portuaire. Et connaissant sa faculté à s’attirer des ennuis, il était fort probable qu’un piège se soit lentement refermé autour d’elle, et qu’elle s’y soit jetée de rage. Amy releva ses yeux vers l’héritier de la maison Aubeclair avant de le tourner jusqu’à Liory.
« Je vais essayer de la retrouver, mais je vais avoir besoin d’aide, soupira la soigneuse. Et je ne garantis pas que l’accueil soit celui que nous attendons lorsque nous la retrouverons. »
Si longtemps, l’option que le corps de Calcilia ait été jeté dans les profondeurs de la mer n’était pas à négliger. Cette sotte qui hurlait à tout va qu’elle craignait de s’attacher aux autres au risque de les perdre. C’était une bien belle égoïste que de foncer tête baissée vers les ennuis. Amy souleva le sac abandonné de la barde pour le déposer sur la table doucement.
« Il ne tient qu’à vous de me suivre. »
Un regard glacial se tourna en direction du jeune Alkh’eir, dès lors, les orbes pourpres brillèrent d’une lueur dangereuse. Une colère impalpable semblait émaner de la soigneuse qui crispa nerveusement ses doigts sur le cuir de la besace. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir pu stopper la jeune femme et son entêtement, et la situation la rongeait peu à peu.
« La prochaine fois, mets-lui des fers aux poignets avant qu’elle ne s’élance à nouveau dans une situation grotesque, grogna-t-elle d’un ton sec. Si vous venez, je pars à l’aube dès demain. J’ai des lits ici, si vous souhaitez dormir. Ne soyez pas en retard ou je pars sans vous. »
Amy se leva, déposa une main sur la table, son regard se baissant sur le sol, alors qu’elle claquait sa langue contre son palais, agacée.
« Soyez prêts au pire, termina-t-elle avant de disparaître à l’étage. »
~
De timides rayons vinrent s’écraser sur la demeure de la soigneuse, tandis qu’elle refermait soigneusement la porte. Les deux compagnons de la barde, enfermés dans l’habitacle, geignant tristement d’être laissés sur la touche. Un léger sourire étira le visage inexpressif d’Amy.
« Gardez bien la maison jusqu’à notre retour, fit-elle en caressant doucement le crâne de chacun. »
Elle finit par se redresser pour faire face aux deux nobles qui l’accompagnaient, pointant son doigt en direction de la sortie de la ville.
« J’ai entendu quelques rumeurs qui parlaient d’une grotte creusée dans la falaise par les vagues, déclara-t-elle. Elle serait vers l’Ouest, et très difficile d’accès. Je ne sais pas si nous pourrons trouver ce que l’on cherche, mais ça sera un bon début pour nos recherches. »
La jeune femme commença son périple d’un pas soutenu, suivant le sentier qui longeait la falaise. Durant leur ascension, plusieurs chemins se croisaient, incitant les aventuriers trop curieux à faire demi-tour tant la complexité des lieux était au risque de s’égarer. Suivant son instinct, Amy prit les chemins qui semblaient les moins empruntés, où y marcher devenait difficile sans se faire griffer par une branche malvenue.
Leur route sembla durer plusieurs heures avant qu’ils s’atteignent une vallée déserte entourée de quelques arbres, suffisants à créer un petit bosquet. Se trouvant à présent au-dessus de la mer qui s’étendait à perte de vue, Amy s’arrêta quelques instants. Plus bas, il était possible d’entendre le fracas des vagues contre la falaise, tandis que le vent venait siffler dans une cavité hurlante. S’approchant du bord, Amy plissa son regard pourpre, apercevant une grotte à même la paroi, et celle-ci était presque impossible d’accès sans du matériel adéquat.
« Il faut bien commencer nos recherches quelque part. »
La découverte se montrait déjà bien plus meurtrière alors qu’ils n’étaient même pas certains de trouver le moindre indice. Mais c’était un risque nécessaire s’ils voulaient être certains de pouvoir retrouver leur amie.
« Même si je doute qu’ils fassent des acrobaties tous les jours pour en sortir, il y a peut-être une autre entrée quelque part. »
Le sol commença subitement à trembler sous leurs pieds, surgissant de la terre, des lames de terre assassines. Amy fit un bond en arrière, échappant de peu à l’attaque sournoise. Mais au moins, une chose était à présent certaine. Cette crevasse dissimulait bel et bien quelque chose.
« Mettons-nous à l’abri ! Rugit la soigneuse en s’écartant de la lame qui se désagrégeait. »
Courant jusqu’aux arbres qui bordaient le chemin par lequel ils étaient arrivés, Amy jura dans sa barbe, cette mission se montrait déjà bien assez ardue ainsi. Ils étaient visiblement bien préparés à recevoir de la visite. Un autre sentier les menait vers le pied de la falaise, la jeune femme s’y dirigea prudemment. Il leur fallait rentrer à tout prix sans qu’une attaque surprise ne vienne les fendre. Arrivés sur une plage de galets, il était possible d’entendre l’écho du vent se répercuter dans une petite cavité dissimulée dans un relief de la roche. À marée haute, cette entrée devait être introuvable, Amy fit signe aux deux hommes de la suivre avant de pénétrer dans la grotte sombre.
~
Les ténèbres uniquement perturbées par les faibles lueurs des torches présentes. Le rythme des chaînes qui se balançaient offrait une mélodie aux enfants effrayés. Quelques invités dont les visages étaient recouverts d’un capuchon sombre, empêchant de les reconnaître.
« Des intrus, dis-tu ? Et tu n’as rien trouvé de mieux pour les avertir de notre présence ? »
Braith s’inclina la tête basse, conscient de son erreur. Le buste en avant, il se confondait en excuses, bien vite arrêté par l’un des six hommes présents. Il avait levé son bras, tournant son visage masqué d’une parure en bois.
« Dépêche-toi de corriger ton erreur. »
Une vague hurlante s’écrasa dans le puit qu’ils surplombaient.
« J’ai déjà envoyé quelqu’un sur place. »
~
De nombreuses galeries étaient creusées dans la roche, obligeant le groupe à faire des détours pour ne pas se perdre. Bien vite, des bruits de pas se firent entendre dans un écho, ils étaient lents, se faisaient attendre comme annonciateur d’un fléau. Un garde qui devait faire une ronde. Mais quelque chose clochait. Ce n’était pas juste des pas classiques, la paire de chaussures devait être munie de talons. Braith ne travaillait donc pas seul, il était au moins accompagné d’une femme.
Amy posa son doigt sur ses lèvres pour faire signe aux deux aventuriers de ne pas faire de bruit. Décidant de prendre un autre chemin pour ne pas attirer l’attention. Mais à mesure qu’ils s’éloignaient, les pas se rapprochaient dangereusement, la cadence s’accélérant telle une mélodie angoissante.
« Shiva. »
L’ordre claqua d’une voix froide. Et bien que familière, elle était méconnaissable. Pourtant, Amy se redressa pour venir trouver son amie disparue. Mais avant qu’elle ne puisse commencer son discours réprobateur envers son amie, le sol se gela à ses pieds lentement, une véritable patinoire s’étendit sous le pied, rendant toute course impossible sans se casser les dents. Aussi vive qu’un éclair, la barde apparut à leur côté, Amy fut projetée en arrière, rencontrant la paroi de la grotte sonnée. Profitant de l’effet de surprise, elle envoya son pied entre ceux de l’héritier Alkh’eir pour l’envoyer au sol, puis pointa une lame dans sa direction afin de le tenir à distance, la deuxième se présentant sous la gorge d’Emerald. Sous une faible lueur, il était possible de reconnaître le beau visage de la barde dont l’expression inerte ne s’en montrait que plus menaçante.
« Ces armes sont faites d’os, ne pense pas une seule seconde à utiliser ton pouvoir. »
L’ordre claqua sèchement, alors que le regard habituellement si pétillant de vie était à présent aussi vide que les limbes. Puis elle se tourna vers Emerald.
« Un seul mouvement de ta part et je te tranche la gorge. »
Berceuse éternelle
Liory & Calcilia & Emerald
La situation était particulièrement angoissante. Le dédale des galeries inspirait déjà peu confiance, il serait si facile de vous perdre en tentant de fuir ou en poursuivant quelqu’un. Puis, ce n’était pas le meilleur des endroits pour combattre des gens, certains passages se révélaient assez étriqués, tu ne te voyais pas user de ton arbalète ou de ton fouet ici. Et il y avait ces bruits de pas qui vous suivaient... Des bruits familiers, tu avais l’impression de reconnaître cette démarche, mais Calcilia ne pouvait pas marcher librement ici, non ? Si c’était le cas, elle aurait trouvé un moyen de sortir pour chercher de l’aide auprès de toi, d’Amy ou de Liory ?
Mais plus les pas se rapprochaient, plus tu sentais l’étreinte du doute se refermer sur toi. Quelque chose clochait. Tu aurais voulu retenir Amy, en discuter avec l’amant de la barde... Tu aurais dû les arrêter.
Tu aurais dû...
”Shiva”
La voix de ta petite fée résonna dans les airs, son ton froid te figeant sur place alors que le pouvoir de sa broche s’étendait sous vos pieds. Tu reculas, tu savais qu’elle avait une limite de distance. ” Deux ? Trois ? Quatre mètres ?” Tu ne t’en souvenais plus. Malheureusement pour toi, la belle avait plus d’expérience et se montra bien plus rapide en profitant de l’effet de surprise. Tu regardas ta sœur de cœur projeter son amie sur le côté, avant de balayer Liory et de vous menacer tous les deux de ses lames.
C'était invraisemblable... Impossible... Jamais elle ne t’aurait menacé. Jamais elle ne t’attaquerait... Tu restas figer. Tu n’arrivais pas à réfléchir. Que devais-tu faire ? Cette situation n’était pas normale. Tu inspiras, lâchant un hoquet... Tu... Elle... Tu en oubliais l’arme que tu tenais toujours.
”Calcilia....” Tu soufflas son prénom d’une voix douce. ”Ma petite fée, c’est moi.... Baisse cette arme, tu sais bien que jamais je ne te ferai du mal. ” C’était une supplique. Tu ne voulais pas lever ton arme contre elle. Tu ne voulais pas prendre le risque de la blesser alors que tu étais là pour la sauver. Tu levas tout doucement une main apaisante, bien que légèrement tremblante.
Concentré sur la barde, tu ne fis pas attention à Amy qui s’était relevé le plus silencieusement possible. Celle-ci s’approcha de vous alors que tu continuais à parler. Elle avançait doucement à cause de la glace sous ses pieds. Son regard fixé sur vous deux, elle allait bientôt pouvoir agir. Elle ne brandissait pas sa labrys, mais tu pouvais désormais voir ses deux mains s’approcher de la barde pour l’attraper. Elle était d’ailleurs sur le point d’y arriver... et en tentant d’accélérer le mouvement pour ne laisser “aucune” chance à Calcilia, elle glissa, sa tête et son buste venant s’écraser contre la bleuté. Son poids sembla entraîner celui de son amie avec elle et la lame de ta petite fée aurait certainement percé ta peau si tu n’avais pas fait un pas en arrière. Pas qui ne manqua pas de te déséquilibrer à tout tour. Tu te sentis partir en arrière, et tu te retrouvas à balancer tes bras dans les airs avant de te raccrocher à la paroi.
”Liory !” S'exclama Amy, oui c’était le moment ou jamais de se jeter sur votre amie commune pour la maîtriser... ou du moins tenter de le faire.
La grotte se révélait inquiétante. Un dédale de paroi rocheuses qui n'inspiraient rien de bon à Liory. De telles anfractuosités lui rappelant celles qu'il avait exploré avec Evelyn.
Mais loin de contenir des araignées tueuse, ces dernières cachaient quelque chose de bien plus meurtrier.
L'argenté reconnu Calcilia en un instant, son cœur faisant un bon en reconnaissant la belle jeune femme. Cela dit, son air était bien trop sombre par rapport à celui qu'elle affichait d'habitude.
Avant de pouvoir prononcer le moindre mot, il le sol se geler, et le sol se dérober sous ses pieds, projeté au sol, il ne put qu'observer sa princesse menacer son ami avec des lames d'os, peinant à croire ce qu'il avait sous ses yeux.
Et alors qu'il bataillait pour se relever, il vit Amy se jeter sur son amante, tachant de l'enserrer pour l'empêcher de bouger.
Le chasseur n'eut pas le temps de dégainer son arc, sortant une des dagues de sa botte avant de s'élancer.
Dardant la lame vers son aimée, il la lança vers les jambes de la jeune femme, usant de son pouvoir pour tordre l'acier et créer des liens qui s'enveloppèrent autour de ses chevilles.
Et si la jeune femme se débâtait sans cesse, le chasseur parvint à s'approcher suffisamment pour plonger ses yeux dans les siens, tachant d'y trouver une étincelle de celle qu'il avait connu.
-Calci, qu'est ce qui t'arrive ? Tu ne nous reconnais pas ?
Dit il en la prenant par les épaules.
En vain, car les yeux pétillant de son amie étaient affreusement vide. Cela le troubla tant qu'il ne vit pas venir le coup de tête qui percuta son front, l'envoyant au sol sans manquer de faire couler quelques gouttes de sang.
Même si elle avait les pieds entravés, la demoiselle restait une véritable anguille. Et si le chasseur retourna à l'assaut, tachant de lui bloquer les bras, il en fut quitte pour quelques vilaines griffures qui vinrent scarifier sa peau d'habitude si parfaite.
-Ils lui ont fait quelque chose
Dit il alors que sa vision se teintait de rouge, une vilaine plaie inondant son œil droit de sang. Mais là ou bien des gens savaient comment maitriser un être humain, Liory n'en faisait pas parti. A vrai dire, son domaine d'expertise était les monstres.
Ainsi il n'arriva qu'à peine à empêcher la jeune femme de s'en prendre à Amy.
-Réveille toi par Lucy !
Dit il en parvenant enfin à saisir le bras de la barde, frappant la main de cette dernière de toute ses forces pour lui faire lâcher l'épée qu'elle tenait en main, la chassant d'un coup de pied au loin, cette dernière raclant sur le sol avant de tomber dans l'eau dans un plouf sonore
Un fin sourire se dessina sur les lèvres pleines de la barde tandis que sa main tout juste libérée serpenta jusqu’à la joue de son amant. Une caresse juste douce dériva le long de sa mâchoire.
« Vous avez fait une erreur en venant jusqu’ici, ploya soudainement Calcilia. »
Elle saisit l’aventurier par le col, basculant en arrière, se servant de son poids pour l’entraîner dans sa chute. Roulant au-dessus de lui, elle arracha sa cape afin d’entourer les mains de l’archer, faisant à nouveau appel à Shiva qui s’étendit sur le tissu. Maintenant durcie, la cape était devenue une paire de menottes gelées. Avant qu’Amy ne puisse lui porter secours, Calcilia roula de nouveau sur le côté, envoyant ses deux pieds dans le thorax de la soigneuse qui s’effondra aux côtés de Liory à bout de souffle.
« Mon amour, souffla la douce voix de la barde. Pourquoi ne m’aides-tu pas ? »
Une expression de bienveillance anima les traits de son visage alors qu’elle tendit sa main vers Emerald. Calcilia semblait souffrir de voir son si cher ami loin d’elle. Remuant faiblement ses pieds sur le sol, des perles nacrées roulèrent sur son visage d’ange et elle continua d’une voix fluette, presque hypnotisante.
« Tu ne me ferais pas de mal ? »
Un sanglot coincé dans sa gorge, la jolie barde enfouit son visage entre ses mains.
« Pas toi… Murmura-t-elle doucement. »
Alors qu’il n’était qu’à quelques pas d’elle, la jeune femme saisit sa manche du bout des doigts, sa voix se faisant de plus en plus faible jusqu’à ne devenir plus qu’un souffle inaudible. Sa jolie chevelure azurée semblait refléter les rares lueurs présentes qui parsemaient la grotte.
Telle la mélodie d’une sirène, Calcilia ne cessait ses douces et langoureuses lamentations à l’égard de son ami. Soudainement, elle crispa ses doigts sur son faciès.
« Pourquoi vous me faîtes ça ? Grinça-t-elle méconnaissable. »
À mains nues, elle écarta les langues de métal qui entravaient ses pieds, teintant ses gants d’une teinte écarlate, alors que sa peau se faisait cisailler. Elle se libéra tant bien que mal avant de tendre ses bras en direction de son ami pour l’enserrer d’une étreinte, sa voix retrouvant son doux timbre.
« Tu ne me ferais pas de mal, n’est-ce pas ? »
Alors qu’Emerald était inerte dans ses bras, lui rendant son étreinte amoureuse, Calcilia vint déposer sa main ensanglantée contre sa joue, y laissant une traînée pourpre. Se dessinait alors de sa pommette jusqu’à son menton une trace de sang laissée par la jolie barde. Ses orbes violines éclatants luisaient alors encore de ses larmes récentes.
De sa manche, elle sortit une aiguille aussi large qu’un pic à glace, prête à l’enfoncer dans le crâne de sa victime, mais avant qu’elle ne puisse asséner son coup meurtrier, la jeune barde hurla, lâchant son arme pour venir saisir son crâne à deux mains. Elle vacilla puis s’effondra aux côtés de Liory, ses doigts étant accrochés à ses courtes mèches bleutées. La barde secoua vivement la tête de droite à gauche, presque furieusement.
« Non ! Non ! Non ! Hurla-t-elle douloureusement. Tu ne me feras pas faire ça ! »
Calcilia se recroquevilla sur le sol, le front posé contre la roche. Une masse tremblante faisait maintenant face au trio.
« Je ne te laisserai pas faire… Sanglota-t-elle faiblement. Partez ! Pitié ! Laissez-moi et allez chercher de l’aide. »
La barde resta immobile sur le sol, souillant sa chevelure de sang. Elle refusait de se lever, la peur de perdre à nouveau le contrôle la saisissant. Pourtant, les pas plutôt que de s’éloigner, se rapprochaient jusqu’à la barde qui osa à peine relever la tête pour croiser le visage contrarié d’Amy. Celle-ci s’accroupit pour saisir le menton de son amie.
« Hors de question ! Si on sort, c’est avec toi. On est venus te chercher, on ne repartira pas sans toi. »
Calcilia commença à bafouiller en secouant la tête, les mains tremblantes. Elle avait déjà suffisamment blessé ses amis, si l’emprise devait s’étendre au-delà de la grotte, elle ne se pardonnerait jamais. La soigneuse attrapa la barde par le col pour la forcer à se redresser.
« Ecoute, pour toutes tes conneries, je t’en collerai une. Mais d’abord, on va sortir tous les quatre. Apprends à nous faire confiance ! »
Elle jeta un regard à ses partenaires avant de baisser honteusement les yeux sur le sol en acquiesçant doucement. Amy avait raison, elle devait aussi se reposer sur ses proches.
Calcilia s’approcha de Liory, arrachant le tissu autour de ses mains maintenant qu’il avait commencé à dégeler, mais elle garda les yeux baissés par peur de croiser son regard. Mais avant de se relever, elle l’enserra dans ses bras, rassurée de ne pas l’avoir grièvement blessé.
« Dépêchons-nous de sortir d’ici, leur confia Amy qui commença à se diriger vers la sortie. »
Calcilia s’apprêta à la suivre mais se tendit subitement dans les bras de son amant, accrochant ses doigts à ses épaules. Comme tétanisée, elle ne fit aucun mouvement. Au loin, il était possible d’entendre le bruit régulier d’un métronome, accompagné de pas lents. La barde repoussa violemment Liory en arrière de ses deux mains pendant qu’elle arrivait encore à conserver sa conscience.
« Partez ! Parvint-elle à leur dire avant d’être à nouveau entourée par les ténèbres. »
Face à eux, obstruant la seule sortie possible apparut Braith, les bras croisés sur son torse. Le bruit régulier semblait provenir de lui sans qu’il ne soit possible de distinguer où exactement. Il fit un signe à la barde de le rejoindre, celle-ci s’exécuta sans ciller. Lorsqu’elle fut à sa hauteur, elle encaissa un coup de pied dans l’estomac qui la plia douloureusement au sol, incapable de la dissimuler. Avec un regard de dédain, il la saisit par les cheveux pour la forcer à se relever.
« Sois utile et débarrasse-toi d’eux au lieu de pleurnicher. »
Calcilia grimaça mais acquiesça difficilement.
Un épais mur de pierre vint s’élever face à Braith pour se protéger de l’attaque d’Amy qui venait de foncer sur lui, enragée. Calcilia apparut alors juste derrière la soigneuse, saisissant son bras armé pour l’immobiliser avant de lui envoyer son coude dans le visage, la forçant à reculer. La soigneuse sonnée, essuya le sang qui coulait de son nez avant de relever le visage pour apercevoir la barde se mettre en position de combat.
« Allons, vous savez tous très bien que ça ne sert à rien de se battre au corps à corps contre Calcilia. C’est une vraie lionne ! Quand on voyageait ensemble, j’ai jamais réussi à la mettre à terre. »
Aussitôt les mots furent prononcés, qu’Amy se retrouva propulsée sur Emerald, les envoyant tous les deux au sol.
« Oh tiens, mais je te reconnais ! T’es le petit bourge de la Capitale ! Fit-il en voyant Liory dans un coin. Elle a su bien s’entourer, une croqueuse de diamants. Qui aurait cru qu’elle se lierait au célèbre Alkh’eir ? »
Braith lança une dague dans la direction de Calcilia qui la saisit au vol, lançant un regard interrogateur à son bourreau.
« Allez, finis-les, on a déjà assez de retard comme ça. »
La barde se redressa, dardant son regard sur le jeune noble, la lame de son arme brillant sous les rayons crépitants des torches.
La succession d'évènement fut un crève cœur douloureux. Voir son amante se blesser aussi bien physiquement que mentalement pour échapper à l'emprise de quelqu'un avait de quoi faire serrer le poing du noble. Et alors qu'il se remettait difficilement de ce combat inégal, Liory cru perdre tout son sang froid en voyant le brigand de la capitale.
Et si, la confirmation de ses soupçons fut comme un sceau d'eau glacé qui vint chasser la moindre incompréhension, la remplaçant par un sentiment nouveau chez l'argenté. La colère... Quelque chose qui avait jusque là toujours échappé à sa vie, mais qui le frappait avec bien trop d'intensité.
-Toi... Cette fois tu es allé trop loin
Dit il alors que ses yeux s'illuminaient d'une teinte Cyan vigoureuse, éclairant la pénombre avec intensité. Ses mains se portèrent à sa ceinture, dégainant l'arc qu'il portait depuis ses débuts, une arme qui n'avait jamais goutée que le sang de monstres en tout genre, et qui, il faudrait le parier aurait bientôt un aperçu du sang humain.
Les phalanges blanchies par la pression, il se mit en garde, plongeant son regard dans celui de Calcilia.
-Je suis désolé mon amour, mais je vais probablement finir par me salir les mains, j'espère que tu m'aimera malgré ça.
Car dans son esprit, il n'était plus temps de respecter la moindre loi ou code du royaume. Et ce fut sans grande surprise que la dague dans les main de Calcilia se mit à trembler, le métal rendu vivant par l'esprit du chasseur rampant le long de son bras, s'arrêtant pour immobiliser la main qui tenait la dague dans une coque d'acier inviolable.
-Maintenant, j'ai un déchet humain à tuer.
Dit il froidement en décochant un premier trait contre le mur de pierre, chargeant la pointe de son projectile qui fila contre le rempart, explosant brutalement contre ce dernier, arrachant des fragments de pierre et faisant voler de petits éclats dans toutes les directions.
Rapidement, un autre suivit, l'impact large d'un poing s'élargissant à mesure que les projectiles explosaient avec fracas contre lui.
Et si cela n'empêcha pas la jeune femme de lui porter un coup au visage avec sa main de libre, écorchant sa lèvre au point de lui laisser une grande trace de sang sur le visage, Liory ne se détourna pas de sa tache, tachant de repousser l'élue de son cœur d'un coup de son arc massif, usant de la taille de son arme pour chasser l'hirondelle virevoltante handicapée par la magie en lui infligeant le moins de dégâts possibles