De jour comme de nuit, on peut toujours compter sur la guilde pour être occupée. Les clients et les aventuriers vont et viennent à tout moment pour toutes les raisons que l'on peut imaginer. Rares sont les jours calmes où aucun aventurier ne vient faire un tour. Mais ces jours-là arrivent de temps en temps. Chaque fois que cela arrive, Nevaeh a cette sensation, ce sentiment, dans son cœur qu’elle déteste. Bien qu’elle essaie de pousser ce sentiment dans un coin sombre de son esprit et l'oublier complètement, si elle ne se distrait pas avec quelque chose, ses émotions se montrent le bout du nez.

Pendant près d'une demi-heure, les yeux de Nevaeh étaient rivés sur la porte dans l'espoir de voir les aventuriers qu'elle avait envoyés en quête il y a un peu plus de deux semaines. Aujourd'hui était un jour très improductif. Au moins, elle n'était pas seule dans le bâtiment et les autres s’occupaient de leurs tâches. Elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur ces quatre aventuriers. Peut-être ont-ils réussi leur quête et ont rapporté leur réussite à un autre guilde ? Avec cette idée en tête, elle décida de regarder dans les quêtes ouvertes. Peut-être, juste peut-être, que quelque chose là-dedans pourrait apaiser ce sentiment indésirable.


Avec un long soupir, Nevaeh rangea les documents. Il n’y avait rien. Elle retourna donc au comptoir contempler la porte. À peine de retour au comptoir, la porte s'ouvrit. Un grand sourire est apparu dès qu'elle a vu la porte bouger. Ils étaient de retour. Cependant, il fut difficile à garder lorsqu'elle remarqua que seuls deux des quatre aventuriers étaient entrés. Derrière son bandeau noir, la lueur d’espoir dans les yeux de Nevaeh disparu. Après les avoir accueillis, elle leur informa qu’un examinateur s’occupera de vérifier la réussite de leur aventure et que leur paiement se fera dès que possible.

Elle aurait préféré célébrer leur retour que participer à leur enterrement. Après tout, n’est-ce pas un peu de sa faute si ces braves gens ne reviennent pas ? Nous savons tous que parfois, les choses ne se passent pas comme prévu. Même avec le meilleur des plans et l’équipement idéal, le destin nous réserve parfois des mauvais tours. Mais, c’était elle qui leur avait proposé cette quête.

La journée enfin terminée, Nevaeh erra dans les rues de la capitale. Cette anxiété du matin s’était maintenant transformée en culpabilité et tristesse. Sans porter attention où elle allait, elle se retrouva dans l’ouest de la capitale. Au fur et à mesure que le soleil se couchait, les rues se vidaient.

« Je devrais rentrer aussi… » pensa-t-elle a voix haute. Sur ces mots elle fit demi-tour, mais quelque chose attira son attention. Il est vrai qu’après une journée comme celle-ci un verre ne serait pas de refus. De plus, n’avait-elle pas entendu ce nom quelque part ? Le Sillage… Oui, il s’agit d’une taverne que l’un des clients de la guilde aime bien aller de temps à autre. Sans tarder, elle franchit les portes. Bien décidément, les employés de la taverne semblaient avoir une journée du moins plus occupés que la sienne. Elle prit donc place dans un coin avec moins de personnes. Si elle boit assez, ces émotions dérangeantes devraient disparaitre, n’est-ce pas ?

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Dans un endroit comme celui-ci, Nevaeh aurait été tout à fait à sa place. Étant quelqu'un qui aime la vie de la fête et découvrir de nouvelles choses, c'était l'endroit parfait. Les endroits bruyants et bondés de monde étaient définitivement mieux qu'un endroit vide. Dans d'autres circonstances, elle aurait volontiers rejoint les autres pour partager un verre et discuter jusqu'au lever du soleil. Cependant, quand on boit pour ses camarades tombés à l’aventure, les fêtes peuvent attendre. La femme aux cheveux noirs regardait tranquillement autour d'elle et essayait de profiter de l'atmosphère. Elle fut un peu surprise lorsqu'elle vit qu’une silhouette s’était approchée d'elle. Bien que Nevaeh ne portait pas attention vers le comptoir, elle avait tout de même remarqué du mouvement dans son champ de vision. Elle ne pensait tout simplement pas que la femme venait pour elle. Cependant, ce n'était pas surprenant étant donné que personne n'était venu prendre sa commande.

« Dure soirée? Je peux te servir quelque chose pour effacer ça? »

Sa voix était forte et passait facilement par-dessus toutes les autres. On ne pouvait ni manquer sa voix, ni sa présence qui prenait toute la place qui lui était due. Voilà un accueil qu’elle aime. Elle trouvait agaçant lorsqu’elle devait faire répéter les gens lorsqu’ils sont trop timides pour élever leur voix. Nevaeh offrit un sourire accompagné d'un rire étouffé. Ce fut plutôt une journée difficile qu’une soirée difficile. Un seul verre ne suffirait pas à effacer ce qu’elle ressentait. Pour commencer, il lui en faudrait deux. Un pour chacun des aventuriers, puis elle verrait au fur et à mesure de la nuit.

« Absolument. 2 verres de ton alcool le plus fort. »

Il n'a pas fallu longtemps pour que la femme revienne avec les verres et il a fallu encore moins de temps à Nevaeh pour en finir un. Heureusement qu’elle tenait bien l’alcool, sinon faire la fête serait moins amusant. Elle tendit la main pour prendre le deuxième verre et le finir comme son premier, mais elle réalisa que la femme était toujours présente. Nevaeh n’était pas une personne timide et elle n’avait pas de problème à boire avec de parfaits inconnus, mais si elle était occupée, l’invité à sa table n’était peut-être pas une bonne idée. Quoi qu’il en soit, elle peut refuser si elle le souhaite. Elle prit une grande respiration et rendit un grand sourire à celle qui l’avait servi. Il était dommage qu’elle ne fût pas dans une humeur à finir la soirée dans le lit de quelqu’un, car elle n’aurait pas dit non à cette femme.

« Merci. Exactement ce que j’avais besoin. Quoique, ça aurait meilleur goût à deux ? »

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Finalement, Nevaeh n’aurait pas eu besoin de lui demander de rester avec elle puisque la tenancière prit place à sa table sans gêne. Visiblement, elle avait déjà pris la décision de prendre un verre avec Nevaeh avant même que cela lui passe à l’esprit. D’ailleurs, maintenant qu’elle y pense, il est vrai que les boissons n’allaient pas être gratuites. Il fallait bien les payer. Fouillant dans son sac, elle lui déposa les cristaux requis devant elle.

« Si j’en ajoute un de plus, est-ce que j’ai droit de connaître ton nom, ma jolie ? »

Elle n’allait pas se faire appeler ma jolie toute la soirée. Bien que cela puisse être flatteur, cela perd rapidement son charme. Nevaeh prit le verre dans sa main et prit le temps de savourer le rhum avant de s’introduire.

« Je m’appelle Nevaeh, mais tu peux m’appeler Neva »

Elle ne fut pas surprise lorsque Morgane lui demanda de lui raconter sa journée. Mais par où commencer ? Ce n’était pas une histoire très palpitante, juste une autre journée à la guilde… Juste une autre mission qui a mal terminé… Elle aurait préféré venir ici avec les quatre autres aventuriers et danser sans honte sur la table comme le faisait le gars pas trop loin de sa propre table. Qui sait, peut-être qu'après avoir bu suffisamment de verres, elle finirait par lui comme lui. Son sourire faibli légèrement en pensant à sa journée. Elle leva son verre à ses lèvres et prit une gorgée qui lui donna le courage de lui parler.

« Mmmm. Je ne me souviens pas t’avoir vu à la guilde, mais je peux te dire que cet endroit est toujours bourdonnant de vie. On a des clients et des aventuriers de partout dans le royaume. Il y a aussi des nobles qui viennent de temps en temps pour des demandes spéciales. On ne s’ennuie jamais, un peu comme ici je suppose. »

Par habitude, pendant que Nevaeh racontait un peu la vie dans la guilde, elle commença à jouer avec l’une des pierres de son collier. Une habitude qu’elle a depuis toujours qui la rassure lorsqu’elle a besoin.

« Mais, même la guilde a des jours tranquilles. Ça n’arrive pas souvent, mais je déteste les jours tranquilles.  À la guilde, les jours tranquilles, c’est un peu comme le calme avant la tempête. »

Ou une tornade où elle était prise en plein centre. Elle n'a jamais été vraiment proche de ses sentiments. Elle a toujours été quelqu’un alimenté par un seul sentiment : la joie. Bien sûre, elle ressentait de la colère de temps en temps, mais après un bon coup de gueule, sa colère disparaissait aussi vite qu'elle était venue. Elle n'était pas non plus étrangère à la tristesse, parfois des choses se produisaient, mais elle faisait simplement quelque chose pour les oublier et se sentir mieux. Mais la mort ? Ce n'était pas quelque chose de facile à repousser au fond de son esprit. Elle ne cessait de surgir lorsqu’elle n’était pas occupée.

« Aujourd’hui nous avons perdu deux aventuriers… À cause de moi. »

Devoir admettre une telle chose brûlait bien plus que l’alcool qu’elle venait de terminer. Mais, elle ne pouvait plus le garder à l’intérieur d’elle. Elle tourna la tête vers le foyer, ses yeux fixant les flammes danser. Elle ne souhaitait pas voir Morgane quitter la table après une telle révélation.

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Morgane avait raison quelque part. Nevaeh n’avait pas tué elle-même les deux aventuriers. Elle les avait envoyés en mission. Une mission pourtant si simple. Tout ce qu’ils avaient à faire était de récolter des plantes spéciales se trouvant au cœur de la forêt. Bien que simple, l’aventure pouvait cacher des dangers imprévus. La forêt regorgeait de créature magnifique et amicale, mais elle avait aussi des monstres dangereux pouvant blesser bien des personnes.

« Je suis hôtesse là-bas. Ça fait partie de mon travail de proposer des quêtes et de s'occuper de la paperasse que ça entraîne. Je n’ai pas éliminé ces aventuriers moi-même… Mais, c’est tout de même moi qui les ai envoyés dans cette mission. Je n’ai pas fait attention, je pensais qu’ils étaient capables de la faire… »

La guilde était sa maison et tout ceux qui y travaillait était comme sa famille. Elle aimait savoir où était tout le monde et quelle mission ils avaient. Il est difficile de pouvoir prendre des nouvelles de chacun, mais au moins elle faisait sa part pour s’assurer que tout le monde allait bien. Et lorsqu’elle voyait que certains avaient entrepris une mission dangereuse, elle demandait à Lucy qu’ils reviennent tous sains et saufs.

« Ce n’était pas dangereux. Tout ce que le client voulait était des plantes dans la forêt. Mais, ils sont tombés sur un Marchebrume. »

Ils étaient des aventuriers. Ils savaient ce qu’ils faisaient et savaient que chaque aventure avait ses propres risques. Elle le savait bien. Elle avait été en mission plusieurs fois et parfois les choses n’allaient pas dans le sens souhaité. Au moins si elle les avait accompagnés, elle aurait pu faire quelque chose. Mais, elle était dans la guilde, derrière un comptoir. Aurait-elle dû leur dire de faire attention ? D’être certain qu’ils avaient tout ce dont ils avaient besoin ? Elle n’était pas leur mère et ce n’était pas tout le monde qui aurait apprécié un tel commentaire. Surtout lorsque la mission était de chercher des plantes.

« Je n’aurais jamais dû les laisser aller. J’aurais dû leur suggérer quelque chose d’autre ou… »

Ou quoi ? Y avait-il quelque chose qu’elle aurait pu faire ? Elle n’arrivait pas à répondre à sa question et cela la frustra. Il devait y avoir quelque chose qu’elle aurait pu faire.

« Qu’aurais-je dû faire ? »

Si elle n’avait pas de réponse à cette question, peut-être que Morgane aurait une idée.

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Mogarne avait raison, mais cela ne voulait pas dire que la vérité faisait moins mal. Les aventures avaient toujours des risques. Nevaeh le savait bien. Elle avait son lot de mission ou les plans n’avaient pas du tout fonctionner. C’était même une des raisons pour laquelle elle préférait ne pas se compliquer la vie et de réfléchir à un plan sur le coup. Il était facile de se prendre la tête, puis de tenter de faire de longs et méticuleux plans qui, au final, ne fonctionnent pas. Après tout, la vie avait généralement une aversion contre les plans fonctionnels.


« J’essaie. Mais c’est une famille pour moi. Je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il y avait quelque chose que j’aurais pu faire. »

Elle ne savait pas qui avait créé ce dicton disant qu’on ne choisit pas sa famille. La guilde était une famille qu’elle avait choisie et qu’elle choisirait toujours. Même son frère et son père étaient aventuriers. Peut-être avait-elle choisi de rester hôtesse pour pouvoir garder à l’œil tout le monde et s’assurer que tous les aventuriers puissent revenir saint et sauf. Ou presque tous.

« Tu as dû te blinder contre ça ? »

Elle comprenait qu’elle devait s’immuniser contre ce sentiment, mais elle ne comprenait toutefois pas ce qu’elle voulait dire par sombrer. Elle sirota son verre presque terminé avant de demander conseil.

« Comment est-ce qu’on fait ? »

Elle avait réussi à se défaire de sa culpabilité lorsqu’elle avait blessé son meilleur ami, mais cela avait pris beaucoup de temps. Elle avait eu si peur qu’il meurt et elle se sentait si mal juste à penser qu’il y avait des chances qu’il ne puisse plus continuer à faire des aventures. Par contre, cette fois-là, c’était sa faute. Elle l’avait blessé. La culpabilité était bien plus grande.

La situation était maintenant différente. Elle n’avait pas elle-même tuer les aventuriers. Pourtant, ce sentiment semblait presque tout aussi fort. Si la femme avait dû se blinder contre ce sentiment, peut-être était-ce par expérience. Elle avait mentionné la garde. Peut-être qu’elle avait perdu quelqu’un qui était garde. Ce métier avait lui aussi ses propres dangers. Ils devaient protéger le peuple contre les criminels en plus des créatures.

Elle ne voulait pas que la tenancière se souvienne de quelque chose qu’elle aurait préféré oublier. Mais il était peut-être déjà trop tard... Nevaeh n’était pas très bonne pour remonter le moral en général.


« Je ne voudrais pas ramener des souvenirs douloureux. »

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Le plus difficile à admettre est de se dire qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Que malgré tous les efforts déployer, aucun n’a porter fruit. Se dire que peu importe ce qu’on aurait fait, la situation n’aurait pas changé. C’était normal de se dire ‘si j’avais fait ceci’ ou ‘si j’avais fait cela’ et rapidement, la culpabilité embarque. C’était quelque chose qui devait être géré, mais ce n’était pas une tâche facile.

Ce que Morgane disait faisait du sens. Ahren n’avait jamais voulu qu’elle se blâme pour l’accident. Pendant longtemps, Nevaeh était prisonnière de son mal et du passé. Il avait longuement tenté de l’aider à avancer. Mais c’était parce qu’ils étaient des amis proches. Ils étaient ce duo d’aventurier inséparable. Elle tenait à lui et il tenait à elle. C’était normal de ne pas vouloir voir ceux à qui l’on tient être triste. C’était un peu étrange de penser que des personnes qui n’était pas près d’elle lui souhaite du bonheur et de continuer d’avancer. Elle ne pouvait pas dire qu’elle comprenait toujours très bien ce que les autres veulent. Alors, elle ferait confiance en la jeune femme pour ce point.

Elle devait donc se dire que ceux ont tombé ne lui en voulait pas. Qu’ils préféreraient qu’elle ne se morfonde pas, et qu’au contraire, elle continue d’avancer. Mais que voulait dire avancer ? Comment faisait-elle pour savoir si elle avançait ? Et comment savoir si elle allait dans la bonne direction ? Elle devait faire comme si ces pertes ne l’affectaient pas et continuer de travailler et sourire comme toujours ? Même avec tout le temps du monde, elle ne pouvait pas juste oublier.

« Alors, il faut apprendre à laisser aller. Continuer de vivre comme si rien n'était arrivé ? »

Ses hypothèses étaient donc bonnes. Elle avait été garde au paravent et elle avait malheureusement perdu quelqu’un. Comme Nevaeh, elle s’est sentie coupable. Mais elle avait réussi à surmonter cette épreuve.

« Oui, on partage les victoires comme les échecs et on devient plus fort tous ensemble. »

Accompagné de sa famille, on a l’impression d’être assez fort pour affronter n’importe quoi. Lorsque l’on sait que nos coéquipiers nous supportent, on se dit que l’on peut surmonter tout ce que la vie peut nous lancer. Avec son meilleur ami, elle avait l’impression d’avoir la force de tuer n’importe quelle créature, peu importe leur dangerosité.

« Est-ce pour ne pas sombrer que tu es maintenant ici alors ? »

Si la garde était une famille, pourquoi alors s’en séparer ?

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Avec le temps était la réponse. C’était avec le temps que Nevaeh s’habituerait et qu’elle saura comment se protéger contre la culpabilité. Ce n’était pas la réponse qu’elle aurait aimée, mais s’en était une. Avec le temps, le mal partirait. Avec le temps, les blessures et la tristesse ne seront plus. Elle n’eut pas beaucoup de temps à réfléchir sur ces mots qu’un barde commença à animer la salle. Elle regarda Morgane déposer son verre et l’attraper en même temps. Elle eut à peine le temps de déposer son propre verre avant de se laisser emporter dans la vague.

Danser et rire était bien mieux qu’être triste. Alors qu’elle se laissait aller au rythme de la musique, elle laissa aller aussi les sentiments qui alourdissaient son cœur. Il était temps de retrouver la joie et le bonheur. Tournant quelques fois sur elle-même et faisant sa jupe tournoyer autour d’elle. La lumière du foyer faisait étinceler ses bijoux, peignant un tableau de lumière au sol. Elle avait oublié le monde autour d’elle, se perdant dans le moment présent. Ses yeux et son sourire étaient bien plus brillants lorsque son cœur était léger.

Pendant un instant, son regard émeraude croisa celui de la jeune femme. Avec un grand sourire, elle lui dit merci. En un seul mot, elle la remerciait de l’avoir écouté. De l’avoir aidé à enlever un poids de ses épaules. Avec le temps, ce poids deviendrait de moins en moins lourd, mais pour cette nuit, elle décida de célébrer la vie. Célébrer que deux aventuriers étaient en vie. Elle n’avait pas besoin de boire pour oublier.

Même si le temps passait, les clients ne se fatiguaient pas. Le barde continuait à soulever la foule et il ne restait seulement que quelques personnes assises aux tables. C’était toute une famille que Morgane avait trouvée. Contrairement aux gardes et aux aventuriers, ces gens avaient moins de chance de se retrouver en danger. Du moins, elle osait l’espérer.

Elle n’avait pas vu le temps passer. Il s’était écoulé si rapidement. Alors que le barde termina sa dernière chanson, Nevaeh aperçu le ciel changé tranquillement de couleur. Il allait être temps pour elle de partir. Elle balaya la salle des yeux, puis retrouva Morgane non loin. Elle se fraya un chemin entre les personnes pour la rejoindre. Une fois près d’elle, elle l’enlaça un bref instant.

« Merci pour tout. »

Elle n’était généralement pas une personne qui aimait parler de soi ou parler de ses problèmes, mais cela était ce dont elle avait besoin. Un jour, se dit-elle, se serait à son tour de l’aider.

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