Duo de choc !

Après nos aventures dans le désert, il faut dire qu’il y a eu beaucoup de changement. Bon surtout côté Lin au final. Elle a changé quand même d’apparence. On dit que l’amour, c’est une question d’âme, bla-bla-bla mais tout de même. Bon, je ne dirais pas que j’ai perdu quelque chose dans l’histoire, loin de là mais depuis qu’on se fréquente, il s’est passé plusieurs choses chez elle.

D’abord, le fait qu’elle cherche plus sa mère, j’ai essayé d’aborder le sujet mais je n’arrive pas à faire le moindre pas. J’ai l’impression de parler à une fille qui ne semble pas se soucier de ce point-là. Une mère ? C’est quoi ça ? Un sort magique. J’exagère, je le sais mais l’idée est là. Puis, aussi, il faut dire que Jack m’a tout de même mis cette idée en tête. Le mariage, est-ce qu’elle attendait ça ? Voulait-elle plus de ma part ? On vit presque ensemble, on squatte chez l’une puis chez l’autre. Je n’étais pas prête de quitter ma grange et elle, la Ville Aquatique. Nos activités étaient dans ses deux villes bien différentes et éloignées. Je ne voyais pas K’awill vivre sous l’eau tout le temps et la Guilde se trouvait à la Capitale. C’était pareil pour Lin, son rêve était ce grand laboratoire et il se trouvait à la Ville sous-marine. Oui, il y avait conflit mais je crois que ce n’était pas un réel problème finalement, on aimait cette vie et on s’aimait. Enfin je crois non ?

Enfin bref, la blessure de Lin a été assez importante au final mais elle s’en sort bien plus mal. Elle râle un peu, elle a une blessure d’aventurière maintenant et j’ai reçu des tonnes de sermon. Comment je pouvais faire ce métier si il pouvait m’arriver ce genre de blessures ? C’était un peu la même chose avec ses expériences qui peuvent exploser à tout moment. Mais je l’aime pour son caractère de grognours non ? Il faut dire qu’elle est la seule personne à réussir à canaliser Carciphona Ixchel, aventurière au sourire ravageur, je pense que c’est un exploit !

- Lin !!! Nos valises sont prêtes, pas besoin d’amener toute la maison non plus.  

Cette petite croisière tombait à pic. J’avais réussi à avoir une cabine vue sur mer. Un petit tour le long de la côte avec petit passage à l’Archipel. Des vacances pour nous retrouver rien que toutes les deux. Il y avait un système de garderie pour les familiers. K’awill avait un immense espace dans une partie du navire mais je lui avais déjà promis qu’on pourrait le transformer en humain pour qu’il profite lui aussi mais il ne fallait pas abuser du médaillon pour autant.

-  J’entends les sirènes d’ici ma chérie.

Techniquement, nous étions encore à la ville Aquatique et la croisière partait de Grand-Port mais c’était pour la taquiner un peu. Bien entendu, elle me fait une remarque comme quoi, je disais encore n’importe quoi et même K’awill se met à rire.

-  Tu es dans son camp ou le mien !  

Il ne dit rien et préfère fuir.

- Traître  

Valises faites, maintenant dans la navette, on effectue le voyage en s'émerveillant comme à chaque fois du paysage. Bon surtout moi mais bon, je suis grande enfant même si nager dans cette grande étendue d’eau me ferait peur. Une fois à terre, on traverse le port, cherche notre embarcadère et trouve le beau bateau.

- héhéhé, tu as vu, je ne rigolais pas non ?    

J’attrape son bras et l’invite à me suivre. Un matelot nous accompagne dans notre super suite et un autre s’occupe de ma loutre.

- On se revoit vite mon grand. Pas de bêtises hein ?  
- Moi, trouver plein de copains.
- Bien sûr, je te fais confiance sur ça.  

Il avait ce don pour trouver toujours de nouveau compagnon dans ses aventures, je ne me faisais aucun souci. On arrive devant notre chambre. Je remercie très rapidement notre matelot et j’attrape les valises pour les jeter dans notre chambre.

- Avant que le mal de mer ne commence. Si on commençait les hostilités ?  

D’humeur câline, j’attrape ma chérie pour l’envoyer sur le lit.

- J’ai envie de profiter de toi pendant tout ce voyage. Personne pour nous embêter et pas de monde à sauver !    

Un sourire complice et nous voilà parties pour un moment à deux comme les aimes. Bien entendu, au bout de deux heures, le bateau finit par quitter son ponton et on décide de profiter de la vue sur le grand balcon. Le soleil était bien haut et je m’étais placée dans son dos pour un petit calin et lui tenir chaud.

-  Je crois que je n’ai jamais pris de bateau si grand. C’était le genre de choses que je ne pouvais pas me payer avant.

Mais avec mes primes de missions, je pouvais m’offrir ce genre de choses. J’économise pour payer un beau voyage à mes parents. Ils n’ont jamais vraiment voyagé et je sais que ça leur ferait plaisir de vivre ce genre de choses. Ils m’ont tellement donné, c’était à mon tour de les remercier.

- Et je suis trop contente de faire ça avec toi ma chérie.  

Alors que je replace une mèche de cheveux derrière son oreille pour poser un baiser délicat dans son cou.

- J’espère qu’il n’y aura pas de tempête. Déjà que la mer, ce n’est pas mon élément mais il manquerait plus qu’on heurte un truc !  

On ne va pas parler de malheur. Profitons de cet instant et ensuite, on verra !

Est-ce que je vous ai dit que ses vacances se passent bien ? Non mais sérieusement, on passe un moment vraiment très agréable. Il faut dire qu’on doit se laisser porter. Chose bien inédite pour nous deux. Rien à faire à part bronzer, se relaxer, lire un peu et manger. J’avais pris avec moi quelques bouquins et j’apprenais à lire à K’awill sous forme humaine. C’était plus adapté pour lui dans cette forme que sous sa forme originale. Sa vision est plus adaptée et il peut suivre les lettres avec ses doigts. Sa grosse patte cachait tout le livre sinon. Je pense que nous avons eu de bons fous rires tous les trois. Lin était derrière nous pendant qu’elle essayait de lire un bouquin dans son coin. Je partageais mon temps avec elle et lui J’essayais de passer la moitié de la matinée avec lui. Il ne faisait pas encore très chaud et K’awill supportait bien son nouveau corps enfin ça… c’est avant qu’il comprenne qu’il supportait bien moins le mal de mer ainsi.

Enfin j’adorais particulièrement l’autre partie de la journée mais surtout à la nuit tombée. Nous faisons toujours l’effort de regarder le coucher de soleil toutes les deux, dans un silence apaisant. C’était une chose banale mais partager ce genre de moment avec ma chérie me réchauffait drôlement le cœur surtout quand j’attrapais sa main pour qu’elle me suive dans notre cabine. Cette partie-là de la journée, je l’appréciais tout aussi bien, même beaucoup.  Ça avait le bénéfice de me faire endormir comme une masse après tant d'efforts. Bien entendu, cette nuit, l’énorme choc contre la coque du bateau m’a réveillé brusquement. Tournant vivement la tête et m’assurant que Lin est toujours là dans le lit.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?  

J’enfile une tenue légère. Un simple kimono et une culotte car on ne sait jamais même je pourrais aisément me rendre invisible pour pallier à ce genre mésaventure.

- Tu viens avec moi ?    

Lin s’habille elle aussi après avoir jeter la couette au bout de ses pieds, qui ose déranger notre seul moment de repos depuis des lunes. J’attrape ma besace magique et l’attache autour de la taille. Mon arbalète magique au poignet, ma sarbacane dans mon sac, nous voilà parties pour affronter le pont. Soudain, j’entends la voix de K’awill dans ma tête.

- EAU, beaucoup EAU !
- Calme toi K’awill, calme toi.  
- Rivière dans bateau, eau !

Je me tourne vers Lin quand soudain les sirènes du bateau se font entendre. Je n’avais pas écouté le briefing du matelot au tout début. Il avait expliqué quand ça sonnait d’une certaine manière, ça voulait dire quelque chose.

- K’awill, on se retrouve sur le ponton supérieur. Là où on fait la lecture.  
- Oui Maîtresse.

J’essaye de garder mon sourire, j’ai bien dit essayer avant de regarder ma compagne.

- Je crois que nos vacances viennent de prendre un nouveau tournant. K’awill grimpe nous retrouver.      

Je tourne la tête un peu partout alors que nous avons à peine atteint le couloir. Une chose m’interpelle.

- Pourquoi il n’y a personne ? On est seules ?    

Tout le monde a fui avant ? Je vois encore les canots de sauvetage.

-  K’awill m’a dit qu’il y avait de l’eau dans la soute. Je ne sais pas si on a percuté quelque chose et si nous sommes en train de couler mais il y a quelque chose qui ne va pas. Je ne suis pas en plein cauchemar non ? Rassure moi ? Je dors là non et je fais ce rêve débile non ?  

C’était ma seule explication plausible… je ne voyais que ça...

- Donc on ne rêve pas…  

On ne pouvait pas prendre des vacances en amoureuses tranquille dans ce pays ? Non, que dalle ! Il faut toujours que mon métier me revienne en pleine face. J’étais tout d’un coup de mauvaise humeur car je n’avais pas forcément tout mon équipement mais j’avais la base. L’épée, l’armure légère qui était au fond de mon sac sans fond mais je n’avais pas tous mes pièges et j’en passe. Est-ce que j’avais l’utilité d’un four magique avec moi sur un bateau de luxe ? Bah non  ! Mais arrêtons de râler, continuons de marcher et de réfléchir. Lin prend son bâton magique, signe qu’elle aussi s’inquiète de ce qu’il se passe. Le silence était beaucoup trop angoissant et K’awill m’indique qu’il s’approche petit à petit. Il ne faudrait pas qu’il nous surprenne celui-là.

Je cherche mon épée au fond de mon sac malgré que ma sarbacane est toujours à portée de main. J’ai pu voir que j’avais que deux pièges avec moi, largement suffisant pour faire quelque chose et je reste près de Lin. Si je dois nous rendre invisibles, il faudrait que je puisse la toucher immédiatement.

J’essaye de me fier à mes yeux, regarde derrière nous quand ma compagne m’indique qu’elle a vu des ombres. J’ai beau faire tout le tour des bêtes que je ne connaissais, je ne voyais pas de quoi elle parle.

-  Ma chérie, il peut exister des bestioles marines de ce genre mais elles ne seraient pas dans le bateau…  

Je me gratte la tête, essayant de faire de nouveau un tour dans ma mémoire. Un gloot marin ? Non, pas possible. Un Globack avec des verrues ? Eurk, déguelasse !

- Peut-être une bête inconnue, il faut qu’on reste plus prudente alors !    

K’awill finit par arriver derrière moi, effectuant son dérapage incontrôlé.

- ! Maîtresse !
- Oui mon grand ?    
- Moi voir ombre, moi pas voir quoi !

Lin et lui avaient vu des choses sans deviner ce que c’est. Je suis donc la seule à rien voir ou quoi ? Je me frotte les yeux, peut-être que j’ai un film magique devant, je ne sais pas.

-  Bon, K’awill ! Rends toi invisible et part devant. Dis moi si tu vois quelque chose.  
- Oui Maîtresse !
- Ma chérie, reste près de moi au cas où, prépare toi avec ton bâton à envoyer tout ce que tu peux !  

Depuis la nouvelle Lin, j’ai l’impression que quelques trucs ont changé en elle. Peut-être que le Désert lui a montré les dangers de l’aventure. Elle était plus téméraire ou peut-être que l’amour l’a rendue plus forte. Je donnerai ma vie pour elle, c’est sûrement son cas à elle aussi.

-  Trouvons la sortie !  

J’attrape la main et demande par télépathie à K’awill de partir vers le pont supérieur. Si haut, on ne risque pas d’avoir des monstres marins nous sauté dessus. Puis si le navire coule, on finira pas noyer avec. Je n’ai pas envie de rejouer une scène d’une pièce de théâtre bien célèbre.

K’awill est à quelques mètres devant nous. Malgré son invisibilité, je pouvais voir ses traces de pas mouillés sur le pont. Il prend le couloir à gauche puis grimpe par l’escalier intérieur. Il m’indique qu’il voit des ombres qui semblent s’éloigner à chaque fois qu’il approche mais rien vient l’attaquer.

- C’est libre ma chérie, nous pouvons continuer.  

Je sers plus fort sa main. Je n’aimais pas travailler sur l’eau. La mer était cruelle, elle gagnait tout le temps. Ce n’était pas mon élément et mon arme n’était pas forcément suffisante. Je comptais indirectement sur le pouvoir de Lin pour nous sortir de là. Mon familier m’indique que ciel est très beau, nous dépêcher. On passait les dernières marches et on voyait le curieux spectacle dans le ciel.

- Mais qu’est-ce que c’est ?

Je me tourne vers ma chérie, c’est elle la spécialiste des trucs bizarres non ?

On n’aura jamais la paix ici ! Lin m’attrape la main et nous voilà de nouveau dans le bateau pour éviter les bestioles qui arrivent par le haut. Je ne connaissais pas ses machins mais rien qu’à l’idée d’en avoir une centaine sur moi m’horripile. Je demande aussitôt à K’awill de faire attention à lui et si ça continue comme ça, je vais le mettre dans sa bulle de rangement si les bestioles continuent d’affluer.

J’entends alors Lin pousser un cri de douleur et je vois aussitôt la petite bête sur sa cuisse.

-  MAUDITE BESTIOLE !  

Il manquerait plus qu’elle lui injecte du poison et je fasse couler ce navire avec tout ce petit monde. J’imagine bien que le silence de l’équipage est de leur fait et je ne souhaite pas qu’on soit au menu. Ma chérie éjecte la bête qui semble morte. Elles sont donc faibles ? Si je m’occupe de tout ce qui arrive une par une, nous pouvons nous en sortir alors ?

-  Attaquons avec des petites frappes. Je nous laisse encore visible mais si c’est notre odeur ou chaleur qui nous fait repérer, on passe en mode camouflage !  

Ça devenait une habitude et on arrivait de mieux en mieux à gérer les attaques de cette manière maintenant.

- K’awill près de nous, tu restes derrière. Tu nous dis si tu vois du monde ok ?  

La loutre passe derrière et nous signalera tout danger.

- Je suis vraiment désolée Lin, je pensais vraiment que ça serait des vacances tranquilles…    

Je vais finir par rester chez nous et on aura la paix ! Je secoue le poignet pour déployer mon arbalète. J’enclenche une flèche explosive au cas où mais avant ça, je prends des billes et arme ma sarbacane. Je me débarrasse ainsi de quelques individus.

- ça n’en finira jamais !  

Alors qu’une nouvelle approche, je lance une fléchette explosive pour arrêter un petit troupeau. Les cadavres se retrouvent sur le dos. Mais la question que je me pose, ça serait comment sortir d’ici ? Je n’avais pas mon permis bateau moi…

- Lin, on devrait appeler les secours. Il faut qu’on lance une fusée de détresse…  

-  Oui tu as raison…

Vous voyez, les trucs sur l’eau, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. La prochaine fois, je prévois des vacances dans la montagne, dans un chalet tranquille entouré d’un rempart de quinze mètres de haut pour être enfin tranquille !

-  Je fais ce que je peux, tu sais.  


Alors je continue à me débarrasser des bestioles à coup de bille ou quelques fois avec mon arbalète, je vois que l’autre de Shushu, mon âme artificielle décide de s’éveiller.

- Vous êtes d’une incompétence sans nom puis vous avez oubliez de mettre de lui dans mes rouages.
-  Shushu, tu ne vas pas t’y mettre non plus. Ce n’était pas prévu qu’on se batte là.
- Dame Lin a raison, vous devriez trouver un endroit qui protège vos arrières et que vous voyez vos ennemis au loin.
- Je n’ai pas appris le plan du bateau par coeur tu sais.  
- Et ça se dit Saphir.
- J’ai le droit de me reposer un peu non ? Je suis en vacances !    
- Même la loutre dégénérée s’en sort mieux.
- Je vais te jeter à l’eau toi aussi.  
- Dame Apolline serait bien triste.
-  Ne me parle pas de ça, rien que d’y penser, j’en vomis.

Je secoue la tête à l’idée que la trousse et mon arbalète ont pu faire des choses… eurk.

Lin décide de prendre les choses en main et se transforme en… je ne sais pas en quoi elle se transforme mais je comprends très vite que je devrais m’éloigner vite fait.

- k’awill !    

Il s’approche aussitôt et on se place derrière Lin pour éviter une explosion mal venue.

-  A ton avis, encore combien de bestioles ?  

Je ne sais pas combien ça dure mais ça fait déjà cinq minutes que nous tirons pour décimer les troupes mais ça ne finit jamais. Lin ne s’arrête pas et je me demande combien de temps, elle peut tenir ainsi.
-  N’abuse pas de tes forces d’accord ?  

Un lot de dix créatures arrive et j’arrive en tuer trois rapidement alors que Lin vient de faire exploser le reste. Je m’inquiétais, ce genre de choses, ça bouffe énormément d’énergie. Je demande subtilement à K’awill de surveiller Lin. Si elle tourne de l'œil, il vient aussitôt se caler à elle pour la protéger, je m’occuperai des bestioles.

- On devrait trouver un autre endroit ? Une idée ma chérie ?  

- Non non non, ce n’est pas le moment de dormir Lin !

Si elle s’effondre au sol, j’aurai un poids mort à gérer et surtout à protéger. Cette croisière devenait une catastrophe et mon cœur tapait dans ma poitrine de plus en plus fort.

- K’awill ! Protège là, d’accord ? Tu fais barrage jusqu’à qu’elle ouvre les yeux, okay ?

On pouvait entendre tout le désespoir dans ma voix. Dans ce genre de mission, j’étais seule avec ma loutre, je pouvais gérer et au pire, utiliser mon item de protection mais là ? Je ne pouvais pas prendre ma compagne avec moi, j’étais bloquée ici avec elle. Je devais la protéger quoi qu’il arrive.

La barrière de la porte pouvait nous protéger un certain temps mais ce n’était pas assez à mon goût. Si ils finissent, nous étions fichues. Ma seule chance était d’être dans le couloir, je pouvais contrôler aisément les assauts. Pour rentrer, j’utiliserai mon pouvoir magique pour traverser la porte si nécessaire. Il faut absolument que je les empêche de rentrer.
J’attrape mon épée, fouille dans mon tatouage magique et attrape ma clé dimensionnelle. Sérieusement, je vais devoir enfiler mon armure de combat pour ça… Vite le dressing. Je prends ma clé, ouvre la porte pour tomber dans ma salle magique qui m’amène chez moi où j’entrepose tout. Je n’ai pas le temps de faire tout ce que je veux mais j’enfile mon cuir de gévaudan et au moins, les morsures, on va mieux maîtriser. Je ressors aussitôt, temps de la manœuvre moins de deux minutes mais juste assez pour entendre du bruit dehors.

- K’awill, prêt ?

Je sors, ferme la porte derrière moi tout en donnant un coup d’épée pour faire tomber ses bestioles. Une dizaine fonce sur moi, j’en fais tomber plusieurs, m’aide de mes pieds. L’épée était de poids raisonnable mais je ne sais pas combien de temps je vais tenir. Surtout que je fais attraper par un côté, juste à temps pour l’arracher de mon épaule. Le cuir a bien amorti, je le sens, elle va se régénérer. Je continue pendant, cinq ? Dix ? Quinze minutes ? Je ne savais guère mais j’envoi un message à K’awill pour savoir si Lin va bien. Elle respirait fort qu’il me disait, c’était bon signe non ?

- Vous allez arrêter de me pousser à bout là ?

Une autre bestiole m’attrape le mollet, je hurle de rage et le balance par-dessus bord lui aussi. Je redouble d’efforts mais je fatigue. Pourquoi je n’avais pas refait mon stock de potions d’endurance ? Bien ma veine ça.

- Ah, toi, tu vas payer pour tous les autres.
Je tranche net le corps qui rejoint ses autres cadavres dans le couloir. Ça ne finira jamais, c’est ça ? Quand cette tempête s’arrêtera…

K’awill m'envoie un message télépathique. Lin s’est réveillée et elle a un plan. ENFIN, ILS VONT MORFLER LES COCOS. Je continue mon petit jeu avec ses maudites bestioles avec mon épée. J’ouvre la porte et me faxe avec un temps record. Je ne savais pas que je pouvais faire ce genre de chose. Bref, elle m’explique que la chaleur les attire et qu’on va devoir aller à l’eau. Elle me fixe en me répétant que ça se passera bien et qu’aucune bête va nous manger par en-dessous. Comment elle pouvait le savoir, elle n’était pas dans l’eau. K’awill était heureux de jouer dans l’eau, c’était peut-être le seul qui était content de se jeter dans le noir dans une mer plus ou moins calme.

- D’accord. J’active ma bague et paf !  

Bon, le plan était simple. Une flèche, elle fait tout exploser et paf. J’aime ce genre de plan et quand je vois Lin sauter par-dessus bord après avoir tout casser, je me dis que ce n’était vraiment pas une bonne idée.

-  K’awill, grouille !  

Le vent frappe mon visage et je regarde plus bas quand ma loutre nage comme un poisson dans l’eau. Ma chérie grimpe sur son dos, du moins pose ses mains et tient son harnais avec énergie pour éviter de dériver loin de mon familier. Quitte à dériver, autant le faire tout ensemble, comme une famille quoi. Ouais, une famille… Ne pense pas à ça et saute. Tu es saphir ou pas.

Je déteste l’eau… mais vraiment…

Mais je finis par me jeter à l’eau, tout en plantant cette maudite flèche explosive. Lin voit aussitôt le bon moment pour lancer son attaque. Il va falloir se synchroniser car la flèche part loin et je veux qu’elle soit le plus loin de nous. Je ne voudrais pas être qu’on soit prise dans le souffle.

- Maintenant.  

Nos actions combinées avaient toujours le bénéfice de faire des éclats. Par contre, je ne m’attendais pas à la température de l’eau quand je finis par atterrir du binôme.

- Plus jamais de croisière ma chérie, plus jamais….  

Je grelote de froid et je finis par me tenir à l’harnais de K’awill. Il fait le maximum pour rejoindre la côte qui se trouvait non loin. Mais on regardait surtout le spectacle de l’explosion. Les petites bestioles se ruent vers l’incendie qui a pris à la poupe. Elles sont débiles… elles y vont et se crament… si je savais que le feu leur donnait des envies suicidaires, je l’aurai fait plus tôt.

- Lin, ça va ? Ta réserve magique ?    

Elle me confirme que ça allait pour l’instant mais il fallait qu’on trouve la terre ferme le plus tôt possible. Nous n’étions pas dans une position confortable. La houle s’agite, le bateau tangue dangereusement et semble s’affaisser au milieu. Le premier trou qu’on a fait, permet à l’eau de s'engouffrer. Il est en train de sombrer.

- Tu crois qu’elles savent nager ?  

C’était ma plus grande peur. Si les bestioles foncent vers nous ? Comment on va pouvoir se défendre ?

- Moi nager vite. Moi sauver Maîtresse et Lin.
- Alors nage aussi fort que tu es grand !    
- Moi très grand. Moi allez très vite.
- Je sais. Montre moi qui est la loutre saphir ici.  

K’awill nage et on voit un tier du bateau s’enfoncer dans l’eau. Il était dans une bonne (mauvaise) pente. Espérons que rien n’arrive derrière nous maintenant…

Non mais la poisse internationale, on arrivera jamais à bout de toutes ses bêtises ? K’awill nous traîne dans l’eau comme il le peut et je sens que je suis en train de perdre Lin. Je garde toutes mes forces et ma concentration pour être éveillée pour deux. Il ne faut qu’on lâche toutes les deux, nous avons tellement à faire et nous ne sommes pas en sécurité. La terre ferme arrive bien assez tôt, à mon plus grand plaisir. J’encourage K’awill de toutes mes forces pour qu’on arrive à bon port.

- Tu y es presque mon grand. Encore un petit effort.  

Ma loutre géante veut accomplir sa mission coûte que coûte. Je le sens que c’était peut-être la première fois qu’il était autant en difficulté et que je ne pouvais pas l’aider vraiment. Si j’étais seule avec lui, ça ferait bien longtemps que je rentrerai avec mon bracelet de rappel mais Lin ne pouvait pas rentrer avec nous, c’était ça le pire…Faudrait que je comble ce problème mais comment ?

La plage était devant nous et j’aide ma chérie à marcher dans le sable mais elle finit par tomber par terre.

- Non, non, non Lin, ne reste pas là  

Si elle perd connaissance, c’était fichu. Bon mes sacoches, elles sont où ?

- K’awill, viens ici.  

Je cours dans le sable, tire une des sacoches et sort mon emport’tout. La tente va nous permettre de nous couper du froid. Je la lance à la va-vite, j’attrape ma compagne sous les bras et je la tire à l’intérieur. Maintenant, la réchauffer. Je retire le surplus de vêtement, elle était trempée et j’ose espérer que les sacs sans fond sont étanches. Le résultat est sans appel, rien n’est trempé car le sac est resté bien fermé. Merci Lucy. Je sors le plaid compact et une cape anti-climat. Je ne peux rester trempé longtemps. J’entre dans la tente alors que je demande à K’awill de me chercher du petit bois. Je vais faire un feu pour réchauffer ma douce. J’enlève les vêtements en trop sur l’enchanteresse, l’enroule dans le plaid pendant que je fais de même pour moi. La cape bien ficelée, je ressens les premiers prémices de la chaleur. Je claque moins des dents.

- Moi trouver ça.
- Merci mon grand.  

Je fais le feu à l’entrée de la tente pour éviter de nous enfumer et je tirais Lin près du feu quand il aura bien pris. J’attends que le tas soit plus imposant avant de me battre avec un pierre de feu. Mon familier revient avec un autre paquet et je me lance. Le feu n’arrive pas tout de suite, je suis fatiguée et j’ai envie d’une chose pour m’endormir mais non, j’attrape un cookie de minuit et je l’engloutis. Je resterai éveillée pour Lin, je dois tenir pour nous deux. Je tourne la tête et je vois qu’elle a fermé les paupières. Je me baisse près de mon tas de bois, souffle pour que les flammes prennent et voilà que c’est bon. Attendons encore un peu pour que ça fonctionne.

Mon petit ange gardien à poils s’occupe de vérifier les environs. Il devient de plus en plus autonome sur ce genre de sujet et j’étais grandement fière de lui. Faudrait que je lui trouve un petite bêtise à lui acheter un jour à celui-ci tiens.

- Moi rien voir. Moi attendre dehors ou autre côté voir si lumière bateau.
-  D’accord, reste en contact télépathique avec moi tout le temps d’accord. Si tu te sens seul, reviens.
- Moi saphir, moi peur.
-  Et si c’est moi qui ne veux pas rester seule ?  
- Toi saphir, toi pas peur aussi. Mais moi venir voir toi si tu as envie.

La loutre file vers l’ouest voir si il peut trouver de l’aide. Je reste assise, prend le temps de me concentrer sur l’horizon. Je ne vois encore aucune lumière mise à part le bateau qui coulait. D’ici quelques heures ça sera une histoire ancienne. Je ne voulais pas gâcher une flèche pour rien. Dès que je vois une lumière à l’horizon, je lance un flash dans le ciel, peut-être que des bâteaux viendront d’eux-même en voyant l’incendie non loin.

Et Lucy finit par exaucer notre souhait. Un bâteau arrivait dans notre direction. Il faisait des signaux lumineux et je lance mon verumiscent et ma flèche dans les airs pour indiquer notre position. Il change de cap et les projecteurs sont vers nous. Dans moins de trentes minutes, ils seront là, on sera au chaud et loin de cet affreux endroit…