Lunarya Lys
Étant quelqu’un adorant sortir pour avoir du plaisir, il était évident qu’elle allait participer au festival. Nevaeh est une femme qui aime la fête. Ceux qui la connaissent le savent bien. Mélangé avec son envie de tout essayer, cela fait parfois des soirées bien étranges. Danser avec un parfait inconnu ou boire toute la nuit avec des étrangers fait partie de sa routine. Heureusement elle tolère bien l’alcool et connaît sa limite. Bien que cela puisse sembler irresponsable, elle n’est pas idiote non plus et fait tout de même attention. Elle est capable de lire l’ambiance et généralement elle tombe sur de gentil étranger. Elle sait aussi en cas d’urgence comment régurgiter l’entièreté de son estomac si elle suspecte que son verre a été altéré. De plus, même si elle n’a pas le physique d’une combattante, elle traine sur elle deux dagues bien aiguisées. Mais parfois, même si on sait quoi faire et que l’on fait bien attention, des choses bien malheureuses arrivent.
Un peu plus tôt dans la journée elle put entendre des aventuriers dans la guilde dire que quelque chose se passait au cœur de la ville. La pluie de ces derniers jours avait enfin cessé et le soleil semblait rayonner plus que jamais. De plus, elle entendit que les lucioles étaient plutôt belles ces derniers temps. Quoi de mieux que de danser avec des lucioles et boire en bonne compagnie ? C’est ainsi que la femme se retrouva dans les rues de la ville à errer dans des heures tardives. Ayant pris plusieurs verres, Nevaeh ne marchait pas très droit. Ce qui pouvait être quelque chose de normal pour n’importe qui d’autre. Toutefois ce qui n’était pas normal pour Nevaeh. Elle avait l’impression d’avoir la tête dans les nuages, autour d’elle tout semblait au ralenti et les bruits semblaient être lointains. Ce n’était pas normal. S’appuyant sur les murs pour retrouver son équilibre et reprendre son souffle, elle remarqua qu’elle n’était pas seule à errer dans les rues. Pauvre eux, s’ils voulaient l’attaquer par surprise, il était trop tard. Malgré son bandeau autour de ses yeux, elle arrivait tout de même à voir au travers. De plus, avec un champ de vision bien plus large que la normale, il était plutôt difficile de se faufiler derrière elle. Prenant une grande respiration, elle se tourna pour faire face à ceux qui la suivaient. Il faut avouer qu’elle ne s’attendait pas à voir l’homme avec qui elle avait pris un verre. Il semblait si gentil et l’aura qu’il donnait présentement était complètement différente de celle d’avant. En voyant l’homme, elle réalisa pourquoi elle se sentait si malade. Il devait sûrement avoir drogué son verre. Lui ou un des deux hommes derrière lui.
« Si tu voulais tant venir chez moi il ne fallait que demander »
Elle lui dit avec un sourire en coin. Rapidement elle sortit ses dagues prête à se défendre. Pendant un moment, elle fut capable d’éviter les coups et même d'en donner quelques-uns. Mais elle perdit l’équilibre bien rapidement. Avec son esprit dans le brouillard, ses yeux avaient bien du mal à se concentrer. Il ne fallut qu’un coup à la tête pour qu’elle ne tombe au sol. Elle pouvait entendre l’homme donner des ordres, mais elle avait du mal à bouger ou même penser. Pris au dépourvu, elle fit la seule chose qui lui vint en tête. Elle cria.
« Ne me touchez pas ! »
Le reste s’est passé si rapidement, son cerveau avait du mal à comprendre.
Et pourtant, je ne suis qu'à deux rues de la taverne où travaille Elion avant de m'en souvenir. Quelques pas de plus et je pourrai surement revoir une nouvelle fois ma fille... Dire que ça fait à peu près un mois depuis que j'ai pris la décision de quitter définitivement leurs vies à cause de cette histoire de mariage... Maintenant, le seul espoir qu'il me reste repose sur mon capitaine, mais... Je ne veux pas trop lui en demander, ni me faire d'illusions.
Alors je fais demi tour, serrant les poings de frustration et choisi d'aller errer ailleurs. Je pourrai rentrer simplement à la caserne, mais je n'en ai pas vraiment envie. De plus, il se trouve que les rues sont plutôt agités ce soir. Sans doute l'effet après ces dernières pluies qui ont cloués les gens chez eux. Je me promène donc, seule, prenant un simple thé dans une terrasse quelconque sous le regard surpris d'un serveur plus habitué à servir de l'alcool qu'autre chose. Je regarde les gens s'amuser sans rien dire, me demandant si moi aussi un jour, j'arriverai à avoir cette légèreté...
Probablement pas. Je me l'imagine mal en tout cas. A cause de l'habitude de renvoyer toujours une image sérieuse de moi même ? Où simplement parce que sans le sourire d'Elion, je ne m'imagine pas en être capable...
Et alors que je pense à lui, machinalement, ma main vient se porter à mon cou, y cherchant la présence de mon collier. Sauf qu'il n'y est plus. Alors, vide, ma main retombe mollement vers ma tasse encore chaude et mon regard se perd dans le liquide ambrée qu'il contient.
Le temps passe ainsi, sans que rien ne change, si ce n'est que mon thé a refroidi et que je suis encore la seule assise à une table. C'est d'ailleurs le serveur qui me sort de mes pensées, me demandant gentiment de partir car il est l'heure pour lui de fermer.
Je m'excuse alors, puis me lève en laissant quelques trop nombreux cristaux pour régler la boisson que je n'ai pas bu.
"Rentrons."
J'hoche faiblement la tête à la remarque de Haku qui est aussi maussade que moi. Et sans nous presser, nous remontons les différentes ruelles devenues bien plus désertes bien que l'on puisse encore croiser quelques personnes plus ou moins mal en point des restes d'une soirée trop arrosée.
Et si j'ignore la plupart de ces gens, entendre un cri venant d'une rue adjacente à le mérite de me faire sortir de ma torpeur de la soirée. Soudainement aux aguets, je me précipite vers la source du bruit et déboule alors dans une ruelle ou trois hommes sont entrain d'agresser une femme entrain de se débattre au sol.
- Hey ! Non mais ça va pas ?!
Souvent la simple présence d'un garde royale suffit à faire son office et effrayer les plus téméraires des petites frappes. Mais ça, c'est le cas quand on est en armure, sauf que la je suis en civile et je n'ai pris, comme a mon habitude, qu'une simple dague au cas où pour pouvoir me défendre.
Donc forcément, l'effet escompté par mon intervention n'est clairement pas le bon.
- Oh bah parfait, une deuxième ! Plus on est de fou, plus on rit non ?
- En plus, elle a aussi des cheveux long comme tu les aimes Gus, si c'est un signe du destin ça...
- Mouais, j'ai toujours préféré les brunes, mais allez y les gars, je vous la laisse.
Et aussitôt, deux des hommes se relèvent pour me faire face tandis que le dénommé Gus continue de maintenir la pauvre jeune fille qui se débat toujours.
Mouais, franchement, pour des idiots pareils, je n'ai même pas envie de sortir mon arme. Je les laisse donc venir, sans bouger, jusqu'à ce que l'un d'eux tente enfin quelque chose : là, rapide et surtout en pleine possession de mes moyens contrairement à eux, je me décale, attrape son bras et le jette à terre. Puis, alors que le second arrive, je lui envoie mon pied directement dans l'entrejambe, le clouant un instant au sol. Et pendant cet instant de répit, je retourne un pan de ma veste pour montrer à celui qui est resté vers la victime le symbole de la garde royale.
- Oh merde.
- Maintenant dégagez avant que je ne change d'avis.
Serrant les dents, Gus relâche la brune et ordonne à ses hommes de le suivre loin, très loin d'ici. Enfin seule avec la demoiselle, je m'avance alors vers elle et lui tend une main.
- Ça va, vous n'êtes pas blessée ?
Lunarya Lys
On dit qu’il y a toujours une première fois à tout. Et on n’oublie jamais les premières fois. Il faut dire que Nevaeh aurait préféré ne jamais avoir à vivre cette expérience. Elle était une femme forte et elle savait se défendre. Même si elle avait bu un verre ou deux, elle savait ce qu’elle devait faire. Elle était censée être agile et rapide, pourtant ce soir-là, tout ce qu’elle arriva à faire fut de crier à l’aide et se débattre pathétiquement. C’était tout simplement humiliant pour elle. Puis, elle sentit ses mains lui retirer le bandeau.
« Ne sois pas si gêné. J’ai entendu dire que tu avais de si beaux yeux. »
Elle ne lui laissa pas le plaisir de voir ses yeux. Elle ferma les yeux et tourna la tête, mais il ne la laissa pas. Sa main s’accrocha à son cou pour que son visage lui fait face. Elle se débattait, mais plus le temps avançait, plus elle perdait espoir. Puis, contre toute attente, Nevaeh entendu une nouvelle voix. Elle soupira de soulagement. Il y avait de l’espoir. Ce n’était plus trois contre un. Elle pouvait se concentrer sur Gus seulement pendant que les deux autres étaient occupés. Une montée d’adrénaline suffit pour se sortir la tête du brouillard pour remonter son genou d’un coup sec directement dans l’entre-jambe de l’homme au-dessus d’elle.
« Salope »
Nevaeh l’avait réellement frustré. Elle a vu son poing se lever, mais jamais atterrir. Elle détourna sa tête vers ce qui avait attiré son attention. Elle ne savait pas ce qu’elle devait regarder, mais Gus semblait avoir bien vu. Quelques secondes plus tard, elle vit les hommes courir au loin. Était-ce terminé ? Elle était en sécurité, n’est-ce pas ? Son regard se tourna ensuite vers celle qui l’avait sauvé. Encore sous l’effet de l’adrénaline, elle prit la main de la rousse et se releva.
« Eum, merci. Merci. Sans vous je… je… Merci »
Se relever fut une mauvaise idée. Alors qu’elle essayait de se concentrer sur la femme, elle commençait à sentir sa tête tourner. Le coup qu’elle avait reçu à la tête mélangée à l’alcool et la drogue n’aidait pas la situation. La terre n’était pas solide sous ces pieds et elle perdit l’équilibre. N’ayant pas envie de retrouver le sol une autre fois, elle s’accrocha à la rousse. Elle devait rejeter ce qui était dans son système. Cependant, cela était gênant de faire une telle chose devant sa sauveuse.
« Désolé… »
Lorsque son cerveau réalisa qu’elle n’était plus en danger, elle se permit de respirer. Puis, les émotions de l’hôtesse prirent le dessus sans le vouloir. Elle ne pouvait s'arrêter de pleurer et de trembler.
Je ne peux qu'imaginer ce que la pauvre à du ressentir, aussi, il n'y a pas vraiment de mot que je saurai dire pour apaiser sa peur là tout de suite. Juste attendre. Attendre qu'elle reprenne ses esprits tout en la rassurant sur ma présence. Je la ramène alors vers moi d'un bras tandis que mon autre main se pose sur sa tête.
- Ça va aller. Ils ne vous feront plus aucun mal maintenant. C'est promis.
Je la laisse se calmer doucement tout en regardant régulièrement tout autour de nous. J'aurai été accompagné d'un autre garde, il aurait été hors de question pour moi de laisser partir ces trois ordures qui s'en sont pris à elle. Mais seule et sans quoi que ce soit pour les maitriser, je n'avais pas vraiment d'autres choix que de les faire fuir. Et j'avoue ne pas être particulièrement rassurée à l'idées qu'ils puissent revenir en plus grand nombre. D'autant qu'ici, nous sommes dans une petite ruelle plutôt sombre. Alors, dès que je sens que la miss respire un peu plus calmement, je l'entraine avec moi pour qu'on aille ailleurs.
- Laissez vous guider d'accord ?
Comme si elle n'était qu'un fétu de paille, je la soulève légèrement et l'entraine jusqu'à une place près d'une fontaine. Là, je l'aide à s'assoir et m'installe en face d'elle, lui laissant tout le temps dont elle a besoin pour reprendre ses esprits sans la presser, me demandant ce qu'il serait le mieux à faire. Attendre simplement qu'elle reprenne ses esprits et la laisser rentrer seule ? Ou la ramener à la caserne ? Au moins là bas elle y serait en sécurité mais bon, est ce que j'ai vraiment envie de ramener une inconnue dans le coltar dans ma chambre ?
- Si vous allez mieux, pensez vous pouvoir me dire où vous habiter ? Ne vous inquiétez pas, je ne cherche pas à vous voler. Regardez, je suis Garde Royale. Je lui montre alors la pièce, symbole de mon appartenance à la garde, que je conserve dans le col de ma veste. Je veux seulement vous aider à vous mettre en sécurité pour que vous puissiez vous reposer tranquillement.
Lunarya Lys
Nevaeh aurait bien voulu croire la garde. Ces hommes étaient partis et elle était là pour la protéger. Elle voulait la croire de tout son cœur, mais ces mots résonnaient amèrement dans ses oreilles. Elle, se faire protéger ? C’était bien quelque chose de nouveau. Elle détestait cela. Nevaeh était une femme forte, une aventurière ayant voyagé au travers du royaume chassant des monstres et des trésors. Elle savait garder ses arrières et ceux de ses compagnons. Le sentiment d’impuissance faisait bien plus mal que sa tête. Si ce n’était pas de la femme, la soirée aurait pu terminer bien différemment. Pourtant, malgré le sentiment d’amertume, elle ne pouvait s’empêcher de s’agripper à la garde pour trouver réconfort. Lorsqu’elle sentit une main sur sa tête, elle grinça des dents et laissa échapper un grognement. Ce lâche l’avait bien eu. Une nouvelle étincelle s’alluma à l’intérieur d’elle. Une nouvelle émotion commençait tranquillement à monter. Celle-ci sécha les larmes de ses joues. Une tempête se préparait et elle n’avait aucune idée comment elle allait se déchaîner.
« Laissez vous guider d'accord ? »
Que voulait-elle dire ? Se faire guider hors de ces ruelles ? Elle n’avait pas besoin de lui dire deux fois. Cependant, elle ne s’attendait pas à se faire soulever. Par réflexe, elle raidit son corps, puis se laissa faire. Une fois assise près d’une fontaine, elle put respirer profondément. Elle n’avait plus l’impression d’être coincé entre quatre murs. La lumière de la lune éclairait l’endroit permettant à Nevaeh de mieux voir à qui elle avait à faire. Elle n’avait pas encore pris le temps de bien regarder les détails de celle qui l’avait sauvé. Elle était jolie. Ses yeux lui rappelaient les siens.
« Je… Je ne veux pas être seule… s’il vous plaît. »
Elle ne craignait pas de se faire voler. Elle avait peur d’être seule. Son appartement était à une bonne distance et elle vivait seule. Si ces hommes étaient pour la retrouver chez elle, elle serait seule. Personne pour intervenir. Même pas un voisin. Après tout, les appartements les moins chers n’étaient pas dans les quartiers les plus sécuritaires. Mais peut-être que la garde était occupée. Elle n’était pas qu’une simple garde, elle faisait partie de la garde royale. Elle avait sûrement des choses bien plus importante à s’occuper. Elle essaya d’enterrer son anxiété loin dans son esprit.
« Mais… Emm, si vous... je ne voudrais pas prendre plus de votre temps. Pourrais-je toutefois avoir votre nom ? »
Ce serait tellement plus simple si je pouvais le faire moi même. Mais non, ce ne sont clairement pas les prérogatives de nous autres gardes royaux.
Je souffle longuement, perplexe.
- Vous pouvez m'appeler Lunarya. Et si vous avez toujours peur, alors je resterai avec vous jusqu'à l'aube.
Au fond, j'ai toujours voulu aider les citoyens, alors pour une fois que je peux porter assistance à quelqu'un qui n'est pas née avec une cuillère en argent dans la bouche, je me vois mal refuser. Et puis, de toute façon, ce n'est pas comme si j'étais attendue quelque part alors...
- Mais il vaudrait mieux que nous ne restions pas en plein milieu de la rue. Ces hommes... pourraient revenir et bien que je ne sois jamais contre le fait de botter les fesses de crapules dans leur genre, si jamais ils décident de revenir plus nombreux j'ai bien peur que l'on ai pas autant de chance que tout à l'heure.
Est-ce que j'envisage de finir en victime ? Pas vraiment. Mais je n'ai pas particulièrement envie que cette place finisse en bain de sang et je n'hésiterai pas à prendre leurs vies s'ils osent de nouveau porter la main sur elle ou moi. Mais ça risque clairement d'anéantir mes aspirations à devenir Prétorienne... En plus de me créer un tas de paperasse pour prouver que ce n'était que de la légitime défense et que je ne suis pas une dangereuse psychopathe affectée autour du palais.
- Du coup, on a plusieurs options : soit je vous amène directement à la caserne civile pour que vous puissiez déposer dès maintenant une plainte et vous confier entre de bonnes mains, soit je vous raccompagne chez vous et je reste à vos côtés jusqu'à demain matin où nous irons déposer plaintes, soit vous m'accompagnez à la caserne royale et on attend l'aube avant de se rendre à la caserne civile.
Qu'est ce que vous préférez ?
Selon où elle habite, le plus court serait sans doute de nous rendre directement à la caserne civile plutôt que de nous rendre sur l'île Citadelle... Mais je lui laisse le choix, après tout, elle doit quand même savoir où on est non ?
Lunarya Lys
Plus le temps avançait, plus Nevaeh pouvait sentir sa tête sortir de la brume. Il faut tout de même avouer qu’une telle expérience vous dégrise assez rapidement. Sans réfléchir, sa main se leva à son cou pour rouler son collier entre ses doigts. Mais, Lunarya avait bien raison. Il n’était pas sage de rester à la fontaine. Il serait mieux d’aller dans un endroit sûr pour éviter de se faire attaquer une seconde fois.
Elle écouta attentivement Lunarya lui énumérer les choix. Le choix le plus évident aurait été la caserne civile. Après tout, c’est là qu’elle devrait aller pour faire une plainte. Cependant, à ce moment précis, Nevaeh ne voulait pas se faire confier à d'autres étrangers. Elle n’aurait pas dit non à ce que la femme la raccompagne chez elle, mais elle n’était pas certaine si elle voulait rentrer chez elle. Il n’y avait rien de chaleureux là-bas. Malgré qu’elle y vit depuis près de neuf ans, la place est encore à moitié vide. Elle n’y est presque jamais. Comme une maison hantée, elle n’est qu’un fantôme dans cet appartement venant pour retrouver la chaleur de son lit le soir. Ne voulant pas la quitter ne serait-ce qu'une seconde elle choisit la dernière option.
« Je préférerais vous suivre jusqu’à la caserne royale. »
Étant à mi-chemin entre l'hippodrome royal et la guilde, la marche devrait être quelques dizaines de minutes. Elle sortit de son sac sa gourde pour prendre une gorgée et en offrir à la garde.
« Vous voulez de l’eau ? »
Elle lui tendit la gourde tout en se levant doucement et en s’étirant les jambes. Elle était prête à prendre la route. Il était plutôt rare que Nevaeh eût besoin de se rendre à la caserne royale, mais elle a fini par apprendre le chemin pour pouvoir l’indiquer aux clients de la guilde. Elle évitait les ruelles pour favoriser les plus grandes rues. Après tout, les agresseurs ne seraient pas assez stupides pour revenir. Apparemment, ils l’étaient. Alors que les deux femmes suivaient le chemin vers la caserne, Nevaeh remarqua un mouvement dans l’ombre derrière elle. Son anxiété monta en flèche espérant que ce n’était qu’un animal errant. Sans s’en rendre compte, sa main se plaça sur sa hanche ou sa fidèle dague était. Elle ne pouvait pas commencer à avoir peur de son propre ombrage. Malheureusement, elle tourna la tête pour mieux voir et ce n’était pas un chat.
« Lunarya… »
Étant découvert, les hommes sortirent de l’ombre pour leur faire face. Nevaeh serra sa dague dans sa main prête à égorger ce bâtard. Son attention était complètement sur Gus, celui qui l’avait épinglé au sol. Après avoir pu boire un peu d’eau et reprendre ses esprits, elle se sentait plus prête à se défendre.
« Et bien et bien, comme on se retrouve »
Pourquoi ?! Pourquoi les gens sont si stupide ?! A quoi ça les avance de revenir tabasser des gens dans la nuit. En plus quoi, il est allé chercher son grand frère ? Où plutôt ses... Ils étaient trois la première fois, et maintenant ils sont sept.
Génial.
Est ce que je me les fais à un contre sept ? J'ai pas essayé, ils m'avaient pas l'air bien coriace donc qui sait... Et puis moi j'ai l'avantage d'être sobre.
Est ce que je me les fais à un contre sept en assurant la protection de la miss avec moi ? Non, clairement pas. Rhaa, que faire ? Si seulement... Si seulement j'avais ma lance... Ou rien qu'une épée à la place de cette petite dague dans mon dos que ma main droite vient cueillir...
- Bon, je vais pas te mentir, on est plutôt dans une mauvaise situation. Je peux tenter de les retenir. Mais je n'arriverai pas à bien combattre en te protégeant. Il nous faut de l'aide, et vite. Il va falloir que tu cours. Cours aussi vite que tu peux et hurle dans toute la ville qu'on a besoin d'aide dans l'allée des jonquilles. Et quoi qu'il arrive, tu files sans te retourner, d'accord ? Je compte sur toi.
Un plan plutôt simple en soit, je les occupe et elle part à tire d'aile. En espérant qu'elle arrive à s'envoler assez vite pour échapper aux hommes qui se rapprochent de nous. Et une fois que j'ai terminé de lui murmurer mes instructions, je me tourne alors vers le fameux Gus qui n'a d'yeux que pour la brune.
- On vous manquait trop c'est ça ? Où peut être cherchiez vous un endroit pour passer la nuit ? Genre... au fond d'une geôle ?
- J'avais bien l'intention d'aller au fond de quelque chose ce soir, mais certainement pas d'une geôle, si vous voyez ce que je veux dire.
Ses acolytes ricanent comme de gros ânes. Quelle bande de vermines.
- Marrant ça, parce que j'ai bien peur que ni moi, ni mon ami soyons d'accord. En d'autres mots, laissez moi vous dire que vous nous emmerdez, grave et que puisque vous ne semblez pas satisfait de la clémence dont j'ai fait par précédemment, la seule destination que vous aurez est ce fameux aller simple pour la prison, dommage !
- C'est ce qu'on verra! Maintenant les gars !
- Vite, cours !
J'espère qu'elle est partie, mais je n'ai pas le temps de le vérifier que le combat commence, le tout étant de faire en sorte que les sept restent avec moi.
Une tâche bien plus facile à dire qu'à faire...
Pourvu que les renforts ne tardent pas !
Lunarya Lys
Si seulement elle avait son arc, Nevaeh aurait pu leur tirer des flèches entre les deux yeux. Si seulement elle n’avait pas bu, elle n’aurait pas eu besoin de se faire protéger. Mais, elle avait bu et elle n’avait pas son arc. Tristement, elle comprit qu’il était nécessaire de chercher de l’aide. S’ils n’étaient que trois, elle n’aurait pas à avoir cherché des renforts, mais cette nuit, rien n’allait du bon sens. La chance n’était pas de leur côté. À contre cœur, elle tourna les talons et se mit à courir. Elle n’avait pas le temps de s’arrêter ni de regarder derrière. La caserne n’était qu’à deux rues et elle devait s’y rendre. Son cœur battait si fort, elle aurait cru qu’il allait sortir de sa poitrine. Dans les rues silencieuses, elle s’essoufflait à crier à l’aide. Ses poumons étaient en feu et sa gorge lui suppliait d’arrêter de crier. Mais elle ne pouvait pas. Lunarya comptait sur elle.
« À l’aide ! Au secours ! Gardes ! Quelqu’un, n’importe qui ! »
L’hôtesse avait beau crier, pourtant ses cris tombaient sur des oreilles sourdes. Les gens dormaient ou ils ne voulaient tout simplement pas se mêler au combat. Si seulement elle était plus forte. Ou encore, si elle avait un pouvoir plus utile. Elle voyait une lueur d’espoir en tournant un coin. Elle y était presque. Il ne reste que quelques mètres. Elle avait du mal à respirer, mais elle ne pouvait pas abandonner. Elle cria plus fort, espérant que sa voix puisse se rendre jusqu’à la caserne. Il devait bien y avoir un garde ou deux qui allaient entendre la commotion.
Mais, lorsque la malchance nous tient, et que la déesse décide que cette soirée allait mal se terminer, il ne fallait pas être surpris qu’on la rattrape. La seule raison pour laquelle elle vit le coup arrivé est grâce à sa vision. Cela lui donna juste assez de temps pour pouvoir faire un pas vers la droite et lui faire une jambette. L’homme, n’ayant pas le temps de comprendre ce qui lui arriva, tomba tête première au sol. Pour s’assurer qu’il reste bien au sol, elle s'apprêtait à lui donner un coup de pied dans son plexus. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il évite son coup en roulant. Nevaeh n’avait pas le temps de s’occuper de lui. Elle avait besoin d’aller chercher de l’aide. Plus elle perdait son temps avec cette ordure, plus Lunarya était en danger.
Elle fit dos à son adversaire, priorisant la mission d’aller chercher des renforts. Elle était si près, mais tourner le dos à l’homme était une erreur. Elle n’avait pas vu qu’il avait une sarbacane. Elle allait tourner le coin lorsqu’elle sentit une douleur dans son dos. L’aiguille c’était bien enfoncé et elle n’arrivait pas à l’enlever. Dans une dernière tentative, elle cria à l’aide. Suppliant que quelqu’un l’aide. Cependant, ses cris s’arrêtèrent lorsque l’homme l'en empêcha. Elle ne se laissait pas faire. Elle cria à travers sa main et le mordit au sang.
« Enfin cette merde fonctionne. C’est la première fois que quelqu’un résiste aussi longtemps à cette potion »
Je vous en supplie, quelqu’un aidez-moi, pria-t-elle dans ses pensées. Elle sentait la force de son corps l’abandonner et sa vision se brouiller de larmes. Ça ne pouvait pas se terminer de cette façon.
« Lâchez-là immédiatement ! »
« Merde. »
On avait entendu son appel. Les gardes l’avaient entendu. Son agresseur la relâcha lui permettant d’avertir les gardes.
« Lu-Lunarya. Jonquille. »
Le cris résonna dans les rues de la capitale, se répercutant en écho aux alentours dans une indifférence quasi générale. Les gens étaient à l'heure soit trop épuisé pour l'entendre, ou trop peureux pour réagir.
Mais quelqu'un finit tout de même par entendre.
Ce dernier était un géant musculeux, assis à la table d'une taverne, sirotant tranquillement sa bière alors que ses collègues riaient de bon coeur.
-T'as entendu ?
Devant l'indifférence générale, il dut mettre une bourrade dans les côtes de celui qui se trouvait à côté de lui.
-Eh, tu m'écoute ?
-Bon c'est quoi cette fois ?
Le colosse expliqua brièvement la situation à l'homme à côté de lui, ce dernier poussant un léger soupir avant de se lever, ajustant le tabard aux armes de la garde avant de se saisir d'un casque qui était resté posé sur le table.
-Même pour une soirée, le crime n'attend pas
Plaisanta le soldat en vérifiant que la large épée noire qu'il avait dans le dos était présente.
Les deux partirent précipitamment, laissant quelques cristaux pour le tavernier qui les regarda partir en courant avec un petit sourire.
-Lâchez-là immédiatement !
*******
Le criminel fut soulevé de terre comme fétu de paille frappé au ventre pas un coup de marteau de guerre qui fit un bruit sourd.
L'acier percuta la chaire, et l'homme cessa de devenir menaçant.
Planant sur quelques mètres, il vint s'écraser au sol, le souffle coupé et totalement sonné, il ne vit pas le colosse l'attraper par le col, le soulevant comme s'il n'avait été un enfant
Et le second n'eut pas le temps d'en faire plus, son visage percutant le pommeau d'une épée batarde, l'envoyant dans les vapes sans plus de cérémonie.
Les deux soldats attachèrent les criminels à une porte, serrant les liens avec expertise avant de se tourner vers la victime
-Bonsoir mademoiselle, navré du retard
Lança Arthorias en tachant de la relever malgré ses jambes flageolante
-Vous allez bien vous êtes blessée ?
"A gauche !"
Sans même réfléchir, je me laisse guider par la voix de Haku qui, malgré sa faible utilité me permet d'élargir la concentration des éléments dans mon champs de vision, parant alors ce couteau que j'ai pu voir arriver du coin de l'oeil malgré que ma propre concentration était focalisée sur le type juste en face de moi.
Un coup de pied dans le sternum d'un autre idiot plus tard et j'arrive à me dégager juste assez pour reprendre mon souffle une seconde. Mais une seconde de trop car un couteau vient s'enfoncer dans mon dos, me faisant bloquer ma respiration le temps que j'envoie ma main en réflexe pour chopper le brigand qui a oser s'en prendre à moi. Ma poigne attrape son bras et je serre de toute mes forces, enfonçant mes ongles dans sa chair tout en le tirant de toutes mes forces pour le faire décoller du sol et l'envoyer sur deux de ses potes.
La lame toujours dans ma chair, je dévisage les trois autres mecs encore debout. Ils étaient sept... Merde, un m'a échappée. L'air me brule de plus en plus les poumons à chacune de mes respirations, mes membres contusionnés sont de plus en plus lourd à bouger.
Et ils réattaquent tandis que les trois autres se relèvent. Fait chier. Qu'est ce qu'elle fout la brune ?! Elle s'est faite prendre ou quoi ?! Je vais pas pouvoir tenir encore longtemps ! Faut croire que j'ai plus le choix.
Une nouvelle fois, je bloque le bras armé qui me menace, mais cette fois, ma dague vient trancher la chair de mon opposant, visant le tendon de son coude. Un cri de douleur lui échappe tandis que son collègue me lance un coup derrière le genou, m'obligeant à le mettre à terre.
Un nouveau coup arrive, visant ma tête. Je n'ai que le temps de l'amortir de mes bras avant de rouler à terre. Cette fois c'est mort. Si je bouge, je suis foutue. Alors je me recroqueville, me protégeant les points vitaux au mieux, encaissant chaque coup en serrant les dents et priant, priant pour qu'enfin quelqu'un se bouge le cul et me sorte de là.
Mais que fous la garde civile, bordel !
Lunarya Lys
Lorsque son agresseur la relâcha, les jambes de Nevaeh n'arrivaient plus à la soutenir. Son regard se dirigea vers les personnes occupées à restreindre ces mécréants. Dans l’action, elle n’avait même pas vu qu’une deuxième personne les avait rattrapés. Qui sait ce qui se serait passé s’ils n’étaient pas arrivés à temps. Elle frissonna à l’idée. La jeune femme ne réfléchit pas plus longtemps, fixant l’homme devant elle. Ses yeux ronds passèrent d’un homme à l’autre. Blesser. Oui, elle l’était à plusieurs endroits. Sa tête lui donnait un mal de chien, le dart lui lançait des étincelles de douleur lorsqu’elle bougeait. Mais, tout cela n’était pas important. C’était peut-être le stresse de la soirée. Ou bien la drogue qui était dans son verre ne s’était pas encore dissipée. Ou encore, la potion qui était dans le dart qui est encore enfoncé dans son dos. Mais afin de rester consciente, elle se mordit la langue et son esprit s’accrocha à la mission qu’il lui avait été donné. Elle devait trouver des renforts.
« Et quoi qu'il arrive, tu files sans te retourner, d'accord ? Je compte sur toi. » La voix et les mots de la rousse résonnaient en boucle dans sa tête. Elle comptait sur elle.
« Lunarya. Il faut aider Lunarya ! Je dois… Je dois aider Lunarya. »
N’avaient-ils pas entendu ? Lunarya était en danger. Elle lui avait confié une mission, elle devait chercher du renfort. Sinon, elle… Nevaeh n’avait pas le courage de penser à ce qu’il pourrait arriver. Elle agrippa le bras du blond pour le tirer vers l’allée des jonquilles. Il ne faut pas s’arrêter. Elle ne pouvait pas perdre une seconde de plus. Malgré ses bonnes intentions, son corps n’en pouvait plus. À peine avait-elle fait deux pas, ses jambes abandonnèrent et sa vision se brouilla. Non, non, non, non, il faut trouver Lunarya. Elle sentit ses larmes couler de frustration. Elle était si près, mais si loin. La brune avait trouvé des gardes, maintenant il fallait sauver Lunarya. Elle avait la moitié de la mission de faite, elle allait la terminer.
« L’allé des jonquilles. Il faut… Il faut s’y rendre. »
Et alors que la jeune femme commençait à tomber à la renverse, ses jambes peinant visiblement à la supporter, le blond parvint à lui éviter de frapper le sol, luttant contre son poids et celle de son armure pour ne pas se retrouver au sol.
-Tancred !
Cria t-il à son partenaire qui se dépêcha de le rejoindre, les yeux troublés par la réaction de son amie.
-Porte là et essaye de me suivre !
-Un soucis ?
-Oui, un gros.
La voix d'Arthorias était tout se dont avait besoin le géant pour comprendre l'urgence. Ramassant la jeune femme comme si elle n'avait été qu'une plume, la calant sur son épaule blindée avant de peiner à rattraper son collègue dont les longues enjambées, bien qu'assez paraboliques, ces dernières emmenaient le garde directement dans la ruelle indiquée, dans un claquement régulier de bottes ferrés sur les pavés.
Le soldat eut une vision nette de la situation en arrivant dans l'allée, distinguant clairement Lunarya en train de se faire malmener, ses agresseurs la rouant de coup sans aucuns égard, semblant presque profiter du moment.
Rangeant son épée longue, Arthorias décida de faire au mieux, préférant mettre en sécurité sa subalterne, quitte à faire quelque chose de risqué.
Accélérant sa course, l'officier ferma la visière de son heaume, prenant le maximum de vitesse possible avant de percuter le groupe de malfrat.
La masse d'acier lancée à toute allure suffit à renverser les agresseurs, les envoyant paitre comme de vulgaires quilles de bois.
Les étincelles crépitèrent sur la pierre, Arthorias envoyant son poing cuirassé dans le plus alerte d'entre eux, fracassant nez, os et mâchoire avant de sentir une dague clisser contre son plastron, déchirant le tabard mais glissant sans effet sous l'épaisse cuirasse en dessous.
-Tu aimes ma tenue de soirée ?
Demanda le soldat avant d'assener un coup de casque au malandrin qui avait tenté sa chance. Le faciès de la protection se teinta de rouge, le criminel repartant au sol en hurlant, quelques dents en moins.
Et s'ils restaient encore nombreux, le colosse de fer de la garde royale ne tarda pas à faire son apparition, ses bras puissant saisissant deux des hommes avant de les fracasser l'un contre l'autre dans un rugissement de triomphe, le fêtarde encore sur son épaule
-Tu t'amuses sans moi ?
-Mais non, je faisais juste attention à ce que Luna profite de sa nuit
Dit il en passant son bras sous ses épaules, l'aidant à se relever alors que le reste de la bande se regroupait, quelque peu indécise face à l'intervention des deux soldats en armure
Un rictus de douleur se dessine sur mon visage alors que mon supérieur m'aide à me relever. J'ai mal, absolument partout mais plus particulièrement dans le bas du dos, à gauche : là où le couteau est toujours profondément enfoncé dans ma chaire.
Mais en soit, cette douleur n'est pas grand chose comparé à qu'à pu me faire subir magiquement ma famille adoptive... Alors, non sans heurs, je me redresse quand même, l'aide du blond étant la bienvenue pour ça. Franchement, je ne sais pas ce qu'il faisait dans le coin, mais je suis terriblement contente de les voir, lui et Tancred. Je ne suis pas certaine que j'aurai pu attendre une minute de plus.
- Faudrait ramener ces merdeux à la civile. Hors de questions qu'ils s'en sortent après ça. Et la femme, elle va bien ?
Alors que le géant de la royale est encore entrain de faire face aux deux derniers losers qui ont cru bon de s'en prendre à deux femmes seules, je vois sur son épaule se balloter la demoiselle en détresse que j'ai récupérée plus tôt.
Et alors que j'écoute les réponses à ma questions, la voix d'Haku qui surveillent les angles flous de mon propre champs de vision résonne à mon esprit.
"Luna ! A gauche !"
Immédiatement, je tourne la tête et aperçoit un des types ayant volé au sol sous le coup d'Arthorias se relever la rage au ventre et ayant récupérer ma dague tombée lors du combat. Désarmée, réagissant instinctivement, le récupère la seule arme que j'ai sous la main : le couteau dans mon dos, et l'envoie dans la direction de l'assaillant de la dernière chance. Le projectile se plante dans son épaule, le stoppant net en lui arrachant un cri de douleur tandis que ma plaie commence elle a libérer un flot de sang qui n'augure rien de bon. Tandis que je m'appuie encore plus sur les épaules de celui qui m'a sauvée.
- Désolé Capitaine... Je sais pas si je vais pouvoir encore en profiter très longtemps...
Lunarya Lys
Tout est si sombre autour de moi. Je n’arrive pas à réfléchir. Je maudis cette nuit et cette ruelle. Je maudis ces enfoirés qui se relèvent sans cesse. Ils sont aussi désespérés à nous ruiner la soirée que nous sommes désespérés à survivre. J’ai froid, si froid. Je veux… Qu’est-ce que je veux ? Dormir. Dormir ne serait pas de refus. Mais, quelque chose m’en empêche. Je ne peux pas dormir. Je n’ai pas le temps de me reposer. On a besoin de moi. Oui. Pourquoi ? Ah, oui. Lunarya. Il faut sauver Lunarya. Le monde bouge beaucoup trop autour de moi. C’est étourdissant. C’est trop étourdissant. J’espère que l’on arrive bientôt à elle.
Alors que le bruit de combat cesse, je chuchote dans l’oreille de celui que tous appel Tancred. Je peux marcher. Enfin, je pense. Hésitant, je lui redemande et il me dépose au sol. C’est enfin terminé ? Je vois tous les hommes au sol, bougeant à peine. Ce cauchemar était terminé. Mes yeux se posent sur celle qui m’a sauvé et je serre les dents. Je n’ai pas été assez rapide. J’aurais dû crier plus fort, courir plus vite. Je m’avance vers elle lentement, mais plus rapidement que quiconque puisse réagir, un des criminels se relève et je ne peux que regarder la scène se dérouler devant moi.
Mon corps réagit sans que j’y pense. Je me retrouve à côté de Lunarya et j’inspecte les dégâts. Il faut un docteur, mais avec le sang qui coule à flots il faut d’abord panser la blessure. Je n’ai pas de bandage, alors je déchire des morceaux de tissu de mes propres vêtements.
« Je suis tellement désolée. Je suis désolée. C’est ma faute. Je jure que je ferai tout pour te repayer. Je te donnerai ma vie si tu le veux. Je suis désolée. »
Je m’excuse encore et encore tout au long que j’entoure la plaie. Mes mains tremblent, mais j’arrive à lui faire un bandage. Je termine par un nœud solide. Je regarde celui qui semble être son capitaine et mes remerciements se mélangent à des excuses.
« Je suis encore désolée. Je… Merci pour votre aide. Tout cela ne se serait pas passé si ce n’était pas de moi. Tout est de ma faute, je suis désolée. Il faudrait se rendre à un docteur. Elle en a besoin. »
Lunarya avait besoin de soin. Je pouvais bien attendre et endurer. Après tout, je ne méritais pas de voir un docteur. Je serre mon poing, enfonçant mes ongles dans la peau jusqu’à ce que je ressente le sang couler. Seule la douleur me permettait de rester concentré.
Fort heureusement, la demoiselle à ses côté réagit prestement, se servant de ses propres vêtements pour fabriquer un bandage de fortune, qui s'il n'était pas élégant, était plus qu'efficace.
-Tu n'as pas trop le choix, je ne te laisserai pas nous quitter
Dit il avec une pointe de sympathie, se focalisant sur la demoiselle qui semblait perdre tout ses moyens, frôlant une crise de panique qui n'aurait aidé personne.
Le soldat posa sa main sur son épaule, sa voix se faisant plus douce.
-Allons, allons mademoiselle, inutile de vous flageller vous avez fait ce qu'il fallait, sans vous, mon amie serait sans doute déjà morte à l'heure qu'il est
Le gantelet tacha de lui faire relâcher la pression qu'elle imposait sur ses bras, au point d'enfoncer ses ongles dans sa peau diaphane, formant un tableau dérangeant.
Ce fut Tancred qui se planta devant elle, ouvrant son heaume pour dévoiler un visage souriant et sympathique.
-Absolument, vous n'avez pas à vous mettre dans cet état ma petite dame, et au lieu de vous en prendre à vous même, accompagnez nous au soigneur le plus proche, cela vous fera du bien de voir votre amie se remettre
Au moins pouvait il la focaliser sur un objectif, et alors que le géant la rassurait, Arthorias se pencha sur la blessure de la soldate.
Sa voix se fit plus basse, à l'intention de Lunarya
-C'est profond, mais je connais quelqu'un qui pourra te soigner, il va falloir serrer les dents quelques minutes, mais le médecin n'est pas très loin
Cela ira ?
La question était rhétorique car ils n'avaient pas vraiment le choix. Et alors qu'une patrouille de la garde régulière arrivait enfin, se déployant pour encercler les criminels et les mettre aux fer, l'un d'eux s'avança vers le petit groupe
Quelques explications plus tard, le quatuor était en route, Lunarya soutenue par Arthorias qui avait passé son bras sur ses épaules, la soutenant du mieux possible
-L'Astre de l'aube n'est pas très loin, c'est une chance, les meilleurs médecins pourront vous aider à vous remettre sur pied
Dit il joyeusement pour motiver tout le monde.
Si Luna aurait besoin de quelques points de sutures, la demoiselle qui l'accompagnait aurait besoin de parler à quelqu'un, de peur de rester traumatisée par cette nuit éprouvante.
-Je m'appelle Arthorias au fait, et le géant là, c'est Tancred, nous sommes des collègues de Lunarya.
J'espère que vous pourrez nous raconter ce qui c'est passé
Au moins pouvaient-ils dispenser la blessée d'un long et laborieux rapport écrit...
L'Astre avait le plus grand hôpital du pays, à quelques pattés de maisons de là, un endroit des plus somptueux, en quelques minutes ils seraient la bas. S'il n'y avait d'autres complications....
- Évidemment. C'est trois fois rien ça... J'ai connu pire.
Pour autant, mon bras tente de s'accrocher du mieux qu'il peut à l'armure d'Arthorias. Franchement... Même quand il est pas en service il garde son armure ? J'aurai surement du faire ça aussi, ça m'aurait évité bien des ennuis et des blessures superflues...
Quand à la demoiselle qui m'a aidée à faire un pansement compression sur ma plaie, j'attends de reprendre un peu mon souffle dans un rythme de pas régulier vers l'Astre de l'aube pour la remercier, mais surtout : la rassurée.
- Ces types n'étaient qu'une bande de salauds. Êtes vous responsables d'avoir été leur victime ? Non, clairement pas. Êtes vous responsable de mes blessures parce que je vous ai secouru ? Bien sûr que non. Je connais les risques de mon métier, et il aurait été totalement inacceptable pour moi de vous laissez seule à leur merci alors que je pouvais vous aider. Donc rassurez vous, et soufflez. Vous avez été parfaite ce soir, et finalement grâce à vous, ces enfoirés ne s'en prendront plus à personne avant un bon moment.
Je lui souris, tâchant de me montrer convaincante dans le fait que franchement ça va, je lui loin d'être complètement foutue... Même si en vraie, je fais clairement pas la fière, d'autant plus que l'armure du Capitaine ne me laisse que peut de prise où coincer ma main pour me maintenir sur lui, lui laissant alors faire tout le travail pour me soutenir. Est ce qu'il sent que plus on avance et moins j'arrive à tenir sur mes jambes ? Pourtant je fais tout pour tenir, encore, pour ne pas montrer mes faiblesses, pour avoir besoin du moins d'aide possible.
Putain d'armure qui glisse sous mes doigts.
- Faudra m'expliquer comment ça se fait que vous êtes encore en armure intégrale à cette heure... Elles sont plus confortable que la mienne ou quoi ?!
"En même temps, si tu arrêtais de vouloir cacher ton appartenance à la garde quand tu sors, tu pourrais la porter aussi, ton armure..."
Gnagnagna, si c'est pour dire ça, tu ferais mieux de te taire saloperie de mist.
C'est pas qu'on se marre mais, on est presque arrivé ? Non parce que vraiment, je me sens pas super en forme là. Genre vraiment pas. A telle point que je murmure une fois de plus à l'oreille d'Arthorias...
- Je veux pas vous mettre la pression, mais je commence à voir floue là... Je sais pas où on en est mais si on peut courir, moi je me laisse faire...
Sans vraiment être capable de comprendre la répondre, je sens quand même que le rythme accélère. Puis j'entends d'autres voix que celles de Tancred, du Capitaine, ou de la demoiselle...
Dire que j'ai même pas son nom... Mais bon, je suppose qu'on est arrivé hein ? Je me sens soudainement balloter par plusieurs bras. Alors ça devrait aller.
De toute façon, c'est pas moi qui vais pouvoir faire grand chose de plus pour les aider vu mon état...
Lunarya Lys
C’était un soulagement de savoir que personne ne lui en voulait. Toutefois, malgré leur mot doux, dans son cœur, elle avait l’impression qu’elle était la cause derrière cette tragédie. Ce n’était pas la première fois non plus qu’elle se sentait coupable sur des choses qui étaient hors de son contrôle. Nevaeh aurait bien voulu leur dire le contraire, mais les mots de Lunarya la laissèrent bouche bée. Pendant que son attention était sur Tancred, elle enregistra à peine la main d’Arthorias l’empêcher de se torturer la main plus longtemps. Elle laissa le géant l’aider à faire la route jusqu’à l’Astre de l’aube. L’Astre de l’aube. Le collègue de Lunarya avait bien raison. Les meilleurs médecins y étaient. Elle n’y mettait presque jamais les pieds. Chose plutôt dommage puisque son frère y était. Il était bien occupé et elle aussi, mais elle pourrait au moins voir son frère quelques minutes. Elle espérait qu’elle n’allait pas le voir dans de telles conditions. Elle ne pouvait pas le laisser voir sa grande sœur dans cet état. Elle ne voulait pas l’inquiéter lui et par extension le reste de la famille.
« Je m'appelle Arthorias au fait, et le géant là, c'est Tancred, nous sommes des collègues de Lunarya.
J'espère que vous pourrez nous raconter ce qui s’est passé »
Sa gorge se serra à la question et son corps raidit. Elle n’était pas sûre de pouvoir répondre à ce moment, mais même si elle voulait répondre, elle n’avait pas le temps. Le temps pressait et personne n’avait le luxe de marcher pour se rendre à l’hôpital. Ne pouvant pas courir, ce fut le colosse qui la prit pour pouvoir aller plus rapidement. Elle commençait à en avoir assez de finir sur son épaule, mais elle comprenait la situation, alors elle le laissa faire. Dans un temps-record, le groupe arriva aux portes ou sans tarder, le personnel leur vint en secours. Elle n’avait pas le temps de dire un mot qu’elle fut confiée à un docteur. Évidemment, il s’agissait de son frère. La soirée ne pouvait vraiment pas aller mieux. Leurs regards se croisèrent et elle vu l’horreur dans ses yeux.
« Par la déesse, que t’est-il arrivé. » Il s’exclama à elle. « Merci de l’avoir emmené jusqu’ici. Je vais m’occuper d’elle, vous pourrez la questionner ensuite. » Dit-il aux gardes.
Ce n’était pas la première fois qu’il traitait des blessures causées par une attaque de nuit, mais il n’aurait jamais pensé que Nevaeh pourrait être une victime. Il guida donc sa sœur pendant qu’un autre docteur s’occupa de Lunarya. Elle ouvrit la bouche pour se plaindre, Lovis lui lança un regard qui en disait long. Malgré son regard, elle se retourna vers Arthorias. Elle glissa le bijou de sa main gauche pour lui remettre un bracelet.
« Ce n’est pas grand-chose, mais j’apprécierais beaucoup si vous pouviez remettre cela à Lunarya. »
Une fois qu’elle lui confia le bijou, elle suivit son frère pour qu’il traite les blessures. Elle était enfin en sécurité.
Le bracelet
- Spoiler:
Alors que les médecins venaient prendre en charge la blessée, ce dernier resta avec la garde plus inquiet qu'il ne voulait bien le montrer.
-C'est une longue histoire, mais il faudra revenir à la caserne
Dit il avec un clin d'œil. Même si la blessure était surement soignable, l'officier tenait à la motiver à guérir.
Un signe de tête des médecins lui fit rapidement comprendre qu'elle était tirée d'affaire, et, laissant son amie aux bon soins des soignants, Arthorias passa à la jeune femme qu'avait sauvée Lunarya.
Cette dernière lui fut elle aussi ravie par un médecin plus inquiet que les autres, qui lui assura qu'elle serait disponible sous peu.
Après quelques minutes d'attente, elle lui fut rendue, visiblement encore inquiète pour sa sauveuse.
Récupérant le bracelet avec précaution, il sourit à la demoiselle
-Je lui donnerais, sitôt que les visites reprendrons. Je vous en fait la promesse.
Et tachez de ne pas vous en faire, elle va s'en tirer sans soucis.
S'asseyant sur un des fauteuils du couloir, il regarda l'air épuisé de la demoiselle, les marques sur ses bras toujours bien visibles.
Interrogeant son ami d'un regard, ils se mirent rapidement d'accord.
-Ecoutez, j'ai dit vouloir vous poser des questions, mais pour ce soir, le mieux serait que vous rentriez chez vous et que vous vous reposiez, je vais demander à des gardes de vous reconduire
Dans tout les cas, mieux valait lui laisser reprendre ses esprits. La laissant au bons soins de la garde locale, il prit son mal en patience, attendant jusqu'à tard dans la nuit pour pouvoir enfin rendre visite à la garde.
Cette dernière était allongée dans un des lits de l'hôpital, visiblement fatiguée.
-Et rebonsoir Lunarya
Dit il en se glissant près d'elle, examinant les bandages avec inquiétude. Mais comme promis les soigneurs de l'Astre étaient les plus compétent que l'on pouvait trouver, et Arthorias fut soulagé de voir sa subalterne en un seul morceau.
-Tu vas avoir une jolie cicatrice, mais cela vaudra sans doute mieux que n'importe quelle médaille.
A ce propos, ton amie m'a remis un cadeau pour toi
Délicatement, il passa le bracelet au poignet de la demoiselle avant de s'asseoir dans un coin de la pièce, tachant de la laisser se reposer.
-Je vais rester là le temps que tu aille mieux, ils m'ont dit que tu pourrais sortir dès demain, je te reconduirais à la caserne
Me voyant faire, le capitaine vient prêt de moi inspecter les bandages d'un oeil légèrement inquiet et sous son geste, je tourne la tête, honteuse de m'être retrouvée dans un tel état... Alors que franchement, ce n'est rien... Enfin, mes bras son couvert d'ecchymoses et je n'ose imaginer la couleur de mon dos mais... Franchement, je vais bien !
Puis il attrape ma main pour me passer le bracelet au poignet. Un instant, je le regarde en pensant à la demoiselle que j'ai secourue... C'est vrai qu'elle aussi avait les yeux verts, sans doute pour ça que ce bracelet est serti d'émeraudes. Et j'allais dire quelque chose quand Arthorias déclare vouloir rester ici jusqu'à ce que je sorte. Non mais non, je ne peux pas accepter ça !
- Tu n'as pas besoin de rester, je vais bien maintenant... Je te remercie d'être intervenu avec Tancred mais, c'est bon maintenant, je peux me débrouiller seule, je t'assure... Ou alors ramène moi à la caserne maintenant. Je n'ai pas particulièrement envie de rester ici plus longtemps, d'autant plus que ça me semble totalement inutile maintenant qu'ils m'ont recousue.
Et pour prouver mes dires, je bouge assez pour m'assoir sur le bord du lit et me relever en faisant attention de ne pas trop tirer sur les fils, sous le regard désapprobateur de mon capitaine.
Le pauvre, s'il savait le nombre de cicatrice que je cache sur mon corps et que je n'ai jamais faites soignée convenablement... Mais ça, mieux vaut qu'il l'ignore... Ça pourrait probablement me couter ma place chez les Prétoriens... Si tant est qu'il y ait encore une chance que j'en ai une un jour alors que je lui ai moi même avouée n'en avoir rien à faire de ce rang.
Et une fois debout, mon regard se pose une nouvelle fois sur le bracelet qui orne mon poignet.
- Dire que je ne connais même pas son nom... J'espère avoir réussi à la protéger assez pour qu'elle n'ait pas trop de séquelle de cette soirée...
Même si je me doute que pour un quidam, une telle agression peut s'avérée carrément traumatisante psychologiquement parlant.