Attablée au comptoir de la seule auberge du village, le « Rocher ronflant », elle agitait distraitement le verre de scotch qu'elle avait en main, faisant tinter les glaçons à l'intérieur. Elle avait marché six heures durant. Six heures où elle avait dû affronter les chemins escarpés des montagnes, les « Boum-Boum » un peu trop téméraires, - ces sales bestioles lui avaient arraché un bras, qui avait mis du temps à repousser sous les effets de sa magie - les éboulements, et même un troupeau de quelques béliers grimpeurs. Ce repos était mérité.
Elle s'enfila une rasade, cul-sec, avant de coincer un cigarillo entre ses dents, le flambant du bout de son doigt. Au fond, entre les buvards et les joueurs de cartes, un saltimbanque, valdinguant dans tous les sens, égayant la pièce de quelques « Yé-yé » et pincements de cordes douteux. Il déambulait comme une fée au vent, peu réceptif à la mauvaise humeur alentour. « Cette journée n'a pas fini de m'être pénible... », souffla-t-elle pour elle-même.
Le cheroot à la bouche, la démarche raide et les épaules hautes comme un héros de film Western, elle quitte l'auberge, s'adossant sous le préau, croisant les bras. Plus le temps passait, et plus les secondes lui paraissaient longues, interminables. Elle fuma le reste de son cigare et s'étira souplement, à la manière d'un grand félin ; d'une tigresse.
Puis, ce fut le cri, irréel, qui résonna dans tout le village, laissé en suspend après quelques secondes. Irréel, car insensément présomptueux, dans cette journée de mort livide et d'ennui sans fin. Aniel releva la tête, interdite. Un gus, la brioche ventripotente remuant comme une valise en soute accourut au centre du hameau et hurla au clocher.
« D-Des bandits ! Des bandits ! », avant de s'effondrer pesamment sur le sol, soulevant les dernières poussières de sa vie.
Un cimeterre avait traversé sa clavicule. Le bougre avait dû faire cinq bornes de la sorte, avant de mourir de douleur. Quoi qu'étaient ces prétendus bandits, ils lui avaient réservé un sort cruel. Exactement ce qu'il fallait à Aniel.
Au bout de quelques instants, on entendit le bruit de la marne rouler le long des montagnes qui ceignaient le village. « Par les airs ! », cria un aventurier, dégainant une lourde zweihänder. Quelques miliciens se mirent en rang, paresseusement. L'alcool avait eu trop d'effet, sur eux.
Puis, le chaos.
Un smog éclata en plein centre de la place. Les bandits, entièrement vêtus de noir, se jetaient dans le vide à coups de cordage, atterrissant sur les toits, remplissant d'ores-et-déjà les boutiques en quête de pillage. Certains avaient eu l'idée d'approcher l'auberge : les réserves de whisky étaient toujours un bon cru à prendre, pendant une razzia. Hélas, quelque chose de plus fort qu'eux leur barra la route.
« Alors, les filles, on danse... ? », pipa Aniel, guillerette.
Un grand malabar saisit son sabre et se jeta, lame en avant, sur la jeune femme... et la traversa, mystérieusement. Ses membres enflammés tombèrent sur le sol. Il ne restait que ça de lui : le reste avait éclaté sous la chaleur du magma. Son ami fut pris d'une démence catatonique. Aniel ne se fit pas prier : son poing s'enfonça dans le thorax du bougre, et ses organes détonnèrent comme des fruits trop mûrs. Son corps chuta, lourdement.
La combattante observa les alentours. Un vrai fiasco : les mineurs couraient pour leurs vies. D'autres parvenaient à utiliser leurs pouvoirs à bon escient. Le gros des bandits était cependant tenu en respect par un groupe d'aventuriers... et en particulier une. Aniel tiqua.
Elle s'approcha. Ses bras se mirent à buller ; la chaleur de son corps fit fondre le sol comme une congère au soleil. A mesure qu'elle se transformait, elle ralentissait ; mais à mesure qu'elle ralentissait, la jeune femme devenait invincible. Les tirs de flèche, les carreaux, les coups d'épée : tout fondait au creux de sa fournaise démentielle. Une bulle d'air éructa de sa chair flamboyante, dans le bruit rauque d'un crapaud en rut, projetant une nuée de scories sur un bandit. Le bougre hurla au ciel, les yeux exorbités, secoué par le post-mortem avant de lâcher son dernier râle. Aniel n'en revenait pas...
« Encore toi ? Qu'est-ce que tu viens foutre dans mes bottes ? », fit-elle en apercevant une jeune blondinette, entourée de malfrats.
- Votre thé est délicieux Madame Croford !
- Merci c'est bien gentil ! Tu es sûre que ton amie ne veut rien ?
- Beehanca ? Oh ça va elle n’a jamais soif, n’est-ce pas Beebee ?
- Partir. Maintenant.
- Oui oui dans quelque minutes promis.
Je levais les yeux au ciel et riais en compagnie de Madame Croford, une gentille vielle dame pour qui j’avais fait une mission de désinfection de rats il y a environ trois ans. Nous sommes restées de bonnes amies et tentons de nous voir régulièrement. Cela faisait déjà deux jours que Madame Croford m’hébergeait et bien entendu toute bonne chose a une fin. De plus, Beehanca, ma Bestie du jour, se pressait de partir comme l’impatiente qu’elle était. C’était sans parler de son allure qui faisait légèrement peur à Madame Croford, du coup il était mieux pour tout le monde que nous partions aujourd’hui. Après tout, une abeille humanoïde rose avec un javelot comme bras droit, ce n’était pas vraiment quelque chose de family friendly à première vue. De plus elle était tout de même bien imposante la Beebee, me dépassant d’au moins deux têtes. Ses ailes petites mais puissantes la faisaient voler juste au-dessus du sol, puisque ses trois pattes-dards n’étaient pas faites pour tenir en place.
Mon thé était presque terminé, mais je pris tout de même mon temps malgré l’empressement de Beehanca. Après tout, Madame Croford et moi ne nous voyions qu’à tous les trois mois, du coup il fallait bien en profiter, non ? Le temps passa et nous parlâmes de tout et de rien. Il fallait dire que dans un village aussi petit et reculé que celui-ci, dans les montagnes qui plus est, il n’y avait pas grand-chose à visiter, mais c’était un petit lieu bien sympathique avec des villageois tout à fait ordinaires. Madame Croford était le médecin du village, ce qui lui donnait un statut légèrement plus élevé que les autres, mais bon là je commençais simplement à m’égarer.
Un cri se fit entendre, bien bruyant. Madame Croford et moi allâmes voir par la fenêtre ce qui se passait devant le regard impassible de Beehanca. Nous ne vîmes rien, mais un bruit de cloche se fit entendre. Des bandits, rien que cela. La maison de Madame Croford était l’une des plus reculées du village, du coup je me contentais de lui ordonner de rester là, de barricader les portes et les fenêtres et de se cacher dans la salle de bain avec une arme quelconque. Je me dirigeais vers la sortie, accompagnée d’une Beehanca qui était ravie d'enfin se défouler un peu. Je promis à Madame Croford que j’allais revenir.
Une fois sorties, l’attaque avait déjà commencée. Plusieurs bandits, complètement vêtus de noir, tombèrent du ciel, atterrissant sur les toits et ne perdirent pas de temps pour piller les ressources du village. Deux d’entre eux arrivèrent devant moi, armés d’épées. Booooriiiing. Ils m’ordonnèrent de leur donner mes bijoux, rien de bien surprenant. « - Hihi, pour ça va valoir venir les chercher. Beehanca ! » Suite à quoi la reine des abeilles fondit sur les deux hurluberlus, assommant le premier d’un bon coup contondant de javelot sur la tête et en propulsant le deuxième avec le corps comateux du premier. Je regardais autour de moi. C’était le bordel. Tout le monde courrait dans tous les sens, apeurés. Certains se défendaient comme ils pouvaient, mais le village avait besoin d’un petit coup de pouce.
- Je m’occupe de faire le ménage sur les toits, toi, fais comme tu le sens.
- Compris. Attention.
- Toi aussi.
Les phrases de Beehance avaient beau ne se composer que d’un mot chaque, elles avaient le mérite d’être claires. L’abeille m’agrippa par le collet et me propulsa sur l’un des toits, ce qui me permit d’atterrir avec fracas sur l’un des bandits que j’assommais d’un bon coup de pied. J’étais maintenant en hauteur et avais décidément attiré l’attention de plusieurs d’entre eux. Bien. On allait se faire plaisir ! Pour ne pas trop me répéter, je vais donner des noms à mes adversaires, comme ça ce sera rigolo ! Du coup je commençais par éviter la flèche d’Alphonse tout en agrippant la tête de Théodor que je lançais en bas de la maison. Beehanca le réceptionna d’un autre bon coup de javelot. Je sprintais vers Alphonse pendant qu’il ratait sa deuxième flèche et lui fit un coup de pied rotatif, le faisant tomber lui aussi du toit et méritant le même sort que Théodor. Je sortis mes couteaux et commençais à les lancer sur les bandits par terre qui s’attaquaient aux villageois tout en sautant de toits en toits. Je fis attention de ne pas les atteindre mortellement, car ce n’était pas ma tasse de thé. De ce fait, je touchais principalement les jambes, les bras et parfois les sections non vitales du dos. Un cri retentit et je tournais le regard vers une jeune femme qui se faisait dérober son collier par un monsieur prêt à lui trancher la gorge. Je sautais et atterris sur la tête de Marco, les jambes autour de son cou. D’un mouvement arrière, je propulsais le vilain garçon derrière moi, ordonnant la jeune femme de partir se mettre à l’abri. C’est à ce moment que j’entendis une voix similaire. Féminine, inélégante avec une petite pointe de jugement, je me retournais pour tomber sur Aniel, une autre aventurière. Tout à coup, c’était comme si j’avais oublié toute la situation avec les bandits. Je fis des coucous de la main, contente de voir une tête connue.
- Oh Aniel ! Coucou ! Ça faisait longtemps hihi ! Qu’est-ce que tu deviens ?!
- C’est plutôt stupide de baisser sa garde héhéhé…
Un des bandits m’agrippa par derrière sans permission, ses bras musclés autour de mon cou. Appelons-le Éric voulez-vous ? Par réflexe, je décidais de montrer à Éric la technique du Pied-Nez-Couille. Me donnant un élan en levant les deux pieds dans les airs, je plantais mon talon dans le pied gauche d’Éric avec perspicacité. De ce fait, la douleur vive le fit légèrement relâcher l’étreinte qu’il avait sur moi, suffisamment pour que je puisse donner un deuxième élan avec ma tête d’avant-arrière afin d’écrabouiller son nez sans aucune once de pitié. Le membre en sang d’Éric le fit définitivement lâcher son emprise sur moi, ce qui me permit de me retourner pour lui asséner la dernière partie de la technique. Vous l’aurez compris, un bon coup de poings dans les porte-bonheurs. Éric s’affaissa, décidant de prendre une petite pause. Beehanca arriva à côté de moi, suivit d’un bon tas de bandits derrière elle.
- Groupe. Dizaine.
- Ouais j’ai vu. On y va pour le combo quarante-quatre.
- Compris.
Beehanca abaissa son javelot juste assez bas pour que je puisse poser mon pied dessus. Sans perdre de temps, l’abeille humanoïde me propulsa dans les airs à une bonne dizaine de mètres au-dessus du sol… au-dessus du groupe de Jean-René. Les hommes en noir regardèrent vers moi, prêts à me réceptionner. C’était sans compter sur Beehanca qui, vive comme l’éclair, fondit sur le groupe, les tranchant à volonté avec son javelot et ses pattes pointues. Ma diversion fut efficace, surtout lorsque agrémentée de quelques couteaux de lancer afin de mettre à terre les trois Pascale qui fuyaient l’insecte rose. Cette dernière me réceptionna avec encore une fois son javelot puis me posa par terre. Un petit high five était de mise. Je me retournais vers Aniel qui s’occupait de ses vilains de son côté, niaise.
- Du coup ça va depuis le temps ? Toujours célibataire ?
- [HRP]:
L'amie Imaginaire du RP
« Oh Aniel ! Coucou ! Ça faisait longtemps hihi ! Qu’est-ce que tu deviens ?! »
Du magma coula sur son front. Quelle impudence ! Il n'y avait décidément plus de respect pour les aînés, dans la guilde...
C'est à ce moment-là qu'un malfrat, - qu'Aniel surnomma intérieurement « connard de bandit numéro n°85 » - saisit la minette par la gorge. Mauvaise l'idée, elle en avait encore dans la boîte à gants. Un coup, puis un second, et l'homme fut ployé de douleur, aux pieds de Morticia. Il rampait désormais comme ce que la Fée estimait ce qu'il avait toujours été : une fiente. La douleur le suppliciait sur le sol. Vous pouviez bien être un grand guerrier, tout votre monde disparaissait quand on visait... eh bien, vous-savez-quoi.
L'instant d'après, une grosse chose ailée passa, à toute vitesse, devant Aniel. Elle vrombissait comme un moteur diesel. C'était un essaim... Non, un essaim en un. Une guêpe géante ; une sorte d'invocation complètement tarabiscotée sans sens aucun. La femme racla sa langue contre ses dents. C'est ce fameux pouvoir... fit-elle intérieurement. La créature heurta violemment un groupe de nervis, les déchiquetant comme des parts de lasagne. Il y avait quelque chose d'absurde, dans cette scène, d'écoeurant... mais d'en même temps vivifiant. Le monde était toujours plus grand que ce qu'Aniel imaginait au premier abord. Cette aventurière modèle réduit en était la preuve. Les hommes tentaient bien de fuir, mais les couteaux de lancers les fauchaient au vol, quand ce n'était pas carrément cette chose rose et hideuse, qui les empalait comme un tir de baliste.
Sans même s'en rendre compte, tandis qu'elle observait la scène avec incrédulité, une bulle de magma éclata de son épaule, dans un croassement mat. Des vapeurs de gaz toxique s'en échappèrent, tuant ceux qui tentaient jusque-là de l'éviter comme un barrage. La chaleur de son corps était telle qu'il laissait derrière lui un sillage noir, pourri, de terre morte et de cadavres fumants. Le simple fait de s'approcher d'elle vous tuait. Aussi, Aniel vint calmer ses ardeurs, - elle ne voulait pas de victimes parmi les innocents.
Les bandits restants étaient pris en tenaille entre ce monstre et le groupe d'aventuriers.
« Du coup ça va depuis le temps ? Toujours célibataire ? »
« Je vois que tu as le registre de blagues qui va avec ton jouet pour enfant, souffla la Fée. Méfie-toi, il en reste... »
Quelques secondes passèrent... puis, une explosion, fracassante. Un Braoum ! digne d'un film gros budget, qui laissa la foule en catatonie, un court instant. C'était l'hôtel de ville : les bandits avaient pensé bon de garantir leur départ. Un feu d'enfer surgit des fenêtres éclatées du bâtiment... Malheureusement, ce n'était que la partie visible du problème.
« Mes enfants ! hurla une villageoise. I-Ils sont... à l'intérieur ! Il faut aller les aider... »
Aniel tiqua. Sa lave ne s'était pas totalement résorbée. Si elle approchait de l'hôtel, ou ne serait-ce que de la foule, elle risquait le pire.
« Arrête, Monique ! cria le tavernier, à son tour, essayant désespérément d'arrêter la femme, qui allait pour secourir ses marmots de ses propres mains. La fumée va te tuer ! L'incendie aussi... »
- Je vois que tu as le registre de blagues qui va avec ton jouet pour enfant.
- Mon jouet pour… Oh tu parles de Beehanca ? Hihi, tu devrais voir mon jouet pour adulte !
- Méfie-toi, il en reste.
- Oh bah oui !
Suite à quoi, badabim, badaboum, un bruit d’explosion bien puissant sa mère se fit entendre. Cela venait du milieu du village et bien entendu, nous comprîmes qu’il s’agissait de l’hôtel de ville. Les flammes et la fumée sortaient en abondance de l’établissement et en toute logique cela voulait dire qu’il s’agissait là du principal objectif des malfrats. C’est alors qu’une des villageoises clama avec horreur que ses enfants étaient encore dans l’hôtel enflammé. Je ne perdis pas de temps et agrippais Éric qui traînait non loin de moi pour lui arracher un bout de sa manche noire et m’en faire un masque improvisé pour me protéger un tant soit peu de la fumée. Beehanca et moi nous dirigeâmes à toute vitesse vers l’hôtel non fait un petit coucou de la main à Aniel. En dépassant Monique et l’homme qui l’empêchait d’entrer dans les lieux, je demandais combien d’enfants étaient là-dedans. Trois, qu’elle me répondit avec une voix tremblotante avant de me supplier de les sauver. Beehanca entra en premier, suivie par ma propre personne. Nous ne vîmes pratiquement rien, mais Beehanca, grâce à son statut d’insecte, savait parfaitement où aller. Faut pas se poser de questions, ses yeux ou ses antennes, quelque chose du genre. Je la suivis de près pendant qu’elle tranchait avec son javelot les poutres qui nous bloquaient le chemin. Nous arrivâmes dans le bureau du maire et aperçûmes les trois jeunes enfants. Je les rassurais du mieux que je pus, mais Beehanca était tellement terrifiante que les trois jeunes garçons ne firent que pleurer de plus belle. Bon bah quand la manière douce ne fonctionne pas, autant y aller de la manière forte hein ! J’agrippais les deux plus jeunes par le collet pendant que Beebee portait le troisième, un peu plus vieux avec sa patte gauche Sans plus attendre nous nous dirigeâmes vers la sortie. Je vis le bâtiment en train de s’effondrer au-dessus de nous, c’est alors qu’en pressant le pas, je bondis hors de la porte de sortie juuuuuuste avant que l’entrée ne se condamne à coup de flammes et de débris. Je me retrouvais à terre, poussiéreuse et lééééégèrement étourdie par toute cette fumée.
- MES ENFANTS !
- MAMAAAAAAAAAN !
Réunion familiale. Ouf, ça en valut la peine finalement. J’enlevais mon masque anti fumée cheap et me relevais pendant que la grosse dame serrait ses enfants avec un soulagement infini. Elle me demanda comment me remercier, je lui répondis simplement que ses trois bambins devaient s’hydrater immédiatement et voir Madame Croford pour être sûr qu’ils ne soient pas blessés. Bien entendu Big Monique savait de qui je parlais alors elle se dirigea avec ses enfants vers la demeure de Crocro. Je souris et époussetais ma robe, satisfaite du travail bien fait. C’est alors que Beehanca se dressa derrière devant moi pour contourner un projectile avec sa lance. Un harpon, rien que ça. Je me relevais en position de défense et aperçus un très grand homme habillé tout de blanc, les cheveux blancs tombants jusqu'aux épaules avec des gants noirs (les mains qui portent les gants, pas les épaules...). Ouais bah si on suivait la logique on parlait là du chef sinon wesh c’pas drôle.
- Je vois que tu en as sous le gabarit, jeune dame. La demoiselle de lave et vous deux n’étiez pas comprises dans le plan, ce qui est fort embarrassant. Cependant, je ne suis pas contre un peu d’action… Me feriez-vous l’honneur de m’accorder cette danse infernale ?
Comment il s’la pétait quoi ! Quelque chose de menaçant venait de lui. Sa façon de parler était tellement calme… tellement distinguée. Quelque chose me dit que je ne devais pas faire l’erreur de le sous-estimer. Je fronçais les sourcils, à la fois nerveuse et excitée.
- Cash me outside ! How bow dah !
- … Je prends ça pour un oui.
Aniel maugréa, nerveusement. Elle n'avait été d'aucune utilité et le savait. Son pouvoir aurait vaincu l'incendie sans aucun mal, et peut-être même en aurait-il provoqué un second, bien plus dangereux... ce qui aurait scellé illico presto le sort des trois bambins, à l'intérieur. Que devait-elle faire ? Attendre... parjura-t-elle, dans son esprit, simplement attendre. Ça l'agaçait, comme à chaque fois qu'elle était impuissante. Son poing fuma de rage, jusqu'à ce que... l'hôtel s'écroula, dans un bruit affreux d'arbre qu'on tord.
« Non ! », hurla un homme à la mort.
La fumée, mortelle, gonflait comme un nuage sépulcral, emportant ce qu'il restait des derniers espoirs des habitants. Mais Monique, elle savait, - comme une mère savait toujours, pour la vie de ses enfants.
« MES ENFANTS ! »
Elle précipita son corps de jument dans une adresse qui surprit la Fée. A la force de ses bras, elle tira ses trois bambins de là. Morticia, elle, surgie d'on ne savait où, parvint à se relever à temps, - les smogs dégueulaient sur toute la place centrale. Cette petiote avait réussi. Derrière elle, cette créature tarabiscotée, dont les ailes continuaient de pulser comme un gros moteur. Elle n'avait fait, à sa manière, qu'une bouchée de cet incendie. On l'acclama comme une héroïque, chose qu'elle était devenue, ce jour-là.
Aniel soupira.
« Tu as du cran, je dois le reconnaître. Tu aurais pu mourir asphyxiée, ou pire, à l'intérieur... »
C'était le cas, mais si elle ne l'avait pas fait, l'église aurait sonné le glas de trois pauvres marmots qui n'auraient même pas eu le temps de découvrir la vie. Elle avait fait preuve d'abnégation, d'auto-discipline, et ça, la Fée le respectait. Pendant que la grosse matrone serrait ses enfants dans ses bras en mortadelle, une chose, cependant, perturba la guerrière. Comment était-il possible que le feu persiste ? L'effondrement de l'hôtel aurait dû étouffer les flammes. Quelqu'un, ou quelque chose, le gardait en état d'éveil.
« Atten-... », eut-elle le temps de dire, avant qu'un projectile ne percute le javelot de la femme-abeille.
Dans le brasier assourdissant qui faisait rage juste derrière, on crut cependant entendre le tintement de talons en acier, sur le sol pavé. Un homme, la silhouette longiligne, rangé dans un beau feutre blanc, jaillit de nulle part. Ses doigts palpitaient entre eux, comme si tout ceci n'était que de son plan. Il avait cette assurance, ce bagou que seuls les grands de ce monde ont, et Aniel ne douta pas un seul instant de l'arsenal protocolaire qu'il s'était enfoncé dans le rectum pour arriver à une telle dégaine de bourgeois sodomite.
Une créature beaucoup moins complaisante l'accompagnait, cependant. Un dinosaure de cartoon, qui dandinait son corps rondouillard comme une vieille décapotable américaine ; il semblait danser. Il portait une espèce de coquille d'oeuf brisée en guise de calbar. Cette chose, quoiqu'elle fut, était au moins aussi déjantée que le moustique format XXL qu'avait Morticia à côté de soi.
« Je vois que tu en as sous le gabarit, jeune dame. La demoiselle de lave et vous deux n’étiez pas comprises dans le plan, ce qui est fort embarrassant. Cependant, je ne suis pas contre un peu d’action… Me feriez-vous l’honneur de m’accorder cette danse infernale ? »
« Ne me fais pas rire !! »
C'était Aniel qui avait hurlé. Ce carnaval devait cesser.
Son bras s'ébouillanta et explosa dans des débris de lave. La foule s'écarta, aussitôt, - et ça valait mieux : la Fée passait à l'attaque. Tout se mit à fondre, à côté d'elle. Le sol bullait d'une telle énergie qu'il fut comme vitrifié par la chaleur, comme à la surface d'une patinoire. L'instant d'après, elle beugla d'une voix démente, inhumaine, - la rage prenait court - et projeta ce membre sulfureux en direction de l'homme. De la lave éructait dans tous les sens, réduisant la roche à l'état de purée minérale.
Le gentleman, cependant, était loin d'être impressionné. C'est du moins ce qu'il laissa entendre par son ordre.
« Je connais ton pouvoir, Aniel Guradon, mais tu n'es pas la seule à manipuler la chaleur. Ryu-Ran, détruis-moi ça. »
Le dinosaure vint se placer devant le projectile... et cracha une nuée de flammes. Le pilon de magma ne s'arrêta cependant pas comme prévu. En fait, il avançait comme un monstre affamé... Une telle chaleur n'avait aucun adversaire, dans son domaine. La bestiole poussa un bref gémissement... et éclata comme une bombe au contact de la lave, dans un geyser noir de cendre.
La foula acclama Aniel, une trentaine de mètres plus loin.
« Le feu n'a aucun effet sur moi, grogna cette dernière, s'approchant dans une démarche tanguante, - son membre encroûté de lave contrebalançait avec le reste de son corps. Tu aurais dû le savoir. »
« Jolie sirène, à toi. »
Une diversion ? Des projectiles jaillirent de la fumée de l'incendie, transperçant le bras flamboyant de la Fée.
« Manqué, AH-AH ! ricana un mineur, dans le fond. Ça marche pas, sur elle ! »
Toutefois, chose étrange, la température chuta soudainement... Il devenait presque possible d'approcher Aniel. Personne ne comprit, sur l'instant, - et personne ne comprendra probablement jamais. Morticia put cependant avoir une intuition. Quelque chose clochait. La guerrière avait ployé, sous l'impact de ces étranges projectiles. Ce qu'elle ne vit pas immédiatement déformait de douleur le visage de la Fée.
« Maudit bâtard... », grommela-t-elle, à genou.
Son pouvoir avait subitement disparu. Sur son bras ensanglanté, deux impacts de flèches. Cette « jolie sirène » l'avait touchée en plein dans le mile.
D’un côté, le semblait-il boss de la Team Nullos, sûr de lui, hautain et surtout probablement trop inquiet pour la perfection de sa chevelure. De l’autre, Aniel, Beehanca et moi. Pour ma part je repris rapidement mon souffle pendant qu’Aniel et Gros Pas Beau transformaient le village en Barbecue. Heureusement, Aniel remporta la première manche en pulvérisant pour de bon la créature draconique rigolote de Travolta. Cependant, la Fée Rouge se prit deux flèches surprises de ce que le bandit appela sa jolie sirène, cachée derrière le brouillard. Au début je me dis qu’il ne s’agirait encore une fois que d’une tentative inutile, mais Aniel souffrit, bien atteinte par les projectiles. Sa forme magmatique disparut.
- Beehanca, couvre-moi !
J’en profitais pour m’approcher d’elle tandis qu’elle était trouée au bras par deux projectiles aquatiques. Heureusement, White Power se contenta de nous regarder avec dédain, riant, nous sous-estimant comme une pute. Trois flèches se pointèrent en notre direction, mais Beehanca les intercepta avec brio grâce à son javelot. La sirène sembla n’user que de ce genre de technique pour l’instant, ce qui était en notre avantage. Je tins le membre d’Aniel et constatais qu’en effet, les deux flèches étaient imbibées d’une couche d’eau épaisse et magique. Sans perdre de temps, j’usais du tranchant de la main pour casser les flèches et les retirer du bras de ma collègue de travail. Oui, ça allait lui faire bobo, mais c’était ça ou elle se chiait dessus pour le reste de la journée. Je déchirais le bas de ma robe et exécutais un bandage fait maison pour stopper l’hémorragie. Beehanca intercepta une nouvelle nuée de flèches. Monsieur Balais dans le cul sembla perdre patience tout d’un coup. Je regardais Aniel droit dans les yeux.
- Prends le temps de reprendre des forces, je m’occupe de lui en attendant.
Sans crier garde, au moment où je me retourne vers Blanco Stupido, je lui lançais un couteau sans la moindre honte. Il eut juste le temps de pencher sa tête sur le côté, laissant la lame trancher quelques-unes de ses mèches préférées. Il poussa un soupir, amusé.
- Tu es pleine de ressources, mais ma jolie sirène ne fera qu’une bouchée de…
Pas le temps de le laisser finir, je lui balançais une série de lames tout en m’approchant de lui, de façon menaçante. Une des premières choses que l’on m’a appris lors de mon entraînement, c’est que laisser l’adversaire parler, c’était se battre à son rythme. Or, dans ce cas-là, je n’allais pas le laisser sortir une seule syllabe. Il était agile, c’était indéniable. Il évita toutes mes lames dans un ballet presque hypnotisant, jusqu’à ce qu’il intercepte mon propre poing avec sa main efféminée mais ferme. Il me sourit en plein visage, prétentieux comme jamais.
- Quelle impudence, tu es maintenant à la merci de ma jolie sirène…
- Ah oui tu crois ? BEEHANCA ! COMMENT ÇA S’PASSE LÀ-BAS !
- Exterminée. Facile.
- Quoi ?!
Du nuage de fumée, nous entendîmes un coup fatal ainsi qu’une silhouette violemment projetée vers nous. En effet, une sirène aux cheveux verts armée d’un arc et de flèches, délicatement protégée par un coquillage géant… enfin, un coquillage terriblement troué par le javelot de ma reine rose. La créature inerte s’évapora dans un pouffe digne des meilleurs dessins animés. Beehanca en profita pour fondre sur moi et donner un bon coup d’abdomen vers Jule Pleignard, me libérant de son emprise. L’homme se releva et grogna, ce qui me fit ricaner.
- Tu n’es pas le seul capable d’user de diversion, hihihi.
- Vous ne me laissez pas le choix. Mira-Bella s’occuperont de vous !
Blanche-Fesse tapa des mains et nous entendîmes un bruit bizarre provenir du nuage de fumée qui n’en finissait plus. Deux silhouettes très fines en sortirent. Deux femmes, non, pas exactement. On aurait dit la fusion entre une prostituée et un bol de spaghetti. Une brunette et une blonde, robe mauve, robe bleue. Elles avaient volé une boutique de maquillage et s’étaient même plantées des algues sur le visage. Leurs bras, leurs jambes, leur cou, tout semblait si… élastique. Ça bougeait au point d’en donner le mal de mer. Les deux sorcières rirent comme si elles se prenaient dans une pub de parfum. Cependant, je n’allais pas me laisser distraire. Tout le monde savait que si on mettait fin à Troudcul-Sama, toutes ses invocations loufoques disparaîtraient et hop, fatality !
Je dirigeais ma première lame vers notre vilain préféré, mais Mira, la blonde, intercepta le projectile en l’attrapant de sa main droite. Pourtant, elle n’avait pas bougé de là. Non, c’était son bras qui s’était ÉTIRÉ pour attraper mon couteau. Oh bah ça c’est pas d’bol ! Je jetais un coup d’œil derrière moi, espérant qu’Aniel allait bientôt rejoindre la partie. Si je m’occupais suffisamment longtemps de Mary-Kate et Ashley, Aniel pourra me rejoindre et à nous trois, nous aurons raison de ce malotru démodé. Beehanca et moi fondîmes sur les deux nouilles sous le rire mesquins du bonobo à tête blanche. Ris comme tu veux, ce sera ton tour bientôt. Je décidais de donner un coup de pied rotatif sur Mira tandis que Beehance planta son javelot vers Bella, mais ces deux… choses, n’étaient pas normales. On aurait dit de la patte à modelée ou… de l’argile, je ne sais quoi d’autre. Toutes nos attaques, contondantes, perçantes ou tranchantes, passèrent à travers d’elles comme dans du beurre. Une fois que les deux jumelles diaboliques eurent fini de jouer avec nous, leurs deux corps s’enroulèrent autour de nos corps, nous ligotant comme de vulgaires saucissons. Beehanca et moi étions totalement immobilisées. Je crois même que la main de Bella touchait mes fesses, la vilaine !
- Question.
- Oui Beebee ?
- Défaite ?
- Jamais !
Pendant que les enfants illégitimes de Luffy se moquaient de nous, Méchant-Monsieur s’approcha de moi, l’une de mes lames à sa main. Oh-oh…
Bref, c'est la raison pour laquelle je me suis dirigé vers le petit village non loin des montagnes. Je courrais avec aisance et une fois en haut de la petite dune de pierre qui surplombait le village, je guettais avec incompréhension le village. Du feu, des morts, et des gens en paniquent partout. Je m'attendais à voir un village pacifique c'est raté. J'ai hésité à tourner les talons et retourner tranquillement dans ma forêt, mais je me suis dis qu'il y avait quelques provisions à prendre avant de partir. C'est vrai quoi, ils vont tous mourir pour des histoires stupides, autant profiter pour prendre une nourriture qui va gâter si elle n'est pas consommée rapidement. Je me sentais pas vraiment concerné par ce combat à vrai dire. Les deux camps de valent non ? L'un a faim et veut détrousser les autres qui détiennent l'or et la nourriture. Les autres sont des victimes qui ont travaillé honnêtement pour voir leurs économies partir en fumée par les affamés. C'est un cycle sans fin, le plus fort triomphera du plus faible et cela continuera encore et encore, bien après ma mort. Je n'avais que peu d'intérêt pour les affaires des hommes. Je contournais le village jusqu'à une maison qui offrait une entrée par derrière. Cool, j'allais voir s'il y avait un peu de nourriture planqué quelque part. Alors que je me faufilais dans la cuisine de cette maison pour récupérer de la nourriture, le toit de la maison s'écroule suite à des flammes apparues de nulle part. Oh l'enflure, je sais pas qui a osé m'attaquer mais il allait pas faire long feu. Plein le dos de ces brigands !
Légèrement revanchard et prêt à botter des fesses, je me jetais dans la foule. Je frappais de mes pattes griffues tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un bandit. J'étais déchaîné, il ne fallait pas me chercher des noises ! J'ai du assommer ou blesser gravement une bonne demi douzaine de ces pignoufs ! Rhaa l'effet régénérant de mes coups, je ne m'en lasserais jamais ! Frénétiquement je cherchais une cible plus grosse. Mon instinct de chasseur avait pris le dessus maintenant, je voulais une proie. C'est alors que je vis deux femmes en train d'enrouler de leurs corps autour d'une blondinette et d'une sorte d'abeille un peu étrange. Une invocation probablement ? Je n'avais jamais vu d'insecte de ce genre là dans le coin. C'est alors que je vis un homme s'avançait vers les deux personnes prises aux piège avec une lame dans la main. Ah d'accord ? Maintenant que les grosses bêtes ont fait leurs offices, toi tu te pointes pour finir le travail comme ça ? Ok, jouons à ça ! Je me précipitais sur ma cible, mes quatre pattes touchaient à peine le sol quand je bondis jusqu'à l'homme au couteau. Mes crocs se plantèrent dans ses trapèzes et avec l'élan je le projetait avec mon élan tout en le conservant dans ma gueule. Deux trois roulés boulés plus loin, je m'immobilisait, une patte sur ma proie du moment. Il ne s'est même pas débattu, il n'a pas vu que j'arrivais sur lui. Je regardais interdit les deux grosses bêtes disparaître, libérant la blonde et son animal. Ah ? Moi qui voulait attirer l'attention des deux invocations pour les affronter, j'aurai peut être as du tuer leur invocateur. Ah, dommage ... Mes yeux couleurs jaune fauve se posèrent sur la demoiselle et son animal de compagnie. Qu'allais je faire d'eux ? Les attaquer ? Les aider ? Je ne sais pas, cela dépendra de leurs gestes à mon égard. Le fait est que je demeure dans ma position, relâchant juste la gorge de l'invocateur qui a déjà rendu son dernier soupire.
Elle entendait, au-loin, les spectateurs huer le grand méchant, le véritable antagoniste de roman jeunesse, - tel qu'il avait aimé se présenter - sa longue tignasse argentée étouffant sa gueule de bel éphèbe. Elle grommela. C'était risible. Comment puis-je oser ployer le genou devant ça ? J'en ai vaincu des plus féroces...
Elle se redressa. La foule finit par se taire, attentive. Combien de temps était-elle restée ainsi, hébétée par la douleur ? Difficile à dire... Voilà maintenant que Morticia se faisait saucissonner par deux espèces de foldingues, dont la souplesse exiguë, - et parfaitement incohérente - rappelait les caricatures des artistes à deux sous qu'elle croisait dans les rues de la capitale. Le pouvoir de cet homme était décidément intriguant. La blondinette avait beau se défendre, - elle et le patchwork d'imagination enfantine qui l'accompagnait - la peau des deux tortionnaires se déformait comme du caoutchouc. En l'état des choses, elles allaient mourir étouffées avant de pouvoir faire quoi que ce soit.
Quelle honte je fais... Me faire surprendre par un pouvoir aussi minable... Une brusque secousse frappa le sol. Son bras avait détonné comme de la dynamite, laissant place à du magma visqueux. Des caillots de lave, épais et croûteux, coulaient de son front, tels des dépôt de sang laissé après un accident. L'autre bras, lui, meurtri, resta coi le long de ses hanches. Il ne lui serait plus utile de la journée. Ses capacités de régénération étaient impressionnantes ; encore fallait-il qu'on ne la touche pas directement. Dans ce cas, c'était Aniel qui prenait la blessure, et non pas la Fée Rouge. C'était Aniel qui, à mesure qu'elle s'approchait lentement, sentait son membre la démanger sous la douleur ; Aniel qui vit, incrédule, une créature surgir d'on ne sait où pour saisir la gorge de son adversaire à pleine gueule.
« Il semblerait que vous ne soyez pas tous des boulets, dans ce village... »
Et ce fut Aniel qui fit la remarque. Le bestiau se délectait des entrailles du pauvre sire comme d'une part de beefsteak. Elle resta là quelques instants, contemplant le massacre d'un oeil interdit, - son corps continuait de fumer à grosses gouttes de magma.
Les femmes caoutchouc se détachèrent presque aussitôt de Morticia, bondissant en direction de l'animal. Il pourrait bien les mordre, les attaques physiques ne semblaient pas les inquiéter le début du monde. Malheureusement pour elle, ce fut la Fée qui les intercepta. Elle swingua du bras dans leur direction ; l'instant d'après, l'explosion d'un roc, dure, assourdissante, et les deux nymphes disparurent à tout jamais dans les entrailles du volcan. Le sol s'était mis d'ores et déjà à cramer comme une rizière du Vietnam ; c'était dangereux de rester ici.
« Tirons-nous... somma-t-elle, agacée, - beaucoup d'adrénaline pour peu, finalement. N'allez pas vous asphyxier. »
- Hmmmm…
- Quoi ?
- Non rien, je me demandais juste si j’avais pensé à fermer la cuisinière à la maison.
- Timming. Mauvais.
- Oui bon je sais ça va !
*Pause dans le temps*
Bon matin, moi c’est Morticia. Vous vous demandez sûrement comment je suis arrivée dans cette situation. Voici mon histoire. PAN PAN ! Tout a commencé lorsque je dégustais un délicieux thé avec Madame Croford, une gentille vieille que j’avais aidée à… Oui bon d’accord j’ai compris pas besoin de récapituler, z’avez qu’à lire plus haut quoi. Tout ça pour en revenir au présent où Beehanca et moi jouions au fucking Twister avec Pupute et Coconne, les sœurs diaboliques sorties des couilles de Casa Blanca devant nous. Pardonnez ma vulgarité mais c’était d’une FRUSTRATION et d’un RIDICULE ! Par contre j’attendis dans mon coin le moment où Aniel me sauverait des griffes de ce malotru et où on finirait par lui botter les fesses de manière épique, mais quelque chose d’encore plus incroyable arriva !
Une bête féroce fonça sur l’ennemi comme une auto-tamponneuse sans la censure afin de modifier ce RP en *seize ans et plus. Scènes gores à l’horizon.* Beehanca, les deux putes et moi-même observions la scène avec surprise dans notre cas, horreur dans celui des jumelles. Celles-ci décidèrent même de venger leur sugar daddy en tentant de sauter sur le Gevaudan (oui je connais ma faune et flore, j’ai un cerveau !) mais la Fée Rouge les intercepta avec un STRIKE bien magmatique. Je cachais les yeux de Beehanca avec ma main comme on le faisait si bien aux enfants devant une scène avec des fesses et des tétons, ce qui provoqua un soupir exaspéré de l’insecte. La bête sauvage s’approcha de moi, plongeant ses yeux jaunes pisses… pardon, jaunes fauves vers moi. Beehanca se mit à battre frénétiquement des ailes, prête à me défendre, mais je levais la main pour lui dire de se calmer. Je connais parfaitement les habitudes et le mode de vie des Gevaudan. Celui-ci n’était pas comme les autres. ces yeux… ce n’était pas des yeux de bêtes. Sa posture, ses manières, il semblait plus intelligent qu’une créature sauvage. De plus, ces créatures ne sont trouvées que de l'autre côté de la frontière. C'était louche. Je m’approchais lentement de lui et approchais ma main pour voir sa réaction lorsqu’Aniel me coupa dans mes mouvements, proposant de partir sans plus attendre. Je regardais une dernière fois en direction de la créature et lui fis un clin d’œil en tirant la langue.
- Nos chemins se recroiseront, j’en suis certaine. Par contre faudra laver ces dents pleines de sang. Tourlou !
Je me mis à gambader jusqu’à rejoindre Aniel qui avait repris sa forme humaine sans éclat de magma ou fumée toxique. Beaucoup plus abordable ainsi. Je regardais autour de nous et remarquais que les bandits étaient tout simplement partis sans en demander plus. La mort de leur chef a dû leur couper le sifflet. Beehanca me suivait de près, un peu trop sérieuse à mon goût. Je restais silencieuse à côté d’une Aniel qui avait probablement un peu la haine dans le cœur et avec raison. Je cherchais quelque chose de rassurant à lui dire, mais connaissant l’oiseau, c’était comme jouer à tic tac to avec la faucheuse. Du coup je me contentais de rester moi-même.
- Eh Aniel… ça te dit on va s’chercher une glace en arrivant à la Capitale ?
- Saveur. Miel.
- Oui Beehanca, t’en auras aussi !
J'ai à peine le temps de grogner d'énervement qu'une véritable brasier à lieu sous mes yeux. Tout juste la marge de manœuvre pour moi de reculer en entraînant mon repas avec moi que des morceaux des deux bestioles s'effondrent à côté de moi. Du feu partout, si y a bien un truc qui ne me rassure pas c'est bien cet élément si incontrôlable. Les brûlures ça fait extrêmement mal, et je pense que si j'avais eu le moindre poil enflammé à cause d'une approximation de la pyrokinésiste, j'aurai fais un massacre dans le village avant de partir ! Mais non, ça va je suis indemne même si maintenant j'ai l'impression que notre amie ici présent a estimé qu'il serait judicieux de créer une fournaise ici devant tous les habitants qui partaient en courant pour échapper aux flammes. Oui, la demoiselle avait le chic pour faire un final artistique des plus dévastateurs. J'en venais presque à me demander s'il n'y avait pas eu plus de dégâts occasionnés par les flammes de la demoiselle que par les bandits ...
Mais bon, je n'allais pas faire la fine bouche, j'avais mon repas et après tout, cela ne regardait que les gens du village et les humains. Je me pris à rester cependant admiratif devant le potentiel destruction de cet étrange trio. Une pyromane, un insecte étrange et une blondinette. Vu leurs tempéraments des plus impulsifs, j'aurai imaginé une attaque contre moi mais apparemment ils préféraient prendre la fuite. Pas à cause de moi malheureusement, mais peut être s'étaient elles rendu compte du carnage qu'elles avaient causé ? Allez savoir, je ne suis pas la voix de la morale non plus, et c'est pas moi qui vait les blâmer d'avoir abusé de leurs puissances. Il n'y a que ça qui prime en ce bas monde n'est ce pas ? Je regardais la blonde qui m'adressait quelques mots. Elle se doutait que je pouvais la comprendre ? Quel merveilleux sens de la déduction ! J'attrapais la carcasse de l'humain que j'avais attrapé et je le gardais dans ma gueule. J'inclinais légèrement ma tête en signe de salutation et je me décidais à repartir dans une direction opposée pour profiter de mon repas un peu plus loin, à l'abri de ce vacarme. Ces humains sont vraiment étranges, et dire que j'en étais un y a pas si longtemps que ça. Ma silhouette eut tôt fait de disparaître du champs de vision des trois comparses, dissimulée derrière l'épais nuage de fumée.