Malgré les jours qui passaient, les cauchemars de Nevaeh ne manquaient jamais au rendez-vous. Chaque nuit, elle se réveillait, terrorisée et de plus en plus épuisée. Elle n’osait même pas se regarder dans le miroir, ne voulant pas voir à quel point elle était devenue un fantôme. Elle ne pouvait pas admettre que ses yeux vides de vie étaient les siens. Les ecchymoses avaient presque disparu et les plaies allaient suivre bientôt. Pourtant, même si les blessures physiques étaient presque guéries, elle était loin d’aller mieux psychologiquement. Certaines nuits, elle arrivait à distinguer ses rêves de la réalité. Mais, cette nuit, elle en était encore prisonnière, se débattant contre sa couverture, hurlant qu’on la sauve. Ces épisodes n'étaient plus rares et ses voisins commençaient à se plaindre. Malgré ses cris, personne n’avait la décence de venir voir si elle allait bien. Elle n’était pas certaine si elle devait être reconnaissante ou non. D’un côté, elle n’avait pas envie que quelqu’un la voit en pleine crise, mais en même temps, qu’arriverait-il si elle avait une réelle urgence. Ses voisins ne voulaient pas avoir de problème, ils voulaient seulement s’occuper de leur petite vie bien tranquille. Si quelque chose devait arriver, elle ne pouvait compter que sur elle-même.

Une fois libéré de ses draps, Nevaeh recommençait à voir plus clairement. Elle était chez elle. Elle allait bien. Elle était en sécurité. Mais, l’était-elle vraiment ? Elle avait un pressentiment désagréable. Cette impression d’être observé. Ce sentiment de ne pas être seule. Sa paranoïa la rendait de plus en plus malade. Nevaeh ne pouvait pas continuer de vivre de cette façon. Devoir vivre caché entre les quatre murs de son appartement était complètement inconcevable. Ce n'était pas son genre, ce n’était pas elle. Elle appartenait à la guilde, dans le monde extérieur.

Avec ses sens aux aguets, elle prit une grande respiration pour se calmer. Ses dagues en main, elle se déplaça dans l’obscurité de son logement pour s'assurer qu’elle était seule. Sans faire de bruit, elle observa les ombres pour vérifier que personne ne s’y cachait. Il n’y avait personne. Ce n’était que sa tête qui lui jouait des tours. Enfin, c’est ce qu’elle aurait voulu. Son cœur a fait un bond lorsqu'elle a vu quelque chose bouger. Cette fois, ce n’était pas seulement la paranoïa qui parlait. Elle avait vu quelque chose.

« Qui est là ! »

Dit-elle, son ton calme et autoritaire. Elle devait se montrer forte. Ce n’était pas le temps d’avoir un moment de faiblesse. Cette fois, elle n’était pas sous l’influence de quoi que ce soit. Elle pouvait se battre. Elle pouvait se défendre. Cette fois, ce sera différent. Si cette personne était venue la cambrioler, il avait choisi la mauvaise personne. Une bête en panique peut être tout aussi dangereuse qu’imprévisible.

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Personne ne répondit à sa question malgré les nombreuses silhouettes qui se tenait dans l’ombre. Ce fut la faible lumière d’une bougie qui révéla partiellement l’identité des personnes présentes. Clairement, ce n’était pas un simple cambriolage. Non, il y avait quelque chose de plus. Nevaeh n’était pas certaine de ce que ces personnes voulaient, après tout elle n’était pas quelqu’un d’important. Elle n’avait pas d’influence ni de pouvoir extraordinaire. Par la lueur de la chandelle, elle pouvait devenir que l’homme assis devait être le chef ayant orchestré le tout. Il était le seul assis et dissimulait son identité. Il ne faut jamais être trop prudent. Peut-être était-ce parce qu’elle le connaissait ?

Le silence fut brisé d’abord par le grincement de la chaise puis la voix de l’intrus. Devant une telle audience, elle ne pouvait pas se permettre de paniquer. Elle ravala ses peurs et s’avança vers la table d’un pas assuré. Son regard durcit et sa peur se transforma en une colère glaciale. Rapidement, elle analysa la situation tentant de trouver une façon de se sortir du logement. Elle était énormément désavantagée. Elle pouvait bien voir qu’elle était plus faible physiquement et même si elle parvenait à sortir, elle pouvait voir du mouvement à l’extérieur. Il était impossible pour elle de savoir exactement à combien d’ennemis elle pouvait faire face. Même avec ses deux dagues encore dans ses mains, se serait du suicide de tenter quoi que ce soit.

« N'est-ce pas injuste que vous connaissiez mon nom alors que je ne sais pas qui vous êtes ? »

Elle ignora complètement son invitation à prendre place. Si elle était assise, elle serait plus vulnérable. Elle ne pourrait pas réagir en un instant avec une chaise dans les jambes. Elle contrôlait sa respiration pour calmer ses nerfs. Elle était le centre d’attention et elle pouvait sentir que c’était une très mauvaise place. Un bruit perturba la scène. Elle jeta un coup d’œil derrière la personne masquée et vit la silhouette de trois personnes. Allait-il l’attacher et la bâillonner comme eux ? Il voulait lui montrer ce qu’il allait lui faire ?

La jeune femme n’avait guère envie de partager sa table avec cet inconnu, mais peut-être qu’elle pouvait le divertir assez longtemps avant de trouver des indices et une solution. Elle arracha la chaise des mains de l’hybride en le dévisageant de ses yeux et s’assit. Il n’était pas le bienvenu chez elle. Ni aucun d’eux. Une fois assise, l’hybride fit grincer la chaise encore en avançant Nevaeh plus près de la table.

« Vous avez de bonnes manières pour quelqu’un qui vient d'entrer par effraction chez moi. Si vous vouliez tant un souper romantique, vous auriez pu simplement demander. »

Elle ignorait d’où lui venait ce courage de lui répondre de façon aussi audacieuse, mais au moins cela arrivait à cacher son stress.

« Et qui sont ces invités d’honneur que vous avez si gracieusement emmené jusqu’ici ? »

Nevaeh ne reconnaissait pas du tout ces yeux. Si elle les avait déjà vu, il aurait été impossible pour elle de les oublier. Malgré la noirceur de la pièce, ses yeux bleus perçaient les ténèbres. La voix ne disait absolument rien non plus. Elle avait beau creuser dans sa mémoire, tentant de réfléchir à un aventurier ou un client qui pouvait lui ressembler, mais elle ne trouvait rien. Il devait bien la connaitre de quelque part. Un bar ? Non, elle se serait souvenu d’avoir bu avec lui. Il était tout un mystère pour l’aventurière.

« Alors, que me vaut l’honneur de votre visite ? Je suis pourtant quelqu’un de bien ordinaire, alors que me valent toutes ces préparations ? »

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Visiblement, il n’allait pas dévoiler ses cartes. Toutes ses questions restaient sans réponse, frustrant et stressant de plus en plus Nevaeh. Au lieu de répondre, il fit entrer encore plus de personnes à l’intérieur. Si plus de personnes continuent de rentrer chez elle, bientôt il n’y aura plus de place pour ne serait-ce que respirer. Peu à peu, les murs semblaient se refermer sur elle. Elle se concentra sur sa respiration pour ne laisser rien paraître. Moins elle laissait paraître ses émotions, moins il aurait d’emprise sur elle.

Il avait tout préparé dans le moindre détail. C’était malheureusement impressionnant. Elle avait affaire à un criminel d’expérience. Malgré les mouvements autour d’elle, elle n’y portait pas attention. Il transformait la scène de crime en pièce de théâtre. Ses yeux ne quittèrent les siens que quelques secondes pour regarder brièvement le buffet devant elle. Si les circonstances n'étaient pas si sinistres, cela aurait pu être charmant. Elle ne pouvait pas se souvenir la dernière fois qu’elle avait eu un souper romantique. Elle avait bien abandonné l’idée de se trouver quelqu’un pour partager le reste de sa vie. C’était une bonne chose, surtout dans le moment présent. Il avait dû effectuer des recherches sur elle. Ce serait plus que regrettable si quelque chose devait arriver à ses proches.

Son commentaire l’inquiéta. Elle n’était qu’une simple hôtesse à la guilde. S’il voulait quelqu’un d’influence, il aurait dû s’en prendre au conseil ou les saphirs. Son train de penser fut plutôt court. Enfin elle allait avoir une réponse. Ce n’en était qu’une, mais c’était mieux que rien. Avec anticipation, elle regarda avec horreur le visage de Gus se faire dévoiler. Pendant un laps de temps, elle oublia qu’elle était entourée et son souffle se coupa. Un violent frisson lui hérissa les poils et elle sentait son corps trembler légèrement. Non seulement avait-il sorti Gus, mais les deux autres aussi. Brusquement, elle se releva. Dans son geste, la chaise tomba à la renverse. Elle avait garder son calme bien assez longtemps. Elle était furieuse. Tout ce temps, elle se croyait en sécurité, mais il les avait sorti de prison.

« Ils étaient en prison pour une bonne raison. Qui. Êtes. Vous. »

Cette charade avait duré trop longtemps. Il savait qui elle était et était même au courant de l’attaque. Seules quelques personnes étaient au courant de l’évènement. Il y avait Jack et les gardes. Plus elle réfléchissait, plus elle en venait à conclure qu’il devait être leur patron. Et il voulait qu’elle mange ? C’était ridicule. Si elle n’avait pas faim tout à l’heure, elle avait maintenant mal au cœur juste à regarder la nourriture. Même si le repas était des plus luxueux, il devait sûrement empoisonner ou droguer. Elle n’allait pas se faire piéger. Fidèle à lui-même, il ne répondit qu’à moitié.

Sa chaise fut remise sur ses pattes et elle fut forcée de se rasseoir par le même hybride qui était toujours trop près d’elle. Pas qu’elle allait avouer que sa présence la rendait mal à l’aise. Elle ne voulait pas donner plus de munitions à l’homme en face d’elle. Pouvait-elle le qualifier d’homme ? Son alias lui allait bien. Il avait l’air… mort. Elle était sûre maintenant. Elle ne l’avait jamais vue. Alors qu'il se rapprochait d’elle, instinctivement elle recula, mais son bras était assez long pour que ses doigts osseux se posent sur son visage. Violemment, elle repoussa son bras.

« C’est très simple, ils n’étaient pas à la hauteur de vos attentes.Vous choisissez mal vos subalternes si vous me demandez mon opinion. Vous pensez que je suis faible simplement car je suis une femme ? Vous vous trompez gravement. »

Elle n’allait pas dévoiler le nom de Lunarya. Heureusement, Gus ne connaissait pas le nom de la garde qui l’avait aidé. Elle avait déjà été entraînée dans l’attaque à cause d’elle. Tant qu’elle le pourrait, elle la laisserait en dehors de cette histoire.

« Il y a des gardes partout dans la ville. S’occuper de quelques saoulons, ce n’est que la routine pour eux. Ils sont venus les arrêter pour les jeter dans le fond d’une geôle, où ils appartiennent. »

Pourquoi voulait-il savoir une telle chose ? Elle ne pouvait pas comprendre ce qu'il voulait. Peu importe ce qu’il pouvait bien vouloir, elle ne lui donnerait pas.

« Et si au contraire, vous me racontiez ce que vous voulez. Sinon, nous n’avions rien à discuter. »

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Aussi fâchant que cela était, Nevaeh devait admettre qu’il avait réfléchi à tout. Il était ce genre de personne facile à détester, vil, moqueur et manipulateur. Malgré ses défauts, il était calme et calculateur. Il était en contrôle et savait ce qu’il faisait, préférant utiliser les mots plutôt que la violence. Après tout, s’il avait choisi un chemin plus brutal Nevaeh ne lui aurait jamais adressé un seul mot. À moins de l’insulter. Réalisant qu’elle ne pouvait rien faire contre lui, elle soupira. Toutefois, dans sa désolation elle put entrevoir une lueur d’espoir. S’il avait déployé autant d’effort, il n’allait tout de même pas la tuer. Elle n’était en revanche pas convaincue pour la nourriture. Elle serra les dents lorsqu’elle entendit les ricanements.

« Autant que j’aimerais vous croire, il serait plutôt triste d’être la seule à manger. Pourquoi donc avoir laissé votre assiette vide ? »

Elle entendait le sous-entendu dans ses mots. Il a toujours ce qu’il veut. Quelle qu'en soit la méthode. Et très visiblement, la voie de l’agressivité était généralement la première qu’il prenait. Le regard froid et perçant du Non-Mort se remplissait de curiosité, comme si soudainement elle était devenue ce mystère impossible à résoudre. Après tout il n’avait pas eu ce qu’il voulait en un claquement de doigt cette fois-ci. Son discours ne laissait aucune place pour le réfuter. Mais, comme on dit, s’il n’y a pas de porte, elle n’a qu’à en faire une elle-même. Elle croisa les jambes et poignarda la table en bois, laissant sa dague bien droite et bien visible. S’enfonçant dans sa chaise avec plus de confort, elle étendit son bras pour y prendre le verre de vin qu’elle n’avait pas encore touché et le renifla.

« Vous vous connaissiez aussi bien en vin qu’en crime. Vous voulez quelqu’un pour vous vendre des informations ? Vous avez bien raison de choisir un hôte pour pouvoir en trouver. Après tout, nous sommes le premier contact autant pour un client que pour un aventurier. »

Elle se racla la gorge et prit une gorgée de vin. De tous ses maux, la gorge était encore endolorie par tous les cris.

« Mais, je dois dire que je n’ai jamais entendu parler d’une telle organisation. N’a-t-elle pas de nom ? »

Son sang bouillait à l’intérieur. Il osait croire qu’elle allait trahir la guilde ? Jamais. Mais elle ne pouvait pas non plus refuser l’offre dès maintenant. Elle devait trouver le plus d’informations possible.

« Je n’aime pas beaucoup intégrer un projet sans avoir la moindre information. Vous dites pouvoir m’aider en cas de pépin, mais qu’arrivera-t-il si un autre membre de cette organisation plus haute dans la hiérarchie veut se débarrasser de moi ? Êtes-vous donc celui qui dirige cette organisation ? Allez-vous me protéger de l’organisation elle-même ? »

Nevaeh n’était pas certaine s’il allait répondre. Il avait depuis tout à l’heure cette manie plutôt frustrante de rester silencieux ou détourner la réponse. Il n’y avait aucune confiance entre ces deux individus. Peut-être qu’il se doutait de quelque chose. Elle devra alors se faire plus convaincante.

« Autant que j’apprécie votre visite, il se fait plutôt tard. J’ai besoin de beaucoup de repos à cause de vos hommes. »

Elle indiqua Gus d’un coup de tête sans le regarder.

« Et si nous terminons cette visite.  Si vous avez un contrat à signer, je serais bien intéressée à le lire. Sinon, nous pouvons en faire un dès maintenant. Voyez-vous, j’apprécie cette belle fleur que vous me donnez, mais je préfèrerais l’avoir en écrit, question que personne n’oublie. »

Elle fit tourner le verre dans ses mains, observant le vin tourbillonner. Elle savait ce qu’elle devait faire.

« J’ai une plume et des parchemins au besoin dans la cuisine. »

Nevaeh s’était résignée à sa fin. Elle allait lui faire ce plaisir de se débattre jusqu’à la fin, mais s’il y avait la moindre chose qu’elle allait laisser derrière, ce seraient des indices sur ce qui venait de se passer dans le logement. Le moment était ainsi venu. Elle décroisa ses jambes et se redressa. Sa main se crispa autour de son verre avant de lui faire un toast et lui renvoyer un sourire.

« Simple question pour me divertir. Pourquoi moi ? Était-ce un choix au hasard ou spécifique ? »

Elle redoutait autant sa réponse que ce qu'elle allait faire ensuite.

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Il était donc vraiment comme un cadavre ambulant. Il n’avait pas besoin de se nourrir et elle supposait qu’il n’avait pas non plus besoin de s’hydrater. Avait-il besoin de dormir ? Comment faisait-il pour empêcher le corps de se détériorer plus qu’il ne l’était déjà ? Même lorsqu’il lui répondait, cela soulevait plus de questions pour elle.

Nevaeh aurait bien aimé que ses questions plus importantes soient répondues, mais la seule chose qui était plus ou moins importante était que le groupe semblait avoir des branches séparées. Bien que ces hommes à lui ne lui fissent aucun mal, finalement, il ne pouvait pas garantir sa sécurité envers cette organisation. Au moins elle avait un nom et un visage. C’était un début. Elle fut déçue de ne pas pouvoir au moins laisser une trace de leur rencontre. Mais il était trop prudent. Elle devait s’y attendre.

Lorsqu’elle vit les hommes vider la table pour y mettre une nappe, elle retira la dague qu’elle rangea dans le fourreau de sa cuisse droite et d’un geste subtil elle s’assura d’avoir sa deuxième rangée à sa gauche. Elle y était. Elle n’avait pas peur. Elle s’était résolue. Si elle devait mourir ce soir, elle accueillerait la faucheuse à bras ouverts. Mais, en même temps… Si elle pouvait garder l’attention de l’organisation sur elle, peut-être pourrait-elle éviter que quelqu’un d’autre attire leur attention. C'était son problème. Elle était la cible et elle n’allait pas laisser qui que ce soit se faire entraîner comme Lunarya. Cette fois-ci, elle sera la seule victime.

Elle vit l’hybride revenir avec une des plus belles dagues qu’elle n’avait jamais vues. Celle-ci était décorée d’émeraude, comme ses bijoux. Avait-il prévu qu’elle accepte son offre ? Elle lui montrera qu’elle n’est pas la personne qu’il pense. La jeune femme se leva et prit la lame avec sa main droite. Elle se plaça entre le Non-Mort et l’hybride et leva son verre pour faire un toast.

« Et bien messieurs, ce fut une nuit des plus mémorables. Je dois avouer qu’il faut beaucoup de courage et beaucoup de talent pour orchestrer une telle discussion. »

Malgré tous les yeux sur elle, personne ne semblait s’attendre à ce qu’elle allait faire. La mort était une fin beaucoup trop belle pour Gus. Elle aurait bien voulu l’égorger comme un porc, prendre justice entre ses propres mains. Mais, n’était-elle pas mieux que ces criminels si elle faisait une telle chose. À ce moment même, il ne s’agissait plus de légitime défense. Il s’agissait d’un meurtre. Et elle pouvait voir dans les yeux de tous, leur soif de sang.

« En cette splendide nuit de pleine lune, je déclare la chasse ouverte. »

Il fallait bien applaudir Nevaeh pour ce spectacle de courage. Elle pouvait bien avoir des nerfs d’acier lorsqu’il le fallait. S’il était déçu que son histoire ne fût pas haute en couleur, elle allait lui en donner une dès maintenant. La guilde était sa maison et les aventuriers sa famille. Elle pouvait bien se foutre royalement sur qui il voulait des informations, elle n’allait pas commencer à vendre sa famille. Ni aujourd’hui. Ni demain. Ni jamais. Elle entama ainsi le jeu du chat et de la souris.

Plus rapidement que l’hybride puisse comprendre ce qui se passe, Nevaeh donna un puissant coup de pied sur le pied de la table. Celle-ci était déjà faible après avoir reçu le poids de Gus lui tomber dessus. Sans aucune élégance, l’homme retenant Gus perdit l’équilibre lorsque ce dernier tomba avec la table sur le Non-Mort. Elle lança ensuite son verre de vin qu’elle gardait comme arme temporaire pour pouvoir aveugler l’hybride avec l’alcool et les morceaux de vitre. Une fois aveugler, elle fila comme une flèche vers sa porte, sans manquer de couper profondément la cuisse de l’hybride sur son passage. Bonne chance pour la poursuivre.

Elle esquiva de très peu les gardes du corps qui s’étaient remis du choc. En les esquivant, elle perdit pied, mais elle regagna son équilibre en un instant. Une fois à sa porte, celle-ci ne montra aucune résistance, gracieuseté des criminels qui avait pris bien soin de crocheter la serrure. Comparer à la nuit dernière, la chance lui souriait. Personne ne gardait la porte de l’extérieur. La sortie était près. Elle n’avait qu’un seul étage d’escaliers à descendre avant de pouvoir sortir de ce bloc d’appartements. Elle n’avait pas le temps de remercier Lucy pour sa chance que les deux gardes du corps étaient à ses trousses. Ces deux personnes étaient bien loin d’être du même calibre que Gus. S’ils la rattrapaient, ils allaient lui donner du fil à retordre.  

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Elle était libre, mais à quel prix. Cette évasion n'était que la première d'une longue série. Honnêtement, elle ne savait pas combien de temps elle aurait besoin de lui échapper. Cette nuit seule lui a permis de savoir qu'il ne la laisserait jamais libre. Elle était sa cible. Il lui a dit. Ils ne la laisseraient jamais tranquille. Elle avait été choisie, pour quelle raison ? Elle ne le savait pas. Elle n’était pourtant qu’une simple hôtesse. Il aurait pu choisir n’importe qui. Pourquoi elle ? Elle n’avait rien de spécial. Elle tourna la tête, remarquant que plus personne ne la poursuivait. Ils avaient peut-être abandonné ce soir, mais qui savaient quand ils allaient frapper à nouveau ?

Elle l'entendit lui dire ses derniers mots. Il n'abandonnera jamais. Pas jusqu'à sa mort. Et elle avait le sentiment qu'il ne la laisserait pas mourir en paix. C'était une promesse et une menace. Lorsque la mort viendra, elle ne sera pas sans douleur. Pour être honnête, Nevaeh n'aurait jamais pensé qu'elle quitterait son appartement. Elle s'attendait à devoir se battre chaque centimètre pour sortir de là. Elle s'attendait à un bain de sang. S'il ne l'avait pas fait aujourd'hui, il le ferait plus tard. Quand elle aurait baissé sa garde. La prochaine fois qu'ils se verraient, ce ne serait pas pour manger ni pour parler.

Elle courut comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. En un rien de temps, elle avait quitté son quartier et s'est retrouvée au milieu de la capitale, dans les grandes rues. Ils n'oseraient pas la poursuivre s'il y avait autant de gardes autour. Elle regarda ses alentours pour s'assurer qu'elle ne voyait personne de suspect avant de s'asseoir sur un banc vide. Sa main et sa dague étaient encore ensanglantées. Elle devait les nettoyer avant d'attirer l'attention.

Alors que la nuit tombait et que les rues se vidaient d'heure en heure, Nevaeh s'est retrouvée coincée dehors, sans savoir où aller. Elle ne pouvait pas retourner chez elle, du moins pas maintenant. Si elle allait à la caserne, elle se ferait poser trop de questions. La seule place qu’elle put penser fut la guilde. Si elle avait de la chance, il n'y aurait pas beaucoup de monde.

Une fois à la guilde, elle jeta un coup d’œil à l’intérieur par la fenêtre. Parfait, il n’y avait personne. Furtivement, elle se glissa à l’intérieur se rendant jusqu’au comptoir sans se faire remarquer. Enfin presque. Elle donna la chair de poule à sa pauvre collègue Amara.

« Neva !? »

En entendant son nom se faire crier, elle ne put s’empêcher de lui sauter dessus pour l’empêcher de faire plus de bruit. Elle la tira vers le bas pour se cacher derrière le comptoir où personne ne pourrait les voir ou les entendre.

« Shhhh. Tu ne m’as pas vu. Je ne suis jamais venue. Si on me cherche je ne suis pas chez moi, ni ici ni même dans la capitale. J’ai un message important que tu dois donner à Jack. Il faut qu’il efface toute trace de moi. »

« M-mais qu’est-ce que… »

Nevaeh s’exaspéra lorsqu’elle entendit Amara tenter de formuler une question. N’était-il pas évident qu’il ne fallait pas poser de questions dans de telles circonstances ?

« Chut ! Pas de question. »

Ne lui laissant aucune chance d’argumenter, la brune se releva pour regarder si quelqu’un était entré. La guilde était encore vide. Parfait. Elle se releva et prit la clé d’une chambre qui n’avait aucune fenêtre. Elle n’aimait pas l’idée de mettre en danger la guilde, mais c’était pour le moment, l’endroit le plus sécuritaire après la caserne. La nuit allait être longue, mais c’était assez long pour que Nevaeh puisse réfléchir à un plan. Elle allait devoir changer d’identité, mais cela allait devoir attendre le lendemain. Pour le moment, une douche et du repos allaient devoir passer en premier.

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