Alors qu’il venait de jeter le bouquet au sol, une petite voix se fit entendre derrière lui tentant de l’attirer du mieux qu’elle le pouvait.
« Monsieur! Attendez! Vous avez échappé votre bouquet! »
Poussant un soupir las, l’homme avait fait comme s’il ne l’avait pas entendu et poursuivi sa route dans l’intention de retourner dans le nord sans faire d’histoire. Malgré tout, le bruit de petite botte heurtant le sol se faisait toujours entendre.
« Vous allez trop vite! Souffla la petite voix suivie d’un froissement de papier assez audible ainsi que d’une plainte venant de cette même personne. Humpfh!...Oh non! »
Il s’arrêta finalement pivotant légèrement sur ses appuis pour finalement apercevoir une petite fille allongée sur le sol. Son bonnet avait glissé sur son front cachant la moitié de son visage et malgré tout, elle avait levé les yeux pour chercher autour d’elle. Haydan s’était rapproché d’elle pour venir la soulever d’une simple poigne sur son manteau et la remit sur pieds. Surprise, la petite s’était débattue un instant et s’était calmée lorsqu’elle avait enfin un pied à terre. Elle s’était empressée de replacer son bonnet, mécontente, mais quand elle remarqua le géant aux longues oreilles sa moue s’était transformée en sourire.
« C’est vous! Commença-t-elle en se penchant pour attraper le bouquet de fleurs. Voilà! Vous aviez échappé cela! Enfin…Je…»
Son regard changea subitement quand elle remarqua que plusieurs d’entre elles avaient la tige brisée leur donnant un air bien plus triste.
« Je suis désolée, je ne voulais.
- Ne t’inquiète pas. Je ne les avais pas échappés, je les avais jetés.
- Mais pourquoi? Elles sont jolies pourtant!
- C’était un cadeau pour quelqu’un…
- Vous avez eu peur qu’elle ne les aime pas?
- Non, elle n’est jamais venue…
- Oh… désolée. »
Ses parents lui disaient pourtant qu’elle était née sous une bonne étoile, mais elle avait surtout l’impression que la chance n’était pas avec elle en cette soirée, puisqu’elle enchaînait les bourdes! Elle se mit à fouiller dans les fleurs restantes et en avait trouvé une toujours intacte avant qu’elle ne lui fasse signe de s’approcher.
Haydan avait donc du posé presque un genou au sol pour se mettre à sa hauteur et fut bien surpris de voir la petite lui tendre une fleur. Il arqua un sourcil, malgré son air froid, elle ne s’était pas laissée intimider.
« Tiens, pour toi. Même si ça ne va pas, il faut se relever et continuer à avancer, c’est ce que papa m’a dit. Quelque chose de beau finira par t’arriver aussi un jour! Il faut juste ce montré patient. »
Tenant la fleur délicatement entre ses doigts, le garde sourit face à l’innocence de la jeune fille qui semblait déjà bien sage pour son âge.
« Emma, où es-tu!? Entendirent-ils crier.
- Oh! Mes parents me cherchent. Je dois me dépêcher avant qu’ils ne s’inquiètent! Au revoir monsieur et profiter bien du solstice malgré en ce jour de neige! Finit-elle en lui faisant de grands signes de la main avant de rejoindre sa famille avec le bouquet en main. »
Fixant la fleur, il la fit légèrement rouler entre ses doigts avant de la glisser dans la poche de son veston. Cette enfant avait raison et puis il n’en était pas à son premier échec en ce qui concernait ses amours. Il en était à sa première visite au village aquatique alors autant profiter et visiter même s’il était seul!
Doucement il ouvre le cadeau que lui a fait Fedora, il y a une certaine délicatesse dans ses mouvements, comme s’il cherchait à prendre autant soin du cadeau qu’il prend soin de la jeune femme. Il y va tout de même un peu plus fort avec le cadeau, il ne faut pas abuser tout de même. Il a le cœur qui rate un battement en voyant ce que c’est. Ça semble idiot, mais les gants en renard le touchent beaucoup. C’est un endroit qu’il a parfois un peu honte quand il voit ses doigts remplis de petites cicatrices liées à son travail, mais en même temps, elle a raison, c’est important de les protéger du froid. Il les enfile directement, attendre ne sert à rien dans ce genre de moment.
— Merci ! Ils sont très confortables et…
Il plie plusieurs fois les doigts pour en tester toute la souplesse et c’est juste parfait. Enfin, il y a bien une partie de lui qui chipote un peu parce que c’est moins rapide et fluide que sans les gants, mais c’est logique en même temps. Cela aurait été étonnant que cela pas ainsi.
— Et juste parfait ! On peut bouger les doigts presque comme s’il n’y avait pas de gant ! J’aime beaucoup !
Il a le même regard qu’un enfant qui reçoit un cadeau, quelque part c’est un peu cela mine de rien. D’ailleurs, en parlant des enfants, il y pense un peu, même s’il ne voulait pas trop pour le moment. Pourtant, il faudra bien rentrer à un moment, juste pas tout de suite.
— Après la coupole est-ce qu’il y a un endroit qui te plairait avant de retourner voir nos petits éclairs ?
Toujours dans le marché aux coraux, Haydan avait donc décidé de se rendre seul aux endroits qui avaient attiré son attention lorsqu’il était arrivé plus tôt. La petite Emma avait bien raison et même si la gamine s’était montrée plus sage que lui, il n’allait pas se laisser abattre pour quelque chose dont il avait l’habitude. Plutôt triste non?
Enfin, il pourrait en profiter pour acheter quelques cadeaux à offrir à sa famille et surtout sa mère en réalité. Il ne se souvenait pas les avoir déjà vu prendre du repos loin de la maison alors peut-être n’avait-elle jamais pu mettre la main sur certains accessoires d’ici. S’approchant alors d’un premier étale, il remarqua la présence d’étoffe rappelant les couleurs des fonds marins. Brillant et changeant de couleur selon les reflets, cela aurait pu faire un très beau cadeau s’il avait su quoi en faire.
« Vous voulez y toucher? S’enquit alors la vendeuse avec un joli sourire.
- Je n’oserais pas. J’aurais bien trop peur de l’abîmer.
- Ne vous inquiétez pas, ce que vous voyez ici ne sont que des échantillons. Je garde la véritable marchandise cachée des vilaines mains salles.
- Heureusement…
- J’imagine que ce n’est pas pour vous, quoiqu’au vu de vos jolis habits cela se pourrait.
- Merci, mais je cherche surtout un cadeau à offrir.
- Un ou une amie? Quelqu’un cher à votre cœur?
- Ma mère.
- J’ai de beaux foulards si vous désirez, cela passe partout bien qu’il s’agit surtout d’un accessoire à porter à l’intérieur. Ils sont parfaits pour cacher les épaules et couper le vent si porté avec une jolie robe.
- Hmm…
- Puis si vous voulez, vous pouvez vous rendre à trois tables d’ici! Mon collègue pourra vous conseiller sur de jolis bijoux qui pourraient accompagner l’étoffe. »
Cette femme s’y connaissait bien et peut-être qu’un foulard pourrait vraiment plaire à sa mère qui parfois se plaignait d’avoir froid par moment. Puis ce n’était pas spécialement pour le côté raffiné qu’il l’avait trouvé jolie, mais pour sa couleur et sa texture.
« Très bien, je vais vous prendre votre un foulard.
- Vous n’allez pas regretter! C’est l’un de mes meilleurs vendeurs et en tant que mère moi-même, je peux vous garantir que cela me ferait plaisir. Puis, l’important c’est que le cadeau vienne du cœur. »
Il procéda à l’échange puis garda en main le sac en tissu dans lequel se trouvait le foulard soigneusement plié. Il avait bel et bien l’intention de se rendre au stand qui lui avait été conseillé.
— Garde ! Rune ! Regarde ! C’est tout beau et ça brille ! Dans tes cheveux ça serait trop beau !
Cannelle regarde ce que l’enfant montre du bout de ses doigts, un carillon en verre qui ressemblerait presque à une broche pour cheveux . Le familier grogne un peu et détourne l’attention du petit vers autre chose, des bougies parfumées visiblement, alors que l’homme qui les accompagne prend l’objet en question discrètement. Pas qu’il le vole, non, il le paye tout en gardant les enfants à l'œil. Cet homme a un certain talent.
Rune qui suit exactement le rythme des pas de Cannelle pour lui caresser le flanc en même temps que leur progression dans différent stand à un grand sourire aux lèvres, même si ses yeux semblent chercher quelque chose tout autour d’elle. À un moment elle lève le nez pour sentir une odeur et Cannelle en fait de même. Cela sent la verveine chaude. Le chocolat aussi.
— Rune ! Regarde ! Je vole !
Tout en disant cela Melta se métamorphose entièrement en ribou et commence à leur voler autour gaiement. Cannelle soupire et saute pour attraper l’enfant avec une délicatesse qu’elle a apprise depuis le temps. Attraper des riboux en plein vol sans les blesser est presque devenu un art à ce niveau-là. Rune fait des gros yeux au petit et il a l’air tout penaud en reprenant sa forme humaine.
— Désolé, ferais plus. Voulais juste jouer.
Un câlin et un rire plus tard, tout semble bien loin. Vraiment, l’insouciance de l’enfance est pas mal du tout.
"Je suis heureuse que cela te plaise!" Affirme-t-elle sincèrement avant de venir prendre la main de Faolan dans la sienne. Elle ne sent pas réellement le gant, sa matière ou sa chaleur et pourtant, elle ressent tout de même une douce chaleur au fond d'elle. Que veut-elle faire après? Y a-t-il un endroit qu'elle veut aller voir avec le jeune homme? Pas réellement quoi que... Elle ne lui a jamais montré sa transformation! Elle ne voulait pas spécialement le faire, elle considère que c'est un échec car après tout, elle n'est pas humaine sous cette forme mais, il la qualifie toujours de féé et, c'est un peu ce qu'elle est sous cette apparence et puis... C'est tout de même un changement, une avancée vers son espoir de redevenir humaine! Peut-être que cela aussi plaira à Faolan, voir qu'elle progresse vers un résultat qu'ils attendent sans doute tout les deux, au moins un peu...
"Je veux retourner auprès des enfants mais d'abord..." Commence-t-elle. "J'aimerai te montrer quelque chose! Tu veux bien?"
Haydan gardait donc contre lui le joli foulard qu’il avait acheté et s’était alors dirigé vers la table où se trouvaient les nombreux accessoires qu’il y avait à acheter. Évidemment, dès qu’il s’arrêta devant la table un petit monsieur se mit à lui parler des nombreuses pierres qu’on pouvait trouver dans les fonds marins ainsi que leurs bienfaits, mais pour le garde, tout cela n’avait aucun sens.
« Je suis désolée, mais vous avez quelque chose qui pourrait accompagner ce foulard? Dit-il en lui tendant le vêtement.
- Aaaah! J’vois que vous êtes arrêté voir Géraldine! Elle a vraiment de très bons goûts et ses étoffes sont d’une grande beauté! Vous recherchez quelque chose ne particulier?
- Et bien c’est un cadeau pour ma mère et j’aimerais quelque chose de spécial qu’elle ne trouverait pas à Forteresse.
- Et bien, nous avons de jolis bijoux faits à base de coraux. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs. Alors je peux vous suggérer, les perles de corail poli, elles sont brillantes et à la fois passe-partout et matures pour une dame. Nous avons aussi le collier et le bracelet qui vont avec.
- Je vais prendre les boucles d’oreille. J’aimerais garder des cristaux pour profiter du reste de la soirée.
- Il y en a beaucoup à voir, en effet, mais bon vous avez déjà fait le meilleur choix en vous arrêtant ici. »
Haydan remercia le vendeur et déposa les boucles d’oreilles dans le même sac que le foulard et il reprit finalement sa route pour s’arrêter à un petit kiosque où des breuvages étaient offerts. Il choisit un petit café aromatisé à la canne de bonbon et alla s’asseoir à une table pour le déguster. Il prit une gorgée de ce dernier alors qu’un petit flocon vint se poser sur son nez… Le chassant du doigt, il sentit soudainement ses paupières s’alourdir et cela fut bien plus fort que lui il posa son sac devant lui et vint y accoter sa tête. Cela ne prit pas grand temps avant qu’il ne s’endorme pour finalement rêver d’un étrange monde. Il y avait de la neige partout et même les bâtiments qui l’entouraient étaient faits de neige. Marchant sur un petit sentier, il rencontra deux bonshommes de neige qui le saluèrent en retirant leur chapeau. Haydan leur retourna leur salutation d’un mouvement de tête et devant lui passa un chien de neige qui courait après un ballon tout blanc.
« Mais où est-ce que je suis?! »
Sauf qu’à peine avait-il parlé, qu’il se sentit partir vers l’arrière et il se réveilla en sursaut toujours assis à la table où il se trouvait. Il s’assura que son sac était toujours là puis prit une grande gorgée de son café. Qu’est-ce qu’il s’était passé?
Le fait est plus murmuré avec un certain dépit qu’autre chose. Pourtant le bout de doute dans la voix de Fedora a commencé à la faire paniquer et en voulant se justifier sur sa sincérité dans ses propos il avait l’impression de dire de plus en plus qu’il jouait la comédie. Il se sent idiot. Comme d’habitude dans ses moments avec Fedora. Mais bon, c’est un idiot qu’il appréciait plus ou moins être. Du moment que cela ne blessait pas la jeune femme, ce qui était trop régulier a son gout.
Ses mains qui prennent les siennes le calme et juste un sourire arrive à répondre à tout cela alors qu’un oiseau bat des ailes à vive allure dans sa poitrine. Puis, il y a aussi le démon de la curiosité qui semble être là parce qu’il a toute son attention qui est encore plus sur l’apprentie enchanteresse. Il est vraiment comme un enfant pour certaines choses.
— Oh ! Qu’est-ce que c’est ? Bien sûr que je veux bien ! Est-ce que…
Il se stoppe dans sa phrase en voyant des flocons qui ne sont pas les siens voler vers eux. Cela ne devrait pas arriver. Il fronce des sourcils et instinctivement il veut tester son pouvoir, mais le flocon tombe sur son nez et un soudain engourdissement le prends et sans même savoir pourquoi. Une envie de dormir qui le prend peu à peu alors qu’il lute sur le moment pour ne pas abandonner Fedora là comme cela. Seulement c’est trop fort et le voilà qu’il dort et qu’autour de lui c’est monde rempli de neige et de gens se dessine dans un songe bien rapide à arriver. C’est comme son rêve avec Marthe comme sensation.
— J’avais dit que je voulais le vivre avec Fedora ça, mais pas forcément tout de suite… et surtout avec elle…
Il marmonne cela sans trop comprendre ou même vraiment regarder si sa petite amie est là, un peu trop surpris par ce qui arrive.
— Est-ce que c’était ça qu’il fallait regarder ?
Parce qu’il grogne, mais c’est peut-être la surprise de sa fée en fait. Si c’est le cas, c’est très impressionnant en tout cas.
Haydan observa les autres passants du coin et semblait ne pas être le seul à avoir vécu ce micro sommeil, puisque plusieurs étaient en train de se lever du sol. N’écoutant que son instinct le médecin de la garde aida rapidement ceux qui se trouvaient non loin en vérifiant, évidemment, que tout allait bien pour eux. Tous semblaient avoir fait un drôle de rêve, mais personne n’avait été dérobé de quoi que ce soit. Cela semblait avoir été un évènement généralisé, mais ce ne serait pas le premier phénomène étrange qu’il lui a été donné d’observer.
Puisque tout le monde allait bien, Haydan revint alors à sa table où se trouvait toujours son café et il l’attrapa pour le finir d’une seule traite. Froid, il n’avait pas du tout le même goût et comme il n’appréciait pas le gaspillage, il se contenta de grimacer légèrement afin de ramener le gobelet pour qu’il puisse être lavé et réutilisé.
Avec tout ça, il commençait à penser qu’il devrait retourner au portail de téléportation afin de retourner à la caserne du régiment. Vous vous demandez certaine pourquoi il n’a tout simplement pas décidé de continuer à vivre dans la demeure familiale? C’est pourtant simple… Il ne supportait pas le regard de glace que lui jetait son frère. À ses yeux, ils n’étaient qu’un bon à rien dont la faute lui revenait si leur sœur n’était plus de ce monde. Et c’était le cas! Plutôt que de l’accompagner ou bien de la dissuader de partir, il avait préféré s’échapper dans un chalet avec une bande de collègues et amis pour faire la fête! Il n’était qu’un petit con à cette époque et pour ceux qui l’avaient connu ainsi, cela leur faisait tout un choc de le voir aujourd’hui.
Enfin, repenser à cela, ne lui donnait envie que d’une chose. C’était de retrouver son lit et s’enrouler dans son plaid bien chaud pour le reste de la nuit.
Sauf que voilà, elle ignore ce qu'il se passe mais Faolan semble sombrer, il s'endort? Que se passe-t-il exactement? Elle l'ignore! La neige se dépose sur elle mais, cela n'a pas le même effet que sur son compagnon, après tout elle ne peut pas dormir, elle n'a physiquement pas cette capacité alors, elle ne comprend pas le lien entre le flocon et l'état de son petit-ami. Doucement, précautionneusement, elle dépose sa main sur le bras de Faolan. "Faolan?" Demande-t-elle inquiète. Elle ne comprend pas ce qu'il se passe et elle a peur qu'il attrape froid! Ils ne sont pas dans une habitation, leur demeure, un campement ou un chalet! Certes, ils sont en ville mais en extérieur tout de même, sous le niveau de la mer, la neige qui tombe reste froide et elle n'a rien pour l'abriter! Pas de plaid pour le réchauffer et il est difficile de l'empêcher de tomber sur la neige... Elle ne peut qu'espérer que sa tête n'heurte pas de la glace même si, en réalité, sous l'eau c'est peu probable... L'inquiétude l'empêche cependant de réfléchir raisonnablement... "Faolan est-ce que ça va?" Redemande-t-elle avec crainte, secouant doucement le jeune homme. "Réveilles-toi! S'il te plait..." Supplie-t-elle maintenant.
— Putain… C’était quoi cette merde ?
Il est agacé parce qu’il ne comprend pas et qu’il se reprend dans la tête toute les émotions en contre coût de l’utilisation de son objet. Il est légèrement nauséeux et c’est tout sauf agréable.
— Je retire ce que j’ai pu dire plutôt… C’est une mauvaise idée, la pastille rêve… Je ne sais pas ce qui vient de se passer, mais ce n’était pas agréable… C’est pas ce que tu voulais me montrer le rêve avec la neige et tout, hein ? Parce que si c’était ça j’aurais bien attendu qu’on soit à la maison pour la chute en moins et surtout avoir pris le contre coup de mon pouvoir avant…
Il y a une forme de dépit dans sa voix. En même temps, le timing a été mauvais pour la représentation de ce qu’elle voulait. Quelque part c’est assez logique qu’il ait un doute sur si c’était cela la surprise.
— Enfin… C’est genre, assez impressionnant à vivre et tout et ça doit demander des efforts, juste… ça fait mal…
Parce qu’il ne voudrait pas la blesser si c’est ce qu’elle voulait montrer, mais il n’allait pas lui dire qu’il trouvait cela génial non plus. En tout cas, ce qui est certain, c’est que malgré ça il se sent en pleine forme là tout de suite et ça rend la chose encore plus étrange. Il se redresse et vérifie qu’il n’est rien de cassé, ce qui n’est heureusement pas le cas.
J'y compte bien ma chère, on ne vole pas mon chocolat impunément.
Oh non, je ne laisse jamais passer ces choses-là. Si je la laisse faire, c'est mon chocolat puis quoi après ? Mes petits gâteaux ? Il faut dresser cette demoiselle comme il faut. La proposition pour une danse revient sur la table sous couvert que l'enchantement ne risque pas de déconner.
Il y a toujours un risque avec la magie ma chère…
Le risque est minime, mais il existe. D'où notre vigilance permanente pour veiller à ce que tout se passe bien. Mais rien n'interdit de profiter un peu de la soirée en dansant. Pour sûr que Carciphona a la poisse, à chaque fois, il nous arrive une saleté. On va dire que c'est une poisse partagée. Mais j'ai peu de doute sur la qualité de notre travail. Cela me laisse tout loisir de punir ma partenaire de danse en lui marchant un peu sur les pieds. Chose aisée vu mon niveau très moyen de danseuse. Un baiser volé plus tard, voilà un nouvel air invitant à une autre danse. Une danse au rythme plus lent et propice à la discussion.
Et donc, vous êtes aventurière ? Cette vie n'est pas trop dangereuse ? Qu'en pense votre compagnon de vie ?
Je taquine sans vergogne la voleuse de chocolat. Ma position est plutôt claire sur l'aventure. L'aventure, oui. La prise de risque inconsidéré, hors de question. Qui sait ce qui pourrait leur arriver à elle ou à K'awill ? K'awil qui n'est d'ailleurs pas là visiblement. Certainement dans un coin à conter fleurette à une jeune loutre à l'instar de sa maîtresse. Coquin de K'awill !
Ses longues jambes le ramenaient doucement jusqu’au portail de téléportation et ce n’est pas parce qu’il désirait aller à ce rythme. En vérité, c’est qu’il n’était pas le seul à avoir eu cette idée de retourner chez lui et comme, exceptionnellement, les portails avaient été ouverts à tous pour le solstice, il y avait là bien du trafic. Même le personnel qui surveillait les allés et venus ne savait plus où mettre de la tête. Il fallait s’assurer que personne n’emprunte en même temps le portail pour éviter une certaine collision. Le service était ralenti, mais heureusement, il avait décidé de faire la file dès maintenant. Peut-être qu’il en avait pour de longues minutes tout au plus.
S’il fut un temps où il était connu pour son impatience, Haydan avait certainement pris de la sagesse depuis quelques années. Il était surtout méconnaissable pour certaines personnes. Mais où avait disparu le jeune homme fringant et fêtard? Peut-être qu’il était toujours là, perdu au fond de lui-même.
« Oh, c’est le monsieur aux longues oreilles!
- Emma, ne dit pas ça…non attend, Emma ne coupe pas ses gens! »
Il avait reconnu cette petite voix et sans qu’il ne s’en rende compte, un sourire avait étiré ses lèvres rendant son visage bien plus accueillant. Il n’eut qu’à baisser la tête pour remarquer la jeune fille qui était apparue à ses côtés.
« Vous avez profité du solstice vous aussi?! Dit-elle en pointant le sac qu’il tenait en main.
- Oui, ce sont des cadeaux pour une personne importante à mes yeux.
- J’espère que ce n’est pas cette fille! Dit-elle en plaçant ses mains contre ses hanches en prenant un air renfrogné. Elle ne mérite pas.
- Non, ne t’inquiète pas. C’est pour une personne qui sera toujours là pour moi et qui aura toujours mon respect.
- Je sais! je sais! C’est pour ta maman! »
Il hocha simplement la tête, alors qu’en parlant de mère, celle d’Emma arriva finalement à leur côté, le souffle court.
« Je suis désolée… Je ne sais pas quelle mouche l’a piqué!
- Il n’y a pas de mouche pendant le solstice, maman! Puis, monsieur longues oreilles est mon ami! Pas vrai?!
- On peut dire ça, dit-il en ébouriffant doucement la chevelure de la jeune fille, puis il leva les yeux en direction de l’aînée. Elle ne m’a pas dérangée, loin de là même.
Votre enfant est formidable et elle m’a sauvée d’un solstice gâché… C’est ce qu’il avait envie de dire, mais il le garda pour lui se contenta d’un léger sourire.
« Bon aller, viens Emma, ton père nous attend.
- D’accord, soupira-t-elle. Mais avant, vous vous appelez comment, monsieur?
- Haydan…
- Au revoir, Haydan! »
Au revoir Emma, pensa-t-il alors qu’il les regardait s’éloigner de lui.
"Idiot..." Murmure-t-elle tristement. "Tu penses réellement que ça pouvait être moi?" Demande-t-elle avant de relever le visage vers lui, plongeant son regard dans le sien et serrant ses poings de tissu. "Je me suis inquiété! Je me demandais ce qu'il se passait! J'ai eu peur que ce soit grave, que tu ne te réveilles pas! Je te parlais et soudainement, tu t'endors et tu tombes et tu penses que ce serait moi?" Finit-elle par exploser malgré elle. "Tu penses réellement que j'aurais fais quelque chose comme ça? Que j'aurais pris le risque que tu chutes, que tu te blesses en sachant parfaitement que tu es trop lourd pour mes bras de poupée?" Cette fois, la tristesse est probablement légèrement dépasser par la consternation, peut-être même une pointe de colère avant que la poupée ne rebaisse la tête, laissant ses bras simplement tomber le long de son corps. "Comment peux-tu croire que je veuilles te montrer quelque chose qui pourrait te blesser? J'ai eu peur pour toi et toi... Pour quel genre de monstre me prends-tu Faolan? Je ne suis pas une enchanteresse folle qui va te blesser pour te montrer ce qu'elle a apprit..."
Tout ce qu’il arrive à faire concrètement là tout de suite c’est de se la fermer et d’attendre parce qu’il ne veut pas couper la parole de sa petite amie. Il en a assez fait ainsi. Il y a quelques seconde de silence entre eux, histoire d’être sûr qu’elle n’avait pas quelque chose à rajouter, avant qu’il n’ouvre la bouche.
— Je te demande pardon. Je sais que ce n’est pas une excuse, mais j’ai eu les nerfs en vrac avec le retour de bâton de mon amélioration et… mes propos sont allés dans un sens que je n’avais même pas réfléchi qu’il pourrait être compris ainsi. Donc, je m’excuse pour les mots que j’ai pu avoir.
Il n’a rien de plus à dire. Il a bien merdé. Il sait pourtant que Fedora ne ferait pas quelque chose de dangereux pour lui. Qu’elle fait attention. Qu’elle est une bonne personne. Seulement, il a merdé, ses mots l’ont blessé et mise à part admettre qu’il a merdé.
Sans signe avant-coureur il sortit une rose des sables qu’il voulait lui offrir en présence des enfants pour se la jouer un peu. Il ne sait pas si son présent d’excuse sera accepté, mais il le lui met dans les mains et attend. Sans rien dire de plus. Laissant libre cours à l’imagination de comment interpréter son geste. Ce n’est pas forcément une bonne idée. Les bonnes idées, c'était rarement un truc de Faolan en situation de crise.
Et voici que dans un silence toujours pesant, il lui offre un nouveau cadeau? Elle le regarde un instant avant de secouer la tête, imitant un soupire et de s'approcher de lui pour venir déposer son front contre son torse... "Je suis désolée d'avoir réagie ainsi... C'est juste que, enfin... Tu sais..." Pour une fois c'est elle qui a du mal à trouver les mots, elle ne veut pas l'offusquer, qu'il pense qu'elle n'ait pas confiance en lui... C'est si difficile en fait les relations! "J'ai l'habitude qu'on me pointe du doigt, que quand quelque chose de mal arrive ce soit à cause du monstre Sanward..." Commence-t-elle. "Je sais que tu ne penses pas cela! Que Wilfred, Lin, toi, Jaina ne me voyez pas comme un monstre mais... J'ai peur que cela arrive un jour même si je sais que c'est une peur ridicule qui n'a aucune chance de se produire!" Précise-t-elle tout de même... Une peur irrationnelle mais, on ne contrôle malheureusement pas ses craintes. Prenant la main de Faolan dans la sienne, elle relève la tête. "Merci pour ce cadeau... Et désolée encore!" Conclue-t-elle. "Allez viens, je dois encore te montrer quelque chose!" Dit-elle en l'entraînant dans son sillage.
Rapidement, il est clair qu'elle se dirige loin des attroupements et des animations, se rapprochant de plus en plus du dôme et s'éloignant des festivités. Lorsqu'enfin ils sont proches de la bordure délimité par la bulle de protection, elle lâche la main de son petit-ami pour s'approcher plus encore du dôme. De l'autre côté de ce-derniers, la faune et la flore marine sont en constant mouvement, c'est absolument magnifique... Se tournant vers Faolan, elle sourit de son grand, beau et effrayant sourire. "Tu es le premier, exceptée Lin, qui va voir cela! Ouvre grand les yeux!" Elle se concentre et doucement, le pendentif qu'elle porte au cou se met à briller avant d'envelopper la poupée dans une douce lueur... Elle rapetisse doucement, sa chevelure change tant d'apparence que de couleur, ses ailes semblable à celle de libellule apparaissent et alors qu'elle ne fait plus que quelques centimètre de haut, la voici qui vole devant les yeux de Faolan, profitant de l'absence de vent puisque le dôme le bloc. Elle avance en volant vers le jeune homme et s'arrête juste devant lui.
"Tada! Je ne suis pas encore humaine mais, je suis une vraie fée maintenant!" Dit-elle en riant doucement. "Je voulais te montrer que Lin et moi avons fait du progrès, je peux changer d'apparence alors j'ai espoir que l'année prochaine, c'est en étant totalement humaine que je pourrais te le souhaiter mais en attendant, c'est en fée! Joyeux solstice Faolan..."
— Je comprends, on a tous nos cordes sensibles. Merci à toi de ne pas m’en vouloir.
Parce qu’au final, même si elle se sent fautive, c’est lui qui a eu des propos déplacés tout de même. La curiosité revient rapidement et il est complètement concentré sur la vraie surprise que sa petite maie va lui montrer. Il suit surtout le mouvement en laissant son imagination imaginer mille et une choses. Beaucoup en lien avec des enchantements qu’elle a pu créer ou étudier. Sans même faire le lien avec ce dont elle a parlé un peu plus tôt entre sa transformation et son attitude. Il est à mille lieues de là.
Il reprend son souffle après avoir suivi la cadence imposée à la jeune noble et ouvre à fond ses yeux. Il aurait été face à une démonstration d’une des paires de la cuisine en personne, il n’aurait pas été autant attentif. Enfin, sauf pour l’apprentissage d’une recette légendaire, mais on ne peut pas lui en vouloir pour cela. Fedora aussi serait complètement prise dans l’attention de ce moment. Enfin, ce n’est pas la question. Il a un sursaut d’appréhension quand il voit les cheveux de sa belle se changer et son corps rapetisser.
Cette fois il sait que c’est l’œuvre de Fedora et il est plus ou moins tout aussi calme. Bon, OK, c’est complètement panique à bord de voir cela, un peu comme quand il a vu la première transformation de Melta. Puis, en même temps que ses ailes se déploient, l’appréhension laisse place à l’émerveillement. Il n’aurait jamais pensé que c’était possible de voir sa fée devenir une vraie fée dans cette histoire.
— C’est tellement génial ! Je sais d’avance que Melta va vouloir voler avec toi. Tu es si mignonne ainsi. Puis, même, au niveau de ta magie arrivé à cela est un pas énorme pour plus le comprendre. Que tu arrives ou non à être en humaine l’an prochain, je serais à tes côtés, ça, c’est une certitude. Tu as fait un travail splendide et bien mieux que ce rêve plein de neige. Joyeux Solstice à toi aussi ma tendre fée.
Il a tout de même espoir que l’an prochain cela sera plus tranquille et qu’il n’y est aucun quiproquo stupide. Juste que tout se passe comme sur des roulettes. Ils verront bien à ce moment-là.