À travers les remparts qui protégeaient la cité, je pouvais voir s’échapper les nuages de fumée des larges cheminées. Relevant mon masque, j’inspirai une grande goulée d’air frais. J’appréciais cette sensation d’être dans un environnement vaste où j’étais libre d’aller où je voulais sans avoir la sensation des chaînes qui m’entravaient.
Je terminai les derniers mètres qui me séparaient du bâtiment jusqu’à la boutique d’Ivan. Tirant sur la corde, j’entraînai avec moi mon trophée de chasse. Ce n’est que devant la porte de la boutique que je me permis une légère pause, les bras endoloris à force d’avoir tiré ce sanglier durant des kilomètres. Le laissant non loin dans la neige qui conserverait la viande, j’ouvris la porte de l’armurerie. Un grand courant chaud me picota les joues encore gelée, alors que je retirai mes gants pour les déposer sur le comptoir. Ivan releva à peine la tête pour me saluer alors qu’il était en pleine conversation avec un homme que je n’avais encore jamais pu voir dans le coin. Une courte chevelure albâtre qui me rappelait plus ou moins la longue crinière de Sia.
Je retirai machinalement mon plastron avant de le déposer dans un coin de la pièce, écoutant curieusement leur discussion. Bien trop concentrés pour remarquer ma présence, je les laissai finir de débattre, terminant de me déposséder de mon encombrant équipement puis d’aller me chercher une boisson chaude pour me remettre de mon périple au milieu du paysage montagneux. Et tandis que j’allais disparaître dans l’arrière-boutique pour reprendre l’assemblage des armures, je vis du coin de l’œil Ivan me faire un signe de la main. Jamais très loquace, il avait cette manie de se faire comprendre à l’aide de ses mains plutôt que ses mots, et ce n’était pas toujours une bonne habitude quand on finissait parfois nos journées dans la taverne du coin et qu’on venait lui chercher des noises. Sa carrure d’ours aurait dû en dissuader plus d’un, mais certains téméraires aimaient se frotter au danger avant de réaliser trop tard qu’ils avaient pu faire une grosse erreur. Je devais avouer que même moi, j’y réfléchirais à deux fois avant de me frotter à lui, car se prendre les tables massives en bois dans la figure ne semblait pas être très agréable.
« Viens par-là gamin. »
M’approchant, il me saisit par le col pour me forcer à m’asseoir à ses côtés, et je pouvais maintenant faire face à la jeune personne qui s’était présentée à la boutique. Dans la trentaine, je dirais, un visage fin et des traits délicats, un bel homme qui devait difficilement passer inaperçu.
« Je sais que tu gères bien les affaires de la boutique, je pense que ça peut être instructif pour toi de participer. »
Je hochai lentement la tête en apportant ma tasse jusqu’à mes lèvres, en saluant poliment notre invité. Les yeux louchant sur ma boisson pour ne pas croiser son regard.
« Bonjour… »
Ivan s’adossa plus confortablement dans sa chaise, avant de me sortir de but en blanc.
« Je te présente Liory Alkh’eir, et il… »
Il s’arrêta alors que je m’étouffai dans ma boisson, manquant de tout recracher à la figure du noble. Mais que diable fichait une telle personnalité dans notre établissement ? Tout le monde connaissait la famille Alkh’eir, et j’aurais préféré ne pas m’en rapprocher, car c’était encore une pierre jetée pour que ma famille m’atteigne davantage.
Je toussotai discrètement dans ma main, essayant de me remettre de mes émotions. Ivan savait parfaitement que j’allais réagir de la sorte, je voyais presque son sourire en coin alors que je relevai mon visage vers l’aventurier. Fichu vieux.
« Il est là parce qu’il souhaite effectuer un partenariat pour sa compagnie. »
Ô par Lucy, dans quoi étais-je encore embarqué ?
Une lettre assez courte qui lui demandait simplement de trouver un nouvel armurier pour approvisionner les ateliers de la compagnie.
Depuis les derniers évènements dans le sud, la demande avait explosée, tant et si bien que même sa compagnie ne parvenait pas à approvisionner les aventuriers ou la garde civile.
Et quel meilleur endroit pour trouver cela que le grand nord, ou les plus prestigieux forgerons travaillaient ?
Il avait fallut à Liory quelques heures de recherches pour trouver ce qu'il voulait. Ses récentes activités dans la région lui ayant permis d'en connaitre une petite partie.
Et ce fut dans sa tenue de chasse plutôt que celle d'affaire qu'il débarqua dans la forge, le souffle chaud des braseros le frappant avec violence, lui coupant quelques instant le souffle alors qu'il posait les pieds sur la pierre sèche de l'endroit.
Son imposant arc dans le dos, l'argenté prit quelques instants pour retirer la capuche et la cagoule qui couvraient ses traits.
Un large artisan avait levé la tête à son entrée, se levant en voyant le chasseur rentrer.
C'était alors engagé une longue discussion, un négoce que l'aventurier avait apprit des années auparavant. Et le marchandage ne fut interrompue que par l'arrivée d'un jeune homme et de sa proie.
Et après quelques minutes l'apprentie les retrouva, se retrouvant soudainement bien mal à l'aise face à Liory
-Bien le bonjour Adam
Dit il en souriant, époussetant la tache d'eau qui c'était formée sur ses vêtements. Le garçon ne semblait pas payer de mine ainsi, mais d'après Ivan, c'était sans doute le meilleur des armuriers qu'il avait jamais eu la chance de former.
-Comme le dit ton patron, je souhaite effectivement solliciter vos services pour la compagnie Murmevent, la demande de protection est toujours plus croissante. Et j'avoue que nous n'avons pas vraiment le personnel pour y répondre à nous même.
S'étirant, le noble retira le tueur de dragon de son dos, laissant l'imposante arme contre le comptoir pour soulager son dos.
-Et si ton Ivan semble plutôt d'accord, il à insisté pour que tu es ton mot à dire. Et pour une raison simple, ce sera surement toi qui t'occupera de nos commandes.
Tu pense que tu pourrais t'en occuper ?
Fidèle à sa réputation, le noble tenait à avoir l'avis des artisans qu'il employait. Mieux encore, il voulait voir le jeune homme en action.
Songeant à faire une première commande pour lui même. Ses dernières mésaventures lui ayant prouvé que le cuir qu'il portait d'habitude n'était pas vraiment la plus efficace des protections.
Et s'il n'était pas question de porter une imposante armure de plaque, l'argenté faisait confiance à l'expert pour luit trouver un bon compromis.
-Bien sur, tu sera rémunéré en conséquence ! Et si Ivan en touche une part, tu aura bien sur ton mot à dire sur le payement. Je n'aimerais pas te laisser en dehors de cela
Le rassura t-il avec un sourire
J’avais la sensation de ce mauvais pressentiment qui grandissait en moi alors que je l’entendais nous émettre son projet. Je blêmissais à vue d’œil, alors qu’il était évident que mon travail serait de plus en plus visible par les marchands. Non pas que je détestais mes productions, mais je ressentais un léger malaise lorsque certains portaient mes créations.
Un léger silence s’installa tandis qu’il terminait sa tirade, je m’attendais à ce qu’Ivan reprenne la parole. Mais un léger coup de coude dans les côtes me réveilla et je ne pus m’empêcher de regarder stupidement l’aventurier qui attendait que je réagisse. Je me raclai doucement la gorge en détournant le regard, brisant ce silence gênant. Ivan, ce vieux renard, il avait tout prévu. Je détestais toujours autant qu’il me force la parole. J’inspirai profondément, je ne pouvais pas me cacher éternellement dans les jupes d’Ivan.
Les mains autour de ma tasse, je penchai la tête pensif.
« Je suis touché par votre attention. »
J’hésitai quelques instants, nous avions pris l’habitude d’appeler nos clients par leurs prénoms, ça initiait une certaine confiance. Mais j’avais tout de même devant moi un riche noble qui monopolisait une grande partie du marché d’Aryon. J’étais encore bien top ancré dans mon éducation pour me permettre des familiarités irrespectueuses.
« Seulement, nous ne sommes que deux à travailler ici, la conception d’une armure peut prendre du temps. »
Je glissai une main entre mes mèches dorées, à la recherche de mes mots jetant régulièrement des regards vers Ivan pour qu’il me donne un coup de pouce. À la place, il resta aussi muet qu’une carpe, me déstabilisant encore plus. Mais la douceur et l’assurance de notre interlocuteur me mettaient à l’aise et en confiance.
« Sans vouloir vous manquer de respect messire Alkh’eir, votre proposition est intéressante, mais nous ne pouvons qu’effectuer des armures sur-mesure et avec des délais. »
Même si nous étions efficaces, certaines forges travaillaient en usine avec un rendement parfois ahurissant. La qualité malheureusement laissait à désirer, mais les prix attractifs attiraient facilement un aventurier non averti.
« Si vous acceptez ces conditions, nous serons certainement en mesure de vous offrir un partenariat sûr. »
Surpris moi-même de mon assurance, je pouvais sentir une certaine fierté monter en moi, alors qu’Ivan m’offrit un rictus satisfait. Il reprit alors derrière moi.
« Nous nous occupons de raffiner nous-même les matériaux avec lesquels nous travaillons, c’est également la raison pour laquelle certaines armures demandent plus de temps. »
S'il fallait effectivement un montant important d'armures, rien n'empêchait la compagnie d'assigner quelques artisans à une productions de masses et laisser à deux artisans de talents le soin de produire des pièces de plus grande qualité.
-Je comprend vos contraintes
Déclara t'il en posant les mains sur ses hanches. Faisant quelques pas, il dépassa le comptoir pour observer la forge dans l'arrière boutique, n'y mettant qu'un pied timide avant de laisser ses yeux parcourir l'endroit.
-Et elles ne sont pas incompatibles avec les besoins de la compagnie, bien au contraire. Il faudra certainement quelques preuve mais j'aurai peut être un partenariat en tête.
Voyez vous, nous possédons quelques ateliers capable de produire des armures, mais la technique utilisée fait que même avec des matériaux de qualités et des artisans de talents, nos protections ne valent pas d'authentique forgerons comme vous.
Pour avoir visité ces endroits, les manufactures étaient d'immense bâtisse sentant le charbon et la sueur, ou des dizaines d'ouvriers s'échinaient à verser du métal en fusion dans de grand moule pour produire des armes et des armure à la chaine, se contentant d'armes fondues plutôt que proprement forgées.
Une technique suffisant amplement pour bien des gens, et bien que chaque pièce soit passées dans des presses pour améliorer leur surface, la compagnie manquait de main d'œuvre pour les traiter toutes comme ils le devraient
-Si vous me permettez d'investir dans votre forge, et si vous êtes d'accord bien sur, j'aimerai vous confier nos commandes les plus importantes.
Il ne s'agira pas de faire des pièces produites en masse. Mais de quelques commandes très particulières. Majoritairement pour des aventuriers ou des nobles fortunés désirant se doter d'une protection exceptionnelle.
De ce qu'il voyait, chaque outil était usé, et si l'endroit était plus que raisonnable pour travailler, l'argenté était prêt à mettre les cristaux nécessaire pour transformer la forge selon leurs besoins.
-Je ne pense pas que cela vous monopolise tout votre temps de travail. En général nous ne recevons de telles demandes qu'une fois par lune, voir moins.
Quant aux délais, le noble comprenait que ces derniers soient impératif, et chassa la contrainte d'un geste de la main.
-Les délais qui vous seront imposés seront simplement ceux que vous noterez dans les devis que vous nous ferrez parvenir.
J'ai à cœur de respecter le travail des spécialistes, et de bâtir une relation de confiance entre nous.
Fixant du regard le jeune homme qui se tenait devant lui, Liory se fendit d'un sourire, inspirant quelques bouffées d'air avant de pencher la tête sur le côté.
-La chose vous semble t'elle plus raisonnable ainsi ? Il y a bien des détails à discuter, mais mieux vaut poser les bases immédiatement
Au vu du prix de ventes de telles protections, l'argenté était persuadé de pouvoir en tirer un bénéfice conséquent, même si les honoraires des artisans étaient élevés
Nous avions établi nos premières contraintes, mais il fallait que ce partenariat convienne aux deux parties, et c’est sûrement ce qui risquait d’attiser les braises jusqu’à ce que chacun soit satisfait. Je levai mon regard vers le jeune noble, pensif.
« Nous pouvons effectivement trouver un arrangement sur ces termes, nous nous chargerons des commandes sur-mesure en fonction des demandes spécifiques de vos clients. »
Je croisai mes mains sous la table, agitant nerveusement mon genou. J’aimais sans aucun doute ce que je faisais dans cette forge, mais je craignais que cela ne suffise pas pour un travail abouti et la satisfaction de nos clients. Dans le cas où les documents seraient officiellement signés, cela voulait également dire que j’avais encore moins le droit à l’erreur et ça me terrifiait. Ivan posa une main sur mon épaule, et je ne pus m’empêcher un léger sursaut, venant croiser son regard. Si moi, je n’étais pas confiant, d’’autres l’étaient pour moi et ça me permit de me détendre.
Je repris la parole après le bref silence durant lequel je m’étais perdu dans mes pensées, découvrant des talents d’orateur que je ne me connaissais pas.
« Nous tenons également à choisir nos fournisseurs, nous travaillons avec des artisans qualifiés. Notre rendement est certes faible, mais à nouveau nous priorisons un travail de qualité pour permettre à nos clients d’être satisfaits de notre travail. »
Je sentais le sang battre dans mes tempes, me donnant soudainement la nausée. J’étais stressé à l’idée de discuter davantage, car au moindre refus, je me serais certainement enfui. Je détestais subitement Ivan de m’infliger ça, et en même temps, je savais que c’était une nécessité surtout si je souhaitais continuer à travailler dans ce domaine plus tard. Mais j’avais besoin d’une pause, je ne pouvais pas continuer mon discours au risque de tourner de l’œil à force de parler sans respirer.
« Adam n’a pas encore l’expérience concernant l’aspect financier, je prends la relève ici. »
Je m’écrasai au fond de ma chaise, soulagé que ma torture s’arrête ici, les laissant discuter des tarifications et des besoins de la forge. La société agissant davantage comme un mécène que comme un réel partenaire de ce que je pouvais entendre. Chaque terme était rediscuté de sorte à ce que chacun finisse par y retrouver son compte.
Machinalement, je suivais la conversation du regard, rapidement perdu. Ivan souhaitait certainement qu’en tant que seul apprenti, je reprenne le marché, mais j’en étais bien incapable actuellement. Et je continuais à penser que c’était une mauvaise idée, je n’en avais ni la carrure, ni le charisme.
Et il n'y avait rien de pire qu'un acheteur indécis. Tantôt il voulait une armure, tantôt une épée. Mais dans les deux cas, il faisait perdre un temps précieux à tout le monde.
Et si l'aspect technique était réglé, il allait falloir aborder le terme plus financier. Ivan laissa d'ailleurs son apprenti en plan sur ce point.
Et au bout de quelques minutes les deux finirent par trouver un accord. L'armurier était aussi redoutable en affaire qu'en forge, mais Liory ne put l'en blâmer et si l'accord trouvé fut au final à l'avantage de la forge, l'argenté ne trouva pas d'intérêt à y redire.
-Nous appliquerons simplement un petit surcout au client une fois votre devis fait, considérez que nous prendrons une petite commission.
Cela dit, en dernier point, j'aimerai que vous accoliez le sigle de la compagnie en plus du votre sur vos créations.
Cela plus une dernière close imposant à la forge de refuser tout contrat d'un client qui serait passé par la compagnie.
En échange de quoi, les deux artisans obtenaient une recette conséquente, ainsi que quelques revenus en échange d'une petite place dans leur échoppe pour les produits de la compagnie.
Trois fois rien en soit et le noble put se dire heureux de conclure une affaire totalement honnête.
-Et bien plus qu'à se serrer la main
Dit il en souriant avant que le forgeron ne manque de la lui broyer, un large sourire arboré sur ses traits avant qu'il ne lui mette une grande claque dans le dos
-Comme quoi on peut trouver un compromis AH !
Liory faillit presque recracher son déjeuner tant le coup fut fort, signe de la robustesse de l'artisan qui finit par rappeler son apprentit.
Ce dernier eut un large sourire avant d'ajouter
-Adam ! On a un contrat, tu peux donc dire bonjour à notre nouveau partenaire exclusif, et une belle somme d'argent pour chaque commande que l'on fera !
Levant la main, le noble se permit d'ajouter
-Et tu es déjà embauché pour une commande future
Dit il en souriant
Le nez plongé dans la boisson pour aspirer une gorgée, je m’étais vite désintéressé de leurs affaires pour réfléchir à la proie qui attendait toujours dehors. Je commençais à sentir la faim me tirailler dangereusement, mais je n’osais pas vraiment m’interposer entre eux pour aller découper un morceau de sanglier.
Lorsque le noble attira à nouveau notre attention, cette fois-ci, je ne réussis pas à empêcher le désastre, arrosant fièrement le colosse à mes côtés d’un thé bouillant. La surprise put se lire dans tous les regards, et j’avais soudainement envie de disparaître de la surface de la Terre. Une bonne mandale derrière le crâne en j’eus tôt fait de me lever pour m’excuser auprès de mon maître. Il était temps que chacun cesse de jouer avec mon cœur au risque que je finisse par faire une catastrophe irréparable. D’abord Luz puis maintenant l’héritier Alkh’eir, et pourquoi pas la famille royale tant que l’on y était ! Ivan pouvait également s’occuper de ce type de commandes, mais les projecteurs étaient bien braqués sur moi à la moindre occasion.
« Je pense que tu choisis la mauvaise personne ! Répliquai-je aussitôt oubliant de formuler la moindre politesse. »
Une nouvelle mandale bien sentie derrière la tête, je me retournai vers Ivan, lui lançant un regard aussi paniqué que suppliant. Je n’avais pas autant d’expérience que la moitié des forgerons dans ce royaume. J’avais encore tant à apprendre.
Ivan s’essuya brièvement le visage avec un torchon qui traînait avant de venir poser ses mains sur mes épaules, venant me faire face sérieusement. Je ne connaissais que trop bien ce regard qui me demandait de me la fermer.
« Ecoute, gamin, si tu continues à m’emmerder de tes états d’âme, j’te colle un pied au cul et tu vas trouver un boulot ailleurs. »
Je ne pus m’empêcher de grimacer légèrement. Je savais qu’il avait raison, qu’ils avaient raison, et que je pouvais certainement réussir ce que j’entreprenais, mais à force d’avoir été enfoncé plus profond que sous terre chez les Obelia, je n’avais jamais eu confiance en moi. Chaque mot, chaque insulte s’étaient encrés en moi, indélébiles. Je n’avais aucune estime de moi-même, ne voyant comme seule valeur, le boulet qui s’était attaché à la cheville d’Ivan pour survivre loin de ma famille.
Seulement, incapable d’émettre la moindre objection, je finis par acquiescer doucement, me rappelant à chaque instant que j’aimais forger le métal, assembler le plate et offrir le meilleur de moi-même dans mes projets. Je baissai légèrement les yeux pour ne pas faire face au jeune noble, de peur de ce que je pourrais lire dans ses prunelles d’azur.
« Très bien, j’écouterai ta requête… »
D'avantage que de l'éducation, le maitre tachait de faire comprendre à Adam qu'il n'était pas aussi incompétent qu'il voulait bien le croire.
Après tout, Liory n'était pas là par hasard, et l'armure de Luz avait été l'une des grandes raison de sa venue ici.
En premier lieu, l'argenté avait eut du mal à croire que la protection soit d'aussi basse facture, puis après avoir longuement discuté de la pièce d'armure, le noble avait décidé de venir voir par lui même. Pendant toute l'absence du blond, le chasseur avait discuté avec Ivan de son apprenti, ce dernier ne cessant de parler de lui en bien.
Un maitre bien pudique qui ne s'épanchait jamais devant lui.
-Parfait dans ce cas.
Il faudra surement faire quelques prouesses pour cela. Car te voilà prévenu...
Se reculant un peu, il ramassa son arc avant de le mettre à dos, vérifiant que l'arme démesurée était bien attachée.
-J'aurai besoin d'une armure pour tuer un dragon.
Dit il de la façon la plus naturelle du monde, son visage ne se teintant d'aucune trace d'humour. Et finalement, le noble put croiser le regard de son futur artisan, ses pupilles bleu glacier se plongeant dans celle du jeune homme. Froide comme une nuit d'hivers, elle reflétaient tout le sérieux de Liory, avant que d'un battement de cils, son air sympathique ne revienne et qu'il ne lui serre la main.
-Mais nous aurons tout le temps de voir cela en temps et en heure, pour le moment, j'ai fort à faire.
Se tournant vers le maitre, il hocha la tête en guise d'aurevoir avant d'ajouter
-Vous recevrez bientôt le contrat par un messagerbou. Signez et vous serrez officiellement associés de la compagnie Murmevent
Et si d'aventure vous veniez à être dans le besoin, n'hésitez pas.
Et en quelques pas, il fut à la porte, saluant les deux artisans avant de disparaitre dans la neige.
-Portez vous bien ! Et Adam... à bientôt