Obsidian se tenait devant moi, silencieux. Il aggravait son cas. J’avais beau réfléchir, je n’arrivais pas à trouver d’où était venu le coup. Quelle avait été la faille dans ce plan ? Mon trop-plein de confiance en ce mercenaire tout juste recruté ? Non, je m’étais bien assez méfié de lui et j’avais parfaitement couvert mes arrières.
Alors avais-je oublié une variable ? Cette femme dont je ne savais presque rien, si ce n’est qu’elle était mariée à cet imbécile d’Hemsworth depuis 10 ans. Elle se contentait d’organiser des dîners et de se présenter à quelques soirées autour de la mode et du luxe. Une pauvre femme que son mari avait délaissée, mais il semblerait que j’avais fait fausse route. Elle avait des ressources que je n’avais même pas imaginées.
Un cri strident me sortit de mes pensées. La petite servante que nous avions sauvée lors de notre fuite du manoir se tassait dans un coin en attendant que je décide de son sort. Je tournai mon regard enragé vers elle et une soudaine envie de l’étriper commença à pointer dans mon esprit. Mais je devais garder mon sang-froid.
« Ferme-là, je n’ai toujours pas tranché sur ton sort gamine. »
Je m’en retournai vers le mercenaire et ma doublure qui attendait que je parle. Nous avions fui le manoir des Hemsworth et il était certains que la garde n’allait pas tarder à débarquer chez moi pour me mettre en état d’arrestation. J’étais totalement coincé, je pouvais toujours sacrifier ma doublure à la justice, mais les investigations de la garde finiraient par mettre dévoiler toute mon organisation. Mes secrets étaient bien cachés, mais il l’était encore plus si personne n’essayait de les trouver.
« Eh Doe, j’ai pas signé pour ça ? Je devais seulement faire la doublure, c’est mort pour la prison. »
Mon regard se posa sur le faux Oswald Cloverfield.
« Ethan … Ethan … il bien sûr totalement hors de question que tu passes par la case prison. Cependant, comme tu peux le voir la situation est … délicate. Alors fait moi le plaisir de fermer ton incommensurable boîte à merde quand je réfléchis ! m’emportai-je lui clouant le caquet par la même occasion. »
Je n‘avais plus le temps, plus le temps de retomber sur mes pieds, plus le temps de fuir, plus le temps de m’embarrasser avec des pions insignifiants qui me retardaient en restant envie. La lame glissa d’elle-même dans ma main. Fraîche, étincelante, la dague fusa dans les airs et Ethan s’effondra, souillant le sol avec son sang. Son visage était un problème. Je pourrais toujours m’en sortir tant que le visage qu’on croyait coupable restait incertain. Mais tant qu’il était en vie, on pourrait le retrouver et ainsi, remonter jusqu’à moi.
« Désolé Ethan, tu es devenu un boulet que je ne peux garder … dis-je en essuyant la lame dans un morceau de tissu. »
Mon regard glissa ensuite sur son collègue.
« Et toi Obsidian, je me demande encore si j’ai bien fait de te confier cette mission quand je vois à quel point elle est un fiasco. Mais il est vrai que malgré ta cécité impressionnante, le travail que je t’avais demandé à été accompli comme convenu … »
Je fis rouler la dague dans ma main, mon regard se déplaçant de la lame aux yeux du mercenaire. Je ne pouvais pas le tuer, je n’avais plus le temps.
« Il est trop tard pour faire quoique ce soit avant l’arrivée de la garde, mais cela n’empêche pas qu’on peut agir pendant toute la durée de l’enquête. Pendant que je gérerais cette crise chez les Cloverfield, il faudra que tu trouves une preuve ou un moyen de faire pression sur cette garce pour que les accusations contre Oswald soient levées. »
Mes dents grinçaient en prononçant ces mots. Il n’avait qu’à dire non, me laisser dans le fumier ans lequel j’étais. Il aurait bien raison, il n’y avait rien à tirer de cette histoire. Un mercenaire comme lui savait quand une cause était perdue. D’une certaine manière, j’étais à sa merci, car je n’avais personne à contacter pour me sortir de cellule quand j’y serai.
« Acceptes-tu ce dernier contrat ? Ton prix sera le mien … »
Mais n’oublie pas que même derrière les barreaux, je pourrais toujours t’atteindre Obsidian.