Après plusieurs mois passés à la Forteresse et dans les montagnes glacées, changer d'air ne peut que faire du bien. Profitant de son droit de passage fraichement acquis, l'enchanteur à décidé de mettre son plan en action. Des idées, il en a toujours. Et la dernière ayant traversé son esprit pour lui permettre d'asseoir sa situation et une certaine stabilité est des plus simples : prendre contact avec des officiers des différentes unités de gardes des grandes villes, et proposer ses services contre rémunération. C'est un moyen assez efficace de se faire une clientèle fiable, stable et surtout travaillant selon les lois. Certes l'enchanteur est flexible dans ses ventes et préfère ne jamais poser de question, mais il ne serait clairement pas contre des interlocuteurs sur de plus longues périodes de temps. Et se faire bien voir des forces de l'ordre, ce n'est jamais mal perdu. Après tout, il n'en aura peut être -du moins il l'espère- jamais besoin, mais au fond, mieux vaut prévenir que guérir.

Laissant derrière lui le portail de téléportation et le bâtiment végétal aux arches de branches, Almassar ne peut s'empêcher de s'émerveiller de la neige tombant entre la cime des arbres et entachant le sol. Si il en a que trop vu les dernières semaines, il est obligé d'admettre que voir ces flocons tomber du ciel et entacher les feuilles, les constructions flottantes. Tournant sur lui même dans son manteau de fourrure et sa veste, l'homme rit quelques secondes de ce spectacle qu'il n'a jamais vu. Il a beau avoir écrit à une des lieutenants de la ville, il n'est jamais venu ici de lui même jusque la. Et la beauté sylvestre et simple des lieux le charme. Tant qu'il ne peut s'empêcher de se saisir de la neige présente sur le sol suspendu pour la tasser en boules, profitant de branches entrelacées pour lui servir de support improvisé à bonhomme de neige. La construction prends rapidement forme, et donne presque l'impression d'une dryade enneigée capturée dans un tronc.

Et heureusement qu'Almassar est du genre ponctuel, car ce petit élan enfantin lui fait clairement perdre le sens des priorités et du temps. Quand enfin il émerge pour observer sa création, après qu'un nombre conséquent de personnes soit passé non loin de lui en se demandant surement quelle espèce de moustique a bien pu le piquer, il se rend compte qu'il est maintenant bien en retard. Jurant entre ses dents, il commence rapidement à courir à travers les ponts aériens et les "rues", manquant plusieurs fois de glisser. L'agilité étant l'un de ses points forts, l'artisan arrive à éviter de se bucher en pleine rue -ou bien pire-, et slalomer entre les différents ponts. Malheureusement, il n'a qu'une description physique et une journée, pas réellement de lieu précis où trouver la lieutenant. Quelques questions sont nécessaires pour arriver à le guider dans cette ville inconnue, donnant les rares informations qu'il possède jusque la. Java Anggun est définitivement une personnalité difficile à localiser, et les quelques locaux capable de l'aider donnent tous des informations contradictoires. Difficile à comprendre et à croire, à se dire que l'on se moque de lui et que tout cela n'est qu'un gigantesque bizutage.

Une heure, deux passent dans ce dédale de verdure et de neige, tableau de vert et de blanc sur lequel les acteurs tentent de se démener. Enfin, tous y arrivent a peu près correctement sauf les touristes inconnus dont Almassar fait partie. Et enfin, le troisième acte s'ouvre alors qu'il aperçoit quelqu'un ressemblant à la description fournie de la Lieutenant. Récupérant en main sa missive, il s'approche de la femme en se raclant la gorge, se redressant droit pour s'adresser à elle comme il se doit.

-"Lieutenant Anggun ? Bonjour et excusez moi, je suis Almassar Heckel, nous avons déjà échangés par missive et vous souhaitiez me rencontrer aujourd'hui."

Il ajouterait bien que ce ne fut pas une sinécure de la trouver dans de telles conditions, mais ce serait un peu pousser sa chance, et avec une inconnue de surcroit. Surtout que même si il n'a pas peur des hauteurs, il ne peut s'empêcher de laisser son regard parfois se perdre en contrebas, sur les dizaines de mètres de chute possible. Ce serait tellement dommage de glisser après un mot malencontreux après tout. Hélas pour Almassar, il est loin de savoir dans quoi il vient de mettre les pieds...

Almassar s'attendait à bien des choses en venant au Village perché en plein hiver. Glisser sur un pont verglacé, se découvrir une soudaine peur des altitudes. S'attrister de la ville morne en plein hiver, aux arbres pour la plupart sans la moindre feuille et à nus, de jurer de la neige tombant en continu et l'empêchant de voir où il pouvait bien mettre les pieds dans ce dédale aérien. Mais entendre parler Java et s'expliquer ? Clairement, ce n'était pas quelque chose qu'il avait au programme. Effectivement, quand l'on échange avec quelqu'un à l'écrit, on demande rarement "Dites, est-ce que votre pouvoir risque de me perturber ou de m'empêcher de vous situer quand nous allons nous rencontrer ?" et pourtant, en cet instant, l'enchanteur regrette que cette norme sociale n'existe pas, alors qu'il essaye d'assimiler l'étrange information que la Lieutenant face à elle n'est pas... Réellement qui elle dit être, mais uniquement un simple clone à la tâche bien précise. Pourtant, tout en elle dégage une réelle humanité, l'impression que la femme est réelle. Et la rambarde aussi subit cette présence dans le monde matériel, vu comme Java s'acharne dessus.  Finalement, dissipant la nuée de questions dans son esprit, il parvient à répondre.

-"Un clone ? Je dois dire que je ne m'attendais clairement pas à cela... C'est sur que c'est intéressant, comme pouvoir."

Puis il se fait guider vers ce qui serait une autre Java, ou plutôt une autre clone. Surement avec sa propre tâche assignée, difficile à dire. Le concept est nouveau pour Almassar, qui essaye encore de l'assimiler, comprenant qu'il risque de passer un bon moment à devoir remonter les Javas les unes après les autres, et surtout, comprenant mieux pourquoi chaque personne semblait lui donner une direction différente; car au fond tous avaient raison. Maintenant, il s'agit de trouver celui ayant une information sur la VRAIE Lieutenant. Manque de chance, ça semble pas être si simple pour les reconnaître. Autant dire qu'il s'agit de chercher une feuille précise au milieu de l'arbre qu'il guette du coin de l’œil.

-"Merci à toi alors, je vais suivre ton conseil et essayer de trouver l'une de tes soeurs capable de prévenir la vraie... Ou directement cette dernière, si c'est possible. Et bon courage avec tes réparations !"

Ses derniers mots se perdent dans le vent, alors que sa correspondante semble avoir raccroché le fil de la communication, retournant à sa tâche. L'homme soupire, notant néanmoins bien sa mise en garde et effectuant un bon arc de cercle pour se détourner de ce danger invisible aux novices. L'odeur des sucreries du vendeur annoncé lui arrivant aux narines bien avant de l'apercevoir. Et vu que l'après midi risque d'être longue, l'enchanteur s'arrête pour troquer quelques uns de ses cristaux contre ces petites douceurs encore chaudes. Tout en les grignotant, il suit la route, à la recherche de la prochaine clone.

Cette dernière ne se fait heureusement pas désirer longtemps, et une poignée de rues sont nécessaires pour tomber sur une copie conforme de la femme qu'il vient de laisser quelques minutes auparavant. Et c'est bien innocent qu'il s'approche d'elle, main dans le papier contenant ses beignets pour venir en croquer un nouveau au chocolat. Le cœur fondant coule dans sa gorge et le réchauffe, loin de se douter qu'il risque peut être de se faire dévorer la main si jamais la lieutenant cède à cette odeur qui l'a aussi fait craquer.

-"Bonjour Java, j'ai croisé l'une de tes... Clones, qui m'a dit que tu serais peut être à portée de la ... Vraie si j'ai bien compris ? Pour lui annoncer que je dois la rencontrer ? Je suis Almassar, un enchanteur avec qui tu... Vous... Elle... Bref, Java communique à propos d'un potentiel partenariat avec les Belluaires."

A ce point il est totalement perdu, ne sachant pas vraiment comment s'adresser à la soldate. Surtout que cette dernière semble occupée à... Il ne sait même pas réellement quoi ? Guider la circulation, vérifier la corde du pont face à eux ? Impossible à déterminer. Il se sent a peu près aussi confus que le pull moche de cet enfant, aux couleurs totalement désunies. Sauf que lui n'a pas une grand mère daltonienne qui tisse la toile de son destin en des mélanges improbables pour justifier sa désorientation. Définitivement, Almassar devra rapidement se faire aux dons plus que particuliers de sa potentielle collaboratrice pour éviter les bourdes.

Le clone que trouve l'enchanteur semble encore plus occupé que le précédent. Et de bien moins bonne humeur aussi. Almassar observe quelques secondes ce lent manège de la personne âgée essayant de montrer qu'elle sait être autonome, et coutant ainsi donc du temps à tout le monde sans rien dire. Il a un beignet chaud et tendre en main, pourquoi irait-il se plaindre après tout ? Ce cœur chocolaté fondant rehausse les cœurs et donne le courage nécéssaire à aller affronter un dragon. Hélas, le dragon a aujourd'hui forme humaine, et semble ne pas aimer l'intrusion d'un gourmand dans sa tanière déjà bien malmenée par le troisième âge. Jurant en entendant qu'il a du chocolat, il termine d'engloutir le beignet qu'il a actuellement en main pour venir s'essuyer sans s'en mettre partout... Et se rend compte qu'il n'a rien. Soupirant, il vient répondre.

-"Alors oui, j'ai cru comprendre que vous étiez plusieurs, une histoire de clones. A vrai dire j'aimerais bien discuter de cela aussi, mais vous ne semblez pas en avoir le temps. Ou au contraire, en avoir trop le temps pour votre bien."

L'étrange baragouinage montant de son dos l'incite à se tourner quelques instants pour observer cette personne âgée dans le besoin. Si d'ordinaire il irait l'aider, sans savoir expliquer pourquoi, l'homme se dit que non, mieux vaut la laisser un peu se débrouiller sans interférer, pour une fois. Il se concentre donc de nouveau sur cette clone qui lui fait la conversation, jaugeant mentalement ses options en grimaçant légèrement. Attendre une demi heure que mamie termine de faire de la résistance, ou s'élancer sur les hauteurs. Clairement le second lui fait plus envie, mais il n'a jamais pratiqué une telle activité encore. Finalement, il vient hocher la tête en signe d'assentiment.

-"Merci pour ton aide, je vais tenter la tyrolienne. Quitte à être ici, autant essayer. Et... Bon courage avec la sortie champêtre."

Le ton est légèrement narquois, lui même sachant que ce moment n'est surement pas agréable. Puis, il s'arrête, réfléchissant un instant. Il se souvient du regard posé sur ce fameux beignet, sujet de discorde. Plongeant les doigts dans le sachet, il vient en retirer le dernier survivant de cette hécatombe culinaire qu'il vient déposer dans la main de Java quand elle passe, sans même lui demander son avis. Puis il s'élance en direction de ce fameux arbre signant la suite de sa quête -et il l'espère, sa fin-. Quelle ne va pas être sa déception en comprenant l'oubli de cette nouvelle version de la Lieutenant...

Arrivant face à cette construction intrigante, Almassar est obligé de souffler quelques instants. Il n'a pas particulièrement peur du vide, mais c'est tout de même quelque chose d'impressionnant quand on ne connait pas. Un petit frisson vient le traverser, avant de se dire que si cela se trouve en pleine ville, c'est que c'est sur. Fermant les yeux et avec une prière muette, il vient s'harnacher et laisser le mécanisme le propulser, sentant l'air froid claquer sur son visage et ses vêtements. Non, la tyrolienne en plein hiver, ce n'est définitivement pas une bonne idée. Les secondes défilent, bien trop lentes, tandis que le sol se déplace rapidement sous ses yeux. Peu à peu, tout cela ralentit, et l'enchanteur se trouve de l'autre coté. Retirant rapidement tout ce qui le retient il s'en va, heureux d'avoir osé essayer... Mais aussi d'en avoir terminé.

Et une nouvelle fois, il traverse les rues, se fait guider par quelques passants qui ont repérés une Java de ce coté de la ville. Le cœur empli de l'espoir d'enfin rencontrer la vraie, il s'approche de cette nouvelle Lieutenant, un léger sourire sur les traits tandis qu'il annonce.

-"Bonjour Lieutenant. J'ai déjà croisé deux de vos clones et le second m'a dit que je pourrais vous trouver ici..."

Pas la peine de faire la suite, on commence à la connaître. Devoir se présenter et expliquer ce pourquoi il est ici à chaque fois. Mais cette fois, il y'a de l'espoir, il y'a de la passion, Almassar pense enfin son calvaire terminé... Oh que les dieux -et les femmes- peuvent être cruelles, parfois. Ou simplement distraites.

Définitivement, ce périple au Village Perché avait pris un air bien différent de ce à quoi s'attendait l'homme. Initialement, il pensait juste avoir un rendez-vous avec une officière de la garde locale pour discuter travail et partenariat. Et le voici, désormais occupé depuis un bon moment à sauter de Java en Java à la recherche de la bonne. Et hélas, alors qu'il avait un petit espoir de trouver la bonne, le voici face à un autre clone. Il ne peut s'empêcher de soupirer, avant de redresser la tête et afficher un air plus neutre, essayant d'être optimiste. Au moins, cette version de la Lieutenant semble déjà bien plus ouverte à l'idée de l'aider, et il hausse les épaules avec un sourire contrit.

-"Je commence à comprendre qu'en effet, venir ici pour simplement discuter affaires s'avère bien plus difficile que l'on ne pourrait le penser initialement. On s'y fait je présume."

Suivant le regard de la femme, Almassar se demande bien ce qu'il peut ainsi chercher. Rien ne saute à son regard, et rien ne semble hors de sa place. Que peut-bien être la tâche de ce clone précis ? Car il avait bien imprimé que chaque clone avait un rôle et une mission précise. Et au vu du calme de cette rue, elle n'est surement pas la pour faire la circulation ou éviter à quelqu'un de glisser sur une plaque de verglas camouflée. Mais les questions de cette version de Java lui sortent cela de la tête, tandis qu'il l'accompagne d'un pas tranquille en se frottant les mains, le regard ne cessant de se perdre aux alentours, son sourire restant cette fois un peu plus longtemps sur ses traits.

-"J'ai déjà croisé deux versions de toi auparavant, en plus de me perdre un peu ici car je viens au Village Perché pour la première fois. Donc oui, ça fait un moment que je me balade dans le coin ! Et ça va, j'essaye de prendre ça avec philosophie, au moins je découvre du paysage, merci de t'en inquiéter toutefois."

Puis il hoche de nouveau. Oh oui, le topo, il l'a déjà eut et plusieurs fois. Il en a même désormais l'expérience sous les yeux. De multiples clones, chacun pour une tâche. Elles sont capables de se contacter jusqu'à une certaine distance, ce qui est logique. Et si un quart d'heure ne semble pas si long pour avoir perdu le contact, ne sachant pas la distance d'efficacité du transfert mental ni la vitesse parcourue, l'enchanteur ne peut que se dire qu'il va clairement passer la journée à rechercher cette femme jusqu’à trouver la bonne, si il la trouve.

-"Oui je commence effectivement à comprendre comment vous fonctionnez ! C'est un moyen ingénieux pour réaliser de multiples tâches en peu de temps, vraiment. Mais de fait, quelle est votre mission à vous ? Rien ne semble avoir besoin de réparations ou de surveillance dans l'endroit, il est même plutôt calme."

Est-ce qu'il aura une réponse ? Probablement pas, tandis que le garde se fait ainsi alpaguer de manière fort peu professionnelle par sa supérieure. Les explication qui suivent font à la fois sens sans faire sens. Une Java de Liaison ? Alors juste au nom, il arrive à comprendre de quoi il s'agit, mais la méthode  semble étrange tout de même. Enfin, il n'est pas la pour juger et il viens plutôt hocher du chef en souriant à cette Lieutenant qui est la première à réellement arriver à l'aider.

-"Je vais voir avec lui alors, merci à vous de m'aider. J'espère que vous vous arriverez à vous en sortir avec votre mission, quelle qu'elle soit !"

Et avec un signe de la main pour saluer cette Lieutenant N°3, il s'avance vers le garde à l'air peu commode. Ce n'est pas forcément de sa faute, mais la balafre n'aide pas. une fois les premières politesses échangées, l'enchanteur commence à lui expliquer la raison de sa présence, et les difficultés rencontrées. Et Horace semble compatissant, à sa manière. C'est à dire qu'il commence à exploser de rire en faisant un signe de la main vers Almassar pour qu'il lui emboite le pas, tandis qu'il repart et change totalement de direction, se plongeant dans une partie de la ville que le jeune homme ne connait absolument pas, tout en tapant la conversation, toujours a moitié hilare.

-"Bah, t'as fais la rencontre des Lieutenants, elles sont souvent comme ça ! Celle de Liaison, c'est la seule qui est capable de t'aider à retrouver la vraie. T'en fais pas, elle est pas trop loin, je l'ai croisée y'a quelques minutes, on devrait vite la retrouver. Pourquoi tu veux la voir au fait gamin ?"

Nouvelles explications sur les raisons de sa présence. Almassar ne compte plus le nombre de fois qu'il a répété son speech, qui fait cette fois hausser le sourcil du soldat qui se retient de tout commentaire, surtout qu'ils arrivent à leur destination. Et avec un peu de recul, l'enchanteur se demande si il aurait vraiment du parler du fait qu'il souhaite travailler avec la garde et les fournir en enchantements... A un garde. Mais une certaine lassitude s'est emparée de l'enchanteur, assez pour qu'il glisse quelques mots malencontreux, alors qu'une nouvelle Lieutenant arrive à portée de vue. Peut être la lumière au bout du tunnel, qui sait ? Tandis qu'ils s'approchent, le soldat commence à briefer cette nouvelle version de sa cheffe la raison de leur présence, suivie d'Almassar qui hoche en se présentant -de nouveau- encore une fois. Une vraie journée sans fin pour l'homme qui espère vraiment arriver bientôt à la vraie Lieutenant...

Heureusement pour l'enchanteur, cette quatrième Java -et a cet instant, Almassar comprends qu'effectivement, c'est déjà la quatrième itération de la Lieutenant qu'il rencontre- semble pouvoir l'aider un peu plus que les trois autres. Il est surprenant de voir que chacune semble avoir un bout différent de la personnalité de la femme qu'il est sur le point de rencontrer. Cela l'aide à dresser une carte mentale de la garde, et cette dernière risque de s'avérer bien utile. Aux mots de ce clone, il vient lui offrir un léger sourire en redressant la tête vers elle, sans retirer sa main. Un peu de chaleur humaine après ce froid ne fait pas de mal, après tout.

-"Oh ne vous en faites pas, ce n'est pas grave. Avec autant de travail à gérer, je me doute bien que parfois, l'organisation a des petits ratés. Ca fait partie de aléas de la vie, et au moins ça m'a permis de découvrir un peu plus le village. Je n'avais jamais eut l'occasion de venir ici après tout."

Profitant du petit temps mort offert par l'échange psychique, il détaille un peu plus ce clone. Rien ne transparait de la conversation entre les deux versions de la lieutenant, si ce n'est qu'elle semble dans son monde, un peu comme quand il analyse des artefacts. Et quand elle lui demande de la suivre, il le fait sans sourciller, et avec seulement un instant d'arrêt quand elle évoque les pièges magiques. Arquant un sourcil en faisant de son mieux pour marcher pile dans les pas de son guide, il finit par poser la question qui lui brûle les lèvres.

-"Attendez, comment ça des pièges magiques ? Comment cela se fait-il qu'en pleine ville, il y'a ce genre de problèmes ? Je suis curieux de l'histoire complète la."

Tout en se disant qu'il aurait presque pu aider, si il savait déminer, l'enchanteur fait vraiment attention à l'emplacement de ses pas. Ce serait dommage de se faire ainsi sauter si proche de l'arrivée. Mourir après avoir survécu à tant de Java, une bien triste histoire. C'est donc le pas aussi léger que possible qu'il enfonce un peu plus les traces laissées par la lieutenant, comptant rapidement mentalement avant de hocher, se concentrant ensuite de nouveau sur le sol.

-"Tu es en effet la quatrième. Et vu que chacune d'entre vous semble avoir un pan différent du caractère de la Lieutenant, je commence à avoir une bonne idée de ce qui m'attend, du moins je l'espère. J'aurais du garder un ou deux beignets à offrir pour m'acheter ses bonnes volontés. Je saurais pour la prochaine fois en tout cas !"

Peu à peu, ils émergent de la zone qui semble dangereuse. Une fois hors de portée d'une glissade malencontreuse, l'enchanteur pivote pour observer ce terrain qu'ils viennent juste de traverser. Profitant de ce petit repos pour s'étirer, il vient répondre à la seconde question.

-"Et tu as raison, je ne suis pas particulièrement choqué. Je vois juste une personne capable d'en devenir six. Donc pour moi, je rencontre juste six variations du même être. C'est assez intéressant même, vu que vous avez chacune votre caractère il semblerait. Comment cela fait justement ? Vous êtes toutes isolées, ou tout de même connectées en tout temps ? Genre vous sentez quand l'une est en danger, ou vous êtes indépendantes à ce point ?"

Finalement, il reprend la marche pour se diriger vers ce qu'il espère être enfin sa vraie rencontre, suivant toujours sa guide de fortune. Puis, se rendant compte qu'il la connait à peine, ses joues rosissent légèrement de gêne, tandis qu'il souffle d'une voix plus basse.

-"Enfin, si cela ne te dérange pas d'en parler. Excuse moi autrement, ma curiosité dévore parfois le meilleur de moi même."

Et en cet instant, Almassar espère vraiment que la Lieutenant n'a pas mal pris sa curiosité si mal placée, autrement, la suite de l'échange se promet bien plus difficile...