Une poignée de cristaux. Ce n'était pas beaucoup mais ça devrait suffire à Lucy pour protéger cette expédition. Que la chance soit du côté de Lybell pour cette livraison au milieu de la montagne car ça risquait d'être difficile cette fois-ci. Il fallait livrer des médicaments et des ingrédients d'alchimie dans un petit hameau d'une cinquantaine d'âmes perdu au milieu des pics enneigé au Nord Ouest de la Forteresse touché par une maladie. Si cette mission était déjà périlleuse de base, cette fois-ci la route qui menait à ce petit village était bloqué à cause de la présence d'un minotaure. Le temps ne permettait pas de faire une mission d'élimination de la créature tout de suite, hors la distribution de ces remèdes ne pouvaient pas attendre, il fallait prendre une autre route, plus longue et plus dangereuse.
On avait demandé à Lybell d'y aller car on savait très bien qu'elle n'abandonnerait pas. Elle avait acceptée, car il fallait bien que quelqu'un s'en charge. Mais heureusement elle n'irait pas toute seule, on avait dépêché en urgence un guide pour la conduire, elle et son chargement, vers le hameau perdu. Il était habitué à la montagne semble il. Même si le colibri n'avait pas besoin d'un rangeur pour lui montrer le chemin la plupart du temps, dans le cas présent il s'agissait d'une urgence qui demandait l’expertise de quelqu'un.
La guilde confia à l'aventurière un sac à dos comportant sa cargaison bien empaqueté: quelques fioles et diverses plantes, qu'on ne trouve pas dans la région, enroulées dans du tissu et enfermées dans une boite en bois. Lybell avait préparée ses affaires de son côtés, vivres, eau, vêtements chauds, etc... Elle ne pouvait pas trop se charger à cause des médicaments mais elle avait le nécessaire pour parcourir la distance.
La demoiselle devait rejoindre son guide à l'entrée de la ville pour partir immédiatement. Il devait être prêt normalement. Elle rejoignit l'homme qui attendait.
- Pardon pour le retard. Il fallait finaliser les préparatifs pour le départ. Je suis Lybell. C'est moi qui doit transporter la cargaison jusqu'au hameau perdu. Partons immédiatement si cela ne vous dérange pas, il s'agit d'une urgence après tout.
Ils devaient partir en milieu d'après midi, la nuit allait vite tomber mais ils n'avaient pas le choix, des vie étaient en jeu. Il ne fallait pas trainer. La guilde avait un peu freiner les ardeurs du colibri en lui demandant d'attendre qu'un guide soit disponible, sinon elle aurait très bien put partir toute seule pour affronter la montagne même si ça aurait put lui couter la vie.
Les gens qui étaient venu chercher Frey avaient eu de la chance : il n'était rentré à la Forteresse que depuis la veille et avait à peine eu le temps de profiter d'une bonne nuit de sommeil réparateur avec un feu de cheminée digne de ce nom. Ce n'était pas la première fois et ça ne serait pas la dernière fois qu'il y avait une urgence. Ça arrivait souvent après les tempêtes, quand quelqu'un n'était pas rentré depuis un moment ou bien qu'on suspectait une attaque de bête sauvage. Le climat des montagnes étaient impitoyable, même pour un guide chevronné, et entamer un périple de plus d'une demie journée sans l'expérience des changements climatiques drastiques qui pouvaient survenir revenait à jouer à la roulette russe avec sa vie. Et, généralement, c'était des corps congelés qu'on retrouvait... Quand on les retrouvait. En témoignait le sac sans fond que possédait désormais Frey et qu'il avait trouvé par hasard sur un cadavre enchâssé dans une congère, qui devait avoir été coincé là depuis une paire de mois au vu de son état de décomposition, puis congelé à la venue de la saison froide. S'il n'était pas adepte de la facilité et qu'il ne voulait pas faire comme ces voyageurs ou aventuriers qui se reposaient sur un tas d'objets magiques de confort au risque d'en émousser leur capacité à survivre, il devait néanmoins bien avouer que c'était là un outil qui apportait une grande plus-value et il avait profité du contexte pour s'équiper un peu plus maintenant qu'il n'était plus limité par le poids des affaires. Il avait pris des vivres, une couche bien chaude, pitons, cordes et tout le matériel qui aurait pu être nécessaire, ainsi qu'un peu de rab au cas où. Une partie de ce matériel lui avait été prêté, l'autre il l'avait achetée.
C'était le milieu d'après-midi, le temps était mitigé mais calme. C'était loin d'être l'idéal en ce que cela ne leur permettrait pas de progresser énormément mais chaque jour de perdu était un potentiel risque pour qui attendait ce qu'on lui avait expliqué comme étant des médicaments et autres onguents de soin. Une fois n'était pas coutume il avait ramené une carte de la région. Grossière, il avait annoté plusieurs symboles ici et là - rien d'écrit toutefois - pour avoir une meilleure vue d'ensemble de la situation. Si un minotaure traînant dans le coin, ils devraient être très précautionneux. Même s'ils planifiaient de faire un long détour, la vie sauvage lui avait appris à toujours être vigilant et à ne jamais présupposer de rien.
Chaudement vêtu, ses habits étaient fonctionnels, privilégiant la mobilité et la chaleur à la protection, constitués de cuir pour la plupart. Il n'avait que son sac sans fond qui pendait en bandoulière et, par-dessus le tout, une cape le recouvrait entièrement, faite d'une laine pas aussi blanche que la neige mais suffisamment pour accorder un bon camouflage s'il ne bougeait pas. Capuche rabattue et écharpe lui couvrant le nez, il était emmitouflé et près à partir, patientant à l'entrée de la ville à un endroit précis. L'aventurière qui devait le rejoindre ne tarda d'ailleurs pas.
Hochant la tête d'assentiment quand elle se présenta, il écouta ce qu'il avait à dire puis, plutôt que de répondre, il examina de son regard perçant la tenue de celle avec qui il allait faire le voyage, souhaitant s'assurer qu'elle était parée comme il fallait pour affronter les dangers du climat que beaucoup sous estimaient. Il eut l'air satisfait. En tout cas, il ne fit aucune remarque là-dessus.
Sortant sa carte, il la déroula pour la montrer à Lybell, y pointant les différents éléments à mesure qu'il parlait.
Il marqua une pause pour s'assurer que ses explications étaient claires.
Et c'était évidemment sans compter sur les intempéries, les imprévus, le niveau parfois inconnu de neige qu'ils allaient devoir traverser, etc... Il pointa un endroit sur la carte.
C'était, en théorie, simple. Mais il n'y avait jamais rien d'acquis en montagne et tout pouvait très bien comme très mal se passer.
L'homme semblait savoir ce qu'il faisait. En même temps c'était son boulot et il était plutôt dangereux donc il avait pas intérêt à être mauvais dans son domaine. Il montra une carte à Lybell et indiqua par où ils allaient passer pour éviter la bête. L'ascension sera dur mais indispensable. Mais en chemin ils allaient pouvoir se reposer dans un abri de chasse, c'était bien plus que n'espérait l'aventurière, elle qui pensait devoir dormir dans un igloo improvisé. Il avait visiblement tout prévu, sauf la météo. Mais ça personne ne pouvait faire quoique ce soit, à part ceux possédant un pouvoir spécial... Et encore. Mais pour le moment cela semblait pas trop menaçant, sans doute une bonne nouvelle.
Mine de rien, la couverture de plume sur son bras la protégeait pas mal du froid, rien d'extraordinaire mais c'était comme avoir une manche de manteau. Il faudra juste bien les entretenir une fois arrivé pour ne pas les abimer et les perdre, ce serait dommage de perdre ses couleurs à cause du froid. Puis vint le temps des questions, et des réponses, le plus honnête possible comme toujours.
- Je ne pense pas qu'on puisse parler d'habitude. J'ai déjà effectué des livraisons dans des hameaux de montagne, donc je connais un peu. Mais je ne me suis jamais rendu dans celui-là, je n'ai d'ailleurs jamais eu besoin de faire du hors piste jusqu'à présent, mais la situation étant ce qu'elle est, nous n'avons pas le choix.
Quand la route était bloqué, les livraisons étaient généralement suspendu jusqu'à ce que la situation s'arrange. Mais là le temps était compté donc il fallait faire comme ça.
- Si vous pouvez transporter quelque chose, vous pouvez peut être prendre la moitié de la cargaison, non? Comme ça si jamais nous sommes séparé ou que je ne peut pas continuer, vous pourrez livrer une partie des médications. La mission est plus importante.
Il avait dit rien de vital, c'est vrai, mais s'il pouvait éventuellement faire ce geste. Pour Lybell, le plus important était de livrer les paquets, peut importe comment cela doit ce finir. Quand on y pense, c'est un miracle qu'elle n'ai jamais eu d'accidents grave jusqu'à présent.
Ils partirent très vite, il ne fallait pas attendre. Ils devaient au moins atteindre le relai avant la nuit. L'aventurière n'était peut être pas habitué à la montagne mais elle savait une chose, il ne fallait pas se perdre en pleine obscurité au milieu de la neige.
- Est-ce que vous savez s'il y a des créatures dangereuses sur le chemin que nous allons emprunter? Je ne suis pas la plus forte des guerrière je l'avoue, je sais me défendre en cas de besoin, mais j'aimerais éviter l'affrontement le plus possible, surtout avec une cargaison fragile.
Les fioles de verre n'aimaient pas trop les chocs. Un combat pourrait les briser, même si le paquetage était prévu pour éviter ce genre d'accidents le plus possible. Il valait mieux fuir en cas de danger, mais avec la neige ils auront du mal à aller très vite et à distancer d'éventuels poursuivants. Il devait y avoir des wargs dans le coin. Et il fallait espérer que le minotaure ne change pas de territoire de chasse entre temps.
Le début du voyage était très calme, il faut dire qu'ils n'avaient pas encore quitter la route et était encore à une altitude raisonnable. C'est plus tard que ça se corserait, bien entendu. Frey et elle avaient assez peu parlé depuis le départ de Forteresse, pas que le colibri soit timide ou froide mais pour l'instant elle était concentrée sur son objectif. Des vies étaient en jeu, elle ne devait pas se rater. Enfin même si personne était en danger, elle ferait tout pour réussir sa mission. Était-ce un test de la guilde pour voir si elle était capable d'accomplir des quêtes plus dangereuse à l'avenir? Même si c'était le cas Lybell continuerait de faire ses missions avec autant de volonté de réussir celle-ci, quitte à se blesser.
Frey écouta attentivement les réponses qu'elle lui donnait, son œil dérivant sur un quelque chose de singulier. Il y avait des plumes, là, qui n'étaient, il le voyait bien, clairement pas juste une facétie de mode ni un symbole d'appartenance. Il fréquentait bien assez la nature sauvage pour comprendre qu'il avait en face de lui quelqu'un qui - à priori - présentait certains attributs d'un oiseau. De quelle espèce ? Ça, il aurait été incapable de le dire sur le coup mais c'était loin d'être sa priorité actuellement et son attention fut rapidement recentrée par la remarque de la voyageuse avec qui il allait partir en expédition. Elle venait d'avoir une excellente idée - qui sous-entendait la terrible possibilité que l'un d'entre eux disparaisse et doive continuer seul - dans le cas où ils se perdraient ou s'il arrivait malheur à l'un d'eux.
Il décrocha la lanière de son sac acquis tout récemment pour le poser sur le sol devant lui et l'ouvrir, ce qui laissait une sensation étrange. On ne voyait pas véritablement le fond du sac, ni ses parois. L'impression se confirma quand il y glissa avec précaution une partie du chargement donnée par Lybell. Malgré la taille du paquet, celui-ci put être enfilé par l'ouverture mais le sac ne grossit pas pour autant.
Rattachant la lanière pour avoir le sac en bandoulière, ne prenant ni trop de place ni trop de poids, il emboîta par la suite le pas à l'aventurière.
Ils marchèrent quelque peu, sur la route pour le moment, en ce qu'ils ne devraient bifurquer qu'un peu plus tard. La question que Lybell lui posa lui demanda un instant de réflexion, où il parut s'absorber en lui pour en tirer la réponse.
Ces deux prédateurs étaient communs. Et bien que les meutes de wargs ne fréquentent pas l'environ immédiat de la Forteresse, ils restaient des animaux intelligents que la stratégie de chasse pouvait pousser jusque sur les abords fréquentés par les voyageurs, la nuit notamment.
Il n'allait pas faire la longue liste des saloperies qui traînaient dans la montagne ni de toutes les subtilités possibles. Il faudrait faire particulièrement attention à l'aube et au crépuscule.
Voilà qui avait de quoi rassurer la voyageuse afin de voyager en toute sérénité.
Il y avait pas mal de bête dangereuse dans ces montagnes, et Frey ne semblait pas avoir tout dit. Enfin rien n'étonnait l'aventurière, elle s'y attendait. Les endroits sauvage, loin des Hommes, étaient souvent bien vivant. Tant qu'aucune de ces créatures ne se mettent sur leur chemin ça devrait aller. Le danger le plus immédiat était surtout la montagne et la météo mais pour le moment tout allait bien.
- Nous ferons attention une fois qu'on ne sera plus sur la route alors.
Il y avait plus qu'à espérer que les animaux sauvages ne les ralentissent pas trop même s'ils n'avait pas d’horaire spécifique à respecter mais il ne valait mieux pas faire attendre des malades.
Plus ils avançaient, plus la nature prenait le pas sur la civilisation. La Forteresse n'était déjà plus en vu depuis un moment et le ciel commençait à prendre une teinte orangé. La nuit tombe vite en cette saison, surtout en pleine montagne avec ces cimes qui venaient croquer le ciel et cacher la lumière. Mine de rien, le ranger et le colibri avaient marché pendant presque deux heures dans le froid et la neige. Rien ne s'était passé, mise à part qu'ils ont croisé un petit groupe de garde en patrouille. Des gars assez sympa, visiblement, mais ils n'avaient pas le temps de la faire la causette. Il lui arrivait parfois à Lybell de discuter un peu avec les étrangers qu'elle croisait sur la route, pour prendre des nouvelles du royaume notamment, ça allait rarement plus loin.
Le duo n'était pas loin de l'abri de chasse visiblement, ou du moins c'est ce qu'affirmait Frey. C'est là qu'ils allaient s'arrêter pour la nuit, mais ils faudrait peut être faire un feu. D'ailleurs il est possible qu'il y ai déjà quelqu'un là bas? C'est un genre de gite ouvert à tous ou c'était une propriété privé que le ranger avait le droit d'utiliser pour X raison? Enfin, c'est pas comme si la compagnie d’autrui dérangeait la jeune dame. Elle n'avait pas peur de se retrouver seule avec cet étranger toute la nuit, elle savait se défendre en cas de besoin et puis il y a peu de chance que la guilde demande de l'aide à une personne qui ne soit pas digne de confiance. Il n'avait pas l'air d'être un de ces dragueurs lourds qui pullulaient souvent dans les bars le soir à sauter sur tout ce qui avait une poitrine.
- Une fois arrivé à la cabane, il faudra récupérer du bois pour allumer un feu ou c'est bon? Si c'est le cas, il faudrait commencer tout de suite.
Du bois mouillé par la neige, ce n'est pas l'idéale mais c'est pas comme si il y avait d'autres solutions. Ça arrive parfois que les gites n'ai plus de combustible puisque les précédents voyageurs avaient déjà tout consommer. À moins que le ranger ai prévu le coup et apporter quelques buches dans son sac sans fond bien pratique. Il faudrait vraiment pensé à faire l’acquisition d'un de ces machins dans un avenir proche. Ce n'était pas indispensable, Lybell avait fait sans jusqu'à présent, mais ça pourrait vraiment s'avérer utile.
Pour être tout à fait honnête, c'était surtout le temps qui inquiétait Frey. Il était bien plus fréquent et bien plus dangereux de se prendre un changement climatique sur le coin du nez sans n'avoir rien pu voir venir ni anticiper que de tomber nez à nez avec un grognours. C'était pour ça que la préparation de chaque trajet était extrêmement importante. Si certains aventuriers ou voyageurs avaient le luxe de pouvoir compenser leur non connaissance par une débauche d'objets magiques certes utiles mais qui finissaient par rendre dépendants, il ne fallait pas se complaire dans la naïveté facile et toujours rester vigilants. Toutefois, Frey devait bien admettre que le sac sans fond qu'il avait récupéré était un atout de poids, qui lui permettait de transporter bien plus et donc d'anticiper avec sérénité les différentes situations possibles. Des rations supplémentaires, des vêtements propres et secs, même quelques bûches... C'était là un luxe certain.
Le crépuscule n'avait pas tardé à tomber et Frey avait fini par sortir une petite lanterne à capote, allumant la bougie à l'intérieur, protégée du vent et du froid par les petites vitres de verre. Quand le temps était clair et que la lune brillait haut, on voyait très bien la nuit en hiver, avec toute la neige qui reflétait les formes et les reliefs. Mais le ciel était plutôt couvert et il aurait été plus qu'hasardeux de continuer à l'aveugle. Déjà là, à la lanterne, il fallait bien connaître le chemin.
Il y avait plusieurs de ces refuges, ici et là, qui étaient très sommaires mais qui remplissaient leur office. Beaucoup n'étaient connus que des habitués et les touristes et autres voyageurs de passage qui ne quittaient pas la grand route ne les voyaient jamais.
Il s'arrêta alors, désignant deux grosses roches qui dépassaient de la neige et désigna un chemin - ce qu'on pouvait en deviner ? - qui montait abruptement. Sans le connaître et sans traces de pas pour trahir les allées et venues dessus, un non initié passait facilement à côté.
En vérité, il aurait certainement pu parcourir une bonne partie du chemin en quelques heures s'il avait emporté le colis avec lui en se transformant. Mais il doutait de pouvoir franchir le trajet en une seule fois. Et il se voyait mal expliquer sa présence sous cette forme, en plus de redevenir humain nu dans la neige.
Un peu curieux après ces quelques heures passées majoritairement dans le silence, Frey se risqua à poser une question un peu plus personnelle, sachant que les aventuriers étaient parfois très rétifs à parler de leurs missions.
Ils arrivaient bientôt au relais, ils allaient pouvoir se réchauffer près d'un feu car mine de rien, et malgré l'épais manteau, il commençait à faire bien froid dans cette neige. Visiblement, ils n'auront aucun problème de combustible donc sur ce point là Lybell était rassurée. Mais ils avaient encore du chemin à faire, pas bien long certes mais à chaque minutes qui passent c'est le soleil qui s'enfuit derrière les remparts de roches des sommets blancs. Et, alors qu'ils marchaient, Frey eu envie d'ouvrir la conversation. Discuter ne dérangeait pas plus que ça l'aventurière, si elle ne l'avait pas fait jusqu'à présent c'est surtout car elle n'avait pas spécialement de sujet à aborder avec son guide.
- Ce n'est pas souvent que je livre des médicaments et c'est la première fois que je me rend à Col-blanc. Généralement je livre des composants alchimiques en ville ou je fais de la récolte, tout ça en passant par l'intermédiaire de la guilde. Mais depuis peu je travaille en plus pour une compagnie de livraison et je transporte plus souvent du courrier ou des colis plus personnel.
On passait plus souvent par la compagnie Althair pour des choses plus personnel, ça changeait de la guilde qui ne faisait pas tant de livraison que ça, sauf certains cas urgent comme celui-ci.
- Je suis beaucoup sur les routes ou dans les rues des villes pour livrer ce qu'on me demande. Pour ça que je sais voyager mais pas forcement partout. Il me faut parfois un guide pour m'indiquer le chemin, comme aujourd'hui par exemple.
Sinon elle essayait de faire sans sil n'y avait personne à disposition, mais c'était un risque de se louper et de finir sur le territoire d'une bête affreuse ou dans un piège naturel, comme un ravin ou un marécage. L’échec n'étant pas une option, il était toujours mieux d'être accompagné de quelqu'un connaissant la région dans laquelle elle allait, les cartes ne donnaient pas souvent de conseil sur comment se préparer.
Enfin, le duo était devant la petite cabane qui allait leur servir d'abri pour la nuit. Visiblement il n'y avait personne d'autre donc ce sera un tête à tête. Le rangeur entra en premier, sans doute pour vérifier qu'il n'y avait rien d'anormal, puis l'aventurière le suivit. Très vite, le premier réflexe fut d'allumer la petite cheminé pour réchauffer l'atmosphère. C'était Frey qui se chargeait de sa pendant que la jeune dame s'occupait de la literie. Il y avait deux lits dans un coin de la pièce qui servait sans doute pour les voyageurs égarés. C'est vrai que la cabane était bien entretenu, enfin autant que peu l'être une bicoque perdu dans la montagne. Elle devait être assez souvent fréquenté par les chasseurs et autres aventuriers qui trainaient dans le coin mais ça pouvait tout aussi bien être un repaire de bandit. Ils agissaient souvent sur les grandes routes mais installaient leurs planques assez loin de tout pour ne pas être cueillit par les gardes. Enfin là ça ne ressemblait pas trop à un coin fréquenté par les criminels, du moins comme ça.
Lybell put retirer son épais manteau quand les flammes commençaient à réchauffer la pièce, elle allait pouvoir étirer ses petites ailes dans le bas de son dos. Elle les avaient placé autour du ventre, tel une ceinture pour pouvoir mettre le manteau. Elle avait déjà dut couper la manche droite de celui-ci pour que les plumes de son bras ne la gêne pas trop, ça demande des efforts pour le mettre dans en montagne c'était indispensable d'avoir un habit chaud et épais.
En attendant que le repas soit près, une soupe de pomme de terre et de lardon qui mijotait dans une marmite au dessus du feu, Lybell prenait soin de ses plumes en les brossant. Il ne fallait pas qu'ils perdent de leurs éclats malgré tout. Ce n'était pas pur coquetterie, un peu tout de même, mais c'était surtout indispensable pour elle de garder son corps en bonne santé et ça passait par une bonne hygiène. Il arrivait souvent que des insectes et autres acariens se promènent dans son plumages donc il fallait les chasser, c'était un peu le défaut de ce genre de physique.
- Cela fait longtemps que vous êtes guides? Vous semblez bien connaitre ces montagnes, vous y avez grandit?
Dit elle en continuant son toilettage. S'il lui posait des questions, elle avait le droit de faire de même, n'est ce pas?
Lybell semblait avoir un sacré travail si elle était aventurière, récolteuse, messagère et travaillait tout à la fois pour une autre compagnie. Frey se demanda sincèrement s'il serait capable d'assumer une telle tâche. Voyager sur les grandes routes, ça n'était pas pareil, pas la même saveur, que de profiter des paysages magnifiques de la montagne, des petits sentiers de chèvre de la Grande forêt et de butiner de village en village çà et là dans le sauvage qui reliait les deux. Une mission de temps à autre comme là lui allait bien, mais il préférait rester maître de ses propres destinations et avoir le luxe de se dire qu'il pouvait quitter la région du jour au lendemain s'il le souhaitait. Bon, c'était peu probable actuellement, ses affaires personnelles avec Almassar le retenaient plus que ce qu'il aurait pensé, mais il pouvait quand même disparaître plusieurs jours dans la nature montagneuse sans que ça ne soit embêtant. De toutes façons ils arrivaient en pleine période dure et il y en aurait plus d'un des jours où sortir ne serait pas une option. Voyager avec un mètre de neige, c'était tout un sport quasiment inutile sans raquettes et il valait mieux rester au chaud que de risquer sa vie dans des endroits rendus inaccessibles par le mauvais temps.
Pragmatique, il avait eu sa réponse et il semblait en être satisfait pour le moment. Il ne dit plus rien jusqu'à ce qu'ils arrivent finalement au fameux relai de chasse. Poussiéreux, l'endroit était tout petit et comportait à peine de quoi dormir, une cheminée avec sa petite réserve de bois et une table solide ainsi que deux bancs. En y prêtant attention, on pouvait apercevoir sur le bois quelques traces de couteau et quelques taches un peu plus sombre trahissant l'ouvrage sanglant des chasseurs qui équarrissaient ou préparait une partie de la viande tuée ici.
Frey vérifia qu'il restait bien quelques bûches sèches et en prit quelques-unes pour commencer à préparer le feu. Il ne lui fallut pas tant de temps que ça avec les bons outils pour parvenir à transformer un amas de brindilles et sciures de bois en flammèches à l'aide de son allume-feu après quelques efforts. Bientôt ce fut un feu chaleureux qui commença à ronfler dans l'âtre. Le rôdeur finit par se mettre à l'aise et par retirer cape, sac et autres habits encombrants quand il fit assez chaud.
Pendant qu'un bouillon de légumes et de gras mijotait, Frey ne put néanmoins empêcher son regard aller de temps en temps sur la silhouette de la voyageuse qu'il accompagnait. Elle avait un physique clairement atypique et s'il essayait de ne pas paraître insistant dans la manière dont il la regardait, il n'en était néanmoins pas moins curieux. Elle semblait avoir une moité du corps moins humaine que l'autre et c'était fort singulier.
Elle lui posa finalement quelques questions, rompant le silence d'une solitude qui ne le dérangeait pas actuellement. Inspirant le temps de réfléchir à sa réponse, il haussa à demi les épaules, presque sans trop savoir quoi dire.
Il ne crachait certainement pas sur la beauté des montagnes en hiver mais, comme beaucoup de choses dans la nature, ce qui était beau était souvent mortel et cette vie était rude. Et fraîche. Il ne dit plus rien d'autre, concentré sur le ragoût, touillant une fois ou deux la mixture ou ajoutant quelques herbes sèches.
Il avait dit ça le plus naturellement du monde, espérant que ça ne froisse pas Lybell. Il avait bien deviné que ça devait être un genre d'hybridation aviaire, mais il était incapable d'en reconnaître la provenance et ça l'intriguait. Peut-être qu'elle avait des plumes uniques ?
La nuit était maintenant tombé depuis quelques temps. Dehors il était impossible de voir à plus de 10 mètre, surtout qu'il s'était mis à neiger un peu. Heureusement qu'ils avaient atteint le relais à temps. La soupe bouillait et le rangeur s'en occupait en la touillant régulièrement pour ne pas que sa crame et que des bouts de gras restent collé sur les côtés. Il répondit tout de même à la question de Lybell après un petit temps de réflexion. Peut être cherchait il dans ses souvenirs. Et visiblement il n'avait pas toujours vécu ici mais cela faisait depuis très longtemps selon ses dires. Avec les années il a dut accumuler de l'expérience, peut être même seul. Puis ce fut au tour de Frey de poser une question. Ils avaient prévu de faire du ping pong toute la soirée?
- Ce n'est pas une décoration mais vous l'avez certainement remarqué. À vrai dire, ce ne sont pas les plumes d'un oiseau mais ceux d'un Griffaon... Enfin c'est ce qu'on suppose. Peu de gens on déjà vu ces créatures car ils ont la capacité de changer de forme pour faire peur aux prédateurs. Mais je n'en suis pas capable personnellement.
Ce fut assez long et compliqué de faire le rapprochement entre l'hybridation de la jeune femme et une créature presque cryptique. Cela à dut demander des mois, voir des années, à l'oncle de Lybell pour découvrir enfin avec quoi son corps était "fusionné". Elle ignorait le cheminement qui avait pousser Mirco à affirmer cela mais en raison d'un manque de preuve affirmant le contraire, elle avait acceptée cette réalité. Mais au final, même s'il se trompait ce n'était pas bien grave, l'aventurière n'avait aucun problème avec son physique et les remarque à son sujet, quand il y en avait, coulaient sur elle. Parfois il y en avait qui manquait un peu de tact, comme Frey, mais ça ne la dérangeait pas vraiment. Elle aussi avait du mal avec le tact parfois.... souvent même.
Le potage avait finit de cuire pendant qu'elle lui répondait en dépoussiérant ses plumes. Ils pouvaient utiliser la vaisselle du relais, il suffira de les nettoyer le lendemain quand le soleil sera de retour pour que d'autres puisse s'en servir. Heureusement qu'il y avait ça, parce que manger de la soupe sans bol c'était assez compliqué comme exercice. Ils purent manger un peu, pas un grand festin mais c'était largement suffisant. Lybell n'avait pas spécialement besoin de manger beaucoup, même si elle était couverte de plume elle n'avait pas besoin de picorer tout le temps.
- J'ai aussi une main aux doigts crochues....
Elle avait reprit d'un coup sa discussion sur son physique particulier après avoir manger la moitié de son premier bol.
- Ha pardon... Enfaite je dit ça avait que vous ne me posiez de question là dessus... Il s'agit d'une serre comme les rapaces. Elle m'aide à m'accrocher quand je grimpe sur les maisons ou dans les arbres.
Les griffes lui donnaient une meilleure prise, quand le matériaux le permettait comme le bois par exemple. Par sûr que ça fonctionne aussi bien sur de la glace solide ou de la roche de montagne.
Dehors le vent s'était mis à souffler, on l'entendait bien à cause de quelques planches qui grinchaient à cause du déplacement d'air. Pas trop violent mais ça voulait dire qu'il y aura peut être plus de difficulté sur la route le lendemain.
Frey haussa un peu les sourcils à la réponse de Lybell. Un griffaon ? Il ne pouvait pas dire qu'il en avait déjà rencontré mais il ne pouvait pas dire qu'il n'en avait jamais vu. La bête lui disait vaguement quelque chose, encore plus lorsqu'il se concentrait sur la forme et la couleur des plumes de l'aventurière, mais c'était probablement un tour de son esprit. Il imaginait vaguement une sorte de griffon, sans pourtant être trop sûr de ce dont il s'agissait exactement. Une sorte de métamorphe ? Voilà qui était bien curieux et il aurait bien aimé savoir à quoi ressemblait un spécimen.
Le repas fut ensuite rapidement prêt et les deux gamelles bien remplies. Hormis les bruits des couverts ne se laissaient entendre que le crépitement reposant des bûches dans le feu et le souffle froid et lancinant du vent au-dehors. Il faisait nuit, désormais, et Frey espérait qu'il ne neigerait pas ou presque pas, afin de leur faciliter le trajet le lendemain, et que le temps serait dégagé et clair. C'était toujours très compliqué d'anticiper ces facteurs et une source de danger non négligeable. Le pire qui pouvait arriver était qu'une tempête les prenne par surprise et que le minotaure leur tombe dessus. Ce n'était pas censé arriver mais, avec une telle bête dans la région, il valait mieux être trop vigilant que pas assez. Si ça arrivait... Frey savait très bien qu'il ne ferait jamais le poids, même avec un bon arc et des flèches. On racontait que c'était des monstres énormes avec une peau de dur à cuire. S'il fallait faire un choix, c'était vite vu, c'était la fuite.
Puis Lybell rajouta des précisions sur sa condition physique et le rôdeur s'interrompit un instant dans sa mastication. Il avait l'impression d'être passé à côté du fait que la conversation avait continué dans le silence et se demanda s'il n'avait pas mis un malaise à être perdu dans ses pensées et à manger tranquillement sans être attentif.
La première pensée qui lui vint fut, d'emblée Pourquoi elle grimpe sur les maisons ? La précision était étrange. Les arbres, pourquoi pas, mais les habitations ? Finissant à moitié de mâchouiller un morceau de pain plein de sauce et de gras il lui répondit alors, curieux.
Parfois, Frey avait tendance à sous estimer la difficulté de certaines choses, notamment les temps de trajets. Pour un individu capable de se changer en une bête qui glissait au dessus des obstacles, il devait constamment faire l'effort de raisonner doublement : tout le monde ne pouvait pas traverser un lac gelé fragile, une étendue de neige en équilibre sans provoquer d'avalanche ou des pics escarpés facilement. Rien que marcher en galérant dans un mètre de neige était un non sens à ses yeux et il aurait donné cher pour être capable de faire fi de toutes les limitations qui le clouaient au sol.
Désignant la petite marmite, il en rajouta une couche.
Une petite marche, en somme.
Faire de l'escalade était peut être un peu trop, Lybell faisait de la grimpette, surtout quand elle était petite. Elle aimait bien se mettre en hauteur pour voir les passants pendant quelques minutes... Puis elle s'ennuyait très vite et changeait de perchoir. C'était pendant la période où la jeune fille était perdue et cherchait une occupation pour ne pas penser à sa mère. Cette activité à permis à ses aptitudes physique de se développer et l'a aidé à rejoindre les aventuriers, pour le meilleur comme pour le pire.
-De l'escalade? On peut dire ça. Disons surtout que j'aimais me promener sur les toits étant enfant. Maintenant ça m'aide à m'orienter en ville. Je n'ai pas l'habitude des parois rocheuses des montagnes mais ça devrait aller si vous avez l'équipement.
Il s'agissait de trouver les prises pour monter, que ce soit une bâtisse, un arbre ou un rocher c'était le même principe au final. Par contre c'est sûr que si le vent ou la neige se mêlaient à la fête ce serait pas aussi simple.
Frey insista pour finir la soupe, c'est vrai que ce serait dommage de gâcher. L'aventurière en repris donc un bol, même si ce n'était pas fameux, ça avait au moins le mérite de réchauffer et de donner de l'énergie pour demain. Et ils auront forcement besoin de ressource pour la marche qui les attendait. Au moins 15 heures de routes d'après le guide, du moins si tout va bien. À force d'espèce que tout se passe convenablement, il y avait des chances qu'ils attirent les défaveurs de Lucy. Lybell était assez croyante et offrait souvent des dons pour obtenir la bénédiction de la déesse, du coup elle faisait attention à ne pas s'attirer le malheur. Elle préférait penser à autres choses qu'aux possibles danger qui l'attendraient demain.
Le vent, qui ressemblait au cri d'une bête dans le lointain, semblait s'être légèrement calmer dehors, du moins ils soufflaient moins régulièrement sur la vieille cabane. Le duo pourrait peut être dormir sans être dérangé par le grincement des planches... peut être.
Pour le dessert, le colibri avait droit à une pomme un peu vieilli mais toujours comestible, juste quelques tâches brune sur la peau. Elle sorti sa dague pour la couper en deux et en offrir la moitié au rangeur.
- Cadeau.
Ce n'était un truc luxueux et on était pas le soir du solstice mais tant pis. La jeune femme n'avait plus très faim avec la soupe précédemment avalée.
C'était une explication qui en valait bien une autre et Frey hocha distraitement la tête, laissant un instant ses pensées partir vers quelques digressions distraites qui l'ôtèrent une seconde à ce petit relai de chasse isolé. Il revint néanmoins bien vite à la réalité quand Lybell lui offrit de partager sa pomme avec lui. Considérant un instant l'offrande un peu passée, ce n'était certainement pas ça qui allait le déranger et il accepta la nourriture avec plaisir.
La mastiquant machinalement, ils finirent ce repas modeste mais copieux en silence et Frey sentit la torpeur de la digestion arriver peu à peu, engourdissant ses sens et menaçant sa concentration. Il n'y avait pas grand-chose à faire, en attendant le lendemain matin, et ce serait une journée longue et éprouvante, même quand on y était habitués. Il espérait sincèrement que Lybell tiendrait le choc, même s'il supposait que les aventuriers de la guilde étaient choisis non sans raison, mais il était facile de sous-estimer l'énergie que consumait une journée complète à crapahuter dans le froid, la neige et parfois le vent, sans espoir de répit avant d'être arrivé au bout. Lui-même quand il arpentait les montagnes il prenait garde à avoir le plus possible un itinéraire de secours ou des options sur son chemin, juste au cas où. Construire un abri dans la neige était possible mais long et difficile, et on sortait en général marqué d'une telle expérience si celle-ci s'étalait sur plusieurs nuits. La nature sauvage était suffisamment ardue comme ça pour en faire une ennemie en ne la respectant ni en respectant ses propres limites physiques.
Après ça, Frey alla rincer rapidement dans la neige les petits bols et les ustensiles utilisés. Revenant à l'abri de la chaleur du feu, il entreprit de sortir sa couche de trappeur pour la nuit : une sorte de duvet cousu dans un cuir souple et imperméable doublé de fourrure à l'intérieur et capable de se refermer presque entièrement. On pouvait rapidement étouffer de chaud à l'intérieur mais c'était très pratique quand il fallait camper dehors. Le plaçant non loin du feu pour profiter de sa chaleur, il n'utilisa pas la paille défraîchie du relai. Son confort était rudimentaire, mais il y était habitué, aussi se glissa-t-il dedans, ses affaires à portée de main, notamment une épée courte et son arc de chasse.
Il n'était pas encore assoupi mais ça ne saurait tarder, une douce chaleur montant de ses jambes bien au chaud. Avec un peu de chance il s'endormira même en pleine conversation, bercé par le vent et la cheminée.
Il était l'heure de dormir, de toute façon qu'est ce qu'ils pourraient bien faire d'autre dans cette cabane au milieu de nulle part. Au Grand Port, dès que le soleil se couchait c'était une autre ambiance qui venait et la ville ne dormait jamais vraiment. Il y avait toujours de quoi s'occuper, mais pas là. Bien que ça ne manquait pas spécialement à Lybell mais l'ennuie pointait vite son nez une fois que le royaume des ténèbres avait repris ses droits et que tout le monde avait succombé à la malédiction du sommeil. Du coup elle avait pris l'habitude de s'endormir rapidement pour ne pas laisser le temps à son cerveau d'attendre. Il fallait qu'elle bouge, mais c'était impossible actuellement donc autant tuer le temps en rêvant.
Frey s'était emmitouflé dans une sorte de sac de couchage pour se maintenir au chaud, l'aventurière n'avait qu'une couverture, plusieurs fois rapiécée mais assez chaude pour ne pas mourir de froid jusqu'au lendemain. Malgré l'état assez triste du plaid, elle faisait en sorte qu'il soit toujours propre et pas complétement de lambeau, mais il faudrait peut être songer à en acheter un nouveau. Peut être qu'on lui en fera cadeau. Lybell alla s'installer pas loin du feu pour profiter de la chaleur des braises pendant que le guide lui posait de nouveau des questions. Visiblement il avait besoin de parler un peu avant de dormir, c'est pas si grave après tout.
- Ça fait 10 ans que je fais ça, j'ai déjà voyagé un peu partout dans le royaume même si je n'en connais pas les moindres recoins sinon je n'aurais pas besoin d'un guide. Et si vous voulez emprunter mes services, il faut contacter la guilde ou éventuellement la compagnie Althair si vous avez besoin d'une livraison, mais ce n'est pas sûr que ce soit moi qui réponde à la commande cela dit.
Il avait peut être besoin d'aide pour régler les affaires dont il parlait tout à l'heure. Si ça ne demandait pas de trop combattre, alors Lybell pourrait sans doute l'aider.
Le silence se fit. Frey n'avait sans doute plus rien à dire ou alors il s'était endormi subitement. Le calme soudain, était un peu angoissant. Ni le vent ni le crépitement des braises, rien. Comme si le monde était mort. Comme si la montagne avait avaler le relai et ses occupants. Et tout à coup, un bourrasque arracha le toi de la cabane, tout en éteignant le feu. Les mur, du moins ce qu'il en restaient, tremblait. Au dessus des ruines se tenait un énorme serpent aillé, maitre du blizzard et de destructeur de tout ce qui existe, et qui observait de son œil avide les deux malheureux qui avaient eu la mauvaise idée de rester dormir ici. Il n'y avait pas d’échappatoire, le ciel avait déjà été dévoré par l’immense créature et la terre se désagrégeait à son contact. Le reptile géant ne fit qu'une bouché de l'aventurière, qui était tétanisé par la peur.
L'aventurière tomba dans le néant jusqu'à ce que sa chute fut ralentie par des branches où vivait une colonie d'homme de pain d'épice qui l'aida en l’accueillant chez eux. Les créatures lui offrirent un bol de chocolat chaud voulait faire d'elle leur reine à condition qu'elle se marie avec le prince du village, mais elle refusa car elle n'était pas intéressée par tout ça. Lybell repris sa route pour livrer les médicaments au hameau...
Puis se fut le réveil. Le colibri ouvrit les yeux et elle se retrouva au relai où rien n'avait changé. Si ce n'est que le feu était mort, il ne restait presque plus de braise. Mais de toute façon il était l'heure de se lever. Bien entendu elle ne savait pas vraiment l'heure qu'il était mais il fallait bien partir à un moment où à un autre. Elle attendit que son guide se réveille lui aussi et pour passer le temps, elle allait voir comment était le situation dehors. Lybell dut forcer un peu pour ouvrir la porte à cause de la neige qui était tombé et qui bloquait celle-ci, mais juste un peu d'huile de coude suffisait. Le soleil n'était pas encore debout, du coup c'est la lune et les étoiles qui éclairait le ciel dégagé. Tout allait bien, ils n'avaient pas été englouti sous la neige pendant la nuit.
L'aventurière retourna à l'intérieur et chercha de quoi s'occuper le temps que son compagnon de route sorte du pays des songe.
Ça n'avait pas loupé et Frey s'était endormi pendant la conversation. Il se souvenait vaguement de la réponse de Lybell, sur laquelle il avait médité avant d'envisager de lui répondre mais la chaleur l'avait happé comme un cocon immatériel et réconfortant, engourdissant ses sens et son esprit jusqu'à ne plus bientôt que laisser le silence du sommeil. Il ne rêva pas de grand chose, cette nuit-là, si ce n'est peut être de bribes éparses de cette époque révolue où tout paraissait plus simple, moins complexe. Où il n'avait pas besoin de réfléchir autant aux problématiques d'une vie civilisée. Il était une bête et se contentait des petits plaisirs de la vie, glissant sur le monde comme un courant d'air et parcourant les forêts et les montagnes avec l'audace espiègle des dragons de son genre. Le silence se fit donc sur le petit relai de chasse, abri de fortune mais suffisant pour sauver la mise plus d'une fois à plus d'une personne.
Le lendemain, son esprit s'éveilla aux bruits discrets mais présents que dit Lybell en ouvrant la porte. Après toutes ces années il avait conditionné son esprit à une discipline stricte, lui permettant de plus ou moins facilement décider de se lever tôt quand il le fallait. C'était comme un ordre mental qu'il s'imposait avant le sommeil et qui restait présent en filigrane. Oh, ça n'était pas toujours efficace et était souvent approximatif, mais c'était très utile quand il fallait pouvoir contrôler quand se mettre en route lors d'expéditions telles que celle-ci.
Il s'étira un instant. Il ne savait pas quelle heure il était exactement mais son intuition lui disait qu'il avait dormi un peu plus tard que ce qu'il aurait dû. La chaleur et le confort de l'abri y étaient pour quelque chose, il le savait. Tournant la tête vers le feu, il n'y avait plus que des cendres et quelques braises mourantes cachées dessous. Lybell jetait un coup d’œil au dehors et il frissonna d'anticipation. Il resta immobile encore cinq minutes durant lesquelles il entendit Lybell revenir avant de finalement expirer et de s'imposer de sortir de sa couche.
Il avait chuchoté. Par habitude, et parce que le matin était le matin. Il faisait très sombre et on ne voyait presque rien. Il s'affaira à rallumer la petite lanterne à capote qu'il avait posée sur le manteau du foyer la veille pour qu'ils puissent y voir un peu plus clair. Il se dépêcha de se préparer, enfilant ses vêtements chauds, vérifiant méticuleusement la présence de ses affaires - il aurait été malheureux d'oublier un élément crucial - et se prépara rapidement.
Enfin, il sembla réveillé, frais et dispo.
Il en sorti deux ou trois de son sac sans fond, en proposant à Lybell si elle le souhaitait. C'était bien plus pratique de manger sur la route que de perdre du temps à tout rallumer, mais il était crucial de prendre des forces pour se préparer.
Observant Lybell, il se dit que tout le monde n'était clairement pas aussi motivé pour livrer des trucs aussi loin et de si bon matin. Elle n'avait pas l'air de rechigner à la tâche.
- Très bien. Dans 5 minutes donc.
Le temps de se préparer. Pour Lybell sa signifiait remettre le manteau et pour ça il fallait qu'elle replie de nouveau ses ailes autour de la taille, chose assez peu aisé mine de rien, mais avec un bout de corde et quelques lanières de cuir ça passe plus facilement. C'était un peu comme mettre un corset. Elle hésita un peu avant de demander l'aide du guide, mais elle avait besoin d'un coup de main donc tant pis.
- Un coup de main, s'il vous plait.
La jeune femme leva les bras pendant que Frey attachait les ailes autour du ventre. La demoiselle n'était pas trop à l'aise à l'idée de laisser un étranger l'attacher, mais elle n'y arrivait pas seul et tant qu'il n'en profitait pas pour la toucher ça allait. À force de tirer pour maintenir les ailes, le rangeur fit trébucher l'aventurière qui se rattrapa sur lui. De loin on pourrait presque penser à deux personnes qui s'enlace mais c'était surtout une perte d'équilibre de la demoiselle, qui se redressa immédiatement.
- Veillez m'e... m'excusez.
Dit elle en bégalant un peu à cause de la surprise. Le contact physique, surtout avec les hommes, n'était pas monnaie courante pour Lybell, mais elle n'était pas prude pour autant. Juste que là ce n'était clairement pas prévu et ça n'irait de toute façon pas plus loin.
Le moment gênant passé, ils purent finir de se préparé pour reprendre la route, en laissant le relais dans l'état qu'ils l'avaient trouvé. C'était le guide qui ouvrait la marche, puis c'est lui qui avait la lanterne et qui connaissait le chemin, mais l'aventurière le suivait à la trace. Il fallait encore attendre un peu avant que le soleil qui pointe le bout de son groin pour réchauffer un peu l'air. Le vent était faible mais frais et sec, le pire. Les prédateur diurnes dormaient encore et les chasseurs nocturnes commençaient à rentrer dans leur tanière. Tout allait bien pour le moment, une simple balade tranquille en pleine montagne.
Si Frey avait été curieux de la condition physique de Lybell - en même temps qui ne l'aurait pas été ? C'était des ailes qu'elle avait là ? Est-ce qu'elle pouvait voler ? La chose semblait improbable au vu du ratio masse-envergure mais qui pouvait prédire les miracles de la magie ? - il était servi tandis qu'elle lui demandait de l'aide pour les replier sur elle même et les caler le long de son corps. Le rôdeur aida volontiers l'aventurière, suivant ses indications pour ne pas risquer de faire n'importe quoi. Une petite partie de lui devinait qu'elle n'était pas tout à fait libre de faire ce qu'elle voulait avec et s'il garda le silence il ne put s'empêcher de trouver ça très dommage. Lui-même qui goûtait à un semi vol surnaturel touchait à peine du doigt la liberté du ciel. Mais peut être qu'elle pouvait les agrandir ? Se transformer ?
Qu'il n'ait pas fait attention en étant perdu dans ses pensées ou qu'elle ait trébuché, Lybell lui tomba soudain dans les bras sans qu'il n'ait compris ce qu'il se passait et elle se raccrocha à lui autant qu'il tenta de la rattraper. Soudain, tout prenait une nouvelle dimension, Frey ne sut trop où se mettre et Lybell paraissait embarrassée de la situation. Cette réaction lui fit soudain mettre en doute ce qu'il venait de se passer et il s'interrogea durant une courte mais intense fraction de seconde en se demandant si elle ne l'avait pas fait exprès. Ou alors elle était physiquement atteinte de quelque chose ? Fronçant les sourcils, il l'aida à se remettre d'aplomb sans broncher, fronçant toutefois un peu les sourcils.
Il n'avait pas vraiment été embarrassé. À vrai dire, il en fallait beaucoup pour qu'il se sente mal à l'aise et il n'avait même pas considéré Lybell sous un angle autre que celui de l'urgence dans laquelle ils travaillaient en cet instant. Le reste ne fut que formalité et ils finirent rapidement de se préparer avant de quitter le petit relai de chasse. Toutefois, Frey n'arrivait pas à s'enlever de la tête que ce qu'il venait de se passer était bizarre.
Il eut pourtant bien vite autre chose à penser tandis qu'il ouvrait la marche sur le petit chemin qui déviait lentement mais sûrement de la route principale, montant parfois d'une pente assez importante dans une randonnée soutenue. Ça commençait à grimper bien que ça soit encore praticable par des novices. Hormis le bruit du silence et de leur pas, du vent qui jouait à faire bruire les épines des résineux, il n'y avait pas grand chose qui semblait exister autour d'eux. Armé d'une petite lanterne à capote qui éclairait chichement le terrain dans un petit rayon, Frey avait mis son épée courte à sa ceinture. S'ils tombaient sur un prédateur il n'aurait pas assez de mains pour tenir un arc et une lampe en même temps. Chuchotant, il fit part de ses réflexions à Lybell.
Il manquait peut être un peu de tact mais son but premier n'était pas de faire peur à Lybell.
Frey n'avait jamais quitté le territoire des forêts et de la montagne. Et, quelque part, ces grandes étendues déboisées ou cultivées lui collaient un peu la frousse. Les gens parlaient même d'une étendue d'eau plus grande qu'un lac appelée la mer. Il avait du mal à s'imaginer ce que les gens lui décrivaient, mais il n'éprouvait aucune sorte d'attirance pour une telle sorcellerie.
Il n'avait pas besoin de dire à l'aventurière d'être prudente car elle l'était déjà, mais il valait mieux le rappeler que subir ensuite. Mais malgré la vigilance dont ils pouvaient faire preuve, ils n'étaient pas à l'abri d'une attaque. Ils mentionna les sangliers mais même un troupeau de talbuk pouvaient être dangereux. Puis, chose plus surprenante, Frey posa des questions sur les régions du sud. C'est vrai qu'il avait dit vivre depuis longtemps dans ces montagnes mais au point de n'avoir jamais entendu parlé des autres régions?
- Le soleil qui brûle la terre? Je ne sais pas qui vous à dit ça mais il s'est moqué de vous. Enfin c'est vrai que la température y est plus élevé qu'ici mais c'est pas bien difficile... J'ai grandi à Grand Port, une ville côtière pleine de marchand, et disons qu'il y a beaucoup de trafique grâce aux ports qui mènent à l'archipel. Haa... Un archipel c'est un regroupement de plusieurs iles... Et une iles c'est un bout de terre au milieu de l'eau.
L'aventurière le prenait vraiment pour un idiot, ou plutôt un ignorant, mais elle ne savait pas à quel point il connaissait ces termes au vu des questions qu'il venait de poser. Mais chacun est bêtes en dehors de son domaine d'expertise. Le rangeur devait surement savoir des tonnes de choses sur la région que n'importe qui ne doutait même pas de son existence. Il n'était pas facile d'expliquer à quelqu'un des concepts simple qui relevait de l'anodin pour d'autres.
- Le sud est un peu plus verdoyant qu'ici, c'est certain, moins de relief, plus de plat... Et tout au bout du royaume on y trouve l'océan, une vaste étendu d'eau à perte de vu. Mais je suis étonnée que vous ne soyez pas plus renseigné... Vous vivez vraiment à l'écart de tout et des autres?
Il avait l'air d'être assez solitaire, par volonté ou par obligation, mais ça ne dérangeait pas Lybell car elle aussi était assez seule. Toujours sur les routes, elle ne pouvait pas trop se poser pour avoir une famille et de nombreux amis, bien qu'elle est quand même des camarades aventuriers mais qu'elle voit assez peu. Enfin elle pourrait très bien arrêter cette vie là, avoir une maison, un mari, des enfants, et faire de simple quêtes dans un rayon plus local, mais ce n'est pas ce qu'elle voulait. A vrai dire, elle ignorait ce qu'elle voulait vraiment, mais en tout cas la jeune femme ne souhaitait pas rester toujours à la même place. Est-ce une constante envie de voyager ou un manque qu'elle essayait de combler? Elle était incapable de rester en place mais elle était aussi incapable d'expliquer pourquoi. C'était très certainement sa nature, ses gènes ou son hybridation.
Le vent se mit à souffler d'un coup, et les nuages commençaient à se rassembler pour couvrir le ciel mais sans neiger... Pour le moment. Mais l'obscurité devenait un peu plus palpable malgré l'arrivé progressive du soleil. Cela compliquait un peu la marche mais au final pas tant que ça. Ce n'était si difficile que ça de se déplacer, juste que le souffle d’Éole ne rendait pas l'exercice agréable. Mais au milieu des bourrasques on pouvait entendre comme des hurlements de bêtes. Difficile à dire ce que avec exactitude mais cela ressemblait beaucoup à des aboiements. Peut être des loups ou des wargs qui avaient repérés le duo.
La demoiselle dégaina sa dague au cas où même si pour le moment la menace n'était pas clairement identifiée. Ne pas montrer qu'on a peur: check.
Il ne put s'empêcher de cligner des yeux une seconde, fronçant légèrement les sourcils. D'extérieur, on pouvait penser que c'était le vent froid qui lui cinglait le visage dans l'obscurité, mais en réalité il fut frappé par la réponse de Lybell. Est-ce qu'elle le prenait pour un individu affligé d'un retard mental ? Une île, non mais il n'était peut être pas allé dans le sud mais il savait ce qu'était une île quand même. Il y en avait sur certains lacs, ici. Toutes petites, certes, mais enfin !
Le vent se mit à souffler au même moment, cinglant pour de vrai cette fois-ci et leur portant les échos lointains de hurlements. Une partie de l'esprit de Frey fut automatiquement redirigée sur cette nouvelle information. Là où Lybell sortit une arme, il rabattit les volets de la petite lanterne à capote pour en dissimuler la luminosité. Voilà qu'ils étaient dans le noir presque complet, alors que la lune était désormais cachée derrière les nuages et que l'horizon était à peine teinté d'un léger gris morne et fade. Juste de quoi discerner la terre du ciel. Quant à eux, le peu de lumière indirecte qui se dégageait encore de la lanterne rendait la progression très difficile, mais il fallait mieux aller doucement que trop vite.
Néanmoins, une partie de Frey était restée bloquée sur la réflexion de Lybell. Il était piqué qu'on lui explique l'océan - qu'il n'avait jamais vu au demeurant - et des choses aussi triviales. Lui qui était fier de se targuer en plaisant d'être le meilleur guide des montagnes et de la forêt, ne pouvait rien face à ces contrées et villes du sud qu'il n'avait jamais parcourues.
Il chuchota à voix très basse, comme si c'était vraiment important de le rajouter.
La dernière partie de sa phrase était un mensonge, mais ça qui pouvait le savoir. Il tâcha toutefois de se focaliser sur ce qui était important en cet instant précis. Il s'assura de réduire la distance entre Lybell et lui, pour qu'ils soient moins facile à prendre pour cible en étant côte à côte et qu'ils puissent tous deux bénéficier de la luminosité presque nulle. Il lui fit signe de se décaler de quelques mètres vers les arbres, protégés sur le flanc par deux troncs assez larges. Ça avait surtout l'avantage de protéger du vent.
La situation n'était pas idéale. Il y avait peu de chances qu'ils tombent sur les loups ou les wargs qui hurlaient et probablement étaient-ils en train de chasser du gibier, mais il valait mieux ne pas tenter le diable. Mettant son index sur ses lèvres, Frey fit le signe de silence, avant de sortir également son épée courte et de descendre le capuchon de sa cape. Il aurait plus froid, mais il entendrait mieux.
Ainsi débuta une attente éprouvante dans la nuit solitaire.
Frey semblait offusqué par les réponses de la demoiselle puisqu'il prit la peine de répondre, en chuchotant, malgré le danger imminent. Elle devait vraiment l'avoir vexé pour qu'il se permette ça alors que des grognements se faisaient entendre. Là où Lybell avait dégainée son arme au cas ou, lui avait diminué la visibilité pour éviter le plus possible de se faire remarquer par ce qui semblait être un groupe de wargs ou de loup. Le guide ne semblait pas trop s'inquiéter, il devait avoir l'habitude de ce genre de rencontres inopportunes. L'aventurière aussi rencontrait des créatures dangereuses en voyageant mais ce n'est pas pour aucun qu'elle savait comment s'en sortir face à chacune d'entre elles. Les canidés qui peuplaient le royaume pouvaient être dangereux en meute et la meilleure option pour elle était de vite grimper à un arbre pour se mettre à l'abri.
Ils devaient s'arrêter contre d'arbres afin de se cacher et de se préparer à une attaque éventuelle. La situation avait de quoi faire stresser plus d'un, perdu dans la montagne, dans le froid, l'obscurité et pas loin d'un groupe de monstre potentiellement belliqueux envers eux. Lybell tremblait, de froid surtout, mais aussi de peur. Parce que même si elle était habitué à voyager, il était assez rare qu'elle tombe dans ce genre de situation même si ça à du lui arriver une ou deux fois. Le vent lacérait leur visage et les obligeaient à garder les yeux mi clos, déjà qu'ils n'y voyaient pas grand chose. Ils devaient compter sur leurs oreilles mais même là, les bourrasques empêchait de clairement bien repérer ce qui les entourait.
L'attente fut interminable, pourtant il ne s'était passé qu'une dizaine de minutes. Dix minutes où ils pouvaient entendre les aller venu des bêtes dans la neige. Des bruits de pas ce fit entendre pas très loin d'eux, à quelques mètres. Il faudrait sans doute combattre, malgré le froid qui les engourdissaient et le manque de visibilité. Mais, quoique ce fut, la créature ne s'approcha pas plus et s'éloigna, laissant le duo dans le silence, perturbé par le vent malgré tout. Vent qui ne semblait pas vouloir se calmer, même s'il ne gagnait pas en intensité.
Ils attendaient encore une bonne dizaine de minute de calme avant de sortir de leur "abri" provisoire, complétement frigorifié des pieds aux plumes. Quand le corps est immobile, il se refroidit vite, cette pause imposée n'était nullement agréable pour la jeune femme mais il fallait continuer avant que la meute ne revienne. Heureusement, le jour allait arrivé à un moment ou à un autre, mais le soleil ne risquait pas de beaucoup les réchauffé à cause des nuages gris qui couvraient le ciel.
- Allons.. y...
Pas question de faire demi tour, ils perdraient trop de temps. Il fallait avancer, quitte à faire une autre pause un peu plus loin pour allumer un feu.
Les hurlements qui avaient été lointains dans le vent se faisaient un peu plus proches. Là où, initialement, Frey avait imaginé que les bêtes étaient à plusieurs centaines de mètres - voire kilomètres - il fallait croire que soit elles avaient fini par se rapprocher, soit il y avait autre chose dans les bois, probablement dérangées par la perspective d'entendre des prédateurs, qui se déplaçait non loin. Si le rôdeur doutait qu'il s'agisse effectivement des loups dont ils avaient entendu les hurlements, il ne tenait pas spécialement à prendre trop la confiance non plus. Beaucoup de non prédateurs étaient capables d'infliger des blessures graves s'ils se sentaient menacés, et surgir là d'un coup n'était pas une bonne idée. Lentement, Frey avait rangé son épée courte dans son fourreau, sans un bruit, et sorti dans des gestes lents et maîtrisés la courbe d'un arc qu'il extirpa de l'ouverture de son sac sans fond. Il devait bien reconnaître que cette chose était d'une praticité rare. C'eût été tout autre chose s'il l'avait eu sur le dos et qu'il avait dû désangler un ou deux équipements pour s'en saisir. Il tendit une corde entre les deux extrémités avec précaution. Il s'inquiétait surtout de ne pas faire de bruit, plus que de ne pas être vu au vu de la visibilité très réduite, mais heureusement il avait de nombreuses années d'expériences. Il patienta finalement avec une flèche sortie au cas où. Rendons-nous à l'évidence, il serait bien plus efficace avec la rapidité et la distance d'un arc qu'avec une épée courte qui lui demanderait de rentrer dans la zone de danger immédiate d'un animal quelconque.
Ils repartirent finalement après un temps d'attente de sécurité où le vent happait facilement la chaleur. Les nuages de cristaux qui se formaient à chaque souffle étaient le seul témoin de la vie qui existait ici. Frey donna la lampe torche à Lybell pour pouvoir garder les deux mains libres au cas où. Ils avançaient lentement, précautionneusement, suivant ce chemin qui longeait d'un côté la lisière des arbres et de l'autre un dénivelé dangereux si on n'y prenait pas garde. La tension redescendit au bout d'un moment et le rôdeur finit par avoir de nouveau chaud, transpirant presque dans ses habits isolants. La luminosité se fit peu à peu, à mesure que le soleil se levait, caché derrière les nuages. Il devait facilement être huit heures, désormais.
À un moment donné, Frey s'arrêta, désignant le côté montant du dénivelé où le chemin enneigé passait et continuait. Il n'y avait rien, absolument rien, qui puisse indiquer qu'ici un passage se situait. Et pour cause, il n'y en n'avait pas. Frey savait qu'ils pouvaient passer par là car il était déjà venu ici, même si sa forme de dragon permettait des facilités qu'il ne pouvait pas se permettre ici.
La paroi n'était pas verticale, non, et heureusement, mais elle était suffisamment en pente pour présenter un petit challenge. Il sortit un peu de matériel : cordes, attaches, deux grappins, deux piolets et quelques pitons ainsi qu'un marteau.
Il lui montra sur lui-même la manœuvre à faire pour construire le noeud. Ce n'était pas compliqué, et il pouvait l'aider si elle en avait besoin. Dans tous les cas, il vérifierait que tout était en ordre avant. Ce n'était pas une vraie escalade, et le danger n'était que moyen, mais ça ne servait à rien de ne pas se préparer autant que nécessaire. Il lui montra une ou deux astuces de plus pour maîtriser le matériel.