Retourner en ville serait pourtant une mauvaise idée, elle peut faire le déplacement quelques fois, se rendre discrète, éviter de faire des vagues et repartir simplement... Une prouesse qu'il convient de garder rare pour ne pas trop attirer l'attention de la garde, pas deux fois en l'espace de moins d'une semaine... Heureusement, sa dernière visite en ville n'a pas été totalement inutile : bien-sûr son armure est réparée mais surtout, elle a laissé trainé l'oreille, écouté les rumeurs, prit connaissance d'informations est au détour d'une discussion, elle a entendu parlé d'un forgeron qui aurait sa forge en plein coeur des montagnes, loin de la ville et de ses habitants... Un ermite, comme elle, quoi que lui est sans aucun doute vivant! Ce n'est qu'une information comme une autre mais cette fois, c'est exactement ce qu'il lui faut!
Par chance, elle connaît bien la montagne, la neige lui offrant un camouflage presque aussi parfait que ne le fait sa fumée, elle a l'habitude de se déplacer dans les tempêtes, profitant que le froid n'a que peu d'emprise sur son cadavre pour arpenter les monts enneigés lorsqu'elle veut prendre du temps pour elle. Sa grotte est certes son habitation mais elle a toujours été proche de la nature, cela ne change pas! Et puis, bien qu'elle chasse maintenant les criminels de manière bien plus expéditive que lorsqu'elle était garde, elle cherche toujours à protéger le bon peuple d'Aryon, son regard toujours tourné vers la frontière en espérant qu'aucune créature trop dangereuse pour le commun des mortels ne la passe... Enfilant sa cape, prenant sa lance, elle sort de son antre pour se diriger dans la tempête, se déplaçant avec vitesse et une certaine aisance vers le lieu dont elle a entendu parlé.
Il lui faut de longue minutes pour apercevoir la fumée, signe d'un feu, qui doit provenir de la forge. Après tout, les indications qu'elle avait n'étaient guère précises, c'était donc un peu au hasard qu'elle avançait dans une destination désignée en imaginant la ville et ses remparts comme point de départ. Elle ne savait pas cependant si la forge de cet homme était en amont ou en aval de son propre repère, une incertitude qui aurait pu la faire chercher des heures durant! Quelle chance de se rendre compte que cela n'est pas nécessaire... Maintenant assez proche, elle ajuste sa cape, courbe le dos pour se mettre dans une position faisant penser qu'elle est difforme mais dissimulant les armes responsables de sa mort toujours plantées dans son corps sans vie. Mieux vaut imaginer qu'il y aura des clients et rester discrète, surtout que pour ce qu'elle en sait, ce forgeron pourrait aussi la dénoncer aux gardes s'il avait vent de son existence. De toute manière, une morte ne doit simplement pas se montrer aux vivants... Poussant la porte d'entrée, elle pénètre dans le bâtiment, une boutique? Elle espère qu'il ne se contente pas uniquement de vendre ses créations mais qu'il pourra également s'occuper de la réparation de son bien. En attendant, elle reste immobile, ne regarde même pas les produits offerts, attendant simplement que le propriétaire ne l'accueille.
J’en ai plus que marre. Ce client me tient la jambe depuis une bonne vingtaine de minutes, insistant pour voir le rouquin, soi-disant pour une affaire urgente et très importante. Je ne peux m’empêcher de claquer de la langue d’agacement. Mon maître me partage toutes les commandes qu’il a pour que je puisse justement y répondre en son absence. Et pour une fois qu’il décide de s’occuper de faire les courses pour nos provisions sans mon aide, me laissant gérer complètement la boutique, il faut que je tombe sur un casse-pied.
« Écoutez monsieur, je comprends bien votre souci. Je peux vous assurer que vous pouvez me confier votre commande, mon maître me partage toutes ses commandes et je travaille dessus avec lui de toute façon. »
Rien à faire. Il ne veut rien entendre et repart dans un long monologue que j’écoute à peine, affichant juste un sourire poli. Je vois bien qu’il tourne autour du pot et ne veut pas dire franchement ce qu’il pense. C’est simple, il ne veut pas confier son travail à une femme, ou il n’a pas confiance de la qualité que peut produire une simple apprentie. Sauf que je suis bien plus que cela. Apprentie, je n’en ai que le titre, je forge depuis des années et j’ai obtenu le droit de devenir une véritable forgeronne à mes dix-sept ans. Redevenir une apprentie a été mon choix pour suivre l’entrainement intensif du rouquin.
Je me retiens de pousser un nouveau soupir alors que le petit carillon de l’entrée de la boutique retentit. Je relève le regard vers la personne entrant, observant du coin de l’œil ce nouveau client avant de reporter mon attention sur le petit gros me faisant face. C’est qu’il commence sérieusement à me gonfler, et si ce n’était pas la boutique de mon maître, je l’aurais déjà mis à la porte avec un bon coup de pied au derche. Je dois rester polie et avenante. Je reprends mon plus beau sourire, essayant de ne pas faire transpercer mon agacement dans ma voix.
« Je suis désolée monsieur. Soit vous acceptez de me confier votre commande, soit vous revenez demain pour pouvoir vous adresser à mon maître directement. »
L’homme se tourne vers la nouvelle personne qui prend le temps d’observer les étalages en attendant son tour. De mon côté, je commence à tapoter de l’ongle contre le petit plan de travail en bois, attendant sa décision.
« Très bien. Je reviens demain. Mais vous avez intérêt à dire à votre maître que je suis passée, sinon je m’occupe de vous faire virer d’ici ! »
Je souffle doucement de manière amusée. Cet homme doit être un riche marchant ou un noble plein aux as, le genre que mon maître ne supporte pas. Encore un imbécile qui a entendu la réputation du rouquin et qui cherche à obtenir une création d’une étoile montante comme lui. J’affiche un faux sourire poli en saluant l’homme. Il n’a aucune idée que mon maître serait du genre à le foutre à la porte que se séparer de moi ainsi. Le respect avant tout, et ici je le suis restée jusqu’au bout.
« Bien monsieur, je ne manquerais pas de lui faire part de votre requête. »
Le petit gros part en fulminant. J’entends vaguement des protestations sur le fait que des femmes devraient plutôt être à la cuisine que derrière le comptoir d’une forge. Mon faux sourire s’efface alors que je m’occupe de ranger des papiers avant de m’occuper de ce nouveau client. Je reprends un court moment pour souffler avant de me diriger vers cette personne à l’apparence difforme sous sa cape. La pauvre doit avoir beaucoup de mal au quotidien, mais si elle a pu venir jusqu’ici, je pense qu’elle a une bonne raison, et aussi des capacités. Je viens voir l’étalage qu’elle observe, plusieurs lames alignées à des prix variables. Tantôt des créations de mon maître, tantôt les miennes, toutes à des qualités différentes, celles réalisées dans des métaux plus précieux n’étant pas ici. Si elle n’a pas un œil expert, le seul moyen de différencier nos travaux est de repérer notre signature. La mienne étant une flamme prenant la forme d’une fleur. Je reprends mon sourire poli et m’adresse à l’inconnue en essayant de capter son visage, ne m’attardant aucunement sur son physique.
« Bonjour et bienvenue à la forge Obsid. Je suis Sia, l’apprentie de Lyle. Si vous avez besoin d’une commande, je peux parfaitement m’en occuper pour vous en l’absence de mon maître. Si vous êtes plus intéressée par nos produits, n’hésitez pas à me faire part de vos requêtes. »
Je reste polie jusqu’au bout, ayant déjà chassé mon agacement de plus tôt pour être agréable avec cette personne. Je n’ai plus qu’à savoir si j’ai besoin de la conseiller ou si je peux retourner derrière mon comptoir en attendant qu’elle fasse son choix.
"Une réparation." Dit-elle simplement de sa voix rauque, gutturale, presque d'outre-tombe alors qu'elle fait habilement tourner sa lance dans sa main pour présenter le bâton à la jeune femme lui faisant face. Cette-dernière peut alors voir la main bleutée de la revenante, ne faisant plus de doute sur la couleur de la peau qu'elle a probablement pu entrapercevoir précédemment. Le regard attentif remarquera également que ce sont des mains de femmes et non d'homme mais difficile d'en dire plus, la courbure de son dos ne laisse pas poindre ses lances et elle semble constamment garder son capuchon de sorte à ce que l'on ne puisse réellement voir son visage, évitant visiblement de croiser le regard de ses interlocuteurs. "Le manche doit être renforcé, la lame aiguisée et réparer, quelques éclats sont apparus suite à une utilisation poussée... Combien de temps et combien de cristaux?" Demande-t-elle, visiblement elle n'est pas la personne la plus bavarde qu'il soit et semble se contenter de vouloir aller au plus rapide et ne pas perdre de temps en bavardages inutiles... Quelque chose qui peut sans aucun doute passé pour un certain empressement, voir un manque de politesse, une réalité bien différente : elle est toujours sur le qui vive, prête à réagir si les choses tournent mal ou si la garde lui tombe dessus! Après tout, deux cent ans sans réels contact humain, cela laisse forcément certaines traces.
J’écoute les demandes et réfléchis aux questions posées. Je garde l’arme et me dirige vers le comptoir, vérifiant les commandes que l’on a en attente. Je prends ensuite le temps d’évaluer le travail à faire. Le manche est vraiment abimé, me demandant de complètement retirer l’ancien pour en faire un nouveau. La lame a réellement besoin d’être aiguisée, un bon polissage, quelques réparations çà et là. Rien de très compliqué. Je tapote légèrement du doigt sur la surface en bois du comptoir, comptant mentalement les heures qu’il va me falloir. Quand j’ai terminé mon calcul, je regarde la femme en essayant de capter son regard sous son capuchon.
« Je dirais deux ou trois heures si vous acceptez que je m’en occupe. Mon maître pourrait travailler plus rapidement, mais il ne pourra vous faire cela que demain. Si vous avez des choses à faire aux alentours, vous aurez votre arme avant même que la journée ne soit terminée. »
J’offre un petit sourire amical à la femme avant de penser qu’elle n’a peut-être que cette arme pour se défendre dans le coin.
« Vous pouvez aussi rester ici, nous avons un petit espace extérieur que les bêtes sauvages ne souhaitent pas vraisemblablement approcher, ou je peux vous installer dans notre salon de thé. Je dois tenir le magasin, je vais donc faire les réparations ici. »
Je pointe du doigt la petite pièce derrière moi dont la porte est ouverte, laissant apercevoir un petit atelier avec juste ce qu’il faut pour faire des finitions ou réparations sommaires.
« Dans tous les cas, j’ai besoin de prendre les mesures de votre main pour le manche, et je vais avoir besoin de prendre une vingtaine de minutes pour vérifier que votre arme n’a pas de dégâts profonds. Pour les cristaux, s’il n’y a pas de grosses réparations surprises, 50 cristaux sombres. Pas besoin de plus. »
C’est le prix d’une arme neuve de basse facture, mais c’est le montant minimum pour les réparations d’une arme de cette qualité et le remplacement du manche. Lyle n’aime pas que l’on fasse de grosses marges sur ce genre de petits travaux, et je respecte ce choix. À moins que je n’ai une surprise, la cliente n’aura pas grand-chose à débourser pour son arme.
« Évidemment, si je trouve un problème, je vous le dis tout de suite avec le montant des réparations. Que préférez-vous ? »
"Deux trois heure aujourd'hui ou moins de temps demain? Pourquoi diantre voudrais-je économiser quelques minutes si cela implique de récupérer mon arme plus tard? Si votre maître vous laisse tenir la boutique, je pense que je ne risque rien à vous confier la tâche!"
Deux heures, trois même, ce n'est rien de bien important dans une journée, surtout que cela permet de reprendre son avoir le jour même. De plus, si ce forgeron a une réputation telle que des gens demandent spécifiquement à le voir, il semble évident que son apprentie peut s'occuper de la plupart des demandes, sinon il ne la laisserait pas seule en boutique justement pour préserver sa dite réputation... Est-ce que les gens sont devenus plus impolis ou simplement plus stupides en deux siècle pour ne pas être capables de faire un calcul si simple?
"Puis-je simplement rester ici et assister aux réparations? Non pas que je ne vous fasse pas confiance mais, il n'est pas forcément agréable de m'asseoir vu ma particularité physique et je ne désire pas spécialement affronter le froid des montagnes deux à trois heures durant. Rester debout en boutique me semble bien plus agréable." Affirme-t-elle habillement. Certes, le froid n'a aucun impact sur elle mais elle ne veut pas prendre le risque d'être vue par trop de personnes, ni que le vent puisse repousser trop sa cape de sorte à laisser deviner ses lances. Quant au fait de s'asseoir, le fait de parler de sa particularité physique risque bien de faire penser à la courbure de son dos, un avantage quand les gens vous croient bossue même si, en réalité, elle parle bien-évidemment de la présence de trois lances plantées dans son corps qui rende l'exercice de s'asseoir sur une chaise ou un fauteuil particulièrement difficile. "La mesure de ma main... Bien-sûr! Je peux tout de même garder ma cape n'est-ce pas?" Se renseigne-t-elle, si tel n'était pas le cas sans doute partirait-elle ou demanderait au moins à ce que l'on ferme la boutique pour lui accorder une certaine "intimité" toujours en jouant sur ce faux handicap. "Prenez le temps qu'il vous faut ensuite, je préfère un travail long mais bien fait que quelque chose de rapide mais d'insatisfaisant! Quand à la somme demandée, c'est honnête! Tant que vous réparez ma vieille amie, les cristaux ne sont pas un problème..." Affirme-t-elle sans l'ombre d'une hésitation, ces cristaux ne sont de toute manière pas à elle à la base mais bien à un criminel qui a péri sous les coups de cette précise lance...
Viens ensuite une question qui me fait relever le nez de mon carnet. Je souffle un petit « Oh ! » muet. Sa difformité est si douloureuse que cela tout en lui permettant de se battre ? Voilà une bien étrange personne. Je ne vais pas poser plus de questions là-dessus, cela doit être gênant au quotidien pour elle.
« Oh bien sûr... Je peux vous préparer un peu de thé. Sinon nous avons un petit salon de thé où vous pouvez vous installer à terre. La pièce est mieux chauffée qu’ici... Comme vous préférez. »
Je pose mon crayon avant de m’emparer de mon carnet pour noter les mesures que je viens prendre.
« Bien sûr, gardez votre cape. Remontez juste jusqu’au niveau du poignet et tenez votre lance de la manière qui vous semble la plus naturelle. Comme lorsque vous la tenez pour vous battre ou en position défensive. »
Je lui tends son arme pour qu’elle puisse s’exécuter, observant sa prise en main et notant les éléments qui me paraissent importants. Je récupère à nouveau l’arme avant de me saisir délicatement de sa main en essayant de ne pas la brusquer. J’évalue la longueur de ses doigts et la musculature de sa main avant de noter à nouveau le tout dans mon carnet. Je relève le nez avec un petit sourire.
« J’ai tout ce qu’il me faut. Mettez-vous à l’aise pendant que je vais évaluer l’état de votre lance. Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas à m’appeler, je suis juste à côté. »
Je lui souris à nouveau, récupérant la lance et mon carnet avant de gagner le petit atelier derrière le comptoir. Je lui fais un petit signe, laissant la porte ouverte pour pouvoir entendre l’arrivée de potentiels clients ou si la femme souhaite me parler. Je me mets rapidement au travail, pour évaluer l’état de ce bien au plus vite et entamer les réparations pour que la cliente ne reparte pas trop tard sur les chemins. C’est qu’en cette saison, l’obscurité s’installe rapidement.
"Merci de votre considération mais cela ne sera pas nécessaire. Non pas que je n'ai guère confiance en votre expertise mais, je n'aime pas me séparer de ma vieille amie... Je préfère donc être aux premières loges pour sa réparation." Affirme-t-elle en désignant cette lance qui l'accompagne depuis tant d'années déjà.
Viens ensuite l'étape la plus "dérangeante" pour la revenante : relever sa manche? Si ce n'est que cela alors soit! Certes ce ne sera pas spécialement discret mais, elle sait que c'est nécessaire. Elle s'exécute donc ce qui, bien-évidemment, laisse parfaitement voir sa main cette fois : bleue, comme le reste de sa peau, relativement fine il faut l'avouer. Même si son corps ne se dégrade pas, qu'elle ne devient pas une carcasse de plus en plus effrayante et odorante avec les années, sa mort a été assez longue pour laisser quelques marques et son corps n'est plus celui de son vivant malgré tout. Elle se saisit de son arme comme demandé, adopte une position habituelle dans sa manière de tenir cette lance, prouvant par l'occasion qu'elle sait parfaitement maniée son amie malgré sa particularité physique. Une fois fait, elle laisse la professionnelle reprendre le manche de bois et se laisse surprendre lorsque celle-ci se saisit ensuite de sa main. Elle doit avouer qu'elle ne s'y attendait pas et, la chaleur de sa peau contraste instantanément avec la froideur cadavérique de Lacey qui doit se retenir pour ne pas immédiatement ôter sa main de cette "étreinte" inattendue.
Un léger raclement de gorge alors qu'elle hoche lentement la tête, s'assurant de faire attention à ce que son capuchon ne fasse pas une chute inopinée qui révélerait son visage. "Fort bien! Je reste à votre disposition s'il y a quoi que ce soit avec ma lance." Affirme-t-elle en suivant un instant la jeune femme avant de s'arrêter, proche du comptoir, pour la laisser continuer sa route seule, bien consciente qu'elle ne peut pas la suivre derrière.
Je me reconcentre sur ma tâche, nettoyant le métal, retirant les traces de rouille et parcourant l’ensemble à la recherche de fissures et autres signes de faiblesse. Mis à part le manche et l’ensemble du métal qui vieilli, elle pourra tenir encore un moment. Je vais donc pouvoir rendre mon verdict à sa propriétaire. Je la prends avec moi pour exposer mon analyse, préférant toujours montrer avec franchise les problèmes pour éviter qu’on ne m’accuse d’essayer d’arnaquer une personne qui ne s’y connait que peu.
Je rejoins le comptoir où la cliente parait m’attendre avec une certaine impatience. Je pose son arme sur le comptoir, nue de son manche et déjà lavée, son métal brillant légèrement plus.
« J’ai commencé à m’en occuper et j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. »
Je soupire légèrement, je n’aime pas vraiment annoncer qu’une si bonne arme arrive à ses limites.
« La mauvaise, c’est que votre lance a fait son temps. Elle n’a pas de défaut particulier, mais c’est l’ensemble qui a vieilli. Je vais faire mon maximum pour prolonger sa durée de vie de plusieurs lunes supplémentaires si possible. Mais si vous venez à l’utiliser de manière trop violente ou enchainer des combats qui l’éprouvent trop, je ne peux garantir que votre amie tienne encore longtemps. »
C’était la pilule difficile à avaler, maintenant je vais essayer de donner un nouvel espoir à sa propriétaire.
« La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas une fatalité. C’était une très bonne arme et je vois que vous en avez pris grand soin malgré les combats qu’elle a menés. Je vais faire tout mon possible pour lui donner une seconde jeunesse. Je peux aussi essayer de la renforcer au niveau des points les plus faibles ou elle risque de briser. Évidemment, ça fait un petit ajout sur la facture d’une dizaine de cristaux, mais ça ne me prendre qu’une demi-heure de travail supplémentaire. C’est juste que je vais devoir ajouter un peu de matière. Vous pouvez refuser cet ajout et on part sur uniquement l’entretien et le premier prix que je vous ai proposé. Je vais faire du mieux possible. »
Je me mords légèrement la lèvre, je n’aime vraiment pas transgresser les principes de mon maître, mais ici je n’ai pas le choix.
« Et si vous tenez réellement à elle, je peux vous conseiller des enchanteurs. Je m’occupe de lui faire un traitement pour la renforcer aussi longtemps que possible, mais elle ne pourra tenir éternellement. Seule la magie le permet. Je peux vous donner des noms de personnes de confiance qui pourront faire un tel travail. Certains sont à la Forteresse. Évidemment, ce sera assez onéreux. La dernière solution que je vois si vous n’aimez pas l’utilisation de la magie, sera de fondre le métal de votre amie pour l’utiliser pour vous en forger une nouvelle. La quantité de travail ne sera pas la même, ni le tarif. »
Je laisse le choix à la cliente. Dans tous les cas, je vais lui faire l’entretien promis, et elle aura ainsi le temps de réflexion nécessaire.
« Je vais commencer l’entretien promis. Cela vous laisse le temps de peser les différentes solutions que je vous ai données. Quand vous vous serez décidé, vous n’aurez qu’à frapper à la porte ici pour me donner votre choix. »
Je lui offre un petit sourire tout en me glissant dans le petit atelier avec la lance. Je prends le temps de désigner la petite porte en question qui sépare la boutique de l’atelier et que je laisse ouverte.
Cette lance aurait fait son temps? Impossible! Quoi que, c'est une arme comme tout autre, bien-sûr qu'après autant d'année l'arme arrive à sa limite, certains diraient sans doute que c'est déjà incroyable qu'elle ait tenue le coup jusque là! Lacey la maniait déjà sur le champ de bataille lorsqu'elle était de la garde, c'est bien pour cela qu'elle y est tant attaché : c'est la dernière chose la reliant à son ancienne vie, à ses compagnons, son unité qui a été éliminée brutalement par un homme en lequel elle avait confiance... Pourtant, elle ne peut se résoudre à accepter la fatalité, à voir cette arme disparaitre comme l'on se débarrasse d'une vieil objet devenu inutile après le passage des années. Il reste cependant la bonne nouvelle : avec quelques cristaux en plus et le traitement adéquat, elle pourrait prolonger la vie de cette magnifique lance mais de quelques lunes tout au plus... Alors c'est sans espoir? Comme elle le pensait, la mauvaise nouvelle prend forcément le pas sur la bonne et tout espoir semble interdit! Quoi que... Il y a quelque chose chez la jeune femme qu'elle n'a pas encore dit, cette hésitation visible, cette manière de se mordiller la lèvre comme si elle hésitait à prononcer ou non ses prochaines paroles... Et finalement, cela tombe : un enchantement! Il y aurait moyen de faire affaire avec un enchanteur pour réparer la lance, la renforcer, "l'améliorer" - comme s'il était réellement possible d'améliorer une si parfaite lance avec la magie - afin qu'elle puisse résister aux affres du temps...
"La magie n'apporte jamais rien de bon..." Laisse-t-elle passer alors que la douleur dans sa poitrine se fait plus intense, comme si cette simple affirmation la ramener à la réalité, à ce qui la garde en vie présentement, à ces lances liées à son être. Mais si c'est pour sauver sa dernière, sa seule amie de ce destin funeste? La jeune femme s'écarte, retournant dans l'arrière salle en laissant Lacey seule avec elle même pour peser le pour et le contre de ces informations, de ces pistes, de ces solutions... Soit abandonner son arme, soit la refondre mais ce ne serait alors plus la même, soit faire affaire avec des enchantements... S'approchant finalement de la porte, elle lève la main et, plutôt que de frapper, ouvre la porte pour se glisser dans l'ouverture, quittant la boutique pour rejoindre la forgeronne à l'abri des regard. Elle ferme la porte derrière elle et s'approche de la jeune femme en relevant lentement la tête. "Navré, je sais que je n'ai sans doute pas le droit d'être ici mais... Il vaut mieux éviter que qui que ce soit me voit ou m'entende présentement... Vous parliez de me donner des noms d'enchanteurs? Pas un de forteresse! Pas un "publique"! Quelqu'un de discret, pouvant éventuellement se déplacer dans les montagnes ou dont la boutique est à l'abri des regards! Connaitriez-vous cela? Car, voyez-vous..." Soudain, la femme se redresse, son dos qui semblait bossu redevient droit alors qu'elle gagne légèrement en taille, sa bosse devient plus visible mais s'avère être en réalité trois "bosses" beaucoup plus petites, beaucoup plus étranges également et soudain, d'un mouvement, la revenante retire sa cape, se découvrant à la forgeronne et plantant son regard spectrale dans celui de la jeune femme. "Je ne peux pas vraiment me montrer aux yeux de tous!"
Ne pas l’entendre ou voir ? À qui ai-je affaire encore ? Elle semble laisser tomber le masque et son déguisement dans le même temps. La bossue se redresse avant de révéler son apparence cadavérique. Je cligne légèrement de l’œil, restant légèrement stupéfaite. Maintenant, je m’occupe des armes des morts ? Je détourne la tête, regardant le mur devant moi, comme pour réfléchir et essayer de trouver un sens à cette situation. Après tout, pourquoi pas ? Il y a déjà eu des rares cas de personnes possédant des pouvoirs le permettant de transcender la mort. Tant que l’on me paye pour mon travail, je n’ai pas à connaître la vie de cette femme.
Avec un soupir, je me relève et récupère le vêtement, le remettant sur les épaules de sa propriétaire. Avec un visage neutre, je fixe son visage spectral. C’est étrange, mais elle ne me fait pas vraiment peur, c’est ma cliente. Un point c’est tout.
« J’ai un nom. Un ami à moi. Je peux lui parler de votre cas et vous donner un moyen de le contacter. »
Je dépasse la femme et reviens dans la boutique. Je récupère une feuille et un crayon, notant des informations pour contacter Almassar. C’est la première personne qui me vient en tête pour ce genre de cas. Et le connaissant, il saura être discret et ne refusera pas de travailler pour un être qui risque de fortement l’intriguer. Et il ne posera pas de questions indiscrètes -si ce n’est sur les capacités du corps spectral- à ma cliente.
Je plie le papier avant de le tendre à la femme bleue. Nous sommes seules pour le moment, mais je lui fais signe de remettre au moins son capuchon. Si elle ne souhaite pas être vue, c’est mieux.
« Il a une boutique à la Forteresse, mais il voyage beaucoup. Le genre à se promener dans les montagnes et s’y perdre. Je peux lui fournir un lieu et une date de rendez-vous pour vous au besoin. Vous choisissez, je transmets. »
Je la laisse récupérer les informations, digérer celles que je viens de lui donner et je retourne dans l’atelier, m’installant pour recommencer à travailler comme si de rien était.
« Je ne vais pas poser de question, tant que vous me payez pour mon travail. Vous avez la chance de ne pas être tombée sur mon maître. Nous partons alors sur l’option qui permettra à votre amie de vous suivre jusqu’à votre dernier souffle ? Enfin, façon de parler. »
Je ne souris pas malgré cette tentative d’humour, trop concentrée sur mon travail. Je laisse la bleue rester dans la pièce si elle le désire, tant qu’elle ne me gêne pas. J’ai un travail de plusieurs heures devant moi, autant que je me concentre sans me préoccuper d’elle.
La forgeronne revient avec un papier, visiblement le nom de sa connaissance qui pourrait répondre aux attentes de la revenante... Un homme qui selon elle pourrait lui venir en aide. Le regard spectrale de la revenante passe de la jeune femme à ce simple papier plié qu'elle lui tend... Une brève hésitation avant qu'elle ne prenne ce vélin tendu pour le glisser dans sa poche sans en regarder le contenu. La jeune femme affirme qu'il peut se déplacer à condition qu'elle lui donne un lieu de rendez-vous. Une offre alléchante mais que l'ancienne garde ne peut simplement accepter de la sorte. Non pas qu'elle se méfie particulièrement mais, le passé lui a apprit à ne pas confier trop aveuglément sa confiance à quelqu'un, après tout, elle ne peut pas se permettre d'oublier qu'elle est encore recherchée, il est possible que la belle lui apporte effectivement son aide, il est également possible qu'elle envoie un bataillon de gardes plutôt qu'un enchanteur au lieu de rendez-vous! Elle ne désire pas tomber dans la paranoïa certes mais c'est difficile de se reposer sur les autres quand l'homme que l'on aimait est responsable de notre mort non?
"Merci... Vous comprendrez certainement par contre que je vais mener ma petite enquête avant de décider d'un rendez-vous. Je vous suis reconnaissante mais je ne peux me permettre le luxe de prendre une entente sans savoir à qui j'ai affaire."
Inutile de le cacher après tout, mentir n'a jamais été son fort. Remettant son capuchon comme l'a invité à le faire la jeune apprentie, elle se déplace lentement, se permettant un regard ça et là sur les travaux en cours de la jeune femme - ou potentiellement de son maître? - en tout cas, elle peut aisément dire que c'est de la qualité, au moins elle sait que sa lance sera bien traitée ce qui est déjà un bon point de cette journée. Un léger ricanement alors que son interlocutrice tente ce qui semble être un trait d'humour et elle prend position en s'adossant contre un mur un peu à l'écart pour ne pas déranger la belle dans son ouvrage.
"J'ai souvent été chanceuse... Je suppose que la déesse continue à veiller sur moi pour une raison inconnue? Et ne vous inquiétez pas, je paie toujours mes dettes, surtout si le travail est de qualité." Affirme-t-elle en secouant la main. "La discrétion rapporte tout au plus un bonus mais je vous remercie tout de même de ne pas m'harceler comme si j'étais un monstre de foire, c'est... Rafraîchissant."
Et un client est un client qui accepte de payer. Ce que la bleue dit vouloir faire, surtout si le travail est de qualité. Un fin sourire étire mes traits. Dans cette pièce, il reste davantage des travaux de mon maître, des objets qu’il m’a demandé d’entretenir en grande partie. Il est du genre maniaque et ses propres travaux ne restent jamais à la vue de quiconque. Il est souvent difficile de savoir s’il a travaillé quelque part, à tel point il range et nettoie derrière lui. Comparée à lui, je semble plus désorganisée. Mais j’ai mes méthodes. Sans être bordélique, j’ai ma méthode de travail qui me permet de me mouvoir en limitant les gestes inutiles.
Quand la cliente fait mention de monstre de foire, je ne réagis d’abord pas. C’est presque comme si je ne l’avais pas entendu, mais je l’écoute d’une oreille. Je me concentre sur ce que je vois, sur ce que mes doigts perçoivent sur le métal, sur l’odeur des produits alors que j’applique une première couche pour finir de nettoyer au maximum l’arme. La noirceur couvrant le métal disparait progressivement, redonnant un brillant et sa couleur à la lance. Les défauts font aussi leur apparition, je perçois bien mieux les endroits où je vais devoir travailler. Un œil non entrainé ne verra pas la différence, mais moi je la vois et la note dans mon esprit. Alors que mes mains continuent leur travail, mon esprit évalue déjà les différentes options pour la suite. Si je ne réponds pas, c’est juste que je suis pour le moment trop concentrée sur ma tâche.
Quand enfin cette première partie est terminée, un long soupir s’échappe de mes lèvres. C’est comme si j’avais retenu ma respiration tout ce temps. La préparation est complètement terminée et je me relève pour préparer les outils pour entamer les réparations. Au moins vingt bonnes minutes se sont écoulées depuis le moment où la bleue à prononcer ses derniers mots, mais je ne les ai pas oubliés.
« Être perçue comme une bête de foire, je sais ce que cela fait. Je ne souhaite à personne de vivre cela. »
Sans un mot de plus, je me réinstalle. Je gagne à nouveau mon mutisme alors que les produits font désormais place à différents outils. Peut-être ma cliente aura-t-elle l’impression que je vais disséquer ou éventrer son amie de métal, et c’est ce que je vais faire. Je commence à retirer de la matière par endroit, comme un médecin retirant des chairs malades. Progressivement, je mets à jour les problèmes à réparer pour me préparer à les combler.
Une fois son oeuvre achevée, la voix de la jeune femme brise le silence qui s'était installé : elle sait ce que c'est qu'être une bête de foire? Le regard, interrogateur, de la revenante en dit long sur ses pensées, que veut-elle dire exactement? Elle imagine mal si belle jeune femme traitée comme une anomalie ou un sujet d'étude pourtant. Cependant, il ne faut pas se fier aux apparences, elle le sait parfaitement! Par ailleurs, la fleur qu'elle possède en place d'un œil ne lui a guère échappé et elle imagine parfaitement comment cela pourrait suffire à passer de belle demoiselle à source de questionnement. Non, personne n'est égale dans ce monde malheureusement! Quoi que l'on puisse en dire, certains pouvoirs sont moins enviables que les autres. Le silence retombe finalement, exactement comme il est venu. La forgeronne semble avoir terminé le début de son travail et voilà maintenant qu'elle sort les outils nécessaires à la suite. Nul doute que la lance va finir dans un état effroyable avant de se faire réparer, en temps normal Lacey se serait ruée sur cette personne s'apprêtant à "détruire" sa précieuse arme mais... C'est elle la professionnelle alors, même si elle ne la connaît pas, elle décide de rester calme et de lui faire confiance pour prendre soin de sa partenaire de longue date.
"L'être Humain est stupide n'est-ce pas? Ce qu'il ne conçoit pas est toujours traité différemment... Il suffit d'un rien, d'un moment, d'un détail anodin ou pas, pour qu'une personne devienne soudain un sujet des études les plus déplacées" Laisse-t-elle passé en soupirant. Ce n'est pourtant pas de la colère qui transparait dans sa voix, bien qu'elle semble parler d'elle - ou peut-être indirectement de l'oeil de la jeune femme - c'est une sorte de lassitude qui se ressent dans ses propos à cet instant...
Après les produits, les dissections, les véritables réparations suivent. Je reste muette tout du long, ne lançant qu’un petit coup d’œil par moment en direction de la boutique, vérifiant que je n’ai pas loupé l’entrée d’un client entre temps. J’en oublierais presque la présence de la revenante non loin, mais je sens bien son regard qui surveille mes gestes. Je ne me laisse pas démonter pour si peu, restant concentrée sur ma tâche et mon objectif.
Quand enfin je relève enfin le nez pour admirer le travail accompli, la luminosité extérieure commence à baisser. Je relève l’arme sur laquelle j’ai travaillé durant toutes ces heures, laissant mes doigts en parcourir la surface et mon œil inspecter les derniers détails. Quelques ajustements, un petit coup de polish par-ci, un petit nettoyage par là. Quand je suis satisfaite, je viens attraper du matériel pour créer une nouvelle poignée convenable puisque l’ancienne n’est plus utilisable. Cette étape est quasiment la plus rapide et il ne me faut qu’une bonne vingtaine de minutes pour enfin arrêter de travailler.
Un dernier coup de chiffon sur cette merveille que j’ai fini d’entretenir et je me lève pour la tendre à sa propriétaire. Mon regard est fatigué, mes traits légèrement tirés après avoir été concentrée si longtemps, mais un petit sourire satisfait étire mes traits. Je laisse ma cliente récupérer son amie, l’essayer et s’assurer que je ne l’ai pas déséquilibrée. Je la regarde exécuter plusieurs mouvements jusqu’à hocher de la tête d’un air satisfait.
« Il semblerait que j’ai fait du bon travail malgré l’état dans lequel votre amie était. Je vous laisse vous retrouver et vérifier mon travail pendant que je vais préparer la facture et les noms que je vous ai promis. »
Je laisse la revenante reprendre ses marques avec son arme qui doit lui donner l’impression d’en avoir une nouvelle pour rejoindre la boutique. Je me glisse derrière le comptoir sous lequel je récupère un livre de compte, un boulier et de quoi écrire. Je rédige la facture promise et liste plusieurs noms et adresses sur un morceau de papier séparé. Je le plie soigneusement avant de poser le tout sur le comptoir quand ma cliente revient.
« Si tout est bon pour vous, je vous laisse payer la somme que nous avions convenu. Je vous ai également préparé ce que je vous ai promis. Le premier nom est celui en lequel j’ai le plus confiance pour sa discrétion et c’est un ami. Les autres sont aussi professionnels, mais je ne peux être aussi certaine que pour le premier enchanteur. À vous de faire votre choix. »
Un léger sourire fatigué, mais poli en direction de la cliente que j’espère satisfaite de mon travail. Elle sera certainement la dernière de la journée et je vais fermer la boutique après son départ, mais je pense que j’ai ici pu travailler pour la semaine. Ce n’est pas tous les jours que j’ai une telle opportunité.
Au bout d'un moment pourtant, la belle affirme avoir terminé son travail! Une nouvelle poignée, une lame plus belle que jamais, c'est à peine si elle peut reconnaître sa lance si ce n'est dans les quelques détails qu'elle a l'habitude de côtoyer depuis deux cents ans maintenant. Prenant l'arme en main, elle la fait tourner habillement autour d'elle, effectuant une étrange danse avec son arme qui semble soudainement être devenu un prolongement de son propre corps qu'elle maîtrise aussi facilement qu'elle ne marche. L'équilibre est parfait, elle est légèrement plus lourde mais cela lui donne une meilleure prise, nul doute que sa visée n'en sera que plus précise même si elle se doit de se réhabituer, elle sait ce qu'elle va faire dans les jours à venir. Un hochement de tête confirme à la belle qu'elle est satisfaite et cette-dernière - visiblement fatiguée - se retire alors afin de préparer les noms d'enchanteurs dont elles ont discutés ainsi que la facture pour son travail. Un moment, Lacey reste seule avec son arme, bien heureuse de la voir en si bon état et lorsqu'elle est satisfaite, remet correctement sa cape, recourbe son dos, et sort de l'arrière boutique pour rejoindre la charmante demoiselle. Elle prend la liste, regarde le premier nom et sourit doucement, ce sera donc lui! Si la forgeronne s'en porte garante, autant ne pas chercher plus que de raison. Elle dépose ensuite une bourse sur le comptoir, contenant visiblement plus que la somme convenue et relève ses yeux spectrale sur la belle.
"La somme convenue, ainsi qu'un petit bonus pour ma satisfaction et en remerciement de ne pas parler de ma visite à quiconque..." Un petit clin d'oeil "complice" et sans un mot de plus, la revenante se détourne pour quitter la boutique. Première étape sa grotte ensuite, trouver l'enchanteur dont il est question. Elle va être occupée, c'est une certitude.
J’encaisse la somme adressée à la forge et récupère le reste. C’est mon gagne pain et le garder pour moi évitera que je doive ébruiter le secret de ma cliente. Motus et bouche cousue. C’est avec un large sourire que je quitte la boutique, regagnant mes quartiers pour ranger précieusement mon gain du jour. Quand c’est fait, j’enchaine avec un bon bain dans les sources chaudes et la préparation du repas. Quand mon maître revient, il est déjà tard et le repas a même commencé à refroidir. Nous partageons le diner, je lui parle de ma cliente et de mon travail de la journée tout en évitant les détails secrets. J’ai droit à des félicitations pour avoir eu droit à un pourboire -dont je n’ai pas précisé le montant- pour l’excellent travail que j’ai fourni. Cela fait du bien à l’ego et me donne un peu de fierté.
Quand le repas est fini, je regagne ma chambre. Je me demande un moment ce que je vais pouvoir faire de cette somme. La dépenser en compagnie d’Almassar ? Ou bien avec Adam ? Investir dans de l’équipement ? Ou mieux, garder et économiser pour des investissements plus conséquents. Je finis par me dire que je verrai bien après avoir dormi. La nuit porte souvent conseil.