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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Une opération si bien ficelée
    Kemenes BiezdańLa Garde
    Kemenes Biezdań
    Informations
    Une opération si bien ficelée
    Lun 13 Déc 2021 - 22:35 #
    La bande à Osmerus n’était pas encore arrivée. Le soleil pointait à peine le bout de son nez, la mer était calme et une légère brume hivernale recouvrait la plage. Kemenes et ses hommes planquaient derrière des rochers, ayant une vue imprenable sur la petite plage et ses alentours. Osmerus n’était qu’un petit contrebandier de bas étage, mais il était doué pour échapper à la Garde. Enfin doué. Rusé et vicieux surtout, Biezdán n’avait qu’une hâte, c’était de lui passer les menottes. Et si pour celà il fallait le secouer un peu, ce n’était pas bien grave. Il incarnait tout ce qu’elle détestait chez un criminel. Peut-être aussi que sa tête ne lui revenait pas, tout simplement, avec son sourire en coin et sa barbe mal fournie. D'ailleurs, Le criminel ne la portait pas dans son cœur non plus.
    Depuis qu’elle avait mis le doigt sur son petit groupe de bandits, elle ne les lâchait plus, et Osmerus, ça le mettait en rogne bien comme il faut. Aussi, il avait redoublé d’efforts pour passer sous les radars, et l'amiral avait bien failli perdre sa trace. Heureusement grâce à la ténacité de son équipe (et quelques nuits blanches), ils avaient réussi à retrouver la trace de ce charmant bandit, et à remonter à leur planque actuelle connue.

    Kemenes devait avouer que, même elle qui se targuait de bien connaître les côtes, les petites criques et autres grottes fréquentées par les frappes de la région, cet endroit lui était encore inconnu. Il fallait en effet passer par une plage, ensuite par une grotte, pour accéder enfin à ce petit ban de place, encerclé de rochers. Il était accessible via la côte seulement par un esaclier en pierre à moitié effondré et couvert d’algues, que seul un idiot inconscient aurait l’audace d’emprunter.
    C’était une des rares interventions terrestres de Biezdán. Elle était surtout habituée à intervenir sur les eaux, mais de temps en temps le régiment faisait appel à elle pour des opérations sur les côtes. Pour celle-ci en particulier, elle s’était entourée des membres de son équipage en qui elle avait le plus confiance. Ils avaient minutieusement préparé leur embuscade.  Alydia resterait en embuscade à l’endroit où elle se trouvait actuellement, Zerff se placera dans les hauteurs avec son arc et Janòsz servira d’appât.
    Effectivement, il s'était fait passer pour un marchand peu scrupuleux, et avait réussi l’exploit de gagner un semblant de confiance avec les hommes du bonhomme. Aujourd’hui, il était censé assister à la fameuse débarquation des produits illégaux et aider à en prendre certains pour les revendre. L’amiral, quant à elle, allait se cacher derrière les rochers les plus immergés dans l’eau, cela lui permettrait d’être la plus proche des contrebandiers. Elle s’était vêtue plus légèrement à cet effet : elle portait un débardeur à col haut et un caleçon noirs. A sa ceinture, elle n’avait qu’une dague, son épée étant trop lourde pour nager avec.

    Tout était calculé au millimètre près, plusieurs plans de secours avaient été préparés en cas de pépin. Des renforts étaient, bien sûr, prévus en cas de tentative de fuite des malfrats car il était inconcevable pour Biezdán de laisser Osmerus s’évanouir une nouvelle fois dans la nature. Il y  avait de plus gros poissons dans l’océan à attraper que cet éperlan-ci.

    Kemenes scrutait la mer quand Alydia vint lui annoncer que tout était fin prêt. La garde, une main sur le pommeau de son épée, souhaitait autant en découdre que sa supérieure. Elle se plaça à côté d’elle et observa la mer à son tour.

    - Vous pensez qu’ils seront à l’heure ? Demande-t-elle en plissant ses yeux bruns. Ses boucles noires flottaient dans la brise fraîche du matin.

    - Si il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas enlever à Osmerus, c’est sa ponctualité. Zerff est en place ? Répondit Kemenes sans quitter l’horizon des yeux.

    En guise de réponse, Alydia émit un son d’oiseau, une sorte de sifflement clair et mélodieux. Après quelques secondes, un sifflement semblable provenant d’entre l’escalier et les roches hautes se fit entendre. La garde se retourna alors vers sa cheffe pour acquiescer avec un sourire affirmatif.  Janòsz les rejoignit d’un pas désinvolte. Du haut de son mètre soixante-cinq et sa bouille d’ange,  il ne paraissait pas forcément intimidant. C’est ce qui avait peut-être aidé à entourlouper Osmerus et ses copains.

    - Tu devrais te positionner Jan, ils ne devraient plus tarder. Lança Alydia d’un air réprobateur en voyant le garde d’adosser à un rocher pour s’allumer une cigarette.

    - Calmos Al, on est trente-mille heures en avance, j’peux bien m’en griller une.

    - Urgh…Alydia lança un regard désapprobateur au jeune homme. A chaque fois que Jan s’allumait une blonde, elle avait l’impression de voir un chérubin fumer et ça lui faisait tout drôle.

    - Tu peux t’en griller autant que tu veux, mais reste alerte. Si l’un d’entre vous fait cramer cette opération, je le pends à la poupe du Guerroyeur pendant une tempête. Dit Kemenes d’une voix calme.
    Jan se figea un instant, et se rappelant de sa dernière punition, éteignit discrètement sa cigarette.

    - Bon eh c’est pas l’tout mais j’ai une bande de malfrats à berner moi, dit-il en réajustant son tricorne. Il fit un clin d'œil à Alydia en partant, qui lui répondit par un joli doigt d’honneur.

    Kemenes se retourna enfin, et informa la garde qu’elle allait entrer dans l’eau pour se positionner à l’endroit prévu. Alors qu’elle avait à peine les jambes immergées, un sifflement strident résonna fortement. C’était Zerff.  Janòsz et Biezdán échangèrent un regard inquiet. Alydia fit un signe à sa supérieure, lui faisant comprendre de venir la rejoindre expressément. Le cœur battant, la jeune femme, se baissant pour ne pas être aperçue de derrière les rochers, la rejoignit rapidement.

    - Qu’est-ce-qu’il se passe ? Osmerus va rappliquer d’une minute à l’autre ! Elle commencait déjà à se recouvrir d'écailles, quelques unes étaient apparues sur son visage.

    - Justement ! Zerff vient de repérer un clampin en train de descendre les escaliers vers la plage !

    - Les escaliers ?! Mais quel est l’idiot qui…

    Les deux gardes tournèrent la tête vers la l’escalier qu’on distinguait à peine entre la végétation et les éboulis. Et effectivement, une personne apparut au bout de quelques minutes. et déambulait en direction de la plage.

    - Merde. Al, rappelle Janòsz. L’amiral fulminait. Il était hors de question qu’un touriste foute en l’air six mois de travail acharné.
    Le jeune garde arriva bien vite, un air concerné plaqué sur le visage.

    - Janòsz, tu vas me chercher ce flâneur par le colbac, tu lui dit direct que tu es de la Garde et qu’il fasse aucun bruit, sinon tu me l’assomme. Alydia, dit à Zerff de prévenir les renforts, tant pis pour l’avantage en hauteur, on fera sans. Si jamais ça part en sucette, ils arriveront plus vite que prévu.

    Janòsz parti d’un pas vif et silencieux en direction du départ de l’escalier, ou ce qu’il en restait. Alydia siffla les instructions à Zerff, qui répondit presque aussitôt, et Kemenes put entendre un bruissement d’ailes lui indiquant qu’il était bien parti prévenir les renforts. L’amiral se massait nerveusement les tempes, comme pour essayer de penser plus efficacement. Alydia resta silencieuse, se disant qu’il ne valait mieux pas ouvrir la bouche pour le moment. Elle remarqua qu’au loin, sur la mer, des silhouettes de chaloupes se dessinaient. C’était certainement ceux qu’ils attendaient. Elle se doutait que sa cheffe devait les avoir aperçu aussi, car sa lèvre supérieure se retroussa légèrement, laissant apparaître ses dents pointues.
    Il ne s’était écoulé que quelques minutes lorsque Janòsz revint accompagné du fameux clampin, le tenant fermement par le bras. Kemenes se redressa souplement, et s’approcha de lui. Car c’était un jeune homme qui venait importuner les plans de la garde. Pas très grand, les cheveux en bataille. La garde remarqua des reflets bleutés dans sa chevelure et ne put s’empêcher de trouver cela joli. Elle en fit rapidement abstraction, et se pencha vers lui.

    - Kemenes  Biezdán, amiral de la Navale au Grand-Port. J’espère que vous réalisez dans quel bourbier vous vous êtes mis, Monsieur le promeneur.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
    Informations
    Re: Une opération si bien ficelée
    Mar 14 Déc 2021 - 16:47 #
    Définitivement, l'enchanteur avait fait une excellente affaire. Arrivé au Grand Port depuis peu à la recherche de certaines poudres et matériaux produits à partir de coquilles voir de carapace de certaines créatures marines assez peu communes, il avait eut la chance de tomber rapidement sur un homme, certes un peu étrange et louche, mais qui disait posséder ce dont il avait besoin et dans les quantités nécessaires, et le tout à un prix plus que correct. Une belle aubaine pour Almassar, qui n'allait clairement pas cracher sur une telle possibilité. Tout cela avait un relent un peu désagréable de contrebande possible, mais au fond, ce n'était pas le soucis de l'enchanteur qui n'avait pas envie de mettre le nez dans ce qui ne le regardait pas. Lui achetait un produit dont il avait besoin, à un prix correct. Osmerus était le nom de ce pittoresque vendeur. Et, ne connaissant pas réellement les mœurs de la région, l'enchanteur s'était simplement dit qu'il pratiquait des méthodes de vente agressives pour attirer les clients, surtout les touristes comme lui, bien plus simples à piéger.

    Certes, l'invitation à le retrouver le lendemain matin dans un coin isolé de la plage et pas aisé d'accès soulevait quelques questions dans l'esprit du chercheur, qui étaient tenaces. Sa moralité possède certes une certaine élasticité, et si vivre dans la zone grise ne le dérange pas, il n'est pas encore assez profondément plongé dans le travail -ou les problèmes- pour la laisser ainsi le dévorer et passer au dessus de son jugement. Mais les prix avantageux, suivi de l'explication que le petit prix est en partie à cause de cette livraison sur place évitant de couteux frais de transport et de marché ont fini par le convaincre à accepter cette transaction qu'il sait pourtant surement flirter proche de l'illégalité. C'est bien pour cette raison qu'il s'évita à toute question superflue auprès du marchand, qui ne semblait que trop heureux de ne pas avoir à répondre à quelque question un peu pointue sur la source de sa cargaison et de sa livraison si matinale.

    Et c'est justement sous cette légère brume matinale qu'Almassar progresse. Ne connaissant que peu les lieux, il a perdu du temps dans son chemin, et s'est même légèrement perdu plus d'une fois. Tellement que son Tempus sorti de sa poche d'une main fébrile lui indique que le temps va rapidement commencer à manquer si il ne presse pas le pas. Mais chaque dune ressemble à la suivante, chaque passage a son voisin et chacun rocher aux milliers d'autres présents. Difficile de trouver le moindre repère. Certes, Osmerus lui avait bien indiqué de chercher une plage avec trois rochers en forme de tridents, menant à de petites criques et bancs isolés, mais ça lui faisait une belle jambe en cet instant précis, au client. Impossible de la trouver, et le temps défile toujours, commençant même à le mettre en retard.

    -"Putain, manquait plus que ça, se perdre de bon matin dans le brouillard..."

    Se parlant à lui même, l'enchanteur frotte ses mains ensembles avant de les glisser dans ses poches. Si le temps est clément et doux comparé à la Forteresse et ses rafales givrées mortelles, l'humidité des lieux, la présence de la mer proche et le déchainement des éléments qui s'entrechoquent produisent des conditions toutes particulières, surtout quand l'on est pas habitué. Au lieu du froid, c'est l'humidité qui s'infiltre dans les éléments, vient les imbiber de cette nappe humide. Puis cette fraicheur insidieuse s'occupe de ces dizaines de petites failles dans l'armure de chaleur pour entamer son œuvre et refroidir jusqu'aux os le pauvre hère, trop occupé à se repérer et jurer pour réellement faire attention à cette grippe qui vient tout doucement serrer sa prise autour de sa gorge. La maladie attendra, en cet instant, c'est trouver le lieu de la transaction pour la conclure qui compte.

    Ses pas le portent un peu plus haut sur une vue d'ensemble... D'une nappe de brouillard. Très utile, particulièrement pertinent pour s'y retrouver dans cet enfer cotonneux. Une poignée de minutes supplémentaires et Almassar repère un petit escalier de pierre, se souvenant d'un conseil du marchand à propos d'un tel lieu, donné la veille.

    -"Si jamais tu te perds, il existe un chemin de pierre bien plus rapide qui coupe au travers de la plage. Mais attention, il est particulièrement glissant et risqué, surtout le matin..."

    Un dernier coup d’œil au Tempus et l'assurance que si il n'emprunte pas ce défi de la nature, il sera en retard. L'enchanteur prends une grande inspiration et commence à suivre le chemin, bien trop long à son gout. Les marches de pierre, si l'on peut réellement appeler cela des marches sont humides et traitresses, chaque pas apporte son risque de glissade et de chute potentiellement mortelle. Parfois, le sifflement d'un oiseau discret ajoute un peu de sonorité à cette morne plaine. Rien qui ne permette à ce client réellement trop naïf -ou pressé- de comprendre dans quoi il se jette. Quelques marches supplémentaires, une glissade qui aurait pu très mal tourner, et à peine le temps d'arriver à s'en remettre qu'il voit la silhouette d'un garde se rapprocher de lui, à grande vitesse. Ouvrant les lèvres pour demander son chemin et ce qu'il se passe pour justifier la présence d'un soldat, il est interrompu d'un geste sec de ce dernier qui se rapproche d'un pas bien plus rapide et habitué, silencieux, avant de murmurer d'une voix basse.

    -"Taisez vous et suivez moi. Ne faites pas un bruit si vous ne voulez pas que ça barde pour vous."

    Almassar est totalement perdu, souhaitant poser tant de questions mais ne pouvant le faire. Dans l'obscurité des évènements en cours, il est obligé de n'être qu'un suiveur sans informations, espérant que la lumière au bout du tunnel l'illuminera. Heureusement qu'il est en compagnie d'un garde, et qu'il se dit donc qu'il ne risque rien de lui arriver, n'ayant rien fait de mal après tout.  Un peu de marche supplémentaire d'un pas un peu plus léger et rapide, guidé parfois d'un souffle par Janòsz lui indiquant une meilleure méthode pour ne pas se vautrer au sol et se briser la nuque laisse le chercheur arriver en plein milieu de l'opération dont il ne connaissait absolument rien. Plusieurs soldats sont prêts, et ce qui ressemble à une officière, avec des écailles apparaissant sur son visage et les quelques parties visibles de son corps sous sa tenue. Elle a définitivement un physique atypique, il est obligé de le noter. Et tout autant l'est sa façon de lui parler. Clignant des yeux sans comprendre ce qui lui arrive pendant quelques secondes, l'enchanteur finit par se reprendre pour enfin répondre.

    -"Almassar Heckel, enchanteur... Et a vrai dire absolument pas ? Je suis arrivé au Grand Port il y'a peu pour effectuer des achats, et j'avais rendez-vous ce matin sur cette plage pour une transaction... Quel est le problème ?"

    Car a voir le déploiement de soldats, et surtout le rang de la femme face à lui, ce n'est clairement pas un simple petit exercice, on l'aurait gentiment détourné autrement. Finalement, il arrive à assembler les pièces du puzzle et pousse un long soupir fatigué, fermant les yeux en se massant les tempes. Il pourrait rapidement avoir de gros problèmes, et préfère donc directement coopérer.

    -"Je me disais bien que l'offre était trop belle pour être vraie. Et au fond d'une plage comme ça, laissez moi deviner, il fait du trafic illégal ? J'aurais du m'en douter, je suis un petit touriste, facile de me revendre quelque chose, j'ai pas fais trop gaffe à cause du prix..."

    Nouveau soupir. Il s'en doutait un peu, mais espérait au fond juste avoir fait une bonne affaire. Croisant les bras en restant calme, après tout il ne peut rien faire de plus, Almassar incline la tête et observe la femme qui peut désormais faire ce qu'elle souhaite de lui.

    -"Que va-il m'arriver, désormais ? Vous semblez en plein milieu d'une opération si j'arrive encore à additionner deux et deux."
    Kemenes BiezdańLa Garde
    Kemenes Biezdań
    Informations
    Re: Une opération si bien ficelée
    Jeu 16 Déc 2021 - 23:10 #
    Kemenes haussa un sourcil. Elle avait peine à croire que le dénommé Almassar ne s’était pas plus que ça interrogé sur le prix si arrangeant de la marchandise qu’on lui avait promis, ainsi que la localisation si reculée de la transaction. Touriste ou pas touriste, il y avait tout de même un minimum de jugeotte à avoir, surtout s' il était vraiment nouvel arrivé au Grand-port. Elle scruta le visage du jeune homme, pour n’y trouver que de la déception et un peu de fatigue. L’enchanteur semblait calme, il avait croisé ses bras et attendait qu’on lui dise quelque chose. Alydia le regardant d’un œil méfiant, se pencha vers sa supérieure.

    - Vous y croyez à cette histoire, vous ? Chuchota-t-elle en ne quittant pas le jeune homme des yeux.

    - Bien sûr qu’elle y croit pas ! Intervint Janòsz, les poings sur les hanches. Nan mais, tu nous prends pour des pastèques ou quoi.

    -Jan !

    Kemenes continuait de regarder la personne qui allait peut être faire échouer le fruit des plusieurs mois de travail acharné. Elle jeta un coup d'œil à ses hommes. Outre Alydia et Janòsz, ils n’étaient qu’une petite dizaine. La plage n’étant pas bien grande, elle avait jugé bon de ne pas envahir le lieu de gardes.

    - Changement de plan. Janòsz, tu te places avec un premier groupe de cinq là où était censée être Alydia. Le reste, vous barrez l’entrée de la grotte, personne ne rentre, personne ne sort. Alydia, tu vogues solo, je te veux près des rochers. Tu galèrera pas bien longtemps, Zerff arrivera par la côté, tu seras la première dans son champ de vision.

    - Mais…Commença Janòsz mais le regard que lui lança sa cheffe le fit taire aussitôt.

    Il partit, non sans lancer un regard assassin au jeune enchanteur. Alydia poussa un soupir en se grattant la tête. Elle salua l’amiral et donna quelques instructions au petit groupe restant, qui ne semblait pas bien rassuré par le soudain revirement de situation. Kemenes savait qu’elle misait gros. Enfin, gros, elle pourrait toujours rattraper Osmerus. Mais par Lucy, elle allait en attendre parler à la Navale de cet échec. Alors plutôt que de penser à un possible échec, elle voulait mettre toutes les chances de son côté, même si cela voulait dire pour cela s’associer à un possible boulet. Elle s’agenouilla derrière les rochers, la mer pouvait lécher la semelle de ses bottes. Elle encouragea d’un signe de main Almassar à en faire de même.

    - Maintenant, vous allez m’écouter attentivement parce que j’ai pas tout le temps de Lucy. Osmerus doit être arrêté aujourd’hui. Tout était prévu, au millimètre près. Autant vous dire que voir votre jolie tête se ramener ici ne m’enchante pas des masses, surtout à ce moment précis.

    Biezdán lui montra discrètement les chaloupes des contrebandiers se rapprochant dangereusement de la plage.

    - Vous avez un peu déboulé dans mon opération comme un requin saoulard dans un ballet aquatique alors vous allez me rendre un petit service. Si ce que vous dites est vrai, vous allez participer à la vente comme prévu. Faites-nous gagner du temps, posez-lui des questions, n’importe quoi, sur le métier, les objets rares. S' il n’est pas très loquace, demandez-lui comment il s’est fait sa cicatrice à la joue, il ment à chaque fois avec une histoire à dormir debout. L'amiral dévoila ses dents pointues dans un sourire sardonique.

    - Comment vous dire poliment que vous n'êtes pas en position de refuser ?

    Elle examina l'expression du jeune homme et posa une main qui se voulait amicale sur son épaule. Elle essaya d'avoir l'air à l'aise, car elle n'avait pas l'habitude d'une telle proximité avec un parfait étranger, encore moins avec un pigeon d'Osmerus. Ils étaient toujours baissés, les pieds dans l'eau et Almassar semblait ne pas mesurer réellement l'ampleur de la situation. Kemenes poussa un soupir nerveux et lui rappela ce qu'il devait faire avant de lui indiquer le groupe de contrebandiers en train de débarquer de leurs bateaux d'un mouvement de tête. Ils devaient être une dizaine, le groupe était mixte. "Nous ne sommes pas si supérieurs en nombre. Pour le moment." La garde reconnut quelques têtes mise à prix, son ventre se tordit sous la pression et le stress. Il fallait que tout réussisse, il le fallait.

    - Almassar, j'y vais. Je compte sur toi.

    Tel un animal, elle se laissa entrer dans l'eau à quatre pattes, silencieusement. Quand elle n'eut bientôt plus pieds, elle se redressa avec fluidité et attendit la sensation familière de picotement et fourmillements lui parcourir les membres. Elle sentit son échine frissonner, et ses muscles se détendre et se tordre. Ses mais se palmèrent, des branchies se creusèrent de chaque coté de son cou. Des écailles apparurent sur tout son corps, son visage, elle pouvait sentir ses yeux changer de couleur pour se teinter entièrement de noir. Alors que sa transformation allait bientôt se terminer, Kemenes ressentit une violente émotion, indescriptible, qui lui donna le signal pour mettre la tête sous l'eau. Juste avant de plonger, elle lança un dernier regard en direction d'Almassar.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Une opération si bien ficelée
    Ven 17 Déc 2021 - 16:40 #
    Bien sur que les gardes ne croient pas à son histoire. Après tout, l'enchanteur est bien le premier à avoir émis des doutes sur la provenance des marchandises au vu de leur tarif. Mais encore une fois, au fond... Ce ne sont pas ses affaires. Il a trouvé un marchand lui offrant des prix avantageux, aux méthodes louches. Ce n'est pas réellement à lui d'enquêter sur la provenance de la marchandise et il doit juste garder une zone assez grise pour pouvoir se désengager moralement sur les actes. Exactement ce qu'il a fait, en laissant les excuses foireuses d'Osmerus prendre. Donc plutôt que de se défendre inutilement, l'homme laisse passer la tempête. La situation change bien rapidement, de nouveaux ordres ont donnés. Encore une fois, pas difficile de comprendre que sa présence fout un joli bordel dans ce qui était jusque la une ruche de fourmis bien agencée. Les quelques regards ne le dérangent pas outre mesure, se concentrant sur Kemenes, elle qui peut décider de son avenir et de ses prochains jours. Car il peut totalement finir en geôles pour ce qu'il vient de faire, si jamais elle se décide à être procédurière. Et même si sa défense est surement assez solide pour en sortir rapidement, c'est un moment qu'il souhaiterait éviter.

    Suivant le geste de l'amirale, il se penche à son tour pour l'écouter. L'eau fraiche est matinale est loin d'être agréable, mais heureusement ses bottes tiennent le coup et lui évitent le pire du froid hivernal. Se prenant à imaginer le retour du Printemps et du beau temps, il penche la tête pour s'assurer d'entendre ce qu'elle lui dit. Servir d’appât, dans ce qui va bientôt devenir une zone de combat. Définitivement, il a bien choisi son jour et son vendeur pour faire sa transaction. Un sourire mi dépité mi résigné émerge de ses lèvres, alors qu'il termine lentement par hausser les épaules à ce petit rajout superficiel, mais qui pose tout de même les bases de leur relation.

    -"J'avais compris que je n'en avais pas réellement le choix, je ne suis pas idiot non plus. Même si vous devez penser le contraire en cet instant. Je m'occuperais de lui occuper le temps en ce cas, tant que vous pouvez m'assurer que je ne vais pas me faire massacrer en petits morceaux quand les coups vont commencer à pleuvoir."

    Il observe les barques entamer leur débarquement, puis Kemenes partir. Le second fait attire bien plus sa curiosité, alors qu'il observe cette transformation prendre place. Il se force parfois à regarder ce qu'il se passe au niveau de la plage, et de ne pas perdre de vue son objectif malgré ce qui se déroule sous les yeux. C'est difficile mais il commence à s'habituer aux métamorphoses toutes plus étranges les unes que les autres. Et enfin, quand l'amirale plonge, il prend ça comme le signe que c'est à son tour d'y aller. Sortant de l'eau en se redressant, il fait quelques pas pour reprendre la route normale qu'il ferait sur la plage, finissant son chemin pour se rapprocher de ces contrebandiers lui servant de marchands improvisés. Bien rapidement, Osmerus l'aperçoit et lève les bras avec un sourire, haussant le ton.

    -"Almassar ! Je vois que tu as su te retrouver malgré l'heure matinale et les vagues capricieuses. Le trajet ne fut pas trop compliqué ?"

    L'enchanteur continue d'avancer, cherchant quoi dire. Il ne peut pas lancer "Oh si, au fait, vous savez, une opération entière de gardes va vous tomber dessus". Enfin si, il pourrait. Mais ce serait risquer sa peau et sa liberté pour quelqu'un qu'il ne connait absolument pas. A la place, il étire un petit sourire convoyant toute sa fatigue matinale, teintée de fraicheur humide qu'il subit depuis sont départ de son auberge.

    -"Ça aurait pu être pire, le chemin en pierre dont tu m'as parlé m'a été très utile mine de rien ! Alors, tu as ma marchandise de disponible ? J'ai hâte de voir ça..."

    Un hochement de tête sert de réponse à Almassar qui continue de s'approcher. Bien rapidement, Osmerus l'attrape par l'épaule et commence à le guider tandis que ses comparses s'occupent de débarquer les caisses de matériel les unes après les autres. Vu la masse, c'est en effet une jolie prise. L'enchanteur est tenté de laisser son regard se poster aux alentours, ne sachant que trop bien ce qu'il s'y trouve. Mais il se réfrène, sous peur de donner des indications au contrebandier et qu'il commence à se méfier, ce qui signifierait surement un moment très désagréable voir fatal pour lui...

    -"Alors comme tu l'avais demandé pour commencer, une peau de Salamandre de Braise. Une fois que tu auras payé, je te montrerais la suite."

    L'enchanteur s'approche et observe le bien, enroulé dans des cuirs humidifiés et gardés humides. Exactement ce qu'il avait acheté, et la peau semble en bon état. Avec un sourire il vient fouiller dans son sac et en sortir une bourse bien garnie, qui passe rapidement de main. Bien sur, Osmerus surveille le contenu avant de sourire à son tour, alors que l'enchanteur récupère le tout pour le glisser dans son sac sans fond.

    -"Vu la qualité de la peau, je compte bien que tu me montres la suite, je suis sur que je pourrais trouver encore mon bonheur dans ce que tu as ramené ici."

    Après tout, quel meilleur moyen de gagner du temps que faire appel à la fibre cupide d'un contrebandier ? Bon, Almassar aussi joue sa partition, espérant qu'il pourra garder ses emplettes à la fin de la mission, ou au moins se les faire rembourser...
    Kemenes BiezdańLa Garde
    Kemenes Biezdań
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    Re: Une opération si bien ficelée
    Mer 29 Déc 2021 - 0:35 #
    De loin, Almassar semblait gérer la situation. Enfin, par gérer la situation, il semblait surtout se remplir la besace d’objets obtenus de manière illégale. Kemenes se disait que si jamais il faisait tout capoter, il devra non seulement rendre lesdits-objets, mais aussi cracher quelques intérêts bon gré mal gré. Mais il n’était pas question de ça pour le moment. La garde ondulait, le sommet de la tête hors de l’eau, seuls ses yeux étant visibles. Elle avait prévu qu’un ou deux éclaireurs seraient restés en mer, afin d’avoir une vue d’ensemble sur la plage. Elle avait repéré une petite barque, plus éloignée que ne l’aurait voulu peut-être son capitaine, du côté est de la côté. Silencieusement, Kemenes plongea sous l’eau.
    Elle se laissa tomber en arrière, battant des jambes, ses nageoires caudales l’aidant à se propulser dans l’onde salée. Elle allait vite, et une sensation d'impatience lui picotait l'échine. Son corps tout entier lui hurlait de nager plus vite, plus loin. Ses écailles vibraient, elle pouvait sentir son cœur s’accélérer au fur et mesure qu’elle s’enfonçait dans les méandres de l’océan. Son sang bouillonnait  en sentant l’eau glisser le long de ses membres, l’accompagnant dans ses mouvements. Elle croisait quelques poissons et créatures aquatiques, qui outre le fait de montrer de la curiosité envers cette étrange créature humanoïde qu’était actuellement l’amiral, ne semblait pas plus que ça s’émouvoir de sa présence et ne montraient pas de signes de peur, ni d’agressivité. Ce qui n’était pas plus, car Kemenes avait déjà une bande de planctaillons à gérer, si en plus elle devait engager quelques combats territoriaux avec tel ou tel animal, elle ne s’en sortirait pas. La transformée se laissa aller plus profondément encore, regardant la lumière de la surface danser au-dessus d’elle, quelques rayons arrivant à se frayer un chemin dans les eaux sombres de la mer hivernale. Le temps semblait s’écouler plus lentement. Ses bras flottaient, ses nageoires ondulaient sous le léger courant dans une sorte de ballet silencieux. Un sentiment de plénitude la gagna, comme à chaque fois qu’elle se transformait. Elle pouvait ressentir cependant que quelque chose manquait, une sensation incomplète, un puzzle auquel il manquerait une pièce. Elle effectua une roulade  arrière et aperçut la silhouette de la barque où se trouvait un des éclaireurs.

    Le moment était passé, il fallait revenir à la réalité. L’adrénaline remontant en flèche, elle se fraya un chemin entre les algues, plus denses du côté des récifs. Elle devait être rapide et efficace, pour ne pas attirer l’attention du deuxième complice, qui devait sûrement être posté non loin de là. Elle comptait sur le bagou d’Almassar pour attirer l’attention ailleurs, il avait l’air de savoir comment baratiner son monde, et même si Osmerus savait bien se cacher, il n’avait pas l’intellect plus élevé qu’un amagurione. L’amiral se glissa sous la coque de la barque, et attendit de comprendre où se positionnait sa future proie. Elle entendait les mouettes hurler, le bruit des vagues et puis…Le bruit d’une bouteille qu’on débouchonne. Kemenes se détendit enfin. "Ça, mon amie, c’était ta première erreur.


    ***

    Soraya Alydia  ne savait vraiment pas ce qu’il se passait dans la tête de sa cheffe parfois. Réellement, elle n’en avait aucune idée, mais, elle avait réussi à devenir Amiral là où elle avait échoué, était copain comme cochon avec la Major de la Navale donc elle ne se posait plus trop de question. Biezdán l’avait personnellement recrutée pour faire partie de son équipage car elle avait reconnue ses compétences, et Soraya était fière de son accomplissement au sein de son équipe. “Mais là maintenant tout de suite qu’est ce qui vous ait passé par votre putain de crâne d’espadon, Amiral ?!” La garde était dissimulée comme ordonné derrière les rochers, seule et l’arme au poing. Elle ne perdait pas de vue ni la chaloupe de l’éclaireur sur sa gauche ni la petite rencontre de malfrats sur le centre de la plage. Elle fixait si fort l’intrus appelé Almozar ou quoi ou qu’est-ce venu qu’elle se demandait s' il pouvait sentir son dos brûler. Elle fulminait, se demandant pourquoi par la grande Lucy, sa supérieure avait autorisé ce guignol à assister à la transaction. Ils n’avaient qu’à le mettre à l’ombre pendant que chose se fasse, surtout que comme Jan, elle ne croyait en rien à ces fadaises de “Ouloulou je savais pas moi que c’était des méchants.” Alydia réprima un grognement rageur. La garde restait à l'affût du moindre sifflement familier, Zerff pouvait arriver à tout moment avec les renforts.
    Elle s’appuya contre les rochers humides, une main contre la surface verdâtre de la roche, rendue glissante par les résidus d’algues déposés avec le temps. Alydia jeta un regard rapide sur la barque et la personne qui y faisait le guet. C’était une femme, d’ici la garde ne pouvait déterminer son âge. Alors que la militaire allait reconcentrer toute son attention sur Osmerus et Alomossar, elle remarqua que la supposée éclaireuse semblait s’affairer à autre chose. “Je rêve ou elle est en train de boire son coup, la sagouine ?!” Elle voulut une nouvelle fois revenir au groupe de contrebandiers mais la jeune femme ne put détacher son regard de la scène. Elle vit la bandit se pencher au-dessus de la barque, comme pour vérifier quelque chose.  Soudain, la contrebandière fut saisie à la gorge par un bras sorti brusquement de l’eau. Après une lutte laborieuse et silencieuse, la femme fut passé par dessus bord, retournant sur elle au passage la barque, en essayant de s’y retenir.

    ***

    Kemenes n’avait pas attendu bien longtemps. La femme avait commencé de fredonner un chant marin que la garde reconnut. Furtivement, elle toqua une fois contre la coque du bateau. La voix s’arrêta net. Il y eu un moment de flottement, puis la femme se remit à chantonner. La garde toqua une nouvelle fois, plus fort. Cette fois, la femme arrêta sa petite chorale et déposa sa bouteille presque immédiatement. L’amiral scrutait la surface. Elle battait lentement ses jambes, faisant du surplace. Puis la tête de sa cible apparut. Que la tête au départ, puis se penchant un peu plus, sa gorge et ses épaules se découvrirent. Subrepticement, d’une geste vif et concis et muée d’un instinct quasi animal, elle enserra la gorge de la femme. Partagée entre la panique et la confusion, l’éclaireuse n’eut pas le temps de crier, et ne lutta presque pas. Kemenes profita de l’avantage pour la faire basculer dans l’eau. Sans le vouloir, la femme lui facilita la tâche en retournant la barque dans sa chute. Affolée, la femme se débattait sans savoir où regarder ni quoi faire et agitait péniblement ses bras et ses jambes. La garde fondit sur elle avec vivacité, lui asséna un premier coup dans les côtes pour lui faire lâcher le peu de respiration qu’elle avait pu prendre, puis un deuxième au visage. Étourdie, la pauvre maraude cessa toute résistance, perdant peu à peu conscience. Kemenes l’attrapa à bras le corps et lui sortit la tête de l’eau. Elle fit en sorte de rester derrière la barque retournée, de façon à ne pas être vue par la bande sur la plage.
    S’assurant que la femme était vivante, elle glissa son corps sous l'embarcation renversée, et le plus rapidement possible, elle retourna la barque, non sans mal. Heureusement, la chaloupe n’était pas trop inondée. La femme gisait sur le ventre, la tête contre le petit banc du bateau. Kemenes ne s’inquiétait pas outre mesure pour elle, elle émettait quelques gémissements rauques qui suggérait qu’elle était parfaitement vivante.  La transformée se hissa aisément sur le bateau. Elle dépouilla la bandit de sa veste à carreaux et l’enfila en faisant profil bas. Elle jeta un coup d'œil sur la plage. Almassar avait l’air de l’avoir vue, mais pas les autres, trop concentrés sur leur marchandise. Alydia n’était presque pas visible. Kemenes regarda autour d’elle et repéra le deuxième bateau d’éclaireur. Il n’était pas très loin, mais plus proche du groupe. Donc plus risqué de l’attaquer. Elle lança un regard à sa nouvelle compagne de voyage.

    - Et si on allait payer une petite visite à ton collègue ? Histoire de piquer une tête ensemble.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Une opération si bien ficelée
    Ven 31 Déc 2021 - 17:43 #
    L'enchanteur n'aime pas particulièrement sa position actuelle. Certes, il est en train de se faire remplir le sac d'objets divers et variés qui lui seront particulièrement utile, de ressources provenant des contrebandiers de la ville et des alentours. Et pour le travail, c'est excellent. Même si il devait payer, les prix compétitifs lui permettraient d'encaisser un tel montant. Le soucis est qu'il est en plein milieu d'une opération militaire, et il sait très bien que si elle tourne mal, cela risque de lui retomber dessus. Avertir les malfrats de l'embuscade ne ferait que le mettre dans une situation complexe avec la garde, mais si cette dernière intervient, rien ne dit qu'elle sera clémente avec lui pour autant. Car si au fond il n'est coupable de rien, sa moralité glissante ne lui sera pas d'un grand secours. L'amirale pourrait très bien décider que malgré son aide il ne vaut pas mieux que les contrebandiers, après tout. Ou se faire convaincre par certains de ses hommes qui semblent le détester depuis le premier regard.

    Et a vrai dire, il ne comprends pas le pourquoi. Après tout, c'est un acheteur, et il a trouvé un vendeur avec des prix intéressants. Est-ce réellement à lui de s'inquiéter de la provenance des marchandises, quitte à se mettre dans une situation financière complexe ? Si il n'est pas ravi de travailler avec des hors la loi, Almassar se dit clairement que ce n'est pas à lui de s'occuper de tels détails. Il a déjà un travail, particulièrement chargé, et il n'implique pas de vérifier les sources d'approvisionnement de tous ses vendeurs. Il y passerait l'année autrement. Cela tend légèrement ses traits, et dès qu'il s'en rend compte, l'homme se force à avoir un air plus neutre et jovial. Osmerus ne semble pas trop remarquer cela, bien trop heureux de faire ce qu'il pense être la vente du mois. Mais cette vente est si belle qu'il commencerait presque à se poser des questions, finissant par pivoter vers l'enchanteur pour lui demander.

    -"Mais dis moi, pourquoi il te faut tout cela ? Pas que j'aie un soucis à te vendre autant de matériel mais tout de même, c'est une sacrée commande, surtout non prévue. Tu veux en faire quoi ?"

    C'est le moment précis que choisit Kemenes pour enlever sa cible, ce que le chercheur voit du coin de l’œil. Après cela, son regard se pose à gauche, à droite. Personne ne semble rien remarquer, personne n'est réellement sur ses gardes. Il est particulièrement tôt après tout, qui pourrait bien vouloir venir ici? Personne ne s'attend à un assaut de la garde. Mais à rester trop concentré sur les alentours et non sur l'action immédiate, l'enchanteur pourrait rapidement donner l'alerte. Soufflant intérieurement, il se force à se recomposer un visage plus neutre et même laisser un sourire étirer ses lèvres alors qu'il redresse le regard vers le vendeur.

    -"Eh bien c'est assez simple. Je suis enchanteur, et je n'ai pas forcément l'occasion de passer régulièrement par ici. Donc même si je n'ai besoin que de la peau immédiatement, je préfère profiter de l'opportunité offerte ici pour faire mes stocks pour la suite. Tout ce que je te prends, je sais que j'en aurais l'utilité d'une manière où l'autre. Donc je préfère avoir de la réserve que de courir partout le jour où ça me sera vraiment utile et que je serais à court."

    L'explication semble convaincre le contrebandier, qui continue de montrer caisse après caisse. Peu a peu, l'intégralité du chargement est passé au crible. Pour autant, aucun signe des gardes. Ni même de l'amirale transformée. Ce qui veut dire qu'elle a besoin d'un peu plus de temps pour s'occuper des sentinelles, ou pour les renforts d'arriver... Ou une dizaine de raisons différentes. Donc qu'Almassar va devoir jouer à la montre et gagner un peu de temps. Une fois chaque caisse visitée et sans la possibilité pour l'enchanteur de demander à vérifier de nouveau la cargaison sans paraître suspect, il referme son sac pour demander.

    -"En tout cas je crois que j'ai tout ce qu'il me faut désormais. Je vais déjà rentrer avec bien plus que prévu. Mais dites moi, comment vous êtes-vous fait cette cicatrice ? Elle est impressionnante !"

    Le jeune homme joue l'impressionné par son ainé expérimenté. Et le compliment prend alors qu'Osmerus  bombe le torse, tout fier. Heureux de pouvoir conter sa nouvelle histoire du jour, il ne fait plus du tout attention à ce qu'il peut bien se passer sur l'eau. A vrai dire, un peu comme les hommes à proximité, qui s'éloignent presque en soupirant de devoir subir cette nouvelle histoire à coucher debout, uniquement la 150ème qu'ils entendent.

    -"En voici une bonne question ! Elle te vaudrait presque une réduction de prix si je ne vendais pas déjà si bas ! Tu vois dans mes jeunes années, j'étais un simple pêcheur. Vivre de la nature, de ses récoltes, ça m'allait parfaitement ! Mais un jour, tout a basculé alors que j'étais tranquillement en train de vérifier mes prises du jour, j'ai senti mon navire faire une embardée, puis une seconde ! Et sans même avoir le temps de comprendre, j'ai vu un Kartoghan jaillir de l'eau pour se jeter dessus !"

    Il s'y croit vraiment, parlant autant avec ses mains que ses mots, le regard brillant. Le contrebandier pense clairement avoir flairé un client un peu con et crédule à qui mettre des étoiles plein les mirettes et le charmer de sa puissance incommensurable tandis qu'il enchaine.

    -"Le combat fut titanesque, que dis-je, dantesque ! Je n'avais aucune arme, si ce n'est quelques harpons, alors que cette créature des abysses était pleine de ses dents et de ses têtes multiples ! J'ai du me battre comme un lion, un fauve pour arriver à le repousser ! Mais malgré mes meilleurs efforts, tout mon talent, il a réussi à me mordre et à me laisser cette cicatrice durant le combat. Mais heureusement, ça m'a donné l'opportunité dont j'avais besoin pour lui planter l'une de mes précieuses armes improvisée dans l'une de ses têtes ! Ça l'a déstabilisé suffisamment pour que je puisse enchainer, et peu à peu j'ai réussi à vaincre la bête... Passant d'un simple pêcheur au vainqueur de l'un des plus difficiles combat que l'homme puisse penser avoir à mener. C'est ce qui m'a fait réaliser que je pouvais faire mieux comme vie, espérer à plus. Et me voici, des années après, à faire des affaire florissantes !"

    Osmerus sourit, tout content de lui et de son histoire, sur d'avoir impressionné son auditoire. Et l'enchanteur ne fait rien pour le contredire, essayant de maintenir des yeux brillants de respect et cette façade de révérence pour jouer la supercherie. Même si au fond de lui, il aurait presque envie de l'avertir à propos de l'assaut qui va bientôt avoir lieu, juste pour se débarrasser de l'homme et de ses histoires à coucher debout... Almassar espérant réellement avoir gagné assez de temps avec le sacrifice de ses neurones et de son intelligence qu'il sent sombrer aussi profond que la crédibilité de cette histoire pour permettre aux soldats de se mettre en position et le libérer de cette laborieuse expérience.
    Kemenes BiezdańLa Garde
    Kemenes Biezdań
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    Re: Une opération si bien ficelée
    Mar 18 Jan 2022 - 23:26 #
    Elle n’avait pas eu grand mal à se débarrasser du deuxième éclaireur, qui en était à sa deuxième bouteille de rhum agricole quand elle se jeta sur lui. Il n’opposa pas grande résistance, et paru terrifié de l'apparence transformée de Kemenes. Il lui demanda même si elle était une sorte de démon avant qu’elle ne l’assomme. Un démon. Quelle drôle d’idée. La garde contempla les deux compères ligotés et étourdis au fond de la barque. Elle savait qu’elle n’en avait plus pour très longtemps avant qu’elle ne redevienne humaine alors elle devait agir et vite. Elle jeta un coup d'œil au petit groupe de contrebandiers sur la plage. Heureusement, ils étaient restés près de l’eau. Parfait, elle pourrait en attraper un en traître et le traîner dans l’eau salée pour le secouer un peu. Cela alerterait bien entendu toute la bande, mais l’effet de surprise serait total, de plus Osmerus ne semblait se douter de rien. D’ailleurs, le chef des contrebandiers s’agitait dans tous les sens devant Almassar, prenant plusieurs poses grotesques. Le jeune mage avait dû sûrement lui poser la fameuse question au sujet de sa cicatrice, auquel le bandit avait dû se faire un plaisir de répondre par une histoire aussi grandiloquente que fausse. Kemenes remarqua que quelques-uns de ses hommes de main l’avaient tout de même remarquée. Enfin, remarquée, ils regardaient dans sa direction, incertains. Elle portait la casquette de marin du forban et la veste à carreaux de la contrebandière, donc au loin elle ne paraissait pas trop louche. Mais de près c’était une autre histoire. Ses écailles avaient déjà commencé à déchirer le tissu rêche de la veste, son pantalon était en lambeau. Elle ne daigna même pas vérifier l’état de son débardeur, il devait avoir disparu sous la mer, déchiqueté par ses squames tranchantes.

    Tout en ramant vers le groupuscule de hors-la-loi, l’Amiral se remémorait le nombre de fois où elle s’était retrouvée à moitié nue voire nue comme un ver devant ses collègues, suite à ses transformations qui n’épargnaient jamais ses vêtements. Elle avait beau avoir essayé plusieurs textiles différents, rien n’y faisait. Et puis, elle ne pouvait décidément pas plonger en armure. Le cuir pouvait résister à quelques transformations, mais avait cédé lui aussi au bout de quelque temps. Kemenes avait appris très tôt à oublier toute notion de pudeur si elle voulait garder sa sanité. Heureusement, son équipage, et surtout le noyau dur que formaient Alydia, Zerff et Janòzs lui avait permis d’oublier cette partie légèrement gênante de son pouvoir. Ils étaient arrivés au Grand-Port en même temps qu’elle avait été promue Amiral, ce qui leur avait permis d’évoluer ensemble et de créer un bonne équipe. Certains (Janòsz) avaient testé son autorité, s’étaient cassé les dents, et montraient maintenant une loyauté sans faille. Kemenes se posait souvent des questions sur son avenir au sein de la Navale, et surtout sur le rôle qu’elle avait à jouer. Et c’était difficile d’y répondre en étant à poil devant ses hommes après une transformation, il fallait qu’on se le dise. Alors que la garde grommelait intérieurement sur cet inconvénient, elle entendit un son familier, et surtout salvateur. Un long sifflement, clair et mélodieux. Suivi de deux autres, plus vifs, plus secs. Les renforts étaient là, Zerff avait réussi à revenir à temps.

    Son cœur se mit à battre la chamade, l’adrénaline vint pulser dans ses veines. Elle sonda son énergie et son corps pour voir ce qui lui restait de temps avant de redevenir humaine. "Mmh pas bien longtemps." Il allait falloir oublier la furtivité pour une attaque plus franche. Kemenes se mit debout sur le banc de la chaloupe, non sans se servir du postérieur du bandit comme estrade, puis avec en se servant de ses deux mains entreprit d’émettre à son tour deux sifflements à la sonorité bien distinctive. Le petit groupe sur la plage se retourna aussitôt vers elle. Parfait. Ils ne pouvaient donc pas voir Janòsz et son groupe leur fondre dessus, toutes armes sorties dehors.
    Kemenes n’attendit pas de voir qui engagea en premier le combat, elle se débarrassa de son déguisement de fortune, qui ne lui avait servi strictement à rien au final, ou peut-être un petit camouflage et plongea immédiatement dans l’eau. Elle n’en avait pas pour long à regagner le rivage, et força peut-être un peu trop sur ses nageoires pour arriver rapidement au bord de la plage. Elle avait bien l’intention de cueillir ceux qui allaient essayer de s’échapper par la mer. Surtout, elle se doutait que celui qu’elle voulait attraper allait certainement essayer de fuir de cette manière et elle ne voulait surtout pas le rater. Oh que non. Elle espérait juste que dans la cohue, Almassar resterait sain et sauf.

    Des clameurs se firent entendre, des épées s’entrechoquèrent. La garde attendait, tapie sous les eaux. Un picotement désagréable se fit ressentir le long de son échine. "Merde, merde, merde. C’est vraiment pas le moment. Aller, ramène-toi, ramène-toi." Kemenes pouvait sentir ses jambes s’affaiblir et la vivacité que lui procurait sa métamorphose s’amenuisait dangereusement. Alors qu’elle croyait que tout était perdu, elle reconnut cette voix rocailleuse, irritante qu’elle guettait depuis le début. Elle aperçut la silhouette déformée par les flots d’Osmerus, qui comme elle l’avait prédit, essayait de se faire la malle pendant que ses camarades se faisaient arrêter. “Doucement Kem, doucement. Attends qu’il te tombe dans les bras.”
    Osmerus criait comme un putois contre un de ses acolytes qui tentait de récupérer une barque. Tandis qu’il s'avançait pour y monter à bord, la jeune femme en profita pour lui attraper les chevilles et tirer dessus de toutes ses forces. Le résultat fut moins concluant que pour la femme de la chaloupe, Kemenes perdant peu à peu ses facultés de pouvoir. Mais ayant l’effet de surprise pour elle, Osmerus perdit tout de même l’équilibre et tomba à genoux dans l’eau salée, faisant tomber au passage, un gros sac qu’il essayait d’embarquer avec lui, renversant son contenu dans la mer. Kemenes se redressa rapidement, et se jeta sur le chef des contrebandiers. Osmerus, qui avait eu le temps de reconnaître la garde qui le traquait et mettait à mal ses opérations depuis plusieurs mois, poussa un cri de rage et lui asséna un coup de poing bien placé au ventre. Le souffle coupé, Kemenes tituba en arrière et manqua de tomber, mais grâce à ses nageoires garda l’équilibre. Elle sortit une dague d’une poche en cuir qui était ceinturée à sa cuisse. Le compère d’Osmerus, légèrement effrayé par l’apparence transformée de l’Amiral, ne semblait pas enclin à rentrer dans le combat, mais plutôt à trouver un moyen de se sauver de là coûte que coûte. Alors que son chef lui hurlait de venir l’aider, le gaillard reçut une flèche en pleine cuisse. c’était une flèche bien particulière, car elle était totalement verte. Kemenes jeta un coup d'œil vers la berge.
    Alydia se tenait sur le haut des rochers, fit un signe à sa supérieure et continua de tirer ses flèches sur ces pauvres bougres de bandoliers. Le bandit commença à gémir, sa jambe touchée s’affaissant instantanément.  Osmerus, voyant que son comparse ne lui serait plus d’aucune utilité, arrêta enfin de pester pour se concentrer pleinement sur Kemenes, avec en prime quelques mots fleuris à son égard. La garde, qui pouvait sentir ses orteils se redessiner un à un, fondit sur lui, ne pouvant plus se permettre de tergiverser ou elle allait se retrouver à devoir se battre à moitié nue avec ce butor. D’un coup de coup dans la mâchoire, elle le repoussa alors qu’il essayait une nouvelle fois de la frapper, ce qui lui coupa sur quelques endroits du menton. Le contrebandier, armé lui aussi, tenta alors de la poignarder à l’épaule, mais Kemenes se servit une nouvelle fois de ses écailles pour lui administrer une kyrielles de petites coupures, ce qui lui provoqua une douleur incisive, rehaussée par le salé de la mer. Seulement, les squames mesquines de la garde disparaissaient de plus en plus, et se faisaient de plus en plus rares. Osmerus ne tarderait pas à le remarquer. Alors qu’ils étaient engagés dans un bras de fer, dague contre sabre et poings contre écailles, Kemenes aperçut Almassar. En croisant son regard, Kemenes se rappela que si ce petit homme n’avait pas été là, rien de tout ça ne se serait passé en premier lieu. Kemenes poussa un grondement sourd et rejeta brusquement sa tête en arrière pour la ramener avec violence contre le front d’Osemerus et lui asséner un coup de boule des plus magistral.

    Il y eut un moment de flottement. Elle-même fut un peu étourdie. Elle sentit un vertige la gagner et essaya de lutter contre. Elle put voir Osmerus se couvrir le visage de ses mains sales et tomber dans l’eau, un genoux dans le sable. Il était totalement sonné. Groguie, elle se débattait avec ses lambeaux de vêtements de sorte à lui ligoter les mains. Elle y parvint non sans mal. Elle sentait une fatigue immense la gagner. Elle n’arriverait jamais à le ramener hors de l’eau toute seule. Telle ne fut donc pas sa surprise lorsqu’elle reçut l'assistance inattendue mais ô non moins précieuse d’Almassar, qui était rentré dans l’eau pour l’aider à traîner le hors-la-loi sur la terre ferme. Ils y arrivèrent enfin, et Kemenes, en voyant que ses hommes avaient maîtrisé l’intégralité du groupe d’Osmerus put enfin souffler. Elle remarqua qu’elle était redevenue entièrement humaine et que seulement des bandelettes de vêtements la couvraient. Mais cela lui était égal, elle était exténuée. Elle sentait ses membres s’engourdirent, ses paupières devinrent plus lourdes. Kemenes resta allongée sur le sable, inspirant et expirant profondément. Une ombre familière apparut au-dessus d’elle. Alydia la regardait d’un air concerné, une cape à la main. Elle lui tendit sa main libre, et l’aida à se relever. Kemenes se remit sur ses jambes, et Alydia lui mit la cape sur les épaules, en prenant soin de nouer le ruban pour que la cape couvre correctement sa supérieure. L’Amiral souffla un remerciement, elle avait du mal à rester éveillée. Zerff arriva vers elle, ainsi que Janòsz. Les autres gardes s’affairaient à menotter les contrebandiers. Janòsz lança un regard à sa supérieure, et sans qu’elle eût besoin de prononcer un mot, acquiesça du chef. Il entreprit alors de menotter aussi Osmerus, qui reprenait peu à peu ses esprits, et prononçait plusieurs insultes à l’égard de Kemenes ainsi qu’envers ses hommes. Il saignait à plusieurs endroits où les écailles de la garde l’avaient coupé. Zerff quant à lui, vint soutenir Kemenes, qui ne cachait plus sa fatigue. L’hybride faucon passa son bras sous les aisselles de sa cheffe, de manière à la soutenir convenablement. Alors qu’Alydia allait ordonner la levée des troupes, Kemenes se tourna vers Almassar.

    - Je dois vraiment me reposer. Mais si tu es d’accord, on peut se retrouver ici demain, à la même heure pour discuter. Garde tes achats.

    Alydia jeta un œil à l’enchanteur, qui semblait lui dire “Merci d’avoir aidé” ou quelque chose de ce genre. Kemenes aurait voulu converser correctement avec Almassar mais elle ne pouvait plus tenir. Elle se laissa aller contre l’épaule de Zerff, se laissant guider en toute confiance. Elle se demandait si l'enchanteur serait présent demain.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Une opération si bien ficelée
    Mer 26 Jan 2022 - 16:19 #
    Almassar joue bel et bien le rôle de l'appat s'agitant au bout d'une ligne, contre son gré. Sauf que cette fois, la ligne est une officière supérieure de la garde, ou plutôt de la Navale, et le poisson est un contrebandier. Le même qui est en train de lui raconter une histoire n'ayant plus aucun sens. D'un conte peu crédible, ils en sont clairement venus à l'histoire fantaisiste. L'enchanteur joue pourtant autant que possible le jeu, voyant bien que sur l'eau cela s'agite et s'accélère. Certains des hommes de main d'Osmerus semblent aussi commencer à se douter de quelque chose. Le calme avant la tempête est de plus en plus intense, uniquement troublé par le son des vagues, des mouettes, le bruit des caisses débarquées et ouvertes ainsi que le babillage incessant de cet homme massif qui a plus de muscles que de crane quand il s'agit de raconter des mensonges.

    -"Enfin bref, c'est grâce à mon talent pour la survie couplé à ma volonté d'acier que j'ai su triompher de tout ce qui s'était dressé sur ma route jusque la. Tu sais bien écouter en tout cas, c'est vraiment un plaisir de faire des affaires avec toi. Mais en parlant d'affaires, laisse moi le temps de calculer combien de cristaux tu me dois..."

    A cet instant précis, une sueur froide prends le brun qui espère vraiment ne pas devoir régler l'addition. Il en vient a espérer que les gardes se décident à bouger en cet instant pour semer la panique et la confusion. Son plan ? Il est assez simple, il n'en a pas. Essayer de rester hors des combats et s'en sortir de son mieux. N'étant pas armé, il se doute bien que la garde ne le ciblera pas en priorité, et que son seul réel danger viendra d'Osmerus et de ses hommes, si jamais ils comprennent qu'il a servi à détourner leur attention, ce qui est loin d'être sur dans la pagaille à venir. Finalement, Almassar a un plan : prendre la poudre d'escampette aussi vite que possible ,et laisser tout ce petit monde à ses affaires. Il n'a pas envie d'être attrapé par les contrebandiers, et n'a guère plus envie d'être mis sous le regard de certains des gardes de tout a l'heure qui souhaitaient vouloir le peler vif pour son intervention et ses explications plus que douteuses.

    Et la facture qui s’annonçait salée est soudainement coupée court. L'assaut tant craint et espéré par le jeune artisan a lieu. Ce qui était un rendez-vous calme se transforme en champ de bataille à la vitesse des flèches qui sifflent déjà. Tout était planifié, et Almassar comprends qu'il n'avait entraperçu qu'une partie du dispositif massif. Pour mériter un tel déferlement de puissance, Osmerus doit vraiment être une sacrée pointure. Et cela inquiète encore plus l'homme alors qu'il se jette au sol en glapissant, prenant le parfait rôle du civil terrorisé par la tournure des évènements. Et... Il n'a pas besoin de beaucoup surjouer la prestation, à vrai dire.

    Commencant à s'éloigner tel un petit crabe des villes, rampant presque à même le sable, l'enchanteur fait face à un dilemme. Tout autour de lui, l'enfer se déchaine. Le son des lames et des coups, les cris des blessés monte. Jamais jusque la il n'avait été au centre d'une bataille pareille, plongé dans la crue réalité des affrontements. Un contrebandier tombe non loin de lui, et il frisonne d'un certain dégout. Le sang perle d'une plaie au torse, le garde venant de le mettre hors combat s'attaquant à l'ennemi suivant. Totalement perdu, Almassar observe à droite puis à gauche... Avant de voir une caisse ouverte contenant diverses plantes alchimiques. Sans savoir pourquoi, il vient s'en diriger de son mieux, essayant de rester au creux de la vague des combats.

    Arrivant au conteneur, l'homme attrape son sac et vient l'ouvrir, avant de commencer à fourrer tout ce qu'il peut dedans, comme un petit raton laveur stressé essayant de nettoyer sa nourriture en plein danger car son estomac crie famine. D'une tentative de fuite, sa présence devient un pillage en règles de tout ce qui passe à sa portée. Après tout, les contrebandiers n'en auront plus besoin, si ? Et vu qu'il ne paye pas, l'enchanteur ne participe pas à financer le crime. Surveillant que rien ni personne ne tente de l'arrêter ou de l'exécuter, son regard capte l'affrontement entre les deux commandants des groupes en présence. Kemenes contre Osmerus. Clairement, il y'a dans chaque coup porté une rancœur existante, la violence de deux ennemis qui se connaissent de longue date et qui souhaitent régler leurs comptes.

    Combien de temps dure l'attaque ? Impossible à dire. Almassar arrive à s'en sortir sans trop de casse, si ce n'est sa tenue totalement maculée pour ne pas dire bonne à jeter. Il a fait le tour de tout ce qui lui semblait être à portée, amassant il ne sait trop quoi, mais l'amassant tout de même. Peu à peu les combats se calment, et il voit enfin le duel prendre fin. L'amirale ne semble pas en bon état et, sans réellement savoir pourquoi, peut être pris d'un élan de bienveillance ou simplement pour essayer de se faire bien voir, il se rapproche d'elle. Voyant Osmerus totalement sonné et attaché, l'état déplorable dans laquelle se trouvait la femme, il ne put s'empêcher de l'aider à hisser le prisonnier dans la barque. Un petit geste, mais qui l'aide à reprendre conscience de son environnement et de ce qu'il vient de se passer. Trempé et couvert de sable mélangé au sel de l'eau de mer, l'enchanteur observe les troupes se rassembler, l'état de Kemenes. Enfin il jette un coup d'oeil au soleil et voit qu'il n'a pratiquement pas bougé dans le ciel. Tout cela n'a pris qu'une poignée de minutes, qui ont pourtant parues des heures. Reprenant pied dans la réalité, il hoche aux paroles de l'Amirale en essayant d'offrir un petit sourire sans joie.

    -"Avec plaisir. On a tous les deux besoin de repos, faites attention à vous tout de même. Et content de voir que vous semblez tous aller bien."

    Le sourire qu'il offre suite au clin d’œil d'Alydia est un peu plus sincère, même si fatigué. Ce premier aperçu des combats l'a épuisé, et il se trainera pour rentrer avant de passer presque toute la journée dans sa chambre à se laver et se reposer, repensant à ce qu'il vient de vivre...



    Le lendemain matin, c'est un Almassar bien plus frais qui se rend sur les lieux de l'affrontement. Les troupes ont bien sur ramassées toutes les caisses, et il ne reste plus rien à récupérer. Les vagues ont nettoyées le sang et les mottes de sable bougées par les corps et les bottes. C'est comme si il ne s'était jamais rien passé, comme si la veille avait été un rêve. Et finalement, il voit la silhouette de l'Amirale. Avec un sourire, bien plus franc et sincère que la veille, le même qu'il arbore presque toujours, il vient se diriger vers elle pour la saluer, prenant un moment pour longuement la détailler .

    -"Amirale, c'est un plaisir de vous voir ! Vous semblez en bien meilleure forme que hier."

    Il reste ensuite gêné pendant un instant, avant d'enchainer d'une voix bien plus rapide, qu'il n'arrive pas à contrôler. Si elle l'avait tutoyé la veille, lui même ne se sent absolument pas de le faire, surtout pas tant qu'elle ne lui aura pas donné la permission. C'est donc en la vouvoyant toujours que le flot de parole déborde de ses lèvres.

    -"Je tenais à m'excuser de ma présence hier. J'aurais du me douter que pour proposer de tels prix, il devait être un contrebandier. Je me suis laissé aveugler par la promesse d'une belle affaire... Mais pour avoir appelé tant d'hommes pour l'arrêter, il devait être particulièrement recherché tout de même. Depuis combien de temps vous étiez occupés à le poursuivre si ce n'est pas indiscret ... ?"

    Et l'enchanteur allait encore ouvrir la bouche pour continuer à parler et poser des questions. A propos de la transformations qu'il a cru entrapercevoir hier durant l'affrontement. Mais heureusement, il arrive à se souvenir qu'il parle à une officière de la garde et vient se taire, offrant simplement un petit sourire à la femme en la détaillant plus longuement. Clairement, ne pas être entourés de gardes pour converser rend la chose plus facile et pourrait même promettre une discussion intéressante et sans tensions... Ce qui ne serait pas pour déplaire à l'enchanteur, qui ne peut qu'être reconnaissant pour la certaine bienveillance dont Kemenes a su montrer à son égard jusque la.
    Kemenes BiezdańLa Garde
    Kemenes Biezdań
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    Re: Une opération si bien ficelée
    Mar 1 Fév 2022 - 20:02 #
    Elle s’était réveillée un peu courbaturée, rien de bien méchant car elle avait dormi toute l’après-midi. Ensuite, son équipe et elle avaient croulé sous la paperasse, entre rapports à écrire et témoignages à récolter. Ils avaient charbonné comme des fous jusque tard dans la nuit, voulant boucler le dossier une bonne fois pour toute. Il ne restait qu’un petit point, le témoignage d’Almassar à récolter. Janòzs avait suggéré de l’omettre totalement de l’affaire, ce qui avait été sérieusement considéré par ses collègues.
    Cependant, Kemenes refusa tout net, car c’était une affaire bien trop importante et de longue haleine pour toute l’équipe pour risquer un avertissement pour une stupide falsification de faits. Alydia était allée dans son sens et avait réprimandé son camarade et les collègues qui étaient partants pour cette idée, certes accommodante mais qui ne valait pas mieux que les méthodes utilisées par ceux qu’ils venaient d’arrêter. Kemenes proposa un entre deux : elle écrirait le témoignage d’Almassar en son nom pour gagner du temps et quand elle irait le rencontrer d’ici quelques heures à la plage, elle validerait avec lui si cela lui convenait ou pas. La troupe acquiesça, soulagée par cette idée bien moins dangereuse pour eux, et qui soldait leur dure journée de travail. Ils pouvaient enfin aller se reposer. Zerff, Alydia, Janòzs et l’amiral burent un verre ensemble pour célébrer leur coup de filet avant de prendre, eux aussi, congé.
    Kemenes ne partit pas se coucher de suite, elle alla faire son rapport oral à Jill, qu’elle savait pertinemment debout. Après avoir reçu quelques vannes pour avoir fini encore dénudée devant un parfait inconnu, et une bonne tape dans le dos, elle put enfin se aller reposer.

    ***

    La nuit fut de courte durée, mais la garde avait bien dormi et toute la pression de la veille était enfin redescendue. Elle se sentait d’ailleurs un peu cotonneuse, voire un peu malade et se demandait si on ne lui  accorderait pas une journée de permission pour se remettre totalement de toute cette histoire. Car l’affaire d’Osmerus ne se résumait pas qu’aux événements d’hier. Elle était bien contente d’avoir pu lui mettre une bonne raclée, même si il ne l’avait pas ratée non plus. Elle avait écopée d’un joli hématome sur le flanc, là où il l’avait frappée, ses jointures étaient toutes égratignées et surtout, son front avait une belle bosse avec un bleu d’un violet vivace. Elle appliquait un baume que son colocataire lui avait prêté, ayant pris pitié de sa pauvre tête. Evidemment, l’histoire du combat entre le contrebandier et l’amiral fit le tour du Bastion, et surtout comment il s’était soldé : par un coup de boule. Kemenes soupçonnait fortement Janòzs d’en être à l’origine, mais n’avait pas réussi à le recroiser,  le filou devait œuvrer à soigneusement l’éviter. Ce n’était que partie remise, la garde réflichissait malicieusement à comment elle allait pouvoir se venger de cette petite indiscrétion de son subalterne. De toute façon, ça ne serait pas la première fois que Jan se faisait attacher à la proue du Guerroyeur ou pendre à l’envers au mât. Elle verrait bien avec Alydia, peut-être que celle-ci aurait une bonne idée. Quand il s’agissait de discipliner (tourmenter ?) gentiment le jeune homme, les deux femmes faisaient preuve d’une ingéniosité parfois effrayante. Toujours est-il que Kemenes avait hâte que son bleu et sa bosse disparaissent, pour que certains de ses compères arrêtent de mimer le choc frontal dès qu’elle passait dans les parages ou qu’on lui demande comment allait sa tête avec un grand sourire. Elle n’avait pas l’habitude de recevoir autant d’attention, certes le succès de l’opération n’était pas à ignorer mais elle avait plus l’impression d’être connue pour ce combat que pour l’arrestation d’Osmerus. Ce qui ne lui faisait pas plus que ça plaisir. “Janòzs, que Lucy te vienne en aide.”

    Il faisait légèrement nuageux, le soleil était couvert et ne laissait passer que quelques rayons disparates, éclairant l’océan. Kemenes emprunta le chemin par la grotte, se demandant sérieusement comment le jeune mage avait pu prendre les escaliers à moitié effondrés sans se rompre le coup. Il était beaucoup plus débrouillard qu’il en avait l’air, c’était pour sûr. La garde ne savait pas trop pourquoi elle lui avait donné rendez-vous, elle aurait simplement pu le convoquer au régiment. Elle réfléchissait sur ce point, mais n’avait pas vraiment de réponse satisfaisante. Peut-être voulait-elle éviter de traîner le jeune homme au quartier général, il avait l’air d’avoir un don pour s’attirer des ennuis, et elle avait moyennement envie d’y être embarquée une nouvelle fois.
    Elle arriva enfin sur la plage, et aperçut Almassar, déjà présent. C’est un tout autre homme qui se présente à elle, bien moins revêche qu’hier. Poli, un tantinet gêné, il s’enquiert de sa santé et semblait plus que disposé à discuter avec elle. Il avait l’air bien parti pour la noyer de questions, mais quelque chose sembla l’en empêcher, et Almassar marqua une pause, pour examiner Kemenes. L’amiral en profita pour se poser, car elle se sentait soudainement affaiblie, contre un rocher arrondi par les flots et donc inoffensif pour son postérieur.

    - Je suis contente de voir que tu es en forme. En même temps, au vu de ta récolte d’hier, tu dois être ravi.
    Le petit sous-entendu sur le pillage d’Almassar n’avait rien de mauvais car Kemenes avait un sourire en coin. Elle se surprit à se dire qu’elle n’était pas mal à l’aise en la présence du mage, alors qu’il ne faisait pas partie de la garde et était un parfait étranger. - Osmerus n’était pas un si gros poisson que ça, mais il était retors et nous filait entre les doigts depuis un sacré moment. Lui et sa bande se faisaient un plaisir de nous provoquer, tel ne fut pas notre plaisir que de les mettre à l’ombre.

    Kemenes se massa le front, comme si le souvenir de son combat avec le bandit avait fait relancer la douleur de son pauvre crâne. L’amiral était légèrement nauséeuse. Elle avait peut-être besoin d’un peu plus de repos, et éventuellement d’une visite à l’infirmerie. Elle ne serait  pas bêtement fait une commotion en percutant son occipital contre celui de l’autre butor tout de même ?

    - Au fait, nous avons besoin de ta signature sur ce papier. C’est ton témoignage officiel. Je me suis permise de le rédiger à ta place, je me suis dit que tu ne te formaliserai pas trop là-dessus. On a omis ton petit marché de pendant l'assaut.

    Kemenes se risqua de faire un clin d'œil. Normalement, dans une situation comme celle-ci, c’était socialement accepté. Almassar prit la feuille que la garde lui tendait et se mit à attentivement ce qui était écrit. Il avait l’air plutôt satisfait car, après avoir fini de lire, il signa sans contester les faits écrits sur le rapport. Kemenes poussa un soupir de soulagement intérieur, elle n’avait clairement pas le courage de disputailler ce matin.

    - Et tu peux me tutoyer, tu sais. Après m’avoir filer un coup de main à trainer Osmerus hors de l’eau et s’être écroulé dans le sable ensemble, je pense que c’est okay. "Et m'avoir vue quasiment à poil aussi."

    La douleur au front de Kemenes se fit plus vive, et elle serra les mâchoires. Elle ne sentait décidément pas en forme, et avait du mal à rester concentrée. L’amiral se redressa, se massant les tempes.

    - Je suis désolée Almassar, je me sens pas terrible. Mettre des coups de boule ne me réussit pas apparemment. On va devoir en rester là pour ce matin. Mais tu as mon nom, hésite pas à passer au Merlu Borgne, une taverne un peu reculée du Grand-Port, j’y suis souvent après le service. Si jamais tu veux qu’on se recroise. Merci encore pour le coup de main, et essaye de ne pas trop d’embarquer dans des trucs trop louches même si il y a des offres alléchantes à la clef.

    Elle lui tapota amicalement l’épaule. “Je crois que c’est convenu de faire ça quand on se veut avenant avec quelqu’un, donc normalement je ne devrais pas lui paraître étrange, non ?” Kemenes salua une dernière fois le mage, et une migraine carabinée pulsant dans sa pauvre tête, se traîna jusqu’au Bastion, direction l’infirmerie.
    Heureusement, ce n’était pas une commotion, mais l’amiral eut tout de même le droit à son jour de repos, somme toute bien mérité.
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    Re: Une opération si bien ficelée
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