'' Elle même, oui. ''
Assit à son bureau d'Althaïr, même en cette pleine période de Solstice, car il n'y a pas de repos pour les braves, Warren avait studieusement écouté le rapport de son homme de main. Oh non, ni Nivi ni Nio, aucun de ces deux gugusses ne serais capable d'une tâche demandant autant de finesse, une enquête, de la filature, il faut une main de maître pour ça, ou au moins, une attitude qui ne dit pas ''J'en ai mangé plein, des familles au petit déjeuner, la tienne ne serais pas la dernière''. Ce pourquoi ce petit employé de bureau, que personne ne pourrait suspecter, avait si bien fait l'affaire ; un gratte-papier à lunettes de petite taille et de petite constitution.
Sans aucune once de remord, il l'avait envoyé au charbon, dans le grand bain, suivre quelqu'un, plutôt quelqu'une. Cette première rencontre, dans un lieu aussi insolite que celui dans lequel il avait non miraculeusement atterrit, ne l'avait pas du tout porté à arriver à cette conclusion. Des renseignements ; des bruits de couloirs ; des témoignages, c'est comme ça qu'il obtient souvent tout ce qu'il veut, à vrai dire. De stoïque, il n'en avait que le visage, puisque ses méninges tourbillonnaient pleinement, et une sorte de feu naquît dans ses entrailles ; enfin, il allait se passer des choses, enfin, on passe d'un statut de cadre surbooké, coincé dans son bureau, montagnes de paperasses débordant de partout, à celui d'une personne finalement active dans ce qu'il sait faire le mieux, les petites exactions illégales, la pression psychologique, et bien sur, le kidnapping.
D'aucun penserait qu'il aurait réagit autrement ; debout, en colère, renversant tout sur son passage, hurlant à qui voulait bien l'entendre à quel point on s'était bien moqué de lui, qu'il avait été aveugle tout du long ; qui aurait dit que cette petite femme, aux cheveux noirs -espérons, par Lucy, qu'il n'y ait pas erreur, puisque il ne s'en rappelle pas comme ça-, serait la progéniture de Wolfram ? Tout part dans tous les sens, depuis qu'il était revenu. Etait-il même déjà parti ? Ou se préparait-il juste pour ce nouveau coup d'éclat ? Calmement enfoncé dans son fauteuil, son cigare mourant lentement dans sa main alors que le peu de cendres qui en tombait atterrissaient dans le cendrier juste en dessous. La légère lueur des cristaux de lumière se reflétaient dans les verres de Warren, qui affichait maintenant un sourire carnassier de bien mauvaise augure.
'' Bien. Je ne pouvais espérer mieux. Envoie moi Rivi et Nio. On va mettre ça en place. Le plus rapidement sera le mieux. ''
'' Merde. On se les caille quand même. ''
Lucy avait été clémente, il ne pleuvait pas, il ne neigeait pas, mais même malgré cela, la chaleur est loin d'être au rendez vous, même engoncé dans son costume trois pièce favori, supplanté d'un long manteau noir. Posté devant les grilles de chez lui, son domicile solitaire dans la périphérie de la capitale, frottant vigoureusement ses mains pour éviter qu'elles ne finissent surgelées. Il n'avait qu'une hâte, c'était de retourner se réfugier à l'intérieur.Tout devrait être simple, après, c'est facile pour lui de dire ça, il avait décidé de ne pas se mouiller directement dans cette histoire. Déjà, Maximilia connaît son visage, l'idée était mauvaise. La présence du paternel n'était pas à éloigner de l'équation, les problèmes s’amoncelleraient, et à vrai dire, il n'avait aucune idée de si Rivi et Nio réussiraient leur mission, elle fait partie des plus risquées depuis pas mal de temps. A tout moment, il attend pour rien, et pourra la rejoindre. La jolie rousse devra attendre, et croyez le, ce n'est pas de gaieté de cœur. Comme l'adage le dit, plus c'est gros, plus ça passe ; la choper en sortir de Solstice, parmi cette foule, ou dans une ruelle, passerait presque inaperçu parmi l'agitation de tous ces zouaves qui seront sur la grande place de la capitale.
Sur le point de partir, en ayant assez du sifflement du vent dans les arbres et des légers gargouillis de la fontaine derrière lui, à quelques mètres de là, il repéra une calèche esseulée, et deux voix, qu'il reconnut immédiatement. Continuant ses cent pas, plus d'impatience que de stress, il laisserait les deux arriver à son niveau plutôt que d'aller à leur rencontre. Un petit cheval, manœuvré par Nio, aux côtés de Rivi, tractait une charrette dont le contenu était caché par un grand drap blanc. Quand les deux employés furent à son niveau, il les jaugea de bas en haut. Comment ces deux ahuris avaient bien pu réussir leur coup ? A vrai dire, il ne veut pas le savoir, puisque en soulevant le drap, tout ce qu'il vit était...Des pommes. Des putains de pommes. Devant le regard circonspect de leur patron, les deux prirent vite la parole pour se justifier.
'' Euh, ouais, en fait à un moment, on a un peu paniqué. On avait t'y peur que la garde, bah qu'elle fouille, donc euh...On a...Acheté des pommes en fait. Pour cacher. Mais l'est en dessous hein ! Un gros dodo, qu'elle fait ! ''
C'est vrai qu'en déplaçant quelques fruits, il pouvait commencer à apercevoir des vêtements et quelques parties de son corps -encore attachées au reste, bien entendu.
'' Par contre, du coup, on a fait une ardoise pour les pommes... ''
'' Pardon ? ''
'' Bah ouais, on a pas tellement de cristaux sur nous, pour ce qu'on est payés quoi... ''
'' PAR-DON ?! '' Profond soupir, se pinçant l'arrête du nez sous ses lunettes comme signe d'exaspération. '' C'est pas putain d'important. Vous allez me planquer ça fissa à l'arrière, et me la descendre. J'arrive. ''
Traîner une Maximilia en plein milieu de son domicile, ça paraissait vraiment aussi intelligent qu'envoyer Nio et Rivi en mission sensible d'espionnage. Tout ce qu'ils avaient à faire, c'est passer par la petite porte du jardin arrière, rentrer avec elle dans la remise, et emprunté ces escaliers, cachés sous une trappe. C'est là que le fun aurait lieu. Le temps que tout soit mis en place, il passa une dernière fois au bureau de chez lui. Nouvelles revues de quelques papiers, virer Kroko de son siège, vivement qu'il ait un peu plus d'éducation, mais tout se passe bien entre lui et son animal, si bien qu'il reçut quand même quelques caresses bien méritées. Normalement, il l'emmène partout, mais savait que son passage à Althaïr serait bref, donc l'avait laissé libre dans la maison. Pas trop de dégâts heureusement, et on peut dire qu'il commençait à reprendre de sa superbe. Sur son pupitre, quelque chose qu'il n'avait pas remarqué jusque là ; une lettre, d'une écriture qui lui était familière. Donc, il procéda à la lecture.
- Spoiler:
Comment effacer ce petit sourire niais de son visage ? Comment s'arracher à cette impression que peu importe sous quel angle on prend leur relation, il ne la méritera jamais ? Outre la tâche d'encre qui valut un regard désapprobateur à un Warg qui n'en demandait pas tant, le post scriptum le choqua momentanément. Elle n'a pas osé, quand même ? Pas de colis sur le meuble ; aidée par Rivi...Où un idiot irait planquer ça ? Il ouvrit le premier tiroir ; oh, tiens, un colis ! La pauvre, elle n'avait pas été aidée par le meilleur...En le déballant, un objet aussi pratique, utile, incroyable que cher. Vraiment, quelle peste. Allez, lançons un appel. Maladroit, il ne sait pas trop comment ça fonctionne, pensa juste à elle, jusqu'à entendre sa douce voix résonner.
'' Eh, Luz. Je- Je viens de rentrer, là. Hmhm. Oui, dure journée, elle est pas prête d'être finie. J'ai encore ramené un peu de travail ici et- … Ne t'inquiète pas, ça va, je me tuerais pas à la tâche, ce serait une vraie torture. Un grand merci pour ton cadeau, t'imagines à peine à quel point ça me fait plaisir. Oui...Oui, on se voit bientôt. Ce soir ? Ça risque d'être-. D'accord. A plus tard, ma belle. ''
Comment, un jour, réussir à mettre ego et crainte de côté pour dire que lui aussi, il l'aime ?
Cette petite séance avait intérêt à se trouver des plus distrayantes, puisqu'il avait du à moitié planter, eh bien, sa moitié, et surtout, arrivait après une journée déjà des plus longues.
Warren avait emprunté cette petite séries d'escaliers en bois, grinçants, depuis la trappe cachée de la remise. Chaque pas soulevait la poussière, l'endroit était encore relativement récent, et peu utilisé depuis quelques temps. En bas, on ne débouche que sur une petite pièce, pas très vaste ; le sol est en terre battue, les murs, simplement recouvert de pans de bois, sur lesquels pendaient divers instruments exotiques, servant à ''faire parler les gens''. L'air était vicié, on ne peut que dire que l'aération était un problème, les narines agressées par ce mélange d'humidité, de fer, de tabac et, ironiquement, d'herbe fraîche. Le sol présentait des tâches brunâtres par endroits, surtout autour de la chaise en fer à laquelle était à présent attachée Maximilia, au niveau des poignets et des chevilles, aucun risque à prendre. Même si Wolfram connaît déjà les lieux. De chaque côté d'elle se tenait un homme de main. Face à la pauvre captive, un fauteuil déjà bien plus confortable, avec à sa droite une sorte de table basse, où se situe couteau, cigares, allumettes, verre et bouteille. Geste de tête vers la sortie. Ils ont l'air rassurés ; rien ici n'est fait pour vous mettre à l'aise, encore moins le faible éclairage, qui ne provient que d'un petit cristal de lumière au plafond, plongeant la scène dans un clair-obscur, d'une température élevée qui contrastait avec la fraîcheur de l'extérieur.
'' Remontez. Je veux que Rivi reste dans le jardin ; Nio, dans le salon. Quoi que ce soit, vous déboulez. Rien à foutre qu'elle connaisse ou reconnaisse vos visages. Et putain, laissez la note sur le meuble de l'entrée. ''
Aussi dit, aussitôt fait. Warren prit place, non sans avoir retiré son manteau, placé précieusement sur le dossier de son fauteuil, son tout nouveau cristal de communication en poche. Faudrait pas bourder avec...Costume ajusté, main passée dans les cheveux, lunettes redressées. Verre servit, cigare aux lèvres, apportant cette nouvelle odeur boisée à l'ensemble des effluves olfactives de la pièce. Quelque minutes, c'est ce qu'il fallut attendre avant que la pauvre se réveille, difficilement, visiblement dans le gaz, puis commence prestement à se rendre compte dans quel bourbier elle avait été amenée de force. Le visage du blond était bien plus illuminé par le flamboiement de son cigare que la lumière magique. Il sourit de toutes ses dents.
'' Comment on se retrouve ? Je crois que tu te souviens de moi...J'ai essayé de recréer l'ambiance de ce labyrinthe de malheur. Ça te plaît ? En tout cas, moi, j'ai faillit ne pas te reconnaître ! T'as changé un truc? Coupe de cheveux, peut-être? Non, je sais ! Le maquillage?''
« Mais tiens-la mieux bordel !
- Toi tiens-la mieux ! Mais qu’elle arrête de gigoter cette peste. »
Ils t’avaient saisi à deux, alors que tu débattais comme un beau diable au milieu de cette place déserte. Tu hurlais pour qu’ils te lâchent enfin, aussitôt, une main se plaça sur tes lèvres. Et tu regrettais. Tu regrettais amèrement d’être dans ce petit corps chétif, aussi fragile qu’une brindille gelée. Tes dents rencontrèrent la chaire, alors qu’un liquide au goût métallique se répandit sur ta langue. Aussitôt il te relâcha et tu crachas ce goût immonde qui te restait sur les lèvres.
« La garce !
- Il paraît en effet, pinaillas-tu avec dédain.
- Mais ma parole, c’est qu’elle est insupportable en plus ! »
Stupidement, cet imbécile tenta de te faire taire d’une nouvelle main sur tes lèvres, et le résultat fut exactement le même que la première fois. L’un d’eux te tenait les deux bras, et tu ne pouvais t’empêcher de les observer avec dépit. Réitérer cette erreur te fit presque regretter de te faire enlever par ce type d’imbéciles.
« Mais t’es con ma parole, fis-tu remarquer en haussant tes sourcils. »
Tu étais même à deux doigts de leur donner un cours efficace sur la façon d’enlever quelqu’un. Non pas que tu sois un expert, mais au moins, toi tu avais la décence de ne pas te comporter comme un imbécile à cette occasion. Si leur commanditaire était aussi stupide qu’eux, tu aurais presque envie de t’arracher toi-même les boyaux plutôt que de subir leur bêtise.
Sans chercher plus loin, un coup dans le service trois pièces de celui qui te retenait, un hurlement, et tu étais reparti en courant à l’opposé, à la recherche d’une aide quelconque. Tu n’avais pu t’empêcher de grimacer légèrement, tu n’étais pas très fier de ce coup bas, mais ton instinct de survie dépassait largement ce stade. Alors que le manteau de neige s’épaississait sur le sol, tu tambourinais à chaque porte dans l’espoir qu’une bonne âme puisse te secourir. Mais il fallait croire que cette traînée de Lucy n’en avait pas décidé ainsi. Te retournant, tu les vis débouler vers toi avec rage, et tu repartis en courant, comptant sur tes petites jambes pour les semer. Hélas, c’était sans compter les farces de cette PUTAIN de Lucy qui te fit glisser sur une plaque de verglas alors que tu te retrouvais les deux fesses au sol.
Mais avant qu’ils ne puissent t’atteindre, tu te redressas en dégainant ton élégante rapière, pointant la lame sous la gorge de celui qui arriva le plus vite.
« Eh… Mais je fais quoi… ? Elle va me faire mal… »
L’autre se passa une main sur le visage. C’était définitivement une belle paire d’incompétents, ce qui te poussa à te dire qu’il était hors de question qu’ils t’attrapent.
« Si tu t’approches de moi, je te préviens que tu n’auras pas le temps de découvrir à quel point la trachée peut devenir une véritable fontaine. »
Ta menace eut vaguement l’air de fonctionner alors que l’un d’eux reprit en chouinant.
« Mais je veux pas mourir moi.
- Si tu l’avais mieux tenue on en serait pas là ! »
Tu levas les yeux au ciel pendant qu’ils se disputaient, et avant qu’ils ne puissent amorcer le moindre geste, ta course reprit sur les routes de la cité. Tu n’avais jamais pris la vie de quelqu’un et tu ne comptais pas t’y mettre dès aujourd’hui. C’est cette certitude au fond de toi qui te faisait fuir comme un dératé. L’adrénaline faisait des miracles que tu n’avais jamais connus jusqu’à présent, mais le souffle te manquait et personne ne semblait prêt à te venir en aide.
« Le cabinet… Le cabinet… Psalmodias-tu avec désespoir. »
Tu avais pris des ruelles au hasard, te perdant de plus en plus dans les ruelles de la ville sans jamais réussir à te rapprocher d’un boulevard peuplé. Puis soudain, une vive douleur te saisit dans la nuque et ce fut le noir complet.
« Fait chier… Par des abrutis pareils, fut ta seule réflexion avant que tu ne sombres. »
~
Lorsque tu rouvris les yeux, une douleur lancinante t’avais saisi jusque dans la racine de tes cheveux. Tu grognas légèrement, t’habituant difficilement à l’obscurité des lieux. Effectivement, tu reconnaissais celui qui te faisait face. Aussi agaçant avait-il été, il t’avait marqué de ses incessantes lamentations.
« J’ai connu plus accueillant comme invitation, rétorquas-tu froidement. Tu sais, une lettre et je pouvais te saluer poliment. Nous aurions même pu prendre un thé. »
Tu étais parfaitement conscient de la situation dans laquelle tu avais atterri, même si tu n’avais pas la moindre idée des raisons qui avaient poussé Richter à recourir à de tels procédés. Tirant un peu sur tes liens, tu n’avais aucun moyen de t’échapper. Tu cachas la peur derrière une façade cynique qui te ressemblait bien avant qu’un sourire aimable ne décor ton visage poupon.
« Il va falloir mieux éduquer tes chiens, tu sais ? Ils manquent un peu de neurones. »
Tu laissas échapper un petit rire narquois en penchant sur le côté avant que tu ne dardes le criminel d’un regard meurtrier. Il était temps de cesser ces mauvaises plaisanteries. Tu étais totalement ignorant des histoires qui liaient ton père à cet homme, ni ce qui poussait Warren à en venir à de tels procédés pour avoir une petite conversation avec toi. Mais aux vues de la situation, il n’était pas là pour les petits fours.
« Qu’est-ce que tu me veux ? Tu vas pas me dire que tu as mis en place cette belle mise en scène juste pour m’impressionner. Et si c’est le cas, il en faudra plus qu’un peu de noir. »
'' Jouer à la dînette autour d'un thé n'est clairement pas à la hauteur d'un homme de mon statut, tu m'en vois fort désolé. Si j'avais été clair dans mes intentions, je ne penses pas que tu aurais répondu favorablement. Quoique. Après tout, ce ne sont pas d'effroyables questions que je compte te poser. T'avoir devant moi cependant permettra d'évacuer certaines pulsions... '' Il s'extirpa de son fauteuil, cigare toujours aux lèvres, verre toujours à la main. Il pourrait presque sentir le regard emprunt de jugement se poser sur lui. '' Soit pas ridicule, pas ce genre de sévices. J'ai presque du mal à le dire, mais tu es trop jeune pour moi. Et...Strictement pas à mon goût. ''
A ce stade, il avait commencé à marcher de manière lente et assurée vers sa captive, se postant quelques secondes en face, la jugeant de toute sa hauteur, sirotant lentement de grandes gorgées de sa boisson, le liquide lui réchauffant l’œsophage dans une pièce qui mériterait bien un petit bûcher d'appoint pour les séances d'interrogations hivernales ; à en prendre bonne note donc. Il entreprit de marcher autour de la chaise, c'est après tout la manière qu'on les requins de faire pression sur leur proie. Le silence de la pièce était presque pesant, si bien que le claquement de ses chaussures de ville sur le sol était presque une délivrance, apportant un semblant de vie dans un lieu où beaucoup de gens auraient pu croire perdre la leur.
'' Des neurones, ce n'est pas ce que je leur demande. De bons sbires ne sont bons que s'ils ne prennent pas trop le temps de réfléchir aux ordres, moins de réflexion, plus d'action, plus de servilité. Il n'avait qu'un but, et ils l'ont mené à bien, tout ce qu'ils devaient faire, c'est te faire tomber dans les pommes...Oh, j'en blague, mais la facture sera loin de me tirer un rictus. ''
Deux tours ;
Trois tours ;
De nouveau face à la jeune femme, cette fois, c'est sur son cigare qu'il tira une grande bouffée, rejetant la fumée dans les airs comme une cheminée qui venait d'être parfaitement nettoyée. Ce qu'il lui voulait ? A part quelques informations, rien, à vrai dire. Un message a envoyer, une attaque à perpétuer. ''Je sais où tu es''. ''Je connais ta famille''. ''Regarde, moi aussi, je peux le faire''. Ce genre de choses, des joyeusetés qu'on s'envoie entre criminels, dans l'ombre. Un côté hypocrite, aussi, toutefois. Tous les grands pontes se tournent autour, se provoquent l'un l'autre par le biais de victimes innocentes, sans pour autant en venir, dans la plupart du temps, à une confrontation directe entre les deux marionnettistes. La beauté de l'Etoile du Sud -mince, c'était quoi son prénom déjà ? Il pourrait restituer son tour de bonnet et de taille, mais pas son prénom. Hm.-, Luz, victime collatérale dont il a au moins le prénom au delà des mensurations, à présent, Maximilia, et bien sur, potentiellement des centaines d'anonymes, de proches, qui ressentent cette pression sur leurs épaules.
'' Ce que je veux ? Au delà d'une piscine remplie de cristaux -que je pourrais déjà faire, note le bien- et de la suppression des impôts de la couronne, c'est que tu répondes à mes questions. Toutes. Mes. Questions. Surtout celles sur ton petit papounet. Oh, et qu'il passe l'arme à gauche aussi, ça ferait un déchet de moins qui traîne sa carcasse dans les rues du pays. ''
Encore une fois, ses poumons se remplirent de cette douce fumée pourtant si nocive, qui fut cette fois dégagée en plein sur le visage de son invitée d'honneur, de quoi brûler les sinus et piquer les yeux, alors que le bout encore incandescent se rapprochait lentement du doux visage de cette fille de...Cette fille de...Reptile de mort.
'' Et puis, bien sur, répercuter toute cette frustration sur toi ! Dommage que ton seul tort ; le seul grief que je puisses avoir envers toi, est d'être la détestable engeance de ce pourceau. Merde, même un garde royal, pantalon aux chevilles face à son capitaine, aurait plus de dignité que lui ! ''
Alors que cette première petite tirade se terminait, la pointe du cigare se rapprochait toujours plus d'elle, jusqu'à commencer à venir lui caresser doucement le cou ; pas de quoi la brûler, il est encore trop tôt pour que la pièce commence à embaumer, par dessus toutes ces odeurs, le cochon grillé. Cependant, ça finirait par laisser une marque, des plus discrète, dissimulable et temporaire tant qu'elle accepte intérieurement de bien se comporter. Dans la pénombre, la capturée pouvait voir le mauvais sourire de Warren, son propre reflet dans ses lunettes fumées, et sentir les cendre vives lui gratter l'épiderme.
'' Donc. Première question. La plus simple, aucune pression : Où. Est. Wolfram ? ''
A savoir que le patron ne prendrait jamais ''non'' ou ''je ne sais pas'' comme une réponse valide. Après tout, dans son esprit parfois malade à œillères, il est inconcevable qu'elle ne possède pas de telles informations, et s'il faut les lui en extirper, soit, c'est ce qu'il fera. Coopérative ou non, elle ne s'en sortira pas indemne. Le message, tout ça tout ça.