Au début de la réponse de la femme, l'homme ne peut réprimer un léger rire soufflé entre ses lèvres, hochant simplement du chef sans pour autant l'interrompre. Encore un sujet qui évoque aux réflexions et à un exercice de pensée. Mordillant sa lippe, l'enchanteur laisse son regard se perdre à droite et à gauche, réfléchissant. Il ne cesse pas d'observer Lacey car il se désintéresse, au contraire. C'est car il tente de trouver quelque chose de pertinent à dire. Un petit silence continue de monter, et finalement, le regard marron teinté de doré se pose sur celui de sa compagne d'une soirée.
-"Oui, certains disent que je suis idéaliste. Car je me dis que l'on peut toujours arriver à arranger les choses, qu'importe ce qu'elles sont. Et si vous n'avez pas l'impression d’améliorer les choses et l'humanité, vous avez quand même une influence dessus. Après tout, qui dit que sans vous, les choses ne seraient pas encore pires ?"
Puis, une autre partie de la réponse de la revenante vient le heurter. L'immortalité. Elle est morte, mais peut encore mourir définitivement. Et la est tout le problème. Frottant son menton, l'enchanteur dodeline légèrement pour garder les muscles de ses cuisses un minimum chauffés. Un sourire vient même naître sur ses traits, presque joyeux voir optimiste, une nouvelle fois.
-"Justement, et si votre immortalité était le soucis ? Vous ne mourez pas, certes. Mais vous pouvez devenir immortelle. Si nous tous, vous incluse, finirez par rejoindre la terre, il vous reste toujours un moyen de marquer les esprits de tous. Une légende. Ne m'en veuillez pas, mais je n'ai jamais entendu parler de vous jusqu’à cet instant. Peut être serait-il judicieux d'essayer de créer une légende à faire frémir de peur ceux ayant l'idée même de violer la loi ? Plutôt que d'affronter les criminels, réduire le nombre de ceux souhaitant le devenir de crainte de vous rencontrer. En deux siècles, vous avez du trouver bien des moyens d'insuffler la peur et la terreur dans le cœur de vos victimes, et ce de manière définitive. Ce pourrait être une idée, de laisser ces derniers conter vos exploits et peu à peu forger l'image d'un esprit revenu d'entre les morts pour porter la justice à ceux qui la violent à sa manière. Vous ne pensez pas ?"
Est-il vraiment en train de parler de créer une légende horrifique en terrorisant au lieu de tuer des criminels, pour qu'ils répandent la bonne parole et tentent d'effrayer les autres ? Oui. Peut être n'est-ce pas la chose la plus judicieuse à faire au vu de Lacey... Mais bon, c'est trop tard, c'est dit. Il ne peut que regarder avec un mélange de stupéfaction d'avoir osé dire une telle chose et de crainte de ce que la femme pourrait penser de ses mots, et voir comment la revenante va les prendre...
Un léger silence s'installe, un de plus dans cette conversation qui oscille entre contemplation et idées lancées ça et là... Et soudain, l'homme reprend la parole et elle ne peut que le regarder dubitative devant ses propos... Elle cligne des yeux, une fois, deux fois... Une légende? Un léger rire se laisse entendre, ricanement légèrement oppressant plus qu'éclat de voix dans cette grotte. Définitivement cette rencontre prend une tournure qu'elle n'aurait pu envisager auparavant, définitivement il y a quelque chose à creuser dans cet échange. "Ma légende existe déjà vous savez? Certes vous semblez ne jamais l'avoir entendu mais mon histoire est compté souvent au coin du feu dans les montagnes et la ville de Forteresse... Une histoire pour faire peur aux enfants plus qu'autre chose..." Commence-t-elle avant de secouer doucement la tête. C'est cela qu'elle est? Un croque-mitaine utilisé pour effrayer des enfants encore innocents? Non, ce n'est pas ce qu'elle voulait et en un sens, peut-être est-ce sa faute? Un moment, elle aperçoit ce que cela pourrait être, quelle réalité pourrait devenir son histoire, quelle grandeur elle pourrait atteindre! Non, pas pour devenir populaire mais pour que réellement, son nom soit utilisé à bon escient, pour faire trembler les criminels et non pas les enfants...
"Et si j'embrassais cette légende Almassar? Si mon nom devenait synonyme de peur, si ma lance devenait l'arme des juste punissant un crime trop longtemps impuni? Si je m'affichais pour que je ne sois plus une légende raconté au coin du feu mais une histoire réelle aussi populaire que celle de Klarion Brando par exemple? Ce serait simple : il suffirait de tuer un criminel en me montrant au grand jour, frapper fort en présence de personnes importantes... Le capitaine de la garde peut-être? De sorte que ses hommes ne puissent plus mettre mes actions sur un criminel lambda se servant de mon histoire? Ce serait simple oui mais... Et vous?" Demande-t-elle finalement en accrochant le regard du jeune homme de ses yeux spectraux. "Quel serait votre rôle dans cette histoire? Vous qui m'avez rencontré aujourd'hui, vous qui me donnez l'idée de devenir ce monstre de légende... C'est un chemin sanglant que je devrais emprunté, à la limite entre l'humanité et la monstruosité et vous en seriez, d'une certaine manière, l'instigateur en ayant fait germer cette idée... Si je vous mets dans cette situation, si je terrorise non seulement mes victimes mais aussi tout ceux qui ne croyaient pas en mon existence, serais-je vraiment encore humaine?"
-"Oh, tuer un criminel en face du Capitaine de la Garde serait surement efficace, mais vous vaudrait d'être traquée par tous, sans aucun doute. Non, si vous voulez agir, soit il faut trouver des criminels à terroriser, qu'ils deviennent eux même des émissaires de votre légende, sans avoir à forcément les tuer, ou alors quelque chose. Un symbole, votre griffe, que vous laisseriez après votre passage, que les gardes comprennent que cela vient de vous. Mais pour cela, peut être devriez-vous changer de méthode. Peut être essayer d'en laisser certains vivants pour qu'ils soient capturés et jugés, au lieu de les tuer. Pour ceux qui n'ont pas l'influence de s'en sortir en toute impunité, j’entends. Pour cette dernière catégorie... Je n'aime pas ainsi évoquer l'assassinat d'un être humain, mais je ne peux m'empêcher de penser que certains le méritent. Du moins tant qu'il sera possible d'acheter sa liberté avec assez d'argent et d'influence, et d'ainsi éviter son juste châtiment."
Vient la seconde question, encore plus complexe. Et pour cela, il lui faut une nouvelle tasse de thé, qu'il commence à faire chauffer sur son petit feu, profitant d'avoir les mains et l'esprit concentré pour plus aisément se focaliser.
-"Moi, je suis en dehors de tout cela voyons, ne vous en faites pas pour cela. Je ne fais pas breveter les idées que je donne ainsi, ce serait cruel de ma part." Il sourit tout seul à cette petite blague qui l'aide à se détendre, enchainant bien vite. "Il ne tient qu'a vous d'en faire un chemin sanglant, ou d'explorer d'autres voies, comme je le disais avant. Le meurtre n'est pas toujours la solution, du moins j'ose l’espérer. Je ne dis pas que certains ne méritent pas la mort, mais d'autres peuvent servir d'exemple sans en arriver à cette extrémité. Un peu plus de finesse pourrait aussi vous valoir un certain relâchement de la part de la garde. Je ne suis pas sur qu'ils continuent de vous poursuivre, si vos méthodes sont un peu plus en accord avec les leurs. Et hélas, je ne saurais tracer une ligne entre l'humanité et la bestialité, la monstruosité. C'est une limite bien trop ténue, et chacun à sa propre définition de la chose. Je suis juste assez pragmatique pour admettre, même si cela troue mes convictions et mon espoir que tout peut être arrangé ou amélioré que certains ne peuvent être arrêtés qu'avec des méthodes aussi extrêmes. Et que ce n'est pas monstrueux de tuer quelqu'un pour protéger des innocents, si c'est la seule voie possible."
L'enchanteur soupire, dans cet échange qui convoie bien trop de dureté et de tranchant. Et pourtant, c'est lui qui a initié cette spirale, il doit désormais l'assumer. En voulant aider la revenante à se trouver un objectif et un moyen d'améliorer les choses comme elle l'aimerait tant, Almassar a potentiellement crée bien pire. Il ne peut désormais plus qu'espérer que l'humanité de Lacey la retienne et la guide, si jamais elle s'engage sur ce chemin, tandis qu'il s'essaye à un petit commentaire amusé pour réchauffer un peu les cœurs, même si le sourire sonne un peu faux.
-"En tout cas, je ne sais pas pour vous, mais je ne m'attendais clairement pas à finir sur une telle conversation en partant explorer les grottes ce matin... Comme quoi, la vie est toujours pleine de surprise, même quand l'on se pense préparé !"
Plus encore que cela, il évalue la problématique, posé, calme, comme si c'était la discussion la plus naturelle du monde? Elle ne sait dire s'il est sincère ou encore craintif d'une possible réaction de la revenante mais une chose est certaine, il est intriguant! Passant habilement dans la conversation du statut d'intrus, indésirable ayant trouvé son repère à celui d'inconnu : qui est-il, que veut-il et est-il seulement sincère ou parfaitement serein lorsqu'il s'agit de manipuler son entourage... C'est un enchanteur après tout, qui sait de quoi il est capable? Pourtant, elle l'écoute, prenant en considération ce qu'il avance : changer ses méthodes, laisser des survivants, être plus proche des techniques de la garde? Pourrait-elle vraiment y réfléchir en toute sincérité?
"C'est impossible..." Conclue-t-elle au bout d'un moment de silence. "Enfin non... Je pourrais bien-sûr choisir de laisser certains hommes en vie, les hommes de main, ceux qui n'ont ni ambition, ni pouvoir, ni influence, la main d'oeuvre dans le crime... Mais il y aura toujours des meurtres, toujours un besoin d'agir plutôt que d'attendre que la "justice" - pour peu qu'il en existe réellement une - fasse son oeuvre. Par définition, le simple fait d'agir de cette manière m'oppose à la garde! Je doute que le fait de laisser partir un homme ne puisse me faire perdre l'attention que le meurtre de vingt autre aura apportée sur moi..." Une signature? L'apparition de la fumée, les victimes mortes par une lance, tout cela n'est-il pas suffisant?
Elle y réfléchit sincèrement lorsque l'homme reprend la parole. Elle tourne subitement son regard vers lui et ne peut dissimuler un petit sourire en coin qui s'affiche maintenant sur son visage, elle suppose qu'il a raison : on peut toujours se préparer, penser que tout est planifié, la vie peut vous surprendre. L'homme lui faisant face en est bien la preuve en réalité. Elle secoue doucement la tête, comme pour chasser une idée fugace, il y a quelque chose dans ses paroles qui trouve un écho, une idée qui germe dans son esprit, peut-être une nouvelle ambition ou un plan parfaitement fou? Elle l'ignore encore, elle devra se rendre à forteresse, se préparer, rencontrer quelqu'un et se préparer même si, il vient de le prouver, la préparation ne fait pas toujours tout...
"Vous me plaisez Almassar... Mais vous jouez un jeu dangereux! Cette rencontre est effectivement une agréable surprise pour l'heure mais, j'ai appris avec les années que la vie a tendance à vous rattraper. Je ne vous connais pas et si, actuellement, cette discussion semble des plus appréciables, j'ai vu nombre d'homme jouer avec les mots! Vous lancez des idées en l'air, affirmez laisser les gens en faire ce qu'ils veulent... Étrangement je veux vous croire mais, n'est-ce pas tout l'art de la manipulation? Faire croire aux gens qu'ils ont un pouvoir de décision après les avoir influencé? J'ignore comment vous considérer en réalité."
-"Je comprends ce que vous voulez dire, et au fond je suis d'accord avec vous. Jamais la garde en tant qu'entité ne tolèrera ce que vous faites, ni vos méthodes utilisées. Mais le but n'est pas de parler à l'ensemble, plutôt à ses individualités. Pensez-vous vraiment que tous les gardes, ceux qui risquent leur vie contre ceux que vous éliminez ou mettez hors d'état de nuire vous le reprocheront vraiment ? Surtout si vous savez appliquer le bon dosage entre violence et arrestations ? Je n'en suis pas si sur. Mais vous connaissez mieux le travail que moi, il est sur."
Puis elle enchaine, évoque le jeu dangereux auquel il joue. A cela, le chercheur ne peut qu'hausser un sourcil, car a ses yeux, il n'y a rien de dangereux. Certes, il évoque des possibilités qui sont bien loin du cadre légal habituel, mais parfois, la fin justifie les moyens. Mais les questions qu'elle soulève sont intéressantes, assez pour qu'il s'y plonge sérieusement. Nettoyant rapidement sa tasse et ce qu'il a utilisé, il commence à tout ranger dans son sac sans fond tranquillement, sans se presser. Il n'en a plus besoin, et n'aime pas forcément que tout cela se retrouve sur sa route. Bien sur, Almassar profite de ce moment pour réfléchir à quoi répondre. Ce qu'il peut y gagner ? Car c'est clairement la demande sous-jacente aux propos de la revenante. Pas grand chose en vérité, il n'y avait même pas pensé et ne voit pas quel gain il pourrait tirer d'une telle conversation. Et pourtant, il se creuse les méninges pour essayer de fournir la réponse la plus sincère possible.
-"Soyons sincères, je n'ai rien à gagner à vous parler ainsi et vous donner ces idées. Je ne vais pas tarder à quitter cette grotte, et les chances que nous nous recroisions par hasard un jour sont plutôt faibles. Je n'imagine pas me jeter à vos trousses, et l'inverse me semble tout aussi improbable. Donc sachant que je ne vous pas dis qui tuer et qui laisser en vie, que nous ne risquons surement de ne plus avoir de contact, dites moi, qu'aurais-je à gagner à ainsi vous manipuler ? Je serais réellement curieux de la réponse."
Tout en parlant il redresse le regard vers la sortie, voyant que peu à peu la tempête semble s'apaiser. Depuis combien de temps discutent-ils ? Difficile à dire, mais sachant que l'homme a déjà eut le temps de préparer et boire plusieurs tasses, cela commence surement à se chiffrer en heures plus qu'en minutes. Le fait que la luminosité à l'extérieur commence aussi à baisser est un autre indicateur. Un indiquant que soit il doit se préparer à repartir pour avoir une chance de rentrer à temps, soit rester la nuit ici... Et ce choix, lui, n'est pas facile à prendre.
Silencieuse, elle l'observe du coin de l'oeil alors qu'il fait le ménage, selon toute possibilité il se prépare à reprendre la route, cela semble logique après tout : le jour est déjà bien avancé et la tempête s'est calmée depuis un petit moment déjà, suffisamment en tout cas pour qu'il puisse braver ses restes et retourner dans la chaleur de son foyer alors qu'elle restera ici... Le vent, s'engouffrant dans l'entrée de la grotte et le seul son qui se fait réellement entendre, cela et le bruit du rangement que l'homme effectue, sa grotte n'a jamais été si bruyante et pourtant, ce n'est pas forcément désagréable lorsqu'elle y pense. Soudain pourtant, les paroles de l'enchanteur se font entendre, un questionnement sincère mais plus que cela, des affirmations... Il ne va pas se jeter à ses trousses c'est un fait et effectivement, elle n'a aucune raison de se mettre à le traquer! Il n'est pas un criminel, il n'est pas une cible il n'est personne... Personne excepté un être humain qui a prit le temps de discuter, prit le temps de tenter de la comprendre, qui n'a pas hurlé en prenant ses jambes à son coup en découvrant la nature de la revenante...
"Effectivement, vous n'auriez rien à y gagner, nous n'aurons plus jamais de contact!" Répond-t-elle simplement, de nouveau légèrement sèche, comme lors du début de leur échange alors que l'inconnu était une nuisance dans sa grotte, alors qu'elle voulait qu'il débarrasse le plancher, alors qu'elle le voyait comme un parasite introduit dans son espace personnel. Pourtant, il y a un éclair, une étincelle, une lueur succincte dans son regard : de la colère? Non, elle n'est pas furibonde, plutôt de la tristesse? Elle se détourne, se relevant, s'écartant de l'enchanteur, lui tournant le dos en se rapprochant des murs de sa grotte, là où elle avait trouvé refuge lorsqu'il s'est introduit chez elle. "La tempête est calme! Partez donc et ne revenez jamais!" Lance-t-elle sèchement non sans qu'un léger tremblement ne puisse se faire ouïr par des oreilles attentives. La première discussion qu'elle a avec un humain au bout de deux cent années, la première fois que sa solitude est brisée et la réalisation d'une grande vérité qu'elle avait oublié : personne ne veut réellement "connaître" une morte-vivante, personne ne veut discuter avec, personne ne veut avoir de contact.
-"Non, ce n'est pas ainsi qu'il fallait comprendre les choses, désolé si j'ai été malpoli ou blessant. Ce que je voulais dire, c'est que je n'ai rien à gagner à tenter de vous manipuler ou vous orienter. J'essayais juste de vous aider, car je vois bien que vous ne vous plaisez pas complètement dans la situation qui est la votre. Et je comprends très bien le pourquoi, du moins je l'espère. Autrement, je m'excuse d'avoir mal jaugé la situation."
Nouveau soupir alors qu'il effectue un nouveau petit pas, s'arrêtant immédiatement si il la voit se brusquer ou se tendre. Ce serait dommage de la provoquer une nouvelle fois alors qu'il a déjà poussé un peu trop loin le bouchon sans le vouloir. Écartant les mains en signe de neutralité et d'apaisement -et surtout pour montrer qu'il a aucune arme, même si Lacey ne doit pas vraiment être inquiète de ce fait-, il continue de parler.
-"Je n'aurais absolument rien contre vous revoir ou vous reparler. Je pensais juste que vous appréciez votre calme et que nous n'aurons surement pas l'occasion d'échanger de nouveau ensuite. Je dois avouer que j'essaye d'éviter de me perdre en pleine montagne au milieu des grottes au milieu d'une tempête tous les deux jours, même si j'apprécie de plus en plus le monde extérieur."
Il tente de faire un peu d'humour, serrant légèrement les dents à la rebuffade qu'elle lui inflige. Abaissant les mains, suivi de sa tête, il se détourne, légèrement blessé. La conversation était agréable, et voici qu'après quelques mots mal placés, elle s'imagine qu'il s'en fiche d'elle et préfère l'ignorer, alors que ce n'est pas le cas. Certes, sa curiosité lui donne envie de plus échanger avec la revenante pour en apprendre plus sur son état et ce qui la maintient en vie, mais il apprécie aussi simplement échanger avec elle humainement. Car c'est ainsi qu'il la voit, comme une humaine. Elle a toujours son âme, elle est toujours capable de libre esprit. Almassar se retrouve donc à ne pas réellement faire fi de son état, préférant se concentrer sur qui elle est réellement. Hélas, il ne semble plus réellement le bienvenue dans la grotte, et il vient ramasser le sac pour le mettre sur ses épaules, pivotant une dernière fois pour faire face à Lacey.
-"Si c'est ce que vous souhaitez réellement, je vous laisse sans plus vous troubler. Autrement, sachez simplement que si j'ai le plaisir de vous recroiser, je n'aurais rien contre échanger de nouveau. Je souhaitais simplement vous rassurer sur le fait que je ne cherchais en rien à vous manipuler et que mes propos étaient simplement le fruit de ma réflexion pour essayer de vous aider à voir les choses autrement."
Une fois la phrase finie, il attend, sac en main, sa réaction et sa réponse. Se préparant à repartir si jamais elle en a eut trop. Ce qui pourrait se comprendre aussi, après tout. La conversation fut agitée, pour quelqu'un qui n'a eut nul contact en deux siècles.
Cette solitude qu'elle a toujours aimé, qu'elle a toujours recherché la pèse en réalité et c'est la première fois qu'elle s'en rend compte! L'être humain n'est sans doute pas fait pour vivre seul alors après deux siècles, cela devient presqu'une torture. Peut-être s'en rendait-elle compte? Peut-être est-ce pour cela qu'elle a toujours fait l'effort de ne pas se lier? Bien-sûr ce qu'elle a dit précédemment est vrai : la douleur de perdre ceux auxquels on tient, les voir partir avant nous, ne même pas pouvoir assister à leurs obsèques... C'est difficile, une douleur sans nom, une torture de tous les instants mais... N'est-ce pas encore plus dur de n'avoir absolument personne à qui l'on tient? Une question qu'elle refusait de se poser. Non, elle ne tient pas à l'enchanteur, c'est un homme qu'elle vient de rencontrer, une conversation agréable dans une journée de blizzard! Rien qui puisse la pousser à s'inquiéter de son sort dans un avenir proche... Cependant, il est aussi le premier à lui parler, la regarder, lui donner son avis voir même des conseil depuis... Depuis une éternité en réalité! Aurait-il pu devenir un ami? Aurait-il finalement été un ennemi? Rien de tout cela : ils ne se verront plus jamais!
Un pas, quelques paroles, un nouveau pas, une plaisanterie... Elle le reçoit froidement, l'incitant à partir sans tenter d'écouter alors c'est ce qu'il fait... Il prend ses affaires, se prépare à prendre le chemin de l'entrée de la grotte. C'est mieux! Cela doit l'être n'est-ce pas? Pourtant, ce n'est pas terminé, pas encore car l'enchanteur tente une dernière approche? Que souhaite-t-elle? C'est une bonne question à laquelle elle n'a pas réellement de réponse! Tout est si simple quand on est persuadé que l'humanité entière vous déteste pour votre nature de revenante... Pourquoi n'a-t-il pas simplement fait comme tous les autres? Un léger soupire alors qu'elle se tourne vers lui.
"Excusez-moi Almassar... J'ai sans doute réagit un peu trop abruptement... Vous pouvez partir, ou rester... Je suis une bien mauvaise hôte mais, je ne suis pas contre l'idée de reprendre une conversation à l'avenir si vous vous perdrez de nouveau dans ma grotte..." Conclue-t-elle, tentant elle aussi un bien mauvais humour.
Ne sachant pas quoi faire, entre rester et partir, discuter ou simplement se taire, l'homme hésite quelques secondes avant de se décider. Partir est mieux, rentrer tant qu'il en est encore temps. Il n'a que trop prolongé son séjour, et il aura peut être l'occasion de revoir un jour la revenante. Mieux vaut partir sur une bonne note que de trop rester et gâcher cela. Car pour dire des conneries, l'enchanteur est fort. Mais plutôt que de simplement partir, et après la phrase de Lacey qui lui arrache un petit sourire, il vient fouiller dans son sac à la recherche de son carnet et d'un crayon pour pouvoir prendre quelques notes.
-"Ne vous excusez pas, je comprends bien qu'il est difficile d'ainsi accueillir un inconnu chez soi, surtout quand il n'était pas invité. Et je ne suis pas le plus facile à supporter, je ne peux que vous remercier pour votre accueil. Et qui sait, j'aurais peut être de nouveau la bonne idée de parcourir les montagnes juste avant qu'une tempête ne s'annonce !"
Avec un sourire il commence à rapidement écrire sur l'une des pages, avant de l'arracher d'un geste sec. Observant autour de lui, il vient la déposer sur un endroit qui lui semble approprié, et surtout qui ne prendra pas l'eau ou le vent en trois secondes, rangeant le tout ensuite dans son sac en récupérant ses gants, se préparant à partir pour de bon.
-"Je sais que vous ne pouvez surement pas entrer à la Forteresse, mais c'est une adresse où vous pouvez me faire parvenir un message si jamais vous souhaitez un jour reparler un peu, et surtout, dans un endroit peut être un peu plus neutre pour vous. Je vous laisse le choix, je n'ai pas envie de m'imposer."
S'harnachant comme il se doit, Almassar souffle un grand coup en observant l'extérieur. Entamant quelques pas, il arrive à l'entrée de la grotte et inspire l'air froid qui vient frapper son visage et emplir ses poumons. Il est temps de partir, de fermer peut être à tout jamais cette page arrachée à sa vie comme l'a été son adresse sur le carnet. Avant de partir, il se retourne avec un léger sourire en observant la où se trouve Lacey, vu qu'il ne peut surement plus la voir dans l'obscurité, et qu'il n'a envie de braquer de nouveau sa lampe sur elle.
-"Et dans tous les cas, prenez soin de vous. Je sais que beaucoup vous jugent à votre seule apparence, mais vous restez une femme comme n'importe qui d'autre. Essayez de ne pas l'oublier et de ne pas vous oublier avec."
Sur ces derniers mots qui pourraient sonner étrangement philosophiques, l'enchanteur se retourne avant de sortir braver le froid, le vent, et la route du retour vers la Forteresse...