- Surtout Haku, tu m'empêches de parler à qui que ce soit hein ? Non parce que voilà, j'ai fais suffisamment de bêtises ce soir ! Alors je dois juste rentrer et me mettre au lit !
"Oui oui ! Oh faut dire bonjour aux gardes qui gardent quand même ! Bonjour !"
- Bonjour ! Vous allez bien ?
- Euh... Lunarya ?
- Ouiiii c'est mooiiii ! On se connait ?
- Non mais j'hallucine...
- Laisse, tu vois bien qu'elle est complètement bourrée... Tu vas réussir à retrouver ta chambre où faut qu'on te raccompagne ?
- Oh ça va ! Regardez, je marche super bien ! Allez, bisous !
- Bisous ?
- Je sais pas combien de verre elle a bu, mais je dirai au moins trois de trop...
Passant les gardes que je n'écoute même plus, j'avance dans la cours de la caserne, titubant presque pas alors que je lève les yeux au ciel au dessus de moi. La nuit est si noir, et les étoiles sont si brillante, c'est si joli.
- J'aimerai bien mettre une étoile dans ma chambre. Tu crois que le capitaine serait d'accord ?
"Soit pas bête Luna, c'est ta chambre, tu y mets bien ce que tu veux. Enfin, faudra juste demander à ta colocataire. Elle s'appelle comment déjà ?"
- J'en sais rien. Faudrait que je lui demande ! Mais non ! Faut que je parle à personne Haku, roohh. Sinon je vais encore parler de Elion et Kah. Et...
Mon regard toujours levé vers le ciel, je me perds un instant, sentant de nouveau la tristesse m'envahir. Et tandis qu'un vent frais souffle soudainement, tout mon corps frissonne de froid, me sortant de ma torpeur. Mes mains viennent alors frotter mes bras tandis que je plante mon regard dans celui de mon mist esprit.
- T'as pas froid toi ?
"Non, moi je ressens rien du tout ! Mais c'est surement parce que je bouge ! Vas y fait pareil !"
- Je peux pas faire pareil enfin ! Je vole pas comme toi !
Et tandis que le mist continue de tournicoter dans les airs, mon regard se pose derrière lui en direction d'un des mannequins d'entrainement.
- Par contre, je peux aller le taper ! Ça réchauffe toujours de taper des choses !
"La chance... Moi aussi je voudrai taper des trucs..."
La nuit a beau être tombée depuis je ne sais même plus combien de temps, me voilà alors lancée à l'assaut de ce mannequin et bien décidé à lui montrer de quelle bois je me chauffe.
Bon, sauf qu'en vrai, à peine je le tape qu'il me rend le coup je ne sais pas comment, que je m'énerve dessus, que je le retape -à mains nue parce que voilà- qu'il me refrappe, que je me cache la joue meurtri, que j'engueule Haku parce que je sûre que tout est de sa faute...
Mais ce qui est sûr, c'est que maintenant, je ne sens plus du tout le froid.
Pour tout dire, je ne sais même plus trop ce que je fous là.
Pour les cuirassiers en général, il s'agissait de formations aux manœuvres de groupes de telles sortes à ce que chaque soldat puisse combattre avec ses compagnons, comme une meute de loup bien entrainée. Et c'était en général le cliquetis de leurs armures qui rythmait la vie de la caserne.
Au delà de cette vaste esplanade, au fond de la place, se dressait une autre muraille, plus petite mais signant la fin de l'accès de bien des soldats, une sorte de bastion au sein de la forteresse qui abritait les quartiers du capitaine, mais aussi ceux des Prétoriens. Un endroit qui, si dans la théorie était libre d'accès, n'attirait guère de gens hors de l'élite de la garde royale.
Passé son arche se trouvait un autre terrain, bien plus petit, ou les Prétoriens s'entrainaient. Là ou les cuirassiers étaient des loups travaillant en meute, la première combattait comme des lions, chaque soldat se battant comme un héro solitaire.
C'était d'ailleurs bien pour ça que le rythme de ces derniers était bien plus intense, rythmé non pas par les manœuvres du régiment, mais par les exercices individuels de chacun.
Et c'était justement ce que s'apprêtait à faire Arthorias, serrant entre ses mains une épée à deux mains. Son souffle était profond, ses yeux fermés.
Et si sa cuirasse bougeait, c'était uniquement au rythme qu'il imposait à sa respiration. L'entrainement tardif étant en général le moyen le plus utile qu'il avait trouvé pour dormir le lendemain.
Le blond commença une série de mouvement pour s'échauffer, faisant virevolter l'épée entre ses mains dans un balais mortel, tranchant et fauchant des ennemis que seul le prétorien pouvait voir, tantôt inexpérimentés, tantôt vétérans de guerre qui n'avaient pas eu lieu, une danse possédant son propre rythme et qui rompait le silence ambiant par les sifflement de la lame dans les airs.
Et alors que la nuit avançait Arthorias s'accorda une pause, avant qu'une silhouette ne rentre dans la cour. Une silhouette rousse qu'il avait sans doute déjà vu, mais qui n'appartenait pas à sa compagnie.
Et loin de le saluer, cette dernière fonça vers lui, esquissant des mouvements maladroits avec ses mains eraflant sans effet l'épaisse cuirasse du prétorien qui se défendit comme il put, sentant l'alcool même avec son heaume.
Et au bout d'un certains moment, il fut même obligé de répliquer, jusqu'à arrêter sa main avec la sienne lui tenant le poignet en la dévisageant, seules ses pupilles brillant au travers de son heaume.
-Je pense que pour un exercice de nuit, tu n'es pas en état
Déclara t'il froidement en s'apercevant l'état de la demoiselle
« AAAAAAAH »
Je fuis. Je fuis vite, en hurlant.
- Haku ! Le mannequin ! Il a PARLÉ !
« J’ai entendu ! Mais qu’est ce que c’est ?! »
- Je sais pas !
Avec un peu moins d’alcool dans le sang, j’aurai sûrement pu penser aux âmes artificielles… ce qui aurait eu le mérite de démystifier un peu la situation.
En temps normal par contre, j’aurai clairement reconnu que ce n’était juste pas un mannequin mais un collègue prétorien. Manque de pot, la situation n’est ni l’une, ni l’autre, aussi mon esprit embrumé trouvé ça vraiment très flippant…
- Je… je suis désolé monsieur le mannequin ! Je… je voulais pas vous faire de mal !
« Non mais tu délires Luna, c’est lui qui t’a mise une rouste ! »
C’est vrai ça d’ailleurs. Il m’a frappé plusieurs fois et en plus il se permet de juger mon état. Non mais quelle toupet ce mannequin !
- Mais ça n’a rien à voir avec mon état ! Je farpai… frapai… Parfaitement bien ! C’est juste euh… le manque de lumière, c’est tout.
Légèrement outrée de la constatation du mannequin, je sors un peu de derrière mon mur et me redresse en croisant les bras sur mon torse et en fermant les yeux. En fermant… oulaaaa ça tourne, c’est peut être pas la meilleure idée du siècle que de fermer les yeux en fait…
Alors je les réouvre en écartant les bras, cherchant mon équilibre.
« Luna… ça tourne… »
- Chut, il va t’entendre.
Me voulant toujours impressionnante, je me redresse une nouvelle fois en prenant soin de NE PAS fermer les yeux pour fixer le mannequin de métal.
- De toute façon, désolé de vous l’apprendre mais vous êtes là pour que je vous tape dessus. C’est comme ça, je n’y peux rien. Alors euh… si vous le voulez bien, j’aimerai reprendre !
Parce que j’ai pas du tout sommeil, et que merde, il est pas question que je me fasse battre par un pauvre mannequin, même s’il parle ! Il en va de mon honneur là !
Ma peur chassée au moins aussi vite qu’elle était arrivée, je repars déterminée vers le mannequin avec la ferme intention de lui faire mordre la poussière, quitte à le déraciner en lui arrachant les pieds du sol !
Pas question qu’il s’en sorte comme ça !