En ce début de saison fraîche, dans un petit village paisible, coupé du reste du monde vivait un jeune garçon qui n’avait jamais quitté son nid douillé. L’idée de quitter son lieu de naissance et découvrir le reste d’Aryon ne lui avait jamais traversé l’esprit. Pourtant, aujourd’hui ce villageois nommé Cosmos avait décidé de demander à une aventurière de passage de l’escorter jusqu’au village perché et de le ramener ici. L'oisillon qui n’avait jamais volé allait pour la première fois déployer ses ailes et quitter sa bulle de confort. Mais qu’est-ce qui a bien pu amener à une telle détermination ?

La raison était que cette année sa grande sœur aurait 18 ans et pour célébrer le passage à l’âge adulte de sa sœur, Cosmos souhaitait un cadeau qu’elle n’oublierait jamais. Après avoir suffisamment réfléchi, il en était venu à la conclusion que la meilleure surprise qu’il pouvait proposer était des fleurs d’anémone qu’il aurait fait pousser lui-même.

Dans sa mémoire est encore gravé ce jour de neige où sa sœur lui a offert des graines de fleurs dont il ne connaissait pas le nom ainsi qu'un livre sur ces derniers. Des étoiles qu'il avait eu lorsque les graines avaient germé et du sourire de sa sœur lorsque Cosmos lui avait montré les fruits de son travail.
Le garçon n'avait aucun talent et hobby en particulier, la seule expérience marquante étant cet épisode floral. La seule chose qu'il n'avait jamais fait par lui-même étant de faire fleurir des fleurs et s'en occuper.

Après avoir prévenu ses parents de son projet, vérifier qu’il n’avait rien oublié dans son sac et compté une dernière fois les cristaux de ses deux bourses. Cosmos quitta la demeure familiale et se dirigea vers l’auberge-taverne du village. Une fois arrivé à la porte de sa destination, son ventre se noua et une incertitude le prit. L’adolescent réfléchissait alors une dernière fois, s’il n’était pas mieux pour lui juste de passer une commande et de ne pas se déplacer lui-même…
Perdu dans sa réflexion, la porte de l’établissement s’ouvrit le percutant et l’empêchant de douter, à la suite d’un échange d'excuses. Cosmos franchit finalement la porte se disant qu’il ne pouvait rester éternellement planté là comme un arbre, l’endroit n’était que peu animé à cette heure de la journée c'est- à dire le matin à 8h, la plupart des aventuriers étant encore dans leurs chambres. Néanmoins, malgré l’heure, il y avait bien une personne qui était présente.

Il s’agissait d’une grande femme qui faisait passé pour Cosmos pour un être minuscule, du haut de son mètre 45 à l’époque, doté d’un magnifique plumage qui envouta un instant l’attention du garçon. Suite, à une grande inspiration, le mi-cerisier se dirigea timidement vers l’aventurière et une fois arrivé il la regarda droit dans les yeux et déferla alors :

- Excusezmoiestcequevouspouvezm’escoterauvillageperchépuismeramenerici ?

Vu la vitesse à laquelle Cosmos avait parlé, cela aurait été un miracle si son interlocutrice avait compris sa requête. Remarquant bien, lui-même qu’il venait de sortir quelque chose d’incompréhensible pour l’aventurière, il rougit alors d'embarras avant de finalement dire plus calmement et d’une voix plus faible et la tête baissée.

- Heu… Ce que je voulais dire c’est si vous vouliez bien m'escorter jusqu’au village perché puis me ramener ? Je… ne vous demande pas de faire ceci par charité, j’ai préparé un paiement attendez.

Il détacha alors de sa ceinture la bourse prévu pour le paiement du service, enleva le fil et posa alors l’argent devant la femme pour qu’elle puisse l’examiner elle-même. Dans la bourse se trouvait une rémunération légèrement supérieur pour ce genre de mission et si nécessaire, Cosmos avait toujours une deuxième bourse contenant de le reste sa fortune pour gonfler le paiement. Mais sous les conseils des autres villageois, il n’en révèla pas l'existence pour le moment et attendait le verdict de l’aventurière. Toujours un peu rouge et évitant de croiser le regard de cette dernière.

Petite ? Le cerveau de Cosmos fit, pendant un petit moment, un blue screen Windows, tentant de comprendre, le regarde vide, en vain cette confusion. Cependant, après avoir entendu que l’aventurière acceptait sa requête, son visage s’illumina à la nouvelle, le regard rempli de joie accompagné d’un grand sourire. Le garçon dissipa avec entrain les doutes de la femme.

- Ne vous inquiétez pas pour ça, cela fait déjà un moment que je discute de ce voyage avec mes parents ! Ils savent déjà que je cherche un aventurier pour m’aider et si j’en ai trouvé un, je dois normalement prévenir une connaissance qui serait dans les environs !

Par “connaissance”, il voulait bien évidemment dire l’intégralité des villageois, dans ce genre d’endroit, tous les natifs se connaissaient au moins de loin. Par ailleurs, après avoir dit ceci, le cerisier cherchait, en vain, du regard le propriétaire de la taverne. Il trouva cela étrange, à cette heure le propriétaire était normalement déjà au comptoir, mais son attention revint vers l’aventurière quand elle se présenta et demanda en retour son nom.
Il aurait pu répondre rapidement, cependant son expression et son corps géla une nouvelle fois en remarquant qu’il avait encore été confondu avec une fille. Depuis le temps qu’on se trompait à son sujet, il aurait dû en avoir l’habitude, cependant ce n’était pas une erreur qui lui plaisait particulièrement. Le villageois prit un moment pour se remettre de ce nouveau choc et se présenta finalement d’une voix timide qui contrastait grandement avec l'énergie dont il avait fait preuve auparavant.

- Enchanté Lybell, je m’appelle Cosmos et… heu… Il leva légèrement son regarde vers elle. Je suis content que tu me trouves mignon, mais… tu peux arrêter d’accorder les adjectifs pour me qualifier au féminin ? Je veux dire… Je suis un garçon…

Au même moment que Cosmos déclarait ceci, un homme d’une quarantaine d'années  qui se trouvait derrière le comptoir du bar laissa échapper un petit pouffement de dire. Et ne put s’empêcher de rire de bon cœur après avoir vu le regard fatigué du cerisier se poser sur lui. Ce qui embarrassa davantage ce dernier qui se cacha le visage avec ses mains, pour éviter qu’on ne découvre la tomate qu’il était devenu. Après s'être calmé, l'adulte posa un repas léger sur la table, où se trouvait Lybell et se tourna vers cette dernière.

- Même si on peut croire le contraire, cet enfant est vraiment garçon, j’en ai vu la preuve de mes propres yeux quand il n’était qu'un pauvre bébé. Mais, je t’avoue que me demande si mes yeux ou ma mémoire ne me jouent pas des tours ! Exclamait-il. Je vais m’arrêter là sinon, Coco va ressembler davantage à une tomate qu’à un cerisier, d’ailleurs ce plat est pour toi, il n’est jamais bon de partir le ventre vide. C’est un cadeau de la maison pour te remercier de prendre soin de notre petit ange.

Suite à cette phrase, l’aubergiste retourna derrière le comptoir pour retourner à ses occupations, laissant derrière lui, un Cosmos tellement rouge qu'il ressemblait à un volcan sur le point de rentrer en éruption. Néanmoins, le garçon était soulagé de savoir qu’il aurait sûrement le temps de se calmer le temps que Lybell finisse son petit déjeuner. Car, dans son état actuel, il lui serait difficile de prononcer un mot. Au moins, prévenir une connaissance qu’il allait partir avait été fait, tout seul, mais c’était fait.

Après le repas de Lybell, Cosmos avait donc fini par se calmer et écoutait attentivement les demandes de l’aventurière. En réaction, il ouvrit le sac qu’il avait pris sur lui, afin d’en vérifier le contenu, même si normalement tout était déjà bon. Puisque, cela faisait un moment qu’il préparait ce voyage et qu’il en avait parlé, de ce fait les autres villageois avaient tous donné des conseils ici et là au garçon et avait également contribué aux préparatifs de son sac, celui-ci était même un peu trop lourd pour l’adolescent, pas certains qu’avec un tel poids derrière son dos, il pouvait tenir plusieurs heures de marche, mais ça c’était un problème pour plus tard. Pour le moment, il vérifiait son inventaire et faisait part de sa vérification à Lybell.

- Pour les changes, j’ai préparé 5 sets de vêtement, pour ce qui est de dormir j’ai prévu un sac de couchage et une couverture. Enfin, pour ce qui est de la nourriture… Une image vaut mille mots, c’était avec cette expression en tête que Cosmos sortit alors de son sac un de ses bocaux contenant du terreau. J’irais me nourrir avec ceci, comme vous je suis également un hybride, mais pas comme la majorité ce n’est pas avec un animal ou un monstre mais avec une plante. Du coup, je partage des points communs avec eux, comme le fait que j’ai besoin du soleil et que je me nourris grâce à mes racines.

Après avoir déclaré ceci, il fit alors pousser des racines de sa main pour les montrer à Lybell, avant de les faire revenir en lui et rangea finalement sa nourriture dans son sac. C’était d’ailleurs ses provisions qui rendaient son sac aussi lourd, le terreau n’étant pas la chose la plus légère au monde. Il pourrait sans doute se nourrir sur la terre qui se trouvait à l’extérieur, mais il y avait plusieurs problèmes avec cette façon de faire. Cosmos avait donc prévu ces bocaux au cas où, la terre ne serait pas suffisante pour le nourrir.

Suite à l'examen de l’inventaire, une question assez pertinente fût posée par Lybell, après avoir entendu cette question ce fût avec une honnêteté exemplaire que le garçon répondait avec un grand sourire.

- Non pas vraiment, même s’il est vrai que ce serait une bonne idée maintenant que vous le dites. Mais je voudrais surtout acheter des graines d’Anémone, ma grande sœur porte le nom de cette fleur. Pour sa majorité j’aimerais lui offrir justement cette fleur que je lui aurais pousser moi même ! Ensuite avec un léger embarras il ajouta.  Enfin… ça c’est une partie du cadeau, l’autre partie ce sera le récit de ce voyage. Ma grande sœur m’a toujours dit que je devais apprendre à devenir plus indépendant, surtout qu’il est vrai que je la colle beaucoup et que je dépend énormément d’elle. Du coup, si j’arrivais à faire un petit voyage par mes propres moyens, c’était une façon pour moi de lui dire que petit à petit je commence à grandir. Héhéhé…

Finissait-il, Cosmos se remémora à nouveau des mots de sa sœur qui lui disait de devenir comme “ces fleurs qui sont capables de fleurir du haut d’une montagne, malgré les nombreux dangers auxquels ils doivent faire face”. Pour être honnête, il ne savait toujours pas ce qu’il devait faire pour parvenir à cet objectif, mais rien ne le pressait, il avait encore toute une vie devant lui pour y arriver. La réflexion personnelle mise de côté, le garçon discuta au sujet du voyage.

- D’ailleurs Lybell, vous avez aussi besoin de vous préparer ? À moins que vous n’ayez déjà tout sur vous, puisque vous comptiez déjà y aller ? En tout cas, si vous avez besoin de quelque chose ou que vous pensez que j’ai besoin de plus d'affaires, on peut aller se préparer ! Et si… Tout est bon, je suppose qu’on peut y aller ?

Disait-il, avec une certaine inquiétude qui se lisait facilement sur son visage. En même temps, ce sera la première fois de sa vie qu’il allait découvrir autre chose que les alentours de son village. L’inconnue est quelque chose de terrifiant et même si il n’avait aucun doute sur les capacités de Lybell pour l’escorter, le problème était lui-même. Cosmos doutait de lui, il ne savait pas s’il possédait vraiment la volonté et la force nécessaire pour ce voyage. Il souhaitait réellement le faire, mais une peur et un gros manque de confiance le submergea et se faisait ressentir quand il prononça les mots “y aller”.