Sam arrive enfin au lieu de rendez-vous. Au détour d’une rue, il s’installe comme un mendiant le ferrait, assis par terre. L’homme mystérieux attend patiemment. Son ami ne devrait pas tarder. Enfin il l’espère. Cela fait bien longtemps qu’il n’était pas sorti dans la rue commerçante. Contemplant l’activité du soir, il entrevoit le quotidien des habitants de la Capitale. Entre les nobles passant et les habitués de la taverne, tout ce petit monde semble insouciant. Qu’est ce qu’il aimerait avoir leurs vies, bien remplies, sans pression et sans peine. Dans sa monotonie, il remarque un jeune couple. Cela fait bien longtemps qu’il n’a plus connu le sentiment amoureux. Hors de son métier, sa vie a si peu de saveur.
Sam baisse les yeux. Il sent comme un poids sur sa tête. Le poids de la solitude ? Le poids d’une vie morne ? Le poids de son stress quotidien ? Il a laissé ses questions derrière lui il y a bien longtemps. En cherchant une solution, il souffrira d’autant plus. La royauté est son seul refuge, mais elle est si exigeante. Il a besoin de souffler. Juste un peu.
Il était tout de même excité à l'idée de revoir Sam. Il en avait des choses à lui raconter et il espérait que son compère aurait également quelques potins à partager également. Il se rendait alors au point de rendez-vous, la queue battant et les oreilles droites. D'une simple inspiration et avant même de le voir, il savait que Sam était déjà arrivé mais que ne fut pas sa surprise de ne trouver qu'un pauvre homme, couvert de la tête au pied, assis par terre les yeux baissés.
S'accroupissant devant l'homme, il vint lui tapoter le haut du crâne. Sous la capuche, il sentait les cheveux de l'homme s'affaisser et son regard se redresser. C'est lorsque que les yeux de Morgan croisèrent ceux de Sam qu'il lui dit en rigolant:
-" Ça paye si mal la garde royal que t'es obligé de demander l'aumône ?"
Puis il se releva rapidement et recula d'un pas pour laisser son ami se redresser. Une fois debout, Morgan prix Sam dans ses bras, venant lui tapoter le dos en signe d'amitié avant d'ajouter :
-" C'est bon de te voir. Allez viens, j'ai soif."
« Je m’endormais vu le temps que tu as pris pour te pointer. Et tu sais très bien que c’est pour camoufler mon statut. Je ne tiens pas à être abordé par n’importe qui et encore moins par un autre garde. »
Après cette accolade réconfortante dont son ami n'a aucune idée du bien que cela lui fait, Sam reste quelques temps sans un mot. Il se rassemble finalement avec un léger sourire.
« Tu penses déjà à picoler, cela tombe bien. »
Le garde indique avec un geste du bras l’enseigne en face.
« J’ai vu d’ailleurs qu’il n’y avait pas que des mâles à l’intérieur. Essaie de pas trop remuer la queue. »
Cette remarque peut subtile marque l’entrée des deux compères dans la taverne. L’éclairage ébloui d’abord Sam. Puis, il constate la grande agitation du lieu. Le garde voit si rarement une telle ambiance. Cela semble déjà palier ses sentiments mélancoliques du moment. Il s’approche du bar. De nombreuses tables étant prises, l’homme préfère s’installer sans prise de tête. En attendant le tavernier, visiblement occupé, Sam lance un sujet avant les boissons.
« Alors, qu’est que le Ronin peut raconter de beau ? Toujours en vadrouille ? »