Il bénit le fait d'avoir gardé son manteau, certes, à l'intérieur, la température montait à le rendre inconfortable, l'omniprésence de corps humains n'aidant en rien la situation. Mais dehors, son vêtement le protégeait d'un froid mordant. Les espaces verts arrières étaient bien entretenus, au moins tout autant qu'à l'avant – avaient-elles les moyens de se payer des jardiniers ; des domestiques ? Luz est noble, Zahria bien ancrée dans la garde, donc imaginons que oui. Un peu plus loin, dans ce qu'il restait d'herbe verte, majoritairement à présent tapissée d'un fin manteau blanc, à l'exception de ces endroits à l'abri tout sommaire qu'ils sont, comme sous les arbres ou les bancs, ce que Warren devina être les familiers des deux femmes continuaient à chahuter, courir de partout, sans qu'aucune inquiétude n'ait traversé les esprits des deux propriétaires, assez confiante envers leurs animaux pour les laisser libres ; envers leurs invités pour ne rien en faire. Qui serais assez fou pour avoir ce genre de pensées, dans tous les cas ?
Pas de rambardes, quelques chaises disséminées de ça et là, plus pour la forme que vraiment prévues pour accueillir des invités, qui irait volontairement s'exiler à l'extérieur, ce serait complètement idiot et contre-productif, voyons, personne fait ça.
Sauf Warren.
Pour se libérer la main gauche, il posa la bouteille là où il pouvait. A vrai dire, il n'avait aucune idée de si quelqu'un allait le suivre ; les groupes étaient formés, l'ambiance arrivait, tout allait bien dans la mesure du possible. Oh, il y a bien des têtes avec lesquelles il souhaiterait discuter ; réussir à glisser deux mots aux oreilles de la première ministre, le taux d'imposition est ahurissant, et n'est avantageux ni pour les grosses compagnies comme la sienne, ni les petits commerces que sa grosse compagnie tente d'arnaqu- d'aider au mieux. D'un geste las, il se servit un verre qu'il commença à consommer. Une sorte de vin, visiblement, pas la meilleure bouteille qu'il a prise. Le blond n'allait pas non plus perdre son temps, devant la table, à choisir non plus. Ni reprendre la bouteille qu'il avait lui même amenée, c'est vraiment une action digne des pires êtres humains du pays et oui, en fait, du coup, si on suit cette logique, il aurait pu en effet.
En plus de la bonne tenue du lieu, il y avait une certaine décoration, préparée et posée pour l'occasion, qui lui arracha un sourire. Ça lui rappelle les efforts colossaux et surhumains, bien au dessus de leurs moyens, que ce soit physique ou financiers, qu'effectuaient ses parents lorsque cette période de fête approchait. Voilà bien des années en arrière, hein. Parfois, il se demande ce qu'à bien pu devenir son père, ne serais-ce qu'un instant, avant de renflouer toute cette rancœur en son fort intérieur. Il soupira et frotta sa main libre contre son manteau pour la réchauffer un peu. On ne tourne pas le dos à la famille. Et pourtant. La plus importante est celle qu'on se crée ; les Archontes, Inaros, Pam. Ce sont ceux qui importent pour lui, maintenant.
Non, bien sur qu'il n'oublie pas sa rousse. Elle est assez évidente comme ça.
Il extirpa un de ses cigares d'un geste précis, l'alluma grâce à une allumette ; les composants de ce petit morceau de bois apportent bien plus que la côté facile et instantané d'un petit cristal de feu. Aucune idée de combien de temps il resterait, de ce qu'il pourrait bien faire après. Il existe un monde où personne le rejoins, fume juste son truc et retourne faire connaissance. Au final, la contre soirée à la cave ne sera peut-être pas si mal. Alors qu'il allait ranger sa petite boite, il entendit la porte s'ouvrir derrière lui. Aucune idée de qui allait le rejoindre, mais il fallait se montrer ouvert, avenant, et amical, y en aurait une qui apprécierait qu'il se lie un peu plus avec d'autres personnes que celles déjà présente dans son cercle. Il sortit une autre manille, qu'il tendit nonchalamment en l'air à côté de lui, cigare en bouche, verre dans la dextre.
'' Si t'es intéressé. Sans doutes différent de tout ce que tu as pu goûter, crois moi. ''
Qui que ce soit, fumeur, non fumeur, la proposition tenait. Il était loin d'être avare, et n'avait aucun problème à partager les petits plaisirs de la vie qu'il peut s'offrir -ouais, une fois, dans un sordide cabaret, il avait payé des danses privées générales, fallait voir comme il avait été acclamé par tous les pochtrons de ce trou. Plus qu'à attendre de voir qui allait dorénavant se présenter devant lui, ce serait tellement plus simple s'il s'agissait d'une connaissance...La fête battait encore son plein derrière lui, dans le salon. Le jardin se promettait un refuge pour tout ceux voulant s'éloigner un peu des brouhahas, des verres qui tonnent entre eux et des gens trop fortement alcoolisés reclus dans un petit espace. Il crut voir un mec vraiment mal derrière les rideaux juste avant de partir; les prémices d'une bonne soirée. Après, tout peut se passer, le bordel n'a pas de zone d'effet.
Le jardin ne payait pas de mine, pas vraiment équipé pour être le centre de la soirée vu les températures actuelles. Amaryllis ajusta son manteau, le remettant pour se protéger du froid, referma la porte derrière elle alors que le blond lui tournait le dos. En lui proposant un cigare? Elle s’approcha tranquillement, ses doigts se coulant sur l’offrande promise lorsqu’il était parti. La clope, elle connaissait bien. Les cigares, un peu moins, même si elle avait déjà essayé, et avait trouvé ça bien plus raffiné. Bien plus cher aussi. Elle n’était peut-être pas assez experte pour apprécier pleinement la chose, mais certainement bien plus que l’autre gamin. Oscar, si elle avait bien entendu.
« Je ne suis peut-être pas la rousse que vous espériez, mais je ne suis pas du genre à refuser les bons produits, ni à être radine lorsqu’il s’agit de les partager. Surtout en bonne compagnie. »
Elle s’était coulée à ses côtés, passant vers l’avant, avant de poser sa bouteille à côté de son homologue sur une table de jardin, accompagnée de son verre vide qu’elle avait tenu dans la même main par le pied. Il ne tardera pas à être rempli à nouveau - Amaryllis n’était pas du genre à boire à la bouteille pendant ce genre de soirées. Profitant d’un peu de feu, elle tira légèrement sur le cigare pour qu’il s’allume parfaitement, avant de laisser échapper par le côté de ses lèvres un petit panache de fumée et de buée dans l’atmosphère glaciale de cette saison froide.
« En tout cas, vous n’avez pas menti sur la marchandise. »
La rouge prit ensuite le temps de resservir de l’alcool, plutôt généreusement, elle n’était pas du genre à se priver dans ce genre de situations. Elle s’installa ensuite sur une des chaises présente ici, croisant les jambes en s’installant. Pas aussi confortable que dans un bon fauteuil au chaud, près d’un feu de cheminée, ou dans un canapé bien confortable, mais au moins, ils avaient - pour le moment - un peu la paix.
« Je ne vous ferai pas l’affront de vous demander la raison de votre présence ici et votre lien avec les maîtresses de maison. Je pense qu’il est assez clair. Et donc, comment en êtes-vous arrivé à rencontrer Dame Weiss? Si ce n’est pas trop indiscret, bien entendu. »
Curiosité, mais aussi un moyen d’en apprendre plus sur lui. Et plus sur elle. Puisque la rousse restait encore nimbée de mystères aux yeux de la consultante. Elle profita d'ailleurs d'une nouvelle petite bouffée de tabac, profitant du goût clairement supérieur de celui-ci.
Dehors, Warren tendait déjà un cigare qu’Amaryllis prit avec un petit échange de compliment. Le jeune espion ne tarda pas à les rejoindre, posant son verre à côté du reste des boissons. Il n’avait pas pris de bouteille lui. Ils n’allaient pas boire une bouteille par personne, ou alors c’était la meilleure recette pour que Gwain se retrouve avachi sur une des chaises couvertes de neige. Ce qui serait un danger non seulement pour son corps, après tout l’hypothermie pouvait être bien dangereuse, mais surtout pour sa vie sociale. Il devait éviter de finir rond dès le début, devant son patron et celle qui était conseillère à ceux qui gérait partiellement son avenir secret.
Profitant de la pause laissée par Amaryllis, le temps qu’elle allume le cigare, Gwain s’approcha de son patron, souriant. Il aurait quand même le chic de partager… Malgré les remarques de la soirée, il n’allait tout de même pas refuser une simple demande.
« Je me permet de vous en demander un également, s’il-vous-plait. Ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de partager un cigare de grande qualité avec mon patron » demanda-t-il poliment, curieux et un brin inquiet de la réponse. Un refus serait vraiment mal-poli.
Heureusement, le scénario catastrophe ne se réalisa pas et son patron lui tendit un des petits cigares de l’étoile du sud. Maintenant, Gwain allait pouvoir avoir un goût de richesse dans les poumons, pendant quelques temps en tout cas. Peut-être profiterait-il de la soirée pour convaincre son patron d’augmenter son statut, ou du moins sa paie. Surtout face à tout le gratin présent cette soirée, ce n’était pas avec son petit salaire de coursier qu’il aurait pu rivaliser avec qui que ce soit.
Jetant un regard à Amaryllis, pendant qu’elle posait sa question, Gwain prépara son cigare, pas d’une main experte, mais suffisamment pour ne pas se ridiculiser devant les deux. Il aspira doucement un peu de la fumée. Il n’était pas vraiment fan de fumée en général. Ça piquait vite à la gorge, et ça imprégnait tout d’une odeur distincte. Mais il pouvait reconnaître que les cigares présentés étaient différents de ce qu’il avait déjà goûté dans sa vie. Il acquiesça à la remarque de la conseillère et profita de se servir également. Un demi-verre, pour commencer.
Gwain ne s’assit pas encore, profitant de rester debout pour ne pas avoir trop froid. Il regarda avec curiosité Warren. Il devait y avoir une bien intéressante histoire, sur comment quelqu’un d’aussi sec s’était épris de quelqu’un de doux comme Luz.
Inaros se racla légèrement la gorge en arrivant à proximité du trio, pour signifier sa présence et ne pas les faire sursauter. Il avait emporté avec lui un plateau avec plusieurs petits fours, qu’il leur présenta avant d’en prendre un à son tour pour le manger. Il ne le faisait pas par politesse mais parce qu’il avait faim et que le buffet était à l’intérieur et non pas à l’extérieur.
- Niko. Permettez-moi d’me joindre à vous, dit-il en empruntant une tonalité qui n’était pas celle qu’il avait l’habitude d’utiliser, histoire d’éviter de passer pour un gens de la basse.
Il lança un petit regard appuyé et entendu à Warren, l’air de dire « faut qu’on cause tous les deux », avant de poser le plateau sur une petite table d’extérieur, non loin d’eux. Il déclina le cigare proposé par Warren et, en évitant soigneusement son regard, il ajouta.
- Mais oui, comment as-tu rencontré cette chère « Dame Weiss » ? Voilà une histoire que nous serions tous ravis d’entendre. Mettre l’grappin sur une telle femme, ah ! Il accompagna son interjection d’une légère tape sur l’épaule du blond, celui qui l’avait accompagné aussi bien dans sa vie masculine que féminine, avant d’ajouter. J’suis sûr que y’a tout un tas d’envieux dans c’te baraque.
Et il attrapa l’un des petits fours qu’il mangea avec précaution, avant de porter son attention sur l’autre blond qui était avec eux. Warren avait précisé qu’il travaillait pour lui et, s’il avait insisté sur le mot employé, Inaros le connaissait assez bien pour savoir qu’il voulait sous-entendre qu’il bossait pour eux deux.
- Et t’arrives à bosser avec lui ? demanda-t-il à Gwain avec un sourire, histoire de ne pas centrer la conversation uniquement sur Warren.
Il ne lui en voulait pas d’être avec Luz, il avait surtout eu envie de le charrier parce qu’il ne lui en avait pas parlé. Et puis, il y avait toujours cette autre rousse énigmatique qu’il avait déjà eu l’impression de croiser. Peut-être qu’entendre un peu plus le son de sa voix -ou son nom- allait pouvoir l’aider à percer ce mystère. Et s'il savait, que son autre sœur, Violette, était arrivée à la soirée et qu'elle allait croiser Zahria. Une seule d'entre elles connaissait l'existence de l'autre et Inaros allait probablement rater ce spectacle si tout se déroulait à l'intérieur.
'' Je vous avait bien dit, c'est ce qui se fait de mieux. Pas facile à se procurer cependant, il ne m'en reste moi-même que très peu, de ma dernière escapade à l'Etoile du Sud. Partager l'adresse reste une possibilité, mais il faut pouvoir aligner les cristaux, ce n'est pas à la portée de toutes les bourses. ''
Un moyen de rappeler à nouveau à son employé qui est le patron, exhiber l'argent que le patron se fait sur son dos -presque littéralement, les coursiers, après tout- ? Non, pas vraiment, bien que celui-ci devrait s'attendre à voir sa paye quelque peu amputée, au tarif de, oh, aucune idée, un bon cigare peut-être ? Ça dépendra de son état d'esprit à ce moment là. Genre de dépenses qu'il n'oublierait pas, mémoire infaillible pour tout ce qui touche de près ou de loin aux finances de ses sociétés.
Un moyen d'estimer l'importance de la femme du groupe ? Peut-être. Selon sa réponse, Warren classerait automatiquement la cornue dans un casier, un tiroir ou quelconque meuble. Après tout, le poids social d'une personne ne s'estime-t-il pas par la propre poids de ses économies ? Où classez vous un artisan ; un tire laine ; un gouverneur ? Les Hommes ne sont pas fait pour être sur un même pied d'égalité. Ici, Warren est en haut, dans sa représentation pyramidale. Jusqu'à ce que l'autre fit son apparition.
Il s'était représenté sous le nom de Niko. Oui, ne t'inquiète pas ; le message est passé, à part si Warren dépasse la barre fatidique des deux grammes, sa langue ne fourcherait pas. Comme à son habitude, l'homme-pas-si-homme-que-ça-au-final s'était montré familier envers son comparse, pour ce qui est de la subtilité et jouer les ignorants, on repassera plus tard hein. Lui avait refusé le cigare, soit ; lui aurait été plus dans le genre fumeur par contre à son esprit. Pas régulier au point de tousser tous les matins, mais une petite friandise de temps en temps, à qui ça fait du mal ? Ce n'est pas car on est au régime qu'on ne regarde pas le menu.
'' Eh bien, on dirait que je suis malgré moi le centre de la discussion ! '' Non. Fausse modestie. Il est parfaitement heureux, et ça lui va très bien ainsi. '' Sauf que l'une est au moins respectueuse ; l'autre s'est fait discret et a eu la civilité de ne pas s'étendre ; le dernier par contre... '' Son regard, à travers ses verres fumés, s'était planté dans celui de Niko. Ah, il faisait de même tien. Il connaît cette expression ; oui, ne t'en fait pas l'ami, ils vont parler. Tu as visiblement beaucoup de questions à poser. Ça tombe bien, Warren adore y répondre. '' Vous savez, je crois que ce ne serais que de respecter la vie privée de ''Dame Weiss'' si je ne m'étendais pas dessus – sur notre rencontre, sur elle, c'est déjà fait. Disons que ça partait sur un partenariat commercial entre Althaïr, que je n'ai pas à présenter, et l'Astre de l'Aube, qui a assez de réputation pour que je n'ai pas à l'introduire – l'Astre hein, je précise. De fil en aiguilles ; d'entretiens en entretiens. ''
Mélanger le pro et le perso ? Ça lui fait pas peur. Surtout que tout était déjà acté et bien en ordre lors de cette fameuse soirée où Luz, guillerette, impérieuse, était venue taper à la porte de sa tanière. Il n'a pas a raconter qu'ils ont juste, genre, fait tuer quelqu'un où qu'ils partaient, genre, à la recherche d'objets rares et précieux, surtout que cette deuxième partie n'est déjà pas inconnue des connaissances d'Ina, après tout, dans le schéma des Célantia, il demeure au dessus de lui. Les détails ne sont pas aussi jolis que l'état actuel de leur relation. Il se servit également de nouveau un verre, évitant soigneusement les petits fours -déjà, ils briseraient sa ligne sculptée après tant d'années d'efforts, et il a prit pour habitude de ne pas manger aux soirées-, pour en boire une gorgée tout en tirant sur son cigare, prenant soin d'écouter la réponse de Gwain à la question de Niko ; attention à ce que tu dis, tu sais, les livraisons, ça va, ça vient, et t'es payé à la prestation.
'' Sinon, j'aimerais aussi beaucoup savoir ce que vous pouvez bien tous faire ici. Étant moi-même une pièce rapportée, et la raison de ma présence devenant des plus évidentes ; ce n'est pas le cas de tout le monde. '' Oui, surtout vous là, Niko et le coursier. '' Se pourrait-il que vous, sulfureuse rouge, soyez arrivée avec votre comparse à cornes ? ''
De loin, ça ressemblerait presque à un stéréotype raciste ordinaire. De près, juste une énième boutade maladroite à la Warren, somme toute.
« Un petit verre aussi? »
Après tout, c’était bien le moment. Il n’avait peut-être pas l’air expert avec un cigare, Amaryllis ne l’était pas vraiment non plus même si ce n’était pas son premier, mais si tout était fourni aux frais de la princesse - enfin, de la rousse et de sa colocataire - c’était aussi le moment d’en profiter. Pour le prix d’entrée d’un beau cadeau, c’était plutôt rentable. Surtout vu le prix que coûtaient des cigares de qualité.
« Et bien je veux bien l’adresse, si vous n’avez pas trop peur de vous faire voler tout votre précieux stock. Non pas que je sois une consommatrice régulière, mais on reconnaît aussi les bonnes réceptions aux bons produits, et c’est le genre de bonnes choses qui me manquent, en général. »
Ou bien cela ferait sûrement aussi de très beaux présents à offrir à un potentiel connaisseur. Bref, connaître les bons coins pour ce genre de choses était tout aussi important que de savoir se fournir chez les meilleurs brasseurs et distillateurs du continent.
Elle laissa échapper un petit rire amusé à la fausse subtilité de Warren, alors qu’il se vantait ouvertement d’être passé sur la rousse. Ce qu’elle pouvait parfaitement comprendre, il y avait de quoi frimer. Amaryllis s’empara d’un petit four rapidement, tout en écoutant attentivement. Niko semblait bien plus brut et cru que tous les autres ici, et, elle avait l’impression de l’avoir déjà vu, sans vraiment réussir à savoir où. Mais si elle ne s’en rappelait pas, c’était certainement que ce n’était pas bien important.
« Oh, je suis certainement bien plus une pièce rapportée que vous. Je l’ai rencontrée hier, Dame Weiss. »
On laisse une seconde passer, le temps de prendre une petite gorgée de vin, le temps de laisser l’information prendre un peu de poids dans leurs esprits. Un petit rire, c’était vrai que c’était plutôt à l’improviste comme invitation, mais la maîtresse de maison semblait être comme ça. Imprévisible, avenante, et surtout captivante. Combien d’autres ici étaient tombés dans son piège? Elle était bien curieuse de le savoir.
« Enfin, je l’avais déjà croisé quelques fois au Palais, mais le hasard a voulu que nous fassions plus amplement connaissance lors des festivités du Solstice, hier soir. Cela ne m’étonne pas tellement de voir autant de monde de tant d’environnements différents réunis ici, vu son réseau de connaissances. »
Très impressionnant d’ailleurs, elle aurait eu de quoi faire une formidable espionne, si elle n’en était déjà pas secrètement une. Rien que cette remarque sur le fait qu’Amaryllis adorait apparement les chatons signifiait qu’elle avait un réseau plus que solide. Même si l’information était fausse et venait certainement d’un certain garde aigri qui s’était pris un immense savon par la suite. En espérant qu’il fasse garder sa mioche et ses chatons autre part, la prochaine fois. Mais ce n’était pas ici le sujet.
« Disons que s’il y a une invitée de dernière minute ici, c’est certainement moi. Du coup, je ne connais pas grand monde, pas même l’autre cornue de la soirée, même si elle avait l’air d’avoir aussi un certain goût pour les bonnes choses. »
Du moins, celles qui se boivent et se mangent. Les autres, elle n’en savait rien, dans son cas. Dans celui de Warren, elle s’était déjà faite une meilleure idée. Elle commençait légèrement à cerner le personnage, pourtant encore nimbé de nombreux mystères. Bien moins que les deux autres, néanmoins.
« Après, c’est certain que les points communs, ça aide à se rapprocher. Un peu comme les cheveux rouges, hm? »
Finalement, il faisait peut-être froid, mais on parlait bien plus paisiblement ici que dans le chaos de la salle principale. Amaryllis était bien plus du genre à être bien assise, les jambes croisées, à jouer de son regard et de ses mots, qu’en train de faire la conne alcoolisée sur une table. Après, restait encore à savoir ce que Niko faisait là. Gwain, elle avait déjà compris hier qu’il connaissait bien Luz. Même s’il avait l’air peut-être un peu intimidé.
Il écouta néanmoins poliment ce que chacun disait. La rouge - dont il lui semblait finalement ne toujours pas connaître l’identité - racontait qu’elle avait été invitée à la dernière minute tandis que Warren, de son côté, essayait de se dépatouiller des questions qui lui avaient été posées en rejetant la patate chaude sur les trois autres.
- Et ben, c’ma soeur qui…
Il ne terminera jamais sa phrase, puisque des boules de neige commencèrent à fuser vers Warren et, instinctivement, Inaros porta les mains vers ses hanches pour… Merde, il n’avait pas sa besace sans fond et donc pas de sable. Impossible de répliquer à ce qu’il avait, sans réfléchir, considéré comme une véritable attaque. Heureusement, le blond à lunettes ne s’était que retrouvé couvert de poudreuse et, ainsi nouvellement coiffé avec son allure d’homme d'affaires et son cigare, le décalage était saisissant.
L’occasion parfaite pour partir ? Probablement, puisqu’à n’en pas douter, si certains familiers avaient commencé à se diriger par ici pour s’amuser, alors il pouvait dire adieu à leur conversation et, avec la distraction ainsi créée, pourrait aisément sortir de la Volière.
- J’vais rentrer. Pas envie d’me prendre d’la neige dans la tronche c’soir. Warren, j’te tiens au courant.
De quoi ? Et bien, il le saurait bien assez vite puisqu’il n’avait pas eu l’occasion de plus lui parler que ça dernièrement… Un signe de tête poli en direction de la cornue et de l’autre blondinet - y’avait trop de blonds au mètre carré -, accompagné d’un « passez une excellente fin d’soirée » fut suffisant à ses yeux avant qu’il ne s’éclipse à l’intérieur de la maisonnée.
Mais alors, qu’il allait rentrer dans la maison, voilà qu’il tomba nez à nez avec une aventurière qu’il ne connaissait pas du tout et un autre blond dont les traits pouvaient vaguement lui rappeler quelqu’un mais, trop pressé de partir, il ne reconnut pas Kit. Peut-être était-ce pour le mieux. Peut-être que Kit, lui, l’avait reconnu.
Inaros rentra dans la maison et chercha sa sœur. Malheureusement pour lui, il ne croisa jamais son autre sœur, Violette, qui était aussi arrivée entre-temps mais, dans l’euphorie de la fête, vaquait autant à ses occupations que lui. Il ne retrouva pas non plus Zahria, pour tout dire et, s’emparant du premier papier et crayon qu’il dénicha, il rédigea rapidement un petit mot pour signaler son départ. Des mots brefs, signalant son départ, pour qu’elle ne le cherche pas partout dans la maison. Puis, le pull sous le bras, il prit la direction de la sortie pour enfin partir. Il lui sembla bousculer quelqu’un, avant de réussir à ouvrir la porte. Il se retourna à peine, estimant qu’un petit signe de main et des excuses étaient suffisantes, puis retrouva l’air libre sur le perron de la maisonnée.
Il se retourna une dernière fois pour regarder la Volière, se disant que sa vie aurait sans doute pu être aussi agréable que l’ambiance de cette fête s’il avait prit des décisions différentes il y a de cela des années. Mais ce n’était pas le cas alors, s’enfonçant dans la nuit - non noire car éclairée par une multitude de décorations et de cristaux de lumière disposés ici et là - il s’éclipsa à travers les rues de la Capitale.
- Résumé:
- Inaros dit qu'il est ici grâce à sa sœur mais n'a pas le temps de terminer sa phrase car des boules de neige l'empêchent de poursuivre la conversation. Il décide que c'est l'heure de partir pour lui.
- Il croise Kit (Calixte), mais ne le reconnaît pas.
- Il cherche Zahria mais ne la trouve pas, il ne croise pas Violette.
- Il laisse un mot à destination de Zahria pour dire qu'il est parti.
- Il bouscule quelqu'un en partant.
- Caaal ! fit la voix de Kaname par-dessus le poids du monde.
Ravi d’entendre sa loutre, le coursier tourna le visage vers celle-ci, et se rendit compte que le monde pesait précisément le poids d’un K’awill aviné. Cette pensée le fit rire à nouveau, et il fallut un bon couple de minutes pour que les soubresauts allègres ne cessassent d’agiter son corps et qu’il tentât de se lever.
- K’awill rafraichi ? demanda avec ravissement Kaname, soutenant de sa poigne solide le coursier qui peinait à retrouver la verticalité.
- Vous êtes venus faire un bain de neige ? fit avec intérêt ce dernier, puisque ça semblait être l’explication logique du développement de la soirée.
- Bain de neige ? Kana pas comprendre. Bonhomme de neige ?
- Oh oui, on peut aussi ! s’exclama avec enthousiasme Calixte en s’appuyant maladroitement contre l’épaule musclée de la loutre humaine.
Ses yeux balayèrent chaotiquement le jardin à la recherche de bonnes fondations, d’une bonne armature pour leurs bonhommes de neige en devenir, et il caqueta à nouveau de plus belle en observant les silhouettes de plus en plus blanchies des familiers comme des invités présents. D’ailleurs, souffla le reliquat de sa conscience, n’oubliait-il pas quelqu’un dans le paysage immaculé ? Peut-être, mais ces boules de neige qui se formaient toutes seules et attaquaient inopinément les êtres alentours étaient beaucoup trop merveilleusement amusantes pour avoir besoin d’une origine sensée.
- Bonhomme de neige sur lui, indiqua-t-il d’un doigt impoliment pointé sur monsieur Richter.
Warren. L’ami de Luz. Cette pensée le fit glousser de plus belle. Oh oui, peut-être arriverait-il à soutirer quelques secrets à l’homme imposant comme ils le transformeraient en silhouette glacée.
- Dame plus jolis cheveux, commenta néanmoins Kaname en penchant la tête. Plus joli bonhomme de neige.
Et, vraiment, il y avait une vérité indiscutable dans ce fait. S’il n’avait été aussi fébrile de dépenser son énergie à recouvrir d’autres individus de flocons, Calixte aurait versé une larme d’émotion à la sagesse évidente que gagnait toujours plus son adorable loutre. Mais le temps n’était pas aux émois, il était à l’action. En attestait cette boule de neige sortie de nulle part heurtant de plein fouet son épaule. Se baissant d’un mouvement vacillant, il ramassa une pelleté blanche qu’il envoya en rétribution sur les familiers s’ébrouant d’amusement plus loin, avant d’en diriger une seconde vers leur nouvelle cible.
- Bonhomme de neige sur elle ! gloussa-t-il en évitant de justesse un nouveau tir et entrainant les loutres humaines dans son entreprise.
- Résumé:
- Calixte se fait renverser par K’awill. Il se relève, participe distraitement à la bataille de boules de neige, puis décide avec les loutres qu’Amaryllis serait mignonne en bonhomme de neige
Mon pouvoir avait du bon dans certaines situations. Se cacher dans un recoin, observer les gens, entendre les petits secrets des uns et des autres. J’aurai pu être espion mais personne n’est venu me recruter, pourtant je suis Saphir, je suis nationalement connu et le Maître-Espion n’est jamais venu me voir. Bon certes, tuer les gens, les humains, ce n’est pas ma tasse de thé car vous voyez, si on me dit “ vas-y, voici la cible, débarrasse toi en “. Qui me dit que le Maître-Espion n’était pas un vilain ? Qui se servait de son pouvoir, de son autorité pour éliminer n’importe qui. D’un claquement de doigt, je pourrai mettre une balle entre les deux yeux d’une personne sans être vu mais voilà, je ne suis pas comme ça mais bon, peut-être que j’étais tellement compétente qu’on ne voulait pas de moi. Puis je suis sûre que les espions ne sont pas des gens sympas…
Alors sur ma base secrète, je prépare mes boules de neige et attaque les gens de toute part. Je cadence mes frappres pour éviter que les gens fassent des triangulations et trouve ma planque. Ouais, ouais, c’est très technique les batailles de boules de neige. Puis K’awill arrive, gros dadet qu’il était et s’écrase sur Calixte. Je me retiens de rire, c’était tellement amusant de voir la maladresse de mon familier. Il essaye de se relever, de comprendre où il était puis Kana essaye un peu de faire quelque chose mais elle a trouvé une activité plus marrante. Le blondinet désignait les cibles les unes par rapport aux autres. K’awill se prend au jeu. Il prépare des tas de neige pour Kaname, car il essaye de conquérir son coeur celui-là. Moi, je fais une petite pause, j’essaye de voir où la prochaine mène quand je comprends que c’est la fille aux cheveux rouges la prochaine victime. Parfait, les hostilités vont pouvoir commencer alors. J’arme ma boule, vise en pleine face à son plus grand déplaisir quand K’awill décide d’attraper un énorme tas de neige, s’approche gauchement avec tout ça dans les bras et lui balance tout comme si il lui jetait un seau d’eau. En gros, ce n’était pas très efficace.
- Toi bonhomme neige ! Toi belle après.
Il se baisse, attrape de nouveau un tas de neige, lève les bras au-dessus de la tête d'Amaryllis et renverse tout le contenu. Bon, je pense qu’il va finir par énerver sa belle alors je lance une autre boule de neige dans son ventre pour détourner l’attention. J’entre en contact par télépathie avec ma loutre.
- K’awill, arrête de l’attaquer, elle va s’énerver. Lance de la neige à Kaname et fait lui un gros calin.
- Moi adorer calin.
- Tu prends plein de neige, tu t'approches ou mieux ! Tu mets toute la neige dans le sac.
- Moi peut ?
- Oui Abou va adorer.
- Moi faire ça.
K’awill s’échappe d’Ama, s’approche de la loutre, attrape plein de neige et se dirige tout sourire vers sa prochaine victime.
- Moi cadeau pour toi Kana !
Il la contourne, ouvre le sac à dos de la jeune loutre et met tout dedans.
- Résumé:
- K'awill lance plein de neige sur la tête d'Ama
puis va remplir le sac à dos de Kaname, pour le grand plaisir d'Abdellah.
- K'awill Humain:
Il faisait activement connaissance avec Amaryllis, qui semblait de bien plus agréable compagnie que la plupart des gens qu'il peut croiser aléatoirement dans la rue, et même, osons tabler les faits, que beaucoup d'autres qui se situent encore à l'intérieur du bâtiment. Les deux se ressemblent mine de rien, ou ont du moins les mêmes goûts et cheminement de pensée. Apprendre cependant qu'elle ne doit sa présence au simple fait qu'elle ait déjà croisé Luz dans sa vie montre un chose : n'importe qui peut rentrer ici, c'est un véritable moulin. Bon, c'est déjà le cas, car la doctoresse y a un cabinet où elle accueille des gens, connus ou inconnus, il va cependant falloir resserrer la vis sur ses fréquentations ; heureusement qu'il n'y a sûrement aucun document important et compromettant dans la demeure ! Et le réseau de connaissance ne justifiait rien.
La légère pique envers ces points communs fut prise comme elle était ; une petite plaisanterie pour participer encore plus à une ambiance détendue. Mais en vrai, entre nous ; cheveux rouge, jolie, bien formée, dans sa tranche d'âge. Pas besoin de plus, pas besoin de moins, en vrai, seule Lucy sait qu'elle n'aurait même pas eu à ouvrir la bouche pour qu'elle lui plaise, en temps normal, si sa chère et tendre avait un moyen quelconque de lire dans les pensées, il y a moyen que là, maintenant, tout de suite, il se fasse électrocuter.
'' Je reconnais, ça, ça ressemble presque à une invitati- ''
…
Impossible d'imaginer, car son visage reste impassible, à quelle vitesse son cœur s'arrêta au moment où il reçut cette boule de neige. Ce n'est que de la poudreuse, pas un arc de foudre. Pas de quoi en mourir. Sauf d'une crise cardiaque. Plus à raison qu'à tort, Niko prit la poudre d'escampette, laissant son surbordonné encore ébahit par ce qu'il venait de lui arriver. Personne connaît personne ; donc personne ne sait qu'un dirigeant d'Althaïr vient de se prendre une boule de neige sur le coin du nez. Sans doutes d'autres, comme pouvait le témoigner les traces blanches sur son manteau, mais en vrai, après la première, plus aucune n'a d'importance, les hostilités ont démarrées. Est-il assez enfantin pour les continuer ? Non, évidemment. Il prit l'excuse de Niko pour ce qu'elle était, il avait juste envie de se barrer, et ça, c'était compréhensible. Le blond aurait fait de même, si deux nouvelles têtes ne les avait pas rejoints à l'instant.
La première personne à arriver avait un certain air familier qu'il ne saurait expliquer, dans ses traits, dans ses manières, dans la blondeur de ses cheveux. Même si l'entrée en scène était...Somme toute relativement sommaire. Pareil pour la deuxième personne, qu'il ne reconnaissait, pour le coup, ni d'Eve, ni d'Adam. Le moulin, tout ça tout ça...D'une oreille distraite, car son attention restait portée sur la rouge, aux grand dam des deux visiblement car elle fut vite recouverte de neige par un des deux autres individus, manifestement limités mentalement, s'il savait qu'il était de base la cible désignée ! Oubliant -presque- sa condition de victime également, il épousseta vainement les épaules de la femme tout en secouant négativement la tête.
'' Au moins, ils vous ont momentanément lâchée. A leur grand âge... ''
Un rapprochement physique qui ne serait pas sans embêter vous-savez-qui.
'' Peut-être qu'en s'écartant un peu, on pourra laisser ces joyeux drilles s'amuser ? '' Il tourna légèrement la tête vers les nouvelles personnes du jardin. '' Oh, sans offense aucune, mais les batailles de boule de neige, je crois que c'est loin derrière moi. Et je ne souhaiterait pas vous humilier en rentrant dans la danse. ''
C'est vraiment beaucoup trop de confiance pour une personne qui a du lancer sa dernière boule de neige en étant ado, mercenaire à l'époque, il s'était dit que ce serait drôle, d'en envoyer une sur Sandro. La neige teintée de rouge, c'est son dernier souvenir de ce moment...Ah, que ça lui manque, parfois.
Quelque chose n’allait pas. Luz en eut la certitude lorsqu’elle suivit des yeux la fuite éprouvante de Calixte, interrompue dans son observation par l’adorable Valkyrie semblablement circonspecte. La joie de voir son cadeau – son offrande, ne nous leurrons pas sur le rapport de force ici, divinité chiraki détentrice du cœur de Calixte – accepté et de surcroit adoré avait pour un étonnant moment rempli ses prunelles d’un ravissement indétrônable. Elle en avait bien sûr profité pour cribler Solveig d’interrogations déplacées, s’inquiétant de l’agressivité du soleil sur leurs jolis cheveux clairs dans les environs du Grand Port, tout comme elle chercha ensuite à lui soutirer la garantie qu’ils se nourrissaient tous deux bien chaque jour qu’offrait Lucy. Cette effervescence de questions trouva son terme dans le fauchage d’une certaine Saphir à la langue trop pendue. Stupéfaite à présent, Luz eut la surprise de voir Calixte bondir sur la cendrée, les entrainant tous deux dans les nuées blanches de la nuit.
Cette ouverture salvatrice sur le jardin lui permit de saisir une fraction de seconde plus tard une information capitale. Deux gros bêtas étaient les initiateurs de cette tempête de neige impromptue, et l’un deux cabriolait justement fort gaiement sous les arbres. Luz faillit lâcher son verre. Un juron de charretier franchit ses lèvres et le cristal pesta quand elle le posa promptement sur le buffet pour mieux se diriger à grand pas vers l’extérieur.
Elle réprima un frisson glacé dans l’entrebâillement de la porte, une brise de saison froide se faufilant hardiment à l’intérieur de la Volière. Elle passa le plat de sa paume sur son avant-bras, soudainement embêtée de n’avoir que le voile fin de sa robe pour se prémunir du gel. Contre sa cuisse, la Malepeste s’agita d’un ronronnement diffus, étirant une laque de verni sombre sur la peau nue de ses jambes dans l’espoir de la soustraire au froid. La couche de neige était heureusement restée raisonnable et la matière se craquela agréablement sous ses talons. L’état du jardin était désastreux. Assurément, Carci devait avoir rivalisé d’imagination pour trouver une nouvelle manière de faire pleuvoir l’enfer sur leurs têtes. Elle entendait son rire de lutin et devinait ses cabrioles sur les tuiles de la demeure.
Bien sûr sa voix fut avalée par la nuit, leur fantomatique saphir actuellement impossible à localiser. L’Aventurière taquine n’était cependant pas la seule à jeter le foutoir dans les environs si elle devait en croire Calixte et son armée de loutres ! Sans évoquer Ykhar et…
Sa phrase mourut sur ses lèvres, un bras d’eau sombre de la Malepeste suspendu à une poignée de souffle de son visage, un projectile à demi fondu stoppé juste à temps par l’armure vivante.
L’imposant rarwük eut un couinement et détala à vive allure vers le groupe en plein assaut. Elle soupira et l’armure se rétracta d’une souple torsade. N’était-ce pas Amaryllis et Warren que le groupe de chahuteurs embêtaient à présent… ? Oh par toutes les apocalypses. Il n’allait jamais vouloir revenir. Et qu’était ce trait de personnalité tactile qu’il se découvrait soudain à l’égard de la Consultante et qu’elle ne lui avait jamais connu… ? Un long sourire étira le coin de ses lèvres en une courbure rapace. Compréhensif, également. Il fallait être fou ou aveugle pour ne pas tenter d’effleurer Amaryllis toutes les trente secondes : elle était somptueuse.
Voilà qui distrairait probablement K’awill de ses tentatives d’approche envers Kaname. Quant à Calixte… Le voir ainsi rire comme si l’existence ne possédait plus de lendemain était un rafraîchissement délicieux pour son cœur. Restait un problème principal. Rapatrier Warren entre ses crocs. Et au travers d’une formidable bataille de neige, ne restait qu’une unique solution… La téléportation. Fourmillant de magie contenue, Luz réapparut d’un mouvement gracile de chevilles à quelques centimètres du duo, ses longues mèches de cheveux flammes constellées d’étincelles indisciplinées. Et un éclatant sourire canin plaqué sur les lèvres.
Une mauvaise posture qui n’était pas entièrement figurative. Bénies soient les expressions à double tranchant ! Elle retint à grand peine un rire lorsque son regard croisa la poudreuse qui maculait le squale et la cornue. La neige s’était prise dans sa veste et avait saupoudré sa tignasse blonde de fins flocons glacés. Elle se mordit la lèvre inférieure, consciente qu’il pesterait très bientôt contre l’eau qui ne manquerait pas de lui goutter dans la nuque.
Et, en effet, les jappements dans son dos lui prouvèrent qu’Alraqs avait lancé les hostilités.
Un intraduisible instant, tandis qu’elle se retournait vers lui, ses prunelles croisèrent les reflets qui masquaient le regard de Warren. Elle avait un quelque chose de farouche dans le vert d’ordinaire calme de ses iris, de malicieux et de subtilement territorial. D’espiègle, aussi sans doute, inévitablement toujours. Elle passa le revers de sa dextre contre l’arrête de sa mâchoire avec la douceur du miel, chassant en arrière la neige fondue prise dans ses mèches blondes. Un geste tout de promiscuité languide. Pourvu que cette brûlure le torture un peu… Elle avait du moins tourné les talons sans attendre, non sans enrouler ses doigts autour des siens ce faisant, prenant la tête de leur expédition jusqu’à la relative sécurité de la maison. C’est qu’un détail venait de la frapper subitement, né du chaos approximatif qui régnait dans le jardin. Personne ou presque ne paraissait plus faire attention à eux et l’obscurité croissante de la nuit avancée engloutissait les visages et les voix dans une chape de velours difficile à percer. Des groupes s’étaient créés, d’autres invités avaient amorcé un départ et l’alcool achevait les survivants : elle avait finalement une absolue confiance en Zahria et en son aptitude à gérer les âmes errant en ces murs. Luz avait-elle des scrupules ? Peut-être. Pas suffisamment pour son tempérament, opportuniste féline qu'elle était. Ce ne serait guère la première fois qu’une soirée se déroulerait jusqu’à l’aube sans son aide…
Momentanément. Un pieux mensonge. Elle la couvrirait de cadeaux par envoi postal pour se faire pardonner ! Elle n'était pas certaine de retrouver l'énergie de redescendre plus tard une fois tapie derrière les murs paisibles de sa chambre. Toute de feu et d’or vêtue, le temps d’un regard de connivence échangé avec son squale de même que de s’assurer que personne ne réalisait leur défection, et elle l’entraina vers le calme retranché de l’étage. Héh, ils étaient tous majeurs et vaccinés non… ?
- Résumé :
- Alraqs vient embêter Calixte et K'awill dans la neige. Luz profite du chaos pour mettre la main sur Warren et fuir la soirée.
L’attaque était tout bonnement bien jouée. K’awill rempli le sac avec toute la force qu’il pouvait. Comme on dit “pousse autant que tu es bête”. Ma loutre correspondait bien à ce précepte et voilà qu’un magnifique sac à dos n’avait plus la possibilité de parler. On aurait dit qu’il avait de la chantilly plein la bouche et qu’il ne pouvait plus parler à moins de s’étouffer. Bien entendu, ce n’était qu’une image car ce vieux Abou était une âme artificielle et n’avait pas vraiment de bouche mais bon, l’idée était là, je lui ai cloué le bec pendant trois secondes.
Luz fait une apparition remarquée, comme toujours. Il serait malhonnête de dire que sa présence n’était pas agréable de la femme de feu. Mes yeux s’égarent un peu pendant qu’elle annonce tout haut qu’elle ne fera pas d’heures supplémentaires ce soir. Je pouvais lui dire que j’avais mes potions de soin avec moi et je ne doute pas que Calixte avait sa trousse de parfait maladroit prêt de lui. Lui, maladroit comme il était, il devait avoir une carte de fidélité.
Mes attaques sont sournoises, je le sais et je disais mes ordres par télépathie à K’awill. Tout se passait bien mais la maîtresse de maison a décidé que ses familiers vont remettre les choses en ordre. C’était de la triche manifeste et voilà qu’elle détourne mon attention pour retrouver son fameux petit copain. Rien à voir avec le style de Naëry, je me surprends à me dire que c’est peut-être le genre d’homme qu’il lui faut. Pas un homme mystérieux qui cache sa noble naissance, homme avec trop de regrets, de secrets et j’en passe. Warren semblait avoir la tête sur les épaules, un homme qu’elle pouvait certainement compter et pas hanté par un sombre passé. Bon après, comprendre les gens, ce n’était pas mon truc mais ce qui était certain, on pouvait compter sur Luz pour ne pas faire de choix idiots.
Je me faisais attaquer de toutes parts et je me dis qu’il serait temps d’un repli stratégique avant d’attraper la mort. Lin risque de me tuer et jouer la garde-malade n’était pas son activité préférée, surtout qu’il ne faut pas la laisser trop longtemps toute seule. K’awill se faisait aussi attaquer mais je préférais le laisser dans le pétrin, il fallait qu’il apprenne à gérer n’importe quelle situation, c’était son entraînement ! Oui j’étais une maîtresse sadique mais il risquait presque rien, en théorie. J’avais peur surtout pour les autres et la maison. Boarf, Luz était riche, ça va passer.
Je descends de ma cachette, contourne tout le monde et retrouve le grand salon. Je me rends aussi visible, part retrouver ma chérie.
- Je viens de mettre la raclée à tout le monde dehors avec la bataille de boules de neige.
Elle me fit son sourire, le même qu’elle me fait que je dis quelque chose d’idiot. Mais elle savait comment j’étais, il n'y avait pas de raison qu’il en soit autrement quand une source d’amusement apparaît devant moi.
- Je pense qu’il est temps de nous échapper. Un mot de ta part et on fuit retrouver notre chez nous.
Un simple baiser pour conclure sur cet accord et je prends tout de même un dernier petit four au cas où.
- K'awill Humain:
Résumé a écrit:Carci et Lin quittent la partie !
C’est une véritable douche froide qui s’invita sur elle, en même temps que la tornade d’écervelés stupides qui s’était invité dans le paisible jardin pour profiter de la neige. Comme s’ils n’avaient pas déjà eu la journée pour cela et que le Royaume tout entier n’en était pas déjà couvert. Amaryllis resta de marbre, même si ses yeux luisaient de cette lueur assassine qui arrivait lorsqu’elle était énervée. N’aurait-elle pas été en présence “d’amis” de Dame Weiss qu’elle aurait peut-être agi différemment. Mais mieux valait laisser ces gamins bercés un peu trop près du mur s’amuser, et sonner la retraite. Ce n’était pas vraiment un bon combat à mener à un tel moment, et une bonne stratège savait quand il valait mieux se replier.
Heureusement, le blond se montrait tout de même un minimum gentleman, et Amaryllis hocha simplement la tête.
« Je pense même qu’il est préférable d’aller se réfugier à l’intérieur, le temps qu’ils s’épuisent dans la neige. »
Même si ça n’avait pas l’air d’être prêt d’arriver, ils avaient l’air à peu près aussi stupides qu’endurants. Rejoints peu de temps après par la maîtresse de maison, Amaryllis haussa doucement les épaules.
« Je pense qu’une serviette bien sèche ne serait effectivement pas de refus… »
Non pas que ce soit vraiment sa faute, mais elle préférait se sécher au plus vite après cette attaque. Le temps pour elle de pouvoir resortir alors que Luz et Warren s’étaient éclipsés, et elle comptait bien sûrement en faire de même. L’heure tournait, et cette soirée n’avait pas particulièrement tourné vers quelque chose de profitable, peut-être un peu trop chaotique à son goût, beaucoup trop hors de son contrôle. Ca ne pouvait pas toujours être parfait, après tout - mais la première moitié avait au moins eu le mérite d’être intéressante, et instructrice.
- Spoiler:
- Amaryllis quitte les lieux à son tour o/
- Meeeec on dirait j’suis un volcan, t’as vu ? ‘fin genre, de glace quoi, fit la voix trainante d’Abdallah accompagnée de la mélodie cristalline de l’amusement de Kaname.
Détournant son attention du rarwük qu’il avait maladroitement attrapé pour le rouler à son tour dans la neige – affaire qui, sans la participation bien volontaire du familier joueur n’aurait jamais pu aboutir – Calixte riva son regard vacillant sur la silhouette dodue de son sac-à-dos. Celui-ci avait visiblement été rempli à craquer de poudreuse environnante, et un petit monticule blanc maintenait son rabat supérieur ouvert, lui donnant effectivement des allures de volcan. Ou de montagne. Ou de pot à granita.
- Crois que mettre combien neige dans sac sans fond ? s’émerveilla Kaname en penchant la tête sur le côté, réfléchissant à la question.
- Beaucoup ? répondit le coursier en fronçant les sourcils sous l’effort de concentration.
Avant de se rappeler que, peut-être, inonder toutes ses affaires d’eau glacée n’était peut-être pas une idée très brillante.
- Naaaan, ça va tout casser, réalisa-t-il à nouveau hilare, toute notion de gravité éludant complètement ses songes avinés.
- Oh non ! s’exclama la loutre humaine, entreprenant alors de saisir l’âme artificielle à bras le corps pour la retourner complètement.
Et la vider de sa neige. Comme de ses affaires. Une floppée d’objets divers s’échappa des poches du sac-à-dos pour tomber mollement dans l’herbe givrée, et le grand sac-sans-fond roula hors de son emprise pour s’arrêter contre les bottes de Calixte. Heureusement, son lien ne s’était pas défait au cours de ses pirouettes, et son contenu resta sagement dans ses entrailles. Il fallut une bonne série de dizaines de minutes au coursier aidé – de manière fort contre-productive – par les familiers pour rassembler l’ensemble – ou la grande majorité – de ses biens éparpillés et, quand ce fut fait, ré-aviser la chaleur accueillante de l’antre de la Volière. Couvert de la tête aux pieds par une couche respectable de flocons, le soldat commençait à accuser la froideur mordante infiltrée contre sa chair.
- Sooooool ! s’exclama-t-il fébrilement en repénétrant dans le grand salon, cherchant d’un œil pétillant la mi-chiraki.
Avant de la gratifier d’une étreinte humide.
- Il faut que je me suspende et qu’Abou te fasse visiter.
- Pas autre sens ?
- Par Lucy, il a grillé les rares bribes d’intelligence qu’il lui restait. A ce stade autant l’inciter à aller prendre un bain dans la Luisante. Un long bain. Infini. En immersion complète.
- Hé tu crois pas qu’la louve et le squale prennent un bain ? J’vais aller voir, tiens…
Décidé à révéler à la Valkyrie tous les trésors de la Volière, Calixte l’entraina pour un dernier tour des invités présents afin de souhaiter à ces derniers une bonne fin de soirée et les entourer d’une embrassade joyeusement glacée d’ivresse s’ils n’avaient pas le reflexe de se soustraire assez rapidement à ses bras enthousiastes – l’alcool décuplant son sens tactile pour le rendre aussi avenant qu'un dumctopus – avant de l’emmener vers les étages. Où il manqua complètement l’habile valse d’évitement d’un couple déjà présent, installant maladroitement Abdallah à sécher dans l’une des salles d’eau, et entrainant finalement Solveig dans le cocon du dernier étage – manquant complètement son idée d’origine de tout lui faire visiter. Là, l’immensité du ciel nocturne les accueillit pour quelques heures secrètes qui n’appartiendraient qu’à eux. Et, possiblement, à Apolline.
- Résumé + HRP:
- Calixte finit la bataille de boule de neige, récupère Solveig, fait le tour des invités pour leur souhaiter une bonne soirée et les étreindre, et monte au 2e étage pour finir sa nuit.
Dernier post pour Cal
|
|