Après les achats à la boutique, Nevaeh n’avait presque plus de cristaux. La bague Tsépi avait été une découverte et un achat splendide, mais maintenant sa bourse était plutôt légère. Maintenant, elle pouvait cacher son arc et ses flèches dans la bague et elle pouvait même avoir une épée cachée sous forme de ceinture. Elle avait trouvé les outils parfaits pour cacher ses armes. Elle gardait tout de même ses dagues à ses cuisses. Elles n’étaient pas nécessairement cachées, mais la longue cape rouge arrivait à les dissimuler. Bref, elle était bien heureuse de ses achats. Mais elle devait remédier à ce problème de cristaux. Comment était la question. Bien qu’elle se fît passer pour une herboriste, elle réalisa qu’il n’y avait pas beaucoup de gens qui avait besoin d’une herboriste. Ou du moins, elle ne cherchait pas aux bons endroits. Cachée dans une ruelle, elle s’appuya contre le mur en regardant les gens passer tout en réfléchissant à un plan. Puis la voix d’Ivara retenti dans sa tête. Vous avez déjà pensé à vous faire recruter dans l’armée ? Elle contempla cette idée. Tiens donc, ce ne serait pas la pire des idées. Les gardes, n’ont-ils pas des chambres ? Elle pourrait régler le problème de rester dans des auberges. Y avait-il des cuisines là-bas ? Elle pourrait régler aussi le problème de dépenser des cristaux pour manger. Plus elle réfléchissait à cela, plus cela semblait être une bonne idée.

Elle sortit de la ruelle pour se diriger vers… Vers ou en fait ? Comment intégrait-on la garde ? Elle savait qu’à la capitale se trouvait l’académie, mais elle ne pouvait tout de même pas aller à la capitale ! Elle avait fait tout ce chemin pour s’enfuir de la ville. Alors qu’elle se demanda comment intégrer la garde, son esprit la bombarda de plus de questions. Et si on pose des questions sur mon passé ? Elle croisa les bras et soupira. Il était temps de réfléchir à une histoire. D’où viendrait-elle ? Qui seraient ses parents ? Et si on lui demande des références ? Une vague de question s’abattue sur elle pendant qu’elle essayait de trouver des réponses à des questions qui, en réalité, n’avaient pas de réponse. Au milieu des rues, elle faisait les 100 pas, tentant de trouver un plan. À qui devait-elle s’adresser ? Le capitaine de la garde ? Elle ne savait même pas de qui il s’agissait ! Elle ne connaissait qu’un capitaine et elle n’osait même pas penser à aller le voir. Elle lui avait assez causé de problème, elle pouvait essayer de ne pas en causer plus.

Après plusieurs minutes, Nevaeh n’était pas plus avancée. Elle n’avait pas de réponse et les questions s’empilaient. Tourner en rond était complètement inutile. Alors, elle arpenta les rues à la recherche d’une caserne. Là, il y aurait sûrement quelqu’un pouvant l’aider. Elle s’arrêta pour demander son chemin et lorsqu’elle trouva le bâtiment, elle commença à se dire que ce n’était pas une bonne idée. Elle regarda l’endroit un peu intimidé, mais elle avait fait tout ce chemin, elle pouvait au moins essayer de parler avec quelqu’un. Elle s’avança jusqu’à la porte et sa main flottait par-dessus la poignée. Entrer ou ne pas entrer. Le destin avait décidé pour elle lorsque quelqu’un sortit du bâtiment et son visage se fit frapper par porte.

« Désoler, je ne vous avais pas vu. Entrez, je vais vous chercher quelqu’un pour votre nez. »

Son nez ? Elle posa sa main sur son nez et senti le sang couler. Au moins, elle était à l’intérieur. Toutefois, elle ne savait toujours pas comment emmener le sujet de recrutement.

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Nevaeh aurait dû rebrousser chemin lorsqu’elle le pouvait encore. Elle s’était dit qu’intégrer la garde était une idée de génie, mais maintenant qu’elle était dans la caserne, elle doutait de l’ingéniosité de son plan. Elle était prête à prendre ses jambes à son cou et retrouver l’ombre des ruelles. Il n’était pas trop tard pour tourner des talons et franchir la porte et se perdre dans la ville. Mis à part l’enchanteur, personne ne la connaissait. Pouvait-on même dire qu’il la connaissait ? Non, elle était qu’une simple cliente qui lui avait vidé la moitié de sa boutique. Donc c’était encore mieux. Absolument personne ne la connaissait. Son cœur se serra une seconde à cette idée. Elle était une inconnue maintenant aux yeux de tous. Il ne serait pas bien compliqué à ce moment de faire disparaître Raelyn pour créer une nouvelle apparence. Une nouvelle vie.

Elle resta immobile devant la porte, débattant sur l’idée de rester ou partir. Elle avait débattu si longtemps que le choix de partir venait de disparaître sous ses yeux lorsque le garde revint avec ce qu’elle devina être un docteur. Quelque chose la dérangerait. Elle avait l’impression d’avoir déjà vu cette personne. Elle n’était plus certaine où. Elle le laissa se présenter et elle le suivit en silence.

« Merci et désolé pour le dérangement. »

Dit-elle doucement en attrapant le mouchoir. Alors qu’elle essuyait le sang, elle réalisa enfin ou elle l’avait vu. C’était durant le festival. C’était lui qui lui avait rentré dedans. Les événements lui revinrent à l’esprit. Il y avait tellement de personnes et beaucoup trop de mouvement. Sans son bandeau, elle avait du mal à supporter les foules. Elle terminait souvent la journée avec une migraine. Cette nuit, elle avait essayé de s’éloigner des festivités et de trouver une auberge lorsqu’elle avait tombé face à face avec Haydan. Évidemment, elle devait tomber sur lui.

« Ne vous inquiétez pas, vous ne m’avez pas du tout blessé. Je ne regardais simplement pas ou j’allais. Si je faisais plus attention, je m’éviterais de rentrer dans les gens… Ou les portes. »

Cependant, quelque chose l’agaçait. Elle avait l’impression de l’avoir vu ailleurs. Elle essaya de pousser ce malaise loin dans son esprit et continua de le suivre jusqu’à l’infirmerie. Elle n’avait pas l’impression que son saignement de nez valait la peine d’être examiné. Ce n’était pas la première fois que Nevaeh faisait connaissance avec des portes à l’aide de son visage. Chaque fois que cela arrivait, il faut dire que c’était toujours un peu honteux. Ses joues devenaient rouges et elle laissait un petit rire gêner s’échapper de sa gorge. Même sous une nouvelle apparence, c’était un tic dont elle ne pouvait pas se débarrasser. Ses joues étaient écarlates et elle se forçait à ne pas fuir le regard du docteur.

« J’espère que je ne vous ai pas blessé cette soirée-là… »

Elle avait été plutôt froide envers lui en lui adressant qu’une seule excuse avant de reprendre son chemin. En même temps, elle se sentait épuisée par le festival. Heureusement, après quelques jours de repos, elle avait réussi à chasser sa migraine. Cependant, ses cernes étaient tenaces et la fatigue encore plus. Arrivé à dormir plus de deux heures par nuit était un miracle. Maintenant, qu’elle était avec un docteur, peut-être pouvait-elle mettre de côté la question sur l’intégration de la garde un instant pour lui demander de l’aide pour dormir.

« Pendant que j’y pense, je me demandais si vous n’aviez pas quelque chose qui pourrait aider à dormir. »

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Dans le passé, elle aurait souri à son commentaire. Il était difficile de manquer sa présence lorsqu’elle celle-ci était aussi subtil qu’un éléphant dans une boutique de porcelaine. Elle n’avait pas honte de son physique et elle prenait soin de son corps tout en le décorant de bijoux. Pour entretenir sa forme, cela demandait une certaine quantité d’entraînement qu’elle devait faire quotidiennement. Cela dit, c’était dans le passé. Aucun sourire n'étira les lèvres de Nevaeh. Elle ne détestait pas plus son apparence qu’elle ne l’aimait. Elle avait délaissé tous ses bijoux, ne gardant que les deux bagues qui étaient imbibées de magie. Elle ne les utilisait pas pour accentuer ses traits, mais par nécessité. Et sa forme n’était plus entretenue par des heures d’entraînement, mais pas le manque de sommeil et un stress qui la rongeait. En mangeant que très peu et en vivant dans la peur, elle avait perdu du poids ces deux derniers mois. Elle préférait maintenant être aussi invisible que le vent.

Une fois dans la pièce, elle observa les mouvements de Haydan. Il était un peu extrême de pouvoir penser qu’elle pouvait être dans un danger quelconque dans la caserne, mais il était préférable de rester sur ses gardes. Dans un endroit peu familier, il était trop facile de se faire surprendre et elle refusait d’être surprise. C’était dans ces moments-là qu’elle ne détestait pas autant son don. Sans devoir tourner la tête, elle pouvait observer subtilement ce qui se passait autour d’elle. Silencieusement, elle écouta sa suggestion pendant qu’il se lavait les mains. Des feuilles de Wissium… Creusant dans sa mémoire, elle s’empêcha de claquer la langue en réalisant que cette plante poussait principalement dans la forêt près de l’arbre sacré. Si elle était capable de faire sécher les feuilles elle-même, elle préférait sauver ses cristaux autant que possibles.

« Il n'y a pas d'autres plantes pouvant m'aider qui est possible de cueillir dans les montagnes ?»

Elle ne croisa son regard qu'un court instant lorsqu'il se plaça près d'elle. Plus elle pouvait éviter les contacts visuels, moins elle ressentait son anxiété monter en flèche.

« Non, c’est… Récent. »

Enfin, seulement si on peut qualifier deux mois comme étant récent…

« C’est seulement le stress… Oui. Le stress. Depuis que ma petite sœur m’a dit qu’elle voulait intégrer la garde, je n’arrive plus à dormir. »

Ce n’était pas tout à fait un mensonge, mais ce n’était pas exactement la vérité non plus. Elle ne venait que d’ajouter un autre fil à une toile de mensonge déjà assez grosse. Elle avait quelques blessures, des traces laissées par les éclaireurs de son poursuivant. Cependant, elle n’avait pas particulièrement envie d’en faire part au docteur. Elle était capable de s’en occuper et les blessures ne l’empêchaient pas de dormir. Il faut tout de même dire qu’elle se surprenait elle-même de temps à autre. Elle avait réussi à introduire le sujet de sa venue, alors qu’elle n’avait aucune idée comment emmener le sujet.

« Elle vit à la capitale et j’ai récemment reçu une lettre de sa part mentionnant qu’elle souhaitait devenir une garde. N’est-ce pas quelque chose de dangereux ? Elle n’a même pas été à l’académie, comment peut-elle rejoindre cette organisation ? »

Elle n’était pas encore sûre si un jour elle pourrait faire une bonne actrice, mais pour le moment elle ne pouvait que se féliciter pour être encore capable de tisser un mensonge qui était plus ou moins logique. Bientôt, elle allait devoir noter tous ses mensonges dans un carnet si elle ne voulait pas en oublier un.

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L’ex-aventurière allait donc devoir choisir entre des infusions de camomille ou de Weissium. Ce qui l’aiderait sûrement le plus serait des feuilles de Weissium, toutefois des feuilles de camomille serait sûrement plus simple à trouver. Cela dit, elle avait des doutes que ce mélange l’aiderait. Bien que le stress était l’une des raisons derrière son manque de sommeil, il y avait d’autres facteurs à prendre en compte. Il y avait ces horribles cauchemars qui hantaient son esprit dès qu’elle fermait les yeux. Depuis cette rencontre fatidique qui avait déclenché les engrenages de sa fuite infernale, ses cauchemars s’étaient déformés. Lorsque ses cauchemars la réveillaient, elle avait du mal à distinguer le rêve et la réalité. Mais ce n’était pas le pire. Le pire était de se réveiller avec cette terreur qui la faisait trembler et n'avoir aucune idée comment apaiser cette peur. Finalement, peut-être que ce n’était pas quelque chose contre le manque de sommeil dont elle avait besoin, mais plutôt quelque chose contre ses cauchemars.

Alors que sa toile de mensonge s’agrandissait, elle commença à jouer avec sa bague. La pierre de celle-ci brille légèrement et pendant un instant elle n’est pas sûre si cela est à cause de la lumière ambiante ou parce qu’elle réagit à une quelconque magie dans les environs. Le simple fait de ne pas savoir la mettait sur les nerfs. Elle essaya de se calmer en écoutant la voix de Haydan et en réfléchissant à ce qu’elle pourrait lui dire. Elle n’aimait pas beaucoup mentir, mais dernièrement, elle n’avait pas le choix. Et elle devait s’habituer. Tout à propos d’elle était un mensonge. Son apparence, son nom, son histoire. Rien n’était réel. Il ne faudrait sûrement pas beaucoup pour faire tomber ce château de cartes à la fois méticuleux et un peu maladroit.

Alors que la jeune femme laisse les paroles mijotées dans sa tête quelques instants, elle réalise qu’elle ne sait pas beaucoup au sujet de l’organisation de la garde. Si elle savait très bien comment fonctionnait les choses à la guilde, elle n’en savait que très peu au sujet de ceux censé les protéger. Ce qu’elle savait de la hiérarchie se limitait à un capitaine et un lieutenant, puis des officiers… Et quelque part dans le milieu, il y avait un amiral… Mais ça, elle préférait ne pas y penser. La seule amirale qu’elle connaissait lui avait donné un trop gros mal de tête. Savoir qu’il n’y avait pas que des postes sur le terrain était très utile. Si, d’une façon ou d’une autre, elle arrivait à travailler quelques lunes dans un poste administratif, cela l’aiderait énormément. En plus de gagner des cristaux, elle pourrait éviter d’être à l’extérieur et de se faire voir. Elle devait être la plus discrète que possible.

« Je comprends que ce métier n’est pas facile. Il faut bien des gens pour protéger les citoyens des criminels et des menaces de tout genre. Et je vous… »

Remercie ? Elle ne pouvait pas nier que pour maintenir la paix dans le royaume, les garde étaient nécessaire. Le crime se trouve partout, même dans les endroits les moins soupçonnés. Mais… pouvait-elle vraiment les remercier pour leur travail ? Ils protégeaient les citoyens du royaume, mais pas les aventuriers ? C’était l’impression qu’elle avait eu lorsque la garde avait échoué à la protéger. Elle serra son poing en sentant cette colère monter et brûler sa gorge. Comment pouvait-elle les remercier de protéger le peuple ? Ne pouvait-elle pas profiter de cette protection ? Ne faisait-elle pas partie du peuple ? Elle serra les dents, s’empêchant de dire quelque chose de stupide à l’homme. Ce n’était pas sa faute. Il n’était pas responsable de sa situation. Il ne sait rien non plus. Peut-être qu’il sait tout. C’est peut-être un ennemi. Elle secoua la tête tentant de faire disparaître ces pensées.

« Euh, je me suis perdue dans mes pensées… De quoi parlions-nous ? Ah, oui rejoindre la garde. Que… Quoi… Quel poste pourrait-elle avoir ? Sans devoir se mettre en danger. »

Elle tenta de se calmer en jouant avec sa bague, mais c’était en vain. Le sentiment amer, l’angoisse et la paranoïa l’empêchaient de réfléchir. Elle commença donc à frotter ses poignets, puis à les gratter. C’était une habitude qu’elle avait prise pour se débarrasser de la sensation fantôme de main qui la retenait. Cependant, avec le temps, c’était devenu une mauvaise habitude qu’elle avait développée pour mieux se concentrer sur le présent. Parfois, seule la douleur lui permettait de mieux se concentrer.

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Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Elle avait l’impression de devenir folle. Cette paranoïa forçait ses pensées à aller dans toutes les directions. À cause de cela, réfléchir de façon logique n’était pas toujours facile et son manque de sommeil n’aidait en rien à la situation. Elle avait si hâte que ce cauchemar se termine enfin, mais malheureusement pour elle ce n’était que le début. Si seulement le garde savait à quel point elle était épuisée et que ses pensées n’était pas du tout relié à sa sœur. C’était une très bonne chose d’ailleurs qu’elle ne portait pas la bague de pensée. Elle avait du mal à contrôler l’enchantement et il aurait été des plus catastrophiques pour elle que Haydan entend, par accident, ce qu’elle pensait.

Elle tenta de se concentrer sur ce qu’il disait, mais elle avait du mal à suivre la conversation. Elle avait l’impression que des voix hurlaient dans sa tête et les mots de Haydan se perdaient dans la tempête qui se déchaînait dans son esprit. Elle avait compris qu’il était possible de s’occuper de la logistique, mais son cerveau avait arrêté de fonctionner lorsqu’il expliqua plus en détail les postes possibles. Elle pourrait essayer de tenter sa chance dans un de ces postes. Cela ne devait pas être si compliqué. Elle avait été pendant plusieurs années hôtesse à la guilde. S’occuper des documents des aventuriers ou des gardes ne devait pas être si difficile. Enfin, cela serait sûrement plus facile sans un mal de tête qui grandissait à chaque seconde. Elle ferma les yeux un instant, puis passa une main dans ses cheveux pour la poser là où la douleur se faisait trop vivre. Au passage de sa main, quelques mèches tombèrent dans son visage.

« Un peu oui. »

Sa question principale, comment rejoindre la garde, avait été répondu. Pas complètement, mais sachant qu’il y avait des aventuriers qui avaient réussi, alors elle avait des chances que son plan réussisse. Elle pourrait se débrouiller pour le teste physique, mais le plus gros problème serait le teste psychologique. À moins de réussir à garder ses émotions sous contrôle, alors il serait impossible d’accomplir son but.

« Ju-juste une tasse. »

Avec un peu de thé, elle serait sûrement en mesure de calmer son esprit et apaiser son mal de tête. Lorsqu’il commença à manipuler les tasses et la théière, son regard s’aiguisa. Elle observa avec beaucoup d’attention les mouvements et ce qu’il insérait dans la théière. Le commentaire au sujet de son collègue et la porte eut pour effet de la surprendre un peu et elle eut un léger rire en se souvenant de la scène. Elle avait presque oublié qu’elle était à l’infirmerie à cause d’un saignement de nez.

« Oui, tout à fait. Elle n’est pas une combattante. Elle étudiait au village perché pour devenir docteur lorsqu’elle s’est mise en tête qu’elle voulait rejoindre la garde. »

Cette fois, peut-être qu’elle avait été trop loin dans son mensonge, oubliant complètement qu’elle avait mentionné plus tôt que sa sœur vivait à la capitale. Sa toile de mensonge devenait de plus en plus compliquée à retenir. Il serait si facile et en même temps si difficile de simplement dire la vérité. Il n’y avait que l’ex-aventurière et Haydan dans la pièce. Personne d’autre. Elle pourrait très bien décider de laisser tomber cette histoire sans queue ni tête. Dire la vérité. Celle-ci brûlait sur sa langue, brûlait de voir le jour, mais elle ne pouvait pas se permettre une telle chose. Alors, elle continua cette mascarade dénuée de sens.

« Par simple curiosité, pourquoi avez-vous rejoint la garde ? »

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Alors que la tasse est déposée devant la demoiselle, celle-ci prend note de l’infusion concoctée par le garde. Si la tisane à la passiflore pouvait aider à la réduction de son stress ainsi que lui apporter un sommeil plus paisible, il serait impératif pour Nevaeh de trouver un apothicaire vendant des fleurs séchées. Si une petite partie d’elle espérait que ceci serait une solution viable, une autre partie plus pessimiste savait qu’une simple tisane n’allait pas être la solution. Reniflant l’air subtilement, elle se laissa enivrer par le parfum floral de l’infusion. 10 minutes. C’est le temps qu’elle devait attendre avant de pouvoir goûter pleinement la boisson.

« Pour les gens que l’on aime… On mettrait le feu à l'océan, pour eux. »

Pour protéger les gens que l’on aime, on ferait l’impossible. Pour protéger sa famille, qu’il s’agisse de la guilde ou sa famille biologique, l’ex aventurière était prête à tout. Elle était prête à mourir, et même prête à essayer de s’infiltrer dans une forteresse pour tenter de trouver des documents pouvant l’aider à découvrir l’identité effroyable du Non-Mort. Que ne ferait-elle pas ?

« Votre sœur à de la chance d’avoir un frère comme vous. »

Des paroles sincères, malheureusement elle ne pouvait pas connaître la culpabilité qui tourmentait l’esprit de Haydan. Elle espérait simplement qu’un jour, quelqu’un dirait de telles paroles à son sujet, qu’un jour sa famille comprenne ses sacrifices. Un rêve peut-être un peu trop audacieux. Elle laissa un long silence planer avant d’étirer un bras vers la tasse encore fumante. Avant de poser ses lèvres sur la tasse, elle murmura un remerciement. Bien que l’effet ne soit pas instantané, après un moment, elle put sentir son corps relaxé. Son esprit était moins embrumé cependant, il était encore un peu perdu. Peut-être après cette rencontre, elle serait capable de se reposer plus qu’à l’habitude. Cela serait à tester un peu plus tard.

« Je n’oserais pas prendre plus de votre temps. Vous m’avez été d’une très grande aide. »

Cette petite rencontre avait duré bien assez longtemps. Il était temps de retourner dans l’ombre et réfléchir à ces informations. Devenir garde serait possible, mais ce serait quelque chose de risquer et prenant beaucoup de temps. Fouillant dans son sac, elle attrapa quelques cristaux qu’elle déposa sur le bureau en échange du service rendu pour son saignement de nez. Avant que Haydan ne puisse refuser le paiement, Nevaeh se leva et s’empressa de quitter la pièce.

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