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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
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    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
    Informations
    Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Lun 3 Jan 2022 - 21:23 #
    Ces jours qui suivent la naissance de cette nouvelle année sont particulièrement chargés en travail pour l'enchanteur. En effet, en plus des différents travaux et expériences avec Sia, de toutes les recherches qu'il a en cours et de la découverte de cet étrange flocon qui s'annonce riche en enseignements, il reste en suspens de nombreux points. Comme l'enchantement qu'il prépare pour Frey, pour lui permettre de retrouver un peu de sa superbe naturelle. Nombre de nuits ont été particulièrement courtes à l'étude de ce sujet, des notes qu'il a pris durant leurs conversations avec le Mist. Cette masse brute d'informations a lentement mais surement été transformé en quelque chose d'utilisable. Et maintenant qu'Almassar a eut le temps de se pencher sérieusement dessus, un plan d'action commence à lui venir en tête. Ne lui manque plus que les ressources que le rôdeur est parti chercher, le reste ayant été négocié durant ses différents voyages à la Capitale et aux différentes villes. La valeur d'un tel enchantement est assez élevé, mais cela en vaut la peine pour cet homme qui lui a sauvé la vie, et surtout qui l'a touché par cette douceur et nostalgie sous-jacente que l'enchanteur a senti durant leurs différents échanges. Sa forme naturelle, sa liberté lui manque. Touché par ce mélange douceâtre qu'il a senti émaner du rôdeur, le chercheur n'a pu que tenter de trouver une solution à ses problèmes, et aujourd'hui, il touche au but.

    Ne lui manque plus que les ressources que le Mist est parti chercher. L'expédition dure déjà depuis un moment, ou semble durer depuis un moment aux yeux d'Almassar. Ils ont simplement eut le temps de rapidement se croiser à la fin du Solstice pour harmoniser leurs cristaux de communication que déjà, leurs chemins se sont de nouveau séparés. Il faut dire que chacun était fort occupé ces derniers temps, et que le travail n'a point manqué. Mais maintenant que la solution est à portée de main, il va être temps de se remettre à la tâche. Attrapant son cristal de communication il vient l'activer pour transmettre un message simple à cet être qui a si étrangement croisé sa route.

    -"Bonjour Frey. J'espère ne pas te déranger dans un moment gênant, c'est juste pour te dire que je pense avoir mis au point l'enchantement dont tu as besoin. Je te laisse me prévenir quand tu peux rentrer avec ce qui est nécéssaire, j'ai désormais une boutique à la Forteresse, dans le quartier des ingénieurs, pour pouvoir travailler plus aisément et ne plus devoir utiliser une chambre d'auberge."

    Reposant le cristal après avoir donné l'adresse exacte, l'enchanteur revient se concentrer sur ses formules, essayant de les parfaire avant le moment final...

    ------------------------------------------------------------------------------

    Une poignée de jours ont passés, et l'enchanteur a toujours le nez plongé dans ses formules. Plusieurs enchantements différents demandent son attention urgente, et il ne sait presque plus où donner de la tête. Cette période de l'année est particulièrement chargée, mais au moins les cristaux pleuvent à flot. Ils sortent tout aussi vite, mais c'est néanmoins une bonne chose. Gagner en réputation tend à payer sur le long terme, même si cela implique de courtes nuits et de longues journées. Dessinant les formes d'un enchantement à poser, Almassar grogne légèrement, venant se préparer une nouvelle infusion. Le soleil se lève sur la Forteresse, illumine les toits d'un écrin de givre brillant, et pourtant, il est déjà au travail. Sortant du sac, le Grimoire vole doucement en posant ce qui lui sert de regard sur la pièce.

    -"Déjà au boulot gamin ? Faut vraiment que tu apprennes à avoir une vie, ça te sert à quoi de te tuer ainsi à la tâche ? Vider ta bourse encore plus vite que tu ne peux la remplir dans tes lubies ? Souffle un peu et prend du recul, ça te fera du bien."

    Si Ivoire marque un point, l'enchanteur n'a pas réellement le temps de baisser sa garde et de se laisser aller. Il s'est lui même mis dans une situation impliquant de tels efforts de sa part, mais pouvant payer. Préparant sa tasse, il vient touiller le tout en levant le regard sur ce qui lui sert d'étrange compagnon, presque de familier, si les familiers pouvaient être aussi bavards et insupportables que ce tas de cuir et de papier enchanté.

    -"Je sais que tu as raison, au fond. Mais j'ai besoin de continuer, j'aime ce que je fais, et si cela paye, ma situation s'en trouverait grandement améliorée. Il est important pour quelqu'un comme moi d'encore novice dans le monde de se faire un nom et une réputation pour attirer les clients sans perdre du temps à  devoir les chercher."

    La tasse est posée sur la table, l'enchanteur s'installant de nouveau sur son fauteuil en passant une main sur ses cernes. Voletant autour de la table, le grimoire laisse échapper un long soupir, laissant l'homme à son travail après une dernière phrase.

    -"Des fois, je ne te comprends vraiment pas petit. C'est moi le grimoire de nous deux, et pourtant, on dirait que c'est toi le plus barbant et le plus rat de bibliothèque. De l'ironie à l'état brut."

    L'enchanteur se concentre sur son travail, ignorant Ivoire. Ce dernier se lasse et vient voleter à travers le bureau et la boutique, tuant l'ennui. Le temps passe, le soleil finit par se lever entièrement. Tout est calme et la vie se réveille peu à peu dans cette ville et ce petit quartier, promettant une journée plutôt agréable pour la saison, mais pourtant qui s'annonce déjà particulièrement chargée...
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
    Informations
    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mar 4 Jan 2022 - 3:11 #


    Le quartier des ingénieurs n'était pas pour ainsi dire l'endroit que Frey fréquentait le plus. On y croisait des individus parfois étranges et des échoppes qui l'avaient toujours intrigué le peu de fois où il était passé devant. Quand cela arrivait, il ne pouvait néanmoins s'empêcher de laisser son œil glisser sur les étranges artefacts qui s'exposaient en vitrines d'ateliers à l'architecture souvent singulière, incorporant beaucoup plus de métal et de parties mobiles à leurs devantures comme autant de démonstrations à l'attention du chaland. Méfiant, il n'était pourtant jamais rentré dans l'une d'elle, tenu éloigné par les superstitions qu'on colportait sur cette étrange pratique nommée technologie. Les rares choses qu'il en avait aperçues l'avaient fasciné, au même titre que la magie l'étonnait encore et toujours dans les usages qu'il découvrait au quotidien depuis qu'il avait quitté sa forêt, mais il était déjà arrivé au moins deux fois qu'une explosion se produise dans l'un des ateliers. Pourquoi ? Comment ? Il n'en savait rien, comme la plupart des citoyens, mais cela ne faisait qu'ajouter du crédit à l'aura d'étrangeté un peu inquiétante qui entourait cette pratique et les fumées noires et blanches qui se dégageaient ici et là n'étaient pas sans accentuer le trait. Plus encore depuis les rumeurs qui couraient sur l'ancien gouverneur du nord - Ebrahim Anteros -  et une machine de destruction supérieure qu'il aurait construite dans les montagnes pour - dit-on - tuer les humains.

    Ç'avait été un choc, pour le rôdeur, d'apprendre que son histoire préférée, celle entre un berger et une chercheuse d'or que lui lisait des fois sa vieille sorcière pour lui apprendre les mots, était un terroriste qui, disait-on, avait fait de nombreuses victimes et qu'il n'aurait probablement jamais l'occasion de rencontrer. Il entretenait une sorte de déni dans cette affaire, tentant tant bien que mal de préserver le souvenir précieux qu'il avait des moments entourant cette histoire du reste sordide qu'on pouvait entendre ici et là.

    Vêtu d'une cape de laine d'un blanc écru, capuche tombée et bonnet de la même couleur sur la tête, de petits nuages de vapeur se formaient devant le visage de Frey à mesure qu'il progressait dans les rues du quartier pour trouver son chemin. Ayant passé la nuit dans cette étrange petite théière qui lui servait depuis peu de refuge mobile, il avait prévenu Almassar la veille de son arrivée dans le courant de cette journée. Encore peu habitué à ses nouvelles trouvailles magiques, Frey était parfois déconcerté par la fortune que devait représenter le butin qui était devenu sien et en même temps un peu sceptique devant les facilités que cela lui accordait. Il ne pouvait pas nier les avantages et le gain de temps que lui octroyaient certaines de ses nouvelles affaires, mais il s'interrogeait désormais sur le mode de vie et le confort qui s'offrait à lui. Réajustant l'écharpe qui lui masquait le bas du visage, il finit par trouver la bonne rue et, s'y engouffrant, apercevoir la devanture Aux Portes du Blizzard. Un nom de bon augure, selon l'avis de Frey.

    Poussant la porte de la main gauche, un petit tintement métallique annonça son arrivée. Le contraste entre la rumeur de la rue et le calme de l'intérieur le saisit dès que le battant se referma, posant sur lui comme la chape d'un silence bienvenue et évoquant les sons étouffés d'un manteau de neige. Un instant immobile, il prit une seconde pour laisser ses yeux inspecter l'intérieur, prendre connaissance de ce nouvel environnement. Cette fois-ci, Frey n'avait ni arc ni carquois, mais était toujours vêtu de cette tenue de voyage de cuir léger, renforcée de fourrure, aux teintes de gris et bleus foncés agrémentées de quelques plumes de corbeau sur les épaules. Seul son sac sans fond, accroché sur le côté, lui tenait maintenant compagnie.

    S'il remarqua Almassar, son regard se posa presque aussitôt sur le pavé littéraire qui flottait dans les airs, étrange vision inattendue. Abaissant son écharpe pour découvrir le bas de son visage, fronçant quelque peu les sourcils d'intrigue, Frey fit la remarque la plus pragmatique de la journée, pointant du doigt l'artefact.

    _ Il y a un livre qui fl...

    Une soudaine illumination éclaira son visage, comme s'il venait de comprendre. Faisant quelques pas pour se rapprocher son excitation était palpable, presque une admiration enfantine, et un espoir fébrile se lisait sur son visage.

    _ C'est ton enchantement ?? Pour faire voler des choses ? Ça marche ??

    Il venait d'en oublier toutes les convenances de salutation et autres mondanités citadines.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
    Informations
    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mar 4 Jan 2022 - 15:04 #
    L'homme savait que son comparse devait passer, vu qu'il avait été prévenu. Il ne sait juste pas quand, et une journée peut s'avérer particulièrement longue. Bon, ce n'est pas le cas de celle-ci, vu qu'il est plongé dans son travail. A tel point que, malgré un certain plaisir à revoir le rôdeur et pouvoir échanger avec lui, il n'entend même pas le léger carillon de la porte, totalement plongé à écrire une nouvelle formule. Le bruit de la plume couvre tout, et c'est donc Ivoire, voletant tranquillement à travers le magasin, qui se retrouve à accueillir l'infortuné. A peine le Mist passe-il le pas de la porte que l'ouvrage s'approche de lui pour le détailler longuement, de bas en haut, sans rien dire.

    Ce qui sort Almassar de sa quasi transe est la voix de l'homme, qui lui fait cligner des yeux et éclater sa bulle de concentration. Et hélas, ce qui achève de tuer le calme des lieux n'est pas Frey lui même, mais la réaction du grimoire. A l'évocation du mot "livre", il commence à tournoyer avec plus de vitesse, les pages claquant tandis qu'il vient tonner d'une voix grave.

    -"Alors je ne te connais pas, mais je ne suis pas un simple livre ! Je m'appelle Grimoire Ivoire ! GRIMOIRE ! On ne m'écrit pas dessus de vulgaires contes pour enfants ou histoires érotiques comme ces bouts de papiers sans âme ni consistance que tu appelles livres."

    L'enchanteur se redresse et soupire, redressant le regard sur Ivoire. La curiosité et la quasi candeur de Frey sont clairement rafraichissants et viennent lui rendre un peu d'énergie et surtout le sourire, pouvant presque effacer les cernes présentes sous ses yeux. Avec un léger hochement de tête il se rapproche, le grimoire revenant flotter autour de son propriétaire en grognant à voix basse à quel point il est incompris de tous, même des voyageurs de passage.

    -"Bonjour Frey, je suis content de te voir ! Et en effet, Ivoire est le fruit de mes expérimentations hybridées. Il a son caractère en tant que Grimoire, mais comme tu le vois il vole. Je ne peux pas promettre que cela fonctionne aussi bien sur toi, mais tu peux voir que c'est possible au moins."

    Le livre se rive devant le visage de l'enchanteur, agitant tant la couverture qu'un courant d'air se fait sentir, proche d'un ventilateur. La voix outrée, il reprend.

    -"GRIMOIRE Ivoire ! Pas juste Ivoire ! Et tu es certes mon créateur, mais cesse de me considérer comme un simple objet ! Moi aussi j'ai des émotions et des sensations, et tu me brises mon cœur d'encre d'ainsi les nier !"

    Grommelant encore plus qu'avant, l'ouvrage s'éloigne plus loin, boudeur. Almassar hausse les épaules et invite d'un geste de la main son ami à passer dans l'arrière boutique, se rapprochant de la porte pour la fermer et tourner la pancarte pour indiquer qu'il est fermé. Sans même avoir besoin de demander, il sait bien que ses prochaines heures risquent d'être fort chargées. L'arrière boutique est pleine d'ouvrages a moitié ouverts, de grimoires, de parchemins notés. Son sac sans fond et sa théière rangés dans un coin, ainsi que quelques outils utiles comme son cristal de communication.

    -"Fais comme chez toi, installe toi ! C'est un peu en bordel et excuse moi, mais le travail en ce moment déborde, je ne sais presque plus où donner de la tête. Tu veux quelque chose à boire, un thé chaud, une boisson alcoolisée, un jus de fruits ?"

    Tout en parlant, Almassar est une tempête de propreté. Il attrape tout ce qui est inutile pour le ranger et le refermer, le remettre sur des étagères ou directement dans le sac sans fond. Libérant un grand espace sur le bureau, il vient préparer une bouilloire pour faire chauffer l'eau, se préparant une nouvelle infusion, encore. Un petit coup d'eau dans la tasse pour la rendre propre, et il pivote de nouveau vers le rôdeur.

    -"Alors, raconte moi tout. Le mois a été long mine de rien, et je suis curieux de savoir ce que tu as pu trouver et découvrir, et surtout ramener. Ensuite, on pourra discuter de ton enchantement et de ce que je peux faire pour toi. Vu comme tu apprécies déjà voir Grimoire Ivoire, je sens que j'ai touché du doigt ce que tu souhaitais."

    Et a vrai dire, l'enchanteur est vraiment content de voir qu'il peut aider le Mist à retrouver une partie de sa liberté. Certes, enchanter un livre et un homme, c'est bien différent et plus complexe. Mais au moins, c'est déjà un signe que cela existe et peut fonctionner. Et cette simple possibilité ouvre déjà tant de portes...
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 5 Jan 2022 - 3:43 #


    Frey eut un mouvement instinctif de recul, dans un geste à demi entamé qui trahit une posture prête à réagir si nécessaire, mais il comprit rapidement que le livre n'était pas tant un danger que ça, passé la surprise initiale. Si tant est qu'il ait passé la surprise initiale. Pris au dépourvu, il ne sut absolument pas quoi répondre tant la situation dépassait les bornes de ce qu'il avait l'habitude d'appréhender. La chose n'était pas sans rappeler l'espèce de boudin de cuir infernal qui avait débarqué dans leurs échanges avec Jaina, lors du Solstice, parlant à toute vitesse et aussi intrusive qu'une mégère en manque de commérages. Néanmoins, la requête du grimoire semblait sensée et le rôdeur se sentit presque coupable lorsque ce dernier déclama qu'il avait des sentiments et un droit à la considération. La scène était à la fois irréaliste, terrifiante d'implications trop soudaines pour qu'il puisse les intégrer aussitôt et aussi un peu solennelle.

    D'un autre côté, cela mettait rapidement en exergue une évidence qu'il allait devoir retenir à partir de maintenant : tout, ici, pouvait être une surprise, voire même dangereux. Peut-être la commode était-elle vivante elle aussi, construct de combat destiné à s'éveiller si du grabuge survenait ? Est-ce que l'expression les murs ont des oreilles venait d'un enchanteur particulièrement malin ? Frey ne le savait pas mais il garda instinctivement ses mains le long du corps, essayant de garder en tête qu'il ne devait pas forcément se fier à ce qu'il voyait.

    Quelque peu coupé dans son élan d'enthousiasme, Frey bredouilla une excuse rapide à destination du grimoire, avant de suivre son comparse dans l'arrière-boutique, un peu honteux d'avoir fait quelque chose de probablement mal. Et, en même temps, rapidement très curieux de voir l'ensemble du bazar qui s'étalait là, qui constituait l'univers en construction de l'enchanteur. Il y avait encore de la place un peu partout mais on sentait avec une certaine évidence l’effervescence qu'il devait y avoir de temps en temps car, mine de rien, la quantité d'ouvrages et d'outils et de notes rassemblées ici était impressionnante au vu du peu de temps qu'Almassar avait eu. Du moins Frey avait-il rarement vu autant de livres réunis dans un même lieu.

    Se penchant avec précaution sur certaines feuilles volantes où des dessins étranges figuraient, Frey répondit d'un air un peu distrait.

    _ Je veux bien un thé s'il te plaît.

    Mais il revint rapidement à l'instant présent, défaisant les attaches de sa cape, son écharpe, son bonnet et son sac pour les poser sur un dossier de chaise, avant de commencer à ôter ses gantelets de mains, sur lesquels une petite griffe métallique était visible au-dessus de chaque doigt, et par défaire les attaches des sacoches qu'il gardait à portée. Une fois les mains libres, on pouvait facilement remarquer quatre anneaux qu'il ne possédait pas avant, dont celui qu'Almassar lui avait fait parvenir.

    Reprenant son sac, il le posa sur une grande table, commençant à en défaire les attaches pour en tirer diverses affaires à mesure qu'il parlait d'un ton un peu rapide, visiblement pressé de dire ce qu'il avait à raconter. Il n'était pas peu fier de ses trouvailles.

    _ Oh là là, il s'est passé plein de choses Almassar. J'ai trouvé tellement plus de trucs que ta  liste.

    Il commença par extraire plusieurs sacs débordant de plantes, chaque espèce ayant son sac, parfois même plusieurs pour séparer les racines, les fleurs ou les feuilles. Des rurds, à l'odeur forte proche du crottin de boucton, des phumes en dentelles, des fleurs et des baies précieuses de divinams ainsi que plusieurs tubercules noueuses dont notamment celles offertes au gardien de l'arbre des soots. Plusieurs graines, également, et quelques plantes ou essences plus rares.

    _ Plusieurs lamias semblent rôder dans la région en ce moment, je ne sais pas pourquoi maintenant en particulier mais je te conseille de rester prudent, surtout la nuit ou dans les grottes. Ce sont des femmes serpents qui usent de ruse pour tuer. Il y a aussi un minotaure qui a bloqué l'accès à Col-Blanc pendant plusieurs jours. C'est très dangereux ça, ça mange l'humain et c'est très puissant mais je ne sais pas où il est actuellement.

    Il sortit également quelques pierres trouvées dans les ruisseaux : des petites opales, de l'onyx et des cristaux que lui-même aurait du mal à identifier mais qui pourraient peut-être intéresser l'enchanteur. Enfin, il sortit tout un tas d'éclats de roches assez fins mais aux teintes variées, principalement des fragments de pierres semi-précieuses avec peut être deux ou trois inclusions d'or. La structure des éclats était singulière : fine et anormalement courbe, presque comme les tessons d'une statue creuse.

    _ J'ai trouvé un endroit avec plein de loloris en hibernation. Il y avait toutes ces coquilles de minéraux, je me suis dit que ça pourrait t'être utile. Et cette écaille là, je crois que c'est une pierre de parlion.

    Tombant ensuite par hasard sur le livre magique qu'il avait trouvé, il le sortit en le regardant un instant comme ne savant trop qu'en faire. Celui-ci présentait plusieurs entrées de journal d'exploration - factices, mais qui était en réalité un carnet à secrets vierge.

    _ Oh... Oh.

    Le posant sur la table, il entreprit de déballer un tas de choses hétéroclites qui n'avaient plus rien à voir avec la nature : un gros carillon, un sceau d'âme artificielle, un pendentif étrange, un vêtement plastique foncé et presque intégral particulièrement singulier, etc... Y compris plusieurs objets communs mais non magiques mais dont Frey aurait été incapable de dire s'ils étaient enchantés ou pas.

    _ J'ai trouvé un tas de choses magiques ! C'était...

    Il s'interrompit, fit la grimace une seconde. Il n'aurait pas dû paraître si enthousiaste, c'en était presque suspicieux, mais il alla droit au but.

    _ J'ai trouvé le corps de quelqu'un dans une crevasse, ça faisait un bout de temps qu'il était mort si tu veux mon avis. Et il y avait ce sac étrange que j'ai ramassé, avec plein d'objets magiques dedans. J'ai réussi à en faire marcher quelques-uns, mais pas tous et je voulais te les montrer.

    Non identifiable au vu de l'état du corps, à défaut il n'allait pas laisser de telles ressources perdues dans la nature. C'était une trouvaille exceptionnelle pour lui.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Ven 7 Jan 2022 - 23:01 #
    Almassar s'occupe de tranquillement préparer le thé, laissant la bouilloire produire son sifflement habituel. Et tandis que l'eau commence à tranquillement chauffer et bouillir, il pivote vers le rôdeur pour l'écouter parler, se doutant que cela risquait d'être passionnant. Et en effet, il ne s'est pas trompé. Voyant que le Mist essaye de se mettre à l'aise, l'enchanteur vient l'aider en débarrassant un peu plus ce qui peut l'être. Des pages concernant ses travaux futurs volent et sont attrapées de justesse du bout des doigts pour être rangées dans des chemises remises à leur place sur les armoires, des livres d'expérimentations et de tests sont refermés et glissés dans son sac sans fond. Peu à peu, l'endroit ressemblerait presque à un bureau utilisable... Pour l'instant. Nul doute que d'ici le lendemain, le bordel aurait repris ses droits, comme toujours. L'enchanteur tend à prendre une place infinie, et plus il a d'espace pour déployer son matériel, plus ce dernier en consommera. A croire que l'individu est l'opposé d'un sac sans fond : tout espace pouvant être consumé le sera, tel un trou noir de l'organisation et de la logistique.

    Le Grimoire lui même finit par planer dans la pièce, avant de s'installer sur l'un des meubles et observer tout ce qu'il se passe en contrebas, chat lascif de papier et de cuir. Si pour le moment il se tait, nul doute que bientôt, il reviendra offrir sa "sagesse", de gré ou de force à l'assemblée qu'il voit ainsi déployée sous son regard. Le thé est prêt le temps que Frey commence à déballer son sac, et l'enchanteur dépose les deux tases sur la table avant de s'installer à coté, se laissant happer par la motivation débordant de l'homme face à lui. Il semble optimiste, presque excité, ce qui est rare du rôdeur, et a le don d'intriguer le chercheur. Mains liées autour de sa tasse pour les réchauffer, il laisse son ami commencer à tout installer, avant de souffler un rire à une remarque si simple.

    -"Je vois ça, on dirait que tu as ramené la moitié de la montagne. Ça change la vie un sac sans fond, n'est-ce pas ? Fini de choisir ce que l'on doit ramener, on peut juste laisser son cœur choisir et sa main prendre. C'en est presque addictif, de ne plus avoir à faire attention à ce que l'on porte et emporte."

    En effet, ce genre d'objets ont le don de changer la vie, surtout pour quelqu'un comme le rôdeur qui récolte énormément. Fini d'être limité à quelques dizaines de kilos, au mieux. Si il veut, désormais, il pourrait emporter la moitié de la forêt. Encore heureux que ce genre d'artefacts sont précieux et chers, autrement la plupart des forêts et des lieux reculés du royaume seraient désormais des déserts stériles, pillés par des cueilleurs bien équipés qui auraient raflés l'intégralité de l'endroit en un seul passage. L'enchanteur se saisit des différents paquets, finissant par se relever pour attirer une autre table basse et aider à les ranger. Finalement, Ivoire, amusé de ce spectacle, rappelle sa présence à sa manière.

    -"Y'en a pour une véritable fortune la dedans, tu ferais bien de les revendre avant que quelqu'un se décide à t'égorger dans un coin sombre pour te piquer ton sac et sauter la moitié des bordels de la Capitale à tes frais."

    Almassar soupire et roule des yeux en entendant ça, même si au fond, le message n'est pas sans une certaine forme de sagesse. Frey est prudent, mais l'est-il réellement assez pour résister aux sirènes d'une richesse qu'il n'a jamais connu ? La magie sait aisément corrompre, surtout quand l'on y est pas habitué. Ses doigts effleurent un par un les objets ramenés, laissant le rôdeur parler sans l'interrompre. Il se dégage tant de joie, tant de bonheur de l'être en cet instant qu'il ne saurait réellement l'interrompre tant qu'il continue à parler. Les ressources naturelles finissent par laisser place aux artefacts magiques, et l'enchanteur profite de cet instant pour reprendre.

    -"Même si Ivoire est comme toujours dans l'excès -." Sa phrase est interrompue par un bruissement de pages suivi d'un "Assume juste que j'ai raison gamin, ça ira mieux." arrachant un nouveau soupir à l'enchanteur qui agite la main, avant de reprendre. "... Il n'a en réalité pas totalement tort. Tu m'as toujours apprécier vivre dans une certaine forme de simplicité, et si je suis heureux de voir que tu as su trouver tant d'équipements, fais attention à toi quand même. Je suis le premier à user de tels outils, mais tu as raison, ils peuvent devenir addictifs, et on peut même s'oublier et s'y perdre, à trop les écouter."

    Il s'inquiète simplement pour le Mist, au fond. Sans malice, simplement une simple inquiétude. Prenant une gorgée de thé, il laisse ce dernier expliquer l'origine de toutes ses trouvailles. C'est logique, tant d'artefacts, c'est difficile de croire qu'ils sont trouvables naturellement. Et tandis qu'Almassar médite sur le sens de cette découverte, sans réellement juger, comprenant que trop bien le pourquoi des actes du voyageur du Nord. Le Grimoire par contre, ne l'entend pas de cette oreille...

    -"Oh je retire ce que j'ai dis, finalement, c'est toi qui devrait faire gaffe gamin. C'est déjà un pilleur de cadavre vétéran, on sait jamais ce qu'il pourrait avoir derrière la tête désormais."

    L'enchanteur grogne et frappe du poing sur la table, redressant le regard vers son invention en sifflant.

    -"Grimoire Ivoire, assez. Je ne peux que comprendre pourquoi il a fait cela. Tu aurais laissé de telles richesses pourrir dans la nature sans rien faire ? Même si cela ne ravit pas mon cœur, je comprends et j'aurais surement fait la même chose."

    Le livre grogne et se laisse tomber avant de planer proche du sol, se rapprochant des artefacts présents sur la table. C'est comme si il reniflait, tout en en faisant le tour. Mais pour le moment, son attention est portée ailleurs, ce qui permet à l'enchanteur de dire ce qu'il souhaitait évoquer initialement.

    -"Laisse le parler, il a son caractère. Merci pour tes recommandations, je ferais attention aux Lamias et autres créatures. Peut être est-ce l'hiver qui les fait sortir ? La nourriture se fait plus rare, les groupes de chasse plus isolés, et donc de meilleures victimes à des assauts."

    Almassar ferme un instant les yeux, se penchant en arrière pour s'installer confortablement dans le fauteuil. Beaucoup de choses sont à discuter, et il ne compte pas tourner autour du pot non plus, alors que son regard passe des ressources aux artefacts, observant tout cet équipement ramassé en un mois à peine et qui vient désormais recouvrir sa -ses- tables.

    -"Pour les ressources à propos de ton enchantement, on pourra voir plus tard. Ce qu'il y'a en plus... Eh bien, vu qu'en ce moment je voyage beaucoup entre les villes, si tu le sais pas quoi en faire, je peux toujours récupérer ce qui se vends mieux à la Capitale ou dans les autres grandes agglomérations pour te rapporter quelques cristaux. Cela peut toujours te servir, je pense. Enfin, si c'est ce que tu souhaites."

    A peine une seconde, le temps de respirer. Un sourire amusé étire les traits de l'homme, qui laisse ses doigts effleurer le premier artefact magique passant à sa portée en enchainant.

    -"Quand à tout ce que tu as trouvé, je peux directement en reconnaître certains qui sont faits selon les mêmes protocoles. Les autres, je peux sentir ce qu'ils font. Donc si tu veux, je peux te faire un inventaire précis de tout ce que tu as trouvé."

    Et, si Frey donne son accord, il n'hésitera absolument pas à commencer à le faire justement, usant de son don... Que le Mist ne connait absolument pas, à vrai dire. Il pourrait être surpris de voir ainsi l'enchanteur s'absenter et ne plus réagir à rien tandis qu'il "lit" la magie des objets présents sous ses doigts...
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Lun 10 Jan 2022 - 0:06 #


    Il y avait une étrange dynamique dans ce duo improbable entre Almassar et son... Livre ? Il n'était pas certain du terme approprié à employer, bien que l'objet ait martelé qu'il était un grimoire, mais à quel moment fallait-il croire ou faire confiance à des objets parlants dont l'éloquence trahissait une espèce de mégalomanie ? Un plissement de visage certain et un peu contrarié s'afficha sur le visage du rôdeur à la remarque de l'ouvrage magique. Pilleur ? Oui, en quelques sortes, mais en même temps ce n'est pas comme s'il avait pu offrir une sépulture décente à un bloc de glace. Il n'avait trouvé aucune information à propos du défunt et sans dire que Frey s'en fichait, ce qui n'était pas vrai, on ne pouvait pas non plus dire qu'il croyait forcément à la sacralité de l'après-mort. Il respectait la mémoire des disparus, mais un corps était un corps et, pour lui, retourner à la terre était la meilleure des options possibles à défaut d'avoir un visage suffisamment en bon état pour tenter de l'identifier. Le grimoire, dans tous les cas, était une sorte de sorcellerie étrange et maintenant qu'il y pensait Frey se demandait comment il était possible qu'il fasse de telles remarques alors que... Alors qu'il était à peine né ? Est-ce que l'enchanteur l'avait depuis avant leur rencontre ? C'était la première fois qu'il voyait Almassar grogner et taper sur quelque chose, alors Frey était assez intrigué. Et, tandis qu'il « reniflait » les objets posés là, on ne pouvait s'empêcher de le comparer à un gros chat grognon mais pas très sympathique de prime abord.

    Finalement, Frey répondit à Almassar mais il sentait bien une tripotée d'interrogations qui bouillonnaient à l'intérieur de lui. Il avait furieusement envie d'interroger le grimoire, ou de questionner son créateur directement. Il ne pouvait, d'ailleurs, s'empêcher de jeter un coup d’œil au livre flottant ici et là. Est-ce qu'il le voyait le regarder ? Est-ce qu'il avait des yeux ou un « sens » pour voir ?

    _ Euh, non, peut-être.

    Il avait répondu ça sans trop savoir. Déconcentré, il recentra son attention sur Almassar. Une chose à la fois.

    _ Pour les plantes et les roches en trop, fais-en ce que tu veux. On n'a qu'à faire moitié-moitié pour ce que tu vends. Garde tout, rends moi juste les sacs plus tard.

    Il ne disait pas non à quelques cristaux, mais il avait une certains sympathie envers Almassar qui lui offrait volontiers son aide et le rôdeur n'avait pas l'avidité miséreuse d'absolument courir après la moindre parcelle de richesse qu'il pouvait arracher alors cela lui faisait plaisir de partager. Ou peut être pouvait-il échanger ces surplus contre l''expertise d'Almassar en termes d'identification d'enchantements. Après tout, ils avaient chacun leur métier et on pouvait voir ça comme un échange de bons procédés.

    _ Mais sinon, je sais bien pour la dépendance à la magie, t'en fais pas. En fait, je pense même comprendre maintenant pourquoi on retrouve tant de gens perdus dans la montagne sans ressources ni de quoi survivre ces jours-ci, avec tous les touristes du Solstice. Comme je disais l'autre jour : il y a un niveau de bêtises en dessous duquel tu meurs.

    Des paroles très philosophiques mais révélatrices des récents évènements. Fouillant encore dans le sac, il en sortit plusieurs affaires : une cape rouge bordée de blanc, des potions diverses, un petit cube en cristal et un manteau rouge également bordé de blanc, à la manière des habits des lutins du Solstice.

    _ Si ça te dérange pas, ça me serait bien utile oui, mais on peu faire ça plus tard si tu préfères.

    Ce n'était pas urgent et il n'avait aucune idée de la quantité de travail que ça nécessitait. Puis, d'un coup d’œil discret pour vérifier si le livre les observait, impossible de chuchoter sans que ce dernier ne le perçoive. Aussi, Frey utilisa son anneau de pensée pour sur Almassar pour cette partie de la conversation, se contentant de très légères expressions pour ponctuer ses pensées.

    < Et, euh... Almassar, c'est quoi ce truc ? C'est toi qui a... Euh... Qui l'a construit « comme ça » ? >

    Le rôdeur fit le geste de gros quillemets avec les doigts, bien appuyés, pour qualifier le caractère dirons-nous expansif de l'artefact.

    < Est-ce qu'il est au courant pour moi ? >

    C'était surtout ça l'inquiétude que Frey avait et qu'on pouvait lire sur son visage. Il avait une certaine confiance en Almassar mais, ce livre ? Il avait encore en tête le boudin de cuir dégénéré qu'il avait croisé au Solstice et sa facilité à raconter des choses.
    Spoiler:
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 12 Jan 2022 - 15:59 #
    Le rôdeur semble clairement perturbé par cet élément rajouté qu'est le Grimoire. En effet, l'alchimie entre l'enchanteur est sa création est des plus étranges, et il est difficile de reprocher à quelqu'un de ne pas savoir réellement sur quel pied danser dans ce genre d'échanges. Almassar lui s'est rapidement habitué à ce caractère qu'il n'a pas réellement choisi, même si à vrai dire ce n'est pas pour lui déplaire. Au moins, Ivoire a le don de dire ce qu'il ferait mieux de penser parfois. Une sorte de pense bête enchanté particulièrement utile, qui malgré ses airs particulièrement froids pour ne pas dire caustiques, sait se montrer utile dans la vie de tous les jours. Et le chercheur voit bien que cette nouvelle invention perturbe son ami. Essayant de trouver un moyen de le remettre sur les rails d'une conversation plus agréable, c'est finalement Ivoire qui ferait presque preuve d'une pique d'affection, ou du moins une remarque plus supportable qu'auparavant.

    -"Finalement je retire ce que j'ai dis gamin, quelqu'un qui est prêt à partager avec lui ses gains, tu prends et tu fermes les yeux tant que c'est pas toi qui finit poignardé et mis à nu pour tes richesses."

    Après cette phrase qui pourrait presque ressembler à de l'acceptation, le grimoire se tait, continuant d'observer et de scruter tout ce qui passe de mains en mains. Le regard de sa couverture semble presque se déplacer, et Frey finira surement par se douter qu'effectivement, il possède un sens de la vue -et des sens tout court-, malgré le fait qu'il n'est pas réellement humain ni doté d'un système nerveux central. Un vrai miracle magique que voici, un peu comme les âmes artificielles, capable de converser malgré le manque de cordes vocales. Retournant sur un terrain que le Mist connait et comprends mieux, Almassar écoute en hochant parfois la tête, finissant par se saisir de sa tasse pour prendre une nouvelle gorgée de son thé.

    -"Je pense voir ce que tu veux dire. Beaucoup d'objets magiques ont été vendus à des prix parfois cassés avec le Solstice, et une grande foule est venue à la Forteresse. J'imagine que pendant et même après, beaucoup se sont sentis l'âme d'aventuriers en herbe et se sont perdus... Un peu comme moi la première fois quand tu m'as retrouvé, à vrai dire."

    L'enchanteur est presque gêné en disant cela. Certes, cette rencontre aura finalement débouché sur ce qui ressemble de plus en plus à une belle amitié, mais il ne peut pas nier que les prémices ayant menés à cela étaient tout de même particulièrement idiots de sa part. S'aventurer ainsi sans être correctement préparé en pleine montagne, juste avant la saison froide... Heureusement qu'il a su évoluer, désormais. Et si il n'est pas toujours le plus futé, sa rencontre avec Lacey le prouvant, il a bien plus de plomb dans le crane -et d'équipement pour en profiter.-

    -"J'avoue que j'en ai profité pour retourner voir de la famille et quelques proches. Les fêtes sont toujours l'occasion de donner de ses nouvelles et de passer un bon moment, de faire table rase du passé et des conflits qui ont pu exister. Enfin désolé, je m'égare. Ça fait vraiment plaisir de te revoir et de te voir en pleine forme ! Pour les plantes, j'en profiterais pour vendre tout cela à mon prochain passage à la Capitale, je connais déjà des collègues qui pourraient être intéressés. Une fois le tout vendu, je te dis combien j'en ai tiré et on verra pour ce que tu récupères ? Je m'en voudrais de t'en récupérer la moitié pour juste te servir de contact de vente."

    Tandis qu'ils échangent, la liste de biens magiques présents sur la table s'entassent. Almassar secoue la tête en soufflant un rire pour toute réponse quand Frey lui demande si cela ne le dérange pas. Sans hésiter il commence à attraper les objets présents à sa portée, laissant son pouvoir infuser dans ces trouvailles avant de soudainement s'arrêter en sentant la bise magique effleurer ainsi son esprit et les mots du Mist résonner. Arquant un sourcil, il vient lui répondre de la même façon pour le rassurer.

    -"C'est mon invention, oui. Mais le caractère est indépendant, il est "né" comme ça. Mais malgré tout, il sait se montrer d'une aide précieuse, il compense juste en étant insupportable de manière régulière. Et il l'est, car il m'a déjà vu travailler sur ce projet d'enchantement te concernant. Mais ne t'en fais pas. Il blague beaucoup mais m'est loyal et fidèle, il ne dévoilera jamais un secret que je souhaite garder. Et vu qu'il n'est pas humain, il est compliqué de le torturer pour le faire parler, si jamais quelqu'un le souhaitait."

    Ivoire surveille cela du coin de l’œil, ne ratant pas les guillemets de Frey et les légers signes de main qui ponctuent les paroles muettes de l'enchanteur. Remontant pour avoir la couverture au niveau des deux hommes, il laisse simplement échapper un petit :

    -"Pstch, ça fait même des cachoteries désormais. N'as-tu donc déjà plus confiance, enchanteur ? Moi qui suis pourtant la pour te guider au milieu de ce monde périlleux et de ta crédulité qui l'est encore plus ?"

    C'est tant une provocation qu'une taquinerie, et une fois sa phrase finie, il retourne s'installer en hauteur et profiter d'une meilleure vision de la scène. Ou de se reposer ? Difficile à dire, mais en tout cas, il laisse enfin le duo tranquille pour le moment, tandis qu'Almassar reprends son travail. Chaque objet passe dans ses mains et se fait infuser. Si une poignée de secondes de concentration sont nécessaires pour les objets mineurs, ceux plus puissants eux se comptent en minutes. A chaque fois que cela est terminé, le chercheur décrit et explique avec patience les effets des objets, n'hésitant pas à entrer dans les détails où encore à revenir sur ses pas pour se montrer plus clair. Le Carillon, le carnet et la cape y sont déjà passés quand il arrive à l'âme. Et cette fois, il pousse un petit soupir amusé.

    -"Ça tu vois, c'est une âme artificielle, comme celles dont je te parlais. Si tu le désires, tu peux prendre tout objet non magique et l'infuser de cette dernière, et elle deviendra vivante. Bon, dans les limites d'une âme bien sur, mais elle pourra t'accompagner et te guider, que ce soit en bien ou en mal. Je ne peux prédire son caractère, elle le développera d'elle même. Néanmoins, si tu es à la recherche d'un compagnon, cela peut être un compromis intéressant pour ne pas avoir un familier qui ne survivrait peut être pas aux climats que tu arpentes."

    Déposant l'âme enchâssée sur les autres objets déjà examinés, l'homme fait une petite pause pour laisser la fatigue passer. Plus il insiste sur ses talents, plus rapidement ils viennent dévorer son énergie, et il préfère faire de petites séances plutôt qu'une seule, les entrecoupant de conversations.

    -"J'y pensais, tu pourrais aussi en profiter pour m'expliquer ce que font les plantes que tu as trouvées et comment tu les as récoltées ? Tu n'es pas obligé de me dire où si tu souhaites préserver certains lieux naturels, mais cela pourrait servir pour plus facilement les vendre... Et surtout, je dois avouer être curieux d'apprendre ton art. J'aurais beaucoup à découvrir dans ta façon de faire avec la nature pour mes propres travaux, et même les expéditions que je peux être mené à accomplir. Du moins, si cela ne te dérange pas et t'intéresses, bien sur."

    Un "troc" d'informations si l'on peut dire ainsi. Jusque la, c'est souvent l'enchanteur qui a tenté de transmettre ses connaissances occultes à son partenaire, et pour une fois, il n'est pas contre inverser les rôles, tout en continuant d'identifier l'arsenal sous ses yeux. Un bon moyen de passer agréablement les prochaines heures, et même apprendre quelques astuces et ficelles... Outre la possibilité de pouvoir peut être un jour éviter de devoir déranger le rôdeur si jamais il a besoin d'une plante vraiment précise.
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 19 Jan 2022 - 18:40 #


    Bien que la situation fut un peu étrange avec ce nouvel élément quelque peu imprévisible, ça faisait plaisir à Frey qu'Almassar soit content de le revoir et un léger sourire s'insinua sur le coin de ses lèvres sans même qu'il ne s'en rende compte. Le rôdeur n'avait des contacts humains que d'une façon très sporadique alors cette remarque eut sur lui un effet chaleureux qui le contenta aussi bien que le thé que l'enchanteur leur avait servi. Un instant, il fut d'ailleurs surpris que ce dernier lui réponde par le même biais mental et leur conversation venait soudain d'acquérir une dimension nouvelle, comme la promesse de pouvoir faire des cachotteries au nez et à la barbe de qui pensait écouter. Frey ne se demanda pas réellement si c'était une capacité naturelle d'Almassar ou juste un objet magique quelconque. Étant enchanteur il lui paraissait presque normal de devoir s'attendre à tout ou presque quand il venait lui rendre visite. Après tout, n'y avait-il pas maintenant un livre flottant et généreux de commentaires en tous genre qui se baladait entre eux ? Alors probablement que c'était là le fruit des dernières expérimentations du jeune magicien. En très peu de temps Frey avait découvert des choses sur l'usage de la magie qu'il ne pensait pas possible alors s'il était toujours aussi curieux et émerveillé quand il tombait face à une nouveauté, au moins ne tombait-il pas des nues au moindre truc désormais.

    Il plissa toutefois un peu la bouche quand Almassar lui indique que le livre est au courant. Probablement que c'était nécessaire mais le rôdeur n'était jamais à l'aise avec l'idée que ce qu'il cachait soit dévoilé.

    _ Je n'aime pas trop ça mais si tu juges que c'est nécessaire alors je te fais confiance.

    Dépasser son propre état de réticence était également nécessaire, il le savait, et il ne perdait pas de vue les efforts que déployait Almassar pour l'aider et, qui sait, lui rendre un peu de cette  splendeur perdue.

    Quand au reste, c'est avec beaucoup de curiosité que Frey l'observa faire... Ses trucs ? Il ne savait pas comment ni quoi exactement mais Almassar semblait particulièrement absorbé, presque dans son propre monde, tandis qu'un temps plus ou moins long passa ou le rôdeur n'osait pas briser le silence de sa concentration. Est-ce qu'il lui suffisait de se concentrer pour connaître les trucs ? Est-ce qu'il menait une bataille mentale contre la magie des objets ? Il ne savait pas trop mais ça n'avait pas l'air, dans le fond, spectaculaire du tout même si Almassar semblait particulièrement efficace. Encore une fois, Frey était dans le flou et n'était même pas certain de soupçonner l'usage d'un don particulier. Tout ici était étrange alors qu'il réalise une sorte de divination sur ce qu'il lui avait ramené... Et bien, pourquoi pas ? Il profita de cet instant de répit pour se caler dans un des sièges et se réchauffer les mains en buvant un peu du thé encore presque brûlant.

    _ Hmm, je ne sais pas.

    Se penchant légèrement sur le sceau d'âme artificielle, il l'inspecta un instant, comme considérant la chose mais il était visiblement mitigé. Jetant un coup d’œil très furtif au livre rangé sur son étagère, il se redressa finalement, faisant attention à ses mots car se sachant écouté.

    _ Je ne suis pas très à l'aise avec cette idée. Donner la "vie" à un objet... Ce n'est pas un choix léger à faire et, bon, ça m'a l'air... Particulier. Quelque chose me semble bizarre dans cette idée.

    Il n'aurait su définir avec certitude le contour de ce qu'il ressentait mais il y avait une part de curiosité, une part de malaise et une part de scepticisme. Dans le fond, c'était un peu comme prendre la décision d'avoir un enfant avec son gant ou avec son écharpe. Et qu'est-ce qu'il ferait s'il ne s'entendait pas avec ? Combien de temps ces trucs vivaient-ils ? S'il mourait seulement.

    Mais la question avait le mérite de toucher à un point important, plus probablement que ce qu'imaginait Almassar. Être tout seul trop longtemps dans la nature finissait par être parfois difficile, et pourtant d'un autre côté Frey était plutôt du genre à retourner au sauvage dès qu'il sentait l'inertie et le poids sédentaire le rattraper quand il était en ville trop longtemps.

    _ Je vais y réfléchir.

    Poussant un peu dans un coin les affaires déjà identifiées par Almassar, il ramena à lui quelques uns des  sacs pleins de ses trouvailles. L'enchanteur semblait vraiment intéressé par apprendre des trucs et Frey était toujours content de partager ses connaissances avec des gens qui voulaient apprendre.

    _ Et non ça ne me dérange pas, au contraire même. C'est pas dur tu vas voir.

    Ça c'est de la divinam. Ce sont des petites fleurs... Très utiles pour tout et rien et qui se revendent très bien. Tu peux en trouver en forêt mais c'est peu commun, tu as beaucoup plus de chance d'en trouver en montagne. En fait, c'est un peu contre intuitif : plus il fait froid, humide, venteux, sec et plus elle prolifère. C'est aussi pour ça qu'elle se vend chère, parce qu'il ne suffit pas de se pencher sur le bord de la route pour la cueillir. Enfin, si, mais si tu veux en trouver des parterres entiers tu vas devoir affronter l'hiver, le froid et la neige en pleine montagne. Je t'ai mis deux pots à l'intérieur.


    Sortant deux petits pots à confiture en verre, il les plaça devant Almassar avant d'en ouvrir un. Ils étaient pleins de petites baies. Le tout dégageait une senteur florale agréable mêlée du chatouillement plus acide des baies.

    _ Les gens achètent ces fruits très cher car on dit qu'ils apportent la chance et que ce sont des fleurs de Lucy. J'en sais rien si tu veux mon avis mais si tu vends ça loin ça te rapportera encore plus, surtout pour les riches qui veulent de la cuisine de luxe. Goûte, c'est particulier mais c'est pas mauvais.

    Poussant le pot vers Almassar, il continua sur sa lancée.

    _ Pas besoin de précautions spéciales, tu les coupes à la base pour les cueillir ça suffit. Tu peux faire sécher les fleurs et les feuilles au moins deux à quatre semaines. Les premières finissent en poudre pour des mélanges de pigment ou même des onguents tranquillisants. Les feuilles, tu peux en faire du thé, qui aide à garder l'esprit clair et à purifier les pensées, et la tige et la sève peuvent faire une base pour des breuvages... Comment dire. Ton esprit flotte un peu dans un état différent et les choses paraissent très claires et très directe, mais ça devient très difficile de mentir. Normalement il faudrait récolter chaque goutte de sève au moment de la cueillette, c'est long et chiant, alors j'ai juste séparé les feuilles des fleurs et broyé les tiges avec un peu d'eau pour faire cette mixture là.

    Il désigna une troisième fiole, plus petite, où des tiges avaient été broyées pour en extraire un suc blanc, le tout mélangé en une grossière pâte.

    _ Ça doit encore être transformé mais au moins comme ça, c'est facile à ramasser et à conserver. Les herboristes sauront quoi en faire et ils ont toujours besoin d'un peu de ça sous la main.

    Bon il était passé vite fait sur les informations générales et il y aurait plein d'autres subtilités à prendre en compte mais c'était déjà un bon résumé.

    _ Je suis sûr que tu sauras en faire quelque chose. En plus ça se mélange pas trop mal avec d'autres herbes en général.

    Il s'attendait à une rafales de questions, aussi, avant de poursuivre, il marqua une pause pour être certain qu'il pouvait continuer.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 2 Fév 2022 - 16:37 #
    L'échange et la conversation est vraiment agréable, tout comme la présence de Frey. L'enchanteur ne saurait l'expliquer, mais le rôdeur a une présence qui arrive à le rasséréner. Pas le calmer, bien au contraire, vu que souvent de ses questions complexes pour ne pas dire philosophiques et métaphoriques poussent les connaissances de l'enchanteur dans ses retranchements, voir lui ouvre de nouveaux horizons. Après tout, la naissance même d'Ivoire est certes un projet qu'il avait en tête depuis un moment, mais aussi une magie poussée par son envie d'arriver à aider le Mist dans ses propres problèmes et son besoin de liberté. Néanmoins le commentaire fait par ce dernier sur le grimoire revient rapidement, et a raison. Réfléchissant un instant à cela, l'enchanteur laisse une nouvelle fois la magie de son anneau de pensées faire effet, pour directement souffler contre l'esprit de son comparse son prochain commentaire.

    -"Je m'excuse, j'aurais du te demander en avant en effet. C'est surtout qu'Ivoire m'accompagne au quotidien, et m'aide dans mes recherches, à sa façon. Et il ne dira jamais rien, ne t'en fais pas. Il est particulier mais d'une loyauté sans failles. Et comment veux-tu faire parler de force quelque chose qui ne craint ni la douleur ni la mort ?"

    L'échange dérive ensuite sur le sceau de l'âme artificielle, son symbolisme et ce qu'elle est réellement. Bien sur, le rôdeur est sceptique à ce sujet, et Almassar ne peut que le comprendre. C'est un sujet compliqué que de décider de donner vie à quelque chose, même un objet. Les limites de l'âme et de la raison est assez floues sur ce sujet, et faire naître une âme artificielle en une entité peut d'une certaine façon s'apparenter à donner vie à une vraie créature sentiente. L'âme a son caractère, peut se mouvoir et s'exprimer. Quelle vraie différence avec un être humain à partir de la, si ce n'est sa forme et son origine ? Écoutant sans juger ni se permettre de tenter d'influencer Frey, le jeune homme finit par hocher la tête avec un sourire pour son ami... Car oui, il est venu à le considérer comme son ami, malgré leurs différences si flagrantes qui n'ont pourtant pas empêchées la naissance de quelque chose de beau, peut être encore magnifié par cette cassure si nette qui les a pourtant rapprochés. Et cette fois, quand le chercheur reprend la parole, c'est sans son anneau.

    -"C'est une décision qui n'est pas aisée, prend tout ton temps pour y réfléchir. Si jamais tu as des questions à ce sujet, je suis la pour y répondre de mon mieux. Je comprends totalement que tu n'aies pas envie de risquer d'avoir l'équivalent d'Ivoire avec toi lors de tes voyages solitaires."

    Bien sur, la remarque réveille ce dernier qui volette de nouveau dans la pièce en venant se mettre à quelques centimètres du visage de l'enchanteur pour lui donner par surprise un petit coup de couverture, arrachant un grognement à l'homme qui vient se frotter le nez.

    -"Dis donc gamin, dis tout de suite qu'il n'est pas agréable d'être en ma compagnie, je ne dirais rien. Je vous jure les jeunes désormais, ils ne savent rien du respect des plus sages que soi."

    Outré, le Grimoire décide de s'en aller pour de bon, partant de lui même dans la pièce d'a coté pour bouder sur son support en hauteur, tel un chat capricieux. Ignorant cet éclat caractériel, Almassar revient au Mist qui commence à déballer pot après pot et se lance dans une conversation enflammée sur ses différentes trouvailles et leurs effets. Bien sur, passionné comme il l'est, l'enchanteur écoute avec des yeux brillants de curiosité, sa main venant chercher un carnet et de quoi écrire, prenant des notes au fur et à mesure que le rôdeur parle et lui dévoile son savoir. Sans oser l'interrompre dans ce transfert de connaissances qu'il estime presque sacré, le jeune homme noircit le papier à un rythme effréné, le regard passant sur chaque pot qui est sorti, chaque indication. Oh oui des questions il risque d'en avoir. Et justement, les premières commencent à naître sur ses lèvres tandis qu'ils effectuent une légère pause et que l'enchanteur vient gouter ce fruit au gout particulier, à la fois acide mais agréable en bouche.

    -"Je connais ces plantes, elles servent énormément en alchimie, un peu moins en enchantement mais elles sont tout de même bien pratiques. Je risque d'en garder un pot pour moi et revendre le second. J'en utilise pas souvent mais ça serait mentir de dire que je n'ai pas envie d'en avoir une petite réserve justement à cause du prix pratiqué à la capitale pour ses "bienfaits" culinaires. Mais tu as des conseils pour arriver à en trouver ? Des typographies particulières où elles tendent à pousser, comme de pentes particulièrement présentes aux vents ou certains éléments précis ? Pas que je veuille te voler ton travail, mais il est vrai que si parfois j'ai besoin d'en chercher, je n'ai pas envie de devoir toujours te déranger..."

    Et ce n'est pas qu'il rechignerait à le payer à cette tâche si Frey le souhaite, bien au contraire. Ce rôdeur est l'une des personnes qu'Almassar aurait le plus de plaisir à rémunérer pour son travail et ses connaissances. Mais ça lui donne l'impression de pouvoir "disposer" a sa volonté du temps de l'homme, et cette idée l'insupporte en sachant à quel point ce dernier apprécie sa liberté et sa tranquillité. C'est en partie pour cela que l'enchanteur lui a proposé de revendre ses surplus qu'il ramasse durant ses voyages, pour lui offrir les cristaux dont il pourrait avoir besoin pour acheter ce qu'il souhaite sans réellement avoir à réfléchir plus que de nécessaire et se concentrer sur sa propre vie. Puis voyant que le Mist reprends les explications, Almassar se concentre de nouveau dessus, n'hésitant pas à attraper les fioles, les pots alors même qu'il en parle pour venir les examiner de ses propres yeux. Une fois le passage oculaire terminé, ce sont ses doigts faisant danser la plume sur le carnet qui reprennent ses commentaires et ses notes. Surtout sur comment les préparer, chacune à leur façon. Si il connaissait de ses études l'utilité de la plupart des différents produits déjà fabriqués, l'enchanteur ne savait pas du tout comment les préparer justement. Quand Frey lui laisse l'espace pour parler, il ne se fait pas prier un seul instant.

    -"Je vois, c'est vraiment passionnant. Tu dois faire attention de récolter séparément les baies, les fleurs, les feuilles et enfin la tige et sa sève. Il serait possible de faciliter ce processus en coupant la tige entière pour la mettre dans un sac de conservation et s'occuper plus tard, dans un milieu mieux contrôlé de la sève. Je te remercie en tout cas de tous les efforts que tu as déjà accompli et du soin que tu as pris pour réaliser tout cela... Outre ce qui va me servir pour ton enchantement, cela te fera un joli stock de cristaux que tu pourras utiliser au besoin. Si cela t'intéresses, on pourra réfléchir à un moyen de récolter cela plus facilement ou efficacement."

    Puis un détail vient tiquer son esprit, et l'enchanteur incline la tête avec une question venant lui brûler les lèvres. Plus encore que simplement lui demander comment il fait pour tout récolter, un moyen d'en apprendre bien plus, à même la source.

    -"Et avant que je te laisse continuer, car c'est passionnant de t'écouter et j'en apprends beaucoup... Tu penses que ce serait possible que je t'accompagne un jour pour te voir faire et apprendre directement sous ta tutelle ? Je ne veux encore une fois pas te voler ton travail, mais c'est vrai que ça pourrait m'aider, j'ai eut quelques mauvaises expériences durant des petites missions de récolte il y'a peu, et... Bon, disons que j'aimerais être plus autonome pour que cela ne se reproduise pas, et que je puisse appliquer ce que j'apprends sur des plantes du monde entier et pas uniquement des Montagnes."

    Suite à cette demande plus qu'osée il vient se taire, le regard pourtant brillant d'une curiosité et d'un espoir qu'il ne cherche même pas à camoufler.
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Dim 6 Fév 2022 - 22:46 #


    Frey avait un peu de mal à se positionner par rapport à Ivoire. Son caractère était particulier et, en même temps, il ne restait pas insensible à ses protestations destinées à leur signifier qu'il existait et n'était pas qu'un simple objet flottant et pittoresque. Il lui fallut quelques secondes pour assimiler ses propos et froncer les sourcils d'un air perturbé. « Les jeunes » ? Mais est-ce qu'Ivoire ne venait pas tout juste de naître ? Confus, le rôdeur n'eut toutefois pas le temps - et il n'était pas certain d'avoir envie non plus - de laisser échapper une question à ce propos avant que l'artefact ne quitte la pièce. Il ne savait vraiment pas ce qu'il devait en penser, un peu méfiant malgré les tentatives de l'enchanteur de le rassurer, et avait l'impression d'être parti du mauvais pied avec l'ouvrage.

    Son attention fut toutefois bien vite récupérée par Almassar qui l'abreuva de nombreux commentaires sur les usages qu'il connaissait des ces plantes. Ils commençaient à se connaître chacun un peu mieux désormais et s'ils n'en étaient plus à leur première entrevue, Frey appréciait la perspective de venir rendre visite à l'enchanteur car on ne s'ennuyait jamais et il était toujours prompt à lui poser des questions. Le rôdeur avait un plaisir certain à répondre à ses questions et à partager le savoir dont il disposait.

    _ Tu me voles rien du tout tu sais. Le savoir des plantes n'est pas un secret qu'il faut réserver à quelques uns et je peux le partager avec toi comme on me l'a partagé un jour. Moi ça me fait plaisir si ça t'intéresse.

    Évidemment il fallait peut être nuancer légèrement ce propos et mettre à part les techniques d'extraction de sucs vénéneux et autres poisons particuliers. Frey n'aurait pas dévoilé ces secrets au premier venu sous prétexte de la curiosité. Mais Almassar était une personne plutôt lumineuse, du moins c'était l'impression qu'il en tirait depuis le temps, et envers qui il éprouvait une certaine reconnaissance.

    _ Et oui bien sûr, quand tu veux. Ça serait même avec plaisir. Si ça peut t'aider à être plus à l'aise dehors, je ne vais pas dire non. Ça te changera de tous ces livres.

    Il ne se rendit compte qu'un instant trop tard qu'il aurait peut-être dû baisser la voix pour cette remarque, Ivoir étant toujours dans la pièce d'à côté, mais il balaya cette pensée.

    _ Après, la divinam est un cas particulier quand même. On utilise toutes les parties et c'est vrai que c'est un peu fastidieux à récolter mais beaucoup d'autres plantes demandent moins de travail s'il n'y a besoin de prendre que les fleurs ou les feuilles. En fait, les saisons et la conservation sont les deux éléments les plus importants je dirais. Alors si tu as des moyens de préserver plus efficacement les récoltes, ça m'intéresse. Oh et, en parlant d'expéditions...

    Fouillant dans son sac, il en retira ce qui ressemblait fort au manteau rouge bordé de fourrure blanche qui était déjà posée sur la table. À vrai dire, le second était, à y regarder de plus près, plutôt une cape. Il le posa sur la table en l'examinant.

    _ Je voulais te donner ça pour te remercier de la bague que tu m'as offerte l'autre jour - ça me change la vie, je pense pas que tu imagines à quel point. C'est... Je ne suis pas sûr mais le tissu a l'air beaucoup plus résistant qu'un vêtement normal. C'est un peu voyant mais si tu le veux il est à toi.

    Un sourire sincère sur les lèvres, Frey en était presque excité d'enfin donner ce manteau de saint à Almassar. Il avait été tout fou en découvrant son courrier et l'anneau qu'il portait maintenant tout le temps. Ce n'était qu'un juste retour des choses.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 16 Fév 2022 - 17:46 #
    La première remarque arrache un léger sourire peiné à Almassar quand le Mist évoque les livres. Son regard se pose aux alentours, sur ce bureau qui occupe désormais la majorité de son temps et de sa vie. Il est difficile de nier que l'enchanteur passe peut être trop de temps entre quatre murs. Et il allait ouvrir les lèvres pour répondre quand Ivoire, n'en ratant pas une, profite de sa position privilégiée pour répondre.

    -"Pour une fois je suis d'accord avec le gamin âgé, gamin. Tu passes trop de temps dans les livres, te faire sortir ne te fera clairement pas de mal. Tu voulais voir le monde après tout, finalement tu ne vois que le fond de ta théière. Il serait temps d'assumer un peu ses souhaits et ses ambitions !"

    A ces mots, le jeune homme voit son visage qui se ferme alors qu'il dépose sa tasse de thé pour se relever. Ses pas le portent rapidement à la porte qu'il vient refermer, avant de la verrouiller pour s'assurer que le livre ne rentre dans la pièce de nouveau. Et bien sur, à peine l'enchanteur détourné pour revenir s'installer que des coups sourds se font entendre, le Grimoire essayant d'entrer de nouveau, la voix étouffée par l'épais bois qui sépare désormais les deux pièces. Avec un long soupir las, Almassar attrape sa tasse qu'il termine, avant de retourner se servir. Le silence continue quelques secondes, ponctué des paroles d'Ivoire qui ressemblent à une tentative d'excuse ou peut être de provocation. Les coups sur le bois finissent par cesser, et l'homme se retrouve avec un air peiné sur les traits alors qu'il pivote vers Frey, soufflant doucement sur sa tasse.

    -"Ivoire a beau être un con dans sa façon de dire les choses, il a raison. Tu sais, quand je suis venu dans le Nord, à la Forteresse, c'était pour découvrir autre chose. Explorer le monde, voyager. Et résultat, mis à part mes premières expéditions, dont tu as été l'une des heureuses rencontre, je ne fais presque plus rien. J'utilise mon permis de téléportation pour passer de ville en ville, mais rarement pour plus que quelques achats. Et au lieu de m'enfermer dans ma boutique à la Capitale... J'en ai récupéré une ici pour faire la même chose."

    Prenant une gorgée de sa boisson en se dirigeant vers les fauteuils, il en profite pour rapporter la théière et remplir celle de son ami. S'installant de nouveau face à lui, il continue en continuant de boire, semblant totalement impossible à arrêter dans ses confessions maintenant que le barrage s'est rompu.

    -"Et comme je le disais avant, même si je me suis perdu en forêt quand tu m'as rencontré, je ne peux pas nier que ce voyage et ce que tu m'as montré m'a donné gout à continuer les explorations et les expéditions. Certes ce gout à été atténué par ma propension à profiter du confort et du luxe que je peux avoir à portée de main, mais il est vrai que repartir dans la nature pour en apprendre plus, tant pour mon métier que pour moi même... Ce serait une belle occasion d'essayer de me bouger."

    Après avoir fini de parler, Almassar baisse la tête. Il en a trop dit, et il le sait. Il n'avait pas envie d'ainsi accabler son ami de ses maux, surtout que ces derniers viennent de sa propre paresse et de ses propres défauts. Plutôt que de continuer, il souffle quelques excuses dans sa tasse en laissant le Mist continuer de parler et expliquer la méthodologie d’extraction ainsi que l'importance du temps. Appréciant cette conversation simple qui le sort de sa torpeur presque léthargique, le chercheur cligne des yeux en voyant le manteau, un grand sourire étirant ses traits alors qu'il vient s'en saisir, laissant sa magie infuser quelques secondes l'objet, avant de souffler un rire en se redressant, partant chercher un couteau.

    -"Tu as raison, c'est un tissu enchanté ! Il est fait pour encaisser les coups, c'est littéralement une armure en tissu. Regarde."

    Attrapant la lame, il vient l'enfoncer dans le manteau... Et justement, elle ne s'enfonce pas. Elle ripe sur le tissu. Pour prouver ses dires, il recommence plusieurs fois, avant de se rapprocher du Mist en repliant le vêtement et rangeant l'arme, déposant le tout à coté d'eux.

    -"Si tu veux le garder maintenant que tu sais ce que cela fait, je n'en prendrais pas ombrage tu sais. Tu pourrais très bien avoir besoin de quelque chose du genre pour éviter les mauvaises rencontres, même malgré ton don. Si malgré tout ce tu veux quand même me le donner, merci... Ca signifie beaucoup pour moi. Tant ce cadeau que ton oreille attentive..."
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Sam 19 Fév 2022 - 15:07 #


    À la nouvelle intervention d'Ivoire, Frey plissa un peu le visage à la manière de quelqu'un qui entend une remarque malaisante qui n'aurait pas dû tomber dans son oreille. Non pas qu'il était gêné de la situation d'Almassar, mais il venait de comprendre à quoi lui faisait penser le livre : à ces petits vieux des places de villages qui râlaient tout le temps sur tout, et cette perspective avait un quelque chose de terriblement effrayant, en ce qu'il comprenait maintenant qu'Ivoire était né vieux avant d'avoir connu la jeunesse. Même Frey réussissait à deviner qu'il ne devait pas avoir beaucoup d'amis et il se demanda à quel point Almassar supportait l'ouvrage. Est-ce qu'il regrettait de l'avoir créé ? La question était délicate et probablement déplacée - il la tairait donc - et tout ce qu'il espérait c'était que l'enchantement sur lequel il travaillait pour lui n'ait pas les mêmes « dérives de caractère ».

    Il écouta cependant les confidences d'Almassar avec attention, voyant bien que son expression changeait un peu. Même si Frey ne trouvait pas qu'il s'agissait là d'un obstacle insurmontable, il comprenait que ça puisse affecter l'enchanteur et cela faisait naître en lui une part de compassion, un élan lui intimant de l'aider comme il pouvait si c'était en sa mesure.

    Portant la tasse de thé à ses lèvres, il en bu un peu pendant qu'Almassar faisait ses étranges manipulations pour... Deviner les propriétés de l'objet ? Le ranger était à la fois curieux et impressionné de voir avec quelle expertise et rapidité il faisait ça. Indéniablement, il était bon. Il repoussa doucement le vêtement vers lui.

    _ Non, garde-le, tu en auras plus besoin que moi. J'ai déjà mon armure et puis ce manteau est assez voyant.

    Lui saurait se débrouiller même dans les pires situations - ou du moins il avait quand même plus de chances que la plupart des gens - là où Almassar aurait besoin de toute l'aide qu'il pouvait récupérer. Frey serait chiffonné d'apprendre qu'il s'était fait mâchouiller par une bête quelconque juste parce qu'il était sorti cueillir des plantes.

    Posant sa tasse sur la table, il hésita un instant, cherchant des mots qui devaient porter une subtilité plus fine que ce qu'il avait l'habitude d'exprimer. Il y avait, quelque part en lui, un part qui éprouvait un sentiment un peu fraternel et protecteur.

    _ Tu sais Almassar, tu es encore jeune, et je ne dis pas ça négativement, mais tu as toute la vie devant toi pour accomplir ce que tu veux accomplir. Ta boutique ou tes aventures, tu pourras faire les deux, tôt ou tard, et ça ne tient qu'à toi d'aller là-dehors pour voir du paysage. Si tu sens à l'intérieur que ta place n'est pas entre ces quatre murs, rassemble quelques affaires, quelques ressources, et lance-toi.

    Peu de gens comprenaient à quel point Frey était loin dans l'isolement, parfois, lancé dans les forêts sauvages et les petits sentiers empruntés uniquement par les animaux. Si sa pratique de la survie paraissait souvent couler de source dans la simplicité avec laquelle il l'éprouvait, c'était parce qu'il ne faisait que ça, tout le temps, depuis des années maintenant, en plus d'avoir perçu le monde sous les traits d'une bête durant un temps... Que lui-même avait du mal à quantifier. C'était une vie dédiée à la nature, passée à l'affronter, à marcher avec ou contre elle et à souvent galérer.

    _ Si tu veux venir avec moi, m'accompagner quelques jours où quelques semaines, ça me ferait très plaisir. Tu es... Une des rares personnes qui sait alors, et ben alors c'est plus facile pour moi. Et de toutes façons, c'est très rare les gens qui ne s'attachent pas à des endroits. Même moi je reviens de temps en temps, ici ou au Village perché, dans des hameaux là ou là, quand l'hiver devient trop dur, quand le silence est trop pesant. Ta boutique peut te servir de point d'attache pour lancer tes expéditions. Tu visites les environs immédiats, tu apprends à te repérer sur les montagnes les plus proches, et petit à petit tu vas un peu plus loin, un peu plus longtemps, avec plus d'assurance. Ici, les saisons changent vraiment complètement la montagne, alors tu en as facilement pour plusieurs années dans le nord avant de t'ennuyer.

    Parfois, il arrivait que Frey se pose cette question : est-ce qu'il s'ennuyait ? Ce besoin d'aventure, il l'avait ressenti longtemps, et maintenant encore il l'éprouvait, bien que sous une forme différente, avec des ambitions ayant évolué.

    _ Y a des choses qu'on n'apprend pas dans les livres, alors fais ce que t'as envie de faire tant que tu peux. Y a pas grand chose d'autre qui compte pour qu'à la fin t'aies pas de regrets.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 6 Avr 2022 - 19:36 #
    Avec un hochement de tête suivi d'un sourire sincère, l'enchanteur dépose le manteau sur ses genoux, laissant le bout de ses doigts parcourir le tissu enchanté formant le vêtement. Certes l'objet est voyant, mais Almassar est loin d'être doué pour la discrétion. Autant dire qu'un peu de couleur de plus ou de moins ne risque pas de changer grand chose si jamais il tentait de jouer aux infiltrations spontanées. La protection ainsi offerte par cet étrange manteau par contre, elle, pourrait bien s'avérer vitale lors de situations délicates. Et si ses mains elles sont totalement distraites, son attention est au contraire totalement concentrée sur le Mist alors qu'il reprend la parole. On pourrait presque dire que le jeune homme boit les mots de celui qui est à la fois son ami et son ainé, doté d'un âge indéchiffrable et d'une sagesse qui semble l'égaler.

    Durant toute la longue tirade de son ami, le brun ne dit absolument rien. Seul le silence de ses pensées est audible, rythmé par les quelques gorgées de thés avec lesquelles il fait descendre cette conversation. Oser explorer le monde. C'est ce qui l'a poussé à venir ici, et ce qui devrait l'inciter à ne pas s'éterniser et surtout s'empâter dans cette nouvelle boutique. Trouver l'équilibre entre voyage, aventures et stabilité est un difficile jeu d'équilibriste auquel l'homme ne se prête encore que difficilement. Il apprends peu à peu, bien sur, mais le chemin à parcourir est encore long. Et quand enfin le ranger lui laisse la parole, l'enchanteur hoche légèrement de la tête.

    -"Merci de tes conseils. Je pense que tu as raison, je dois oser un peu plus. Comme tu l'as dis, les livres c'est magnifique, mais cela n'apprend et ne montre pas tout, même vis à vis de l'enchantement. Et si j'ai enfin une situation stable à la Forteresse, ce serait dommage de se reposer uniquement sur cela, et ne pas se servir de cette stabilité pour en découvrir plus. Je peux toujours revenir ici pour me ressourcer, quand j'en ai besoin ou que j'ai du travail après tout. Et ce serait terrible de s'empâter alors que le monde m'ouvre ses bras !"

    Un léger rire suit la phrase du chercheur qui finit par déposer le manteau contre l'assise à coté de lui. Tout en se redressant, il vient poser les coudes sur ses genoux et presser son menton contre ses mains qu'il vient lier, penchant légèrement la tête avant de reprendre.

    -"Et ce serait un plaisir de t'accompagner durant l'un de tes voyages en montagne. Je pourrais en apprendre beaucoup sur la survie et sur comment me débrouiller seul en pleine nature. Et je pourrais te montrer le fonctionnement de certains objets magiques. Car quand tu me parlais de processus d'extraction compliqués, voir impossibles, il faut que je te présente certaines inventions. Dont une qui permet de conserver dans un état parfait tout ce qui est rangé dedans. Ce serait idéal pour certaines plantes que tu m'as décris peu auparavant."

    Sans les commentaires d'Ivoire trop occupé à bouillonner dans l'autre pièce et avec la perspective de nouveaux voyages, l'humeur de l'enchanteur s'améliore peu à peu. Son esprit se focalise sur des sujets qu'il maîtrise mieux. Plutôt que de voir le négatif, essayer d'assimiler le positif. Il est loin d'être sans ressources, et si ce n'est pas le plus débrouillard au monde, il apprend vite. Oui, avec quelques conseils et un peu de guidage de personnes plus expérimentées, nul doute qu'il pourra s'en sortir et même peut être s'épanouir même au milieu de la nature la plus sauvage -bien au chaud dans sa théière une fois la nuit tombée, bien sur. Il n'est pas un animal, quand même-.

    Et c'est justement ce changement d'humeur qui finit par l'inciter à se redresser une fois sa tasse vide, reposant cette dernière sur la table avant de fouiller dans la pièce pour retrouver son carnet. Le déballage fait par le Mist a crée un sacré bordel dans la pièce, mais encore une fois Almassar est habitué au chaos contrôlé. Les pièces encore inconnues pourront être examinées plus tard, et c'est en se réinstallant dans son petit coin de tranquillité que le brun laisse son regard aux pulsations mauves voguer entre son ami et son carnet, ouvrant ce dernier tout en le tapotant du doigt.

    -"Attention, je te prends au mot et je compte bien que tu m'emportes avec toi en voyage quand nous en aurons l'occasion. Mais je présume aussi que tu es aussi intéressé par des nouvelles à propos de l'enchantement que je te prépare. Comme tu as pu le voir avec Ivoire, ce que tu souhaites obtenir est possible. Bien sur, tu ne fais pas la même masse qu'un livre, et il y'aura plus de conditions, ça ne sera par exemple pas permanent... Mais je peux te redonner la capacité de voler comme tu le souhaites. sur des durées de temps limitées, mais je peux le faire. Et avec tout ce que tu m'as ramené en plantes, j'ai surement tout ce qu'il me faut pour préparer ton enchantement. A toi de me dire quand tu souhaiterais le faire, ou si tu souhaites approfondir des détails précis pour être sur de ce que tu veux."

    Récupérant un crayon, l'enchanteur penche la tête. Il se doute bien que le ranger va avoir bien des questions, surtout pour quelque chose de si important. Et il va essayer d'y répondre de son mieux, même si la tâche ne s'annonce pas aisée. Faire voler quelqu'un, ce n'est certes pas du domaine de l'impossible, mais ça reste un enchantement particulièrement lourd à appliquer.
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Ven 8 Avr 2022 - 4:05 #


    Rien n'était jamais aussi simple dans la vie que de vouloir une chose pour qu'elle survienne. Mais au moins Almassar semblait-il quelque peu revigoré, son expression plus légère alors que la perspective de potentiels nouveaux voyages se dessinait. Accompagner les gens dans la nature parce qu'ils cherchaient des plantes ou des vieilleries enterrées, c'était utile quelques temps afin de se faire quelques cristaux, mais ce n'était pas toujours synonyme d'un partage facile. Inévitablement ces gens ne faisaient qu'aller et venir, et finissaient toujours par disparaître une fois rappelés aux préoccupations des vies qu'ils menaient, empreintes d'une routine sédentaire. Ce n'était pas ce que pouvait vivre Frey, qui avait rapidement le sentiment d'étouffer s'il restait trop longtemps au même endroit, finissant par tourner en rond dans une prison pourtant sans murs. C'était très variable et il pouvait se passer quelques mois avant que cette impression ne survienne, mais chaque fois elle revenait. C'était parfois un peu comme une fuite en avant, où il esquissait une réponse vague quand on lui demandait pourquoi il ne resterait pas plus longtemps. Mais ici, la perspective de voyager librement avec une autre personne de laquelle il n'avait pas besoin de se cacher ou de modifier ses habitudes était comme une chaleur à laquelle il ne goûtait que trop peu souvent. Almassar n'avait peut-être jamais vu Frey autrement que sous sa forme humaine, mais au moins lui savait et c'était le cœur léger qu'il imaginait volontiers un séjour dans la nature avec lui. Il y avait nombre de choses qu'ils ne connaissaient pas chacun l'un de l'autre, mais il avait l'intuition qu'en donnant du temps au temps, il était possible qu'ils deviennent bons amis - et alliés.

    Autant dire tout de suite qu'Ivoire pourrait rester dans la boutique pendant ces quelques semaines, à servir de cale pour les pieds d'une table ou d'un meuble quelconque.

    Pour le reste, il fronça un peu des sourcils à l'évocation d'outils magiques permettant de conserver ce qu'on y mettait dedans, penchant légèrement la tête sur le côté. Est-ce qu'Almassar avait une sorcellerie pour tout ? Parfois, il lui faisait l'impression d'un collectionneur un peu fou qui trouvait un tas d'affaires magiques loufoques on ne savait comment. Le rôdeur avait du mal à imaginer ce qu'il lui décrivait et, pourtant, l'enchanteur avait piqué sa curiosité. Pas besoin d'être un génie pour envisager les facilités procurées par un tel objet.

    _ Oui, avec plaisir.

    Même si, dans le fond, une part de lui sentait venir le déballage d'un tas incroyable d'objet aux fonctions toutes plus exotiques les unes que les autres.

    Écoutant le reste avec un intérêt certain, son attention se concentra entièrement sur les yeux du jeune enchanteur tandis qu'il lui expliquait certains détails. Quelque chose, toutefois, venait de le faire tiquer parmi le nuage de questionnement qui flottait toujours un peu à la frontière de son esprit. Il sembla penser l'espace de longues secondes, avant de finalement se décider.

    _ Je suis prêt à le faire dès que tu me diras que c'est possible.

    Il n'en rajouta pas, mais il avait déjà signifié à Almassar qu'il était prêt à subir des pénibilités élevées si ça pouvait lui permettre de retrouver une plus grande liberté, même s'il lui fallait souffrir le martyr pour ça. Et comme il n'y connaissait rien en enchantements, il ne pouvait que se fier à Almassar et tenter de taire les inquiétudes qui pouvaient survenir.

    _ Est-ce que c'est dangereux ? Est-ce que quelque chose peut mal se passer ? Est-ce que tu as besoin d'étudier mes lignes blanches ? Comment tu fais ?

    Il n'avait aucune pudeur à se mettre nu devant quelqu'un si c'était nécessaire. À vrai dire, c'était plus le fait de dévoiler ce qu'il considérait comme une vulnérabilité, voire même une honte, qui le laissait un peu réticent.

    _ Tu parles de masses mais...

    Il réfléchit une seconde de plus. Évidemment il fallait que la situation ne soit pas aussi simple qu'un cas d'école.

    _ Ma forme humaine ne fait qu'une fraction de mon poids réel. Si je m'empêche de flotter, je pèse, euh... Lourd. Peut-être... Peut-être que je devrais te montrer.

    L'endroit n'était pas le meilleur, la présence d'Ivoire était une réticence et choisir de se montrer sous son vrai visage était toujours un peu intimidant. Il avait souvent omis ce point, par facilité, avec Almassar. Il ne lui avait jamais non plus dit qu'il était blanc, ce qui était peut-être l'élément le plus dangereux à dévoiler. Dans le fond, il n'était pas très à l'aise avec ça, mais la perspective de faire rater quelque chose par manque d'informations étaient plus dérangeante encore et le poussait à aborder le sujet. Almassar ne pourrait de toutes façons pas travailler à l'aveugle.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Dim 24 Avr 2022 - 2:42 #
    Même si l'idée d'une expédition ensembles les motive tous deux, bien sur que la conversation dérive rapidement sur la demande de Frey qui date désormais de plusieurs mois et qui arrive enfin à sa conclusion. Le déballage d'objets magiques qui compose le sac d'Almassar attendra une prochaine fois, et le Mist a raison de craindre. De grandes choses peuvent se passer, avec l'arsenal civil que se balade l'enchanteur. De terribles choses, mais grandes. Le léger sourire qui étire les lèvres du jeune homme parle pour lui, et définitivement le rôdeur ne sera surement pas au bout de ses surprises quand le moment arrivera. Mais pour l'instant, le sujet sur la table est autrement plus important. Le crayon tourne entre les doigts de l'enchanteur qui se canalise et se contrôle ainsi, prenant une poignée de secondes pour réfléchir sérieusement à la première demande de son ami. Le temps ne sera surement pas un problème, mais il n'est pas non plus possible d'aller plus vite que les grains qui maintiennent la stabilité du monde même. Le regard marron aux reflets violines glisse sur la table et les diverses plantes qui y sont posées, celles rangées dans ses armoires. Un calcul rapide de la date théorique, et ses pupilles reviennent se river sur le Mist.

    -"En travaillant bien demain, après demain matin dans la matinée je peux me charger de ton enchantement. Toute la théorie est prête, Ivoire prouve que la pratique fonctionne, je dois juste préparer l'encre que je vais utiliser et les diverses poudres qu'il me faudra avec cette dernière."

    Les questions tombent ensuite comme des feuilles en automne, laissant le chercheur en une frénésie de notes. Il se doute bien que le flot ne va pas se tarir de sitôt, et chacune mérite une réponse sérieuse. Plutôt que d'en oublier dans le mitraillage verbal, l'homme préfère simplement les coucher sur le papier sans rien dire, hochant simplement la tête en bougeant légèrement les épaules et le buste pour se replacer, signe qu'il écoute toujours attentivement ce que lui explique Frey, même si son regard et son attention semble rivé sur son carnet. Le commentaire sur la masse faut un trait sous une ligne, surement un détail qu'il voudra approfondir. Puis enfin vient son tour de reprendre la parole. Sa main cherche la tasse, avant de se rendre compte qu'elle est vide et la reposer sur la table, avec un léger signe de tête amusé à sa propre étourderie.

    -Alors pour y répondre, oui j'aimerais bien te voir sous ta forme naturelle, cela pourrait m'aider et me permettre de confirmer certains éléments. Je peux faire sans si jamais tu ne souhaites pas la dévoiler, mais ce serait un gain de temps et de précision certain. Néanmoins si tu veux vraiment faire cela, il faudra surement mieux attendre demain."

    Comme toujours il laisse au rôdeur une porte de sortie, tout en l'avertissant des avantages et inconvénients des deux options. Il gagnerait du temps et surtout effacerait presque toute chance d'erreur en pouvant confirmer ce qu'il présume, mais il ne veut pas non plus le forcer à se dévoiler ainsi. Une fois que son compagnon de soirée semble avoir fini de juger dans sa propre tête ce qu'il souhaitait faire, Almassar reprend.

    -"Si tu acceptes, j'en profiterais aussi pour examiner tes lignes. Vu qu'elles viennent d'un enchantement précédent, cela me permettra encore une fois de calibrer plus précisément ma propre magie pour que les deux n'entrent pas en conflit. Je pourrais aussi faire cela avant d'attaquer le travail, comme tu préfères."

    Vient maintenant le plus complexe. Frey a ouvert la boite de Pandore en lui demandant des explications techniques, et bien sur, l'enchanteur saute à pieds joints dans cette ouverture, ce serait dommage autrement. Et maintenant qu'Ivoire, seul élément capable de canaliser au moins temporairement ce barrage est parti Lucy sait où... Le Mist se retrouve seul, isolé, face à ce qui l'attend.

    -"Alors, dans l'ordre. Est-ce dangereux ? Oui, et non. Ta vie ne craint rien, ton corps non plus. Si jamais l'enchantement ne marche pas, tu auras une mauvaise surprise à la première utilisation, ou une sensation désagréable voir douloureuse. Bref, ça peut être une mauvaise expérience mais tu ne crains réellement rien, sauf si ça arrive dans un moment critique. Et tu te doutes bien que je prends toutes les précautions nécessaires pour que cela n'arrive pas et que tu te sentes en forme dès le lendemain de l'apposage du tatouage.."

    Une respiration, une seule. C'est tout le répit qu'aura le rôdeur avant la suite.

    -"Ce qui peut mal se passer... Une fatigue extrême peut mener à une erreur, ou je peux avoir raté mes dosages préalablement. J'en profite pour te prévenir qu'au vu de ce que tu demandes, cela risque de prendre une bonne partie de la journée. Je prévoirais de quoi faire une collation du midi sans avoir trop à préparer pour justement nous permettre de récupérer. Et non, mis à part une sensation un peu étrange d'ainsi être infusé d'une magie qui n'est totalement liée, ce n'est pas dangereux tant que cela n'est pas durant une période trop étendue de temps."

    Cette fois, c'est deux, trois respirations qui laissent présager de ce qui arrive. Almassar arrive à parler tout en respirant, lui offrant la capacité d'enchainer sans presque aucun arrêt de manière répétée. Cette fois le crayon coulisse entre ses doigts en un rythme accéléré alors que la question qui enflamme sa passion revient sur le devant de la scène.

    -"Comment je fais. Si j'explique le détail, je risque d'en avoir pour la nuit donc je vais essayer de faire au plus simple, clair et compréhensible. Cela inclut plusieurs éléments différents. En premier, une encre particulière que je fabrique moi même, qui est réceptive à la magie. Vois ça comme une toile vierge que j'appose directement sur ta peau pour créer la forme du tatouage. Je pourrais le faire de plusieurs manières différentes, mais la plus rapide, couteuse mais aussi la moins douloureuse implique d'utiliser comme moi une base magique pour ne pas avoir à l'incruster dans ta peau avec une aiguille comme un tatoueur classique. Comme ça, au lieu de piquer ta peau des centaines de fois sur plusieurs heures voir jours, je peux simplement... La modeler à mon envie et ma volonté, lui donner la forme souhaitée et la laisser pénétrer les pores de ta peau pour reproduire la forme désirée, avec l'aide d'une poudre que je prépare aussi. Les deux comportent justement une bonne partie des plantes que je t'ai demandé, d'où mon besoin."

    Avez-vous entendu parler de notre seigneur et sauveur à tous, la masse d'armes ? Surement le seul moyen encore efficace pour faire taire le passionné, en cet instant précis.

    -"Une fois l'encre et la poudre apposée et le tatouage installé, vient la partie la plus longue et la plus épuisante, infuser la magie dedans. Cela prends un temps qui dépends de la taille du tatouage et de la puissance qui va y être insufflée. Comme je le disais, pour ta demande on peut compter au bas mot une demi journée de travail. On va finir tous les deux épuisés, même avec une pause repas. Et pour ce qu'il s'y passe, comment expliquer... Imagine  que ton tatouage est un puzzle que je ne dois pas simplement mettre dans le bon ordre mais aussi tisser. Je transforme la magie présente dans l'encre en y insufflant la mienne, pour peu à peu la modeler en l'effet désiré, d'où mes questions et le besoin d'être précis dans le souhait. Une fois cela fait, je viens l'incruster, tant physiquement que mentalement à ton être. Cela demande des pauses régulières et de se détendre, car si c'est ta première fois tu risques d'être peut être surpris de la sensation de sentir une toute nouvelle source de magie en toi et interagir avec qui tu es. Mais c'est sans danger, et je répondrais à tes questions à chaque arrêt pour t'aider à t'y habituer à ton rythme. Puis enfin, une fois le travail terminé, compte un ou deux jours pour récupérer et arriver à "dompter" cette modification."

    Enfin Almassar cesse de parler, presque à bout de souffle, presque. La gorge sèche, il se relève pour chercher de l'eau, récupérant une carafe qu'il dépose sur la table avant de remplir son verre et de le vider aussi sec. L'enchanteur repasse rapidement dans son esprit les questions que lui a posé Frey, mais il pense y avoir répondu au mieux. Maintenant, il ne peut que prêter de nouveau une oreille attentive au rôdeur et essayer de lui expliquer au mieux ce qu'il souhaite savoir, car il ne lui a nullement caché la vérité. C'est peu risqué avec les bonnes précautions, mais ça sera long. Et surtout, surement particulièrement surprenant pour un homme, ou plutôt un Mist, qui a eut si peu de contacts avec cette façon d'user et manipuler la magie...
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 15 Juin 2022 - 0:42 #


    Almassar n'y allait pas de main morte, comme d'habitude, mais le cheminement de ses explications était étonnamment clair même pour l'esprit novice de Frey. Le regard un peu déphasé, il réfléchissait en même temps que son ami lui parlait, essayant de se figurer ce qu'il lui racontait, d'anticiper la sensation, la douleur, les changements que cela allait apporter dans son corps et qu'il lui exposait. Quelque part, il en vint à la conclusion que cela ressemblait à une sorte de tricot. Un tricot géant pour lequel il utiliserait une aiguille qui viendrait tisser la toile d'une magie dans sa peau et ses chairs. Une magie qu'il insufflerait lui-même en lui et qu'il modèlerait à sa guise. Quelque part, tout au fond, il y avait un quelque chose de profondément intime dans le processus et dans la confiance que cela demandait. Frey s'était ouvert petit à petit au contact d'Almassar sur des sujets qu'il évitait en général, mais il devait admettre qu'il ne réussirait probablement jamais à se défaire de cette petite fraction de lui qui se demanderait toujours : et si ça se passait mal ?

    Pas qu'il avait peur d'avoir mal, non, mais plutôt qu'il répugnait d'une façon viscérale à l'idée d'être à la merci d'une magie qui serait tissée en lui et dont il n'aurait aucun moyen de vérifier les effets avant que ça ne soit terminé. Des contes où des monstres s'étaient fait arnaquer par des humains rusés, il y en avait pléthore, mais le rôdeur avait aussi conscience de ses failles et durcissait son esprit pour se faire violence. Avait-il confiance en Almassar ? Se poser la question laissait un goût particulier sur la langue.

    L'enchanteur avait bien saisi qu'il y avait cet instinct farouche et prêt à défier le monde qui vivait en lui, ne serait-ce que par certaines de leurs discussions ou parfois ses réactions. Mais une chose le frappa alors : il tentait presque trop de le protéger. L'intention était touchante, mais aussi désagréable serait l'épreuve, Frey ne voulait pas la traverser les yeux fermés.

    _ C'est gentil d'être aussi arrangeant Almassar mais, tu sais...

    Il ne voulait pas qu'il voit ça comme une sorte de dédain, et lui même avait du mal à trouver la formulation exacte pour exprimer sa pensée, alors il hésita un instant.

    _ S'il faut que tu me plantes une aiguille dans la peau un millier de fois pendant trois jours, alors je suis prêt. Je n'ai pas peur de la douleur.

    Il avait dit ça avec une implication subtile et lointaine mais qui voulait dire, quelque part, que traverser l'océan d'une patience mise à l'épreuve par la souffrance répétée d'une pointe serait presque un mal nécessaire. Si on cherchait bien, il y avait probablement un peu de masochisme là-dedans, persuadé que s'infliger ça au corps confèrerait un caractère plus symbolique encore à la chose. Comme une manière de tenter de briser à la racine certaines réticences par une violence qu'il aurait choisi de subir. On n'avait rien sans rien, et la magie avait toujours un coût, c'était une loi immuable.

    C'était cette pensée, également, qui faisait jaillir en lui l'urgence d'un besoin de dévoiler à l'enchanteur ce qu'il ne lui avait pas encore montré. Ça n'était certainement pas l'endroit idéal, là au cœur d'une civilisation avec laquelle il entretenait des liens doux-amers, encore moins avec le vieux livre ronchon et antipathique dans la pièce d'a côté, mais il y eut soudain une tension invisible qui hérissa inconsciemment les poils de la peau de Frey. Une pression inconsciente qui battait à ses tempes au même rythme que son pouls, qui chaque seconde le poussait un peu plus à franchir ce pas, à céder à cette force qui tendait subtilement la chair sous sa peau, crispant les muscles dans un quelque chose de muselé mais qui n'aurait besoin que d'une pensée pour exploser. En ce moment précis, c'est comme si son aura avait essayé de remplir toute la pièce, écrasante bien malgré elle, prélude à la taille de son corps hors de son enveloppe humaine.

    Une seconde, on aurait pu jurer qu'une de ses mèches n'avait pas juste bougé, mais avait à la place entamé le mouvement de flottement si particulier qu'il arborait quand il ondoyait en lévitation. Un éclat de brutalité clandestine passa dans son regard, avant de disparaître tout aussi tôt. Il serra un instant la mâchoire, déterminé.

    _ Ça sert à rien d'attendre la dernière minute.

    D'un geste machinal, il commença à défaire les attaches de sa veste en cuir, des sangles de sacoches, de sa ceinture et ainsi de suite. Il commença par ôter le haut, pour ensuite enlever ses vêtements et dévoiler les fines lignes ésotériques blanches qui étaient incrustées sous sa peau et dans sa chair, courant le long de ses muscles dans une certaines harmonie choisie. Un tatouage sur l'ensemble de son corps qui demanderait qu'il retire bien plus que juste le haut.

    _ Je veux juste pas que ton livre voit tout ça.

    Tout ça. C'est à dire lui, en réalité. Il n'avait aucune confiance en cette créature, et son ton et son image ne l'incitaient certainement pas à lui dévoiler de tels secrets, même si l'enchanteur avait déjà pu potentiellement lui parler de ses recherches. La poudre de cristal clair laissait parfois timidement apercevoir un reflet scintillant discret presque moiré. Il y avait là un mystère qu'il n'avait jamais élucidé, et il n'avait probablement pas conscience de la fortune qu'il avait fallu pour réaliser cet ouvrage.

    L'orage qui avait grondé sous sa peau avait disparu, pour l'instant, mais il y avait toujours dans ses gestes cette atmosphère si particulière qui trahissait parfois la nature d'un quelque chose de pas tout à fait humain en lui : un condensé d'instincts, de regards silencieux et de réflexes qui évoluaient à un niveau non verbal et que les humains ne savaient plus parler depuis longtemps.
    Almassar HeckelCitoyen
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 15 Juin 2022 - 9:57 #
    Il faut quelques instants au rôdeur pour ingérer tout ce qu'Almassar lui bombarde comme informations. Il faut dire que ce dernier est loin d'être muet, surtout quand il s'agit de parler de ce qu'il aime. Et plutôt que de surcharger l'esprit de son ami d'informations, il préfère le laisser les ingérer à son rythme. Il pourra toujours répondre plus tard à ses interrogations. Et a la déclaration du Mist, le jeune homme s'apprête à ouvrir la bouche, avant de la refermer, comprenant finalement la métaphore ainsi filée. Si la douleur ne sera surement pas physique, le brun ne peut clairement pas promettre qu'il n'y en aura pas, de douleur. Surtout en venant ainsi tisser sa propre magie sur un enchantement si complexe. Et dans tous les cas, il y'a peu de chances que passer ainsi plusieurs heures pour ne pas dire la journée entière soit un exercice particulièrement agréable.

    Néanmoins, c'est la déclaration suivante de Frey qui prend le chercheur au dépourvu. Si il a bien senti que le rôdeur était hésitant dans ses choix et la marche à suivre, ce qui est bien normal vu la quantité d'éléments dont certains fort peu rassurants qui ont été présentés, l'homme semble avoir soudainement choisi sa voie et pris sa décision. Ce n'est pas pour perturber Almassar, mais il est vrai qu'a aucun moment il ne pensait que le Mist voudrait se transformer ici. Son regard glisse à droite, à gauche. Si son bureau est assez grand, impossible qu'il puisse se transformer sans causer un peu de casse. L'enchanteur se retrouve pris entre deux feux, entre sa curiosité d'observer ces lignes enchantées sur le corps de Frey ou préserver son bureau. Et finalement, c'est la seconde option qui prend forme alors que tout ce qui traine sur la table est rapidement rangé dans les sacs de leurs propriétaires respectifs.

    -"Ne t'en fais pas, Ivoire est à coté et il n'a pas encore la capacité de traverser la matière."

    La voix a un ton mi amusé mi pressé alors que la fée du logis improvisée essaye d'éviter la casse possible. Bien loin de son esprit est l'idée que Frey s'amuse volontairement à ainsi lui faire croire qu'il va entièrement se transformer. Et une fois les premières couches d'habits retirés, et la majeure partie des objets sensibles trainant à droite et à gauche rangés, Almassar cligne des yeux en voyant que plus rien ne bouge, du moins physiquement. Car l'enchanteur sent bien qu'il y'a quelque chose d'autre, que le rôdeur contient pour le moment mais qui aimerait s'échapper. Finalement, ce rangement improvisé n'aura peut être pas été inutile alors que l'homme attrape crayon, carnet, et un petit flacon contenant une poudre aux reflets d'ébène tout en redressant le regard sur Frey.

    -"Je peux examiner l'enchantement présent sur toi ? Et aussi faire quelques tests, rien de dangereux, je veux juste voir si ce que j'utilise habituellement sera compatible."

    Comme toujours il attend l'assentiment de ce dernier avant de s'approcher. La magie et l'enchantement ont beau être des éléments majeurs de la vie de cet habitué de la nature, il en garde une certaine méfiance et crainte bien compréhensible. Une fois l'accord donné, Almassar s'approche avant de commencer à examiner les différentes lignes présentes. Si cela n'est pas aussi précis qu'un examen réel -qui impliquerait arriver à récupérer une partie de la substance pour en découvrir les composantes précises-, cela permet, combiné aux affirmations égrainées par l'homme au fur et à mesure de leur conversation d'avoir une bonne idée de ce qui l'attend. Son regard brille d'une curiosité et d'une frénésie professionnelle contenue uniquement par respect pour son ami. C'est de son corps qu'il s'agit après tout, il ne va pas le traiter comme un simple cobaye ou sujet d'expérience, même si tout ce qu'il voit sous ses yeux le lui hurle.

    -"Normalement, il n'y aura pas de problèmes majeurs. Je tiens juste à vérifier quelque chose, il se peut que je doive légèrement changer ma formule pour toi, vu que tu as déjà de la poudre engravée sur ta peau, je préfère éviter les conflits."

    Débouchant sa fiole, il verse sur son doigt un peu de cette poudre lui servant à préparer ses enchantements. Son esprit essaye de calculer à l'avance ce qu'il va se produire, avant de la déposer sur l'une des lignes déjà présentes sur l'épaule du Mist. Une poignée de seconde passe, et la réaction ne se fait pas attendre. C'est surement désagréable pour le rôdeur qui a l'impression de sentir son épaule le picoter et légèrement le bruler, et Almassar lui même voit bien que le mélange ne prend pas comme il ne le devrait et semble même avoir une réaction contraire. Attrapant un petit linge pour rapidement enlever la poudre de la peau de Frey et éviter que cela ne dure trop longtemps l'enchanteur pousse un soupir et recule, pressant sa joue de deux doigts pour réfléchir.

    -"C'est bien ce que je pensais, vu que tu as déjà énormément de poudre de cristal sur toi et en toi, même en usant de cristaux différents cela ne semble pas bien s'accorder. Ce n'est pas grave, j'utiliserais un autre genre de poudre pour faire mon encre. Cela sera peut être un peu moins agréable à la pose, je préfère prévenir tout de suite. Mais cela n'aura aucun effet négatif sur ton enchantement."

    Notant dans son carnet ses constatations, le brun redresse ensuite le regard vers son ami qui aura surement de nombreuses questions à lui poser à ce sujet, étant donné que l'enchanteur vient tout juste de finir ses tests sur son propre corps. Définitivement, le fait que l'enchantement présent en lui soit le fruit d'un tatouage et non d'un don naturel n'aide clairement pas... Mais Almassar ne va clairement pas baisser les bras sur si peu. Cela veut simplement dire qu'il devra préparer une autre mixture à mélanger et à infuser. Et justement, le Mist lui a apporté tout ce qu'il fallait pour cela. C'est juste moins agréable d'infiltrer dans les pores de la peau de la poudre végétale que minérale. Mais Frey lui même ne disait-il pas qu'il était prêt à subir l'inconfort si il était nécessaire ?
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Mer 13 Juil 2022 - 3:49 #


    Frey s'astreint à la patience, s'emmure dans cette inertie qu'a le mouvement des montagnes, inerte et inamovible, tandis qu'Almassar passe son regard sur lui, sur son corps, sur ce qu'il est et ces étrangetés mystiques qui le composent tout autant qu'elles composent une part de sa vie désormais. Il endure cet examen minutieux avec la fierté farouche de ceux qui n'ont que ce qu'ils sont, et une agitation féline monte lentement mais sûrement dans le sein de son esprit. À l'image de ces chats qui n'agitent le bout de leur queue que par intermittence, en un avertissement subtil mais inéluctable, ou à l'image de ces tas de neige qui laissent dégouter, ci et là, des petits paquets de poudreuses jusqu'à ce que tout finisse par dévaler la pente. Il y a cette tension, sous-jacente, qui croît dans le rythme de sa respiration. Imperturbable, il laisse l'enchanteur s'approcher, s'efforçant de ne pas penser, de laisser couler sur lui sans l'atteindre les pensées parasites qui pourraient venir le déstabiliser. Il sent le crépitement qui s'insinue dans ces veines de cristal qui parcourent la surface de sa peau comme un léger courant qui se serait progressivement animé avant que son ami n'efface tout ça d'un revers de chiffon.

    Pourtant, son corps dégage déjà une chaleur inhabituelle, un empressement contenu au bord d'une ligne de départ, un vertige prêt à surgir sur le bord d'une falaise. Il est en équilibre, entre deux états, son regard glisse en silence vers les quelques fenêtres de l'arrière boutique, qui ne donnent heureusement pas sur le devant de la rue principale.

    Une part de lui se dit que c'est presque trop facile. Suffit-il de lui saupoudrer un peu de cette poussière synthétique pour déterminer les racines du piège qui enserre la nature animale de Frey en lui-même ? Toutes ces années de frustrations, de folies et de régressions intermittentes alors qu'il suffisait de l'assaisonner avec une sorte de poudre de roche comme on assaisonnerait une soupe dans une marmite ? Cette sorcellerie ne pouvait pas être aussi simple, ou bien c'était lui-même qui était ignare mais, enfin, il ne pouvait pas être stupide à ce point-là, non ?

    Le rôdeur referme lentement la poigne de sa main gauche, crispant imperceptiblement les muscles de son bras et de son épaule. Il y avait dans ce geste la lenteur d'un glissement de terrain qui se prépare, une introspection légitime motivée par une pensée qui se tortillait sur elle-même, indécise. Une part de lui voulait se faire monstrueuse, dévoiler un jour inquiétant à Almassar pour lui montrer qu'il ne suffisait pas de jouer avec les forces de la nature, que celles-ci étaient vivantes et que sous ces traits humains se dissimulaient ce que certains trouvaient parfois beau et mignon, là où ils devraient plutôt se méfier des griffes et des crocs. À vrai dire, il n'écoutait plus tout à fait ce que lui disait son interlocuteur et son attention avait dérivée depuis un moment, tentant de  moins en moins d'afficher une concentration attentive.

    Almassar prend ses notes,reporte son regard sur lui, s'attend probablement à ce qu'il enchaîne avec ces centaines de questions qui fusent tout le temps dans l'esprit de Frey. Pourtant, il ne dit rien, fixant un point indéfini devant lui. On aurait pu le qualifier de penseur s'il n'y avait eu cette détermination acérée dans ses yeux. Imperceptiblement, les lignes sur son corps ont commencé à lui un peu, leur luminosité gagnant en puissance alors qu'une force mystique inconnue se mettait à l’œuvre, celle de délivrer ces chairs trop longtemps condensées en une frêle carcasse bipède.

    Ce sont les arrêtes des os qui grincent en premier, s'allongeant en tirant sous la peau en une vision inhumaine, répandant une douleur mesurée qui grandissait comme un feu ardent dans les nerfs du forestier. Bien vite, on eu dit que sa peau était trop étroite pour enserrer la masse de muscle qui se faisait sentir, alors que sa silhouette se déformait, sa colonne s'allongeant dans une série de craquement internet et de réorganisation d'organes qui n'avait rien d'enviable. Il ne se précipite pas, mais il ne prend pas son temps pour autant. Quitte à ce qu'il le fasse, autant donner l'aperçu le plus représentatif à Almassar. Sa bouche se fend d'un bord à l'autre de son visage, inhumanité dévoilée alors que cette peau tirée sur tous les coins se craquèle, change de  texture pour laisser apparaître une série d'écailles en formations et le début d'une fourrure. Son coup s'allonge, ses membres se déplacent sur l'axe de son corps tandis que s'évapore soudain un à un les quelques vêtements et parties d'équipement qu'il lui reste. Il n'est plus qu'un hybride qui efface de plus en plus rapidement les quelques traits d'humanité monstrueuse qui s'affichent encore, tandis que se disparaissent les dernières lignes lumineuses qui parcourent tout son corps désormais. Son pelage blanc se répand le long de son échine comme une gigantesque crinière, ses moustaches pointent le bout de leur nez et flottent avec l'allégresse d'un courant, alors que déjà il se fait plus léger, atteint un poids zéro avant de se suspendre un instant où tout semble arrêté. Le tabouret frémit, quelques babioles ici et là tremblent, alors qu'il s'arrache à la gravité.

    Un grondement sourd monte de ses babines, comme un agacement permanent qu'il lui faudrait plusieurs minutes pour l'évacuer, alors que les six mètres d'encombrement de son corps devient de plus en plus incompatible avec l'espace dans la boutique. Soudain, avec la vivacité brutale qui lui a valu son surnom, il s'agite, se propulse en glissant sur l'espace de cette manière si particulière en se tordant plusieurs fois pour venir s'accrocher à un meuble en hauteur. Son corps est agrippé en grande partie au plafond, son long cou retourné pour être dans le bon sens et pour serpenter jusque vers Almassar, sa queue reposant à demi sur le bureau où les rares choses qui y sont encore entreposées manquent de se faire jeter à terre.

    Il se faufile jusque vers l'enchanteur avec l'agilité et l'aisance d'un courant d'air, le corps animé de ces flottements gracieux si caractéristiques. Il ondule, il flotte. Il ne respecte aucune loi terrestre.

    Son museau s'approche très près d'Almassar, vient humer son odeur à plusieurs reprises avant de souffler par le nez sans ménagement. Il a cessé de grogner, mais on devine à son regard sévère et à la mesure de ses mouvements un quelque chose de sauvage et de contenu, encore une fois. Il n'aime pas être ici, ainsi. Être dévoilé en plein cœur de la cité, dans un contenant si petit et pour se montrer sans qu'il n'ait trop le choix à un humain. Sa queue s'agite un peu plus vigoureusement, va et vient dans une posture alerte et légèrement plus sur le qui-vive.

    Il épingle alors Almassar du regard, le considérant sous un œil nouveau, se reculant légèrement par égard pour celui-ci, qui n'a jamais rien demandé.

    < Et maintenant, Almassar l'enchanteur, que te révèlent tes artifices ? >

    Le ton est égal mais quelque chose a changé. C'est Frey, toujours, quelque part, mais il y a comme une posture différente, un usage des mots différent. Il est une force de la nature, il est le vent, et comme tel, il ne s'encombre plus des mêmes complexités humaines que sous forme humaine si ça n'est pas nécessaire.
    Almassar HeckelCitoyen
    Almassar Heckel
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Jeu 14 Juil 2022 - 15:38 #
    Bien sur, tout ne pouvait pas se passer si aisément. Ce que Frey imagine être de la facilité ou de la nonchalance est surtout beaucoup de travail de la part de l'enchanteur. Des années quasiment enfermées avec son maître pour apprendre les réactions possibles, les effets secondaires pour ne pas nuire aux patients lors des enchantements. Personne n'a envie d'avoir sa peau qui commence à démanger au point de bruler, quand cette dernière ne se retrouve pas chimiquement fondue tout court. Un travail qui lui aura couté pratiquement tout, même ses relations personnelles, au point que c'en est devenu un exutoire tout comme une passion. Sous ce regard qui pulse d'un violet féroce, nombre de théories bondissent d'une pensée à l'autre, pour essayer d'estimer ce qui peut fonctionner et ce qui ne le peut pas. La promesse d'une nuit très courte passée en compagnie d'Ivoire prend forme alors qu'Almassar sait qu'il va devoir expérimenter ses théories pour pouvoir faire une formule que le Mist ne rejettera pas. Ou du moins, qui présentera le moins d'effets secondaires possibles.

    La nature qui heurte la science, au lieu de travailler en harmonie avec, est-ce ainsi que le rodeur voit les choses ? La question résonne dans l'esprit de l'enchanteur alors qu'il recule, une lueur d'inquiétude passant dans son regard quand il voit ainsi l'homme commencer à se transformer et se changer sous ses yeux. Des métamorphoses, il en a déjà croisé. Des altérations surprenantes, étranges, voir terrifiantes aussi. Mais il y'a quelque chose d'unique à soudainement avoir l'impression que son propre bureau devient trop petit pour accepter la masse qui se forme ainsi, étrange vapeur qui pourtant possède une consistance. Difficile aussi de ne pas avoir le cœur enserré par une certaine peur primale. Après tout, même si il était au courant de cette transformation, il ne sait pas ce qu'elle veut réellement dire ou ce qu'elle apporte. La présence face à lui semble désormais bien plus sauvage, indomptée. Les traits de caractères qui perçaient parfois sous ce visage humain désormais exposés au grand jour. Et bien sur, pour Almassar qui n'est pas un combattant et qui ne sait pas se défendre, cela veut dire une envie de reculer et de prendre les jambes à son cou. La porte est néanmoins bloquée par la présence à la fois tangible et pourtant si fine de Frey. Cette dernière commence à tambouriner alors qu'il entend Ivoire s'époumoner pour essayer de savoir ce qu'il se passe, après avoir entendu un tel boucan. Cela aide le jeune homme à reprendre un peu conscience avec la réalité du monde qui l'entoure. Face a lui se tient certes une créature majestueuse et sauvage, mais elle reste l'homme qu'il connait. Son caractère semble plus farouche, sauvage, mais profondément bon au fond. Du moins, avec lui, car jamais Almassar n'a eut à se plaindre de la bienveillance du rôdeur à son égard. Une grande expiration qu'il n'avait même pas senti retenue plus tard, le chercheur se racle la gorge en haussant le ton pour que même son livre puisse l'entendre.

    -"Ne t'en fais pas Ivoire, tout va bien ! Je t'expliquerais plus tard, ne t'en fais pas."

    Le grimoire donne encore un couple de coups sur la porte avant de cesser de faire du bruit. Impossible d'entendre ce qu'il marmonne, mais clairement cela ne semble pas poli. Cette première crise évitée, il reste la seconde. La voix du rôdeur résonne, similaire et pourtant profondément différente. La question fait arquer un sourcil à l'homme, dont peu à peu le professionnalisme et l'amour du travail bien fait reprend le dessus. Son regard glisse sur les formes de cette créature occupant désormais son bureau et devant se sentir bien trop à l'étroit. En se mordant un instant la lèvre, Almassar cherche comment décrire ce qu'il voit et comment cela va influencer son travail. Finalement, il recule pour laisser un maximum d'espace au Mist, qui sera certes toujours à l'étroit, mais qui peut au moins éviter de se retrouver comprimé dans un espace miniature. Ils devraient presque entrer dans sa théière pour avoir plus de place, se dit le chercheur, avant de revenir au sujet principal. Se frottant la joue, il arrive à réunir le courage nécéssaire pour redresser et soutenir le regard de l'animal sauvage et pourtant en partie humain se trouvant face à lui.

    -"Qu'effectivement, je ne m'attendais pas à une telle transformation, j'en avais rarement vu de pareilles, et que c'est impressionnant. L'enchantement posé sur ton corps est particulièrement puissant, pour pouvoir ainsi réprimer ta magie et ta capacité, et pour être tout a fait honnête j'aurais aimé pouvoir en apprendre plus de la femme qui te l'as posé. Cela ressemble à une forme de magie ou d'incantation soit oublié, soit inculqué uniquement dans un petit cercle fermé. Ce qui te lie ainsi et te permet de te transformer pourrait aisément être classé comme une magie perdue, ou au mieux devenue occulte et secrète."

    Autant ne pas cacher la vérité. Bien sur qu'il brulerait d'envie de gratter une partie de cette poudre qui trace des lignes sur sa peau, d'en découvrir les secrets. De comprendre ce qui a permis à Frey de devenir ce qu'il est, quel enchantement permet à un animal de devenir homme. Cette curiosité pulse dans son regard, fait briller ses pupilles de violine d'un éclat féroce. C'est justement cette flamme de la connaissance et du savoir qui donne en cet instant à Almassar le courage nécéssaire de continuer. Il a beau savoir que Frey est amical, l'homme reste une créature des villes, à l'opposé total du rôdeur. Et mis à part leur rencontre avec le gardien de l'arbre des Soots, il n'avait jamais vu une incarnation de la nature si proche de lui. Nouvelle expiration alors que lentement il se déplace autour de l'animal métamorphosé pour le détailler plus longuement. Examiner les formes de son corps, de la brume qui l'enserre et qui exsude de lui. Remettant en place ce qui est tombé dans le bureau en même temps pour qu'il retrouve son arrangement initial, ce sont ces petits gestes qui finissent par aider le scientifique à redevenir maître de la situation. L'examen dure quelques minutes, uniquement ponctuées par des marmonnements, et le bruit de la plume qui gratte ses pensées sur le carnet. Une fois tout cela fini, Almassar revient au niveau du museau de son ami pour le regarder droit dans les yeux, a la fois désolé d'avoir du l'obliger à se mettre ainsi à nu face à lui, et heureux d'avoir pu comprendre un peu mieux de quoi il en retournait réellement. Et justement, c'est ce ton désolé qui sonne le début de sa réponse.

    -"J'imagine que ce n'est pas facile de se transformer en pleine ville, alors que tu aimes limiter le contact avec l'humain, et encore moins dans une surface aussi réduite, donc je m'excuse de ne pouvoir t'offrir de meilleures conditions pour t'exprimer ainsi librement."

    Et désolé, il l'est réellement. Bien sur, il ne peut connaître cette problématique, étant donné que son pouvoir est des plus discret, et particulièrement prisé dans son corps de métier. Mais il imagine ce que cela doit être, de se mettre à nu dans un environnement qui n'est pas totalement contrôlé... La sensation n'est surement pas si éloignée de celle que lui même a connue quand il a rencontré Frey justement, seul et isolé dans un terrain qui lui semblait hostile et inconnu.

    -"Je vais être sincère, la magie qui te lie ainsi demande énormément de travail, comme tu peux l'imaginer avec Ivoire. Donc encore une fois, je ne compte pas l'altérer en elle même. Je peux toutefois rajouter un tatouage ou de nouvelles lignes, ou encore un objet magique selon ta préférence, qui useront de cette magie déjà présente pour te donner les capacités que tu souhaites. Il faut juste me dire quand tu souhaites faire cela. Une journée ne sera peut être pas suffisant pour que je compile toutes mes informations, contrairement à ce que je pensais. Mais d'ici une semaine au grand maximum je serais fin prêt."

    C'est un peu plus long qu'il avait prévu, mais ce temps est important pour s'assurer que rien ne tourne mal. Il comprend que cela peut être frustrant pour le Mist qui voit une partie de sa délivrance s'éloigner, mais il ne peut rien faire si ce n'est risquer de rater une opération délicate et que cela tourne plus mal que prévu. Avec un air désolé sur les traits à ce propos, l'enchanteur tend la main vers la théière, la vraie cette fois, pour savoir si Frey souhaite une nouvelle tasse... Ou au moins se retransformer en humain, ou rester sous cette forme qui est certes réellement lui, mais aussi peu commode pour se déplacer en un tel lieu.
    Frey An AmhranAllez viens en randonnée, on est bien
    Frey An Amhran
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
    Dim 24 Juil 2022 - 2:35 #


    Sa tête se tourne vers le bruit de coups répétés qui résonne derrière la porte close, suite aux protestations d'Ivoire. Le dragon retient un grondement, étouffant à l'intérieur de ses entrailles un son qui n'aurait alors laissé aucun doute au grimoire quant au fait qu'il se déroule ici des choses, sinon dangereuses, mystérieuses et secrètes. Il ne dit rien, contient le mouvement d'un orage dans l'ondulation serpentine de son corps et s'astreint à ne pas tendre trop facilement vers cette sauvagerie agacée qu'il serait trop aisée de rejoindre. Toutefois, heureusement pour le livre magique et son intégrité que la porte est bel et bien fermée.

    Il n'a aucune idée de ce qu'est cette bulle de ville aquatique, ni même pourquoi il est comparée à une chose que son esprit interprète en images incongrues. Il ignorait également toutes ces notions de magies oubliées ou secrète, bien que l'espérance de vie des humains et leur mémoire à tendance volatile ne l'étonne qu'à moitié sur le fait qu'ils soient capables d'oublier des choses magiques importantes. Il laisse Almassar se réapproprier l'espace de son propre bureau, tournant ici et là autour de lui sans faire de gestes brusques. Les cieux seuls savaient à quel point le mist était prompt à jaillir soudainement et d'une manière imprévisible, aussi prit-il sur lui de supporter cet espace clôt et quelque peu étouffant pour ne pas saccager encore plus la boutique de l'enchanteur.

    Ses yeux, toutefois, observaient avec une attention toute particulière les réactions non verbales d'Almassar. Il écoute ses excuses, bien qu'il ne les juge pas utiles, mais reste silencieux, tendu entre la parole et l'instinct et patiente tout le long de ces minutes qui s'empilent les unes sur les autres. Le temps ? Il l'a et ce jour n'est qu'un parmi une multitude. Non, ce qui compte le plus là en cet instant pour lui c'est la promesse qui lui est faite, celle qu'au bout du chemin mental exercé par cet humain se trouve une réponse, une solution, à une des plus grandes épines plantées dans les chairs de l'animal.

    Finalement, il écoute avec attention ses recommandations, jaugeant des mots qui lui sont adressés avec la perspicacité d'un instinct à demi sauvage.

    < Prend le temps dont tu as besoin, humain, les montagnes resteront où elles sont >

    Une autre de ces métaphores à l'évidente clarté selon le mist pour signifier qu'il n'est pas à une semaine près. Et il valait mieux, à vrai dire, qu'Almassar prenne trop de temps plutôt que de se précipiter. Il serait fort dommageable qu'il ne chute en plein vol d'une hauteur de plusieurs centaines de mètres un jour où l'autre. Et considérant l'espérance de vie des mists, il valait mieux également qu'il n'ait pas besoin du service après-vente pour les deux siècles à venir au moins.

    Il observe alors la théière avec l'expression un peu saugrenue d'une énorme tête lupine, reniflant une seconde l'objet pour humer la senteur parfumée qui s'en dégage. Ses naseaux soufflent une expiration profonde avant qu'il ne recule lentement en glissant. Mis face à l'inadéquation de sa forme actuelle vis à vis de cette dégustation qui lui était proposée, c'est comme si on l'avait mis face à la vérité, qu'il n'avait pas sa place dans cette boutique ou que cette boutique n'avait rien à faire ici. Mais, des deux, un seul pouvait se défaire de cette situation. Alors, à défaut de déplacer la ville, il y eut cette seconde éternelle avant qu'il ne paraissent lentement se transformer, phénomène à rebours qui lui fit se rétrécir les membres et le corps, adopter une posture difforme et presque repoussante quelques instants avant de lentement retrouver un visage, des expressions, une carrure et un geste d'humain.

    Les vêtements se matérialisèrent, les lignes de cristal cessèrent de luire. Il était de retour, de nouveau, avec cet éclat dans le regard qui paraissait finir de dissimuler cette lourdeur séculaire sous ce masque de peau lisse et délicate.

    Finalement, après ce qui eut l'air d'un soupire silencieux, Frey sembla comme reprendre conscience de l'endroit où il se trouvait. Il refusa l'offre de thé d'un petit geste de la main.

    _ Des lignes, c'est très bien. Prends le temps que t'as besoin, tu m'as déjà été d'une grande aide.

    Bien sûr qu'il avait hâte mais, en même temps, c'était un peu comme progresser vers le bord d'un gouffre qu'on voyait enfin apparaître : l'appréhension grandissait inexorablement.

    _ Je ne serais pas loin si tu as besoin de moi ou de quelque chose. Tu peux utiliser la boule violette pour me parler. En attendant, je vais aller me reposer dans la forêt.

    Probablement à l'arbre des soots mais ça, c'était une autre histoire. Aussi, il ne le disait pas vraiment, mais sa posture le trahissait quelque peu : il avait une certaine hâte de se reposer, la transformation étant toujours un peu fatigante même si c'était plus un état mental actuellement.

    _ Et, Almassar... Merci.
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    Re: Un parchemin et une feuille, ou un cours de botanique appliqué à l'enchantement.
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