Sur le dos de mon cheval, j’étais en route pour l’avant-poste qui se trouvait aux pieds du sommet Balsas, au Sud de celui-ci. Non loin de la frontière avec le régiment des Belluaires, cet avant-poste permettait à la Garde Forestière de se retrouver rapidement que ce soit pour le Blizzard ou nos collègues.
Le camp Balsas a été fait pour accueillir plusieurs escouades si nécessaire. Pouvant se déplacer aussi bien vers le Nord dans les montagnes ou plus vers le Sud dans la forêt, il se trouvait à moins d’un jour de cheval pour rejoindre Forteresse. En cas d’attaque, il était possible de rentrer rapidement à la Caserne Principale pour prêter mains fortes aux soldats restés sur place pour protéger la ville. Ils y avaient quelques constructions en dur et le reste était des tentes aux solides attaches car il était très rare de les démonter.
Pourquoi ma venue à cet avant-poste ? Tout simplement car je venais avec un ordre de mission entre les mains et je viens à peine de commencer ma nouvelle affectation si à mon “ procès “ avec Harald. Une simple discussion suite à mon passage au Marché Noir qui n’a pas été d’une grande discrétion. Ma sanction a été que je suis rétrogradée pour une lune. J’étais donc au service de l’Adjudant Delancy, affecté ces temps-ci sur à Balsas. C’était l’un de mes sous officiers et elle était déjà au courant de la situation, le Capitaine avait fait le nécessaire.
L’ordre de mission était assez simple. Mener une enquête sur une querelle de voisinage qui semble se dégrader de jour en jour. Nous devons être accompagnés par le médecin militaire de notre régiment, Haydan Kirigan, pour vérifier les dires de ses villageois. Je ne sais pas si il était déjà sur place mais ça fait des années que je ne l’avais pas vu. Nous avions à peu près le même âge et nous avons été aux mêmes endroits aux mêmes moments. Je n’ai jamais pris le temps de lui parler et j’ai entendu quelques histoires mais rien de plus.
Je vois au loin la fumée, le camp était tout proche. Une peur silencieuse s’immisce en moi. Mes hommes vont me voir sans mes gallons. J'ai fait le nécessaire pour faire disparaître mon rang sur ce que je portais mais est-ce que les gens le verront différemment. Je devais en aucun cas profiter de la situation, cela nuirait à l’Adjudant Delancy et Harald m’a bien fait comprendre le tenant et aboutissant. Je n’étais plus qu’une simple garde.
Une patrouille de garde était à l’entrée. Il me salue tout bonnement et je n’ai pas le courage de leur dire de pas se mettre au garde-à-vous à mes côtés. Je pense que je vais finir par tous les réunir pour leur dire, du moins Dahlia va les réunir pour que je m’explique. Ça me prends déjà la tête avant même de commencer. J’avais avec moi mes familiers. Lucy, ma jeune catosorus, Loki, mon kitsune adulte qui est surtout là pour protéger Lucy en cas de soucis et Lancelot, mon laïum qui avait à peine un an. Je leur demande de rejoindre leur enclos ou de trouver un coin tranquille pour se reposer. Je pouvais dire adieu à ma tente d’officier pour me reposer… ça sera un baraquement comme tout le monde et ce ne m’avait pas du tout manqué ce genre de dortoir.
J’accroche la bride d’Hamlet à un poteau, je m’occuperai de le mettre avec les autres chevaux plus tard, je devais me présenter devant la responsable du camp. Devant l’un des bâtiments en pierre assez sommaire, je frappe à la porte pour me retrouver dans le poste de commandement. Il y avait une grande table, quelques chaises mais surtout une énorme carte de la partie Nord du royaume avec de nombreuses épingles. Sur l’autre mur, il y en avait plus petite comprenant tout notre pays cette fois-ci. Quelques infos étaient gribouillées mais rien d’aussi complet que la carte de notre zone. La jeune femme était seule et je finis par faire un salut militaire qu’il se doit.
- Garde Alnilnam, à votre service, Adjudant. Je viens avec un ordre de mission de Forteresse. Le voici.
Finalement, il y avait des choses qui ne s’oubliaient pas. A l’académie, nous en avons tellement bavé que c’est ancré en nous. J’attendis devant elle, en position de repos, les prochains ordres.
- Carte des environs:
- Ordre de mission:
- Alors que deux fermiers ont engagé chacun de leur côté une personne pour traquer la créature qui aurait saccagé leur champ, il semblerait que plus que la patte d’un animal, ce soit bien la main de l’homme qui soit responsable des dégâts. Pire : les deux fermiers en question pourraient bien être directement impliqués dans cette affaire. Règlement de compte ou véritable agissement d’une tierce personne ?
+ Objectif : Mener l’enquête sur cette situation douteuse.
+ Informations supplémentaires : Vous trouverez les informations nécessaires dans le RP métier: Drôle de chasse . Si vous avez besoin de plus d’informations vous pouvez contacter @Saryna Delarosa.
En effet, elle-même n'avait pas toujours été une garde exemplaire par son intégrité, aussi aurait-elle été bien en peine de blâmer sa supérieure des Grognours pour un écart, quel qu'il fût. Dahlia ne faisait point partie de ces gardes inflexibles qui s'en tenaient strictement aux règles régissant le code martial. Pour le meilleur ou pour le pire, tout était une question de sensibilité et de tolérance quant à ces questions. Elle savait toutefois qu'elle ne devait rien en laisser transparaître, et prendre la soldate Alnilnam sous ses ordres sans traitement de faveur. Tout comportement inapproprié serait en effet remonté au Capitaine Brive, et elle n'aurait voulu pour rien au monde décevoir le kirin, aussi connu pour sa probité que son intransigeance.
Cette responsabilité nouvelle sous laquelle elle se sentait ployer la rendait ainsi quelque peu nerveuse, et elle s'autorisa à boire une gorgée de son thé pour apaiser ses états d'âme. Cela faisait plusieurs lunes, à présent, qu'elle avait rejoint le Blizzard, et elle avait le sentiment de s'être bien acclimatée à la fois à son régiment, ainsi qu'à la vie au Nord. Certes, le climat était plus rude et balayé par cet éternel frimas, mais sa laine l'aidait à endurer le froid, qui n'était plus qu'un souci mineur. Par ailleurs, Forteresse lui était chaque jour un peu moins inconnue, et elle commençait à s'y sentir chez elle, l'enchevêtrement de ses rues et de ses carrefours ainsi que la rumeur de ses habitants étant devenus des points d'ancrage familiers.
Le camp de Balsas, en revanche, était une nouveauté pour elle, et elle n'avait encore pas saisi toutes les subtilités liées à son organisation, qui réunissait à la fois le Blizzard et les Belluaires. S'y trouver affectée représentait réelle une opportunité, l'amenant à prendre davantage ses responsabilités d'Adjudante - un rôle qu'elle peinait encore à assumer entièrement - et à découvrir l'engrenage d'un avant-poste aussi important.
Des coups retentirent à la porte, l'extirpant de ses réflexions. Elle réajusta son uniforme, plus pour se rassurer qu'autre chose, et alla ouvrir, découvrant la silhouette attendue dans l'embrasure de la porte entrouverte, ce qui lui soutira un sourire ravi.
« Bonjour, Lieu… Garde Alnilnam. »
Dahlia était tout juste parvenue à réfréner ses mots, trop habituée à appeler sa supérieure par son grade. Elle allait devoir déployer bien des efforts pour ne pas le laisser s'échapper de ses lèvres durant leur mission.
« Comment allez-vous ? Avez-vous fait bonne route ? La période n'est pas propice à rendre les chemins très praticables… »
Elle ne lui posait pas cette question que par politesse, mais se trouvait réellement soucieuse quant au voyage de Bridget, souhaitant qu'il n'ait été entravé par trop d'aléas climatiques. Elle saisit alors l'ordre de mission que cette dernière lui tendait, avant de le parcourir regard, puis opina du chef.
« Bien, nous allons devoir tirer au clair cette affaire au plus vite avant la situation ne s'aggrave davantage. Notre assignation mentionne par ailleurs le concours du médecin Kirigan, ce dernier n'est point encore arrivé mais je présume que ça ne saurait tarder. Nous nous mettrons en route dès lors qu'il nous aura rejointes. Puis-je vous proposer quelque chose à boire en attendant ? »
Dahlia aurait aimé lui poser mille autres questions, notamment sur la façon dont elle vivait sa rétrogradation et s'il était plaisant ou non de réendosser le rôle d'un simple garde, mais elle était bridée par le protocole, ainsi que par le souci de ne point se montrer trop indiscrète d'emblée.
Le garde avait reçu des ordres, la journée précédent son départ, qui l’invitait à quitter forteresse. Cela faisait un petit moment qu’il n’avait pas profité de l’air frais qui se trouvait à l’extérieur des grandes murailles de grande cité montagneuse. S’il était plus fréquent de le retrouver à l’infirmerie de la garde, il n’était pas impossible de le voir sur le terrain. Avant d’arborer le titre de médecin, Haydan avait toujours été un homme d’action, mais ce n’est qu’après un triste évènement qu’il décida d’en faire autrement. Enfin, on lui avait fait savoir qu’il aurait droit à de plus ample détails une fois qu’il serait arrivé au campement de Balsas. Là-bas l’y attendrait déjà l’Adjudante Delancy et il avait cru comprendre que la lieutenante Alnilnam y serait aussi. Évidemment, il n’était pas au courant de ce qui s’était passé en ce qui la concernait.
Haydan avait donc remplis son petit sac sans fond de ce dont il avait besoin pour le voyage qu’il devait faire et s’était équipé d’une tenue chaude surmonté d’une cote de maille par-dessus laquelle il portait une armure de plaque. Peut-être n’en aurait-il pas besoin pour ce qu’il allait faire, mais dans les montagnes, il préférait ne pas prendre de chance. Il ne lui manquait plus qu’à serrer son épée dans son fourreau et glisser le pavois qui lui servait de bouclier dans son dos.
Lorsque ce dernier partait en mission, il était toujours très concentré, gardant un visage plutôt fermé voir même distant ou bien intimidant, mais ceux qui le connaissait vraiment, savait qu’il avait un bon font et qu’il était aussi doux qu’un agneau. Seulement, il était plutôt difficile pour lui de démontrer ses sentiments et pouvait par moment donner l’impression de ne pas vouloir être approché.
Il avait donc harnaché son cheval et pour soutenir un homme d’une stature tel que la sienne il ne fallait pas que l’ossature du la bête laisse à désirer. Quincy était un grand gaillard à la robe souris. Ils étaient partenaire depuis bien longtemps et Haydan n’avait pas eu d’autres compagnons par le passé. Le voyage fut assez rapide et sans encombre. Il y faisait plutôt froid ce qui était régulier dans cette région des montagnes même si le temps c’était quelque peu rafraîchi là où il devait se rendre. Sachant qu’il s’agissait d’un avant-poste qui accueillait aussi des membres des Belluaires, peut-être allait-il avoir la chance de rencontrer de ces anciens compagnons avec qui il avait grandi et fait l’académie qui y avait été affecté.
Haydan arriva au campement le lendemain de son départ et fut aussitôt accueilli par d’autres de ses camarades. Il les salua respectueusement de la tête, alors que sa monture avançait doucement berçant le garde qui était emporté par le mouvement de ce dernier. Il était heureux d’être enfin arrivé, même s’il avait l’impression que cela ne serait que de courte duré. S’il avait été appelé ici, ce n’était sûrement pas pour rien. Il mit finalement pieds à terre et accompagna sa monture jusqu’à l’écurie afin qu’il puisse s’y reposer et s’y nourrir. C’était une monture habituée à se mouvoir dans les montagnes, mais le médecin n’appréciait pas spécialement pousser cette dernière au-delà du nécessaire.
Lorsqu’il fut assuré qu’il était bien installé, Haydan avait donc pris la direction du poste de commandement afin de signaler son arrivé. Frappant à la porte avant d’entrée, Haydnan ouvrit cette dernière laissant entrer à son passage un courant d’air froid. Il dut se pencher pour ne pas se frapper au cadre de la porte, mais cela était devenu habituelle pour lui et il s’avança enfin pour saluer ses camarades. Il reconnut rapidement la lieutenante, bien qu’elle ne semblât pas porter son accoutrement habituel ainsi que l’Adjudante Delancy. Offrant un salut militaire assez rigide, il les salua respectueusement.
« Soldat Kirigan, au rapport. J’ai été appelé à rejoindre Balsas pour vous accompagner. »
Il avait glissé ses mains dans son dos et gardait une posture bien droite. Le menton légèrement levé, il attendait maintenant les détails de la mission silencieusement.
Je sens que ça va être difficile pour toutes les deux. Le Capitaine avait choisi un jeune sous-officier pour accomplir cette mission de m’encadrer en tant que supérieur. Elle va devoir prouver sa manière de diriger et ce n’était pas du tout une mince affaire en plus de résoudre cette enquête. je pense que toutes les deux, on n’abusera pas de cette petite mission annexe, on fera avec et il est certain que si besoin, je pourrai l’aider mais ses assignations sont généralement rudement bien ficelés, je n’ai jamais eu à me plaindre d’elle en tout cas.
- Le temps était clément et ça faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds ici.Heureusement, la pluie que nous avons eu il y a trois jours a fini par s’estomper un peu. De toute façon, la période s’y prête.
Les banalités étant faites, je lui laisse le temps de lire l’ordre de mission. Rien de bien méchant en soit, querelle de voisinage et hop, affaire conclue.
- Oui Kirigan fait quelques missions de ce genre. Le terrain est important même si nous n’avons pas forcément besoin de soin lors de cette mission mais un appui pour juger la santé mentale des protagonistes de cette histoire. Elle est plus louche qu’elle en a l’air.
Sans le vouloir, j’avais repris le dessus sur mes penchants de supérieur. Ma place était de me taire, rester dans mon coin et attendre les ordres. Un simple garde, n’était là que pour servir. Ma place était claire, je n’étais pas une recrue mais presque !
- Désolée Adjudant, je… je parle trop.
Je fais tout de même un pas en arrière pour arrêter de me mettre à la lumière mais refuser cette invitation était difficile à refuser et surtout mal poli.
- Un thé, Adjudant, ça m’ira très bien.
La préparation fut rapide. Le bâtiment des officiers avec tout ce qu’il fallait, c’était comme un petit mess. Le liquide chaud me fait du bien, les longues chevauchées avaient tout de même réussi à me refroidir aussi sans m’en rendre. J’ai juste réfléchi tout le long de la route à comment je vais pouvoir me présenter au camp. Mille et un scénarios, et c’est toujours celui qu’on ne pense pas qui se réalise.
- Merci de votre prévenance, Adjudant. Ma mission, la mienne, va durer une lune. Le Capitaine compte sur moi et vous pouvez compter sur moi pour faire tout le nécessaire pour que ça se passe bien. Je ne souhaite pas que vous ayez des soucis, surtout le Kirin est intransigeant sur certains points. Alors faites votre travail, je vous suivrais, quoi qu’il arrive.
Je ne pense pas que nous ayons pris la peine de nous parler une fois réellement en face à face, même seule. Je n’ai pas connu le feu Edmond Delancy,du moins de près, je ne pourrai pas parler de ce commandant qui a fait tellement de choses. Mais avait-elle les poids de son nom sur ses épaules ? Mon père fut un saphir et certains pensaient que j’allais intégrer la Guilde pour reprendre le flambeau mais ma mère avait décidé que je fasse quelque chose de plus sage mais finalement, l’appel de Lucy a prolongé ma route vers la Caserne. Donc, est-ce que Dahlia ressentait ça ? Quand je la vois, je vois cette femme aux yeux d’une couleur si particulière, un sérieux sans pareil. En uniforme, on voit son professionnalisme jusqu’à son armure mais en privé ? Aucune idée.
Mais Harald était clair, je reste à ma place et tout le monde est content. Alors je le ferai.
- Des pistes pour l’affaire, mon Adjudante ?
Pas eu le temps de continuer que nous avons le droit à l’arrivée de notre médecin. Je pose la tasse et lui fais un salut. Techniquement, un médecin était plus gradé qu’un simple soldat alors la règle était la règle. Je laisse donc maintenant à Dahlia de mener notre petite équipe.
- Carte des environs:
- Ordre de mission:
- Alors que deux fermiers ont engagé chacun de leur côté une personne pour traquer la créature qui aurait saccagé leur champ, il semblerait que plus que la patte d’un animal, ce soit bien la main de l’homme qui soit responsable des dégâts. Pire : les deux fermiers en question pourraient bien être directement impliqués dans cette affaire. Règlement de compte ou véritable agissement d’une tierce personne ?
+ Objectif : Mener l’enquête sur cette situation douteuse.
+ Informations supplémentaires : Vous trouverez les informations nécessaires dans le RP métier: Drôle de chasse . Si vous avez besoin de plus d’informations vous pouvez contacter @Saryna Delarosa.
« Ne vous inquiétez pas, je ne vous en veux pas pour ce surcroît d'analyse, d'autant plus qu'il est bon à prendre. Je suis d'accord avec vous, la simplicité apparente de cette affaire doit cacher quelque chose… Cette histoire possède certainement des tenants et aboutissants que nous ne soupçonnons pas, et les ressources d'un médecin seront précieuses pour nous aider à la résoudre. »
Bridget lui expliqua alors que sa rétrogradation durerait une lune. Cela était à la fois peu, et beaucoup. L'ex-Lieutenante devait être impatiente de voir la bobine du temps se dévider jusqu'à cette échéance, et de retrouver ses fonctions et sa vie d'avant. Dahlia aussi, au demeurant, car cette nouvelle position l'incommodait également, bien qu'elle se gardait de trop le révéler. Les paroles de sa collègue avaient toutefois été particulièrement rassurantes, et elle opina du chef en lui adressant un regard reconnaissant. Elles étaient dans le même bateau, et elles allaient œuvrer de concert pour que cette lune si particulière se passe au mieux, tout en respectant les prérogatives de leurs places respectives.
« Merci, Bridget, je suis sûre que cela va bien se passer en effet, et je dois avouer que je suis contente de vous avoir à mes côtés à l'occasion de cette assignation, malgré les circonstances un peu… particulières. »
Alors que la garde Alnilnam venait de l'interroger sur les pistes qu'elle identifiait quant à leur affaire, le médecin Kirigan se présenta justement au poste de commandement. Dahlia prit un instant pour l'observer, n'ayant encore eu jamais l'occasion de le rencontrer, depuis qu'elle officiait au Nord. Elle savait toutefois qu'Haydan faisait partie du régiment du Blizzard depuis maintes années, et remplissait ses devoirs de médecin militaire avec un sérieux indiscutable. Sa placidité apparente parlait déjà d'elle-même, teintée de respect et d'une droiture qui semblait inébranlable. Dahlia songea que son regard, d'un bleu givré, paraissait aussi serein et impassible que la surface d'un lac de montagne.
« Bonjour, soldat Kirigan. Vous vous présentez à point nommé, la soldate Alnilnam vient d'arriver également. À présent que nous sommes réunis, nous allons pouvoir débuter l'assignation qui nous incombe. » Dahlia réalisa que le médecin ne devait pas être au courant pour Bridget, elle ajouta donc : « Ne soyez pas surpris, Bridget est momentanément sous mes ordres, suite à une décision du Capitaine, mais cela n'est que temporaire… Elle vous l'expliquera mieux que moi. »
Il fallait en effet passer par cette étape avant qu'ils quittent Balsas pour les plaines où se déroulerait leur mission, mais Dahlia commença par leur présenter rapidement l'objet de celle-ci :
« Voici déjà de premiers éléments issus de notre ordre de mission : un champ a été dévasté au sein des plaines situées non loin d'ici, et il semblerait que les dégâts engendrés relèvent des faits de l'homme, et non d'une créature. Il nous faut mener l'enquête afin d'éclaircir cette affaire, et découvrir si les fermiers propriétaires de la parcelle ne se trouveraient pas eux-mêmes impliqués, ou s'il s'agit d'un tierce individu. »
Leur laissant prendre la mesure de ces informations, Dahlia rangea son ordre de mission dans sa poche avant de poursuivre :
« Bien sûr, il est attendu que nous procédions finement, et sans usage de violence inconsidéré. Je ne cautionne pas les méthodes d'interrogatoire trop extrêmes, et je pense que vous êtes d'accord avec moi quant à l'importance de ne pas recourir à de tels moyens. Pour le reste, le champ est libre, il nous faudra investiguer en utilisant toutes les ressources à notre disposition. »
En combinant leurs forces et leurs atouts respectifs, nul doute que cette affaire serait rapidement élucidée, Dahlia était confiante quant à la réussite de leur groupe.
« Si cela vous va, je vous propose donc de nous mettre en route. Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas, nous en discuterons sur le chemin. Par ailleurs, Bridget, si vous voulez dire un mot avant que nous partions, cela est possible également, je m'occuperai de réunir les gardes du campement. »
Haydan était arrivé à point nommé, interrompant ainsi les deux femmes qui semblaient partager une tasse de thé en attendant son arrivée. Était-il en retard? Il l’ignorait, mais dès qu’il avait reçu son ordre de mission, il n’avait pas traîné et s'était de suite mis en route une fois ses préparations complétées. Peut-être s’était-il attardé un peu trop longuement dans l’infimerie? Après tout, il voulait s’assurer que tout soit en ordre durant son absence et que personne ne dépende de son retour. Dans tous les cas, il préférait rester silencieux. Tant qu’on ne lui reprochait pas d’être en retard tout irait bien, même si une petite pensée hantait tout de même son esprit. L’adjudante Delancy ne l’avait pas connu dans ses heures les plus sombres au contraire de la lieutenante. Il espérait simplement que cela n’affecte pas leur jugement.
Lorsqu’il entendit son nom, il hocha de sitôt la tête et sentit cette petite crainte qui lui susurrait à l’oreille s’envoler lorsqu’il apprit qu’il n’était arrivé que peu de temps après la soldate Alnilnam. Il ne put s’empêcher de regarder un instant cette dernière, le sourcil légèrement relevé, alors qu’il écoutait tout de même les paroles de la demoiselle. Il était curieux de connaître les raisons qui avaient poussé le capitaine à prendre une telle décision, mais il savait que cela ne le concernait pas. Lieutenante ou pas, il la respecterait tout autant qu’importe les actions qui auraient mené à cette sanction. Cela ne devait pas être si grave, si cela n’est que temporaire…
« Je vois. » s’enquit-il tout simplement. « Je tâcherai de m’en souvenir. » poursuivit-il. Dans tous les cas, il se doutait déjà qu’il allait y avoir erreur. Il se tourna dans un dernier temps en direction de la lieutenante avant de reprendre. « Si vous avez besoin de parler, vous savez vers qui vous tournez. Je suis naturellement d’une bonne écoute. » Après tout, il savait que cela pouvait parfois affecter le mental des soldats, mais au moins, il lui offrait cette option si cela ne lui était jamais venu à l’idée. Puis cela resterait dans le cadre professionnel. Après tout, il devait veiller à ce que tous les soldats du régiment soient en état psychologiquement et physiquement d’assurer leur fonction.
Mais bon, s’il était venu jusqu’ici, c’était pour connaître les détails de leur ordre de mission et Dahlia s’était donc dépêché de satisfaire la curiosité du médecin de la garde qui ne s’attendait pas réellement à devoir enquêter sur des histoires de champs dévastés. Enfin, il pouvait comprendre la raison de sa présence. Il savait autant manier l’épée et le bouclier que le scalpel. S’il lui fallait étudier les comportements humains, il allait faire ce que l’on attendait de lui.
« En effet, recourir à de telles pratiques me donnerait davantage de travail. » fit-il part pour démontrer qu’il était du même avis que l’adjudante. « Je ne suis pas du genre à laisser parler mes poings…» Enfin, du moins il ne l’est plus. « Je préfère avant tout protéger. » termina-t-il en tapant le pavois qui dépassait de ses épaules.
L’heure de se mettre en route avait sonné et Haydan avait donc quitté le bâtiment à la recherche de son fidèle compagnon Quincy qui l’attendait tranquillement dans son box alors qu’il mangeait du foin qui avait été mis à sa disposition. Le garde avait bien conscience que sa monture n’avait pas réellement profité d’un assez long repos, mais cette dernière était habituée à de pires situations. Marcher en portant son cavalier n’était qu’une simple balade. Préparant ce dernier, il s’assura d’avoir assez de provisions à lui offrir si besoin. Il rejoint alors rapidement les deux femmes, les rennes de sa monture en main, et lorsqu’il fut assez prêt de l'adjudante, ce dernier se permit de la questionner.
« D’ailleurs, adjudante Delancy, avez-vous de plus amples informations concernant les fermiers? Est-ce que l’un d’eux à fait appel à la garde ou cela viendrait d’une tierce personne? »
Si les fermiers ne s’attendaient pas à une visite de la garde, cela allait certainement changer leur comportement et il fallait qu’ils se montrent prudents, car peut-être n’avaient-ils pas envie qu’ils s’en mêlent.
Je me place en retrait, telle était ma nouvelle place. Malgré tout, la situation était compliquée pour nous deux et maintenant que le médecin est parmi nous, tout se complique au fil des minutes qui passent. Écoutant leurs échanges respectifs, il était grand temps qu’on avance. La mission était surtout une enquête. Cette querelle de voisinage était entre deux civils qui se vouent une haine respective. Pas bien méchant au début, l’escalade de leurs actions peut entraîner des évènements disproportionnés.
Un léger sourire à Haydan quand il me propose une oreille attentive si je le souhaitais, je préférais ne pas parler de ce genre de choses avec mes hommes. Cette décision, cette sanction, elle était entre le Capitaine et moi. J’ai bien dû mal à assumer mes actes pour en plus le dire tout haut à un “ inconnu “, un confrère.
De toute façon, nous avons toute la route peut discuter si on le souhaitait même si là tout de suite suite, je ne pense pas raconter mes déboires à mes camarades. Généralement, ça se passait comme ça. Le supérieur devant ou tout derrière, l’escouade qui discute, racontant tout et n’importe quoi. Généralement, à ce moment-là, je passe en revue toutes mes troupes dans ma tête, les positions, les comptes rendus, ce qu’il me restait à faire ainsi quelques appels cristalliques pour avoir les rapports des diverses unités. L’allure en cheval n’était pas soutenue alors je pouvais me le permettre. Il fallait bien occuper ce “ temps perdu “ et le livre mémoire était parfait pour ça. Mais cette fois-ci, je pouvais dire que j’allais profiter un peu de mes vacances et juste écouter.
On prend donc la route, montures, familiers, toute la compagnie était prête ainsi que quelques gardes en soutien au cas où. Bien plus pratique pour les tours de garde si nécessaire. Mon catosorus et mon kitsune était près de moi. Tous les deux devant moi, comme à leur habitude. Mon Laïum volait haut dans le ciel pour observer les horizons et nous informer en cas de convoi qui s’approchait de nous. Notre sentinelle en quelque sorte.
L’adjudante commence à nous expliquer la situation. Deux aventuriers ou du moins assimilés, ce n’était qu’un détail dans cette histoire, a été chargé de traquer une bête qui sévissait dans les environs. Sur place, ils n'ont constaté rien qui correspondait aux dires de leurs commanditaires respectifs. Pour eux, expert dans leur domaine, suggérait que tout cela était fait de la main de l’homme. Curieux, ils ont mené leur petite enquête et comprennent très vite cette querelle entre voisins. Une histoire de dette, le décès de la compagne de l’un. Dans cette longue tirade, on apprend qu’une poule avait joué le rôle principal en tant que preuve irréfutable. On ne s'ennuie jamais dans les petits villages et surtout cette histoire de dettes. Est-ce qu’elle était conséquente ? Une broutille ? C’était à nous de le découvrir d’après le rapport du Garde Jhones. Il était pris dans une autre affaire dans son avant-poste et il a transféré l’enquête au camp Balsas. En gros, à nous.
Si on gardait un rythme soutenu, je pense qu’on va atteindre le village au crépuscule si il nous arrive aucune bricole. Après, dans les environs, peu d’attaques de brigands malgré que ce soit la route principale pour rejoindre le village perché. Car justement, de nombreuses patrouilles circulaient pour éviter ce genre de déconvenues. Bien entendu, le risque n’était pas faible mais la garde faisait le nécessaire pour que les honnêtes citoyens ne risquent rien. Puis le plus gros des marchandises transitent par la rivière Etincelante. C'est surtout la route entre le ponton de chargement et Forteresse qui subit de nombreuses attaques. Nous étions donc bien tranquilles sur cette route en direction du village de Rousse. Petit village qui avait plusieurs auberges, boulangerie et plusieurs commerces avec toute commodité. Finalement, c’était presque une petite ville qui avait profité de cette route commerciale pour se développer pour les caravanes marchandes. A l’approche de cette ville, on pouvait voir les vestiges d’anciennes barricades en bois pour la protection de l’ancien village. L’avant-poste militaire était à l’entrée quand on arrivait de Balas, au Nord-Ouest. Aucune garnison n’y séjourne, le camp Balsas a été créé plus loin pour laisser la place aux habitants. Une présence militaire aussi importante aurait créé plus de tension à l’avenir. Le siècle dernier, cette base était utile suite aux dangers qui sévissent mais l’ère était plus calme alors le camp s’est déplacé. Quelques gardes y séjournent à temps-plein, s’occupant comme un bureau des plaintes ou gérer les légers conflits. Un moulin était aussi à l’entrée, telle une haie d’honneur. Toujours en fonctionnement, on faisait les meilleures farines des environs, du moins, ce que les habitants racontent et surtout la boulangère du coin. Un ancien bâtiment d’administration a été transformé en école mais sert également de salle du conseil du chef du village. Non, cette ville avait tout ce qu’il fallait en plus des ragots.
Des enfants viennent rapidement à notre rencontre. Nous saluant et ravis de voir des soldats du Blizzard. Ce village était limitrophe du territoire des Belluaires et nous y mettons rarement les pieds sauf la Garde Forestière. Un sourire, nous attendons quelques instants avant d'entrer. Je laissais au bon soin à notre officier de nous donner les directives de missions.
- Oh un catosorus
- Ne le touche pas Pierre, il va nous dévorer
- Mais non regarde.
Loki montre instinctivement les dents et d’un ordre télépathique, je lui dis d’être sage.
- Tu vois, on craint rien
- Regarde le Kitsune.
- Mais non, t’inquiète.
- Les enfants, même s' ils sont biens dressés, je ne suis pas certaine de leur réaction.
Automatiquement, les deux enfants s’éloignent d’eux. Lucy, penaude, baisse les oreilles. Elle était ravie de jouer avec eux mais elle oublie qu’elle a doublé de taille.
- Mais ils avaient l’air si gentil.
- Ils sont là pour me protéger en cas de souci. Ce sont des familiers-soldats, alors ils sont prêts à tout.
- Mais le catosorus…
Je regarde Lucy. Elle attendait que ça, que je donne l’autorisation de pouvoir quémander une caresse. Je finis par craquer avant qu’elle retourne toute la terre à force de gratter. Elle s’approche doucement et montre son encolure pour les caresses en règle.
- Mais c’est tout doux.
Je m’approche de Dahlia et Haydan était non loin aussi.
- Je n’arrive jamais à garder mon sérieux face aux supplices des enfants. Lucy les adore.
Mon Kitsune, assis, regarde la scène avec désespoir. Il les détestait pour sa part et plus ils se trouvent loin, mieux ils se portent.
- Alors Adjudante ? Que faisons-nous ?
- Carte des environs:
- Carte village Rousse:
- Ordre de mission:
- Alors que deux fermiers ont engagé chacun de leur côté une personne pour traquer la créature qui aurait saccagé leur champ, il semblerait que plus que la patte d’un animal, ce soit bien la main de l’homme qui soit responsable des dégâts. Pire : les deux fermiers en question pourraient bien être directement impliqués dans cette affaire. Règlement de compte ou véritable agissement d’une tierce personne ?
+ Objectif : Mener l’enquête sur cette situation douteuse.
+ Informations supplémentaires : Vous trouverez les informations nécessaires dans le RP métier: Drôle de chasse . Si vous avez besoin de plus d’informations vous pouvez contacter @Saryna Delarosa.
Haydan lui avait fait part de sa disponibilité en cas de besoin, avec tout le professionnalisme dont il était investi, et Dahlia trouvait cette attitude honorable. Elle ne savait si Bridget saisirait cette occasion pour bénéficier d'un appui psychologique pouvant se révéler précieux, mais cela ne la regardait pas. Ce choix appartenait entièrement à l'ex-Lieutenante, et il leur fallait, pour l'heure, se consacrer à leur mission.
Après les préparatifs de mise, le groupe se mit donc en chemin. Pour pallier le froid qui sévissait encore à cette période de l'année, la silhouette de Dahlia s'emmaillota rapidement d'un duvet laineux, la rendant plus mafflue. Frileuse qu'elle était, elle ne se privait de recourir à son pouvoir autant que faire se peut.
« Vivement l'arrivée de la saison chaude, les frimas du nord sont éprouvants à bien des égards. » dit-elle avec un sourire légèrement penaud, quelque peu mal-à-l'aise vis-à-vis de ses atours ovins qui avaient dû surprendre ses coéquipiers, mais la chaleur qu'ils lui prodiguaient primait sur toute considération esthétique.
Elle profita du trajet pour leur faire part de ses connaissances sur l'affaire qu'ils étaient chargés de résoudre. Cette querelle entre fermiers semblait puiser son origine dans une dette, mais la nature de celle-ci restait à découvrir. Si une chose était sûre, c'est que les différends animant M. Engus et M. Morrison semblaient tenaces, et qu'une poule en avait malheureusement pâti. Tant que cela ne prenait pas davantage d'ampleur, cela restait relativement peu inquiétant, mais Dahlia se méfiait toujours de l'envergure que pouvaient prendre certains conflits anodins à leurs prémices. Ils allaient heureusement intervenir à temps pour endiguer toute aggravation.
Esquissant un sourire devant la scène attendrissante qui se joua entre le familier de Bridget et l'enfant du village, Dahlia s'efforça de réendosser rapidement son sérieux et son rôle d'adjudante pour répondre à Bridget :
« Nous avons plusieurs options : aller interroger respectivement M. Engus puis M. Morrison et démêler le vrai du faux dans leurs déclarations, ou alors cibler plutôt les lieux de commérages, pour découvrir la vérité par le biais de témoignages extérieurs. La seconde option semble préférable, à vrai dire, car les personnes directement impliquées dans une affaire sont souvent peu enclines à offrir un discours objectif. »
Par ailleurs, Dahlia n'était que peu pressée de dialoguer avec ces personnages qui devaient être emplis de méfiance et de ressentiment. Elle enchaîna donc par cette proposition :
« Nous devrions peut-être nous séparer momentanément pour gagner en efficacité dans le recueil d'informations. Je vais aller rapidement faire un tour à la boulangerie avant que celle-ci ne ferme, et vous pouvez aller de votre côté à la taverne, si cela vous convient ? Je vous y rejoindrai ensuite. »
Au vu de l'heure avancée, comme en témoignait le camaïeu d'oranges et de violets imbibant le ciel piqueté d'une première nuée d'étoiles, la taverne semblait être le lieu le plus propice pour enquêter. Mais il aurait été dommage de manquer la boulangerie, et Dahlia s'y hâta après avoir validé la marche à suivre avec ses collègues. Elle arriva devant la devanture alors que la boulangère s'apprêtait à clore sa boutique, et sa poitrine s'emballa d'espoir à l'idée de pouvoir l'interroger. Les enquêtes, même les plus mineures, apportaient toujours leur lot d'adrénaline.
Haydan avait légèrement acquiescé de la tête face au sourire de la dame. Qu'importe sa décision, il la respecterait et ne forcerait jamais personne à venir lui parler. Ce n'était pas là sa première fonction, puis il préférait que toute rencontre soit volontaire, car les discussions qui en résultaient étaient bien plus sincères qu'à l'inverse.
Il avait ensuite fait comme les autres et avait préparé sa monture pour prendre la route. Par la suite, l'adjudante Delancy s'était empressée de faire le point sur la situation répondant par le même fait au questionnement du médecin. Les informations proviendraient donc d'un duo d'individus qui avait été engagé dans le but de chasser une supposé créature qui aurait saccagé leurs champs sauf qu'ils auraient tous les deux découverts autres choses préférant remettre les informations trouvées dans les mains de la garde. Les fermiers n'étaient certainement pas au courant de cette situation ce qui les empêcherait peut-être de coopérer avec eux. Dans tous les cas, il y avait matière à réflexion puisqu'il y a déjà plusieurs possibilités, mais sans réels pistes, ils ne pouvaient rien affirmer.
Le voyage fut particulièrement paisible bien que le froid mordant des montagnes du nord ne semblait pas vouloir les épargner et s'il avait aussi la capacité de changer son apparence pour arborer les traits félin du parlion, il n'avait pas envie d'imposer un poids supplémentaire à son fidèle destrier. Autant s'emmitoufler sous sa cape et endurer comme il le pouvait jusqu'à arriver au village de Rousse. Dans tous les cas, il se surpris lui-même à sourire à la vue de l'adjudante qui portait son duvet laineux pour se tenir au chaud. * Mignon… * pensa-t-il tout simplement de la situation avant de changer son regard de direction. « J'imagine qu'il fera meilleur là où nous nous dirigeons…» dit-il pour encourager ses comparses.
Dans tous les cas, ils arrivèrent enfin à leur première destination et descendirent alors de sa grande monture. Après tout, elle devait être robuste pour soutenir l'homme qui atteignait presque les deux mètres de haut. Témoin d'une scène touchante, Haydan laissa l'ex lieutenante gérer la situation qui touchait ses familiers. Il n'en avait pas en sa possession alors il ne savait pas trop quoi faire dans ce genre de situation, mais il n'était pas fermé à l'idée d'en avoir un en sa possession et toutes expériences en compagnie de leurs maîtres et eux étaient bonnes à avoir.
Pour la suite, Haydan était plutôt d'accord avec Dahlia. Interroger les voisins et les citoyens du village pourrait leur donner quelques informations.
« Faisons cela, acquiesça-t-il d'un geste de la tête. Nous nous chargerons de la taverne. Récupérons le plus d'informations avant de nous retrouver. »
Il n'était pas tout à fait familier avec le village de Rousse et ignorait que ce village possédait deux taverne, mais heureusement l'enseigne de la première auberge était visible d'où il se trouvait et alors que l'adjudante était déjà partie de son côté, Haydan n'avait pas tardé à faire de même. Il ne s'était pas arrêté à l'avant-poste pour y laisser son cheval et avait préféré l'amener avec lui, l'attachant à l'extérieur du bâtiment là où il pouvait s'abreuver.
Ses pas le menèrent aux quelques marches qu'il gravit avec assurance faisant cliqueter sa cotte de maille qu'il portait sous son armure et ouvrit finalement la porte. Se penchant légèrement pour ne pas se frapper le dessus du crâne, il ne se redressa qu'une fois à l'intérieur pour balayer vite faite la salle de ses iris cyans. Par où devait-il commencé et qui de ces gens serait sujet à s'ouvrir à eux. Il n'était jamais très à l'aise lorsqu'il s'agissait d'enquêter puisqu'il devait interagir avec autrui. Il était plus du genre à se servir de son épée et son bouclier pour protéger PUIS seulement il apportait les soins à ceux qui en avait besoin, mais cela était simplement dû au fait qu'il avait du mal à exprimer ses sentiments. S'il avait du mal à s'ouvrir ainsi, il était parfois difficile de répondre à une armoire à glace, mais dans tous les cas, c'était son boulot et il devait répondre aux exigences qu'on attendait de lui.
Les clients déjà présents ne semblaient pas être dérangés par la présence des soldats du nord. Après tout, il n'était pas rare qu'un garde vienne y manger ou s'y reposer. Son regard se posa finalement en direction de deux individus un peu plus en retrait. Il fit un signe du menton, signe qu'il allait commencer par là. « Autant interroger les gens séparément, ça nous prendra moins de temps. Je vais commencer par là. Lieut…hum… madame…, puis il poussa un soupir en se frottant légèrement le front avant de se reprendre, soldat Alnilnam.» Il prit aussi la direction mentionnée… * Ridicule…je suis ridicule! * pensa-t-il pour lui-même.
Enfin, ce n'était pas le moment de se laisser embarrasser par la gêne et il se présenta finalement aux deux braves qui ne s'attendaient pas réellement à recevoir la visite d'un garde.
« Désolé de vous déranger pendant votre repas, messieurs. Je suis le soldat Kirigan et j'aimerais vous poser quelques questions.
- Prenez une chaise, m'sieur!
- On va essayer d'vous aider comme on l'peut! »
Kirigan attrapa donc la première chaise à portée de main et s'installa à leur côté enfin de les questionner concernant Morrison ainsi qu'Engus. Les deux semblaient les décrire comme de bon fermier séparément, mais qu'ensemble, ils devenaient insupportables. Les engueulades n'étaient pas rares et ils savaient bien plomber l'ambiance par moment.
« Pensez-vous qu'ils pourraient s'en prendre l'un à l'autre s'ils le pouvaient?
- Oh… ils sont déjà passés aux poings, mais ils n'ont que des grandes gueules, m'sieur.
- Très bien, merci pour votre coopération. Savez-vous s'il y a des gens qui pourront répondre à nos questions?
- Ils sont bien connus du village, vous ne trouverez pas une personne qui ne les connaît pas. En tout cas, bonne chance! »
Il les remercia avant de passer à une prochaine table.
L’adjudante avait raison, il fallait se séparer pour gagner du temps. Mobiliser une escouade avant autant d’officiers pour ce genre d’enquête n’était pas le plus rentable même si au fond, je n’étais qu’un simple soldat dans l’histoire. Je pars donc avec Haydan pour commencer par la première auberge. On rentre tous les deux, chacun fabulé de son uniforme et armure respective. Notre air déterminé ne semble déranger personne, preuve qu’aucun être présent avait quelque chose à se reprocher. Chacun s’occupait à sa façon dans cette taverne. Mon collègue prends alors la suite des opérations, bafouillant légèrement pour m’adresser la parole. Je finis par l’aider tout de même.
- Appelez moi Alnilam, ça m’ira bien aussi. Je pars de ce côté.
Je pointe du doigt l’autre côté de la salle. Je cherche des yeux les personnes idéales pour ce genre d’enquête. Les anciens étaient les cibles idéales et je trouve enfin ce que je souhaite. Deux vieilles dames qui mangent ensemble.
- Oh mais que nous veut la Garde a des vieilles dames comme nous.
- Soit polie Marcelle, laisse la grande pimbêche parler avant de dire des choses pareilles.
- J’en oublie toutes les politesses c’est vrai. Bonjour Soldat. En quoi je peux vous aider.
- Tu vois, c’est mieux ainsi.
- On en parle de la politesse ? Tu vas t’étouffer un jour si tu dis un seul mot gentil de ta vie et ce n’est pas près d’arriver, Inès !
- Mais arrête de déballer des inepties, laisse la parler un peu.
- On peut vous aider ? Nous n’avons pas grand chose pour vous aider à payer un repas.
- Dis l’autre qui se tape une rente de nobliaux
Un coup de coude arrive dans les côtes de la vieille dame. Fort heureusement, doucement sinon je pense qu’elle perdait ses côtes.
- Donc, Soldat ?
Je pris alors mon sourire le plus commercial possible avec elles. Ce sont des individus redoutables dans les négociations. Il fallait qu’elles y trouvent leur compte et c’était la partie la plus difficile. J’attrape alors moi aussi une chaise pour être à leur hauteur, ainsi un certain pied d’égalité va se mettre en place. Bien entendu, mon épée était apparente ainsi que mon armure brillante.
- Vous ne devez pas beaucoup défendre la veuve et l’orphelin avec un matériel si brillant.
- Arrête, ça doit être une jeune recrue. Pas d’étoile !
- Nous n’avons pas à faire à un garde de haut vol.
- Si vieille et pas de galon. ça doit être moche
Je me retiens de m’énerver et fait genre que je n’entends pas les messes basses de ces mégères.
- Pouvez vous m’aider, me donner quelques renseignements pour une enquête de la plus haute importance.
Les deux mamies avaient les yeux brillants. Flatter leur égo, c’est le premier point.
- Je sais que des femmes comme vous savez tant de choses sur la vie et surtout la vie de ce village, non ? C’est pourquoi je me suis tournée immédiatement vers vous en entrant pour connaître votre opinion sur cette affaire belliqueuse.
- Pourquoi votre collègue n’est pas venu alors ? Il est plutôt bel homme.
- Oui, dommage que j’ai quarante ans de trop.
- Pourquoi vous et pas lui ?
- Oh, je ne sais pas, nous avons chacun décidé de se partager la salle. Il n’a pas eu le bon côté dirons-nous.
- Prochaine fois Marcelle, on va de l’autre côté de la salle !
- Tu ne me fais pas dire Inès !
- Est-ce que je peux avoir votre attention.
- Oui, oui, tu peux l’avoir. Si le beau jeune homme vient nous voir après son interrogatoire musclé.
- Tu crois qu’on peut faire un refus d’obtempérer et il va nous mettre en cellule avec lui.
- Ce n’est plus de notre âge tu sais…
Les deux mamies me faisaient rire. Elles racontaient tout ce qu’elles pensaient bien fort. Je pense que Haydan va fuir à la première occasion. Il ne faut surtout pas qu’il pose le pied ici avant d’être harcelé par deux vieilles qui font une poussée d’hormones.
- C’est possible, tout dépendra de lui. Mais répondez d’abord à mes questions.
- Dis toujours.
- Ouais, peut-petre qu’on pourra aider, peut-être bien que non.
- Engus et Morrison ?
Les deux vieilles rigolent à en perdre leur dentier. Je ne me demandais si la dénommée Inès n’était pas en train de s’étouffer.
- Ahahaha, tout ce chemin, toute cette cérémonie pour parler de ses deux casses-pieds !
- Je crois que leur réputation est arrivée jusqu’à la Capitale.
- Donc ?
- Ils se détestent alors dans leur jeunesse c’étaient comme des frères.
- Aimer la même femme, c’est toujours ainsi. Les hommes sont tellement bêtes.
- Tu ne me fais pas dire. Mon Archibald n’était pas comme ça, lui au moins.
- Normal, il n'était jamais là, ils faisaient de nombreux voyages pour faire fonctionner son commerce.
- Jalouse. J’ai trouvé le bon plan, voilà tout.
- Hum, donc je peux en savoir plus ?
- Non mais depuis cette sombre affaire où ils ont compris qu’ils aimaient la même chose. Tout à changer. Bien entendu, l’un a eux ce qu’il voulait.
- Puis tout le monde a pensé que le fils du couple, ce n’était peut-être pas le bon père.
- Ouais, il ressemblait tellement à l’autre, le même caractère.
- On ne le saura jamais.
- Bien dommage, ça aurait ajouté un peu de dramatique dans cette histoire.
- Tu ne me fais pas dire mais la malheureuse est morte.
- Certainement morte d’en avoir assez d’écouter la querelle des deux anciens meilleurs amis.
- Des idiots ses hommes !
- Oui, heureusement que nous avons des femmes à la Garde
- La Reine Allys est une femme bien.
Il fallait que je l’ai recadre rapidement avant qu’elles ne s’éloignent du sujet.
- Vous avez compris cette affaire de champs ?
- La poule ?
- Risible au possible.
- Faire appel à des aventuriers pour trouver le fameux monstre.
- Oui, on a bien rigolé quand on a vu ses deux pauvres aventuriers tombés sur les deux loustics.
- Ca aurait pu finir en drame.
- Peut-être qu’il y avait vraiment un monstre.
- Un gévaudan !
- Non mais on sait que c’était l’autre qui a fait ça.
- Surtout que Engus qui a commencé
- Mais non Morrison
- On va dire que c’est les deux en même temps non ?
- Peut-être.
- On ne le saura jamais
- Donc leurs querelles sont connues de tous ?
- Bien entendu
- On est bien heureuses de savoir qu’ils se trouvent à la périphérie du village.
- Ça serait insupportable ici.
- On ne pourra pas prendre un thé tranquille…
- Quand la Garde ne nous enquiquine pas.
- Donc vous me confirmez que Engus et Morrison ne sont pas les voisins idéaux ?
- Heureusement que je n’habite pas à côté, moi aussi j’aurai voulu mettre le feu à leur propriété
- Ne dis pas ça Marcelle, on va croire que tu es une criminelle.
- Mais non, façon de parler.
- Alors, le blondinet, on va le voir ?
- Oui, si vous voulez en savoir plus, il va falloir l’amener.
Elles décident de camper sur leur position.
- Je vois avec mon collègue.
Je finis par me lever et rejoint Haydan. J’avais déjà de nombreuses informations. A lui de voir si il veut poursuivre cette piste et faire plaisir à ces dames. Sinon, nous rentrerons et on trouvera l’adjudante. Une fois à côté de lui, je l’interpelle tout doucement. Je lui explique brièvement la situation.
- C’est vous qui voyez. Vous voulez leur parler ? Elles sont assez redoutables mais bon, nous avons déjà quelques pistes avec les divers témoignages.
- Carte des environs:
- Carte village Rousse:
- Ordre de mission:
- Alors que deux fermiers ont engagé chacun de leur côté une personne pour traquer la créature qui aurait saccagé leur champ, il semblerait que plus que la patte d’un animal, ce soit bien la main de l’homme qui soit responsable des dégâts. Pire : les deux fermiers en question pourraient bien être directement impliqués dans cette affaire. Règlement de compte ou véritable agissement d’une tierce personne ?
+ Objectif : Mener l’enquête sur cette situation douteuse.
+ Informations supplémentaires : Vous trouverez les informations nécessaires dans le RP métier: Drôle de chasse . Si vous avez besoin de plus d’informations vous pouvez contacter @Saryna Delarosa.
« Je viens recueillir des témoignages au sujet d'un différend entre deux fermiers, M. Engus et M. Morrison. Pourriez-vous m'accorder un peu de votre temps ? »
La boulangère, bavarde de nature et officiant dans le village depuis maintes années, lui relata tout ce qu'elle savait au sujet des deux hommes : leur amitié de longue date, leur compétition pour conquérir le cœur de Marianne, qui décida finalement d'épouser M. Engus, la ressemblance confondante de leur fils avec M. Morrison, la maladie de Marianne qui conduisit malheureusement à son trépas.
« M. Morrison a toujours été un bel homme. Moi-même, dans ma jeunesse, j'avoue avoir été secrètement attirée par lui... » lui avait-elle confié dans un murmure, la main apposée contre sa bouche. « Mais je crois qu'il n'a jamais aimé que Marianne… Paix à son âme, elle est partie bien trop tôt. »
« De quoi Marianne souffrait-elle ? »
« D'une maladie rare, et incurable. Maints docteurs ont été consultés, mais ils ont tous été dans l'incapacité de la soigner… »
« M. Engus avait-il les moyens de payer ces soins ? »
« Difficilement. Mais l'on dit que M. Morrison l'a largement aidé à assumer les frais médicaux. Qu'il s'agisse des honoraires des consultations des médecins, ou des multiples remèdes employés. Il était réellement concerné par la santé de Marianne, et sa mort l'a beaucoup peiné. Sans doute plus que M. Engus, son propre mari... »
Cette participation financière témoignait de l'affection sans borne que M. Morrison concevait pour Marianne. Mais pourquoi ce dernier semblait-il éprouver tant de ressentiment à l'égard de M. Engus depuis son décès, au point de saccager son champ, si leurs soupçons étaient bien fondés ? Certaines pièces du puzzle échappaient encore à Dahlia. Remerciant la boulangère pour les précieux renseignements apportés, elle quitta les lieux et rejoignit la taverne pour y retrouver Bridget et Haydan. En mettant en commun les différentes informations recueillies, ils parviendraient peut-être enfin à lever le voile sur toute cette histoire.