Par acquit de conscience, tu pris la peine de te retourner, tes cheveux noirs s’envolant à travers la langoureuse brise qui vous accueillait en cette saison froide. Pourtant, ton visage aux traits si doux s’était farouchement refermé dans une expression glaciale, tandis que ta jolie sœur parcourait les derniers mètres afin de te rejoindre, hélant encore quelques fois ton nom de syllabes entrecoupées d’un souffle court.
L’expression sévère de ton visage s’adoucit faiblement lorsque tu finis par croiser ce visage qui a été le tien si longtemps. Tu repousses une mèche rebelle derrière ton oreille avant de lui tendre une main. Ce n’était en rien la faute de Maximilia si vous en étiez arrivés à ce point, elle n’avait pas à subir ton courroux à la place de ce vieux bouc qui avait décidé de vous convoquer sans égard pour vous, ni même sans savoir ce qui vous attendait.
« Je ne sais pas ce que tu attendras de moi, Max, mais je ne te promets rien aujourd’hui, grinças-tu entre tes dents. »
Un sourire candide étira tes lèvres, se marquant d’un masque faussé jusqu’à la commissure de tes lèvres qui t’étaient devenues douloureuses à force de jouer sur des faux-semblants qui ne t’étaient pas courants. Bientôt le masque se briserait, marquant ton visage d’un dédain viscéral pour ce monde qui t’avait vu naître. Chaque plaie pansée n’était qu’un stigmate qui attisait d’autant plus ta haine. Ta colère.
Ton rire léger se transforma en grognement, et Maximilia était bien impuissante tandis que ton rôle prenait une tournure bien inattendue malgré toi. Vous les jumeaux qui n’étaient qu’une pièce de l’immense échiquier de Lucy.
Ton bras s’enroula autour de celui de ta sœur, et tu suivis silencieusement ses pas jusqu’à la demeure qui vous attendait – avec du retard, bien évidemment, histoire de jubiler davantage lorsque tu verrais la mine contrariée de ton vieux père.
« Ne le faisons pas attendre, il avait l’air si pressé de nous voir. »
Tu te marquas d’une légère pause, pensif. Votre vie avait radicalement changé, et toutes ces dorures dont vous aviez tant rêvé enfants, étaient devenues un quotidien si loin de l’idylle dont vous aviez rêvé lorsque vous étiez plongés dans vos ouvrages. Un quotidien hasardeux où chacun de vos pas étaient menacés par un sol jonchés de débris de verre, comme un piège qui n’attendait que votre passage pour se refermer sur vous.
Tu balayas brièvement la porte du regard, hésitant quelques instants à l’ouvrir, mais ne désirant pas t’effacer, tu la repoussas d’un geste de la main afin de pénétrer la demeure à la recherche de votre hôte.
« Bien vieux bouc, viens nous dire ce que tu veux. »
Non papa.
Max & Wolfram
”Où sont-ils ?” Grognas-tu en arrivant dans la salle à manger vide de tes enfants. Tu étais pourtant persuadé de les avoir invités aujourd’hui. Tu jetas un regard au vieil homme à tes côtés. Celui-ci avait un visage extrêmement ridé, son corps assez frêle était courbé vers l’avant et n’importe qui pourrait s’attendre à ce qu’il claque d’un instant à l’autre. Pourtant, il ne fallait pas se fier à son âge ou son apparente fragilité. Le vieux emporterait avec lui bon nombre d’adversaire si des idiots se décidaient à l’attaquer. Il leva ses gros sourcils vers toi, et se gratta le menton avant de déclarer dans un léger rire : ”Et bien le jeune maître n’est pas à la Capitale, il dit être sur un boulot important.” Déclara-t-il d’une voix chevrotante, mais tu ne ratas pas le petit sourire moqueur qui apparut une fraction de seconde sur son visage. ”Quant à vos deux autres enfants, la jeune demoiselle a bien confirmé qu’ils seraient là.” Il s’arrêta une seconde pour venir jouer avec le bout de sa moustache comme s’il réfléchissait. ”j’imagine que des patients ont pu les retenir.”
Tu poussas un petit soupir, avant d’aller t’installer à ta place habituelle. Tu cherchas ensuite un petit paquet dans ta poche en tira un cigare que tu allumas rapidement. Arnold trottina jusqu’à toi pour te servir remplir ton verre d’un alcool ambré d’une main tremblotante. ”Et tu as pas pensé à me prévenir plus tôt ?” Le questionnas-tu sans le lâcher une seconde du regard. Il pencha légèrement sa tête sur le côté avant de souffller avec une pointe d’amusement dans la voix : ”J’ai bien peur d’avoir oublié... Je deviens de plus en plus tête en l’air avec l’âge ! C’est quand me demandant de toujours revenir plus tard j’ai fini par oublier.”
Tu le regardas sans rien dire. Ce vieux fou.” Tu l’appréciais autant que tu avais envie de l’insulter. C’est à peu près à ce moment-là que la porte s’ouvrit sur Maximilia... ou plutôt sur Gabriel qui ne tarda pas à user ce doux surnom paternel. Tu ne ratas pas le léger gloussement de ton majordome et te pinças l’arête du nez. D’un geste déjà fatigué tu les invitas à s’asseoir alors qu’Arnold s’approchait déjà pour les débarrasser les saluant chacun leur tour avec affection. Il chuchota même quelques mots à l’oreille de ta fille pour la faire rire.
”Arnold, va chercher le repas.” Ordonnas-tu au vieil homme qui te regarda une seconde, avant de regarder les enfants. ”Tout de suite !” Et sur ces mots, il quitta la pièce te laissant seul face à ta progéniture. Par quoi commencer ton mariage ? Ou le fait que tu les “invitais” à rester ici pour leur sécurité. ”je vous ai fait venir pour deux raisons.” Déclaras-tu sans perdre du temps dans les politesses habituelles. Tu les regardas tour à tour. ”je vais me marier.” Annonças-tu d’une voix calme, préférant opter pour la nouvelle qui énerverait le moins tes enfants.
Tu te redressas brièvement pour apporter la coupelle à tes lèvres, aussi gracieux et délicat que l’aurait été une jeune femme de la noblesse. Tu avais apporté tes soins afin de ne pas paraître stupide en public, même si tu détestais tant cette image que tu te donnais.
Les longs cils de ton regard papillonnèrent lorsqu’il vous annonça enfin la nouvelle. Un rictus mauvais étira tes lèvres, pourtant, à peine perceptible, ta main s’était crispée autour de ta boisson, à peine tremblante. Maximilia ne put s’empêcher de s’étouffer dans sa boisson. Les orbes bleutés se plissèrent et tu déposas ta coupe pour croiser tes doigts sous ton menton.
« Je vois, commenças-tu d’un ton provocateur. Il t’en faut vraiment peu pour aller courir la moindre jupe du royaume.
- Mais… Et maman ? S’enquit ta sœur à tes côtés.
- Si vite oubliée ! T’esclaffas-tu en t’adossant à ton siège, tandis que tes mains se joignaient à ton discours. Tu es bien libre de faire ce que tu souhaites, papa. Après tout, ce n’est pas la première. »
Les plats fumants ne tardèrent pas à se joindre au tendre décor si parfait que l’on pouvait presque croire à cette perfection factice. Seulement, tu étais cette tâche sombre sur le tableau, l’étalant tout du long afin de ruiner cette image que vous vous efforciez à tenir. Lorsque l’assiette te fut tendue, tu n’y jetas même pas un regard, offrant un bref sourire à Arnold qui lui pouvait sentir l’aura furieuse qui émanait de toi.
« Si tu comptes m’assommer d’un autre discours aussi ennuyant que celui-ci, je pense que je peux dès à présent quitter cette table, achevas-tu d’une voix étrangement calme.»
Tu allais te redresser, afin de quitter les lieux. Tu le savais parfaitement, vous n’étiez pas faits pour vous entendre, tu avais simplement accepté de le suivre pour soulager le fardeau que vous étiez devenus pour votre mère. Seulement, la main de Maximilia sur ta cuisse t’arrêta dans ta lancée. Soufflant par le nez, tu abdiquas, avant de te rasseoir. Tu pouvais bien lui octroyer encore quelques minutes afin qu’il finisse de vous annoncer ses grandes nouvelles. Sans attendre, ta fourchette se planta dans la viande tendre que tu découpas soigneusement, d’un geste presque chirurgical. Tu l’apportas jusqu’à tes lèvres pour la mâchouiller pensivement.
« Sache que je ne le fais pas par égard pour toi. »
Non papa
Max & Wolfram
Aux commentaires de tes enfants, tu haussas un sourcil. Vraiment ? Ils oubliaient bien vite que c’était elle qui était partie alors qu’elle était enceinte. Elle avait piétiné tes sentiments, t’avait laissé seul avec la bague que tu comptais lui offrir, et tu n’avais même pas eu le droit d’être là pour eux. Tu avais mis des années à l’oublier malgré tes partenaires éphémères. Tu retins difficilement la grimace et inspiras doucement pour rester calme. Ce n’était pas le moment de t’énerver. Les jumeaux n’y étaient pour rien pour tes regrets. Ton regard se posa sur Maximilia, la demoiselle avait réussi à retenir son frère. C’était déjà ça. ”Lilianne a refait sa vie depuis des années, je n’ai aucun intérêt à lui rester fidèle alors que nous n’éprouvons plus rien l’un pour l’autre.” Soupiras-tu alors qu’on posait une assiette devant-toi. Si la conversation avait été plus agréable, tu aurais certainement profité de la nourriture appétissante qui venait chatouiller tes sens, là ? Tu l’ignorais. ”Et puisque mes relations t’intéressent autant Gabriel, sache que ce mariage est purement politique. ” Et cela même si la jolie journaliste était charmante. Le visage de Pariza te revint à l’esprit, elle avait su attiser ton intérêt et pas seulement grâce à son physique agréable. ”Grâce à ce mariage, nous aurons une alliance avec les Samnang.” Et bien d’autres choses que tu aurais tout le temps de leur expliquer plus tard... quand ils se seront faits à l’idée.
”J’organiserai une rencontre avant le mariage, vous aurez tout le loisir de faire connaissance avec Pariza à ce moment-là.” Ajoutas-tu en tirant sur ton cigare. Tu ne savais pas si tu devais appréhender cette rencontre ou non... Dans tous les cas tu devrais prévenir la demoiselle du caractère si sympathique de ton fils. M’enfin, la jeune femme saurait certainement gérer la situation.
”Concernant l’autre annonce...” Commenças-tu pour couper court au débat sur ta vie sentimentale et ton mariage prochain. ”... elle vous concerne encore une fois tous les deux.” Insistant bien sur ce dernier point, puisque tu savais que ta décision ne ferait clairement pas l’unanimité. ”Vous allez vivre ici désormais.” Encore une fois tu mettais les pieds dans le plat. De toutes façons, Gabriel s'énerverait même si tu prenais des pincettes.
Cependant, cette nouvelle annonce tendait clairement à te semer des embûches sur ton chemin. Ton regard s’illumina d’un éclair furieux et tu reposas ta fourchette dans ton assiette, probablement plus violemment que tu ne l’aurais voulu. La main de Maximilia se posa sur ton bras, t’intimant d’une voix douce, mais cette fois-ci tu l’ignoras, ton visage se déformant d’un sourire grimace qui voulait tant en dire sur tes pensées. Ta lèvre inférieure tremblait comme prise d'un spasme.
« Je pense avoir mal compris. »
Tu défias ton père du regard, les poings serrés sur la table. Tu espérais très sincèrement avoir mal compris ce qu’il insinuait, et si ça ne l’était pas, tu aurais tôt fait de lui retourner sa table dans la figure. Ton visage se glissa dans le creux de ta main.
« Tu arrives dix-huit ans trop tard pour t’inquiéter de notre bien-être Wolfram, assénas-tu d’un ton sec. Je n’ai pas besoin que tu viennes fourrer ton sale museau dans mes affaires. »
Tu repoussas ton assiette à peine entamée, la faim t’ayant abandonné depuis ce qu’il venait de vous annoncer. Tu t’adossas plus confortablement contre le dossier de ta chaise, les bras croisés sous ta poitrine. Tu avais hâte d’entendre ses arguments certainement tous plus foireux les uns que les autres.
« Pourquoi un tel revirement soudain ? Tu avais mille occasions de le proposer. Mais non tu préfères attendre aujourd’hui, dissimulant tes grands projets derrière l’idée d’un mariage foireux !
- Gaby ton langage !
- Mais Max ! Ecoute-le enfin ! Il ose jouer la carte du père inquiet ! »
Tu t’animas de vifs mouvements véhéments tandis que ta sœur tentait bien en vain de te faire regagner tes esprits, mais tu étais déjà parti bien loin. D’autant plus, alors que tu connaissais parfaitement la raison qui le poussait vous faire cette proposition, et c’est ce qui t’enrageait d’autant plus. Ta main rencontra le bois de la table violemment, faisant tressauter les couverts qui s’y trouvaient.
« Il en est hors de question ! Quoique tu dises, quoique tu craches, je n’ai pas besoin de toi. Tu as toujours préféré t’entourer de faux-semblants qui ont nui à tout ton entourage. Si maman est partie et a refait sa vie, c’est qu’il y a une raison derrière ça. Je ne tiens pas à être la prochaine victime de ton projet ou de ceux des autres ! »
Il pouvait bien continuer à te chanter des louanges toutes plus fausses que les autres, ton choix était et resterait inchangé. Un envers du décor avait juste bouleversé toutes tes croyances concernant le petit palais de votre père, ainsi que les richesses qu’il pouvait posséder, et tu avais bien décidé de ne pas être la petite marionnette de votre imbécile de père, tu avais déjà suffisamment donné.
« Peu importe tes arguments, ma réponse restera non. »
Non papa
Max & Wolfram
Un refus comme tu t’attendais, mais tu ne les laisserais pas se mettre en danger pour une fierté mal placée et si ton fils devait te détester pour ça... et bien tu l’accepterais. Plus jamais Warren où un autre ne poserait un doigt sur eux, pas sans avoir tenté de les protéger. Tu ne voulais pas avoir plus de regrets que tu en avais déjà les concernant. Tu aurais pu tenter de répondre à chacun des reproches de Gabriel, lui dire que tu avais toujours gardé un œil sur eux, qu’au final le choix de Lilianne les avait protégés même si tu aurais préféré que ça se passe autrement, que tu aurais aimé être un père pour eux tout simplement, pourtant tu restas silencieux, laissant le jeune “homme” exprimer son mécontentement. Tu n’aimais pas exposer tes sentiments et même si tu te décidais à le faire, tu n’étais pas certain que les jumeaux les écouteraient alors qu’ils étaient énervés.
Tu vis Arnold s’approcher des enfants, prêt à défendre ton opinion, mais tu lui fis signe de ne pas intervenir. Ce n’était pas la peine que le vieil homme s’attire les foudres de Gabriel. Encore une fois, tu pris sur toi, inspirant doucement.
”En effet, je suis inquiet Gabriel, je l’ai toujours été. Je ne veux pas que mes ennemis puissent à nouveau poser un seul doigt sur l’un d’entre vous.” Tu regardas ton fils droit dans les yeux. ”Alors, je ferai mon possible pour vous protéger même si cela t’énerve... J’aurai pu vous obliger à quitter la Capitale, mais je ne le ferai pas. A la place, je vous demande juste de loger ici.”[ Ils auraient pu venir à Grand Port ou dans les archipels avec toi, entre ta présence, celle de Philipa et ta future alliance avec les pirates ils auraient été bien plus en sécurité... Pourtant tu ne voulais pas chambouler toute leur vie, pas plus qu’elle ne l’était déjà.
”Et si c’est ma présence qui te gêne, tu n’auras pas à me supporter continuellement. Je ne suis pas toujours à la Capitale...” Tu te penchas légèrement en avant. ”Vous aurez tout le manoir pour vous deux et les hommes qui resteront pour en assurer la sécurité et Arnold s’occupera de gérer la logistique.” Puis, tu avais confiance dans le vieux bougre pour veiller au grain et te prévenir si quelque chose arrivait. ”Puis, c’est temporaire, une fois que j’aurai éliminé le danger vous pourrez reprendre votre vie.”
« J’en aurais presque les larmes aux yeux de tes beaux discours à la con, acclamas-tu perfide. Le problème vient d’ailleurs Wolfram. »
En effet, ce n’était pas tant la place, ni même la personne pour qui tu rechignais tant. Tu n’étais peut-être pas l’homme le plus expressif d’Aryon concernant tes sentiments, et probablement que tu ne l’avouerais jamais à haute voix, mais tu appréciais cet homme qui était soudainement devenu votre père. Tu ne vouais pas cette haine que tu semblais tant montrer au nom des Cinderbane. Non, au-delà de cet homme qui avait la prétention de vouloir vous sauver d’un danger qui courait chaque rue de la ville, tu refusais que l’on t’impose encore et toujours. Tu avais l’impression que tes choix ne t’appartenaient plus depuis que tu étais dans ce corps, depuis que tu avais ce prétendu titre de noblesse qui au final n’était qu’un titre pompeux dont tu te fichais bien. Plutôt que de vous offrir une nouvelle demeure, dans laquelle peut-être ils ne joueraient plus cette scène stupide, il préférait vous imposer ses opinions pour lesquelles vos choix ne comptaient pas.
« Mais soit, après tout, ça m’est déjà arrivé une fois, alors pourquoi pas une seconde ? C’est à se demander lequel est le pire ! Peut-être pas toi, tu me diras, au moins tu auras la décence de ne pas me mettre un sac sur la tête.
- Gabriel ! Intervint soudainement Maximilia en saisissant ton bras. Ça suffit ! Papa n’a pas besoin de ça !»
La comparaison avec Richter allait très certainement faire tiquer ton vieux bouc de père. Ton regard s’arrêta un instant sur la silhouette de ta sœur qui s’était interposée fermement dans votre débat. Tu te rassis cependant, ne souhaitant pas argumenter à l’encontre de ta sœur. Tu poussas alors un profond soupir en posant ton front sur tes mains croisées, les deux coudes sur la table.
« Et donc toi tu accepterais de vivre ici sans même qu’on te demande ton avis ? Repris-tu d’un ton désabusé. Pourquoi ?
- Écoute Gabriel, je sais que c’est difficile pour toi de ranger ton égo, mais imagine juste pour moi… Imagine ce que j’ai ressenti quand je t’ai retrouvé alors que tu tenais à peine debout… Ce n’est même pas un sacrifice ce que tu fais ! On va vivre dans un manoir confortable !»
Tu restas interdit avant de baisser les épaules en signe de reddition. Maximilia n’avait pas tort, et Wolfram non plus. Tu levas tes mains pour signaler que tu avais perdu, mais avant que ton père ne se permette la moindre réflexion, tu sifflas d’une voix froide, autant tranchante que la lame d’un rasoir, tu étais impitoyable sur les mots.
« Je ne veux pas que tu penses qu’on te soit redevable. Je le fais uniquement parce qu’il en va également de la protection de Maximilia. Je ne te serais pas reconnaissant, sache-le. »
Non papa
Max & Wolfram
Encore une fois tu restes silencieux alors que ton fils te compare ton “offre” à son enlèvement par Warren Richter. Si tu avais été quelqu’un de bien, ça aurait été une véritable claque. Tu aurais eu mal. Très mal. Tu aurais certainement eu un geste de recul suite à cette accusation. Là ? Tu ne fais rien, te contentant de le fixer car il n’a pas complètement tort. ”Tu as raison.” Lâches-tu en regardant ton fils droit dans les yeux alors que tu te trouves toujours sur ton siège. ”Je suis bien pire que cette ordure de Warren Richter et c’est pour ça que je sais de quoi sont capables les gens de son espèce.”
Tu n’es pas un saint et tu le sais parfaitement et ça ne changera pas, tu es bien trop vieux pour changer. Puis, tu t’étais décidé à les protéger même s’ils devaient te détester pour cela. ”Il tentera de nouveau de s’en prendre à vous et je ne peux pas me permettre cette faiblesse. Je prendrai donc toutes les décisions que je juge nécessaire pour vous protéger et comme je te l’ai dit tu peux me détester, m’insulter pour te défouler je ne changerais pas d'avis.” Répétas-tu avec fermeté. Un peu plus et tu tapais du poing sur la table. Tu te levas, te dirigeant vers les jumeaux. Gabriel avait eu de la chance, il aurait très bien pu terminer comme Eve. Tu regardas le visage de tes enfants, tu aurais voulu poser ta main sur leur joue ou le sommet de leur crâne, les serrer dans tes bras et leur promettre que tout irait bien, mais ce n’était pas le cas. Actuellement, ton fils serait bien capable de te mordre si tu faisais un geste vers lui... et pour le reste le jeu ne faisait que commencer et chacun avançait ses pions. Warren avait repris un instant le dessus en s’en prenant à ta progéniture, mais il en payerait les conséquences un jour ou l’autre.
”Tu ne me dois rien Gabriel, je ne veux pas de ta reconnaissance. ” Tu n’attendrais jamais ça de tes enfants. ”J’agis ainsi par pur égoïsme, je ne veux pas vous voir blesser ou vous perdre car je tiens à vous deux.” Tu ne le faisais pas car ils partageaient ton sang, mais bien par amour. Sans ça, ils ne seraient pas ici, jamais tu ne les aurais acceptés et Warren aurait pu faire ce qu’il voulait d’eux. Tu les contemplas encore quelques secondes, avant de te diriger vers la sortie sans même avoir touché à ton assiette ou à ton cigare abandonné sur le cendrier. Arnold te laissa passer, le vieil homme était resté silencieux tout du long et tu n’arrivais pas à discerner ses pensées alors qu’il avait contemplé toute la scène. Tu l’entendis vaguement informer les jumeaux qu’il avait fait préparer deux chambres l’une à côté de l’autre pour cette nuit alors que la porte se refermait derrière toi.
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