Tu avais passé toute la journée à courir. Il y avait des jours comme ça, tout s’enchaînait à une vitesse folle et évidemment, tu n’avais le temps de rien. Même pas de t’asseoir un instant pour manger tranquillement. Depuis quelques années, pourtant, la taverne de ton père était devenue une plutôt bonne adresse pour se restaurer. Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était plutôt bon, du moins, les retours avaient toujours été très positifs. C’est toi qui avais mis cette idée dans la tête de ton père … au départ, il se contentait de servir à boire, finalement, il avait accepté d’aider cette bonne femme dans le besoin, il lui avait offert la place de cuisinière en échange d’une modeste somme d’argent et d’une chambre à elle. Depuis, les affaires marchaient du tonnerre … si ce n’est que la charge de travail avait au moins doubler.
Tu n’avais rien contre les corvées, le travail en général. Bien au contraire. Seulement, il y avait des jours où c’était un peu plus lourd sur tes épaules. Tu repensais à tes rêves. Tes envies de voyages, d’exploration, d’aventures et de découvertes … et tu ne pouvais t’empêcher de te dire que ce n’était définitivement qu’un rêve qui jamais ne deviendrait réalité. Tu ne pouvais pas laisser ton père tout gérer seul, là, comme ça, ça te paraissait inconcevable.
La nuit commençait à tomber, et il avait fallu que tu abandonnes torchons et tablier pour quitter la taverne afin de courir chez le boulanger. A cette heure, il était fermé, mais tu étais décidée à aller frapper jusqu’à la porte de sa maison pour lui rappeler fermement la livraison du lendemain matin. Il avait oublié la dernière, si bien qu’aujourd’hui, tu avais dû expliquer à chaque client que la taverne n’avait pas de miches à disposition pour la journée. Certains avaient été très mécontents, et toi aussi, il était donc hors de question que tu passes une seconde journée comme celle-ci dès le lendemain.
Ta cape de tissu sur les épaules, tu courrais à travers la rue. Pressée, tu ne voulais pas abandonner ton poste trop longtemps, il y avait encore pas mal de clients à cette heure, tu étais consciente d’avoir du travail. Pourtant … bien vite, tu t’arrêtes lorsque ton oreille capte un couinement, un gémissement. Quelques pas, et tu finis par mettre la main sur ce chiot incroyablement petit, caché sous un chariot, tremblant et visiblement perdu. Tu te laisses donc tomber à genoux pour attraper le petit animal et puis tu retires ta cape pour l’enrouler dedans afin de lui tenir chaud. Tu savais que tu étais pressée, que tu devais voir le boulanger … mais tu ne pouvais tout de même pas l’abandonner ici à son sort.
hrp ; raou
feat Terry
Petit bond, petit saut, et te voilà dehors.
La finesse de tes gestes et le silence de tes pas te font parfois oublier l'humanité que tu caches en toi. Tu avances donc dans les rues, frôle des caisses et autres marchandises sans faire le moindre bruit. L'air est frais, non sans sa pointe d’âcreté nocturne qui te pince les naseaux. Tantôt parfum, tantôt pestilence, le quartier avaient son lot d'odeurs que tu aimerais parfois ignorer. C'est en gardant le pas agile et vivace que tu te décides, par la plus grande des curiosités, d'aller vadrouiller autour de la taverne de Mr. Heartlake. Tu espères y croiser Terry, en plein service, peut-être même lui agripper le regard et si chanceux tu es, lui soutirer un sourire.
C'est avec le cœur léger que tu te faufiles dans une nouvelle ruelle, apercevant au loin... la demoiselle en question. Tu te figes instantanément, et d'une concentration épineuse, empêche les ronronnements de te gagner la gorge. Sois naturel Nemean.
Naturel.
Tu avances donc de quelques pas, annonçant ton approche de quelque cliquetis de griffes. Elle est surement habituée, depuis le temps que vous vous connaissez. T’ose espérer que ton bruit de griffes sur la pierre la rassure plus que ne la surprenne.
« Salut Terry ! Tu as déjà fini ton service ?
Les yeux rivés sur elle, tu ne remarques pas, ou si peu, le petit animal qu'elle blottit dans sa cape en tissue.
« halloween »
Le plus délicatement du monde, tu frictionnes le tout petit animal pour le réchauffer un peu. Le temps se réchauffe ces derniers temps, mais la météo est loin d’être stable de toutes façons. Sans ta cape, tu peux déjà sentir la fraîcheur de la nuit se déposer sur ta peau si bien que tu frissonnes légèrement. Tu l’observes, lui relevant la tête délicatement pour constater qu’il est tout sale, poussiéreux surtout, ce qui te fais dire qu’il traîne dans la rue depuis plusieurs jours déjà, au moins. Abandonné ? Probablement. Ou alors s’était-il simplement égaré ? C’était aussi une possibilité. Pour l’heure, tout ce que tu savais c’était qu’il était seul, qu’il avait froid, probablement faim aussi et que tu n’étais pas du genre à abandonner un tout petit être fragile à son sort …
Tu offres une légère caresse à l’animal. La ruelle est silencieuse ce soir, tout le contraire de la journée. Il n’y a pas de passage et le seul bruit que tu entends proviens d’un peu plus loin, de la grande place commerçante adjacente probablement. Et puis, il y a ce bruit tout léger. Ce claquement régulier d’abord lointain mais qui semble s’approcher de toi, dans ton dos, lentement mais surement. Un animal. Des griffes. Tu te retournes vivement, serrant le chiot tout contre ta poitrine avant de souffler, soulagée, lorsqu’une voix familière résonne entre les murs de la petite rue.
hrp ; raou
feat Terry
Tu es content de la voir.
Tu t'approches alors un peu, laissant les cliquetis de tes griffes résonner sur le sol jusqu’à apercevoir la petite boule de poils logée dans ses bras. Surpris et surtout curieux, tu approches ton museau froid du chiot. Un couinement et deux pattes collées sur tes bajoues, tu le fixes, attendri.
« Il est si petit...
« Tu devrais le ramener à la Taverne... Il va mourir si on le laisse là et puis, il pourra tenir compagnie à ton père !
« D'ailleurs... Terry...
« Tu veux toujours devenir aventurière ... T'en as parlé à ton père ?
Cette question semblait venir de nulle part et pourtant, dans ta tête, elle prenait tout son sens. Ça n'a toujours été qu'hésitation avec Terry. Un peu comme avec ce chiot, un peu comme avec sa vie. Tu connais son désir d'escapade mais tu connais aussi le sentiment de culpabilité qui la gagnerait si elle venait a délaisser son père... Finalement, alors que tu la regardes droit dans les yeux, tu sens ton instant de confiance fondre comme neige au soleil. Tu recules d'un ou deux pas, baisses la tête et croises tes pattes.
« J-j'aurais peut-etre pas dut demander... apr-après tout ça me regarde pas..!
T'as envie de rajouter des phrases cools, du genre ; "Si tu pars, je pars ! " ou mieux "[...] Si je pars, sache que tu auras une place à mes côtés." Mais bon... faut-il encore que tu trouves le timing et le courage de balancer ce genre de discours...
« halloween »
Tu hésites. Tu hésites toujours, de toutes façons. A croire que tu es tout à fait incapable de prendre une décision rapide et instantanée. Tu te demandes maintenant ce que tu peux bien faire ce petit animal. Est-ce que tu dois le ramener à la maison ? Peut-être que sa mère n’est pas si loin. Tu pourrais te mettre à la chercher mais tu perdrais probablement plus de temps qu’autre chose, pour rien sans doute. Dans tous les cas, il sera bien, à la taverne. Il aura à manger, et puis il sera au chaud, au moins. Tu pourras même lui donner un bain.
Tu observes un instant ce petit chiot, il n’a pas l’air particulièrement intimidé par le lion qui s’approche de lui. Bien au contraire, même. Il ose approcher, toucher, taquiner ce qui provoque un sourire chez toi. « Je pense que je vais l’emmener oui. » C’était la meilleure chose à faire. Et puis, Nemean avait raison, il tiendrait compagnie à ton père et ce dernier serait probablement ravi de faire une place au petit canidé. Il avait toujours adoré les animaux, et puis, Monsieur Heartlake était doté d’un grand cœur. Tout doucement, tu ramène le chiot à toi, tu l’enroules avec une certaine précaution dans le tissu. Tu ne vas pas rentrer directement, tu as encore le boulanger à voir, ce ne sera pas long, mais tu préfère éviter que le pauvre petit n’ai froid plus longtemps alors tu le préserves comme tu le peux avant de relever la tête vers le postier.
Cette question, elle revient de plus en plus souvent. A croire que les gens n’attendent qu’une chose : que tu finisses par te lancer une bonne fois pour toutes.
Sans réellement attendre une réponse finalement, tu fais quelques pas dans la ruelle dans la direction que tu viens d’indiquer.
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