Les ordres du médecin sont indiscutables
La journée avait été longue. Après la visite d’Anh, cinq personnes étaient venues pour un examen de santé. Entre ces entretiens qui étaient prévus, trois autres patients imprévus avaient besoin de soins. Les soins étaient mineurs comparés aux blessures de l’aventurière. Assis à ton bureau, tu terminas la prescription de ton dernier client avant de le laisser partir. Tu pouvais enfin fermer le bureau. Cependant, avant de pouvoir quitter, tu devais nettoyer la pièce. La dernière personne avait été particulièrement maladroite et t’avais fait renverser ta tasse de café. Une belle tâche brune décorait ton pantalon et le sol était collant à cause du sucre que tu avais ajouté. Tu avais hâte que la journée se termine.
Une fois le tout nettoyé, tu verrouillas la porte et entamas le chemin vers chez toi. Le soleil était à peine visible et le ciel virait d’un rouge-orangé à un bleu de plus en plus sombre. Une fois chez toi, ta chatte s’étira et vint te rejoindre à l’entrée. Tu aurais bien voulu rester dans ta maison un peu plus longtemps et lire un livre en compagnie de Trixie, mais tu voulais rendre visite à Anh. Alors, tu changeas de tenue pour quelque chose de plus confortable avant de reprendre la route. Heureusement qu’elle n’habitait pas très loin, car tu détestais marcher longtemps. Une fois arrivé devant sa porte, tu cognas trois fois.
« Anh ? C’est Lovis, je viens vérifier que tu vas bien. »
Tu n’étais plus certain si elle habitait seule ou non. Ce que tu pouvais être certain était qu’elle faisait beaucoup de bruit pour se rendre jusqu’à la porte. Lorsque celle-ci s’ouvrit, il remarqua instantanément que le bandage de son bras s’était défait. Il soupira. Pourquoi n’était-il pas étonné ?
« Bonsoir Anh, je constate que tu as décidé de prendre du repos d’une façon plutôt particulière. »
Pourquoi était-ce si difficile de suivre les ordres du médecin ? C’était peut-être ennuyant de rester au lit, mais c’était nécessaire.
Pensez vous, Anh ne s’était pas contentée de rentrer directement. Comme elle avait prévu, elle était tout d’abord passée à la guilde. Là bas nul ne lui demanda d’où venaient ses blessures, les hôtesses étaient habituées à la voir revenir en lambeau et en fin de compte, c’était les risques du métier.
Elle échangea la lettre de confirmation du doyen contre les cristaux de la quête et s’en alla avec un grand sourire aux lèvres. Avec sa jambe boiteuse elle avait mit bien plus de temps que prévu pour arriver jusqu’ici mais la journée était encore longue, elle avait largement de quoi faire.
C’est donc toujours en trottant avec ces béquilles qu’elle se dirigea vers le quartier commerçant. Discutant avec les passants, elle raconta ses aventures à quelques gamins du quartier curieux, en émettant bien sur la manière dont elle s’est majestueusement écrasée au sol. Elle acheta quelques vivres pour passer les quelques jours dans sa chambre, un joli livre illustré racontant l’histoire d’une princesse, non pas prisonnière, mais qui va se battre pour aller délivrer son prince charmant, capturé par un dragon. Une histoire romantique pleine d’actions !
Elle passa également devant une échoppe proposant quelques œufs de familiers. Bien sur, il n’y en avait pas en vitrine : les vendeurs n’allaient pas prendre le risque que certains se lient avant l’achat… elle se remémora les paroles de Lovis lui conseillant d’en adopter un et fini par hausser les épaules. Elle verrait bien le moment donné, pour l’instant elle n’en avait pas l’utilité. Elle passa donc devant la vitrine sans plus s’y arrêter…
Vadrouilla encore dans les rues de la capitale, elle fit quelques emplettes, notamment de vêtement vu que les siens étaient fichus, et hésita devant une échoppe alchimiste : devait-elle acheter des potions de soins ? Elle s’attarda sur les prix et secoua la tête, ses finances ne lui permettaient pas encore et elle devait déjà payer son médecin.
Enfin, elle rentra chez elle. La journée était bien avancée et toutes ses péripéties avaient encore relancés ses douleurs… Douloureuse. Mais pas insupportable, elle avait connu bien pire.
Alors elle s’attela à la cuisine. Seulement le bandage effectué par Lovis était bien trop serré et ne lui permettait pas une grande liberté de mouvement. Aussi, elle entreprit de les desserrer légèrement afin de pouvoir couper sa viande en paix. Seulement la tache fut plus ardue que prévu : autant pour le bandage que pour la viande. Le premier était particulièrement bien fait et ce fut au prix de long effort qu’Anh parvint à trouver le bout pour le défaire. Pour la seconde, elle était bien trop ferme et la jeune femme dû s’y reprendre à plusieurs reprises pour ne couper ne serait-ce qu’un bout, ne parvenant pas à y mettre toute sa force avec son bras blessé… Quelle idée aussi !?
Puis on toqua à la porte. Curieuse, elle tendit l’oreille avant de reconnaître la voix du jeune homme. Elle baissa les yeux sur le carnage en cuisine et sur son propre état et grimaça.
Heu… j’arrive !
Enfilant rapidement un poncho, espérant cacher le désastre qu’elle avait fait avec le travail du médecin, elle claudiqua jusqu’à la porte pour ouvrir au blond. Et hésita quelques instants avant d’afficher un grand sourire suite à sa réponse :
Oh ça tombe bien ! Tu vas pouvoir m’aider ! Tu vois…
Elle afficha une mine de chat battue… Pauvre petite Anh malheureuse.
Justement je voulais faire de mon mieux pour rester au lit, je te promet ! Mais j’avais faim et je voulais cuisiner… mais à cause de ce bras blessé je n’arrive même pas à faire une chose aussi simple… comment vais-je me nourrir? Ne dit-on pas qu’un bon rétablissement passe d’abord par une bonne alimentation ?
Elle essaya de sortir son sourire le plus attendrissant en laissant entrer Lovis chez elle.
Elle habitait un petit appartement des plus charmant. Pas très grand mais très confortable : un petit coin cuisine dans le salon où un confortable canapé était recouvert de peluches en tout genre, une table basse pour ses repas sur un tapis en fourrure et deux portes, l’une pour la chambre et l’autre pour la salle d’eau. Un petit cocon confortable dont le loyer n’était pas très élevé mais suffisant pour la demoiselle qui vivait seule.
Les ordres du médecin sont indiscutables
Tu ne veux pas laisser le vent froid entrer dans l’appartement d’Anh, alors tu entres à l’intérieur et refermes la porte derrière toi. Demander à l’aventurière de se reposer était réellement impossible. Dans le fond de ton esprit, tu sais qu’elle ne t’a pas écouté et qu’elle avait fait le tour de la capitale. Du moins, elle avait au minimum passer au marcher pour essayer de se faire un repas. Tu observes la cuisine où se trouve une viande à moitié couper et quelques légumes divers. Tu supposes qu’elle avait bien raison. Elle avait peut-être besoin de repos, mais elle avait aussi besoin de se nourrir. Tu soupires.
« Tu n’as pas tort. Il est important de bien se nourrir. Mais il est aussi important de ne pas défaire le travail du médecin qui a pris le temps de te faire un bandage parfait. »
Tu lui offris ton bras pour l’aider à se déplacer vers le canapé. Puisque tu étais là, elle n’avait pas besoin de prendre ses béquilles. C’était plutôt mignon de voir toutes ces peluches. Si jamais elle s’ennuyait, elle pouvait jouer avec ses amis poilus. Tu avanças à son rythme sans la brusquer jusqu’à ce que vous soyez devant le canapé.
« Allonge-toi. Et garde ta jambe droite. »
Tu te penchas pour lui laisser s’asseoir et lorsqu’elle fut bien sagement sur le canapé, tu levas sa jambe pour la poser sur un coussin. Au moins, elle n’avait pas décidé de ruiner le bandage de sa cheville.
« Puisque tu n’arrives pas à cuisiner, je vais terminer ce que tu as commencé. Un bon rétablissement passe d’abord par une bonne alimentation, n’est-ce pas ? »
Si elle n’avait mangé que le muffin, elle avait besoin de plus de nutriment. Tu lui souris et te déplaças vers la cuisine. Tu n’étais guère enchanté qu’Anh avait décidé de défaire le bandage, mais tu n’allais pas la laisser mourir de faim pour une telle raison. De toute façon, si tu ne faisais que refaire son bandage, il reviendrait dans cet état. Après avoir attaché tes cheveux et avoir lavé tes mains, tu prends le couteau posé près de la viande et commences à couper cette dernière.
« Je vois pourquoi tu avais du mal avec cette viande. Elle est plutôt coriace. Ne te lève surtout pas d’ailleurs. Alors, raconte-moi ta journée après notre entretien. »
Cela sous-entendait que tu voulais savoir à quel point tu allais devoir la réprimander. Tout en coupant la viande en cube, tu écoutas la jeune femme te raconter son récit. Une fois la viande coupée, tu passas aux légumes. Il était important de manger beaucoup de fruits et de légumes. Tu souris en voyant deux poivrons sur le comptoir. Ces légumes étaient remplis de vitamine aidant à soigner les os brisés.
« Savais-tu, les graines de citrouille peuvent aider à soigner tes os brisés ? Cela pourrait être une collation intéressante. »
Le médecin entra rapidement et ferma derrière lui, ne laissant pas le froid pénétrer l’habitat… Lorsqu’il finit par admettre qu’elle avait raison -ou du moins, pas tout à fait tord- un grand sourire s’afficha sur son visage. Pensant qu’elle avait gagné mais elle afficha très rapidement une mine boudeuse à la suite de ses paroles
Hm… désolée ?
Elle accepta avec plaisir le bras tendu par le citoyen et claudiqua à ses côtés jusqu’au canapé où elle se laissa tomber dans un soupir las. Qu’il était pénible d’être ainsi handicapé. Non pas pour la douleur, c’était une chose pas forcément très désagréable mais bien pour les choses qu’on ne pouvait faire… La cuisine par exemple. Quelque chose d’aussi simple.
Oui oui…
Ecoutant les ordres du médecin, la jeune fille s’installa confortablement, un coussin dans son dos, une grosse peluche de Gloot dans les bras, enfouissant sa tête tendant et les jambes allongées sur le canapé.
Ouiiii ! Merci ! Je suis sûre que tu es un excellent cuisinier !
D’ailleurs, Anh était intriguée. Lovis était habile avec les bandages, il l’avait démontré bon nombre de fois, mais qu’en était-il de son talent culinaire ? L’aventurière espérait juste ne pas avoir fait de bêtise en confiant cette tâche fondamentale au médecin.
La jeune femme l’observait donc d’un oeil avisé tout en répondant à sa question.
Et bien… je n’ai pas fait grand chose promis ! Je suis juste allée faire quelques courses !
Du coin de l’oeil elle avisa le sac en papier comportant livres et vêtements. S’étant précipité sur la nourriture, elle n’avait pas eu le temps de tout déballer. Mais cette petite vadrouille, elle la garda pour elle. Anh entendait déjà d’avance les commentaires réprobateurs du médecin, donc elle n’allait pas en plus lui dire qu’elle s’était baladé dans toute la capitale pour des choses aussi peu urgentes -d’autant que des vêtements et des livres, elle en avait déjà des tonnes.
Les graines de citrouilles ? Je n’ai jamais essayé mais ça ne doit pas être mauvais !
Elle hésita.. mais fini par céder et ajouta d’un ton provocateur :
Je suppose que je ne peux pas aller en acheter maintenant ?
Avant que Lovis n’ai pu répondre elle reprit :
Sinon je dois avoir quelques cacahuètes salées dans un placard au dessus.
Elle montra le dit placard du doigt. C’est vrai qu’une collation n’était pas une mauvaise idée. Elle n’avait aucune idée si les cacahuètes avaient une fonction curative mais qu’importe, c’était très bon en grignotage et le temps que le repas soit près, elle aurait le temps de mourir au moins dix fois de faim… D’ailleurs, pour illustrer ses propos, son ventre commença à la tirailler et grogner…
Dis tu prépares quoi du coup… ? C’est prêt quand ?
Les ordres du médecin sont indiscutables
Tu n’aurais pas été aussi loin qu’a dire que tu excellais dans la cuisine, mais tu savais comment te débrouiller. Puisque tu n’avais pas toujours le temps de déjeuner, ni même diner certains jours, il était important que tu arrives à absorber les nutriments nécessaires à ta survie à l’heure du souper. Il était toujours plus facile de trouver l’appétit lorsque le repas avait l’air ragoutant pour les yeux et les narines. Une fois les poivrons couper, tu commenças à couper un oignon et tu sentis tes yeux commencer à bruler.
« Ah oui ? Quel genre de course ? Il me semble très bien de t’avoir fortement recommandé de rester au lit et de bouger le moins possible. »
Tu tournas ton attention vers les sacs qui semblait plein, puis retourna ton regard sur Anh avec un soupir. Tu ne les regardas pas longtemps, ne voulant pas violer l’intimité de la jeune femme. Tu te doutais bien qu’elle n’avait pas pris de calèche pour se promener dans la ville et qu’elle avait décider de faire le tour de la ville.
« Le gout est particulier, mais il s’agit de quelque chose de facile à grignoter en lisant un livre. »
Lorsque tu étais chez toi à lire, tu pouvais facilement manger un bol de graine de citrouille griller avec un peu de sel sans même t’en rendre compte. Tu aimais particulièrement manger cela lorsque tu travaillais tard, car manger t’aidais à rester éveiller plus longtemps. Mais peut-être que pour Anh, ce dont elle avait besoin était quelque chose pour la faire dormir pour s’assurer qu’elle ne quitte pas son lit pour faire des bêtises. Tu haussas un sourcil à sa question, mais repris un air neutre peu de temps après.
« Si tu souhaites tant que cela à en avoir, je repasserais lorsque j’aurais le temps pour t’en donner. En attendant, tu pourras grignoter tes cacahuètes. »
Après plusieurs minutes à couper les ingrédients, il était temps de tout assembler. À feu doux, tu commenças à faire cuire les oignons, puis tu ajoutas des carottes préalablement éplucher et couper avec d’ajouter de l’eau dans la marmite et la viande. Doucement, mais sûrement, la concoction commença à bouillir et tu ajoutas des épices et des patates.
« Un ragoût avec de la crème, nous n’avons qu’à laisser mijoter pour une trentaine de minute et le tout sera prêt. En attendant, je vais refaire tes bandages. »
Tu nettoyas tes mains et la vaisselle que tu avais salis avant de retourner dans le salon où ta patiente t’attendait et au passage, tu attrapas ton sac. Puisqu’elle vivait seule et qu’elle avait besoin d’être capable de cuisiner, tu allais devoir faire un bandage plus approprier à sa condition. Tu sortis de ton sac un coffre contenant tout l’équipement essentiel d’un docteur.
« Cette fois, je vais espérer que tu ne vas pas défaire le bandage. »
C’était une bonne chose que le tissu avait été bien attacher, car dans sa petite escapade, il aurait facilement pu se défaire. Replaçant ce qui devait être replacer, tu enroulas son bras dans plusieurs couches de bandage tout en gardant en tête qu’elle devait être capable de bouger son bras à la fin de tes soins.
Anh ne faisait pas la fière, elle ne savait pas si Lovis allait être assez laxiste avec elle ou pas, surtout vis à vis de son escapade. Elle comprenait ses arguments et les raisons qui faisaient qu’il lui demandait ça… mais entre comprendre et appliquer, il y avait un gouffre.
Elle finit par détourner le regard :
Juste quelques courses au marché..
Puis la discussion se poursuivit pendant que le jeune homme était au fourneau : un médecin qui cuisinait et soignait. Que demander de plus ? Anh était ravie de pouvoir se prélasser dans son canapé, regardant sans gêne la silhouette du blond s’affairer dans son appartement :
Mouai… en discutant des graines de citrouille,
il faudra que je goûte alors !
Une bonne odeur ne tarda pas à arriver de la cuisine avec un petit nuage d’eau au-dessus de la casserole. Malgré ses cacahuètes, le ventre de la demoiselle se remit à grogner. Elle rougit et baissa les yeux :
D’accord… ça m’a l’air bon en tout cas, j’ai hâte de goûter à ta cuisine !
Puis elle se laissa remballer de nouveau dans toute cette couche de bandage. Se laissant manipuler comme une poupée qu’on habille, avec des tonnes et des tonnes de tissus… Bon, en réalité il n’y en avait pas tant que cela, Lovis faisait très bien son travail, mais c’était déjà trop pour l’aventurière qui soupira à chaque fois qu’elle voyait l’objet faire le tour de son bras.
Finalement, après quelques minutes de soupirs las, tout fut terminé.
Merci pour les bandages encore… C’est prêt dans longtemps ? Dis moi tu manges avec moi j’espère ?
Anh aimait bien avoir de la compagnie, mais vivant seule c’était rarement le cas… Le jeune homme avait encore une fois raison, devait-elle prendre un familier ? Elle y songerait une fois rétablie. En attendant elle désigna les placards où étaient rangés assiettes et couverts, malheureusement elle n’avait pas de belle table à manger dans ce petit appartement mais la table basse faisait très bien l’affaire…
Ne pouvant trop se déplacer, sous le regard aiguisé du médecin, elle attendit qu’il mette la table en remuant se place..
Rhaaaa! ça sent trop bon ! j’ai trop faim ! Aller, vite vite ! A table !
Les ordres du médecin sont indiscutables
Docteur et chercheur. C’est ce que tu es. Ton horaire chargé comprend à la fois tes patients que tu prends en charge à ton cabinet, mais aussi des longues heures de recherche que tu diriges à l’Astre de l’Aube. Non seulement, tu avais le temps de voir tous tes patients, mais tu avais même le temps de faire tes tâches quotidiennes à la maison à intervalle régulier. Tout comme tes habits, l’intérieur de ta demeure était impeccable. Chaque chose était bien rangée et placée à un endroit stratégique. Tes planchers étaient propres, pas une molécule de poussière ne pouvait être trouvée sur tes tablettes et on ne pouvait trouver aucune trace de doigts dans tes fenêtres. En plus, tu trouvais même le temps de te faire à manger. Bien entendu, il te fallait organiser ton horaire de façon parfaite. Sinon, pour accomplir autant de choses, tu aurais besoin de bien plus de vingt-quatre heures dans une journée.
Lorsque tu terminas le bandage, tu réfléchis à son offre. Avais-tu le temps dans ton horaire de manger avec elle ? À l’heure qu’il était, retourner chez toi et te faire à manger prendrait trop de temps, réduisant le nombre d'heures que tu avais pour te relaxer avant d’aller dormir. Même si tu manquais parfois quelques heures de sommeil, il était important de dormir lorsque tu le pouvais. Tu conclus que la meilleure chose était de rester avec elle pour t’éviter de devoir concocter un deuxième repas chez toi. De plus, cela allait te permettre d’observer un peu plus l’état d’Anh et écouter plus en détail les courses qu’elle avait faites durant la journée.
« Il serait triste de te laisser seule. La nourriture à meilleur goût en bonne compagnie. »
Tu retournas à la cuisine pour nettoyer tes mains et vérifier le ragoût. Tu pouvais voir quelques bulles remonter à la surface et la vapeur s’élever au-dessus de la marmite. Tu trouvas une cuillère que tu utilisas pour mélanger les légumes et la viande, puis renifla l’air avec un sourire satisfait. L’odeur te donnait faim, mais ce n’était pas encore tout à fait prêt. Encore quelques minutes et tu allais pouvoir servir la jeune femme condamnée au salon.
« Il faut apprendre à être patient. Ça ne sera pas bien long. »
Tu avais juste assez de temps pour trouver la vaisselle et placer la table. Une fois les ustensiles et les couverts posés sur la table du salon, il ne resta qu’à remplir généreusement les assiettes. Tu versas deux grandes louches de ragoût dans l’assiette d’Anh, puis une seule dans la tienne. Tu n’étais pas quelqu’un avec un très grand appétit et la demoiselle avait besoin de nutriments pour retrouver ses forces. Les deux assiettes en main, tu retournas dans le salon, puis aidas l’aventurière à se placer.
« Même si tu as faim, essaie de bien mâcher. Je ne voudrais pas que tu t'étouffes. Et c’est chaud, alors fait attention. »
Il serait dommage de devoir ajouter à la liste des blessures de l’aventurière une brûlure mineure au niveau de la langue.
« Bon appétit. J’espère que c’est à ton goût. »
Après une longue journée, un bon repas chaud comme celui-ci était agréable.
« Alors, dis-moi, comment avais-tu planifié te reposer pendant les prochains jours ? »
Il serait triste de te laisser seule. La nourriture à meilleur goût en bonne compagnie.
N’est-ce pas ?
Anh rendit à Lovis un grand sourire après cette réponse. Que se soit pour les repas ou autre, la demoiselle n’aimait pas être seule, la solitude était silencieuse, longue et ennuyante… Il y avait également un proverbe qui disait quelque chose du genre “il valait mieux être seul qu’en de mauvaise compagnie ?” L’aventurière n’était pas de cet avis : il n’existait pas de mauvaise compagnie, pour peu d’y mettre un peu du sien, toute compagnie peut devenir agréable… C’est surtout qu’il s’agit que la plupart du temps c’était la demoiselle qui était la dîte mauvaise compagnie : trop énergique, trop suicidaire, trop stupide… que des termes péjoratifs mais rien qui ne vienne perturber la bonne humeur de la jeune fille.
Trop impatiente également.
Lorsque le mot “patient” sortit de la bouche du médecin, Anh s’affala dans son canapé en soupirant, tête en arrière levant les yeux vers le ciel… Elle n’aimait pas attendre, pourtant dans ce cas là elle comprenait bien que le jeune homme ne pouvait rien y faire, ni avancer le temps ni accélérer la cuisson. Alors elle se retint de tout commentaire.
Finalement une fois que tout fut prêt, les assiettes furent servies. C’est le ventre grognant qu’elle se pencha sur son bol : une bonne odeur arriva à son nez et elle gémit de plaisir.
Hmmmm… ça sent si bon… Merci Lovis ! Bon appétit !
Puis elle plongea la cuillère dans l’assiette et souffla sur le potage brûlant pour le faire refroidir avant de le porter à sa bouche. Elle écrasa quelques morceaux de ses molaires avant d’avaler et tourner la tête pour sourire au médecin-cuisinier :
c’est super bon ! Tu te débrouilles bien dis moi ! Faudra que tu viennes me faire à manger plus souvent !
Cela faisait très longtemps qu’on avait pas cuisiner pour la demoiselle -elle ne comptait pas les auberges et restaurants- et cela lui faisait encore plus plaisir.
Hm… sinon j’ai pris quelques livres ? Et je pensais inviter des gens pour papoter ! Oh ! Je suis passée devant une animalerie aussi, peut être essayer de me trouver un familier ? Tu en as un toi ?
Les ordres du médecin sont indiscutables
Tu observas Anh du coin de l’œil prendre sa première bouchée de ragoût. Chaque personne avait des goûts différents et tu craignais qu’elle n’aime pas ce plat. Tu soupiras presque de soulagement, mais tu retins ton souffle avec un sourire. C’était toujours plaisant de savoir que le travail effectué était apprécié. À ton tour, tu plongeas ta cuillère dans le bol bien rempli. Ce soir, le repas était excellent et non pas seulement, car tu avais été le chef, mais parce que tu partageais ce moment avec quelqu’un. Dernièrement, tu n’avais pas beaucoup de temps pour passer tes soirées en compagnie, alors ce petit changement faisait du bien au moral.
« Non, je n’ai pas de familier. Par contre, j’ai un animal de compagnie, une chatte blanche et brune. À la fois très affectueuse et indépendante. »
Tu aimais te dire qu’elle gardait la maison lorsque tu n’étais pas là. Lorsque tu travaillais, elle avait l’entièreté de la maison pour faire ce qui lui plaît. Durant la saison froide, elle profitait du soleil en se couchant sur le rebord de la fenêtre. Lorsque la neige avait fondu et que la température était plus chaude, tu la retrouvais sur le balcon ou dans tes plates-bandes… Au moins, elle ne mangeait pas tes fleurs. Puis, lorsque tu revenais du travail, elle n’était jamais bien loin, attendant que tu prennes place sur ton fauteuil pour venir se coucher sur tes genoux. Avec elle, tu n’avais pas besoin d’un familier.
« As-tu une idée de familier en particulier ? Peut-être un familier pouvant voler serait une bonne idée. Celui-ci serait en mesure de te rattraper si tu devais tomber d’une falaise une seconde fois… »
Tu n’arrivais toujours pas à croire que ses blessures étaient causées par idiotie. Juste à y repenser t’exaspérais, mais malgré la légère irritation que tu ressentais, tu lui souris. Ses actions auraient pu entraîner des conséquences plus graves, mais elle l’avait compris. Tu n’avais pas besoin de revenir sur ce sujet. Cependant, elle n’avait pas compris que du repos était nécessaire. Non seulement, elle s’était baladée dans la ville pour faire son épicerie, ce que tu pouvais comprendre, mais elle s’était aussi arrêtée à la librairie et à une animalerie. Lorsque tu prescrivais du repos à tes patients, ce n’était pas optionnel.
« Je crois que de la compagnie te ferait du bien. Surtout au vu que tu devras rester chez toi pour te reposer. J’espère que tu as pris assez de livres pour ne pas t’ennuyer. »
Si elle avait des amis pouvant temporairement habiter avec elle, ce serait l’idéal. De cette façon, cet ami pourrait s’occuper des courses diverses.
« Après tout, ce n’est pas en te baladant au travers de la ville que tu réussiras à guérir. Il faut absolument que tu réduises la quantité de mouvement que tu effectues durant la journée. Je n’ai pas toujours le temps de venir refaire tes bandages. D’ailleurs, j’espère que je n’aurais pas à les refaire. Cette fois, j’ai gardé en tête que tu avais besoin de légèrement bouger ton bras pour manger. »
Théoriquement, les pansements devraient rester en place. Tu avais serré le bandage à la perfection et tu avais fait un nœud qui saurait rester nouer malgré les mouvements d’Anh. Pour ce qui est du côté pratique… Si l’aventurière décidait de détacher le nœud, tu ne pouvais pas faire grand-chose. Juste la réprimander davantage…
« Ce serait dommage d’allonger le temps de convalescence, n’est-ce pas ? »
S’imaginant le petit félin du médecin, Anh poussa un petit “Ooow..” d’attendrissement. Elle imaginait le blond jouer avec son petit chat et cette pensée la fit sourire.
Elle doit être trop mignonne…
Puis elle réfléchit à la proposition du jeune homme d’un air pensif, avant de remarquer la petite pique qu’il lui avait faite :
Hé!
La brune afficha une mine boudeuse mais ne pouvait rétorquer quoi que ce soit à cet argument..
C’est pas faux… Je vais y réfléchir… Mais en vrai, ça doit être super bien de pouvoir voler dans le ciel !
Puis le repas reprit et ils discutèrent tout en finissant leurs assiettes :
Merci encore… Oui, j’ai déjà hâte de repartir en mission !
Voyant les yeux ronds de son interlocuteur, elle s’empressa de rajouter :
Après m’être reposée et être complètement guéri bien sûr !
Elle lui fit un grand sourire.
Elle ne voulait pas que son médecin s’inquiète plus que nécessaire, bien qu’elle ne comptait absolument pas rester amorphe tout le temps de sa convalescence, en revanche elle n’allait pas tenter le diable non plus et repartir de si tôt. Elle avait encore un petit budget pour ne pas avoir besoin de reprendre une quête de suite et si elle repartait en aventure dans cet état, Lovis ne serait pas le seul à lui tomber sur la tête… Elle adorait embarquer Draarsus dans toutes sortes d’aventures mais elle n’aimait pas quand ce dernier la réprimandait pour ses conneries… La demoiselle était un peu stupide, mais elle comprenait lorsqu’elle dépassait les bornes -bien qu’elle ne l’acceptait pas toujours.
Son assiette finie, elle soupira et s’affala encore plus dans ses coussins, disparaissant presque sous sa pile de peluches :
Rhaaa… c’était super bon ! Merci en tout cas !
Attrapant un coussin gloot tout duveteux pour le placer contre son ventre, elle se redressa un peu pour reprendre :
Hm.. je suppose que tu as des choses à faire ? Je vais pas te retenir plus longtemps, c’est déjà vraiment cool de ta part d’être venue me faire à manger et tout ! Hm… je suppose aussi que je n’ai pas le droit de te raccompagner jusqu’à la porte ?
Les ordres du médecin sont indiscutables
Il était plutôt rare pour toi d’être en hauteur, mais les fois où tu l’étais, tu n’avais généralement pas peur. Cela dit, t’imaginer avoir un familier pouvant voler à la hauteur des nuages te donnais le vertige. L’idée de te retrouver des centaines de mètre dans le ciel ne semblait pas quelque chose de ‘super bien’. C’est une chose de tomber du haut des marches, ou d’une falaise, mais tomber de sa monture volante en est une autre… Soudainement, tu n’es plus très sûre si un familier volant était une bonne proposition. Tu continuas de manger tout en cherchant des idées de compagnon pour la jeune femme.
C’était presque dommage que le repas fût terminé, mais tu ne pouvais pas rester trop longtemps. Il était temps pour toi de retourner chez toi pour dormir. Le lendemain arrivait toujours plus vite que l’on croit.
« Ce fut un plaisir. »
Tu souris en voyant le gloot. Peut-être que ta chatte aimerait bien un jouet en forme de gloot.
« Mm, et bien, cette porte ne va pas se verrouiller toute seule. Alors je peux bien te permettre de me raccompagner. Mais avant, je vais ramener la vaisselle à la cuisine. »
Même si tu préférais qu’Anh reste allongé, il n’était pas sécuritaire de laisser sa porte déverrouiller durant la nuit. Même si le coin n’était pas particulièrement dangereux, on ne sait jamais quand un voleur un peu trop ambitieux aura envie de tester nos portes. Tu vidas la table du salon pour emporter le tout dans la cuisine. Rapidement, tu nettoyas ce qui devait être nettoyé, puis retourna vers le salon pour prendre tes choses.
« Besoin d’aide pour te lever ? »
Tu restas près de l’aventurière au besoin, puis une fois à la porte, tu lui souhaitas une bonne soirée. Demain, ta journée serait très occupée alors tu lui dis que tu repasserais lorsque tu aurais du temps pour vérifier son état. Tu lui rappelas aussi de faire attention et avec un dernier sourire, tu lui dis au revoir. Tu quittas le périmètre de son habitation, puis retournas à pied chez toi. La nuit était fraîche et tu accéléras le pas. Tu avais hâte de revenir à la maison et profiter du foyer avant de dormir.