Jusqu’à maintenant, Nevaeh se plaisait assez bien dans les montagnes. Elle vivait encore avec la peur de se faire retrouver, mais elle avait fait des découvertes géniales. Grâce à l’enchanteur, elle n’avait plus besoin de chercher des chambres aux diverses auberges. La chambre dans la théière était maintenant son endroit préféré. Il y avait tout ce dont elle avait besoin ; une chambre confortable avec un grand lit, une chambre d’eau où elle pouvait prendre un bain, et même une petite cuisine. Elle n’avait pas osé tester le four, car elle savait qu’elle était un désastre dans la cuisine. Ce n’était pas sa faute, dès qu’elle commençait à cuire quelque chose, tout prenait en feu. C’est donc parce qu’elle était un danger dans les cuisines qu’elle décida de se rendre à quelque part pour manger.

Si la capitale était un endroit surpeupler de rumeur, la forteresse avait son lot d’histoire qui se promenait de bouche à oreille. Surtout dans les auberges. Elle continuait à dire que le meilleur endroit pour récolter des informations était dans les auberges. C’était donc là qu’elle entendit quelques rumeurs. Il y avait entre autres deux qui piquaient particulièrement son attention, celle d’un supposer fantôme et celle d’un dragon. Apparemment qu’à quelques heures de la forteresse, une colonie énorme de soot avait décider de se réunir autour d’un dragon de glace. Pour une des rares fois Lucy était de son côté. Une tempête de neige s’annonçait dans les prochains jours et la pleine lune était censée être dans trois jours. Elle avait presque tous les prérequis pour satisfaire sa curiosité. Cependant, elle n’était pas assez folle pour s’aventurer seule. Alors depuis que cette rumeur lui parvint à l’oreille, elle chercha quelqu’un voulant bien l’accompagner.

À son désespoir, beaucoup de gens refusa sa demande. Même lorsqu’elle leur expliqua qu’elle savait se défendre, tout le monde lui dit de laisser tomber. Les montagnes étaient trop dangereuses pour une demoiselle comme elle. Chaque fois qu’elle entendait cela, elle se mordait la langue. Une demoiselle comme elle. Elle n’était pas si faible ! Lorsqu’elle était aventurière, elle en avait fait des missions dans le nord et elle les avait tous réussi. Enfin, pas sans blessures. Cependant, elle ne devait pas oublier qu’elle ne pouvait plus dire aux gens qu’elle était une aventurière. Avec ce déguisement, elle devait se présenter sous une nouvelle identité. Raelyn, petite herboriste voyageant d’un bout à l’autre du royaume pour trouver des plantes et offrir des soins à ceux le demandant. Elle continua de récolter des informations sur le lieu tout en cherchant quelqu’un voulant l’aider dans son expédition.

C’est donc au bout de deux jours qu’elle abandonna l’idée de trouver un partenaire. Elle enfila plusieurs chandails ainsi qu’une paire de bottes bien chaude, avant de décider de partir seule. Elle avait ses armes sur elle en cas de besoin et elle avait même son manteau de saint. Elle allait revenir vivante de cette expédition et personne n’allait l’empêcher de satisfaire sa curiosité. Ni même cette drôle de femme avec une fleur au visage… Tien. C’est un visage familier. Elle fixa la jeune femme jusqu’à ce qu’elle réalise qui elle était. N’était-ce pas… Elle était aventurière. Elle se souvenait de l’avoir vu à la guilde. Après tout, c’était difficile de ne pas remarquer la fleur à son visage. Malheureusement, avec la mémoire horrible de Nevaeh, son nom lui échappait. Elle tenta alors sa chance et décida d’aborder la jeune femme.

« Pardonnez-moi mademoiselle, mais connaissez-vous les alentours ? J’ai entendu parler qu’une colonie de soot se trouvait non loin de la forteresse, à quelques heures de marche, mais j’ai bien peur de ne pas assez bien connaître les montagnes. »

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Nevaeh observa la carte projetée près de l’archère avec des yeux pétillants de curiosité. Il y avait des détails si subtils et pourtant si précis. Non seulement elle pouvait voir les reliefs des montagnes, mais aussi la neige qui tombait. Cette carte semblait d’une immense utilité et bien mieux que n’importe quelle carte dessiner à la main. Si elle n’était pas à court de cristaux, elle serait retournée voir l’enchanteur pour vider à nouveau son inventaire. Il y avait tant de choses qu’elle voulait s’acheter et s’était une bonne chose qu’elle ait un sac sans fond pour tout ranger, mais pour le moment elle devait sauver le peu de cristaux qu’il lui restait.

Elle prit note d’où elle se trouvait tout en regardant les alentours pour trouver le chemin pour se rendre jusqu’à la colonie. Elle avait déjà fait un bout de chemin et il ne restait plus qu’une petite heure de marche pour atteindre son but. Avec un chemin plus précis, elle avait moins peur de tourner en rond. Si au départ elle ne tenait pas particulièrement à trouver l’endroit, après se faire dire trop de fois qu’elle ne pouvait pas, elle voulait réussir par dépit. Il avait été assez frustrant de se faire dire qu’elle n’avait pas l’air d’être capable de s’occuper d’elle-même et les dernières paroles de l’aventurière la frustrèrent davantage. Même si cela ne paraissait pas, elle était armée ! Et pour des raisons personnelles, il était plus facile d’avoir l’air sans défense pour ensuite surprendre l’ennemi.

« À moins que vous vous proposer de m’accompagner, je ne vais pas laisser une tempête de neige m’arrêter, surtout que selon les rumeurs l’endroit est accessible seulement durant une tempête et une pleine lune. »

Elle ne craignait pas les créatures pouvant se trouver dans les montagnes. Après tout, elle allait se rendre à un endroit où la rumeur disait qu’un dragon avait décidé de se reposer les ailes là-bas. Si une telle créature se trouvait dans les montagnes, il n’était pas le temps de d’avoir peur d’un simple loup ou d’un ours. Quoi qu’elle n’aimât particulièrement pas l’idée de faire face à ce dernier. Téméraire ou simplement bête, elle avait décidé de vérifier à quel point la rumeur était véridique.

« Je n’ai pas beaucoup de cristaux sur moi, mais si vous voulez, je peux vous payer pour me guider. Vous n’avez pas non plus besoin de me protéger. Si quelque chose arrive, vous pouvez m’abandonner. »

Une telle expédition comportait des risques, et même si Nevaeh savait se défendre, elle détestait que quelqu’un soit blesser à cause d’elle. D’autant plus qu’elle savait que la borgne était aventurière. Même si elle ne pouvait plus ouvertement que la guilde était sa famille, la volonté de protéger cette famille et la peur que celle-ci soit blesser n'était pas morte avec son ancienne identité. Au contraire, ces sentiments n’étaient devenus que plus fort depuis que tu avais pris la fuite. Si quelque chose devait lui arriver, elle se sentirait bien coupable.

« Si nous trouvons un œuf de dragon, je vous laisserai l’avoir. »

Peut-être était-ce un meilleur paiement et une façon pour elle de garder ses cristaux. Mais, avant de lui promettre une telle chose, il fallait en trouver un.

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La jeune femme n’avait aucune obligation de suivre Nevaeh dans la possible tempête. Si elle voulait la laisser mourir de froid dans les montagnes, elle en avait tous les droits. Cependant, elle décida de l’accompagner. Que ce soit pour les cristaux ou les objets précieux, elle avait fait son choix et l’ex-aventurière eu un sourire à sa réponse. Peut-être était-ce son familier qui l’avait aidé à faire le choix. Après tout, elle avait bien vu que son dragon l’observait. Peut-être elle en voulait un deuxième pour tenir compagnie à celui-ci.

« Je préfère presque que vous fuyiez que vous me facturez pour vos soins. »

Dit-elle sans cacher son rire. En ce moment, pauvre comme elle était, si elle lui facturait qu’une petite visite pour une égratignure, elle n’avait sûrement pas assez de cristaux pour payer une telle visite. Mais elle enchaîna rapidement avant que la demoiselle ne puisse ajouter quelque chose.

« Je vous soignerai si vous avez besoin. J’ai une trousse de premier soin et je sais m’en servir… Et puis si je sais me protéger, je sais aussi vous protéger. »

Ça ressemblait presque à une quête d’escorte cette histoire. Au moins, elle n’avait pas besoin d’escorter une bande de pèlerins chiants… Sur ces paroles, elle remonta son capuchon qui était tombé à cause du vent puis se mit en route. Elle laissa Sia prendre les devants puisqu’elle la guidait, mais elle ne resta pas derrière. Elle s’était placée à côté d’elle, jetant des coups d’œil occasionnel au dragon. Peut-être un familier ne serait pas une mauvaise idée. Cependant, acheter un œuf de familier ou en adopter un coûtait un bras ! Après avoir vidé plus de la moitié de sa bourse chez l’enchanteur et en se nourrissant dans des tavernes, si elle voulait un familier, elle allait devoir en trouver un dans la nature.

Alors que sa jambe renfonça dans la neige, elle se dit que trouver un familier pouvant naviguer dans la neige ne serait pas une mauvaise idée. Ah, pouvoir marcher dans la neige sans s’épuiser. Ce serait génial… Tiens… N’avait-elle pas acheté quelque chose pour pouvoir marcher sans utiliser trop d’énergie ? Comme si elle venait d’avoir la meilleure idée du siècle, elle ouvrit son sac et ressorti un bâton de bois méticuleusement sculpté.

« Ce qui est vraiment pratique des sacs sans fond, c’est qu’on peut mettre énormément de chose à l’intérieur… Par contre, j’oublie parfois tout ce qui se trouve à l’intérieur. »

Tant qu’elle n’oubliait pas un vieux sandwich dans le fond, tout allait bien. Fouillant un peu plus loin, elle trouva la boussole qu’elle pensait avoir perdue.

« J’ai même une boussole pour s’aider à se retrouver. »

Continuant le chemin, Nevaeh leva les yeux vers le ciel lorsqu’elle remarqua que le vent commençait à être plus fort. Le ciel s’était couvert de nuages gris épais et la neige réduisait tranquillement la visibilité. Peu à peu, la température descendait en degré et les joues de la jeune femme se tintèrent de rouge. Un familier pour la garder au chaud serait aussi une bonne idée… Pourquoi pas un familier pouvant la protéger et lui servir de monture tout en la gardant au chaud ! Ça serait l’idéal.

« Avant que je n'oublie, avec qui, ai-je l’honneur de traverser cette tempête ? Raelyn, ou Raëlle pour faire court. »

Ce serait bête de mourir sans même savoir le nom de l’aventurière.

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