Qu'est-ce que la justice?

C'est une folie! Elle le sait parfaitement! Et pourtant, cela fait déjà un moment qu'elle l'observe, tapis dans l'ombre, observant ses faits, ses gestes, ses actions... Un nouveau capitaine pour le blizzard, un homme qui semble droit dans ses bottes, qui a la lourde tâche de prendre la place du défunt capitaine Von Andrasil et cela à un très mauvais moment, alors qu'un gouverneur a piégé les grottes avant de disparaître... Le pouvoir! Voilà ce qu'il a maintenant mais comment l'utilisera-t-il? Elle le sait, le pouvoir pousse au vice, le pouvoir corrompt les hommes, le pouvoir révèle ce qu'il y a de pire chez chacun! Pourtant, elle l'observe... Au détour d'une marche, au passage des heures, dissimulée sous une cape ou sous un épais brouillard qui semble presque surnaturel - sans doute parce qu'il l'est - elle n'a d'yeux que pour cet homme. Non, elle n'est pas sous son charme, il est bel homme mais la revenante a bien d'autres préoccupations que le physique de l'homme de loi. Disons surtout qu'elle le juge, le jauge même! Elle a vu des gardes corrompus, des hommes droits devenir les pires des crapules, elle en a même aimé un dans un lointain passé... Qu'y a-t-il de pire que les criminels si ce n'est les gardes qui les laisse agir librement? Un garde corrompu prendra forcément la première place dans son classement de cibles à abattre alors forcément, elle se renseigne.

Normalement, cela n'aurait jamais du évoluer! Une observation lointaine et silencieuse, nul besoin de se montrer s'il n'y a pas de nécessité d'agir! En temps normal, le capitaine Brive n'aurait jamais vu Lacey Crowley, il n'aurait jamais entendu parlé d'elle qu'au détour de conte, de légendes, de rumeur sur une forme féminine qui aurait abattue un criminel dans le brouillard... Mais cela, c'était avant qu'elle ne rencontre un enchanteur dans les montagnes, un homme qui lui a mit quelques idées en tête, un personnage amical qui comprend les nuances de gris dans ce monde, parfois vu comme tout noir ou tout blanc! Changer sa manière de faire? Agir pour devenir une menace plus qu'une punition! Rester cette tueuse de criminels qu'elle est mais, cela tout en devenant une motivation à garder les gens loin du crime? C'est sans aucun doute faisable cependant, ce n'est pas si simple de changer sa manière d'être, sa manière de faire, de se faire connaître quand on est - dans l'esprit populaire - rien de plus qu'une légende destiné à faire peur aux enfants pour les garder sages. Il faut frapper un grand coup et peut-être que cela passe par une rencontre? Elle en a déjà eu une avec le gouverneur de la forteresse, il est temps d'aller voir le militaire le plus haut gradé!

Le capitaine Brive est un homme "régulier" ce qui simplifie la rencontre! Cet homme est toujours le premier à arrivé au bastion, une information utile mais qui ne lui permet pas de planifier ses actions. Elle pourrait le rencontrer de manière matinale, lorsqu'il n'y a personne d'autre que lui cependant, cela serait prendre le risque de se retrouver à devoir fuir pendant l'arrivé de tout le régiment. Impossible donc! Non, Il convient de miser sur son autre habitude : il est également le dernier à quitter les portes de la forteresse située dans la ville de Forteresse! C'est à ce moment qu'elle se doit d'agir! C'est donc sous le couvert de la nuit que la revenante met en place son projet. On pourrait croire que s'introduire dans un bâtiment de la garde est compliqué? Ce n'est pourtant pas réellement le cas! En fait, les gardes ont sans doute prit l'habitude que les criminels ne se montrent pas au grand jour? Qui serait assez fou pour venir directement dans le lieu du plus grand rassemblement de garde de la cité? Une revenante qui n'a pas grand chose à perdre en réalité...

C'est alors que le lieu est pratiquement désert qu'elle entre par la grande porte, cela lui donne une certaine nostalgie il faut bien l'avouer, les murs immuables de la citadelle n'ont que peu changés depuis l'époque durant laquelle elle était garde! Elle se souvient encore de ses entraînement dans la cour, de ses repas avec ses compagnons d'armes dans le réfectoire, de sa discussion avec son conjoint qui lui disait de laisser tomber son enquête... Un ricanement sinistre se fait entendre et elle reprend sa route. Est-ce que le capitaine a gardé le bureau de ses prédécesseurs? Il faut l'espérer du moins, chercher l'homme n'aurait rien de bien passionnant dans ce bâtiment. Agile, souple, discrète, elle se déplace en évitant les quelques gardes encore présents chargés se surveiller les lieux pour finalement arriver devant la porte massive du bureau du capitaine. Levant le poing, elle frappe : une, deux, trois fois avant de mettre la main sur la poignée et d'ouvrir lentement la porte.

Qu'est-ce que la justice?

Quelle folie la pousse à agir de la sorte? Quelle chance la mène actuellement? Passer ainsi dans le bastion, ne croiser que quelques gardes facilement évitables et finalement se trouver devant le bureau de l'homme le plus important de la garnison? C'est stupide, une erreur de se montrer ainsi, en ce lieu, nul doute que si le capitaine le désir, elle sera immédiatement mise aux fers! En fait, peut-être est-ce déjà le cas? Peut-être les gardes l'ont-ils vu approcher et n'attendent qu'un mouvement pour se jeter par dizaine sur elle? Qu'elle touche la porte? Pourtant, trop tard pour faire demi-tour. Elle ignore tout de l'incident du génie, tout de cette créature apparue à ce moment exact, apparemment la déesse de la chance veille présentement sur elle et elle l'ignore totalement mais quoi qu'il en soit, la voici qui pénètre dans le bureau et se retrouve seule avec celui qu'elle voulait voir : le capitaine Brive...

Il ne semble pas particulièrement agressif, bien-entendu il n'est pas non plus accueillant, en même temps comment pourrait-il l'être alors qu'une parfaite inconnue vient d'apparaître dans son antre? Sans doute est-elle également ainsi lorsque quelqu'un trouve par hasard l'entrée de son propre abri? Elle l'ignore, ne s'étant jamais vu pour le dire. Quoi qu'il en soit, l'homme - imposant il faut l'avouer - pose une question de sa voix forte, exige des explications et vu l'endroit où ils se trouvent ainsi que la raison de sa venue, elle n'a absolument aucune raison de ne pas lui répondre immédiatement. Dans un geste ample afin qu'il puisse parfaitement détailler ses mouvements, elle lève les mains vers le ciel en signe de reddition, montrant par la même occasion qu'elle n'est pas armée - si l'on exclu les trois lances qui sont plantées dans sa poitrine et qu'elle ne peut utiliser sous peine de mort immédiate - avant de parler d'une voix claire, bien que gutturale, sans détourner ne fut-ce qu'un instant le regard.

"Lacey Crowley! Peut-être ce nom ne vous est-il pas inconnu si vous connaissez quelques histoires locales ou si mon dossier est encore présent dans les archives de vos anciennes unités... Pardonnez mon intrusion capitaine Brive, je comprends parfaitement votre suspicion mais, je désirais m'entretenir avec vous et pour des raisons que, je suis certaine, vous comprendrez, il m'est difficile de passer par des moyens plus officiels pour avoir pareille entrevue..." Imaginez une morte, qui plus est une légende urbaine, demander une entrevue avec un capitaine de la garde... Ce serait sans aucun doute des plus risible n'est-ce pas? Sans compter qu'au vu de sa manière de faire, Lacey est parfois désignée comme une criminelle... "Je sais que ma manière d'agir ce soir ne m'accorde sans aucun doute aucun crédit mais je vous assure que, tout comme vous, je n'ai en tête que la sécurité du royaume et de notre belle région même si, en toute honnêteté, mes manières diffèrent sans aucun doute des vôtres. En un sens, mon intrusion aujourd'hui prouve ce-dernier point, j'espère cependant que vous accepterez de m'accorder un instant?" Conclue-t-elle sans baisser les bras, une position qui ne lui plaît pas réellement, elle a l'habitude d'être discrète, de traquer ses proies en silence, en ayant un contrôle totale de la situation... Une habitude bien différente de sa situation actuelle, bien consciente que le capitaine n'a sans aucun doute qu'un mot à prononcer pour que ses jours de liberté ne disparaissent...

Qu'est-ce que la justice?

Une incertitude, un doute, peut-être même une pointe d'incrédulité? Si le capitaine peut réellement ressentir les émotions des gens, nul doute que c'est cela qu'il doit ressentir chez son interlocutrice actuellement. La revenante ne le lâche pas de son regard spectrale, la mort est-elle réellement si puissante qu'elle obstrue la vision des autres lorsqu'ils ne sont pas prêt à la rencontrer d'une manière ou d'une autre? En tout cas, elle ne s'attendait visiblement pas à cette réponse de la part du capitaine et durant un instant, cela la décontenance, lui faisant même oublié la situation dans laquelle elle se trouve et cela malgré la menace plus que claire des geôles qui pourraient l'attendre si elle ne parvient pas à donner une raison suffisante à son interlocuteur de ne pas la jeter dedans. Lacey le laisse passer à côté d'elle sans méfiance, s'il voulait l'arrêter, l'attaquer, la mettre hors d'état de nuire - bien qu'à aucun moment elle ne désire lui nuire cela va sans dire - il n'aurait pas besoin d'un tel stratagème. Elle le sait, elle le comprend parfaitement alors qu'il la toise de toute sa hauteur : il est bien plus grand qu'elle et, si armée elle ne craint personne, elle n'a aucune arme sur elle. Vu leur différence de proportions, le combat ne serait guère équitable c'est une évidence! Avec sa lance, peut-être pourrait-elle lui donner un minimum de difficulté? Impossible à dire mais il est une certitude : dans un combat à main nue, le physique du capitaine le rend largement avantagé.

Il ferme la porte, la claque plutôt! Une chance que la forteresse soit vide pour des raisons inconnues - ou presque vide - sinon cela aurait pu attirer les gardes vers le bureau de leur supérieur mais, de toute façon, rendu à ce point la revenante n'a guère d'échappatoire s'il décide de l'empêcher de fuir alors, autant profiter de son attention temps qu'elle la possède. Un pas, lent, maîtrisé, même en pleine lumière elle ne perd pas l'habitude de se déplacer discrètement, comme un félin cherchant à approcher une proie sauf que cette fois, elle s'en éloigne. S'approchant du bureau et de toute source de lumière et mettant une petite distance entre le capitaine Brive, la porte et elle. Mais au moins, peut-être se rendra-t-il compte alors de la réalité? Peut-être ne la voit-il pas correctement dans la pénombre ou peut-être faut-il réellement lui pointer l'évidence pour qu'il commence à la croire? Car, si déjà il refuse d'accepter son existence et sa personne, comment avoir une conversation construite sur des points qui vont forcément s'entrechoquer?

"Capitaine Brive... Je vous suis reconnaissante de ne pas fixer ma poitrine malgré ma silhouette des plus avantageuse mais, peut-être devriez-vous vous fiez un peu plus à vos yeux qu'à votre esprit et vos certitudes pour un instant?" Se risque-t-elle sur le ton de l'humour plus qu'autre chose alors qu'elle se tourne vers lui, croisant les bras sur sa dite poitrine, juste sous les lances la transperçant de part en part. "Ces lances ne sont pas des ornements capitaine. Je sais que cela peut-être difficile à croire mais je suis bel et bien Lacey Crowley! Ancienne garde du régiment de forteresse, assassinée par mes paires corrompus il y a plus de deux cent années, accusée du meurtre de mon unité car mon corps n'a jamais été retrouvé... Je ne viens pas vous conter une histoire de fantôme capitaine, je suis sûr que vous en avez suffisamment entendu sur ma personne. Cependant si vous refusez de croire à mon existence alors que je suis devant vous, notre conversation risque d'être compliquée car chacun de mes mots vous semblera un mensonge." Affirme-t-elle avant de se hisser sur le bureau, s'assoyant sur le meuble et laissant son regard spectrale observer son interlocuteur. "Je vous respecte capitaine Brive, votre prise de position n'a pas été simple : entre la mort de votre prédécesseur et la fuite de l'ancien gouverneur - et surtout sa manière de partir - vous avez réussi à prendre en main la forteresse, chose qui n'avait rien de simple! Peut-être suis-je folle de pénétrer sans invitation dans votre bastion mais, je ne suis pas folle au point de demander une audience avec vous pour tenter de vous raconter n'importe quoi..."

Qu'est-ce que la justice?

Un léger ricanement alors qu'elle secoue la tête, au moins le capitaine semble bien comprendre qu'elle n'est pas là pour lui raconter une fable sans queue ni tête. Peut-être met-il de côté ses certitudes pour accepter d'écouter la revenante, peut-être accepte-t-il de se séparer d'un certain degré d'incrédulité pour accepter la présence et l'existence d'un cadavre vivant vieux de deux cents années? En tout cas, elle se doit de lui être reconnaissante pour cela! Elle a l'occasion de se faire entendre et cela n'arrive pas tous les jours. Toujours assise sur le bureau, elle se penche légèrement vers l'avant alors qu'elle observe son interlocuteur droit dans les yeux. Qu'importe qu'il laisse son regard vagabonder sur son être, qu'importe ce qu'il pense présentement, elle sait ce qu'elle est, elle sait que le commun des mortels se doit de la regarder de la sorte pour accepter son existence. Cependant, Lacey ne serait pas Lacey si elle n'en rajoutais pas un peu : provocatrice, elle l'est! Ce n'est pas un manque de respect, peut-être plus une sorte de mécanisme de défense? Voir un moyen de ramener son interlocuteur à autre chose que l'observation de son être?

"Une grave accusation oui... Mais qui n'est pas aussi grave que leur crime si vous voulez mon avis!" Affirme-t-elle alors que l'homme s'approche, il lui accorde audience au moins c'est cela de gagner! Cependant, le voici qui la surplombe de toute sa hauteur, il est véritablement grand d'ailleurs! Ce colosse est impressionnant, même si elle n'était pas assisse elle se sentirait bien petite face à lui... Pourtant un léger sourire apparaît sur son visage bleuté alors qu'une étincelle taquine apparait dans son regard spectrale. "Je dois avouer Capitaine que vous êtes plus impressionnant encore vu de proche... Je pourrais me complaire dans une telle proximité avec un homme si grand et fort! Quel dommage que je ne sois pas ici dans ce but..." Conclue-t-elle avant de se redresser complètement, mettant son dos droit, se grandissant un peu sur le bureau pour ne pas sembler si petite et frêle auprès de cet homme imposant tant par la stature que la "dignité"... Peut-être joue-t-elle avec le feu mais, même si elle sait qu'il est le maître des lieux, elle n'est pas du genre à se laisser écraser par la prestance d'un autre.

"Mais trêve de plaisanterie, vous me faites l'honneur de m'accorder cette entrevue, je ne vais donc pas vous faire perdre votre temps!" Reprend-t-elle, bien plus sérieuse face à ce géant. "Vous vous en doutez, si je suis ici ce n'est pas pour tenter de laver mon honneur, cela serait inutile! J'ai été accusé à tord mais qu'importe? Toute personne que cela aurait pu toucher n'est plus de ce monde, mon père est décédée, j'ai été obligé d'assister à ses funérailles, cachée comme une lépreuse alors que j'étais pourtant seule ce jour là..." Explique-t-elle, un mélange de tristesse et de colère raisonnant dans sa voix caverneuse. "Vous rendez-vous compte? Lui qui était un homme de bien a terminé sa vie misérable et seul, ses amis lui tournant le dos l'un après l'autre, refusant d'être associés au père d'une fille qui avait "trahie le royaume"..." Conclue-t-elle, rivant son regard dans celui du capitaine lui faisant face, sans ciller, sans jamais détourner les yeux.

"C'est alors que j'ai compris capitaine : la justice est aveugle! J'ai longtemps cru que l'on affirmait cela parce que notre système jugeait tous les Hommes de manière impartiale, peu importe le nom, le grade ou la richesse... C'est faux! La justice est aveugle parce qu'elle ferme les yeux sur certains crimes, incapable de tous les punir, la justice est aveugle parce qu'elle ignore ses enfants innocents lorsqu'ils ont besoin d'elle! Regardez-moi par exemple..." Dit-elle en se laissant glisser sur le sol, posant ses pieds à terre, réduisant encore la distance entre l'homme et elle, venant sans vergogne poser sa main froide sur le bras de son interlocuteur. "Vous pourriez me tuer ici, utiliser ces bras fort, ces mains puissantes pour me briser le cou sans que personne ne le sache! Pour certains ce serait un crime malgré ma nature ou mon passé mais s'il n'y a pas de témoins, jamais la justice ne pourrait vous punir... De même, vous pourriez me pousser sur ce bureau, vous "unir" à une criminelle sans que jamais personne ne l'apprenne et votre poste n'en serait pas menacer..." À nouveau un léger ricanement alors qu'elle laisse glisser sa main pour l'enlever du bras du capitaine. "J'ai longtemps cru que c'était à moi de m'assurer que justice soit rendue... Un criminel s'échappe parce qu'il corrompt les gardes? Ces gardes et ce criminel meurent! Un noble qui use de son influence pour faire du trafic d'enfant sans que jamais une enquête ne soit levée? On le retrouve sans vie au milieu de preuves que d'autres ne voulaient voir... Une rencontre récente m'a cependant fait réaliser qu'être juge et bourreau n'est pas non plus la justice... C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui : j'ai une offre à vous faire capitaine Brive! Mais, maintenant, après tout ce que je viens de dire, voulez-vous seulement l'entendre?"

Qu'est-ce que la justice?

Cet entretien sera sans aucun doute plus intéressant encore qu'elle ne l'escomptait. De toute évidence, le capitaine n'est pas du genre à cacher sa vision des choses, ses opinions, sa manière de ressentir ou de comprendre le sens même de notre justice et il le dit clairement : la justice est faite par des hommes donc imparfaite. Une triste réalité qui rajoute un peu plus de poids aux paroles de la revenante : après tout si la justice est faite par des hommes, ces-derniers peuvent aisément la détourner non? Il s'était éloigné, proche de la fenêtre, regardant l'horizon ou réfléchissant peut-être? Difficile à savoir. Lacey ne se rapprocha pas en tout les cas, préférant lui laisser l'espace, le temps, la réflexion, la décision! Après tout, elle venait de l'avouer, elle avait longtemps jouer le rôle du juge et de bourrelle en même temps, le genre de fait qui venait appuyer la réputation faisant d'elle une criminelle. Pourquoi le cacher? Aucune discussion ne se fait sur base d'un mensonge et elle était là pour discuter après tout! Certes, elle usait de toutes ces armes que ce soit sa propre expérience ou des tentatives de "séduction" auxquelles il restait de marbre - en même temps, il est difficile d'imaginer qu'un cadavre soit séduisant pour un homme dans la fleur de l'âge - mais on ne peut pas reprocher à une dame d'utiliser tous les avantages que lui a donné mère nature après tout...

Tout homme est un criminel qui s'ignore? Un léger rictus échappe à la spectre à cette affirmation. Non pas qu'elle soit en désaccord, au contraire même! N'en est-elle pas la preuve? Accusée à tord, elle a finit par réellement agir, devenant de cette manière une criminelle aux yeux de certains, une héroïne également aux yeux d'autre mais la frontière est parfois faible entre l'un est l'autre, c'est une question de contexte, de situation, de point de vue! Le héros de certains et le tyran d'autres après tout. Elle écoute le discours de son interlocuteur avec attention, respect même! C'est homme a un charisme qu'il est impossible de nier, en un sens son discours est plus que logique, plus que réel et peut-être qu'effectivement, tout le monde peut être tenté par la corruption : la promesse d'une vie facile, une vie de richesse, des soins lorsque nécessaire sans crainte de ne pas joindre les deux bouts? Qui ne serait pas tenter après tout? Pourtant, dans son argumentaire, il y a aussi comme une sorte de plainte : non, elle ne croit pas que tous sont attirés par la corruption sinon, elle ne serait pas là...

Il se rapproche finalement, venant réduire la distance qu'il avait mit précédemment entre eux et la revenante se surprend à sourire suite à son discours : cet homme est bien plus intéressant qu'elle ne le pensait en venant ici, bien plus "attirant" pour la suite de son projet ou, du moins, pour la suite de sa proposition.

"Ne vous méprenez pas capitaine. Si durant quelques années j'ai appelé la mort de mes voeux, trouvant que ma vie n'avait rien d'une vie justement, je ne suis pas suicidaire! Je suis venue aujourd'hui devant vous ce qui implique que j'ai aussi décidé que le risque en valait la chandelle. Jamais je n'ai sous-entendu que vos hommes ou vous même n'avez pas lutté contre la corruption, que vous n'avez pas prit des dispositions contre ceux s'étant laissés tentés ou encore que vous fermer les yeux lorsque la noblesse est concernée... Si tel était le cas, notre rencontre n'aurait pas eu lieu sur votre terrain et certainement pas alors que ma liberté dépend de votre bon vouloir." Affirme-t-elle en faisant un pas vers l'homme massif lui faisant face. "Cependant, vos paroles - sages et parfaitement choisies - me rassurent quant à ma démarche aujourd'hui. Je ne connaissais pas ce philosophe, je dois cependant avouer que sa citation touche particulièrement juste en ce qui me concerne... Je suis malgré moi devenue criminelle cependant, tout ce que j'ai fais, je l'ai fais pour le bien du royaume je vous l'assure! Force m'est cependant de constater que la violence n'attire que la violence. Peu importe combien de criminel je peux éliminer, ils sont toujours remplacés par d'autres, un cercle sans fin face auquel je me bats depuis trop longtemps..."

Se détournant du capitaine, lui exposant son dos sans crainte - persuadée qu'il ne l'attaquera pas en lâche - elle retourne vers le bureau pour revenir se hisser dessus. "J'ai décidé de tenter ma chance avec vous capitaine! N'y voyez là aucune tentative de séduction, disons plutôt que j'ai tenté de placer ma confiance en vous et voici mon offre. Je ne suis plus une garde, jamais plus je ne le serai en réalité, j'ai trop de mauvais souvenir et trop de sang sur les mains pour cela. Cependant, je veux croire que la justice est encore là pour protéger le peuple, je veux croire que le monde est plus gris que je ne le vois car, à mes yeux, il est surtout plongé dans le noir." Affirme-t-elle avant de soupirer. "Vous le savez comme moi cependant, la justice est limitée! Vous ne pouvez enquêter sans preuves, vous ne pouvez arrêter un homme sans preuves, vous êtes limités par des règles et des juridictions... Des limites qui ne me concernent pas! Voilà donc mon offre capitaine : avec les années j'ai développé quelques talents : la traque notamment. Habituellement, j'espionne, je me renseigne, je traque ma cible et je l'élimine! Ce que je vous offre aujourd'hui c'est de changer la fin de mes habitudes : Je me renseigne, je traque et quand je trouve quelque chose, je vous contacte : un informateur anonyme qui vous donne l'emplacement exacte d'un criminel ou d'un méfait c'est suffisant pour vous rendre sur place et trouver toutes les preuves nécessaires ensuite non? En d'autre terme, je m'engage à ne plus tuer et à devenir votre informatrice, allant là où vous ne le pouvez... En échange je ne demande qu'une ou deux chose pour que ce partenariat reste actif : vous ne parlez pas de moi - j'aime ma liberté voyez-vous - et vous vous assurer que ces criminels aient la sanction qu'ils méritent..." Conclue-t-elle avant de se redresser pour s'approcher de nouveau du beau brun. "Bien-sûr, mes actions respecteront la loi autant que possible et je ne peux pas promettre qu'un criminel tentant de s'enfuir ne sera pas blessé mais c'est mon offre... Quant à pourquoi maintenant? Et bien, vous êtes le nouveau capitaine, j'ai envie de croire en vous, en votre droiture et surtout ma prochaine cible est un personnage qu'il sera difficile d'attraper seule... Disons que, je suis sûr que vous aimeriez parler à l'ancien gouverneur non?"

Qu'est-ce que la justice?

Une proposition, c'est ce qu'elle est venue faire, c'est ce qu'elle fait. Bien-sûr, elle a étalé tout ses atouts, c'était la seule main qu'elle pouvait jouer en sachant parfaitement que dans cette affaire, la balle est dans le camp du capitaine. Seul lui peut décider de la suite de cette discussion, seul lui peut choisir ce qu'il veut dans tout ce que la revenante est prête à lui offrir. Immobile, elle l'observe, cherchant dans ses mouvements ou son attitude un début de réponse : deux verres, deux bières? Bon signe donc, cela signifie qu'il est ouvert à la discussion, peut-être même plus qu'elle l'aurait espéré? Elle le voit boire en premier mais n'attends pas réellement pour prendre une gorgée également - se retenant bien de lui dire que tout goute la cendre entre ses lèvres pour ne pas manquer de respect à son "hospitalité" - de toute manière, encore une fois, il n'aurait pas besoin de prendre des précautions ou des moyens détournés s'il voulait l'éliminer c'est une certitude. Elle n'est pas réellement en position de se défendre dans ce bureau, pas alors qu'elle est venue avec ce qu'elle considère comme un signe de paix : l'envie de discuter.

Aussi, elle écoute sa réponse, quand il relève les points de cette manière il est évident que cela sonne affreusement mal : avoir des informations en sortant du cadre légal, faire affaire avec une criminelle, nul doute qu'effectivement, avec une telle manière d'étaler l'offre, une personne aussi droite que le capitaine Brive n'y trouvera pas son compte. Bien-sûr, ses raisons sont plus que justifiable : s'il accepte et que cela vient à s'apprendre, qu'en sera-t-il de sa réputation? De son honneur? Même de son post de capitaine dans le nord du royaume? Peut-il réellement se permettre de prendre ce risque? Cette question, lui seul peut y répondre malheureusement et elle ne peut en aucun cas décider de cela pour lui. Cependant, il semble oublier quelque chose : n'est-elle pas exactement dans le même cas? Il s'approche, près, trop près pour le confort de la revenante en réalité, malgré ses jeux de séductions, ses grands mots pleins d'assurances, ses discours entre le flirt et la proposition parfois indécentes, elle en reste une cadavre, un corps qu'elle considère elle-même sans vie et une telle proximité n'a rien de réellement agréable pour elle et cela, malgré le fait que sans contestation possible, elle puisse affirmer que son interlocuteur soit réellement bel homme. Il n'empêche qu'elle retient un soupire de soulagement en le voyant s'écarter, soudainement suffisamment à l'aise pour mettre en réflexion tout ce qu'il vient d'affirmer... Des preuves, bien-entendu qu'il faudrait en offrir. Comment cependant? Voici une bonne question.

Elle prend une nouvelle gorgée de bière, apparemment elle n'est pas encore décidé à prendre la porte alors qu'elle observe le capitaine qui a la main sur la poignée de cette-dernière. Posant le verre encore à moitié plein à côté de celui de son interlocuteur, elle tend les bras devant elle, joignant ses deux poignets ensemble.

"Alors arrêtez-moi?" Propose-t-elle simplement avant de se laisser glisser du bureau pour approcher du capitaine. "Bien-sûr vous avez beaucoup à perdre capitaine, faire confiance à une criminelle? Qui serait assez fou pour faire cela? Je ne peux malheureusement pas apporter beaucoup plus de preuves que ma parole... Laissez-moi cependant vous rappeler quelque chose : je n'ai jamais trahie personne! Je suis morte parce que j'ai refusé de laisser tomber une enquête et même lorsque mon unité et moi sommes tombés dans cette embuscade, j'ai donné ma vie en tentant de les protéger et en restant fidèle à mes valeurs! Des valeurs qui sont celles d'une garde en laquelle je crois encore. Il est difficile de faire confiance après la trahison que j'ai vécu capitaine, pourtant alors que je n'ai rien d'autre que vos mots, votre promesse, et un début de ce que j'ai pu apprendre de vous, je vous accorde cette confiance..." Se plantant juste devant lui, la revenante lève le visage pour le regarder bien en face, ancrant ses yeux spectraux dans ceux de l'homme lui faisant face. "Je ne cesserai pas de me battre pour ce royaume et pour les innocents qui souffrent des exactions des criminels! La question est comment? Je ne peux pas arrêter les forbans, je ne peux pas les enfermer, je ne peux pas mettre fin à leur actions légalement. Ce que je peux faire, c'est les traquer, les trouver et vous informer pour que VOUS puissiez les arrêter. Si vous me laissez quitter ce bureau, je continuerai à agir car c'est la seule chose que cette deuxième vie me permet de faire et, parce que malgré ces années passées, c'est ma vocation. Vous avez donc trois choix capitaine : accepter mon aide et me faire confiance pour tenir mon engagement de ne plus prendre de vies, me laisser aller en craignant que je ne devienne une épine dans votre pied et en faisant de nous deux des "ennemis" d'une certaine manière ou m'arrêter ici et maintenant, me traitant comme la criminelle que beaucoup m'accuse d'être en sachant - même si cela ne le justifie pas - pourquoi je suis devenu ainsi." Conclue-t-elle en joignant ses poignets une nouvelle fois. "Même si me faire passer les menottes par vous pourrait me plaire dans un autre contexte, c'est votre décision! N'est-ce pas une démonstration suffisante pour tenter de me faire confiance?"

Qu'est-ce que la justice?

Et maintenant? Elle vient de prendre le plus gros risque de sa seconde existence, se rendant docilement devant un capitaine, sans arme, sans moyen de défense et en offrant ses poignets liés comme une victoire si simple à prendre pour le capitaine. Il suffit qu'il lui passe les menottes pour que toute son existence s'arrête : le procès, l'enfermement, l'exile. Et encore, pourrait-elle se rendre jusque là? Les menottes anti-magie mettent un terme au pouvoir de la personne à laquelle on les passe : dans le cas de Lacey cependant, est-ce que cela mettrait également fin au pouvoir agissant sur les lances qui transpercent son corps? Si oui, cela la tuerait sur le coup! Elle prend vraiment des risques mais, n'est-ce pas nécessaire pour montrer sa bonne volonté? De toute manière, que pourrait-elle faire d'autre exactement? Son regard ne lâche pas son interlocuteur alors qu'il reprend la parole.

Elle pourrait laisser passer un petit rire à sa remarque sur les menottes si la situation n'était pas si sérieuse, naturellement elle ne s'est pas retenue pour faire comme toujours : mettre un peu de sensualité dans ses paroles, ses actions, laissant imaginer des idées auxquelles elle-même ne penserait même pas en réalité. Que d'importance, le capitaine Brive non plus n'est pas là pour plaisanter! Après tout, sa décision est aussi importante pour lui que pour la justicière, peut-être même plus! Elle est déjà morte, son honneur a déjà été bafoué, son intégrité oublié, elle est passé de garde à criminelle en une fraction de seconde. Son interlocuteur prend bien plus de risques qu'elle en réalité, elle ne risque que sa deuxième vie, lui risque toute la sienne! Pourtant, il lui offre une chance de faire ses preuves, une possibilité de prouver ce qu'elle avance, de démontrer sa volonté de travailler en commun accord avec la garde même si c'est dans l'ombre plutôt que d'agir comme une meurtrière sous le couvert d'excuse. Cela donnera-t-il quelque chose? Elle n'a qu'une lune pour y parvenir, ce n'est pas énorme certes mais, c'est suffisant! Après tout, elle a affirmé pouvoir l'aider, ce serait le comble de revenir immédiatement sur sa parole en argumentant sur le délais offert. Une traque pour une lune, oui, si elle n'est pas capable de cela alors le capitaine perdrait son temps à lui offrir sa confiance.

Elle a son test, a elle de faire en sorte de le réussir. Maintenant, il lui faut partir avant que les gardes ne reviennent car déjà, les bruits d'allégresse approchent du bastion, de la cour, se faisant entendre fortement. La fuite est la seule option mais, comme toujours, elle ne peut partir sans faire un brin d'esprit, sans une dernière remarque digne d'elle. Remettant son capuchon sur sa tête, couvrant son visage comme lors de son apparition dans cette même pièce, elle passe devant le capitaine et s'arrête pour tourner la tête vers lui. "Ne rien tenter? Mais voyons capitaine, si bel homme doit bien s'attendre à ce que femme tente sa chance! En dehors de cela, je sais que je n'ai pas encore votre confiance mais ne craignez rien, je préfère mourir une seconde fois que de priver le royaume de l'un de ses défenseurs... Nous nous reverrons, dans une lune!" Affirme-t-elle avant de prendre la porte. Heureusement, le capitaine a mit fin à l'entrevue avant que quitter la caserne ne devienne impossible, les gardes reprenant leur post, elle parvient à se faufiler tant bien que mal avant que tous ne soient de retour et à se diriger vers les montagnes sachant pertinemment quelle sera sa prochaine étape : les griffes du Fenrir.