Les dents de la montagne [AM]

Un grognement, un poids sur mon ventre et une langue râpeuse eurent tôt fait de me réveiller. Deux grands yeux me regardèrent avec un amour certain mais quelque peu encombrant en cette matinée de voyage. Je projetai alors ce tas de chair ambulant un peu plus loin avec un large sourire. Ce dernier n’en eu cure et qui revint à la charge pour recevoir son bonjour et ses caresses.

“Oui, Morro, bonjour...”

Je me levai sans me presser...le feu à l’intérieur de mon empor’tout avait été placé à son minimum, histoire de chauffer la pièce sans pour autant risquer de brûler la toile magique. Pour commencer ma journée, je mis de la nourriture à mon ami quadrupède avant d’aller me passer un coup d’eau sur le visage pour faire partir l’odeur et la marque de sa bave. Mon petit déjeuner fut succinct, un peu de pain, un bout de fromage et un fruit. Cela suffirait pour l’instant...Une fois prêt et après avoir vérifié mon sac, je sortis de ma tente en prenant bien soin d’éteindre le foyer et je lui fis reprendre sa forme de petit disque métallique, il disparut aussitôt dans mon sac.

Mon regard se porta alors tout autour de moi, la montagne et le sol était immaculé, le soleil faisait déjà refléter sa lumière sur la nappe blanche du sol. Il était temps de se mettre en route, faire attendre ma partenaire n’était pas vraiment souhaitable...mieux valait ne pas se mettre à dos tout de suite la petite demoiselle rencontrer la veille. Visiblement c’était légèrement loupé...cette dernière m’attendait déjà un peu plus loin et nous nous rejoignîmes après un laps de temps assez court. Elle me bloquait littéralement le passage...j’aurais pu vu ma masse probablement lui passer sur le corps mais je n’étais pas ce genre de personne, heureusement.

“Bonjour à toi, Calcilia...ta nuit a-t 'elle reposante ? “

Bon d’accord, je venais de sortir la phrase bateau par excellence. Mais bon un peu de courtoisie ne fait pas de mal dans notre monde. Au moins cela lui prouvait que je m’intéressais un minimum à elle. Ce qui est le cas puisqu’une mauvaise nuit pouvait fort bien se révéler handicapant pour la suite. Mais bon, je doute que cela soit réellement un problème à ce stade de notre mission qui bien qu’elle ait commencé n’est pour l’instant qu’à ses prémices.

Nous arrivions alors au hameau qui comme prévu n’avait pas de réel système de défense. Une poignée de brigand mal attentionné n’aurait eu guère de mal à s’en emparer. Je s’osais même pas imaginer le carnage qu’une bête sauvage aurait pu réaliser. Heureusement, la lettre d’engagement laissait transparaitre un espoir. Aucune personne n’avait encore blessé ou tué par les nouveaux voisins de palier. D’ailleurs les villageois étaient là, la doyenne en première, ravie de nous voir arriver si rapidement.

Elle nous avait emmener dans sa hutte et contrairement à d’habitude ce n’est pas moi qui pris les devants de l’interrogatoire. Pas de témoins, pas de description...rien le néant. Il faudrait donc faire le travail entièrement...nous allions donc devoir nous transformer en détective privé le temps de définir à quoi nous avions affaire...Heureusement pour ma collègue, elle avait un spécialiste de la faune du royaume. J’acquiesçais aux dires de ma compère. Je m’adressai alors pour la première fois à la vieille.

“Par prudence...vous devriez installer un feu au milieu du hameau...la plupart des créatures n’aiment pas l’odeur de la fumée. Et instaurez également un couvre-feu...si elles n’ont probablement pas encore attaqué s’est que ces créatures n’ont probablement pas encore assez faim et vous seriez bien plus à l’abris dans les bâtiments qu’en pleine air.”

“Très bien, nous ferons comme vous le désirez...”

Une fois dehors, ma partenaire pris de nouveau la parole.

“Je suis entièrement d’accord avec toi, la grotte étant dans cette direction...leur terrain de chasse devrait se trouver légèrement en contrebas. Par là-bas, à moins que ces choses ne volent...”

Ce qui était pour l’instant une option à envisager. Mais bon, la vallée offrant normalement plus de proie que les sommets, il me semblait évident que c’était par-là que notre enquête devrait commencer. Je resserrais mon manteau car même si l’astre solaire brillait dans le ciel, la température extérieure, elle n’était pas forcément des plus douces.

“Pour le moment, nous avons une vaste zone à ratisser...je vais donc appeler quelques renforts...”

Bon il était évident que je n’allais pas faire venir Aeris ou Gipsy en pleine journée. Déjà parce que la tissenuit était plutôt de nature troglodyte mais surtout car elles étaient toutes les deux des animaux nocturnes. Brume ne savait pas traquer et il n’y avait pas d’eau pour Kawa. Il me restait donc trois possibilités, deux d’entre elle n’était pas nécessaire au vu de notre situation. Mon équation était donc simple...celle-ci n’aimait pas le froid et la neige mais je ferai en sorte de ne pas la laisser dehors plus que nécessaire. Me m’accroupit faisant bouger les encres cachées sous le tissu de mes vêtements. L'un des tatouages en particulier pris rapidement forme sa tête appuyer sur ma paume. Celle-ci renifla l’air autour d’elle avant d’émettre un grognement de mécontentement non envers moi mais envers le lieu.

“Calcilia, je te présente Bagheera...”

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Les dents de la montagne [AM]

 Je laissai la demoiselle faire connaissance avec ma panthère. Après tout, il n’y a pas de mal. Cette dernière étant magiquement lié à moi, il n’y avait aucun risque de la voir lui sauté dessus sans avertissement, à moins que je n’en donne l’ordre. Mais je ne voyais pas la raison de le faire...nous n’étions pas venus jusqu’ici pour nous amuser dans la poudreuse mais pour trouver des indices sur ce qu’on allait peut-être devoir affronter comme créature. Mais je suis tout de même d’accord pour dire que mon amie était fascinante.  

Je laissais le mouillé des genoux prendre la tête du groupe. Il n’y avait pas de raison de lui interdire de prendre de l’avance. Pour ma part, je regardais ces deux compagnons : des renards...créatures à la fourrure douce et chaude, une petite tête toute mignonne et des yeux à tomber. En clair, j’aimais bien les vulpes. L’un deux disparu dans la neige après en avoir reçu l’ordre de sa maitresse. Je regarde alors la donzelle alors qu’elle m’indique notre séparation prématurée. Il est vrai que nous allons avoir du pain sur la planche.  Couvrir tout cette zone serait coton mais s’il fallait se farcir ça pour que le village soit en paix.  

“En effet, s’il y a des traces nous devrions les trouver rapidement...”

Nord-est pour elle, Nord-ouest pour moi. La dame disparut presque instantanément de mon champ de vision. Elle était partie si vite que les flocons de son passage étaient déjà retombés après que j’ai cligné des yeux pour la première fois. Me voilà donc seul avec mon loup et ma panthère comme seuls accompagnateurs. Je prends le temps de leur expliquer ce que nous cherchons ici. Des odeurs, traces de pas, griffes ou morsures : tout ce qui pouvait nous aider à identifier nos possibles agresseurs étaient là bienvenue.

Buissons dont les branches nues agripperaient la moindre touffe de fourrure, morceau de bois ayant dévaler le versant de la montagne sur quelques mètres, caillou où faire ses ongles. Tout y passait...mais même en étant minutieux, je ne vis que très peu de chose...La nature semblait tout simplement s’être mit en mode sommeil. Il n’y avait n’y oiseau, ni chant, ni même un lapin pour venir perturber le silence religieux de ce lieu. Dans ce monde de glace, seule la respiration de mes deux camarades et la mienne trahissaient un semblant de vie. Mes deux compagnons revinrent avec le même constat...une odeur bien trop faible et venant de plus haut...

J’allais me retourner quand mon propre canidé me fit part de la présence d’un des familiers de la jeune femme. Ce dernier jappa m’indiquant de le suivre. Mais il ne m’emmena pas dans la zone de recherche mais vers le village...je suppose que Calcilia avait dû envoyer le goupil pour m’indiquer de la rejoindre. J’espérais juste qu’elle avait eu un peu plus de chance que ma personne. A mon approche, les gens se reculèrent visiblement surpris de l’apparition d’un félin d’un mètre vingt au garrot. Il faut dire qu’elle était impressionnante.

“Ma coéquipière ?”

L’un des villageois me conduisit directement vers le bâtiment de la veille doyenne. Retour donc à la case départ. Contrairement à la jeune femme, je n’avais pas pris la peine de courir pour les rejoindre car faire des efforts en montagne et par temps glacial pouvait se révéler être mortel. Suer alors qu’il faisait froid entrainait de la condensation et de l’humidité ajouté à ça des températures négatives et vous aviez un cocktail glacial.  

“Non, nous n’avons envoyé personne vérifié l’intérieur récemment...aucun de nous n’a l’équipement pour...”

Commença-t’elle en bégayant. Elle s’arrêta lorsque qu’elle remarqua ma présence. Je lui fis signe de continuer.  

“La grotte en elle-même s’étends sur plusieurs kilomètres...l’une des galeries nous servaient de mine...nous en extrayions du fer et parfois un peu de cuivre...il n’y a qu’une entrée d’après ce que nous savons...”

L’ancêtre regarda passer avec une certaine défiance ma féline compagne qui s’installa près du feu.  

“Il y a 3 ans, lorsque nous n’avons plus trouvé de minerai...nous savions qu’il y avait une petite colonie de tissenuit et une autre de vaakis bien plus en profondeur. Après c’est tout à fait possible qu’un autre animal y ai pu s'y établir.”

“S’il n’y a que des vaakis ou des Tissenuits vous n’avez pas trop à vous en faire...ces derniers préfèrent leur grotte et il y a peu de chance de les voir attaquer un village humain.”

L’ainée me regarda avec questionnement.

“Ces créatures ne sortent que très rarement de leur habitat...ça expliquerait que je n’ai trouvé aucune trace dans notre zone de recherche...Oh et est-ce qu'il y a de grandes salles à l'intérieur ? ”

"Un de nos miniers de l'époque m'a parlé d'une vaste chambre...elle se situait à l'ouest de notre dernier point de creuse."

"Vous n'auriez pas une carte pas hasard ?"

"Malheureusement, non..."

"Merci beaucoup pour les renseignements."

Je fis signe à ma compatriote de me suivre à l’extérieur. Une fois à l’air libre...

“Nous devrions faire un aller faire un tour aux abords de la grotte en elle-même...de toute façon si c’est réellement une araignée géante ou une chauve-souris...nous ne risquons pas de trouver des traces extérieures.”

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Les dents de la montagne [AM]

Au moins, nous étions d’accord sur un fait, les créatures en question n’étaient pas ceux dont on nous avait affirmé la présence un instant plutôt. Il y avait donc une autre menace que simplement des araignées et des chauves-souris géantes. Je me demandais bien qu’elle genre de créature avait bien peu investir de tel lieu et surtout pourquoi ?

La jeune femme avait sa petite idée là-dessus. Des animaux en troupeaux ? Probablement car l’avis portait sur des créatures et non une seule. Leur alimentation était une autre source de problème : S’il s’agit d’herbivore alors peut-être que la mousse ou les champignons poussant dans les grottes seraient juste suffisants pour leur permettre de passer le reste du mauvais temps à l’intérieur. Dans le cas d’un prédateur et bien je suppose que les bêtes troglodytes dont la vieille nous avait parlé serait un encas de choix pour une troupe de chasseur.

J’acquiesçais à l’idée de rentrer dans la caverne. Le vent et la neige avaient déjà probablement rendu notre travail d’enquête presque impossible. Mais cela valait le coup d’y jeter tout de même un coup d’œil. L’entrée de la grotte en elle-même ressemblait à une gueule béante dont des crocs de glaces s’agitaient à la moindre rafale. La jeune femme semblait un court instant profondément muet face à ce monde ténébreux mais retrouvait rapidement un aplomb appréciable. Au moins la demoiselle ne se dégonflait pas.

Quant à moi, je scrutais les alentours avec mes compagnons dont l’odorat et la vue était meilleure que la mienne. Je passais mes doigts sur la fine couche recouvrant le sol essayant de déceler de possibles passages. Pour ma part, je ne voyais que peu de chose...pas de trace de sortie récente et par là je veux dire immédiate. Pour le reste, pas un poil ou une écaille, juste le néant. Je me relevais et me retournais vers les animaux communiquant avec eux pas la pensée. Rien de leur côté non plus sauf une légère odeur d’humidité moisie...

“On dirait que ce qu’il y a là-dedans n’est pas sorti depuis des jours...”

J’entrais à mon tour dans la grotte mettant immédiatement mes lunettes de jour passant mes doigts sur les murs creusés par les pioches des mineurs. Le bois installé pour soutenir la voûte me paraissait encore de bonne facture. Si nous restions sous les galeries portées alors le ciel ne devrait pas nous tomber sur la tête lors de petit tour. Par contre, il faudrait faire attention à là où on mettait les pieds : preuves en est, le trou au milieu du passage que ma compagne d’aventure avait remarqué sous des planches en bien piteuses états.

“Je suis d’accord...cette fois tu restes près de moi...et ne doutes pas que l’on va faire de mauvaises rencontres...c’est même prêt une obligation mais après tout nous sommes là pour ça non ?”

Disais-je avec un large sourire. Néanmoins, je ne blaguais qu’à moitié. Je plaçais ma lance dans mon dos, sortant mon arc et encochant déjà une flèche. Je passais le premier pour la suite, non par galanterie mais juste que j’avais avec moi mon arc chargé mais également et c’était peut-être le plus important, mes animaux. Bagheera, mon félin voyait parfaitement dans la pénombre...ce qui nous avantageait...je lui ordonnais donc de se mettre à ma gauche et de me toujours rester en contact physique avec moi. Morro était pour l’occasion au centre de la formation, mieux valait se mettre à la file indienne pour le moment même si pour l’instant l’espace était bien plus large que nécessaire.

“Pour ce qui est de la raison de leur venu...je dirai simplement qu’il avait peut-être besoin d’un endroit sec...enfin couvert. La pluie, la neige et la faim ne sont pas des compagnons idéals. Après peut-être ont-ils été chassé de leur territoire par une créature plus massive. Pour l’instant nous ne pouvons faire que des suppositions.”

Nous continuions d’avancer prudemment donnant parfois des indications sur l’état parfois désastreux de certains passages. Soudain alors qu’une courbe se dessinait, je senti les muscles de mon félin se tendre et je nous arrêtais immédiatement d’un geste. Les poils hérissés...je fis signe à ma compagne de se coller à la paroi. Nous n'étions plus seuls et vu la réaction de mon ami nous n’avions pas affaire à des shupons.

“Ne bouge pas, je vais voir ce qui nous attends...”

Je longeis les murs aussi silencieusement que possible. Mon armure en cuir silencieux réduisant presque mes bruits à de simples murmures. Je distinguais trois passages possibles, chacun avec une lettre au-dessus à même la pierre. Mais ce qui attira mon regard par-dessus tout furent les créatures présentes juste devant ses portes. Celles-ci étaient couchés et bloquaient notre progression. Je fis marche arrière revenant à vers ma collègue.

“Il y a trois routes possibles à partir d’ici...mais l’on nous bloque le passage...des Rarwüks...j’en ai dénombré quatre. Il y en a deux un peu plus avancer que les autres...je pourrais probablement en blesser un d’une flèche et l’empoissonner. Histoire de montrer nos attentions ! Nous pouvons tout aussi bien y aller de front pour essayer de les faire fuir... A nombre égale, ils ne voudront peut-être pas risquer un affrontement...après, je suis ouvert à toute suggestion...”

Codage par Libella sur Graphiorum