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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Le tourisme façon Lehnsherr
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Le tourisme façon Lehnsherr
    Mer 9 Fév 2022 - 13:13 #
    Aurélius rabattit sa capuche sur son visage. Il venait de sortir du palais en douce avec l’aide de quelques gardes royaux bien choisis. En réalité, les gardes s’amusaient toujours de ce ministre qui faisait tout une histoire pour sortir du ministère en cachette afin d’aller tester les nouveaux établissements d’Aryon et d’écrire ses critiques culinaires ou des revues d’art moderne. Il n’était pas non plus rare qu’il se glisse dans des ventes aux enchères à comité réduit pour avoir le plaisir de mettre à jour les arnaques qui pullulaient dans ces soirées. Absolument tout le monde était au courant, mais tout le monde le laissait faire. Pourquoi l’en empêcher ? Aurélius Lehensherr aimait son ancienne vie et même son poste de ministre ne pourrait l’empêcher de sortir du palais pour la retrouver l’espace d’une journée et puis c’était si drôle de le voir se glisser comme un chat empoté à travers les couloirs du palais, se croyant discret et plus intelligent que tout le monde. Il n’était pas rare que les domestiques fassent mine de ne pas le voir, lui donnant la fausse impression d’être un espion hors pair.

    Bon le ministre savait très bien qu’il n’était pas du tout discret, mais au moins il gardait un certain anonymat dans les établissements qu’il fréquentait. Cela lui permettait de faire les critiques les plus objectives qui soient. En effet, quand il annonçait son arrivée, les établissements savaient tendance à se surpasser pour lui, alors que ce qui l’intéressait, c’était justement de voir leur produit de tous les jours, de goûter leurs talents chaque minute et pas dans un effort surhumain pour lui plaire. Et puis tout simplement, il aimait savourer tranquillement sans être dérangé par des « Monsieur le Ministre » ou « Votre excellence » qui lui faisait lever les yeux au ciel. Si son travail lui plaisait énormément, il avait malgré lui retrouvé les codes pompeux d’une noblesse élitiste qui n’était pas sans lui rappeler son enfance.

    Le ministre de la Culture descendit les marches du Palais jusqu’à rejoindre une jeune femme qui attendait aux portes de la bulle magique. Il sortit de son champ d’action, libérant son pouvoir qui vint immédiatement titiller son esprit avec toutes les odeurs de la rue. Il se tortilla le nez à cause du trop-plein d’information et une petite larme perla à ses yeux.

    « Par Lucy, je ne m’y ferai jamais, murmura-t-il. »

    Il papillonna des paupières comme si quelque chose lui piquait les yeux, mais arriva très rapidement à s’habituer. Cela fait des années qu’il vivait avec ce pouvoir, il avait appris à s’en accommoder, même si la bulle du palais lui donnait un endroit ou avoir un répit. Il se tourna alors vers l’aventurière qui l’attendait d’un air impatient. Il la regarda de la tête au pied avant de s’arrêter sur ses traits. Il plissa les yeux un instant. Était-ce lui ou il avait l’impression de l’avoir déjà vue … Pourtant, elle ne ressemblait en rien aux aventurières qu’il avait déjà engagées pour l’accompagner et lui servir de garde du corps durant ses autres escapades. Alors pour ses traits lui paraissaient aussi familier …

    Aurélius secoua à la tête, incapable de mettre un mot sur ce sentiment étrange et abandonna. C’était sûrement une de ces impressions de déjà-vu qu’on avait tous les jours. Il s’approcha enfin de la jeune femme et se planta devant elle.

    « Bonjour, chère aventurière, merci d’avoir accepté ce travail d’escorte sans trop poser de question. Comme on a dû vous l’expliquer, j’ai besoin d’une escorte pendant que je rends visite à différents établissements de la capitale pour y faire quelques … repérages. Pour garder mon anonymat, ainsi que le vôtre, nous utiliserons des pseudonymes. Pour ma part je serais Claudius Monney et je vous laisse choisir le vôtre. »

    Il la laissa réfléchir avant de continuer.

    « Nous avons trois établissements à visiter, d’abord nous irons à la galerie d’art Lupin et Associé, puis nous déjeunerons dans une nouvelle taverne l’ … attendez c’était quoi son nom déjà ? »

    Aurélius sembla se plonger dans ses pensées.

    « Ah oui, la trique heureuse … un nom bien étrange au demeurant, mais on m’a vanté le talent de leur chef ! Et enfin nous irons dans un petit théâtre de quartier pour assister à la toute première représentation d’Henriette au pays du tapin. Vous avez des questions ou des remarques avant que nous y allions jeune fille ? Peut-être connaissez vous ces endroits, ce seraient une véritable aubaine ! »
    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
    Informations
    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mar 22 Fév 2022 - 20:58 #
    Parfois, il y avait de bien drôles de missions qui se présentaient sur le tableau de la guilde. Et si ce n’était pas forcément les plus palpitantes, elles avaient toujours quelque chose d’intéressant. Et puis, la quête était passée entre les mains d’examinateurs, provenait de quelqu’un du Palais, et avait un niveau de dangerosité très faible. Parfait pour se détendre un peu après sa dernière chasse, et aussi pour récupérer de ses quelques blessures. La plupart étaient bien bandées sous leurs vêtements, mais il y avait bien un petit pansement qui traînait encore sur la joue de l’aventurière. Lumi, de son côté, était indemne, et elle saurait parfaitement s’occuper de quelques brigands si besoin. Et Violette était encore en état de se battre, juste peut-être pas à fond, mais ça ne serait sûrement pas nécessaire. Après tout, ce n’était pas comme s’ils allaient se perdre dans les bas-fonds de la Capitale.

    D’un côté, elle avait un peu peur de se retrouver nez à nez avec le Prince. Venant du Palais, c’était certainement le pire qui pouvait en sortir. Enfin, le seul qu’elle connaissait, surtout, à vrai dire. Mais elle se voyait déjà se retrouver un peu comme une idiote, un sourire forcé sur les lèvres, à laisser échapper un petit rire, tout en pensant que oui, c’était bien elle qui lui avait mit un coup de dague pour vérifier qu’il était bien le vrai dans les marais il y a un peu plus d’un an. Bon, heureusement, il ne lui en avait pas tenu rigueur vu les circonstances, mais cela pouvait toujours rendre des retrouvailles un peu… malaisantes.

    Avec la laïum assise à côté d’elle, Violette attendait tranquillement sur la place devant le Palais, regardant les badauds passer, l’architecture magnifique du lieu, et de temps en temps son petit biscuit aux graines de Lucyfilis qui diminuait en taille à vue d'œil. Au moins, elle avait été à l’heure, pour une fois. Il fallait dire que c’était un peu obligatoire pour les missions d’escorte, en général. En attendant, elle ne s’ennuyait pas encore vraiment, suivant les aventures de deux gamins jouant à chat un peu plus loin, ou encore celui d’un tavernier en train de mettre en place les affichettes à l’avant de son échoppe un peu plus loin. Il fallait dire que cette place était certainement l’une des plus luxueuses de la Capitale, ce qui la rendait paisible, et aussi plus intéressante à regarder que de la terre, de la boue, et des rues plus proches de coupe-gorges que d’avenues.

    Elle se redressa légèrement quand elle vit celui qui était, apparement, la personne qu’elle attendait. Elle ne connaissait même pas son nom, selon l’hôtesse de la Guilde, il avait tenu à rester anonyme, d’où le caractère bien étrange de cette quête. Elle fut d’ailleurs prise un peu au dépourvu par cette demande de trouver elle aussi un pseudonyme, n’y ayant pas plus réfléchi que ça. Elle mit bien quelques secondes à trouver quelque chose de convenable.

    « Euh… Bonjour… Je serai Maackia, dans ce cas! »

    Et pour Lumi? Déjà qu’elle n’avait même pas trouvé de nom de famille! Et elle devait aussi en trouver un pour la laïum? Le premier qui lui passa par la tête était…

    « Et voici Freesia! »
    * Moi pas Freesia, moi Lumi! Lumi vouloir revoir Freesia! *
    * Je t’expliquerai Lumi! Et puis, tu as vu Freesia il y a cinq jours! Mais aujourd’hui, tu es Freesia! *
    * Non, moi Lumi! *
    * On en parle après… *


    Ça allait être difficile, et ça se lisait un peu sur le visage de l’aventurière dans cette conversation télépathique avec son familier. Elle gardait toujours un sourire aux lèvres, toujours un peu amusée par cette situation rocambolesque qui venait déjà d’arriver à cause des demandes étranges du client de la Guilde. Et visiblement, il n’en avait pas réellement terminé. Les trois activités, Violette avait quelque chose à y redire.

    La galerie d’art avait au moins un nom normal aux yeux de l’aventurière qui n’avait pas vraiment la référence, mais le souci était que c’était une galerie d’art. Et que la dernière avait finie complètement sens dessus dessous la dernière fois qu’elle était allée dans l’une d’elle. Alors, certes, ce n’était peut-être pas la même, mais l’art avait intérêt à être immobile, et à ne pas représenter de gâteaux géants. Sinon elle voyait déjà le désastre arriver.

    La taverne, elle n’en avait jamais vraiment entendu parler. Certainement qu’elle était dans un standing différent de celles dont elle avait l’habitude mais le nom était… Plus que douteux. Elle avait même déjà un peu peur de voir la carte.

    Quant à la pièce de théâtre, avec un nom pareil, elle semblait originale au mieux, avant-gardiste au pire. Ou bien c’était littéralement une pièce de théâtre porno et l’autre vieux était ce genre de pervers qui aimait bien aller voir ce genre de pièces en compagnie de jeunes aventurières. Et dans ce cas, Violette ne pouvait plus vraiment garantir que ce VIP allait rentrer au Palais en un morceau.

    « Pourquoi l’art récemment doit obligatoirement avoir des types nus ou des références au cul…? »

    L’aventurière n’avait que murmurer cela très faiblement, avant de se racler la gorge et de reprendre un peu contenance après toutes ces révélations. Bon, avec de la chance, l’art serait beau, la nourriture serait abondante et délicieuse, et la pièce de théâtre passionnante et chaste. En plus, tout était gratuit, alors c’était plutôt un bon plan, comme quête. Même si elle ne comprenait toujours pas trop pourquoi un vieux monsieur du Palais voudrait amener une aventurière comme garde du corps dans ce genre de péripéties. Cette quête était peut-être un peu moins une bonne idée qu’elle n’aurait pu le penser au début. Mais là encore peut-être qu’elle s’imaginait des trucs.

    « Hum… Je ne connais pas trop, non. J’avais déjà entendu le nom de cette nouvelle taverne mais je croyais que c’était une blague d’un aventurier bourré. Pas que c’était un vrai endroit qui venait d’ouvrir… »

    Il fallait dire, c’était bien plus un nom de taverne pour gros beaufs que pour “Claudius” qui sortait tout fraîchement du Palais. Et en fait, surtout, qu’attendait-il vraiment d’elle? Elle ne le savait pas trop, pas spécialement formée à être une garde du corps discrète et efficace, elle allait sûrement passer bien plus du temps les yeux sur l’art et le théâtre qu’un potentiel terroriste. Manquerait plus que de croiser Klarion Brando, et ce serait le pompom.

    « Euh, par contre, je suis peut-être un peu moins au courant que les armoires à glace d’à côté là… » commença-t-elle tout en désignant rapidement les gardes royaux en armure à côté de lui. « Mais niveau escorte, plutôt une présence discrète, ou pas trop? La requête ne spécifiait pas vraiment ça… »

    En tout cas, il n’était pas vraiment prêt à entendre ses avis sur l’art. Ni ceux de Lumi, qui restait sage, parce-que Violette l’avait conditionnée en mode travail. Même si cette histoire de Freesia avait laissé la dragonne un peu confuse.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Dim 20 Mar 2022 - 19:24 #
    Il semblerait que la guilde lui avait trouvé une aventurière tout à fait correcte et bien sympathique cette fois. Une jeune fille pétillante qui serait peut-être intéressée par un voyage initiatique dans le monde de l’art ? Allez savoir. En tout cas Aurélius, ou plutôt Claudius Monney, semblait satisfait. Il se pencha même vers le petit Laïum pour le saluer d’un grand sourire.

    « Oh ! vous connaissez aussi Jason ? On doit parler du même aventurier. C’est vrai qu’il a un peu tendance à stationner plus que de raison à la buvette de la guilde, mais il m’a toujours judicieusement conseillé ! Je lui fais entièrement confiance, bien que le nom de cet établissement puisse paraître … original aux premiers abords. »

    Aurélius rit de bon cœur. Il ne semblait pas se rendre compte qu’il y avait anguille sous roche et prenait cela pour une simple plaisanterie. Toutefois, son envie de visiter ces lieux était on ne peut plus sérieuse. Il ne manquait jamais une occasion de découvrir des pépites cachées au fin fond de la grande ville. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faisait autant de manières. Il n’y a qu’en étant incognito qu’il pouvait pleinement apprécier ses sorties sans se faire déranger par des curieux, des opportunistes ou simplement des personnes intimidées par ses critiques.

    « J’opterai pour une présence peu discrète. Voyez-vous, je n’ai pas spécialement besoin d’une protection contre des dangers extérieurs, mais d’une protection contre moi-même. »

    Le ministre qui n’en est pas un eut un sourire gêné avant de s’expliquer davantage.

    « Voyez-vous, quand je me mets à contempler l’art au maximum de mes capacités j’ai tendance à développer des handicaps passagers. Il m’arrive de perdre certains de mes sens, comme la vue ou l’ouïe et parfois l’équilibre aussi. C’est pour cela que j’ai besoin qu’on m’accompagne, pour, disons, m’aider à certains moments. Cela vous dérange-t-il ? »

    Il avait omis sciemment de lui dire dans quoi elle s’engageait. Elle allait devoir s’occuper tantôt d’un aveugle, tantôt d’un sourd, tantôt d’un maladroit, bref elle allait sûrement en voir de toutes les couleurs, mais que serait la vie sans un peu de surprise n’est-ce pas ? Aurélius attendit patiemment qu’elle donne son accord libre et non éclairé avant de prendre la marche et de s’éloigner du palais. Il marchait d’un pas assuré, ni trop lent, ni trop rapide. Il savait déjà parfaitement où il se rendait.

    Les rues se succédèrent et étrangement leur état se détériora peu à peu à mesure qu’ils s’éloignaient du palais. Les yeux d’Aurélius se nimbèrent de larmes alors que des odeurs âcres et chaudes venaient agresser son nez trop sensible. Il eut un mouvement de côté qui le sauva du contenu d’un pot de chambre qu’une femme venait de jeter par la fenêtre. Décidément, cette fameuse galerie se trouvait dans un quartier assez peu reluisant de la capitale.

    « Je crois que nous ne sommes plus très loin, arriva-t-il à dire à sa compagne avant d’être obligée de sortir un petit morceau de tissu parfumé pour se couvrir le visage. »

    Effectivement, en tournant au bout de la rue, ils purent découvrir un bâtiment un peu singulier. Bien entendu, il se fondait dans le paysage, composé en majorité de planches de bois rongées par l’humidité et agencées dans un désordre presque artistique, la fameuse galerie ne donnait pas vraiment l’impression d’être un lieu d’extase artistique. Aurélius s’arrêta un instant pour regarder son toit d’ardoises, mangé par la mousse en haussant un sourcil. Puis, il haussa les épaules. Il était venu voir des peintres, et s’ils n’avaient pas assez d’argent pour exposer dans une galerie reconnue, il se ferait une joie de les découvrir. Il se tourna vers Violette.

    « Bien nous y sommes ! Cette galerie à quelque chose de … rustique, vous ne trouvez pas ? Bien, avant d’entrer, il faut que nous discutions un peu. Durant mon inspection, je ne saurais me laisser distraire par les jérémiades du propriétaire des lieux. Donc pour éviter cela, dites-lui que je suis sourd, ce qui ne sera pas totalement faux. Si jamais vous avez besoin de me parler, eh bien, vous n’aurez qu’à utiliser ça. »

    Il lui tendit une ardoise et une craie avant de se tourner vers la bâtisse et de pousser la porte. Un courant d’air chaud teinté d’une odeur d’humidité vint frapper leurs visages, arrachant une nouvelle grimace à Aurélius. Il allait finir par croire que tout dans ce quartier avait été placé là pour le faire fuir. Le hall d’entrée était vide, mais quelques panneaux de bois indiquaient un chemin à suivre. Aurélius se pencha pour tenter d’en lire un, mais du s’avouer vaincu devant le nombre incommensurable de fautes qui y étaient inscrites. Absolument charmant.

    Ils gravirent donc les marches dont le grincement indiquait que l’escalier allait s’effondrer d’une minute à l’autre. Le ministre pressa donc le pas pour ne pas figurer dans la rubrique nécrologique du Chantelune Voyageur ce soir. L’étage était beaucoup plus spacieux et c’est en le découvrant que le visage du ministre se radoucit. Plusieurs toiles étaient exposées le long des murs piquant immédiatement son intérêt. Aurélius ferma les yeux et prit une bonne grosse inspiration tandis que ses sens glissaient lentement vers sa vue et que les sons s’étouffaient petit à petit autour de lui. Lorsqu’il les rouvrit, un vieux monsieur qui n’avait pas dû comprendre que les bains de crottins étaient passés de mode depuis la préhistoire était apparu devant lui. Bien entendu, l’artiste ne l’avait pas entendu arrivée puisqu’il était devenu sourd. Son regard glissa sur les nombreuses crevasses qui ornaient sa peau et sur la terre qui s’y était glissée. Visiblement, l’homme essayait de lui dire quelque chose, mais comme il n’entendait rien, il toucha son oreille avant de faire un signe de négation pour signifier qu’il ne pouvait pas l’entendre. Puis, il fit un pas de côté pour révéler Violette et lui indiquer de plutôt lui parler à elle avant d’aller contempler son premier tableau, une sorte de panière de fruit aux détails assez impressionnants.
    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
    Informations
    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Sam 9 Avr 2022 - 21:50 #
    Jason.

    Normalement, Violette comme beaucoup d’autres aventuriers avaient l’habitude de ne pas trop suivre ses conseils, ne sachant vraiment s’il partait dans de grandes envolées mythomanes ou était sérieux. Dans le doute, et surtout quand le nom de la taverne s’appelait La Trique Heureuse, mieux valait ne pas y mettre les pieds. Même si elle n’avait actuellement pas spécialement le choix, elle était surtout surprise que ce sac à vinasse connaisse des gens venant du Palais. Après, Violette ne le connaissait lui-même pas vraiment pour autant, c’était principalement sa réputation qui le précédait.

    D’un autre côté, ça lui permettrait de se faire un avis, même si mieux valait rester un minimum prudente face à ce genre d’établissements modernes aux pratiques originales. Après, l’aventurière était aussi du genre à bien aimer découvrir de nouvelles choses, alors pourquoi pas? Parfois, on était déçu, mais cela ne valait pas la joie de découvrir de nouveaux principes originaux, que ce soit culinairement, ou autrement. Même si en général, c’était mieux quand ça se mangeait.

    L’aventurière haussa un sourcil à la mention du demandeur de cette quête. Du genre à perdre l’équilibre? Était-il malade? C’était vrai qu’il n’avait pas l’air d’être aventurier ou garde et était bien plus proche du bureaucrate qu’autre chose, à première vue. Mais de là à devoir faire attention et le rattraper? C’était là encore assez inattendu. Après, est-ce-que cela la dérangeait? Pas tant que ça, après tout ça restait du travail, pas des vacances… Malheureusement. Être payée pour juste visiter des endroits, ça aurait été royal.

    « Euhm… Non? Ça me dérange pas. »

    Ce qui voudrait quand même dire qu’elle se devait de faire attention, même si elle ne savait pas vraiment à quel point. Elle s’en rendrait certainement déjà assez vite compte, et au pire, elle l’attacherait dans son chariot invoqué - ce sera pas le premier… Même si elle préférait que ça ne devienne pas une habitude non plus.

    « Vous devez bien être un des seuls à réellement faire confiance à Jason, d’ailleurs, il a pas la réputation de donner les meilleures adresses pour les aventuriers en général. »

    Mais là, ce n’était pas vraiment une adresse pour aventuriers qui était recherchée - elle n’était que là pour suivre en relative discrétion et peut-être donner son avis ici ou là. Non pas qu’elle était vraiment une fine connaisseuse d’art, même si elle se débrouillait un peu mieux du côté gastronomique en restant très loin du niveau de critiques culinaires ou de grands chefs. Elle faisait avec ce qu’elle avait. Après, vu le quartier pauvre dans lequel il s’était élancé, elle se demandait si c’était vraiment une exposition d’art connue qui les attendait, ou un grand moyen de blanchir ses cristaux…

    Et vu la tête de la bâtisse, et du reste, ça n’avait pas l’air d’être vraiment le genre d’art qui se trouvait au Palais. Et ce n’était pas très rassurant pour l’aventurière, qui en plus allait devoir utiliser une ardoise pour lui parler? Et s’occuper de la discussion si quelqu’un venait? Restait à prier qu’ils ne soient pas trop dérangés. Vu la foule, ou plutôt l’absence de foule qu’il semblait y avoir, ils ne seront sûrement pas dérangés par d’autres visiteurs. Restait à espérer que le staff de l’endroit soit tout aussi discret. Montant les marches et arrivant en haut de ce taudis, elle laissa donc Claudius vaquer à ses occupations alors qu’elle devait gérer un type qui n’avait visiblement pas vu de bain depuis plusieurs mois ou revenait de plusieurs jours de chasse éreintante dans la Grande Forêt… Et elle avait son idée duquel des deux il s’agissait dans ce genre de cas.

    « Bonjour, bonjour… »

    Son attention rapidement retournée vers la jeune femme qui essayait de garder un air plus ou moins neutre une fois le signe de Claudius effectué. Elle ne répondit rien dans un premier temps, le laissant continuer en essayant d’ignorer tout ça.

    « Bienvenue bienvenue, vous venez pour visiter? »

    Son air faussement affable semblait même presque un peu faux, mais bon, c’était peut-être un peu trop se fier à une première impression?

    « Oui, oui, c’est bien ça. Mon associé ici présent est malheureusement sourd, y a-t-il des consignes spécifiques à lui faire passer? Un sens de circulation à respecter? »

    Elle pouvait s’en charger, de différentes façons même, mais la télépathie éveillerait peut-être plus de soupçons sur sa véritable nature sourde. Ce qu’elle pouvait comprendre, elle aurait bien aimé être sourde et muette en ce moment aussi.

    « Non, non, rien de tout cela, vous pouvez librement vous balader dans toute l’exposition! Je serai d’ailleurs ravi de vous guider et de vous donner plus de contexte sur chaque œuvre! »
    « Oh, ne vous inquiétez pas, nous saurons nous débrouiller et considérer ces œuvres à leur juste valeur. »
    « Vous êtes sûre? »
    « Oui, certaine. »
    « Vraiment? »
    « Tout à fait! »

    En réalité, elle n’avait pas envie d’avoir ce type avec eux, surtout qu’il ne pourrait lui parler qu’à elle… Alors elle activa simplement son anneau de pensée, envoyant un petit message télépathique à Claudius.

    * Monsieur, pourriez-vous montrer à notre hôte que vous maîtrisez parfaitement votre sujet ? Il aura du mal à vous aider de tout de façon. *

    Peut-être un peu bas, mais elle préférait s’en débarasser…
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mer 27 Avr 2022 - 13:32 #
    Aurélius n’avait bien évidemment rien écouté de la conversation stérile entre son accompagnatrice et le gérant de la galerie. S’il l’avait engagée, c’était principalement pour lui éviter d’avoir à perdre son temps avec les vendeurs qui savaient tout et rien à la fois, qui allaient le bassiner d’histoires sur les peintures, etc. alors qu’il était venu pour se rincer l’œil de la plus noble des manières. Paix et harmonie grâce à un garde du corps. Aussi sursauta-t-il lorsqu’une petite voix dans sa tête lui posa une simple question. Il regarda d’abord autour de lui avant de se rappeler qu’il était sourd et qu’il ne pouvait donc pas entendre les autres parler autour de lui. Son regard glissa sur le gérant qui ne lui prêtait aucune attention, avant de glisser vers l‘aventurière. C’était absolument génial cette télépathie ! Il devrait lui demander comme elle faisait pour avoir cette capacité. Si c’était là son pouvoir, elle pouvait être sûre d’être engagée pour les prochaines fois !

    Le ministre s’extirpa de ses réflexions pour regarder son « garde du corps » et il lui adressa un signe de tête entendu. Il se tourna alors vers la première toile de l’exposition sur laquelle était peint un groupe de marins désespérés, accrochés à une embarcation de fortune en pleine tempête. L’œil d’Aurélius parcourut les soubresauts de la peinture, les fissures du cadre. Ils le percèrent avec une force incroyable, déterminant mille informations sur l’œuvre qu’il avait devant les yeux et qui échappaient aux regards des autres.

    « Le radeau de l’ignorance, 788, Garicolt, huile sur toile de la période romantique.

    - Oh tout à fait, monsieur, le peintre avait peint ce tableau comme une critique de l’oisiveté et …

    - C’est un faux.

    - Je vous demande pardon ? s’inquiéta le vieux monsieur dont le ton venait soudain de prendre une teinte plus sombre qu’Aurélius n’entendit pas.

    - Le craquèlement de la peinture est bien trop peu prononcé pour une œuvre aussi ancienne. Les coups de pinceau sont beaucoup trop millimétrés, signent d’une grande attention portée à la technique. Or Garicolt était déjà expert en cette période, il faisait ses peintures sans réfléchir, il avait déjà atteint le sommet de son art. Non, c’est définitivement un faux. »

    Le vieux monsieur commença à blanchir et son regard devint de plus en plus mauvais à mesure qu’Aurélius continuait son expertise, révélant par la même occasion que la toile était une pâle copie. Il n’y avait bien qu’Aurélius qui ne semblait pas remarquer que l’ambiance devenait assez électrique autour de lui. Il était plongé dans son observation et n’entendait rien de ce qui se passait dans son dos.

    « Oh et ce van Glog, là. C’est également un faux. Les pointillés sont beaucoup trop appuyés et l’angle des traits montre qu’il a été peint par une personne qui n’avait visiblement aucun problème d’arthrite contrairement au peintre. Et puis ce Rembranl, si je dois bien avouer que la technique du clair-obscur est parfaitement maîtrisée, les proportions ne sont pas celles qu’on retrouve dans les œuvres de ce peintre. Fascinant … »

    Le ministre avançait au milieu des tableaux, continuant à démentir le propriétaire de la galerie. Il n’y avait à vrai dire aucun tableau qui était un original. Tous avaient été copiés avec beaucoup d’attention par le propriétaire. Ce dernier comptait les revendre au prix fort en se faisant passer pour un expert, et tout cela aurait très bien marché s’il n’était pas tombé sur un expert comme le ministre. D’ailleurs, il n’allait pas se laisser faire comme ça. Il lui suffisait de se débarrasser des deux visiteurs et son secret resterait secret.

    « Voyons, monsieur, vous devez faire erreur, bien entendu qu’ils sont authentiques ! J’ai leur certificat dans mes dossiers si cela peut vous rassurer … »

    Aurélius continuait de regarder les toiles, alors le vieux monsieur se tourna vers Violette en faisant de grands gestes comme pour lui dire de transmettre son message à son patron. Puis, il se glissa derrière son comptoir pour, semble-t-il, chercher des dossiers. Il en profita pour glisser subtilement un couteau dans sa manche avant de revenir avec une pile de documents.

    « Regardez, tout est là ! Je ne vous laisserai pas dire que je suis un de ces faussaires à la petite semaine ! »
    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mar 17 Mai 2022 - 13:20 #
    Bon, peut-être que le coup avait-il était un peu bas d’assumer que son client ne voulait pas des conseils du vendeur local. Mais d’un autre côté, il ne se serait certainement pas rendu sourd s’il avait voulu écouter ce qu’il avait à raconter et Violette ne connaissait pas le langage des signes pour le lui transcrire de tout de façon. Enfin, il y avait bien cette ardoise mais cela aurait été plus qu’éreintant et certainement pas dans ses plans.

    Sous son impulsion, il commença donc à prouver qu’il s’y connaissait bien, de manière plus ou moins spontanée. Même si ce n’était pas réellement le genre de réaction que l’aventurière s’attendait à voir - ni le responsable de la galerie, d’ailleurs. Encore qu’une toile soit fausse dans le lot, cela pouvait être compréhensible comme une erreur, mais à les voir s’enchaîner ainsi, la coïncidence était bien trop grande pour en être une. Évidemment, Violette ne pouvait pas réellement s’en douter vu son manque de connaissances artistiques. Même dans sa jeunesse, ça n’avait jamais été un sujet très plébiscité par Kathemia. Et tant mieux, d’un autre côté, l’étude de l’art avait l’air de ne pas être des plus intéressantes. De façon scolaire. Contempler de belles œuvres était déjà plus intéressant et les tableaux qu’elle voyait au loin - bien que faux - étaient tout de même plutôt jolis.

    Violette haussa simplement les épaules à la requête du vendeur.

    « Comme je vous l’ai déjà dit, il est sourd. Mais je ne compte pas le déranger dans sa découverte de la galerie, même si elle a l’air de s’avérer moins intéressante que prévu… »

    L’aventurière haussa les épaules à sa requête de lui montrer les certificats des oeuvres. S’était-il fait arnaquer et était-il convaincu de la véracité des œuvres, ou bien était-ce un trafic et une arnaque tout à fait honteuse d’honnêtes gens? Violette n’avait de tout de façon pas de quoi établir si les certificats présentés seraient des vrais ou des faux, parce-qu’elle n’en avait jamais vraiment vu de tout de façon. Elle n’était pas vraiment contre, de tout de façon, même si cela ne l’éloignerait que quelques instants, c’était déjà quelques instants de gagnés.

    « Si vous n’êtes pas un faussaire à la petite semaine, on peut dire que vous en êtes un à la grande semaine? »

    Une plaisanterie qui tomba un peu à plat alors que Violette était sur le point de s’emparer des documents. Certes, il avait l’air tendu, très tendu même, et l’aventurière avait un peu de mal à vraiment estimer à quel point, mais il semblait encore ouvert à la discussion. Alors l’aventurière gardait cette opportunité là, même si effectivement, face à une telle arnaque organisée, la présence de la garde avait l’air de devenir de plus en plus nécessaire. Heureusement, ce type semblait seul.

    Alors que Violette posa les mains sur les papiers prouvant que ces oeuvres étaient les vraies, et, alors qu’elle avait les mains prises par les documents, le type bedonnant tenta sa chance, prenant d’un coup sa lame dissimulé en main, il tenta d’asséner un coup de poignard dans le ventre de l’aventurière, afin de la prendre par surprise, jugeant que l’autre sourd serait une cible bien plus facile ensuite. Surprise, Violette n’avait pas détaché son ombre. Tout de même méfiante, elle eut la présence d’esprit d’activer l’enchantement orange de son armure de cuir qui devint aussi solide que du métal, et la lame du couteau ricocha sous le regard légèrement surpris de l’assaillant.

    Lâchant ses documents, et se munissant d’un Teizeur depuis son tatouage de rangement, Violette tenta de frapper horizontalement le faussaire avec, mais sur la trajectoire de son attaque, il se transforma en peinture ce qui fit que le coup n’eut aucun autre effet que de légèrement éclabousser les alentours de plusieurs petites couleurs très variées. Voyant qu’il avait perdu l’initiative, le faussaire tenta de bondir vers la porte pour éviter une confrontation directe. Mais Violette avait prévu le coup, et, avec son ombre qui avait commencé le trajet en avance, elle échangea de place avec, prenant cette fois-ci son assaillant par surprise et lui asséna un coup paralysant de son arme.

    « Ne rendez pas tout ça plus difficile que ça ne l’est déjà, et n’aggravez pas votre cas! »

    Sonné par le coup électrique, Violette en profita pour écrire quelques mots sur l’ardoise pour sourd que lui avait confié Claudius, avant de la donner à Lumi qui n’avait pas eu le temps de réagir, même si elle avait été prête à bondir également.

    * Trouve une patrouille de garde, montre leur l’ardoise, et ramène les gardes ici, veux-tu? *

    Laissant Lumi tenir l’ardoise dans sa gueule, avec un petit mot dessus pour faire en sorte que les gardes suivent la laïum, la dragonne partit dehors à la recherche des agents de la paix de la capitale. Violette put alors reporter son attention sur le faussaire qui se remettait lentement du coup de teizeur qu’elle venait de lui asséner. Tentant de le sécuriser avec une clé de bras et sous la menace d’un nouveau coup électrique, elle tourna rapidement la tête vers Claudius qui avait l’air tout juste de remarquer ce qu’il se tramait derrière lui. L’aventurière désigna du regard le couteau sur le sol, haussa les épaules avec un petit sourire gêné, avant de reporter son attention sur le type au sol.

    « Oh, arrête de bouger! »
    « Laissez-moi! Vous n’avez pas le droit! Ces œuvres sont parfaitement légitimes, je ne fais que mon travail! »
    « Parce-que c’est votre travail de poignarder les visiteurs? Allez expliquer ça à la garde! »
    « L’autre ne faisait que raconter des calomnies! Je protégeais juste mon honneur et l’honneur de la galerie alors qu’il insultait les œuvres! »
    « On verra ce qu’ils auront à en dire! »

    Restait à espérer que son client saurait se montrer persuasif aussi, surtout sur le caractère faux de ces œuvres. Parce-que clairement, Violette n’avait aucun moyen de le prouver, tant les certificats éparpillés dans toute la pièce lui semblaient être réels et valides. Mais bon, vu qu’elle n’en avait jamais vu avant, c’était difficile à dire…

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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mer 22 Juin 2022 - 22:41 #
    Les faux s’enchaînaient sous les yeux d’Aurélius et ils accaparaient toute l’attention du ministre. Même s’il voyait clair dans la contrefaçon, il devait admettre que c’était du beau travail. À l’œil nu, aucune différence n’était perceptible et il fallait en connaître un rayon en peinture pour déceler la différence. Les couleurs étaient parfaites, les formes identiques et les émotions étaient aussi présentes que dans la toile originale. Aurélius avait été bien renseigné, voilà une personne au talent époustouflant. Fier de sa trouvaille, il se retourna vers le propriétaire de la galerie.

    « C’est absolument parfait ! Vous êtes engag… mais que faites-vous donc Maakia ? »

    Aurélius lui jeta un regard surpris en les voyant l’un sur l’autre, la jeune femme tenant le petit vieux d’une main ferme. Le couteau était tombé et avait roulé sous un meuble rendant la scène assez cocasse pour le grand homme qui n’avait bien sûr rien entendu de l’altercation qui s’était déroulée dans son dos. Aussi ne comprenait-il pas du tout pourquoi Maakia chevauchait le patron et se disait sûrement que les jeunes aventurières étaient devenues bien fougueuses de nos jours. Et aussi qu’elles les prenaient de plus en plus vieux. Le ministre ferma les yeux pour récupérer son ouïe, sentant un tiraillement, car il venait d’utiliser son pouvoir beaucoup trop tôt, perdant ainsi son goût et son odorat. Il vacilla devant la sensation désagréable et sa migraine.

    « Mais que se passe-t-il ici ?

    — Votre aventurière m’a sauté dessus sans crier gare ! C’est une vraie folle ! »

    Aurélius haussa un sourcil vers Maakia qui lui expliqua bien évidemment pourquoi elle avait fait tout ça. Le ministre parut incroyablement déçu de l’apprendre et secoua la tête en signe de désapprobation.

    « Lâchez-le Maakia, dit le ministre, s’il vous plaît. »

    Aurélius posa un genou à terre pour se mettre au niveau de l’homme qui venait de se redresser en se massant le bas du dos. Il plongea son regard dans le sien avec une expression assez triste sur le visage. Il plongea la main dans sa poche et en sortit une carte de visite.

    « Quand vous en aurez marre de vous prendre pour ce que vous n’êtes pas et que vous voudrez faire quelque chose du talent que j’ai cru apercevoir dans les coups de pinceau sur ses toiles, venez au palais et présentez cette carte. Le ministère de la Culture voudrait vous passer commande pour avoir des toiles à présenter aux orphelins de l’arche de l’espoir. Nous avons créé tout un programme d’initiation à la culture et comme acheter des œuvres est cher, leur présenter des copies aussi fidèles serait une véritable bénédiction et leur permettrait d’avoir accès à la culture… »

    L’homme loucha sur la carte qu’il tenait entre les mains. Il tremblait presque en réalisant à qui il avait à faire, il avait failli planter un ministre ! Heureusement que la fille l’en avait empêché, sinon il aurait été dans une merde sans nom.

    « Pourquoi ? Pourquoi vous me faites cette proposition ? Vous saviez tout alors…

    — Parce que j’ai vu l’étreinte de sainte Pampersa…

    — Mon premier tableau ?

    — Oui, et j’ai vu la flamme qui vous animait avant. Et je ne peux pas me résoudre à voir votre mourir dans cette galerie miteuse au profit du trafic d’incandescent et de la pègre locale.

    — Mais, mais… »

    Le petit vieux se mit à sangloter, faisant lever les yeux aux ciels à Aurélius. Il savait que cet homme était tombé dans la contre façon pour subvenir à ses besoins. Un artiste de son talent pouvait avoir du mal à percer, et encore plus quand on était si doué pour copier des œuvres d’art. Un talent que la pègre voulait absolument se procurer.

    « Merci, merci, mais la garde…

    — La garde n’en saura rien tant que vous vous contenterez de votre poste auprès des orphelins. J’irai en dire deux mots à Cassandr…

    — Mais la garde sait déjà !

    — Hein ? hoqueta Aurélius. »

    Le petit vieux pointa Maakia du doigt.

    « Vous avez appelé la garde ? Merde, merde… »

    Aurélius sembla s’agiter dans tous les sens en se rendant compte qu’il allait bientôt se retrouver face aux gardes et allait devoir leur expliquer pourquoi un ministre se promena dans une galerie frauduleuse.

    « Il faut que je sorte d’ici !

    — J’ai une porte par-derrière !

    — Parfait. Maakia, occupez-vous des gardes, je ne sais pas. Racontez-leur n’importe quoi, il ne faut pas qu’ils ne me voient ni qu’ils mettent leur nez dans cette affaire d’accord. C’est très important, penser aux petits orphelins ! Retrouvez-moi ensuite au square Renmyrth quand ce sera bon. »

    Et avec un grand sourire sur les lèvres, Aurélius s’éclipsa par la petite porte de derrière.
    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mer 29 Juin 2022 - 13:06 #
    Elle avait du mal à en croire ses oreilles. Alors, certes, les peintures étaient bien faites, mais elles étaient fausses et alimentaient un trafic qui bénéficiait à la pègre. Et, par-dessus tout cela, elle avait failli être poignardée par ce type. Et il fallait le laisser partir, et lui donner un job au palais en plus? Et lui faire peindre des tableaux pour des petits orphelins? Le fait que ce genre de type puisse en plus travailler à et pour un orphelinat? Peut-être même dans le même que là où elle avait laissé Oz? Elle n’aimait pas ça du tout. Alors oui, la rédemption, une seconde chance, tout ça, elle n’était pas contre - mais après la prison et avoir payé pour ses crimes et tous les pauvres gens qu’il avait arnaqués sans le moindre état d’âme.

    Néanmoins, Claudius semblait déterminé à lui offrir cette chance, et cela restait le client de la demande à la guilde. Tiraillée, elle n’avait pas trop le choix alors qu’elle était en plus assignée à devoir gérer la garde. Quel cauchemar, franchement. Elle soupira alors qu’ils s’éclipsaient en la laissant dans sa galère. La patrouille, elle ne tarda pas à venir avec la laïum. Heureusement, elle n’avait pas eu le temps de détailler la raison exacte sur la petite pancarte qu’elle avait donnée à Lumi, donc cela lui laissait l’occasion de broder quelque chose.

    Jouant un peu la surprise et engueulant un peu une laïum qui ne comprenait pas mais qui suivait les directives télépathiques de Violette, elle s’empara à nouveau de l’ardoise avant de la poser sur un piédestal vide qui traînait là, expliquant que Lumi s’en était emparée en pensant que c’était une demande d’appel à l’aide et non pas une oeuvre d’art. Oh oui, vous savez, les familiers parfois, ils veulent bien faire, mais c’est compliqué de leur expliquer la nuance de l’art humain, surtout moderne et subversif comme celui-ci. Alors oui, elle était partie chercher de l’aide à la garde avant qu’elle ne puisse intervenir. Ah oui, et le staff de la galerie, elle ne l’avait pas vu, l’exposition était bien ouverte mais personne n’était visiblement là pour la garder, mais ce n’est pas grave, tout avait l’air d’être bien là. Ou bien remit à sa place. Et oui, tout va bien.

    Les gardes finirent d’ailleurs par s’en aller, autant amusés qu’agacés par cette fausse alerte peu conventionnelle, et Violette quitta les lieux avec eux, se séparant d’eux pour aller vers le fameux square Renmyrth où elle retrouva Claudius, affichant de son côté un air légèrement agacé sur son visage.

    « Ce type a essayé de me poignarder, et avait sûrement comme projet de vous poignarder ensuite, et vous voulez le mettre au milieu d’orphelins?! »

    Alors oui, certes, il essayait de gagner sa vie, mais il y avait d’autres façons de le faire que de travailler pour la mafia! Il n’avait qu’à prendre un travail à mi-temps pour aider les nombreuses échoppes de la Capitale, et continuer sa peinture sur son temps libre pour essayer de percer! Ce n’était clairement pas une excuse pour l’aventurière. Et maintenant, il s’était évanoui dans la nature, alors que rien ne garantissait qu’il revienne au Palais!

    « Vous pensez vraiment qu’il va prendre votre offre? Il va sûrement se faire bien plus d’argent avec la mafia qu’en dessinant pour des enfants, et il a eu l’opportunité de s’enfuir. »

    S’il avait voulu gagner sa vie légalement, il avait en effet d’autres options selon Violette. Même si elle pouvait comprendre la pénibilité d’avoir un second travail que l’on apprécie pas forcément. Elle-même avait effectué un tas de quêtes et de petits boulots d’aventuriers simples et très loin d’être passionnant lorsqu’elle avait débuté, simplement pour avoir de quoi manger et dormir lorsqu’elle avait commencé sa carrière. C’était très loin d’être drôle, mais c’était ce qui payait le mieux et le mieux qu’elle pouvait faire sans risquer d’y laisser sa peau ou de mettre des gens en danger. Alors elle l’avait fait. Son attention fut légèrement distraite par Lumi, un peu penaude après s’être faite engueuler pour rien. Même si Violette avait essayé de la rassurer, la scène l’avait tout de même affectée. Se baissant pour aller faire un gros câlin à la dragonne, Violette en profita pour lui donner un petit biscuit froid pour familier, ce qui améliora au moins un peu son humeur. C’était déjà ça.
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Lun 11 Juil 2022 - 16:32 #
    Lorsque Violette débarqua dans le petit square, Aurélius était en train de feuilleter un journal qu’il avait acheté à un vendeur à la sauvette un peu plus loin. Cela avait pris quelques minutes à Maakia pour se débarrasser des gardes. Le ministre lui jeta un regard par-dessus les pages, avant de fermer sa lecture et de l’accueillir avec un grand sourire. Sourire qui se mua en une grimace terne lorsque l’aventurière ouvrit la bouche. Aurélius la laissa finir, dans le plus grand respect, écoutant la moindre de ses remarques. Évidemment, elle était tout à fait en droit de se sentir outrée de ce qu’elle venait de voir, mais elle ne savait pas tout.

    « Je comprends votre point de vue, mais ce que vous oubliez, c’est que cette personne a vécu plus longtemps que vous et moi, et qu’il y a donc une histoire derrière ce qu’il est devenu. Je ne vous retiendrai pas d’aller porter plainte à la garde ou de le dénoncer, mais j’aimerais avant que vous écoutiez ce que j’ai à dire ? Vous pensez que vous pouvez m’accorder ce temps ? »

    Il lui adressa un sourire sincère avant de se lever et l’inviter à le suivre.

    « Venez, il ne nous reste plus beaucoup de temps avant le repas du midi. Dirigeons-nous vers le restaurant que nous avions prévu de tester. Je vous expliquerai en chemin et vous me direz ce que vous concluez … »

    Aurélius ouvrit la marche, ne laissant pas vraiment l’occasion à Violette de le retenir. De toute façon, qu’ils discutent dans ce square où ailleurs ne changerait pas grand-chose. Aurélius semblait perdu dans ses pensées et son regard se perdait au loin, comme s’il contemplait une rêverie oubliée.

    « Quand j’étais plus jeune, un peu plus jeune que vous je dirais, même si je ne vous ferai pas l’affront de vous demander votre âge pour m’en assurer, j’ai dû me débrouiller tout seul. Voyez-vous, certaines familles nobles ont cette délicieuse tendance à étouffer toute forme de créativité chez leur descendance. C’était le cas de mes parents qui avaient si bien pourri l’esprit de ma sœur qu’elle me laissa sur le bas-côté dès qu’elle en eut l’occasion. »

    Il s’arrêta de parler un instant pour réfréner des sentiments contradictoires.

    « Je dois dire que vivre dans la rue était … une expérience unique en son genre. Ça a duré plusieurs semaines, durant lesquels je dessinai le portrait des touristes et je chantais quelques chansons dans les bars. Pas de quoi vivre dignement, simplement de quoi tenir le coup vous voyez ? De cette manière, je me suis rapproché du Village Perché et du grand atelier. C’était là-bas que toutes les figures du monde de l’art se retrouvent. Bref, c’était l’endroit idéal pour quelqu’un comme moi qui ne savait rien faire d’autre de mes dix doigts. Quand je suis arrivé, il y avait une grande exposition de peinture indépendante qui venait d’ouvrir. Généralement, on demande à des peintres peu connus de venir exposer leurs œuvres pour se faire un nom. L’idée de base est bonne, mais c’est généralement un véritable défilé de critiques et de moqueries, plus qu’un véritable tremplin pour leur carrière. Oh, certains se lancent grâce à ça, mais combien d’autres se font ensevelir sous les remarques acides et sans sympathies des visiteurs ? C’est un évènement important et également terrible. Je n’exposai pas à cette époque, principalement parce que je n’avais pas un cristal pour m’acheter du matériel. On ne se rend pas compte, mais toute la peinture les toiles, les pinceaux … C’est un investissement de départ qui n’est rentable que si on a une rentrée d’argent suffisante !

    J’étais donc venu en visiteur. Je voulais voir tout ça, toutes ses nouveautés. Peut-être y aurait-il la mode de demain parmi ses toiles ? Il y en a une qui avait attiré mon regard parmi toutes les autres. Elle s’appelait « L’Étreinte de sainte Pampersa ». Tout le monde démolissait cette toile durant l’exposition. Je crois n’avoir jamais vu aucune œuvre se faire descendre autant à ce genre d’exposition et pourtant j’en ai fait beaucoup plus par la suite. Le tableau n’était pas mauvais en soi, il était simplement un mélange de plusieurs techniques copiées à d’autres peintres. Une sorte d’imitation puzzle, toute la toile avait été peinte de cette façon, sans aucune forme d’originalité. Autant vous dire que l’assemblée était assez en colère qu’on leur propose une telle farce, alors les critiques fusaient comme des carreaux d’arbalète. Je crois que le peintre avait même fini par déserter l’exposition en abandonnant son tableau, tellement il n’avait pu le supporter. »

    Aurélius s’arrêta pour retirer un caillou qui s’était glissé dans sa chaussure, avant de reprendre sa marche. Ils arrivèrent devant l’enseigne que cherchait le ministre. Le restaurant contrastait vivement avec la galerie qu’ils avaient précédemment visitée. La façade était richement décorée et une enseigne en bois sculpté s’étendait sur toute la façade exposant le nom de l’établissement en lettres d’or : « La brique délicieuse. »

    « Ah, il me semblait bien que Jason avait du mal articulé, « la trique heureuse », pfff. Il ferait bien de se trouver une femme pour se soulager le pauvre. »

    Aurélius éclata de rire et poussa la porte. Le tintement cristallin d’une clochette les accueillit et un serveur apparut presque par enchantement à leurs côtés.

    « Une table pour deux, s’il vous plaît, commanda Aurélius après les salutations d’usage. »

    Ils se virent alors accompagnés à l’étage, dans une grande mezzanine. Leurs pas semblaient si silencieux sur la moquette luxueuse qu’Aurélius vérifia discrètement qu’il avait toujours deux jambes. Ils purent enfin s’asseoir à une table située au bord de la mezzanine. De là, ils pouvaient admirer toute la salle et le magnifique lustre qui la surplombait comme une pluie de diamant.

    « Déjà nous pouvons donner une excellente note pour le cadre, vous ne trouvez pas ? Oh et ne vous inquiétez pas, le repas est offert dans le cadre de vos fonctions, prenez ce qu’il vous fait plaisir. Et une dernière chose … Comme tout à l’heure, il se peut que je sois frappé … d’un handicap lorsque je vais manger. Ce sera la vue qui pêchera cette fois, donc je vous fais confiance ! »

    On leur apporta la carte et Aurélius l’étudia avec une grande attention. Tous les plats faisaient mention de noms de minéraux, donnant l’impression que les cailloux étaient l’ingrédient principal de ce restaurant.

    « Ce restaurant était à l’origine une auberge dans les montagnes. Je crois qu’ils ont fait leur fortune en vendant des pierres « comestibles ». J’ai toujours voulu essayer ce fameux miracle ! La magie me surprendra toujours. Oh, je vais prendre une salade de granite confit mon brave. »

    Aurélius venait de répondre au serveur qui les avait rejoints comme par magie, manquant de les faire sursauter. Le ministre laissa Violette prendre sa commande.

    « Où en étais-je déjà ? demanda-t-il, incapable de se rappeler où il s’était arrêté dans son histoire. »
    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mer 27 Juil 2022 - 13:25 #
    Évidemment, si Violette restait agacée par toute cette histoire, elle était loin d’être submergée par la colère pour autant. Cette interaction lui était restée en travers de la gorge à vrai dire, principalement parce-qu’il avait tout de même tenté d’attenter à la vie de deux personnes pour quelques cristaux. Donc elle était prête à entendre ce qu’il avait à lui dire pour sa défense, non sans une certaine curiosité sur ce qui le poussait à pardonner ainsi quelqu’un qui aurait certainement pu le tuer. Elle hocha donc simplement la tête, même si elle espérait bien que ses arguments soient solides.

    Si elle eut un peu de mal à tout imbriquer dés le début, et qu’elle savait le milieu de l’art intransigeant et ne trouvait pas que c’était particulièrement une excuse, elle comprit qu’il s’agissait ici de l’histoire de cet homme, renié par ses pairs. Il avait donc vu toutes ses portes “légales” se fermer devant lui vis à vis de sa carrière, humilié par tous. Était-ce vraiment une excuse pour se tourner vers l’arnaque de pauvres gens avec des fausses toiles? De s’impliquer avec le crime organisé? Pas vraiment selon l’aventurière. Mais ça ne semblait pas plus déranger ce noble que cela. Peut-être parce-qu’il connaissait les galères de cette personne, comme celles qu’il avait traversé. Elles n’étaient pas sans lui rappeler les siennes, de galères, bien trop de familles nobles étaient ainsi, malheureusement.

    « Et vous n’avez pas peur que cette personne ait changé définitivement suite à ces expériences? Ou qu’elle puisse retomber dans ses vices à la première pénurie de cristaux dans sa bourse? »

    Si Violette n’était pas du tout contre l’idée de rédemption et de changement, bien au contraire, elle était aussi certaine que ni lui, ni elle, n’avait passé assez de temps avec cette personne pour assez apprendre à la connaître. Comment pouvait-il être si certain de lui que sa décision était la bonne? L’idée de se dire qu’Oz pouvait courir encore un danger ou bien qu’il puisse se retrouver en contact avec ce genre d’individus ne lui plaisait guère. Même si son “protecteur” faisait déjà partie de ce genre de milieu qu’elle n’appréciait guère.

    Toujours était-il que vu qu’il avait l’air si sûr de lui, et aidée de son explication, elle se dit qu’elle pouvait bien, aussi, lui laisser une chance. Mais si le moindre incident arrivait de sa part, surtout envers des orphelins, ou qu’il continuait de causer des torts à d’honnêtes personnes, la brune ne le lui pardonnera jamais. A cet artiste tout comme à Claudius.

    Néanmoins, les voilà devant le restaurant de La Brique Délicieuse. Effectivement, Jason avait sûrement commis une petite erreur verbale à ce propos. Donc, c’était peut-être moins artistique comme endroit, elle aura peut-être bien la chance de ne pas voir des sculptures de phallus sur les murs. Heureusement d’ailleurs.

    « … Il était sûrement ivre quand il vous en a parlé. »

    Il fallait dire qu’il n’était pas réputé pour son prohibitionnisme vis-à-vis de la consommation d’alcool. Donc son articulation avait certainement été très approximative à ce moment, comme souvent. En tout cas, c’était déjà un nom bien plus rassurant alors qu’elle s’engagea dans le restaurant. L’ambiance de l’endroit, par contre, lui rappelait quelque chose. Et la carte aussi. Craintes rapidement confirmées par le discours de Claudius.

    « Oui, le cadre est vraiment magnifique en effet, ils se sont dépassés. Même si c’est un peu dommage de quitter le cadre rustique et traditionnel des montagnes pour quelque chose de plus "formaté" et lisse. Je suppose que c’est préférable pour les clients de la Capitale, du genre à préférer les décorations modernes et luxueuses… En tout cas j’espère qu’ils ont fait des progrès dans leur “art” depuis la dernière fois… »

    Violette, pas forcément des plus heureuses, connaissait déjà l’endroit original : Il n’y en avait pas quinze différents qui servaient ces plats originaux. Le souci était qu’elle se rappelait parfaitement de cette magie de suggestion et de ces doutes et son opiniâtreté qui lui avait ruiné une bonne partie du repas, en plus de trouver l’usage d’une telle magie très limite au niveau de l’éthique. Visiblement, cet article dans la presse n’avait pas découragé bon nombre de curieux puisque cela avait donné assez de fonds au restaurant pour ouvrir en plein centre de la Capitale. Anticipant la question de Claudius, elle reprit rapidement ensuite.

    « Oui, j’étais déjà allée à leur établissement originel. Mais je ne vais pas vous donner mon avis - il vaut mieux que vous ne le découvriez par vous-même. »

    Et elle pourra toujours le lui dire ensuite. Elle hésita d’ailleurs un court instant, avant de baisser la tête et de retirer son talisman d’indépendance en pendentif à son cou, le rangeant dans une de ses poches. Maintenant que son esprit était corrompu par ce savoir interdit, peut-être que ces plats seront ruinés à jamais pour elle. Ou peut-être était-elle juste trop têtue pour se laisser aller à l’expérience.

    De son côté, Violette décida donc de partir sur une purée de gré saupoudrée de copeaux de basalte fumés, histoire de tester autre chose, tout en espérant qu’ils se soient débarrassés de cette sale magie et se soient concentrés uniquement sur celle servant à rendre les cailloux comestibles. Elle profita de sa commande pour demander s’il y avait des options pour familiers ou pas, et eut une réponse positive, même si à nouveau, il ne s’agirait cette fois que d’ingrédient normaux et non pas minéraux, le procédé n’étant pas homologué pour les non-humains. Ce qu’elle pouvait comprendre. Le fait qu’ils avaient néanmoins des options “normales” était un peu rassurant, c’était qu’ils travaillaient avec plus de saveurs. Ou bien peut-être que l’aventurière essayait bêtement de s’auto-persuader qu’ils étaient juste meilleurs qu’avant, et que l’absence de son talisman d’indépendance ne lui prouve donc jamais le contraire.

    « Vous en étiez à notre homme qui subit les risées de ses semblables. Mais je pense comprendre où vous voulez en venir. Qu’en lui offrant enfin une chance, il redeviendra l’homme qu’il était avant. J’espère que vous avez raison. Et que vous ne serez pas responsable indirectement de nouvelles arnaques, ou pire encore… »

    Elle-même n’était pas immunisée à de potentiels regrets - puisqu’elle aurait toujours pu le dénoncer. Elle avait au moins exprimé son avis, et, même si son opposition manquait peut-être de respect envers un client de la guilde, il n’avait certainement pas choisi un aventurier pour qu’il ferme sagement sa gueule. Parce-qu’ils n’étaient pas vraiment réputés pour ça, en général. Et Violette était clairement de ceux qui se taisaient le moins. Si cela le dérangeait, il aurait certainement choisi un garde, bien plus discipliné. D’un côté, si cet ancien criminel rechutait, la confiance de Violette serait donc bafouée deux fois, tant vers celui qu’elle n’avait pas dénoncé qu’envers celui qui s’était porté garant de sa bonne conduite.
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Mar 9 Aoû 2022 - 14:13 #
    Aurélius rit aux éclats en entendant ce que lui avait répondu Violette. Il aurait aimé que l’histoire qu’elle était en train de lui raconter soit aussi douce et heureuse qu’elle le pensait, mais il n’en était rien. Rien n’était doux et heureux dans le trafic d’incandescent et d’œuvres d’art, rien du tout. Le ministre porta son verre de vin à son nez pour en humer la senteur délicieuse et leva son verre pour inviter Violette à le suivre. Tout doucement, sa vue se brouilla avant de le plonger dans le noir à mesure que son goût se réveillait. Violette pouvait voir les changements dans son regard qui ne cherchait plus à capter le sien, comme si elle était transparente.

    « Je crois que vous lisez trop de romans ma chère. Déjà il n’est pas question qu’il fréquente le moindre orphelin. Il fera les tableaux et nous les amènerons aux orphelins pour qu’ils soient étudiés avec des professeurs COMPÉTENTS et sans aucun casier judiciaire. Et puis, je n’ai jamais dit où il peindrait ses tableaux. »

    Un sourire sombre s’afficha sur le visage d’Aurélius.

    « Comme je le disais, l’étreinte de Sainte Pampersa était un tableau détesté et pourtant il m’avait coupé le souffle. Grâce à mon pouvoir, j’avais pu voir la vérité de cette œuvre. Un tableau en deux couches. Une couche de peinture qui en recouvrait une autre. Deux images imbriquées l’une dans l’autre qu’un œil normal ne peut pas percevoir. Une perle que j’étais le seul à voir, une peinture qui malheureusement ne pouvait pas toucher son public pour des raisons… biologiques. Le peintre ne pouvait pas le savoir. Tout comme un daltonien ne sait pas qu’il ne voit pas toutes les couleurs et ne le saura jamais. En voyant cela, j’avais écrit une petite colonne dans un magazine du coin pour un peu d’argent. On ne va se mentir, ma tribune n’a pas fait grande impression et le tableau a été retiré de honte par son auteur avant que qui que ce soit puisse venir vérifier mes dires. »

    Aurélius fut interrompu par le serveur qui amena leur commande. Aurélius sentit le parfum qui se dégageait de son assiette avant de lever un sourcil curieux. Il semblerait que quelque chose ne lui allait pas. Haussant les épaules, il attrapa ses couverts et continua.

    « C’était il y a des années maintenant, mais récemment j’ai vu d’autres tableaux arriver sur le marché noir. La garde a demandé mon expertise pour ces tableaux saisis et j’ai tout de suite reconnu la patte de l’artiste. Il n’a jamais arrêté de peindre ses toiles en double couche. Pour tout le monde, ces tableaux sont de simples copies, mais pour nous deux ils sont bien plus. J’ai été atterré de voir où il avait fini. Grâce à mon propre réseau, on a pu le retrouver. Cependant, arrêter un peintre ne changera rien. C’est tout le réseau qu’il faut mettre à genoux. Contrairement à ce que vous croyez, peindre pour la pègre ne rapporte rien. Vous ne pouvez pas utiliser votre argent comme les autres, il faut toujours faire attention aux contrôles, trouver un moyen de le blanchir… Il est à la solde de son patron qui décide quand il veut de lui réduire son gain maintenant qu’il l’a coincé. Bref, il fallait lui tendre une perche. »

    Aurélius reposa ses couverts et prit une autre gorgée de vin sans avoir touché à sa salade. Son discours prenait toute son attention pour le moment.

    « J’ai plaidé un peu auprès de la garde des Sceaux pour tenter quelque chose avant son arrestation. Je voulais lui tendre la main, lui donner le choix de faire quelque chose de mieux de sa vie. Mais en réalité, dès qu’il mettra un pied dans le palais, il sera arrêté et incarcéré pour ses crimes. Toutefois, un aménagement de peine lui sera accordé en échange d’informations sur son réseau, dont la commande pour les orphelinats, mais il les peindra en cellule. Et s’il s’était enfui, et bien la garde qui le surveille l’aurait suivi et on aurait fait un coup de filet au passage. La loi est la loi et je n’irai pas à son encontre. On ne peut effacer toutes ces décennies, simplement les regarder avec mélancolie et faire preuve d’un peu de pardon. C’est important de pardonner un peu, cela nous différencie des monstres sans âme. »

    Le regard de l’homme se perdit complètement dans le vide. On avait l’impression que des souvenirs mauvais revenaient à la surface et qu’il les contemplait l’intérieur de lui dans un silence de cathédrale. Il serra sa fourchette à s’en blanchir les phalanges. Puis, cela lui passa et il se concentra de nouveau à goûter son assiette.

    « Voilà toute l’histoire, je ne sais pas si cela vous fera changer d’avis. Vous pouvez toujours aller voir la garde si vous le voulez. En attendant, je vais goûter cette salade dont j’ai tant entendu par… PFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF … »

    Le ministre avait recraché instinctivement le contenu de sa bouchée, qui a atterri en plein dans le visage de Violette. Bien sûr, Aurélius n’en avait pas conscience de cela puisqu’il était aveugle, mais il s’empressa de prendra sa serviette pour s’essuyer et une gorgée pour se rincer la bouche.

    « Par tous les saints, je suis désolé Maackia, mais je crois n’avoir jamais rien mangé d’aussi immonde. Mais bon sang, qui m’a SERVI ÇA ?! »

    Le ton agacé du ministre et le son de son poing qui frappa sur la table attira immédiatement un des serveurs qui se présenta tout penaud.

    « Monsieur, quelque chose ne va pas ?
    — Quelque chose ne va pas ? Évidemment ! Vous m’avez servi la salade la plus salée que je n’ai jamais mangée de ma vie entière ! J’ai eu l’impression de lécher une fleur de sel dès la première bouchée.
    — Je ne comprends pas, ce n’est pas normal, cela ne devait pas arriver… »

    L’homme se décomposait devant le ministre, ne sachant pas trop quoi lui répondre. Normalement, l’illusion aurait dû marcher comme d’habitude, pourquoi ne marchait-elle pas sur ce client. Tout d’un coup, il eut une idée.

    « Mais monsieur, vous êtes aveugles ?
    — Oui je le suis ! Du moins temporairement ! Quel est le rapport ?
    — Et bien, c’est que… l’illusion passe par la lumière.
    — Une illusion ? »

    Le serveur devint blanc, mais ça aussi Aurélius ne put le voir. Le ministre devenait rouge de colère et rapidement l’employé se rendit compte qu’il venait de faire une gaffe.

    « Appelez-moi le chef cuisinier. Maintenant. »

    Trop content de pouvoir refiler la patate chaude à quelqu’un d’autre, le serveur partit dans les cuisines pour revenir avec un homme d’une quarantaine d’années qui tiqua en voyant Aurélius.

    « Toi… dit-il sur un ton mi-amical mi-agacé.
    — Bonjour Markus, lui répondit le ministre en se levant, ça fait plaisir de te revoir après 5 ans pour voir que tu sers ce genre de plat dans un soi-disant restaurant. Il est passé où ton génie culinaire merde ?
    — Écoute, j’ai toujours adoré tes critiques enflammées et tes petites piques acerbes mon ami, mais là c’est pas le moment.
    — Tu n’aurais jamais dit ça avant…
    — Ouais, bah j’ai changé ok ? J’avais un restau, qui marchait et qui a coulé du jour au lendemain parce qu’un putain d’ami des légumes a terrorisé tout le village perché et que la vente de produit végétal a considérablement chuté pendant au moins deux mois. Tu sais les pertes que ça représente deux mois ? Alors oui, j’ai rejoint ce truc de restau à base de caillou. C’est pas ce que je voulais, mais ça paye bien le temps de me ressaisir.
    — La paye, c’est tout ? Ils doivent sacrément t’arroser pour que tu fermes les yeux sur ton travail au point de laisser une ILLUSION donner du goût à tes plats.
    — C’est pas moi qui choisis… grinça-t-il entre ses dents.
    — Tu aurais pu choisir de faire quelque chose avec le concept de base.
    — Faire des plats avec des pierres ? Je t’en pris Aurel, même en les rendant comestibles par magie, elles sont beaucoup trop goûtues pour servir en cuisine…
    — Ouah *Aurélius reste bouche bée* Ça ne t’arrêtait pas avant. Tu bossais toute la nuit pour trouver une recette même avec les pires ingrédients. Par la déesse ! Si on mange du bouseux au palais, c’est grâce à toi !
    — Et bien j’ai plus la force, donc s’il te plaît, je vais te faire une salade normale vue que t’es toujours frappé de cécité au moment de manger et après tu partiras sans faire d’esclandre, s’il te plaît… »

    Aurélius aurait bien voulu voir le visage de son ami à ce moment-là. Violette pourrait voir qu’il était sincèrement peiné par la situation et qu’une ombre de lassitude parcourait ses traits. On pouvait voir qu’il avait renoncé et qu’il se laissait aller. Cela aurait rendu Aurélius fou de rage, mais heureusement il était aveugle. Le ministre ne répondit rien et Markus prit cela pour un oui, faisant demi-tour pour faire sa salade. Soudain, Aurélius leva la tête.

    « Tu sais quand j’ai vu que c’était toi qui tenais cette cuisine, j’ai vraiment cru que tu étais de retour. Et ça m’a fait sincèrement plaisir…
    — On sait jamais ce qui va nous tomber sur la tête. Tu dois le savoir mieux que personne. »

    Aurélius pinça ses lèvres. Markus partit, mais Aurélius revint à la charge.

    « Et si je trouve quelque chose ?
    — Hein ?
    — Quelque chose à faire avec tes cailloux magiques ? Un vrai plat ? Tu pourrais recommencer ? »

    Markus sembla réfléchir un moment et finir par souffler.

    « Si ça peut te faire plaisir, il y aura de la place dans ma cuisine après le service dans 30 minutes.
    — Marché conclu. »

    Les deux hommes échangèrent un sourire et Markus repartit en cuisine. Aurélius se rassit pendant qu’on changeait son plat.

    « Désolé Maackia, pourrai-je solliciter votre aide tout à l’heure ? Pour réaliser ce fameux plat. »
    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Lun 5 Sep 2022 - 13:43 #
    Donc, tout ça pour simplement le coincer une fois au Palais, alors que Violette aurait très bien pu le laisser aux mains de la garde juste avant pour exactement le même résultat? Non, c'était pire. Si tout ce que Claudius disait était vrai, ces histoires de secondes chances et de mains tendues ne valaient absolument rien. Ou avaient même absolument l’effet inverse, à quoi bon tendre une main si c’était pour faire une prise de catch quand la personne en face l’attrape? Si sa vie était si pleine de commentaires négatifs et de disgrâce, une trahison pareille ne risquait-il pas de le précipiter définitivement dans la mauvaise direction?

    « Lui tendre une perche pleine d’espoirs pour le frapper avec ensuite? Il aurait mieux fallu la lui tendre lorsqu’il était au trou comme voie de réhabilitation! Au lieu de le trahir dès qu’il viendra au palais avec de l’espoir - si tant est qu’il y vienne vraiment. Et lui proposer une réduction de peine contre sa collaboration à faire tomber le réseau à ce moment-là… »

    Car même le fait qu’il vienne se présenter au palais n’était pas garanti. Au final, si Violette se savait avoir une conception assez personnelle de la justice et de la loi à cause de son caractère très porté sur la liberté individuelle, celle du brun semblait encore plus artificielle. Elle n’arrivait pas à en saisir toute la logique, et cette mesquinerie dans la proposition de s’ériger en sauveur pour le coller au trou ensuite n’était pas sans lui rappeler celle de certains nobles. Même si elle n’arrivait pas vraiment à savoir s’il était simplement trop dans son monde et qu’il trouvait vraiment son plan bon, ou bien s’il y avait vraiment quelque chose derrière tout cela.

    En tout cas, ce n’était pas Violette qui allait plaindre les contraintes de ceux qui travaillaient pour la pègre - ils s’étaient lancés dedans d’une manière ou d’une autre, de désespoir ou non. Alors elle n’allait pas les plaindre alors que d’autres se ruinaient la santé à essayer de rassembler assez de cristaux honnêtement en suivant leurs rêves. Dans tous les cas, elle n’avait pas vraiment le temps de continuer la discussion alors que le plat arrivait déjà, non sans une certaine appréhension de son côté, parce-qu’elle savait à quoi s’attendre, même si elle espérait honnêtement qu’ils se soient améliorés.

    Même si elle n’eut pas vraiment le temps de profiter du dit repas puisque Claudius visiblement avait directement tout recraché, en partie vers elle. La brune soupira, essuya calmement avec une serviette tout cela. Voilà une quête qui était bien plus dangereuse que prévu, pour sa santé mentale principalement. Et le voilà qui partait dans une sorte de drama avec le chef - qu’il connaissait évidemment. Qui ne connaissait-il pas, aussi? Mais visiblement, ça avait l’air d’être son truc d’aider le quidam en détresse - chose pour laquelle elle ne pouvait pas vraiment le blâmer. Surtout que celui-là ne faisait rien d’illégal, à priori on pouvait savoir que ce restaurant là se basait sur une illusion. Si on avait l’eu l’édition du Chantelune Voyageur qui en parlait, peut-être? Violette n’était pas allée vérifier ses dires dans le journal, à vrai dire. Peut-être aurait-elle du.

    « Vous comptez vraiment essayer de faire quelque chose de cailloux? Le goût de la pierre ou du sel sera toujours proéminent dans des plats principalement composés de ça… Ou alors il faudrait faire des plats normaux et simplement en utiliser un peu comme épice. »

    Après tout la cuisine n’était qu’un équilibre de saveurs savamment dosées - du moins c’était comme ça qu’elle le voyait lorsqu’elle cuisinait pour elle-même en extérieur. Ensuite, il était vrai que la cuisine sur feu de camp était assez différente d’une cuisine dans des cuisines tout équipées avec de nombreux cristaux magiques aussi divers que variés. Mais le résultat était le même : Un assemblage de saveurs agréable.

    « Mais oui, je peux aider, je suppose, même si je vais laisser votre palais expert juger. Je ne suis pas particulièrement passionnée par le léchage de cailloux… »

    Ce disant, cela ne l’empêcha pas particulièrement d’avancer sur son plat. L’expérience n’était pas vraiment plus agréable que la dernière fois, mais n’était pas horrible non plus. Tant qu’elle se laissait un peu aller au fait que c’était une illusion. Il fallait dire que le plat était comestible - elle n’avait eu aucun souci à la digérer la dernière fois en tout cas - et qu’elle préférait ne pas gâcher de nourriture. Elle n’allait pas pour autant manger la part de Claudius. Ce serait peut-être se faire plus de mal que de bien de se goinfrer ainsi d’un truc pas spécialement délicieux. Toujours était-il que l’altercation semblait avoir élevé les murmures dans la salle, et que la rumeur se propageait, alors que certains, visiblement pas au courant, trouvaient cela honteux et commençaient à faire des scandales à la chaîne. Pas vraiment le problème de Violette, même si elle plaignait vraiment le cuisinier en ce moment.

    Se rendant donc dans la cuisine après le service, elle eu au moins le plaisir de noter qu’elle était un minimum propre et bien rangée, même si la variété d’ingrédients avait l’air assez pauvre. Il fallait dire que cela ne servait à rien d’en avoir une multitude, si la majorité du goût venait d’une illusion. L’aventurière se demandait même si elle n’avait pas plus de variété sur elle dans son sac de conservation que dans la cuisine. D’ailleurs… Parlant de cuisine…

    Violette échangea de place avec son ombre qui avait prévu la chose, mettant un petit coup - tout de même doux - sur le museau de la dragonne des glaces qui s’était déjà préparée à chaparder quelque chose qui traînait sur le plan de travail. Lumi couina légèrement avant de se mettre en boule dans un coin, un peu honteuse. Sachant que tout ici n’était pas spécialement bon pour elle, Violette ne pouvait pas vraiment la laisser manger quoi que ce soit…

    « Excusez-moi, je peux avoir un petit quelque chose pour elle, avant que je la fasse sortir. L’expression d’avoir un laïum dans sa cuisine n’existe pas pour rien… »

    Une expression assez connue dans la restauration qui impliquait des scènes de panique des plus mémorables lorsque l’on arrivait plus à suivre les commandes qui arrivaient, et que sous le stress tout partait en vrille avec des erreurs sur des commandes et autres pénuries d’ingrédients en tout genre.

    « D’ailleurs, j’ai l’impression que quelques laïums sont déjà passés, vu ce qu’il y a comme ingrédients… »
    « Euhm… Oui, on a pas besoin de grand-chose ici, du coup… »

    Et il fallait faire des plats comestibles sans illusions avec une variété de cailloux, et une petite dizaine d’ingrédients à tout casser? Bon courage. Prenant le temps de sortir une Lumi bien nourrie et laissée en mode travail - donc un peu plus sage que d’habitude - à l’extérieur, elle revint donc aider comme elle pouvait en cuisine. Non pas qu’elle détestait ça, c’était aussi qu’elle n’était pas vraiment payée assez pour tout ça, se disait-elle en ce moment.

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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
    Dim 2 Oct 2022 - 12:51 #
    Aurélius promenait ses mains sur les ingrédients, portant quelques-uns à son nez pour en humer le parfum et en portant d’autres à sa bouche avant de faire une vive grimace. En effet, les cailloux ne semblaient pas pouvoir donner grand-chose dans un plat de qualité, mais cela ne l’avait jamais arrêté. Il entendit l’aventurière revenir derrière lui et se tourna alors vers elle.

    « Oui, il n’y a pas grand-chose pour faire de la cuisine, c’est vraiment … déplorable. »

    Attrapant un morceau de granit, il le fit tourner entre ses doigts tout en se plongeant dans une réflexion intense. Les cailloux magiques étaient beaucoup trop chargés en minéraux, donnant un immonde goût salé à tout ce qu’ils touchaient. Il était donc nécessaire de diminuer leur quantité dans un plat, mais pas trop non plus, sinon autant utiliser du sel si c’était pour en ajouter une pincée. Non, ce qu’il fallait c’était diluer ce goût et rendre le reste parfaitement fade pour équilibrer la teneur en sel.

    « Vous pouvez me transformer ce morceau avec votre … magie ? dit-il en le tendant devant lui, bien incapable de voir où se trouvaient les commis. »

    L’un d’eux vint lui prendre la pierre et l’apporta à un étrange appareil qui brilla un instant quand on déposa le morceau de granit sur le plateau. Après quoi, le commis rapporta le morceau à Aurélius qui s’amusa à le presser entre ses doigts.

    « Intéressant »

    Le caillou avait perdu sa dureté et était maintenant totalement mou. Encore heureux, sinon il aurait été immangeable. Le ministre resta silencieux encore un instant avant qu’une lumière ne se dessine sur son visage.

    « J’ai trouvé ! s’écria-t-il. Maackia apporter moi une casserole suffisamment grande pour un bouillon ! »

    Il donna aussi d’autres consignes aux commis qu’on avait bien voulu lui « prêter et qui s’exécutèrent avec nonchalance tout en soufflant profondément. Toutefois, certains d’entre eux affichèrent une mine curieuse au fur et à mesure qu’Aurélius expliquait son idée. Ils allaient réaliser un plat de nouille au bouillon. Les nouilles seraient faites à partir de granit. Le but étant de créer le bouillon le plus fade du monde afin que les nouilles lui donnent son goût. Normalement, c’était les nouilles qui prenaient le goût du bouillon, mais ici ils allaient tenter l’inverse !

    Tout le monde se mit au travail, il fallut d’abord découper les légumes et les champignons, puis préparer les nouilles. Ce n’était pas facile de les faire bien belle en partant d’un substrat de granit, mais ils parvinrent à en sortir des potables. Avec du temps et du nouveau matériel, ce la pourrait être amélioré. Enfin, ils préparèrent le bouillon en se gardant bien d’y ajouter le moindre condiment. Aurélius laissa les nouilles cuire lentement dedans, testant de manière répété le goût de la préparation et minutant minutieusement chacun de ses tests. Au bout de deux bonnes heures, il arrêta les cristaux de feu.

    « C’est parfait. »

    Le plat fut emmené à Markus qui le regarda avec un œil circonspect.

    « Des nouilles en bouillon ?
    - Et pourquoi pas mon vieil ami ? C’est un nouveau pas dans le monde de la cuisine que nous tentons aujourd’hui, alors nous devons recommencer aux bases. Et puis tu n’avais vraiment rien dans ta cuisine pour faire mieux ! »

    Markus prit ses couverts et engloutit une petite portion de nouilles, comme s’il se méfiait du goût qu’elles pourraient avoir. Il prit un moment absolument infini pour mâcher sa bouchée, semblant plus réfléchir à ce qu’il avait en bouche qu’à sa propre vie.

    « Ça serait mieux avec des champignons forestiers … finit-il par lâché sur un ton grave et sérieux. »

    Un long silence s’installa pendant lequel tout le monde avait un air grave, sauf Aurélius qui affichait un sourire satisfait, semblant dire silencieusement : « je te l’avais bien dit ». Le chef repoussa son bol pour laisser d’autres personnes le goûter. Violette y comprit si elle le désirait.

    « T’avais peut-être raison vieux serpent. C’est encore trop salé, mais c’est à des années lumières de ce qu’on sert ici. C’est pas digne de ce genre de restaurant, mais ça passe en petit plat de rue … Tss ça me rappelle mes débuts tout ça …
    - J’ai des moyens d’améliorer cette technologie si tu veux … dit Aurélius avec un sourire en coin. »

    Markus prit un air réellement surpris avant d’éclater de rire.

    « Vieux serpent, c’était de la comédie tout ça ? Tu savais déjà de quoi il retournait.
    - Non, je ne suis pas si bon acteur ? Si ? »

    Les deux hommes partir dans un coin privé pour échanger sur ce « grand projet » et ne reparurent que deux heures plus tard. Aurélius regarda l’heure et une soudaine déception traversa ses traits.

    « Hum il semble que nous ne serons pas à l’heure pour la représentation que je comptais aller voir … Je suis bien désolé Maackia de ne pas avoir pu vous offrir ce petit moment de dramaturgie pour finir cette journée éprouvante. Vous pouvez y aller si vous le voulez, je vais discuter encore un peu avec Marckus avant de rentrer … vous savez où. Je ferais prévenir la guilde. Ah et n’oubliez pas de revenir ici d’en 5 ou 6 mois, le restaurant ne sera plus le même ! »
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    Re: Le tourisme façon Lehnsherr
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