- Embla Amari:
- PNJ - Embla Amari - Département des pertes de pouvoir - Feat Ana Amari (Overwatch)
« On arrête là pour aujourd’hui. » La lourde porte blindée séparant Tarya, la furie rouge, du monde des hommes se referma dans le cliquetis caractéristique du verrou magique qui s’enclenchait automatiquement. « Tarya arrive à bout de patience, j’aimerais éviter de trop l’asticoter. Les prochaines expériences seront peut-être un peu plus risquées… Pour nous, cela va de soi. »
Docile, Ayah acquiesça en silence, lançant un dernier regard désolé sur la porte close de la cellule avant d’emboîter le pas vif d’Embla Amari, se dirigeant résolument vers la surface.
Celà faisait quelques jours déjà que les deux femmes réalisaient divers tests sur la furie rouge : des préparations médicinales sensées calmer la malade et réduire les émanations de magie néfastes qui courraient toujours furieusement dans son être.
Il y avait des progrès, bien sûr, mais rien de probant sur les premières semaines qu’Ayah avait passé auprès de la gardienne de ces pauvres hères. Ainsi, la jeune femme était partagée entre un sentiment d’urgence et de frustration : voir Tarya dans cet état ne l’enchantait guère, mais accentuait la nécessité qu’elle ressentait à lui venir en aide.
Elles arrivaient dans l’une des salles principales du conservatoire, fréquentée par divers départements d’étude de la magie quand Embla s’arrêta, la tirant de ses pensées :
« T’es pas très bavarde aujourd’hui, bleusaille. » Elle haussa les épaules, entreprenant de trier nonchalamment un document, pure façade. « Oh, ça m’convient très bien que tu ne bavasses pas à tout bout de champ, mais quand même. Je préfère que tu donnes signe de vie de temps en temps. Hm ? »
« Oh... Non, je réfléchissais, voilà tout. » Répondit doucement la soldate, tentant d’esquisser une mine plus assurée qu’elle ne l’était réellement. « Les progrès sont très encourageants… » Elle ne put s’empêcher de s’enfermer à nouveau derrière les barreaux du doute, baissant tristement le regard. « J’espère simplement qu’on ne se heurtera pas à un mur. »
« Hmph… A voir la tronche que tu tires, tu devrais t’en retourner à Grand Port quelques jours. »
« A Grand Port ? Je suis en permission ici, ils n’ont pas besoin de moi là-bas en ce moment. Il n’y a aucun problème avec mon affectation ici actuellement. »
« Je ne parlais pas de boulot en disant ça. » Embla soupira devant l’air interrogateur de la garde. « Il y a bien un type qui t’attends de l’autre côté de cette mer. Alors ? C’est le petit nom du bonhomme ? »
« Je ne… »
Prise de court, Ayah laissa l’incrédulité se mêler de gêne dans une expression décomposée qui sembla fortement amuser la vieille scientifique du Conservatoire. Cette dernière sembla sauter sur l’occasion pour enfoncer encore d’avantage le couteau dans la plaie, et mettre un peu de sel dessus.
« Ah ! Non, ne dis rien ! Laisse-moi plutôt deviner ! » Lança-t-elle sans retenue. « Tu n’es pas de ce bord-là, hein ? Tu n’aimes pas les hommes ? » Elle ria à nouveau, sans malveillance devant l’expression interdite que tira Ayah devant ses élucubrations, elle s’amusait régulièrement de ces réactions. « C’est bon, bleusaille, j’te charrie ! »
« Quel est le rapport… » Rétorqua la médecin à voix basse, très mal à l’aise, regardant discrètement autour d’elle, mais les gens ici étaient plutôt habitués aux piques de cette responsable et beaucoup passaient outre.
Ayah, néanmoins, avait encore un peu de mal, mais elle sentait qu’il y avait quelque chose d’affectueux derrière ces boutades : Embla semblait simplement vouloir détendre l’atmosphère et détourner ses pensées vers autre chose que le sort de Tarya.
« Penses-tu. Bref, écris ton rapport et laisse-le sur mon bureau. » Embla regardait par-dessus l’épaule de son interlocutrice : un type semblait vouloir lui parler. « J’ai encore une petite chose à régler, et ça ne concerne pas tes affaires. Après ça, prends du repos et vide toi la tête. Compris ? »
« Compris… »
Ayah se retrouva seule, observant la scientifique qui la chapeautait dans le cadre de cette mission s’éloigner avec un autre scientifique, qui semblait avoir une discussion animée, un tantinet conflictuel avec elle. Embla Amari était respectée, d’aucuns diraient crainte, mais généralement elle encourageait les gens à lui dire leurs quatre vérités en face.
La jeune femme sortit du Conservatoire pour regagner un endroit calme, qu’elle affectionnait particulièrement. Le soleil commençait doucement à décroitre sur la vaste étendue marine qui s’étendait à perte de vue, dans un horizon totalement dépourvu de nuage.
Une vision apaisante, dont elle avait bien besoin pour s’évader entre les barreaux de la prison d’incertitudes dans laquelle elle se murait elle-même.
Ce jour là cependant, une autre personne semblait avoir choisi cet endroit, et Ayah ne pouvait pas lui en vouloir.
C’était une jeune femme, plutôt grande, manifestement jeune, du même âge qu’elle peut-être ? Ses cheveux, légèrement ondulés, se paraient d’une jolie couleur rouge fougueuse qui tranchait avec le calme olympien que reflétaient ses traits calmes, presque désinvoltes, et au demeurant plutôt harmonieux.
Ayah s’approcha prudemment, ne souhaitant pas l’importuner :
« Bonjour. » Fit-elle gentiment, observant ses traits fins pour savoir si elle devrait passer son chemin ou non.
Il n’y eut pas de réponse, mais pas non plus de comportement ouvertement hostile ou agacé : peut-être cette personne n’aspirait-elle qu’à un peu de calme, tout comme elle-même ? La médecin n’en prit guère ombrage et se contenta d’hausser les épaules en lui adressant un sourire affable.
La bleue s’assit donc sur ce banc jouxtant directement le bâtiment : ce petit coin qu’elle appréciait et qu’elle partageait pour le moment avec cette silencieuse inconnue assise à sa droite.
A sa gauche, une grande statue de divers métaux et de verre représentait une espèce de globe : les douces émanations qui pulsaient par moment trahissaient la légère présence de magie. Quelle pouvait être son utilité ? Ayah l’ignorait, cela n’était probablement qu’un élément décoratif pour le conservatoire.
L’hydromancienne contempla quelques instant l’horizon, pensive :
« Quel calme… » Dit-elle tranquillement, autant pour elle-même que pour l’inconnue à ses côtés, déposant tranquillement ses notes sur un support rigide sur ses genoux, se préparant à écrire. « On est si loin du reste du monde. » Elle risqua finalement un coup d’œil vers la jeune femme à son coté. « Je ne vous ai pas vue ici ces dernières semaines, vous êtes de passage, n’est-ce pas ? »
Feat Ayah
Heather ne venait pas de la porte d’à côté, ces derniers jours furent sincèrement éreintant pour la jeune femme. Une première escale faite à la capital lui avait permis de récupérer un peu mais les rues jonchés d’âmes qui couraient ça et là l’avait mise sur le qui-vive tant. Elle avait à minima fait une rencontre intéressante dans cette immense cité. Une certaine Lapis qui avait eu le mérite de lui faire oublier l’environnement dans lequel elle s’était retrouvé et qui lui avait permis de trouver quelques livres intéressant sur la stratégie militaire.
Le reste du voyage jusqu’à l’archipel demeura sans encombre. La garde devait prendre une cariole jusqu’au Grand Port, le mot « grand » était un euphémisme pour ainsi dire. Des commerces de tout genre semblaient fleurir çà et là, des voix la haranguait pour qu’elle s’intéresse à leurs échoppes. Sanguine n’avait pas le temps pour ça, dix jours s’étaient écoulé depuis son départ du Village Perché, le trajet jusqu’à l’archipel pris une dernière journée de son temps. Jouant de son rôle de garde elle pu monter dans un navire de ses confrères du régiment Al Rakija.
L’un des gardes du navire passa l’intégralité du trajet à entretenir arme. Son épée simple de prime abord, était d’un acier totalement banal. La lame était recourbée et semblait particulièrement sale. Une longue trainée rougeâtre courrait sur le fil du cimeterre, ce dernier devait être particulièrement tranchant. Le pommeau de sa poignée était sertie d’une gemme rose. Si d’allure banal il était évident qu’elle devait être enchanté. Au bout de plusieurs coup de chiffon, impeccablement lustrée. L’arme du garde de reflétait nullement le soleil. Étonnante propriété qui incita Heather à prendre note pour se renseigner davantage dessus à l’avenir.
Arrivée suffisamment tôt, Heather pris directement route vers le complexe du conservatoire national. L’endroit était particulièrement imposant et jamais encore elle n’avait eu l’occasion de se rendre sur place. Elle avait entendu bien des choses sur le conservatoire. Les rumeurs d’expériences étrange et mystique, d’études sur des volontaires cherchant à approfondir la connaissance de leurs pouvoir jusqu’au centre de détention où certaines personnes seraient retenu suite à la perte de contrôle de leurs pouvoir.
La journée se passa sans encombre, les gardes de l’archipel lui avait fait faire le tour des bâtiments du complexe. Évidemment on lui expliqua l’impossibilité de lui faire visiter certaines zones, elle n’avait pas les accréditations pour accéder à l’ensemble des zones. D’ailleurs les gardes ici n’avaient pas accès à la totalité du bâtiment, cela semblait toutefois logique au des recherches et expérience faites ici. Après avoir récupéré un document attestant de son rôle et son identité pour qu’elle puisse circuler sans risquer le moindre contrôle. Il lui fut expliqué jusqu’au moindre détail les plans de la garde en cas d’incident, les dispositifs étaient franchement impressionnant.
Heather ressortie de cette première journée riche en émotion, son visage dépeignait son entière satisfaction. Les gardes lui proposèrent de les accompagner à la caserne et de descendre quelques pintes en leurs compagnies, mais la jeune femme n’avait guère envie de se mêler à nouveau à une foule dans un endroit bruyant. Elle les accompagna pour abandonner son équipement de garde et sa pour ressortir vêtu d’une ample robe rouge descendant jusqu’à mi-mollet et fendu sur le pan gauche. Prenant un sac en cuir de la même teinte à l’épaule pour emporter son fatras habituel. Elle s’éclipsa ensuite, en faisant un signe de la main a ses accompagnateurs pour signifier son départ.
Sanguine flâna quelques instants sur l’île avant de trouver une imposante statue sur une place, non loin d’une des bâtisses de l’endroit. Le cap sur lequel elle était, avait pour lui un banc et une vue incroyablement dégagée. En plissant un peu son regard elle peina a distinguer le moindre signe du continent, elle soupira silencieusement et pris place sur le banc. La tête penchée en arrière, elle fixa le ciel rêveuse. Ses yeux se fermèrent un certain temps jusqu’à ce qu’une voix la tire de sa somnolence impromptu.
Lorsque Heather rouvrit les yeux, elle constata avec surprise que le soleil avait déjà entamé sa descente vers la ligne d’horizon. Elle tourna la tête vers la provenance de ce bonjour, un charmant petit bout de femme vint alors s’assoir à ses côtés. Elle lui retourna son bonjour d’un fin hochement de tête. « Combien de temps ai-je dormi » se demandait alors les yeux se noyant dans les reflets. Son attention fut cependant vite attiré par un bruit de papier.
Heath ne put s’empêcher de regarder curieuse le carnet de note, ce n’était pas dans sa nature d’être indiscrète de la sorte, mais sans doute avait-elle un peu perdu de sa posture professionnel en étant si éloignée du village perché. Son écriture était plutôt gracile, du moins de ce que la garde avait pu percevoir. Heather chercha son carnet de note dans son sac sans pour autant le trouver. Que diable en avait-elle fait ?
Elle redressa la tête, croisant au même moment les profondes perles bleues de la femme à ses côtés. La chevelure flamme profita de l’échange de regard pour lui subtiliser son carnet. Ses doigts effleurant malencontreusement la main tenant la plume, elle lui emprunta dans le même lapse de temps. Une légère courbe se dessinait sur les lèvres d’Heather, tout en gardant son regard dans le sien, elle tourna la page du carnet, avant de commencer à écrire quelques lignes à vive allure.
- En effet je viens d’arriver aujourd’hui même ! Navrée pour le carnet je n’ai pas su retrouver le mien, et je suis muette. Elle sauta une ligne. Et c’est assez dépaysant je viens du village perché. Au fait, moi c’est Heather.
Elle remit le carnet entre les mains de la jeune femme ainsi que le plume qui allait avec. Se levant pour regarder à même le sol si elle n’avait pas fait tomber son unique moyen de communication. Elle regarda le banc mais il n’était pas présent non plus. C’était bien sa veine, d’oublier son bloc note à la caverne. Elle souffla sans autre bruit que celui de l’air entre ses lèvres et repris place à côté de la bleue.
Elle était vraiment bien habillée, bien apprêtée et semblait se méprendre à une civile de noble lignée. Mais quelque chose ne collait pas vraiment dans le tableau : elle dégageait quelque chose qu’Ayah avait bien du mal à cerner… Une sorte de parfum d’aventure qui ne coulait pas vraiment avec une vie bien rangée auprès d’un richissime mari.
Perdue dans ses pensées, la médecin se sentit soudainement prise de court quand les iris topaze de son interlocutrice croisèrent son regard. Elle ne sut pas vraiment s’expliquer pourquoi, mais la bleue se raidit quelque peu face à ces pupilles formidablement claires. Il y avait décidemment quelque chose de mystérieux et de fascinant chez cette jolie jeune femme : si bien qu’elle laissa son carnet lui filer des mains sans broncher.
D’un geste à la fois vif et doux, assuré et malencontreux : le bref effleurement d’une main chaude précéda un sourire tout aussi chaleureux : le matériel d’écriture avait changé de mains. L’intrigante flamboyante se mettait à écrire dans le carnet de la soldate, sous le regard perplexe et quelque peu intimidé de la garde.
* Qu’est-ce qu’il se passe ? * Se demandait-elle, profitant du laps de temps pendant lequel l’inconnue se concentrait sur son écriture pour détourner le regard, perturbée. S’échappant quelque peu de l’inexplicable trouble qui venait de l’habiter.
Elle ne comprit pas immédiatement, mais laissa faire : ce carnet était important, mais quelques pages ne manqueraient probablement pas. De plus, Ayah doutait fortement que son interlocutrice partirait en courant, surtout dans la tenue raffinée qu’elle portait et qui la mettait extrêmement en valeur.
Bientôt, elle eut le fin mot de l’histoire, et un mélange de curiosité et de soulagement, teinté de bonne humeur, passa sur son visage tandis qu’elle découvrait le contenu du mot couché sur le papier.
« Tu viens du village perché ? Oh on m’a raconté tellement d’histoires sur ce lieu ! » Commença-t-elle, abandonnant aussitôt le vouvoiement, sincèrement intéressée par ce qu’elle venait de lire. « Je vais devoir m’y rendre bientôt, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, haha. » Elle haussa doucement les épaules, l’air bienveillant adressant un grand sourire à la rouquine : celle-ci venait de se lever et semblait chercher quelque chose autour d’elles. « Ne t’en fais pas pour le carnet ! C’est bien fait pour écrire dedans. Moi c’est Ayah, je viens du Grand Port, ravie de faire ta connaissance, Heather. »
Avant même qu’elle n’ait eu le temps de se lever elle aussi pour tenter de lui proposer son aide : la jeune femme avait repris place sur le banc… Et à la contrariété écrite en lettres capitale sur sa face, elle n’avait pas trouvé son bonheur.
Ayah l’étudia prudemment, ne souhaitant pas l’agacer, se demandant ce qu’elle pouvait bien chercher avec tant d’entrain. Cela faisait manifestement un petit moment qu’elle était là, alors pourquoi se mettait-elle soudainement à chercher quelque chose ?
Son regard azur retomba sur le carnet, qu’Heather lui avait rendu : et si…
Elle lui tendit l’objet, tentant de tâtonner pour mieux cerner le caractère de l’inconnue qui avait maintenant un nom.
« Tiens. » Fit-elle avec douceur. « Il devrait y avoir suffisamment de pages blanches pour nous occuper un certain temps. Je te le prête, mais il faudra que je le récupère, sinon on va me passer un sacré savon. » Elle ponctua cette remarque d’un air amusé.
La détaillant à nouveaux quelques instants, elle se demanda tout à coup si elle n’était pas trop familière avec elle… Elle ressemblait vraiment à une noble, et la médecin avait déjà connu des nobles qui tutoyaient les gens en attendant d’être vouvoyés en retour… Cela ne faisait aucun sens, mais était-ce le cas de cette jeune femme ? Elle était si bien habillée…
Sentant une légère gêne monter à ses oreilles, elle détourna quelques instants le regard, souhaitant éviter de trop la montrer :
« Hm… J’ignorais qu’il y avait des familles nobles au Village Perché. » Commença-t-elle timidement, ignorante. « Je suppose que vous êtes attendue ce soir à l’étoile du Sud ? »
Dans sa maladresse, elle ne se rendit même pas compte qu’elle venait de reprendre le vouvoiement : pour elle, cela ne faisait aucun doute, la belle écarlate ne s’éterniserait probablement pas avec elle très longtemps.
Elle baissa les yeux vers le banc : une petite installation principalement composée d’une pièce érodée par l’écume et le vent marin. Parfaitement harmonisé avec le mur auquel il était adossé et qui avait lui aussi subit les lents et doux ravages de la mer : immense et indomptable. Une légère odeur iodée, transportée par un doux vent ajoutait une note très agréable au cadre…
Feat Ayah
La voix d’Ayah n’était autre qu’une douce mélodie brisant le silence du vent, Heather l’appréciait sincèrement. À vrai dire il était aisé d’apprécier chez les autres ce qu’on ne possède pas, pour certain cela aller jusqu’à jalouser son suivant. Heather n’était pas de ce pan là, bien sûr elle aimerait sincèrement pouvoir simplement parler plutôt qu’écrire à tout va, mais les choses sont ce qu’elles sont. Peut-être trouvera-t-elle un jour un moyen de se faciliter les choses, la magie facilite bien les choses après tout !
Il faut dire qu’intérieurement elle était pareil à la cocotte-minute que la bonne de sa famille. Une imposante pièce en fer forgé lourde de sans doute plusieurs kilos. Dans la famille de la mère d’Heather depuis sans doute bien des décennies, elle était marquées de bosses çà et là. Sous pression, on l’entendait siffler jusqu’au dernière étage de la demeure, au plaisir du voisinage. Elle produisait un cri terriblement strident, et des litres de vapeurs ressortaient du couvercle que la jeune Heather craignait l’explosion. La garde n’était quant à elle pas non plusau point d’exploser, mais bien marqué de quelques ecchymoses dans sa caboche. Sans même en avoir conscience, la rouquine avait grand besoin de relâcher la pression.
La voilà donc à s’amuser des réactions qu’elle pouvait susciter chez la bleue. Elle avait vraisemblablement laissé son côté renfermée aux vestiaires de la caserne en cette fin de journée. Sans doute était-ce dû à un savant mélange entre le soulagement d’être arrivé à bon port, le changement d’air et l’ambiance enchanteresse de l’instant. Elle en prit conscience l’espace d’un instant, se mordu machinalement l’intérieur de sa joue droite comme pour se réveiller, avant d’abandonner l’idée de reprendre sa posture habituel. « Après tout, mon régiment n’en saura jamais rien » se disait-elle.
Intriguée par la réponse de son interlocutrice, elle haussa un sourcil pour montrer sa curiosité. Le second suivi d’ailleurs quand la jeune femme lui tendit son carnet de note. Le geste pouvait paraître anodin mais l’attention toucha réellement Heather. Elle prit délicatement l’objet et le serra contre sa poitrine, et toute sourire, elle pencha sa tête un peu en avant comme pour la remercier. Elle passa une page après l’autre, s’attardant un poil sur l’écriture de la propriétaire du calepin, davantage sur l’aspect que sur le contenu.
Reprenant sa page initial elle reprit de gratter le papier pour enfin répondre à la drôle de dame à ses côtés. Elle s’arrêta un instant et jaugea le visage de la semi inconnue comme pour en tirer une information en particulier puis sa plume repris la course qu’elle avait. L’expression facial de Sanguine évoluait rapidement d’un mot à l’autre tandis qu’elle écrivait, quasi riante au début, elle reprit un ton plus apaisée ensuite. Finalement elle s’esclaffa de rire en entendant ses dernières paroles. Rire entièrement silencieux, pouvant être un peu décontenançant pour qui n’a pas l’habitude des muets. Elle lui montra le carnet pour qu’elle puisse avoir ses réponses, lui adressant un clin d’œil amusée.
Ayah /Aya, La première était entouré un point d’interrogation à côté pour savoir si elle avait vu juste. Son instinct ne la trompait généralement pas sur ce genre de question. ravie d’être à tes côtés pour ma part et promis je te le rendrais et j’y ferai plus attention qu’avec le mien ! Une ligne plus bas, elle entama une liste point après point.
● Le village est du Grand Port ! Un peu moins différent, mais en général l’ambiance est plus calme, les gens sont moins dans la course permanente.
● Pour tout dire je suis bel et bien issue d’une famille de noble, mais de la Forteresse ! Cependant j’ai choisi la voie de garde !
● Enfin personne ne m’attend nulle part, c’est seulement mon travail, enfin ma curiosité qui m’a mené ici. Donc on peut bien s’occuper un certain temps.
Heather scruta son visage tandis qu’elle lisait, examinant la jeune femme ensuite dans son ensemble. Elles avaient mine de rien quelques traits commun physiquement, du moins c’était le ressenti qu’elle avait. Sanguine se pencha doucement sur le côté, son épaule alla se caller contre celle de la bleue sans l’ombre d’une gêne. En avait-elle seulement pris conscience, ou était-ce volontaire ? Rien était sûr alors que la rouquine semblait à son aise. Elle reprit un court instant le carnet, sans attendre qu’elle ait réellement eu le temps de finir de lire et y ajouta une simple ligne, trop curieuse sur l’ingénue contre laquelle elle s’était logée.
Et toi alors! Dit m’en plus, tu travailles ici ? Et pourquoi vas-tu aller allez au Village perché !
Oh Heather était bien fouineuse, toute enjoué de cette rencontre, elle posa délicatement le carnet ouvert les jambes d’Ayah. Plongeant son regard dans le vide de l’océan, son regard brillait quelque peu alors que le soleil commençait à se border à l’horizon.
Les informations qu’il recelait étaient certes importantes pour la mission qu’elle s’était elle-même fixée, mais elle avait la nette impression de pouvoir s’évader : juste un peu, l’espace d’un instant.
C’était la première fois qu’elle rencontrait une personne atteinte de mutisme, c’était plutôt déstabilisant, mais elle continua de s’exprimer comme elle le ferait avec n’importe qui d’autre.
Cette petite particularité ne devait en rien être une barrière pour Heather, surtout maintenant qu’elle avait de quoi écrire. Ayah continua de lui parler : elle semblait plutôt réceptive.
Tout à coup, alors que la bleue venait de finir de parler, une drôle d’expression se dessina très franchement sur les traits de la rouquine. La médecin fut un peu désarçonnée par ce qu’elle voyait : Heather riait ?
Très vite, elle sentit le feu de la honte monter à ses joues : avait-elle dit une bêtise si énorme ?
Souhaitant noyer le poisson, la jeune femme détourna son attention de ce fin visage, si expressif et irradiant d’une douce gaieté très agréable à voir et à ressentir.
Bien sûr, elle pourrait simplement l’interroger sur son hilarité, mais elle craignait de faire preuve d’excès de zèle face à son interlocutrice qui, elle l’imaginait encore, était probablement une noble et richissime citadine de passage.
Enfin, la délivrance lui parvint sous la forme de son carnet : Ayah en parcourut le contenu avec une impatience contenue. Un sourire presque attendri étira ses lèvres dès les premiers mots :
« Oui. » Fit-elle gentiment, levant un instant un regard timide vers elle avant de reprendre la lecture. « Avec un H. »
Un doux mélange entre surprise et soulagement, teinté de curiosité se dessina sur ses traits tandis qu’elle en découvrait le reste de la teneur : une garde ?
Elle leva les yeux pour l’observer avec intérêt quand elle lut cette simple information : était-ce la vérité ? Elle n’avait pas l’air d’être le genre de personne à vouloir la faire marcher pourtant. Pourquoi pas après tout ? Elle poursuivit la lecture.
Un endroit semblable, mais plus calme que le Grand Port ? Elle devait bien admettre que la vie au bord de la mer était assez effervescente… D’ailleurs, quelque part, Ayah se sentait bien plus apaisée depuis qu’elle s’était quelque peu retirée de ce centre urbain.
Un doux contact chaud sur son épaule la perturba quelque peu : Heather semblait plutôt à l’aise, au vu de sa posture et de son expression.
Du moins, elle semblait beaucoup plus sereine qu’Ayah qui voulut reprendre le fil.
Mais d’un coup, son carnet s’envola avec une douceur ferme de ses mains, Heather, manifestement confortablement installée, n’était apparemment pas l’air d’en avoir complètement fini avec le carnet. La bleue ne broncha pas, patientant avec curiosité le, temps que la dernière phrase arrive : atterrissant sur ses genoux.
Cette énergique jeune femme n’avait donc personne qui l’attendait ? Elle venait simplement ici poussée par la curiosité ?
« La curiosité est une très belle qualité. » Commenta doucement la garde, souriant avec une sorte d’apaisement face à cette dernière pensée qui la rassurait quelque peu. « Je suis moi aussi garde ! Je travaille habituellement dans l’unité médicale du régiment Al Rakija mais je suis en permission pour… Hmm… Un projet personnel ? » Elle laissa un silence apaisé retomber quelques instants et soupira, comme de soulagement, finalement, cette personne ne semblait pas être une petite noble imbue de sa personne...
En fait, sa compagnie était même plutôt agréable, la médecin se détendit quelque peu, constatant que la rouquine se perdait dans la contemplation d’un beau ciel marin.
« En fait, disons que j’ai trouvé sur cette île quelque chose pour lequel j’ai envie de m’investir pleinement. » Elle haussa les épaules, marquant son assertion d’un court silence avant de reprendre, d’un ton calme mais assuré, contrastant avec le manque d’aplomb qu’elle avait put manifestement face à la déstabilisante jeune femme. Elle suivit la mire d’Heather, pointant droit vers l’horizon. « J’ai besoin de voyager pour découvrir les réponses aux questions que l’on se pose ici. C’est un travail de recherche pour le compte de l’observatoire. Et puis, je sais qu’il y a une grande bibliothèque là-bas ! Je suis sûre qu’il faut absolument que je m’y rende pour avancer dans mes recherches. »
A nouveau, elle laissa un léger silence prendre place, appréciant simplement ce moment de calme et cette chaleur presque réconfortante après la journée passée à affronter les maux déments de Tarya, la furie rouge, en compagnie d’Embla.
Ce moment de paix et d’échange… Il était réellement bienvenu.
Ayah reporta sur attention vers elle, une douce idée commençait à poindre dans son esprit… Était-ce réellement une bonne idée ? Elle ne savait pas vraiment, mais qu’y avait-il de mal à faire visiter la partie « publique » du bâtiment ?
« Dis. » Elle venait à nouveau d’abandonner le vouvoiement pour reprendre des échanges moins distants, plus authentiques. « Tu dis être venue ici par curiosité, tu voudrais que je te montre un peu comment c’est à un l’intérieur ? » Un petit sourire triomphal et gai barra son visage. « Comme ça tu pourras faire de même quand je viendrai au Village Perché ! »
Motivée, et peut-être quelque peu enhardie d’enthousiasme, par cette idée, la médecin se redressa et se pencha vers la sympathique garde pour lui prendre gentiment le poignet, sans forcer le moins du monde.
« Qu’en penses-tu ? » Mais aussitôt, elle relâcha sa prise se rendant compte qu’elle se montrait peu être trop familière. « Ah… Ahem… Si ça t’intéresse, bien sûr, je ne voudrais pas te forcer à y aller. » Ajoutant-t-elle timidement, lui proposant une main.
Feat Ayah
Heather se complaisait dans cet échange pour le moins impromptu. Elle poussa son poing en l’air en signe de victoire lorsque Ayah lui confirma l’écriture de son prénom. Il faut dire que plus le temps passait plus Heather était douée pour trouver du premier coup l’orthographe des prénoms des gens. C’était comme s’ils étaient écrits sur leurs fronts, c’était une compétence sans réelle utilité mais elle lui permettait souvent de mettre à l’aise son interlocuteur. Souvent les gens tiennent tout particulièrement à l’écriture de leurs noms et prénom, parfois c’est même la seule chose qu’ils savent écrire correctement !
Heather qui encore quelques heures auparavant était complètement extenuée débordait désormais d’une incroyable énergie. Était-ce le fait de sa sieste, les fameux bienfaits de l’air marin ou peut-être une aura magique de la jolie bleue à ses côtés ? Impossible à déterminé, mais sans doute que ceux qui ont eu la chance de la connaître enfant, auraient su reconnaître la petite Heather tout enjouée et insouciante de ses actes.
Elle était réellement curieuse de lire sur le visage d’Ayah la moindre des réactions qu’elle pouvait déclencher chez elle. Mais ne voulant pas la gênée en la fixant comme elle aimait le faire, elle préféra se perdre dans l’infini bleutée qui se présentait devant les deux demoiselles. Une légère brise fit frissonner la rouquine, rappelant que nous étions toujours dans la saison froide. Venant de la Forteresse, Heather n’était pas réellement incommodée par la température de l’endroit, elle était habituée à bien plus bas en termes de température.
Elle écouta attentivement la douce voix d’Ayah, buvant ses paroles et souriant à son compliment concernant son irréductible curiosité. Curiosité d’autant plus piquée au vif lorsque sa consœur lui fit part d’un projet personnel. Sans doute n’avait elle pas envie d’en dévoiler davantage, Sanguine ne s’en formaliserait pas bien que ses sourcils se levèrent expriment son attrait pour le sujet. Quoi que ce projet pût être celui-ci semblait particulièrement tenir à cœur. Sans même la regarder Heather le percevait à sa seule voix, aux mots qu’elle employait.
Il y’avait devant l’entrée du bâtiment une immense fontaine. Si la majeure partie de l’œuvre, notamment le bassin était intégralement en bois. Une statue de Lucy fait dans un marbre aux propriétés étonnantes, prenant différentes couleurs selon l’angle duquel vous le regardiez. Derrière elle, un puissant jet d’eau retombant en parapluie déformait une partie de la lumière qui atteignait la sculpture. Un agréable spectacle pour les yeux qui émerveillait souvent les touristes. Dans tout les cas Heather serait ravie de lui faire le tour du village, ce n’est pas si évident que de se balader entre les ponts suspendus et les ascenseurs quand on ne les connait pas du tout ! Elle s’imaginait déjà en compagnie d’Ayah à flâner de tyroliennes en passerelles, l’idée seule suffisait à imposer une courbure joyeuse à ses lèvres rosées.
Un rire suivi dans la minute qui d’après, elles eurent vraisemblablement toutes deux la même idée en tête. La légèreté de l’instant était si agréable… Qu’Heather se projette à une balade avec une parfaite inconnue, cela tenait du jamais vue. L’entrain soudain de la charmante demoiselle à ses côtés surprirent sincèrement Sanguine. Elle lui avait paru presque nostalgique aux premiers instants de leur rencontre, il n’en paraissait visiblement plus rien. La main douce de la jeune femme la fit presque sursauter, la bouche d’Heather s’ouvrit comme pour lâcher un bruit de stupéfaction. Le contact était chaleureux et plein de vivacité, la garde aimait ces petites actions spontanées.
Pourtant cette main s’échappa bien rapidement du poignet de la rouquine, une gêne ou un pic de timidité semblait avoir repris le pas sur cet élan d’initiative. Sanguine, qui ne l’était vraisemblablement plus du tout, lui sourit chaudement. Son regard presque brillant, elle attrapa délicatement le poignet de l’ingénue. Se levant dans la foulée, la rouquine tendu sa main libre en direction du bâtiment attenant au bancs où elles étaient l’air de lui dire « allons-y ».
Heather laissa la pulpe de ses doigts glisser jusqu’à atteindre ceux d’Ayah et pressa son pouce délicatement contre le dos de sa main. Un peu maladroite, elle souhaitait cependant faire de son mieux pour mettre la garde de velours à l’aise. Elles avancèrent jusqu’à l’entrée du premier bâtiment, la rousse ouvrit la porte et la tint ouverte pour laisser passer sa guide devant elle. Bien qu’elle eût déjà fait un tour à l’intérieur d’horizon de l’endroit plus tôt dans la journée. Il faut dire que l’idée de s’éloigner du souffle du vent et de la fraîcheur maritime l’enchantait tout autant, sa robe n’était tout de même pas la plus chaude des tenues. En plus être dans un cadre largement moins formel lui allait parfaitement, surtout en si charmante compagnie.
Sans réellement en avoir conscience elle avait gardé la main de la jeune femme au creux de sienne. Signe de relâchement ultime, elle avait pour de bon cédé et abandonné sa posture de garde. Un rire légèrement étouffé raisonna aux oreilles d’Heather, son regard se posa sur une personne qui regardait en leurs direction. A vu d’œil aucun moyen pour la rouquine de déterminer si c’était une personne qui travaillait ici ou si l’individu riait à leur insu.
S’en moquant quelque peu, elle tira doucement Ayah en direction d’un autre corridor, mais peut-être qu’il ne serait pas si simple d’éviter l’une des rares personnes présente dans le bâtiment.
Sa camarade n’avait guère besoin de mots glissés dans le souffle de la parole pour s’exprimer. Le dynamique silence de sa gestuelle et de ses expressions était bien plus communicatif que bien des discours.
Les deux gardes s’avancèrent vers l’entrée du bâtiment : si Ayah s’étonna quelque peu de la familiarité avec laquelle Heather continuait de tenir sa main, mais ne rechigna absolument pas, se surprenant même à apprécier cette simple proximité.
Elles passèrent la grande fontaine à l’effigie de la déesse Lucy, les lieux n’était pas particulièrement fréquentés en cette fin d’après-midi, et la plupart des scientifiques étaient encore probablement au bureau, à leurs sujets d’étude. Bientôt, elles dépassèrent les immenses et magnifiques portes du bâtiment.
Ayah sentit sur elles le regard quelque peu perplexes des deux gardes chargés de s’assurer qu’aucune personne mal intentionnée ne pénètre dans le conservatoire, ils ne prirent toutefois pas la peine d’interroger la médecin, qu’ils voyaient régulièrement depuis quelques semaines dans le coin.
« Ils font régulièrement des contrôles. » Glissa-t-elle à la jeune femme quand elles furent hors de portée de leurs oreilles. « Certains objets pourraient attirer des voleurs, c'est malheureusement déjà arrivé que des choses disparaissent. Mais enfin, ça n’empêche pas ce centre de tourner. »
Elle risqua un coup d’œil vers Heather, cette dernière paraissait attentive et décontractée : Ayah enviait un peu cet aplomb qu’elle avait et cette assurance sereine qu’elle dégageait. Elle s’apprêtait à emmener sa camarade vers l’un des présentoirs quand un son un peu trop familier à ses oreilles la crispa : sa main se resserra dans une sorte de réflexe sur celle de l’écarlate.
Embla, il ne manquait plus que ça. La médecin se rendit compte que l’espèce de proximité qu’elle avait avec sa collègue du village perché pouvait être sujet à interprétation, surtout aux yeux de son « mentor ».
Peut-être un peu maladroitement, la bleue essaya de faire comme si elle n’avait rien entendu. Heureusement, Lucy sembla venir à sa rescousse sous les traits d’une gentille jeune femme muette, qui l’entraîna dans une autre direction, lui permettant d’échapper temporairement aux taquineries de la vieille Embla.
Avait-elle senti son malaise ou bien avait-elle simplement mal pris ce rire ? Difficile à dire, mais cette initiative était vraiment la bienvenue.
Ayah lança un bref regard par-dessus son épaule avant de laisser échapper un bref soupir de soulagement en constatant qu’Embla était encore occupée avec quelqu’un d’autre. Le répit serait de courte durée, et il y avait fort à parier qu’elle viendrait à un moment où à un autre pour « s’assurer que tout va bien ».
« Il y a… Hum… Quelques personnalités ici. » Commença-t-elle en reportant son attention vers Heather. « Mais elle je pense que c’est la pire… Ou la meilleure… Disons que c’est une question de point de vue. C’est mon mentor ici, et c’est une personne extraordinaire. » Elle s’autorisa un petit sourire. « On se dirige vers la serre. Oh ! Tu verras c’est vraiment magnifique ! J’espère qu’on arrivera à entrer. »
Empruntant un corridor un peu plus à l’écart, elles se dirigèrent vers la grande serre du conservatoire : s’il fallait visiter quelque chose, c’était fort probablement cet endroit. Une espèce de petit paradis, empli de plantes exotiques et souvent parfumées, les plus dangereuses étant regroupées dans un jardin un peu à l’écart, entouré de grillages.
De magnifiques papillons irisant une infinie myriade colorée volaient en liberté dans l’ensemble de ce sanctuaire naturel, même si certains étaient parfois sacrifiés au nom de la science.
L’odeur des plantes venaient à la rencontre de leurs narines avant tout le reste, et pour cause : elles venaient d’arriver devant la dernière porte avant d’entrer. Le garde qui contrôlait les entrées vint à leur rencontre, le voyant arriver, Ayah relâcha sans hâte la main de l’autre garde :
« Tiens, Ayah. Besoin de quelque chose ? »
« Nous venons récupérer les résultats de l’analyse d’hier sur les asclius. »
Elle rougit légèrement, mais continua de soutenir le regard de son interlocuteur. La serre n’était pas accessible uniquement pour des visites à cette heure-ci, et il fallait une bonne raison pour entrer.
« Des analyses ? Hm… Tu sais que les visites ne sont pas ouvertes au grand public… Et puis dis-moi, c’est qui, elle ? »
« Elle ? Ah heu… Une nouvelle assistante du professeur Amari, c’est une… Experte en botanique ? »
Intérieurement, elle pria pour que le mensonge passe bien et que Heather marcherait dans le plan, de toute manière elle ne pouvait pas vraiment dire le contraire… Elle lui jeta un rapide coup d’œil désolé, elle voulait tellement lui montrer la serre.
« Plutôt bien sapée pour une assistante… »
« Je… Oui, mais ça ne retire rien à ses qualités… Non ? » Elle se maudissait de faire une si piètre menteuse et se retint d’écraser la paume de sa main sur son front après ce qu’elle venait de dire.
* Sérieusement ? *
« Hmf… Bon, tu m’en diras tant… » Il soupira, secouant légèrement la tête d’un air presque désabusé, la médecin ne put déterminer s’il marchait ou non, mais il sembla concéder. « Passez, mais ne restez pas trop longtemps. » Non… Aucune chance qu’il ait pu gober des conneries pareilles.
Il s’avança un peu plus loin dans le couloir, lança un regard méfiant vers Heather avant de s’éloigner.
Encore un peu mal à l’aise après avoir menti aussi directement, la médecin reprit le poignet de sa camarade, l’air désolé :
« Excuse-moi, je n’aime pas trop ça, mais disons que c’est pour la bonne cause. » Elle constata que l’autre n’était pas parti bien loin, et s’approcha pour n’être entendu que de la rouquine, murmurant presque. « Si tu veux un conseil, ferme les yeux, je te guide, tu verras la surprise n’en sera que plus belle. D’accord ? »
Elle reprit doucement la main de la garde pour pouvoir la guider à nouveau, et elle poussa la porte de la serre, laissant la lumière du couchant les éblouir tandis qu’elles pénétraient les lieux.
La médecin laissa un rapide coup d’œil vers cette femme, une parfaite inconnue, mais une parfaite inconnue qu’elle commençait à apprécier.
Comme prévu, les lieux n’étaient pas très fréquentés, et s’offraient dans toute leur splendeur.
« On y est presque… » Ayah l’entraîna gentiment vers un endroit d’où elle pourrait avoir une très jolie vue. Elles s’arrêtèrent finalement, et à nouveau la bleue relâcha presque à contrecœur Heather.
« On y est Heather. Tu peux ouvrir les yeux. » Fit-elle tranquillement, observant avec une curiosité saine sa réaction.
Feat Ayah
Consciente de la chance qu’elle avait de pouvoir pénétrer dans ces lieux, elle écoutait attentivement les mots d’Ayah. Oh elle avait bien pu faire un tour d’horizon du système de garde plutôt dans la journée, mais elle ne faisait que passer en coup de vent d’une pièce à l’autre, d’un bâtiment au suivant. Le tout sous les assauts des explications complexes d’un responsable des lieux. C’est sans surprise qu’elle écoute la mention des vols, sans même savoir quels types d’objets, d’artefacts se cachaient ici. L’île elle-même faisait l’objet de nombreux fantasme, ne parlons même pas du conservatoire lui-même qui agitait bien des fois les conversations des tavernes du continent.
La marche se poursuivait, Heather entrainait Ayah dans le creux d’un autre corridor, esquivant une femme qui se révéla être le mentor de la jolie bleutée. Les explications qui lui étaient fourni concernant les « personnalités » paraissaient mine de rien être bercé d’un certain malaise, ou à minima d’une gêne. Rassurante, ou du moins désireuse de l’être, Heath passa la pulpe de son pouce contre le dos de la main d’Ayah. Le bout du couloir approchait elles tournèrent ensemble dans un autre embranchement, l’annonce de la serre excitait déjà la rouquine qui s’imaginait mille et une choses.
Entre elles et la serre se dressait un garde d’une porte qui semblait être l’endroit ou sa consœur souhaitait la trainer. Ce monsieur semblait très réfractaire à l’idée de les laisser passer, du moins dans un premier temps. Oh diantre, jamais Heather n’avait connu si piètre menteuse que la belle Ayah. La rouquine se tenait droit, faisant preuve d’un certain aplomb, son visage essayait d’être le plus impassible possible… Un maigre rictus pouvait malgré tout s’apercevoir sur le coin gauche de ses lèvres rosées. Alors que son escorte la présentait comme une assistante d’un professeur Amari, de surcroît expert en botanique ?
Sentant le regard de la vigie balayer sa tenue, la muette s’attendait déjà à se faire recaller. Soit en devant faire demi-tour, soit attendre sa guide à la porte. En effet vêtu de façon mondaine cela dénotait quelques peu avec les gardes aux alentours. Contre toutes attentes, le coup d’Ayah marqua un point auprès du garde qui les autorisa à rentrer du moins temporairement. Était-ce là un piège ? Sanguine restait sur qui-vive, alors qu’elle tâchait de montrer son assurance en franchissant les portes sans même jeter un regard à l’homme qui les avait arrêté à l’entrer. Après tout, elle était assistante, c’était tout à fait normal pour elle d’entrer ici.
Sentant à nouveau la main d’Ayah contre elle, sa tension redescendit d’un cran. Sans doute qu’Heather devrait lui donner quelques conseils pour rendre ses mensonges plus crédible. Comme par exemple, les préparer, ou bien, prévoir davantage de détails sur lesquels s’appuyer si besoin. Ce n’était pas que la rouquine aimait mentir, mais elle savait le faire à la perfection ! Sans doute que son passé dans les rue et ruelles de la Forteresse y était pour quelque chose.
Prenant une grande inspiration, elle jaugea un instant la jeune femme, lui adressant finalement un sourire franc. Puis acquiesçant la suggestion d’un hochement de tête et s’empara de la main qui tenait son poignée. Elle serra d’une brève pression la main l’air de lui dire « allons-y » et commença à la suivre. C’était un exercice des plus désarçonnant, le noir total, les bruits des pas, sentir son corps se déplacer sans savoir où. La respiration d’Heather se faisait très régulière et profonde, comme pour garder le contrôle de son corps. Une légère pente ascendante s’amorçait alors qu’Ayah lui annonçait l’arrivée imminente.
Le sol redevenait plat, la main de sa guide se desserrait. Un fin soupire de relâchement de quelques secondes et ses paupières se relèvent. Devant elle, elle spectacle n’était sans commune mesure avec ce qu’elle avait pu apercevoir jadis dans ses périples. Posé depuis un promontoire élevée d’à peu près deux mètres. Les deux femmes avaient là une vue resplendissante. Heather s’avança d’un pas et s’appuya sur la barrière pour se pencher plus en avant.
Là les senteurs par milliers l’assaillirent. Elle reconnu quelques plantes comme le Lhant Airne qui commençait à s’ouvrir et éclairer les environs signe que le soleil devait approcher de la fin de sa descente. Çà et là d’autres plantes médicinal jonchaient l’environnement tout autour d’elles. D’autres sans doute devait avoir des propriétés des plus insoupçonnés. Ses yeux se portèrent sur un individu en contrebas, vêtu d’une étrange tenue. Plus précisément, il portait des gants lumineux qui éclairait la terre qu’il fouillait de façon très minutieuse. Le vêtement s’apparentait à du tissu pourtant il était tissé comme une chaine de maille particulièrement dense. Les moufles ne devaient pas être réellement lourde pour autant car ses mouvement étaient particulièrement précis, non entravé d’un quelconque surpoids. Il finit par extirper de la terre une graine couleur ocre avant de la poser face à lui.
La rouquine releva la tête peu après et posa son regard sur les yeux bleu saphir d’Ayah. Si elle avait pu lui hurler toute sa joie sans doute l’aurait elle fait quitte à attirer tout les gardes du conservatoire. À défaut, elle lui adressa son plus beau sourire, quasi enfantin et repris le carnet qu’elle avait rendu quelques instant plus tôt. Sortant son porteplume de son sac, elle écrivit en coup de vent avant de tendre ses mots marqué à Ayah. Son visage trahissait un rire joueur dénué de tout sons, très mal dissimulé
- Merci de faire tout ça juste pour moi. C’est magnifique, tant comme lieu que comme instant. J’espère que ça ne t’entrainera pas d’ennuie par la suite surtout ! Je n’oublierai pas de sitôt tout cela.
Mais prépare-toi, la prochaine fois c’est toi qui fermeras les yeux au Village perché !
Tu penses que l’on peut rester quelques instants ?
Sans trop faire attention aux réactions d’Ayah à ses mots, la rouquine s’en retourna se poser contre la froide barrière d’acier forgé. Ses yeux se fermèrent avec plus de lâché prise que précédemment alors qu’elle prenait un grande inspiration pour sentir tous les parfums des alentours. La nuque d’Heather se relâcha tout autant alors que sa tête tombait en arrière. Quelle chance avait-elle eut d’accéder à cet endroit, dans un moment de calme quasi absolu et de surcroît avec une si belle compagnie