C’est après avoir vagabondé toute la matinée que mes amies commencent à se diriger vers un lieu où l’ambiance est très similaire à ce qu’on a vécu toute la journée. Sauf que là, c’est dans une taverne où les tables sont majoritairement simples. Enfin, par là j’entends où il n’y a que deux chaises autour de chaque petite table en bois massif. Est-ce que ce sont leurs tables habituelles réparties un peu partout ? Peut-être. Je ne viens pas assez dans ce genre de lieu pour avoir une idée des changements qui auraient pu être faits pour cet événement. En attendant, je les observe faire des messes basses alors que je m'approche d'elles.
– Qu'est-ce que vous racontez encore ? Je suis d'accord que se poser soit une bonne idée, mais pourquoi dans ce lieu ? On aurait pu s'arrêter dans… un café, ou un salon de thé.
Un lieu où l'on a un peu plus l'habitude de se poser ensemble. J'ai d'ailleurs un léger espoir lorsqu'elles font demi-tour, sauf qu'elles s'arrêtent juste derrière moi et me poussent clairement à l'intérieur. Mes amies savent pourtant que si elles me l'avaient demandé. Au lieu de cela, elles gloussent alors que nous nous mêlons aux personnes.
– Regardez, par là. Ou ici.
– On tente de quel côté ? Y a plusieurs choix.
– Oh, regardez-le, ce brun ténébreux ! Allons-y.
Elles continuent de glousser alors que je les regarde, interloquée, sans réellement faire attention à la direction dans laquelle elles continuent de me pousser.
– Mais. C'est quoi cette histoire, de quoi vous parlez encore ?
Les trois demoiselles s'observent un instant, le regard pétillant, et se taisent, visiblement contentes de l'effet qu'elles me font.
– Regarde donc où tu mets les pieds, ou tu vas finir par tomber.
Ses mots me forcent à me retourner, alors qu'elles me poussent une dernière fois pour que je me retrouve assise… Mon regard se relève vers le siège en face, qui n'est pas vide. Euh. C'est qui ? Elles le connaissent ? Pourquoi ? Je me retourne pour observer celles que je considérais comme mes copines, mais elles ont complètement disparu de mon champ de vision. Visiblement déboussolée, mon regard se tourne de nouveau vers l'inconnu face à moi.
– Euh, j'espère que je ne dérange pas, mes amies viennent de m'abandonner. Si jamais c'était le cas, je peux toujours partir.
Mais, n'ayant pas vraiment d'autre endroit où aller si ce n'est rentrer chez moi, je décide pour le moment de rester. Qui sait, je pourrai peut être tenter de l'aider d'une manière ou d'une autre ?
Visiblement gênée, je ne m'empêche pas pour autant de le détailler, alors qu'un petit oiseau vient de se poser sur le rebord de la fenêtre juste à ma gauche. Il chante visiblement avant grande passion, mais plutôt que de me préoccuper de lui, je me demande bien ce que pense la personne en face et si je ferai pas mieux de décamper.
Yem & Obsi
Une saint valentin depuis quand on fête ça ?
Décidément, tu avais bien mal choisi ton jour pour te rendre à l’aventurier téméraire. A la base, tu voulais juste boire quelques verres en échangeant des banalités avec le jeune papa et sa femme... et à la place tu te retrouvais à participer à un évènement qui allait certainement te donner de l’urticaire d’ici la fin de la journée. Tu en venais à te demander quelle mouche avait piqué le couple ! C’est vrai quoi, l’ancien aventurier n’avait jamais organisé d’évènement pour la saint-valentin jusqu’à maintenant... ou alors tu n’étais pas au courant. Tu regrettais presque de ne pas avoir rebroussé ton chemin en comprenant dans quel piège tu étais tombé. Enfin piège était un bien grand mot. Tu n’étais pas non plus obligé de rester et tu avais choisi de rester de toi-même, espérant tout de même passer un bon moment.
Ennuyé, tu regardas les clients du jour, il n’y avait presqu’aucun visage familier parmi eux. Tu laissas un petit soupir avant de regarder le liquide ambré qui reposait dans ta choppe. Au moins l’alcool était toujours aussi bon et c’était au final le plus important, non ? Ton attention fut attirée par l’arrivée -vraiment peu discrète- d’un groupe constitué de quatre jeunes femmes. Trois d’entre elles semblaient chercher une vict... quelqu’un et visiblement ce quelqu’un était ton –humble- personne. Sans même demander ton avis elles poussèrent la jeune femme à s’installer en face de toi avant de décamper sans même lâcher un dernier rire machiavélique.
Face à la mine déconfite de la demoiselle, tu laissas échapper un petit rire amusé avant de prendre une gorgée de ta bière. Tu haussas les épaules. ”Pas de soucis, la place n’était pas réservée.” Soufflas-tu en reposant ta choppe devant-toi. “Joli minois” Songeas-tu en la détaillant du regard quelques secondes. Pas spécialement ton genre si tu devais la comparer à ton goût en matière de femme, mais tu devais bien concéder qu’elle était loin d’être un laideron. Tu bus une nouvelle gorgée avant de reprendre la parole : ”Puis, au moins ça me fait un peu de compagnie... Je me sentais presque en trop avec ces couples qui nous entourent.” Et tu ne pouvais même pas compter sur ton ami pour taper la discute ! Celui-ci semblait bien occuper avec toutes les commandes qu’il recevait et n’aurait certainement pas le temps de se poser avant un bon bout de temps.
”C’est votre première fois ici ?” Demandas-tu pour faire la conversation, bien décidé à éviter ce blanc gênant. Tu ne te souvenais pas de l’avoir déjà vu lors de tes différents passages à l’aventurier téméraire, il y avait donc des chances qu’elle soit une toute nouvelle cliente. ”Vous pouvez commander ce que vous voulez au patron. Il a de très bons alcools. ” Ajoutas-tu en indiquant d’un petit mouvement de tête le géant qui se trouvait derrière le comptoir et dire qu'il n'avait besoin d'aucune bouteille avec son don ! Tu tapotas du bout des doigts la table, avant de porter à nouveau ton attention sur la blanche. Tu t’intéressas quelques instants à ses oreilles. La femme avait certainement un don d’hybridation avec un tel don, mais tu te demandais bien de quelle créature... Là tout de suite ça te faisait à des oreilles de loup … ou d’un chien de traîneau ou quelque chose du style. Tu les contemplas encore une seconde avant de reporter ton attention sur le visage de l’aventurière à qui tu accordas un sourire.
Je détourne le regard un instant, visiblement gênée même si c’est aussi pour observer rapidement le déplacement des personnes qui nous entourent, se rendant tour à tour au comptoir pour ramener ou récupérer des boissons, alors que mes oreilles se déplacent presque instinctivement sur mon crâne au moindre bruit. Et des sons divers, il y en a un peu partout. Heureusement que ce n’est pas à la limite de l’insurmontable, avec ces tables où les messes basses sont plus courantes que des personnes criant à tout va à cause de l’alcool. Il doit être encore trop tôt pour ça. Ceci dit, entendre les conversations de la table d’à côté est très gênant, avec leurs petits gloussements faussement gênés face aux avances qu’il se font mutuellement.
Je crois bien d’ailleurs que j’ai piqué un fard avant que mon attention ne revienne sur mon interlocuteur. Il vaut mieux que je l’écoute lui plutôt qu’eux. Pas les autres. C’est moins gênant ainsi. Je tente de me détendre en soupirant doucement, avant que mes yeux clairs ne passent rapidement sur son visage une nouvelle fois. Visiblement, il a l’air plutôt détendu et à l’aise comparé à moi qui tentes de me faire toute petite sur mon assise bien assez large pour permettre d’asseoir deux personnes de plus.
– Ça n’a pas l’air d’être votre cas. Je… vais suivre votre conseil.
Je pose alors mes mains sur la table et m’éloigne un instant pour suivre le mouvement qu’il a fait pour m’indiquer cette personne.
– M’amzelle, qu’est-ce que je vous sers ?
– Mh… Un jus de fruits ?
Au premier abord il est surpris avant de laisser échapper un rire franc. Mh, quoi, ce n’est pas courant de venir ici pour demander une boisson sans alcool ? La dernière fois que j’en ai bu, ça ne s’est pas très bien terminé, alors je préférerai éviter. Il m’indique de patienter un instant alors que je me retourne, en attendant, pour fixer le brun un peu plus loin. Pourquoi m’auraient-elles installée à cette table ? Ce n’est pas la seule qui était vide, à première vue. Peut-elle qu’il leur plait ? Ou… Attends. Qu’elles croient que… ? Mon dieu, mes amies ne sont pas possibles. Ne pas me voir tenter de me rapprocher d’un homme les dérange à ce point ? Si ça se trouve, elles en ont déjà profité pour se trouver un partenaire avec qui passer la journée…
Un verre se retrouve alors devant moi, à la couleur d’un jus d’orange, avec quelques fruits à l’intérieur. Je le remercie, payant la somme demandée au passage avant de revenir m’installer face à… l’inconnu.
– Au fait, comment dois-je vous appeler ? C’est Yellana pour moi. Et, euh, il y a toujours autant de monde dans une taverne pour une Saint-Valentin ? N’y a-t-il pas meilleur endroit pour se montrer son amour ?
Je ne sais pas, un restaurant assez cher, une sortie en tête à tête plutôt que dans un lieu bruyant où plein d’autres couples se trouvent ? A moins que tout le monde ne soit ici pour faire des rencontres. Ils se susurreraient donc des mots doux et… et…alors qu’ils viennent de se rencontrer ? Je tente de venir cacher ou plutôt tenter de penser à autre chose alors que je viens tremper mes lèvres dans ce liquide, sentant au passage que ce n’est pas tout à fait ce que j’avais demandé. Il y a de l’alcool dedans ? Surprise, mon regard se tourne rapidement vers le patron qui me fait un grand sourire. Visiblement, c’était l’effet escompté. Je ne bois donc qu’une gorgée avant de reposer mon verre. Ne pas boire trop vite. Pas trop vite.
Yem & Obsi
Une saint valentin depuis quand on fête ça ?
Ta joue posée contre la paume de ta main, tu levas ta choppe pour prendre une petite gorgée de la bière que tu avais commandé tantôt. Un léger rire t’échappa face à sa réaction. ”Un peu ?” Soufflas-tu en reposant le verre devant toi. ”Ne soyez pas gênée, je pense que vous êtes loin d’être la seule à venir pour la première fois ici aujourd’hui.” Ajoutas-tu en regardant la salle. ”A croire que je suis le seul habitué.” Songeas-tu à voix hautes, avant de tourner à nouveau ton attention vers la jeune femme. Elle semblait assez facile à taquiner à la voir réagir ainsi à une simple remarque. Tu te demandas une seconde quelle expression se formerait sur son visage si tu venais à la titiller un peu trop. Est-ce qu’elle se mettrait à pleurer ? Ou s’énerverait-elle contre toi ? Si la première avait tendance à t’ennuyer, voire t’exaspérer, la seconde par contre t’amusait complètement. Tu aimais les personnes avec du répondant, qui rendaient coup pour coup... Pas pour rien que ce bon Ashley te plaisait. M’enfin il s’était ramolli depuis qu’il avait sa gamine. C’était même décevant.
Bon, il pouvait encore se montrer assez venimeux, surtout quand tu l’agaçais un peu trop ou quand tu t’approchais de la blondinette qui lui servait de fille et c’était bien pour ça que tu gardais de la sympathie pour le noble... et pour sa bourse. Tu souris un peu plus joyeusement en te rappelant la somme rondelette que tu avais reçu pour ton dernier contrat avec le requin, avec ça tu avais quoi te prendre des vacances pour pas mal de temps si tu en avais envie. Perdu dans tes pensées, tu ne revins à la réalité qu’en entendant le rire familier du tavernier. Visiblement la belle avait réussi à déclencher une certaine hilarité chez ton ami. Qu’avait-elle bien pu faire pour déclencher cette hilarité ?
Tu laissas ton regard couler le long de son corps. Elle n’était pas bien grande, assez fluette même à première vue et pourtant elle possédait une fine musculature qui pourrait inaperçue pour les plus inattentifs. Tu penchas légèrement ta tête sur le côté alors que tu te perdais dans tes observations quand tu croisas son regard bleuté. La jeune femme semblait troublée par quelque chose et tu te demandas ce qu’il se passait dans sa petite tête. Avait-elle quelque chose à te demander ? T'avait-elle approché avec un objectif en tête ? Tu ne pouvais t’empêcher d’être méfiant, même si tu voulais bien parier que cette rencontre était un pur hasard.
Quand elle revint finalement vers toi, tu lui accordas un sourire qui se voulait bienveillant. Tu n’avais pour l’instant aucune raison de te montrer ouvertement hostile envers la demoiselle. ”Enchanté Yellana, moi c'est Ekaitz ! Nous pourrions nous tutoyer, tu ne penses pas ? J’ai l’impression d’être vieux quand quelqu’un me donne du vous. ” Soufflas-tu d’une voix amusée tout en tendant une main amicale vers elle. ”Hum... J’suis pas le plus grand des experts en ce qui concerne la Saint-Valentin, mais je dirai que les gens préféreraient un endroit plus romantique ? Je savais même pas qu’il y aurait un tel évènement aujourd’hui...” Soufflas-tu en lorgnant les oiseaux qui continuaient à gazouiller des chants d’amour aux fenêtres. ”Je me demande bien où il les a trouvés...” Tu retins un soupir, s’ils ne changeaient pas bientôt de registre tu allais finir par les avoir en tête pour des semaines. Puis, impossible de les faire partir ! Si seulement tu pouvais lâcher Raüs sur eux...
Tu repris une gorge de ta boisson, et te décidas à te concentrer sur la personne en face de toi. Elle prenait son temps pour boire son verre. [b]”Quelque chose ne va pas avec la boisson ?”[b] Demandas-tu en indiquant le liquide orangé d’où se dégageait une légère odeur d’agrume. Ce n’était pas le genre de ton ami de se tromper dans une commande.
Je réagis bien vite à sa question, bougeant la tête et les mains rapidement, ne m’attendant pas à la recevoir. Et du coup me voilà déjà en train de mentir. A moins que les faibles vapeurs d’alcool respirées ne me montent déjà à la tête ? Ce serait beaucoup trop rapide si c’était le cas…
– Enfin, je ne crois pas. Je ne sais pas trop, comme je commande rarement à boire. Je ne m’attendais pas à ce… goût.
Je voulais juste un jus de fruit sans alcool. Mais, est-ce réellement une bonne idée de le lui avouer ? Il ne me faut qu’un faible temps de réflexion pour augmenter drastiquement la vitesse à laquelle je sirote ma boisson. C’est donc la main un peu lourde que je repose ma boisson sur la table, moi-même surprise du bruit sourd que ça a pu faire sur le bois. Ça résonne presque dans les oreilles dis donc.
– Oups.
A moins que ce ne soit que chez moi. Je n’ai pas l’impression que les autres m’observent. Rapidement, ma tête se met de plus en plus à dodeliner de droite à gauche, sans que l’idée de demander un peu d’eau ne me vienne à l’esprit : erreur de débutant. En tout cas, me voilà en train de jouer dans ma tête à tenter de suivre mon interlocuteur sur la boisson qui a l’air de m’observer avec amusement. A moins que je ne me fasse des idées ? D’ailleurs, voilà que nos verres sont vides. Et, ça tombe plutôt bien. D’un geste vif je me redresse, les mains posées sur la table, les oreilles dressées sur ma tête.
– Il y a un endroit où je voulais aller. Viens, je t’emmène !
Je commence à me déplacer, trottinant pour venir attraper sa main et sortir de l’endroit presque en courant. Le vent frais me fait du bien, il commençait à faire très chaud dans cet endroit. Sans trop d’effort, me voilà donc à tirer le brun à l’extérieur, parcourant les rues rapidement, prenant des directions semblant être totalement réfléchies. Si seulement il savait que je les prenais totalement au hasard parce que je ne me souviens même pas de ce que je voulais lui montrer. C’est pour cette raison que j’ai commencé à me mettre à courir. Tournant finalement en rond entre quelques rues. L’homme qui me suit finit par m’opposer une résistance et, surprise, je lâche sa main et… tombe en avant. J’arrive de justesse à me rattraper avec une main – pas du tout en fait. Puis je me retourne, me retrouvant sur le dos, au sol, à ricaner.
– J’ai même pas mal ! Et, euh, hihi. Désolée, je ne me souviens plus où je voulais t’emmener. Même si là j’ai très envie d’aller me baigner. Est-ce qu’il y a un point d’eau proche ?
Le froid, le chaud, j’ai même trop chaud en fait, encore. C’est sûrement dû à notre course folle dans les rues, croisant des passants que je n’ai même pas remarqués, trop embuée par mon propre esprit qui n’arrive pas à se poser.