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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Lyf de YllorLunarya
    Lyf de Yllor
    Informations
    [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Mer 16 Fév 2022 - 18:33 #
    - Ça ne me va pas du tout. Grogna Lyf alors que Kenma serrait son corset comme si elle tentait de lui donner la mort.
    - C’est parfait. Répondit cette dernière sur un ton égal.
    - Parce que ce n’est pas toi qui le porte.
    - Je ne porterais pas ça même pour une mission.
    - Je dois me faire passer pour une jeune dame transit d’amour.
    - Tu n’as rien d’une jeune dame transit d’amour.

    Lyf lui lança un regard à la dérobée.

    - Je t’emm…
    - Moi aussi. Maintenant file. Tu dois rejoindre ton coéquipier à cette adresse. Ah et puis prend ça. Si un client te voit sortir du bastion, ta couverture sera fichue.

    - Je ne vois pas pourquoi je devrais rejoindre mon coéquipier directement là-bas. C’est un garde non ? Il n’a qu’à se présenter ici et nous partirons ensemble ! Lyf était terriblement agacée, par ses jupes mais également par les ordres. C’était à n'y rien comprendre et plus encore : pourquoi c’était elle qu’on avait choisi pour jouer les vierges effarouchées.  Reprenant le parchemin qu’elle avait laissé traîné sur son bureau, elle relut l’intitulé à voix haute. - Gérard Green, quarante ans, premier suspect dans l’affaire des disparitions de l’auberge Jacqueline et Marcel, six disparus. Profil des victimes : Des couples entre vingt-cinq et trente ans. La jeune femme soupira. - Si mon binôme est Dalaar je te jure que je reviendrai tout de suite au bercail.

    - Je n’aimerais pas non plus tomber avec lui.
    - AH TU VOIS !
    - Maintenant va-t-en, il est l’heure. Et Kenma lui jeta sa cape au visage.

    Lyf l’enfila à contre cœur par-dessus sa robe et abandonna avec plus de peine encore toutes ses armes. Seul un couteau se glissa sous ses jupes.

    - Et prend soin de ton chignon, j’ai mis des heures à le faire tenir.

    La Tsi’ly lui aurait volontiers assené quelques insultes parfaitement inconvenantes mais Kenma lui avait déjà claqué la porte au nez quand elle se retourna. Elle pinça les lèvres puis souleva sa robe avec toute la disgrâce dont elle était capable pour descendre les escaliers des baraquements. Le bois était déjà suffisamment traître lorsqu’elle portait ses bottes de soldat ; ses petites chaussures de ville manquèrent de la tuer plusieurs fois avant qu’elle n'atteigne la plateforme suivante. Quand se fut chose faite, c’est avec sa robe qu’elle dû mener une véritable bataille. Le corset lui saignait la poitrine et l’étouffait partiellement, la dentelle noire qui enrobait son cou lui donnait la sensation d’être prise au piège dans un écrin et le bruit redondant du frottement du tissu faisait naître des envies de tout arracher sur le champ. Pourtant c’était un bel apparat. D’un noir d’encre, son caftan était composé de matière noble qui faisait ressortir sa peau laiteuse et le blanc de ses cheveux. Un décolleté à balconnet réhaussait sa poitrine à outrance, si bien qu’elle songea qu'elle l'avalerait ou s'assommerait avec si elle courait. Lyf s’était demandée qui avait osé lui mettre une robe pareille mais Kenma lui avait assurée que c’était exactement ce qui lui fallait pour cet endroit. Quand elle arriva aux frontières du bastion, elle referma sa cape sur elle et rabattit sa capuche sur son visage, puis elle quitta les lieux à la faveur de la nuit. Le soleil ne tarderait pas à se lever.

    Un carillon sonna sept heures lorsque Lyf déboucha dans la ruelle qui la menait au point de rendez-vous. Désert, l’endroit ne recelait aucune cachette, elle était belle et bien seule. Elle grommela quelque chose d’inaudible au sujet des hommes et de la ponctualité puis se mit à faire les cents pas en attendant. Au loin on pouvait apercevoir la devanture de la petite auberge où trônait fièrement un gigantesque cœur rouge. Mais sous ses airs de batifolage printanier, Lyf savait -grâce au rapport- qu’un tout autre monde coexistait et c’était bel et bien dans celui-là qu'elle entendait pénétrer aujourd'hui.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
    Informations
    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Dim 29 Mai 2022 - 23:53 #
    La chemise que je porte me gratte. Je glisse mon index dans le col pour me permettre de mieux respirer. À quel moment mon supérieur s’est dit que ce serait une bonne idée de me faire revêtir cet accoutrement au lieu de mon bon vieil uniforme ? Il y en a au moins un où je suis beaucoup plus à l’aise que l’autre et ce n’est pas bien compliqué de deviner lequel. Les chaussures sont aussi trop petites, je sens mon gros orteils bien trop à l’étroit et le petit comprimé contre les autres. C’est peut-être parce que j’ai trop chaud, mes pieds se sont mis à gonfler ou alors ils ont poussé durant la nuit ? Parce que je me rappelle qu’elles étaient à ma taille hier, lorsque j’ai fait les derniers essayages. Bon, si je mets de côté ces petits inconvénients, je dois reconnaître que je suis plutôt bien apprêté voire même élégant.

    J’ignore avec qui je vais faire équipe, mais je suis surexcité. C’est l’une de mes premières missions officielles. Enfin, on me lâche de nouveau sur le terrain. Je n’en pouvais plus de rester coincé entre les quatre murs de la caserne. Même si j’ai commencé à faire plus ample connaissance avec certains de mes camarades. C’est l’un d’eux qui m’a prêté du parfum, pour que je « brouille les pistes ». Je suis plutôt d’avis qu’avec cette odeur sucrée, je vais attirer toutes les guêpes du coin. On pourrait me répliquer que si elle permet surtout de guider les auteurs de ces disparitions directement vers nous, c’est qu’elle aura été plus utile que prévue. J’ai toutes les informations en tête et je prends aussitôt la direction du lieu du rendez-vous.

    Sept heures ont déjà sonné quand j’arrive dans la ruelle où se trouve ma collègue. Au fur et à mesure que je me rapproche, mes sourcils se froncent. Je crois reconnaître cette longue chevelure blanche, élégamment coiffée pour l’occasion, et le visage qui y est associé ne m’est pas inconnu. Ce qui est plus surprenant, c’est sa tenue vestimentaire. Je peine à étouffer mon rire lorsque j’arrive au niveau de Lyf de Yllor, ou la louve blanche comme j’aime la nommer.

    - Moi qui pensais que j’avais à me plaindre de cette tenue de ville ridicule, je pense que je ne suis finalement pas le plus à plaindre.

    J’accuse son regard et je le lui rends bien, les iris pétillants déjà de malice. Cette mission va être encore plus amusante que prévu si nous faisons équipe ensemble. Je lui tends mon bras, avec le sourire qui va avec, et je la laisse libre de le prendre ou pas pour que nous nous dirigions, à pas tranquilles, vers l’auberge Jacqueline et Marcel.

    - T’as eu le même topo que moi, j’imagine ? Un suspect et des disparitions. Gros plus si on les retrouve. J’espère qu’il ne sera pas trop tard pour eux.

    Mon regard s’assombrit pendant quelques instants en pensant au sort des victimes. C’est pour ça que je suis là et que j’ai choisi de faire ce métier, pour leur venir en aide et, si destin funeste il y a eu, éviter que ça se reproduise. Qui que soit le salopard ou l’organisation responsable de ces atrocités, sa place est derrière des barreaux et je vais faire en sorte qu’il n’en réchappe pas. Ouais, j’en ai conscience, je suis typiquement le genre de garde qui veut sauver la veuve et l’orphelin mais, hé, c’est bien à cause de pourritures dans ce genre que ma mère est morte et que ma soeur s’est retrouvée sans famille du jour au lendemain.

    - Et on doit se faire passer pour un couple, achevais-je. Bien évidemment, impossible de débarquer et de poser la question de but en blanc, au risque de voir toutes les pistes s’envoler avant même que nous puissions les explorer. J’suis content d’être tombé sur toi et pas ta copine fouineuse.

    Je ne lui laisse pas vraiment le temps de répliquer, parce que nous sommes déjà arrivés tant bien que mal avec nos chaussures devant l’auberge et que j’ouvre la porte. Aussitôt, une femme dans une robe bien trop courte et moulée se plante devant nous avec un grand sourire.

    - Bienvenue chez Jacqueline et Marcel. Vous êtes un couple ? Vous désirez pimenter votre journée ?

    Un rapide coup d'œil dans la pièce me permet de constater que toutes les serveuses sont habillées à l’identique. Les hommes, torses nus, sont plus rares mais bien présents aussi. Aucune trace de Gérard Green, mais ça aurait été bien trop simple dans le cas contraire.

    - C’est ça. Je suis en voyage ici avec ma compagne et on nous a vanté les bienfaits de votre établissement.
    - Je suis ravie de l’apprendre. Vous connaissez nos formules ? Celles les plus prisées sont la demi-heure, la semi et la complète. Mais vous pouvez aussi sélectionner quelques options uniquement.
    - On va vous prendre la… La complète. On a du temps à rattraper.
    - Je vois. Avez-vous des envies particulières ?
    - Non. Enfin, toutes. Nous voulons tout ce que vous avez à proposer.
    - Vous ne serez pas déçus, réplique-t-elle avec un grand sourire. À quel nom dois-je vous enregistrer ?
    - Monsieur Daurssel, s’il-vous-plaît.
    - ANGELA ! NOTE UN MONSIEUR DAURSSEL DANS LA CHAMBRE « PETIT COQUELICOT » ! Monsieur Daurssel, Madame Daurssel, suivez-moi je vous en prie.

    Je jette un coup d'œil à Lyf qui, j’en suis sûre, a certainement eu l’occasion de noter tout un tas de détails que je n’ai pas remarqué. Nous suivons la demoiselle à l’étage, après avoir réglé la somme convenue en cristaux, jusqu’à la fameuse chambre.

    - Nous avons un service à table à vous proposer au rez-de-chaussée. Vous pourrez également simplement y passer pour vous rafraîchir. Toutes nos pièces sont régulièrement désinfectées et sont équipées de salle de bain avec des cristaux d’eau chaude. S’il y a le moindre souci, n’hésitez pas à appeler la réception, demandez Mel.
    - C’est parfait, merci beaucoup Mel.

    Je lui offre un sourire et elle nous laisse rentrer dans la chambre avant de refermer la porte derrière nous. Premier réflexe, je me tourne vers Lyf pour savoir ce qu’elle en pense. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’on a été pris d’assaut par la fameuse Mel parce qu’on correspond aux profils des victimes.

    - Nous voilà dans la gueule du loup.
    Lyf de YllorLunarya
    Lyf de Yllor
    Informations
    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Dim 19 Juin 2022 - 18:36 #
    Un détonnant mélange de colère et de soulagement firent voler en éclat l’impatience grandissante qui faisait de Lyf un chiraki en cage. Elle resta longuement interdite face au visage qui se dessinait dans l’aurore. “Pourquoi lui ?” soupira-t-elle en son for intérieur. Loin de détester le jeune homme, elle se souvenait un peu trop bien de la dernière soirée qu’ils avaient partagés, de leurs rires, de leurs danses et surtout, par-dessus tout, elle se souvenait de la chaleur de sa peau contre laquelle elle s’était endormie. Souvenir aussi douloureux qu’agréable, qui lui rappelait que ce genre d’interactions n’était pas de celles dont elle pourrait jouir. Malheureusement ses pensées ne cessaient de voguer vers elles ce matin là. Alors, elle se forçait à se rappeler le sermons qu’ils avaient tous deux subi. Nikolaos n’oublierait pas sa seconde nuit au Village Perché, c’était un fait et cette idée l’amusait étrangement beaucoup.  

    Passée la surprise, elle ne pu que lui lancer un regard acerbe en prenant son bras non sans marquer une franche hésitation. Qu’il aille au diable, lui et son costume de pingouin.
    Malgré la séparation de leurs vêtements, Lyf pouvait sentir le rayonnement de sa peau sur la sienne où était-ce elle qui était fiévreuse ? La voix de son compagnon coupa court à ses réflexions et elle opina du chef.  

    - Gérard Green, oui. Elle lui lança un simple regard. - Ca fait longtemps que les premiers ont disparu, après autant de temps… Elle grimaça pour toute explication.

    La jeune garde n’était pas une experte en enlèvement, ni en séquestration d’ailleurs mais elle avait suffisamment goûté à sa profession pour savoir qu’après un certain laps de temps, les chances de retrouver les disparus devenaient moindre. En l’occurrence le premier des trois couples envolés devait être mort, le second également. Ses principaux espoirs tendait vers les derniers, disparu seulement quelques jours auparavant. Mais si Lucy leur souriait, peut-être retrouveraient-ils d’autres rescapés. Elle l’espérait. Lançant un regard à la dérobée, elle songea qu’il était préférable qu’elle garde le silence sur ses pronostiques. Nikolaos et Lyf ne se connaissaient pas assez, elle ne pouvait jauger du point auquel elle pouvait partager ses pensées. Après tout, il était encore un jeune soldat, l’effrayer avant même de débuter sa première mission n’était peut-être pas une riche idée, pas plus que de broyer ses espoirs. Quand ils seraient au cœur du conflit, mis devant le fait accompli ce serait différent.

    - Je suis certaine qu’elle serait ravie de t’entendre. Glissa-t-elle avant qu’ils ne pénètrent dans l’auberge.

    Lyf aurait pourtant échangé sa place à qui la voulait bien. Elle se sentait pataude, gauche et absolument pas à sa place. Autour d’eux la décadence faisait foi ; en témoignait la femme qui se planta devant eux. La garde l’observa de pied en cap. Comment, par la déesse, pouvait donc bouger cette personne ? Son corps entier semblait avoir été moulé dans sa robe, comme une seconde peau. Saucissonné tel un filet de veau, il aurait suffit d’un geste brusque pour dévoiler plus de chair qu’ils auraient voulu en voir. Les hommes pour leur part n’étaient pas en reste et Lyf détourna rapidement le regard pour observer les contours de la salle, tenter de déceler des indices sur les disparitions ou mieux : sur ce qui les attendait.

    Tout était cosy, presque trop pour ce que les rapports décrivaient. C'était lumineux, propre et bien soigné. Loin de l’image de purgatoire sadomasochiste que Lyf avait imaginé. Toutefois, si des yeux d’enfants auraient pu y voir là une air de jeux, il ne fallait pas sortir de la cuisse de Lucy pour deviner les quelques atours érotique bien mit en avant. Les balançoires également, n’étaient pas uniquement des objets de décors et plus encore que le reste, c’était l’atmosphère qui émanait de chaque recoin de la pièce. L'obscénité voluptueuse mais délicate, les regards de la maîtresse des lieux et de ses suivants. Il était sans doute encore trop tôt pour que cet endroit devienne la scène de spectacle libidineux et Lyf ne s’en portait pas plus mal. C’était un domaine  qu’elle était loin de maîtriser, tout comme le sujet qu’abordait Nikolaos présentement. Malgré tous les efforts qu’elle faisait pour rester concentrer sur ce qu’elle avait sous les yeux, sur sa recherche d'indices, sur la mise en place de ses sens, elle ne pouvait s’empêcher de s’empourprer aux mots qui lui parvenaient. Ils étaient idiot, complètement tronqués et mensonger pourtant elle sentit ses joues s’enflammer jusqu’à la racine de ses cheveux. Heureusement le moment vint de quitter le salon d’accueil pour grimper dans les étages.

    Le visage toujours aussi enflammé, Lyf hocha la tête. Il n’était pas nécessaire de parler dans ce cas, l’un comme l’autre s’étaient compris. Ils avaient le profil des cibles et pour cette raison ils avaient passé l’entrée sans l’ombre d’une difficulté. Une erreur de jugement qui allait leur faciliter la tâche.

    Une par une, avec une appréhension qui ne tenait pas de la peur que lui inspirait ce fameux Monsieur Green, Lyf grimpa les marches. Elle suivit docilement Angela jusqu’à la chambre puis entra à la suite de Nikolaos.

    - Sacrée gueule… Ne put-elle s’empêcher de lâcher, les yeux ouverts comme des soucoupes face au spectacle qui s’étendait sous ses yeux. Les murs, le dessus des commodes, tout était recouvert de divers jouets des plus doux et coquins aux plus tortueux voire douloureux au simple coup d'œil. Un lit trônait au beau milieu de la pièce, non loin une balancelle dont l’utilisation intrigua la jeune femme, même si elle n’en pipa mot. Un peu plus loin, dans un renfoncement se tenait une large croix de bois dotée de liens à chacune de ses extrémités.

    La chambre petit coquelicot portait bien son nom de par les voilures rouge qui longeaient les murs et s'étendait jusqu’au dessus de lit, sans doute même sous les draps. Petit était toutefois une véritable tromperie. L’envergure de la pièce aurait largement permis d’accueillir plus d’un couple en simultané et Lyf aurait pu parier que c’était une chose qui s’était déjà produite par le passé.  

    - Bien. Elle fixa ostensiblement l’apique d’un objet dont elle devina sans difficulté le maniement et inspira tout en faisant volte face, bien plus vite et maladroitement qu’elle ne l’aurait voulu. Finalement, elle alla se planter devant le soldat et entreprit non sans mal de défaire les boutons de sa chemise. Bien malgré elle, ses doigts avaient perdus une grande partie de leur agilité et elle dû se reprendre au moins à trois fois avant de faire céder le second bouton. - Ne me regarde pas comme ça. Grommela-t-elle. - Qu’est-ce que tu crois qu’ils diront si ils nous surprennent encore complètement habillé. Ses mains descendirent d’un cran et elle entreprit le troisième bouton. Il céda au bout de quelques secondes. Le quatrième. Lyf pouvait sentir battre son propre cœur dans ses tempes, avait-elle jamais déshabillé un homme ? Ses sourcils se froncèrent en réponse à cette question. De toute sa volonté elle s’obligea à ne voir que le bouton. Cette maudite petite pustule qui refusait de passer par ce foutu trou. Et ô par la déesse, cette odeur sucrée et entêtante, son souffle qui vibrait non loin de son oreille, la tiédeur que laissait son derme sur le sien quand elle avait le malheur de l’effleurer. - Oh par la sainte débrouille toi tout seul ! Elle avait chaud, atrocement chaud et il était bien trop tard pour s’enfuir. Son seul échappatoire fut de faire quelques pas vers l’avant mais où qu’elle posa les yeux, ils rencontrèrent l’érotisme et le vice.

    Lasse des échauffourées de son esprit, de son manque de contrôle et sa propre naïveté, elle finit par cesser de tourner en rond et planta ses pieds dans le sol.  

    - Défait mon corset. Enfin commence d’abord par le dessus de la robe, y aura le laçage du corset en dessous. Enfin je vais pas t’apprendre à mettre nue une femme non ? Elle se fit bien plus véhémente qu’elle ne l’aurait voulu. Malheureusement ses talents aussi nombreux soient-ils, ne comprenaient pas la contorsion. - Enfin pas nue. Je… Elle dévoila tant bien que mal un tissu de sous sa robe. - J’ai un fond de robe… Une chemise de nuit si tu préfères. Oh peu importe, débarrasse moi de cet engin de torture. Et elle lui tourna le dos.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
    Informations
    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Ven 24 Juin 2022 - 0:00 #
    La pièce est un appel à la dépravation, la salacité, le libertinage. Et bien plus encore. Je ne me sens pas à ma place et, si je n’avais pas été en mission, il n’y avait aucune chance pour que je me retrouve de mon propre chef dans cette chambre. Je remarque certains meubles qui n’ont pas l’air d’être à leur place et qui dénotent dans le décor d’une chambre à coucher « normale ». Des menottes, des bougies, des ustensiles aux formes lubriques et autres joyeusetés sont dispersés, ici et là. Je suis sûr que, si j’ouvre l’un des nombreux tiroirs, je vais tomber sur d’autres de ces engins. Certains me font complètement flipper. On est dans une chambre dédié au plaisir ou dans une salle de torture ? Rien qu’en pensant aux utilisations possibles d’une pince, je frissonne de la tête aux pieds. Je n’ai pas le luxe de me focaliser sur autre chose. Lyf est déjà près de moi et ses doigts graciles sont affairés sur les boutons de ma chemise.

    Au début, j’ai un peu ouvert la bouche comme un idiot. L’idée que ce ne soit pas une véritable assignation m’a même traversé l’esprit pendant moins d’une seconde. La soldate possède un charme certain et je ne suis qu’un homme ; un peu gauche, certes, mais qui sait reconnaître les beautés de ce royaume lorsqu’il en a sous les yeux. Et puis, je suis surtout resté un temps indéterminé sous terre et je n’ai pas eu la moindre relation depuis que je suis revenu dans le monde des vivants. Mais cette pensée ne reste pas là bien longtemps. Elle s’efface même rapidement lorsque j’entends le ton renfermé et bourru de la louve. Ma droiture naturelle reprend le dessus. Je ne pense déjà plus qu’à la mission et aux couples -presque- innocents qui ont peut-être déjà péri. Mon regard se durcit et, lorsqu’elle s’emporte sur le dernier bouton et qu’elle s’exaspère une seconde fois sur la pénibilité à faire passer cette simple attache dans la fente, je comprends qu’elle a toujours été sérieuse. J’ai été stupide d’oser concevoir une telle chose. Lyf, encore plus en cet instant, est là pour la mission. Je le vois bien, à sa façon de s’énerver et de commencer à me donner des ordres. Elle n’est pas là pour flâner, mais bien pour travailler. Comme moi.

    Ma chemise entièrement déboutonnée par mes soins, je m’approche de Lyf, non sans jeter un regard circulaire dans la pièce autour de moi. Pour détendre l’atmosphère et rendre la situation moins gênante, puisqu’il est clair qu’il n’y a là que du pro et pas de perso, je décide de faire une réflexion sur les multitudes d’objets qui nous entourent. J’attrape d’ailleurs l’un d’entre eux, à la forme suffisamment suggestive pour ne pas avoir besoin de faire le moindre dessin sur son utilisation, et je le brandis devant moi à la manière d’un sabre. Je vois qu’elle me regarde du coin de l'œil et je me demande si j’ai réussi à la faire sourire. Même si je n’ai que notre devoir en tête, je ne veux pas que l’ambiance devienne soudainement pesante. Je finis même par jeter l’objet sur une cible, à quelques mètres de là. L’objet fait ventouse et y reste fièrement collé.

    - Tu penses qu’ils diront quelque chose, si on utilise ces objets de façon… Inventive ?

    En parlant, je me suis approché de Lyf et de son dos. Elle a beau être plus fine que moi, sa musculature se devine et se dessine sous sa robe et son corset ; que je vais devoir retirer.

    - Je me demande bien pourquoi il y a autant de bougies. La pièce est assez éclairée, non ?

    Je continue mes commentaires. Je n’ai pas la moindre pensée impure tandis que je m’affaire à retirer son caftan, puis les lacets et les agrafes qui retiennent son corset. Cette gaine doit la faire souffrir. J’ai même l’impression qu’elle se met à mieux respirer lorsque je l’en libère.

    - Tu devrais t’allonger sur le lit. Regarde s’il n’y a pas quelque chose sur le matelas. Fais attention aux draps.

    Ma voix n’est plus qu’un murmure, destinée à elle seule. Je lui dis ça, mais je ne doute pas qu’elle sait s’y prendre. Elle est bien plus aguerrie que moi. Je la regarde sans la moindre gêne, bien qu’elle ne soit plus vêtue que d’une robe de nuit. Pour moi, c’est comme si elle portait son armure. Je ne vois plus rien d’autre, surtout depuis qu’elle m’a indirectement rappelé à l’ordre en se concentrant aussi bien sur notre mission. Ma chemise tombe sur le sol, pour être plus crédible et je viens même déposer une légère tape sur son fessier avant de m’éclipser pour me rapprocher de la cible que j’ai visé, quelques minutes plus tôt. Elle m’en voudra probablement pour ce geste, mais je ne fais qu’accomplir mon devoir. Si quelqu’un nous observe ou nous écoute, il est important de montrer que nous sommes toujours dans nos personnages, Monsieur et Madame Daurssel. À côté de la cible, je récupère ce qui y est collé et je le pose sur la table de chevet. Mes gestes sont lents et mesurés. En réalité, j’inspecte chaque recoin de la pièce.

    Lyf doit faire de même et les draps ont l’air sans danger, puisque je l’y retrouve, avec sa moue boudeuse, quelques instants plus tard. Je m’approche d’elle et, d’un regard entendu, nous acceptons de jouer le jeu. Enfin, je crois avoir compris ça. En tout cas, elle ne résiste pas lorsque je me retrouve à côté d’elle, avec les doigts d’une main fermement ancrés sur la chevelure dans le bas de sa nuque et les doigts de l’autre contre sa taille. Je ne tressaille pas. J’ai remarqué quelque chose. Je dois lui en faire part. J’approche lentement mes lèvres de sa peau, comme si nous étions deux amants.

    - J’ai remarqué un petit interstice, au centre de la cible.

    Premier chuchotis. Je lui laisse le temps de l’assimiler. Mes lèvres effleurent à peine sa peau. Mon but n’est pas que nous soyons plus en contact que nécessaire. C’est à peine si je serais capable de me souvenir avec précision du parfum qu’elle portait à ce moment-là. Oh, comme j’avais tort…. Mes yeux sont grands ouverts et guettent, à travers les mèches de cheveux blancs de Lyf, le moindre mouvement suspect.

    - Je ne sais pas encore ce que ça veut dire. Voyeurisme ?

    Je suppose que nous n’allons pas tarder à le savoir mais, je dois bien avouer une chose, nous avons beau ne pas l’être, je me sens totalement nu sans mon costume de pingouin et encore moins sans mon armure. Heureusement que j’ai pu dissimuler mes précieuses dagues dans mes chaussettes. Pas très pratique, j’en conviens, mais ma dextre quitte les hanches de ma collègue pour s’y glisser lorsqu’un « pschhttt » régulier commence à se faire entendre.

    - .. Gaz.

    Et je n’ai rien pour me protéger. Peut-être que Lyf a quelque chose ? Je ne sais même pas en combien de temps ce truc qui se diffuse dans la pièce est censé agir. Peut-être longtemps, si on commence déjà à le percevoir. J’imagine que les précédents utilisateurs de cette pièce étaient un peu plus bruyants, pour ne rien entendre.
    Lyf de YllorLunarya
    Lyf de Yllor
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Ven 24 Juin 2022 - 17:08 #
    - Maman ! S’écria la petite fille aux cheveux bruns. - Maman j’ai vu un pimplume ! Courant à travers champs, l’enfant se jeta dans les jupons de sa mère en pointant l’horizon de verdure. Derrière elles se dressait la cité blanche, la Capitale, où la fille avait grandi. - Là-bas, viens voir ! Elle tira sur les jupes sans que sa mère ne daigne esquisser l’ombre d’un mouvement. Des boucles aux reflets auburn ruisselaient sur sa poitrine et la gamine se souvint combien cette dernière était belle. Alors elle releva la tête pour la regarder. Mais au lieu de trouver les yeux noisettes et réconfortants, ceux qui la couvaient, riaient et pleuraient avec elle. Il n’y avait que le néant. Une ombre sans fond se tenait en lieu et place de ce qui aurait dû être son visage. La petite fille tituba, retirant ses mains des vêtements comme si elle s’était subitement brûlée. Le ciel d’un bleu cyan s'assombrit brusquement. Elle recula un peu plus. Un vent d’ouest se mit à balayer la plaine, à faire plier les brins d’herbes et à faire grincer les arbres qui bordaient la limite de la grande forêt. La petite s’enfuie à toutes jambes, son instinct le lui soufflait ; elle l’écoutait toujours.

    Son sang s’échauffait, il bouillait même tandis que l’air se raréfiait dans ses poumons. Elle courait à en perdre haleine au milieu d’une étendue verte et sans fin. Ses prunelles aux reflets dorés étaient rivés sur la cité blanche, sur sa maison qui se cachait entre ses murs mais elle s’éloignait un peu plus à chaque pas. La gamine serra les dents, accéléra la cadence, ses jambes redoublant d’effort au milieu des hautes herbes qui semblaient s'agrandirent peu à peu comme si chacune de ses foulées l’emmenait plus loin dans les terres d’Aryon. Loin de sa maison, loin de sa mère. Son visage, elle pouvait le sentir, était en feu et bientôt des perles de sueur se mirent à glisser le long de ses tempes.

    Le vent d’Est souffla et l’enfant sentit la puanteur. Celle de l’alcool, de la cigarette, de la crasse. Elle les auraient reconnues entre toutes parce qu’elles les connaissaient mieux que personne. Aussi bien que la voix qui résonna, tonitruante dans son dos.

    - Lyfa.

    La gamine butta sur une pierre et partit la tête la première avant de se vautrer lamentablement dans la boue qui jonchait le sol. Ils n’étaient plus dans les prairies bordant la capitale. En un coup d’œil, Lyfa avisa des grands murs de pierre, du sol aux relents de crottin. “A la maison.” songea-t-elle en se relevant tant bien que mal, tentant vainement de retirer la terre mouillée de ses vêtements. Elle avait troqué sa petite robe de tulle contre un pantalon élimé et une vieille chemise si grande que plus de la moitié des manches étaient retroussées pour que ses mains puissent être visibles. Ses cheveux, toujours aussi bruns, étaient coupés court. A tel point qu’elle pouvait à peine les attraper entre ses doigts.

    - On ne baisse jamais sa garde ! Un coup sec l’envoya valser à l’autre bout de la cour, lui coupant ostensiblement la respiration.

    Crachotant, à nouveau souillée, l’enfant se redressa pour regarder autour d’elle.
    Une silhouette émana du rideau de pluie qui s’abattait maintenant. Dans sa main droite une épée en bois qui, se souvint-elle, avait été brisée lors d’un précédent entraînement.

    Lyfa recula maladroitement, rampant dans la boue pour échapper à la silhouette qui se rapprochait inexorablement. Fuit. Son instinct le lui hurlait.

    Avant qu’elle ne puisse se réfugier quelque part, une main calleuse l’attrapa par le col et la leva largement au-dessus du sol.  Des yeux gris comme l’orage la regardaient avec colère, des mèches poivre et sel jouxtaient le visage qui la fixait et là elle se souvint.

    - Papa…

    - Ne sois pas faible comme ta mère, Lyfa. Je continuerais à t’entrainer jusqu’à ce que ça rentre dans ton putain de crâne.

    La petite fille, dont les yeux reflétaient l'étendue d’une peur infinie, se tortilla comme un ver de terre pour se défaire de la poigne de fer qui ne la libéra pas d’un pouce.

    - Je ferais de toi celui que tu aurais dû être, Lyfa.

    La gamine arrêta subitement de gesticuler pour planter ses prunelles dans celle de son géniteur.

    - Je m’appelle Lyf. Gronda-t-elle. - Je m’appelle LYF. Elle hurla son prénom. Ce nouveau nom, pas si loin de l’original, qu’elle s’était donné il y a de cela bien longtemps. Lyfa s’en était allé avec sa mère.

    Les paupières de la garde étaient lourdes, atrocement lourdes. Elle avait l’impression que quelqu’un avait pendu deux hameçons lestés à chacune d’elles. Elle avait terriblement chaud pourtant elle était presque certaine que sa peau n'était recouverte que d'une fine couche de tissus. Ses yeux s’ouvrirent en deux fentes ridiculement fines puis louchèrent et elle les referma. Qu’on la laisse dormir par pitié ! Elle se laissa à nouveau sombrer.

    Cette fois, elle était plus âgée. Ses cheveux étaient déjà devenu aussi blanc que la neige, ses yeux aussi bleu qu’un ciel d’été. Déesse qu’elle avait grandi vite. Elle se trouvait dans une pièce gigantesque aux murs remplie de draperies et de marbre gris. Quelque chose lui comprimait la poitrine ; un corset, s’avisa-t-elle lorsque ce dernier tomba à ses pieds et qu’elle pu enfin respirer convenablement. Un souffle lui caresse la nuque, chaud, brûlant même puis une voix s’adresse à elle. Un velouté qu’elle reconnait. Elle ne sait plus vraiment qui. Mais elle connait cette voix. Même si elle n’en a pas le contrôle, elle sent son corps se tendre à l’invitation de l’inconnu, ses sourcils se froncer. Sa bouche bouge toute seule.

    - Je sais ce que j’ai à faire. Elle se surprend par le ton bourru qu’elle emploie. Mais le moi de son souvenir ne semble pas de bonne composition aujourd’hui. En tout cas, elle se penche sur le lit, ignorant avec superbe l’autre, se forçant à ne pas croiser son regard. Elle fouine autant que faire se peut, se concentre sur tout ce qui n’est pas l’autre. Jusqu’à ce qu’il lui claque le fessier. La surprise manque de déclencher son pouvoir, l'hébétude qui en découle la laisse coite quelques instants avant qu’elle ne se renfrogne de plus belle. Déesse, qu’elle a mauvais caractère ! Mais au moins ses yeux se tourne vers lui. Il ne lui faut pas plus d’un instant pour se souvenir. Nikolaos. Nikolaos au nom imprononçable. Et leur présence ici.

    Soudainement, les images déferlent dans son esprit comme un raz de marée. Allongé sur le lit, les doigts du jeune garde se glissant à travers ses mèches de cheveux, laissant une sensation de brûlure là où son corps la touche. Ses propres mains venant jouer leur comédie, dessinant d’un faux amour des ronds affectueux contre les muscles de sa poitrine, avant de remonter dessiner les angles de sa mâchoire en faisant mine de les connaître par cœur. Elle avait détesté cette mise en scène, plus que n’importe quelle autre mais elle s’y était pliée sans rechigner. Son visage s’était finalement rapproché de celui de Nikolaos pour l’entendre souffler quelque chose. L’information s’était presque perdue, ses yeux avaient observés avec gourmandise ses lèvres avant de s’arracher à la contemplation lorsqu’un son retentit. La Lyf du passé l’avait immédiatement reconnue et son camarade aussi. D’un coup d’un seul, ils s’étaient arrachés au confort des draps, nouant les bouts de tissus qu’ils trouvaient sur leur nez. La première, elle s’était jetée sur la porte, avait ouvert le verrou, tourné la poignée qui lui resta dans la main.

    - Piégé. Suffoqua-t-elle.

    Le gaz formait déjà un gigantesque nuage dans la pièce. Il ne tarda pas à lui démanger la gorge. Plaquant de plus belle un morceau de son fond de robe contre son nez, courut en direction de la cible et tenta d’observer le mécanisme. Peut-être. Peut-être qu’elle pourrait le désamorcer. Mais l’air devenait irrespirable, sa vue se floutait, remplie de larmes brûlantes. Nikolaos de son côté tentait sans succès de forcer une fenêtre. Tout était fait pour qu’ils ne leur échappent pas. Il ne fallait pas sortir de la cuisse de Lucy pour le comprendre.

    Titubante, Lyf s’approcha de Nikolaos et lui posa une main sur l’épaule. Elle retira son masque de fortune, cracha un tant soit peu ses poumons puis articula non sans mal : - Caches ta lame. Ils nous prendront de toutes façons. Autant qu’ils continuent de croire que nous ne sommes qu’un petit couple sans défense. Une nouvelle quinte l’emporta sur sa voix mais quand elle passa, Lyf reprit. - Si nous sommes séparés, le premier à s’échapper file prévenir la garde. Elle toussa. - On est pas là pour jouer les héros. Elle posa un genou à terre. - On est pas des héros. Et elle s’effondra sur le sol inconsciente. Lyf ne se souvenait pas de ce qui était arrivé à son frère d’arme. Elle ne voyait déjà presque plus rien lorsqu’elle s’était mise à tousser. Peut-être n’avait-il pas entendu ses ordres. Peut-être que si. Sa conscience s’éteignit.

    Son corps se tordit en une douloureuse convulsion et elle ouvrit les yeux. La panique se lisait sur son visage. “C’était un rêve, juste un rêve.” tenta-t-elle de se rassurer. Mais un rêve assurément réel. Tellement qu’elle pouvait encore sentir sa gorge en feu et ses yeux la piquer. Autour d’elle, tout était sombre, quelques lampes à cristaux flottaient ci et là dans la pièce. Les murs en pierre brute étaient couverts d’humidité. “Un sous-sol”. Une geôle ? Elle tenta de lever la main mais un bruit métallique retentit. Elle baissa les yeux. Des menottes. Aux mains, aux pieds. Et pas celles affriolantes qu’ils avaient eues dans la chambre juste au-dessus.  

    Subitement, un spasme lui tordit les boyaux et elle manqua de se démettre l’épaule pour se pencher au-dessus du brancard sur lequel elle était prisonnière. Rien ne sortit.

    - Madame Daurssel. Une voix rauque, aux tonalités de velours, de celles qui seraient capables de vous faire oublier votre propre nom. - Vous êtes une grosse dormeuse. J’ai bien cru que vous mettriez des jours à vous réveiller.  

    Lyf plissa les yeux pour tenter de voir au-delà du rideau d’ombre.

    - Qui êtes vous ? sa voix était caverneuse, éraillée.
    - Cela n’a pas d’importance.
    - Où est mon… Époux.
    - Vous allez le rejoindre dans un instant.

    L’homme se détacha de l’ombre et ô par la déesse qu’il était beau. Elle lui aurait tout au plus donné la trentaine.

    - Depuis quand sommes-nous là ? Qu’est-ce que vous voulez ?

    Un nouveau haut le cœur l’obligea à se pencher. Green s’approcha d’un pas bien plus vif qu’elle ne l’en aurait cru capable et la saisit par les joues pour mieux voir son visage.

    - La lucis. Difficile de s’en procurer. Peu connu du commun des mortels mais qui se vend à prix d’or. Constata-t-il. - Vous m’en voyez navré. Cela dit, je m’en suis douté en voyant vos cheveux. Votre mari sait-il que sa tendre épouse est une junkie ?

    Lyf le fusilla du regard. En plus du manque, la crainte ne faisait qu’empirer son état. L’homme sourit de toutes ses dents.

    - Non il ne sait pas. La relâchant, il posa un doigt sur ses lèvres. - Rassurez-vous, ce sera notre petit secret. Pour ce qui est de vos questions… Vous êtes la depuis deux jours. Lyf se décomposa. - Ou peut-être une heure. Allez savoir… Il fit le tour du brancard, activa des cristaux d’élévation et se mit à la pousser dans la pièce en direction d’une porte qui débouchait sur un couloir. - Quant à ce que je veux, vous le découvrirez bien assez vite. Le temps est venu des retrouvailles ma chère dame.

    La garde s’agita contre ses liens sans succès. Son anxiété grandissait, elle avait l’impression de devenir folle. Son visage était luisant de sueur, elle sentait les gouttes rouler le long de son front, de ses tempes, de son cou. Son corps entier lui hurlait de se détacher de ses chaînes, de se droguer. Son esprit était embué par l’absence de substance, par la peur. Une peur qu’elle aurait dû savoir maîtriser, qu’elle savait maîtriser. Quand elle n’était pas sobre. La drogue dévorait ses angoisses, mais pour l’heure elle quittait son corps à chaque seconde qui passait. Bientôt elle ne serait plus que l’ombre d’elle-même, engloutit par la violence du manque. Sur le chemin les menant à un vestibule, Lyf croisa son reflet. Déjà le noir se répandait dans son regard, elle ferma les yeux. Au même instant elle entendit le battant d’une porte grincer.

    - Comme promis Monsieur Daurssel, je vous ramène votre compagne et elle est en un seul morceau ! N’est-ce pas magnifique ? Puis il éclata d’un rire presque aliéné.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Dim 26 Juin 2022 - 11:18 #
    Un voile se forme devant mes yeux. Je suffoque. On n’a trouvé aucun moyen de s’échapper. On est pris au piège. Ses mains s’agrippent à mes épaules. Elle me parle. Je parviens à capter quelques mots, juste assez pour réussir à les rassembler et construire une phrase cohérente.«  Le premier qui s’échappe prévient la garde ». Elle a raison. « On est pas des héros ». Elle a tort. Je me rends compte que mon rythme cardiaque s’est emballé. Étrange, j’étais serein quand j’essayais d’ouvrir la fenêtre. Je ne suis pas effrayé par la mort, j’ai déjà passé un temps incertain sous terre. La seule chose qui m’effraie, c’est d’entraîner Lyf dans le néant. Si j’ai peur, c’est seulement pour elle. La dernière chose dont je me souviens, ce sont ses deux grands yeux bleus électriques posés sur moi. Mes genoux heurtent le sol, puis ma tête. C’est fini.

    Je me réveille, solidement attaché et bâillonné sur une table froide. Probablement de la pierre. Une pierre lisse. Du marbre ? Bien que torse nu, je n’arrive pas à en deviner plus. Impossible de bouger mes mains, encore moins ma tête ; j’ai l’impression qu’on la martèle, le sang pulse dans mes tempes. C’est sûrement le début d’une migraine et l’unique cristal de lumière, d’un blanc trop vivace, juste au-dessus de mon crâne n’arrange rien. Ma bouche se tord en une grimace tandis que j’essaie de regarder ailleurs. Les murs sont fissurés, vides et d’un gris terne. Je ne peux m’accrocher à aucun détail. Je sens une masse chaude s’abattre sur ma joue. Quelqu’un m’oblige à tourner la tête. Je proteste, peine perdue.

    - Allons, allons, Monsieur Daurssel. Calmez-vous. La substance que nous venons de vous injecter ne va pas agir correctement si vous n’y mettez pas du vôtre. Vous n’imaginez pas le nombre d’essais ratés que j’ai déjà dû essuyer.

    Je n’arrive pas à bouger mes lèvres. Elles restent hermétiquement closes. Je sens un filet de sueur perler sur mon front. J’ai l’impression que mon corps est en feu. Je veux hurler mais je n’y arrive pas. La main quitte ma joue pour écarter ma paupière et je vois un œil vert qui fixe le mien. C’est un homme, aux traits fins et d’une beauté sans égale. J’essaie de mémoriser l’information mais je ne pense pas en être capable. Quelque chose est en train de me dévorer de l’intérieur et j’adore ça.

    - Celui avant vous a résisté une vingtaine de minutes avant de s’effondrer. J’espère que vous tiendrez plus longtemps. Il me tarde que mon petit bijou puisse intégrer le marché. Quel dommage que la seule façon de calmer les effets secondaires trop puissants soient les caresses de l’être aimé. Il pousse un long soupir, presque mélancolique. - Enfin, le monde ne pleurera pas le cadavre de deux dévergondés qui s’adonnent à des pratiques immondes et immorales. Mais si je peux éviter d’en avoir plus sur les bras…

    Je ne comprends pas un traître mot à ce qu’il raconte. J’essaie de me concentrer pour réussir à faire bouger les articulations de ma mâchoire. Je dois savoir. Il faut que je lui pose la question, malgré le feu qui coule dans mes veines.

    - Vous avez dit quelque chose ?
    - Ly… Ly…
    - Ly ?
    - Lyf…
    - Oh, ce doit être Madame Daurssel. Ne vous en faites pas, vous allez bientôt la revoir. Jamie ! Viens l’aider à se lever. Je vais aller voir où en est Madame Daurssel et la ramener ici.

    Quelques minutes plus tard, je sens d’autres mains sur moi. On me redresse. J’essaie d’attraper le dénommé Jamie, même si mes mains sont encore liées. C’est lamentable. Je m’étale de tout mon long sur le plancher. J’essaie de me lever, malgré la douleur que je ressens dans mes côtes. Au fond de moi, je ressens une sensation de légèreté et d’allégresse. J’ai envie d’y céder, de ne plus réfléchir et de me laisser transporter par tous ces sentiments positifs qui déferlent. Lorsque je relève la tête, je vois une silhouette féminine devant moi. Je la reconnais, c’est Lyf. Ce doit être l’homme aux yeux verts qui l’a ramenée ici. Un large sourire fend mon visage en deux et je m’approche d’elle.

    - Lyf ! T’es blessé ?
    - Non, je vais bien, rétorque-t-elle aussitôt en se penchant vers moi.

    Je suis si soulagé de la savoir saine et sauve. Elle m’aide à me relever et je n’arrive pas à regarder autre chose que ses deux grands yeux bleus. Comme si j’étais encore sous l’emprise du gaz, je tousse. Les sourcils de Lyf se froncent et je balaie l’air de la main. Tout va bien. En réalité, je ne me suis jamais senti aussi bien. Et si on partait ? L’homme aux yeux verts n’est plus là et il ne nous a rien fait. Je m’apprête à le lui proposer, quand je sens soudain une lame pénétrer la barrière de ma peau et s’enfoncer dans mon estomac. Anéanti par la douleur, je pose mes mains sur mon ventre. Je sens un liquide poisseux sur mes mains. Je n’ose pas regarder. Lyf vient de me planter. Je cherche à comprendre, je la regarde et… Lyf a été remplacée par une autre femme. Elle a d’étranges boucles d’oreilles en verre et, mains sur les hanches, elle me toise.

    - Tu n’es qu’un incapable. Tu as fait de ma vie un enfer. Je te déteste.

    Ce n’est pas la voix de la louve. Je tends la main vers elle. J’ai soif. Et puis, j’ai un couteau dans le bide. J’essaie de le lui dire, malgré les mots horribles qu’elle me jette au visage. Elle explose de rire, un rire malsain et qui me met mal à l’aise. Je vais mourir de soif. Il me faut de l’eau. J’ose pas retirer mes mains de là où elles sont. La femme se penche vers moi. Son visage est encerclé par de longs cheveux blonds, soigneusement entretenus. Je n’ai jamais vu cette personne de toute ma vie. Soudain, elle se métamorphose. C’est désormais un homme, aux traits anguleux et qui porte des lunettes. Il récupère la cigarette qu’il avait dans le bec et esquisse un sourire. Ce sourire est terrifiant. Il jette son mégot sur moi, ce qui imprime une marque de brûlure sur ma joue. J’y remonte instinctivement les doigts de ma dextre. Je ne me rends pas compte que j’ai oublié la douleur à mon ventre.

    - Tu m’as abandonné. T’as toujours été qu’un lâche.

    Le visage de l’homme se transforme une nouvelle fois. C’est encore les traits de la blonde. Enfin, je crois. Cette fois, elle est couverte de bandages. Elle agrippe la lame qui est restée plantée dans mon ventre et la tourne dans tous les sens. La douleur est intenable.

    - Putain crève ! Y’a rien pour toi ici !

    La douleur est telle que je me demande si je ne vais pas tomber dans les pommes, mais ma conscience me l’interdit. J’ai encore une autre figure sous les yeux. Elle porte un masque, je ne vois que ses yeux. J’ai presqu’envie de m’y noyer. J’essaie de me lever pour m’approcher d’elle et toucher son visage. Elle danse. Elle danse si bien. Je suis hypnotisé par son regard.

    La scène fait peine à voir. Nikolaos est au sol. Il tremble, recroquevillé sur lui-même. Il semble sans défense, livré à ses propres démons. Monsieur Green ne retient pas son rire devant la scène et il redouble d’intensité devant l’expression de Lyf. Il se délecte de la scène et ne s’en cache pas. Il pose sa main entre les omoplates de la garde avant de la pousser vers celui qu’il pense être son mari. Nikolaos pousse un hurlement déchirant. Il hurle de douleur.

    - Votre mari n’a pas l’air tout seul dans sa tête. C’est la première fois qu’un de mes sujets de test est en proie à une telle crise. J’ai pourtant baissé la dose, il n’a rien dans le corps quand je le compare au premier…

    Je suis perdu. J’ai essayé de m’approcher de la danseuse mais ma main est passée à travers elle. D’autres figures se pressent autour de moi. Qui sont-ils ? Ils ont l’air si réel, tous ces visages qui ont l’air de me reprocher quelque chose.

    - Essayez donc de le calmer, Madame Daurssel. J’ai autant besoin de lui que de vous pour la journée, vous ne pouvez pas mourir tout de suite.

    Quelle est cette voix ?

    - Je veux… Je veux… Crever…

    Je ne m’entends pas parler. Je ne me rends pas compte que je suis roulé en boule, prostré sur moi-même. Je n’ai plus conscience de mon environnement.

    Quelles que soient les motivations de Monsieur Green, elles ne sont probablement pas innocentes. Il ne rigole plus. Si l’effet de sa drogue sur le brun l’amusait un premier temps, il semble maintenant contrarié. Sa voix trahit une certaine impatience tandis qu’il invective Lyf.

    - Son cœur va s’arrêter ! Il suffit de quelqu’un sachant le calmer pour le sortir de cet état. Dépêchez-vous si vous ne voulez pas qu’il crève entre vos mains. Putain d’catin.

    Il a raison. Nikolaos tremble et commence à essayer de taper son crâne contre le sol. S’il est victime d’hallucinations, elles sont sans pitié avec lui. Quelle est donc cette étrange drogue qui lui a été administrée ?
    Lyf de YllorLunarya
    Lyf de Yllor
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Sam 2 Juil 2022 - 15:44 #
    Les yeux clos, Lyf ne pouvait plus que supposer. Elle sentit le reflux d’air des battants se referment sur elle, elle entendit le grincement du système de lévitation de son brancard s’annuler pour reposer lourdement sur son socle dur. Le souffle de Niko était erratique, court, inquiétant. Elle voulait ouvrir les yeux, comprendre ce qui se passait mais la crainte était aussi grande que l’inquiétude et elle peinait à y faire face. Si elle ouvrait les yeux, si Nikolaos la voyait ainsi, il prendrait peur au mieux. Au pire il comprendrait. Il la dénoncerait sans aucun doute.

    Jusqu’à lors, elle ne lui avait causé que des soucis. Cette nuit - ou plutôt matinée- endormis sur le belvédère, leur avait coûté cher. Peut-être plus à Niko qu’à elle étant donné sa récente arrivée. Et cette mission par la sainte, jamais elle n’aurait pu prédire que tout cela tournerait aussi mal. Si seulement elle avait su, elle aurait refusé de l’emmener. Une excuse, n’importe laquelle aurait fait l’affaire. Mais le corps de la Garde lui-même ne devait s’attendre au guet-apens dans lequel ils venaient de tomber sinon jamais au grand jamais ils n’auraient envoyé un soldat unique ainsi qu’un novice fraîchement arrivé, aussi doué soit-il. Lyf éprouva une vague de colère indescriptible qui fit trembler ses mains alors même que Green détachait ses liens avec lenteurs.

    - Vous pouvez ouvrir les yeux ma jeune dame, je pense que votre ami se fiche bien de votre petit secret.

    Lyf n’aurait pas dû lui faire confiance, ce n’était pas le cas d’ailleurs mais elle pouvait sentir que quelque chose n’allait pas. Le souffle de Niko s’était transformé en gargouillis, en couinements. L’indécision. Planant comme une ombre mortelle au-dessus d’eux. La pièce dégouline de tension, pas seulement la sienne, celle de Green aussi. Alors qu’elle reste allongée sur son lit de pierre, elle peut le sentir se tendre à chaque raclement de gorge de l’homme qui n’est plus qu’un petit garçon terrifié. Par la force de toute sa volonté, elle garde les yeux clos et se lève. Le sol lui donne l’impression de sable mouvant, elle se sent nauséeuse. Ses mains se mettent à chercher un appuis qu’elle trouve le long d’un mur de grès.

    Green a beau se targuer de connaître la Lucis, Lyf comprend vite que ce n’est pas le cas. Il n’a pas conscience des effets dévastateur du manque, de la perte de contrôle, de la douleur qui grandit à chaque instant. Elle en a conscience, elle ne perçoit que trop bien tout ce que son corps ressent, les hurlements silencieux, le tambourinement dans son crâne, sa gorge qui devient du papier verre. Lyf est une bonne garde, c’est un fait, mais les substances lui on permit de se construire, sans elles, elle n’est plus rien.

    L’invective oblige la jeune femme à tourner la tête. Malgré ses yeux clos, elle dévisage son agresseur. Il n’est pas difficile de déceler l’angoisse qui grimpe dans sa voix. Il n’a pas peur pour le jeune homme qui se tord de douleur, il a peur de perdre son expérience.

    “Bouge Lyf , bouge !” Mais son corps refuse d’obtempérer. Elle peut sentir la force de ses jambes l’abandonner, la paralyser. Lentement, à contre-cœur, elle ouvrit les yeux. Le regard de Green ne la trompa pas et il ne lui fut pas nécessaire de se regarder dans un miroir pour savoir que le néant avait pris ses quartiers dans ses yeux. Bouffée de l’intérieur. L’homme grimaça, contourna le lit et attrapa Lyf par l’épaule à s’en faire pâlir les phalanges.

    - Aidez-le. Gronde-t-il, menaçant.

    Mais qu’adviendrait-il de lui après ça ? Si elle n’arrivait pas à le sortir de là, à le calmer ? Après tout, ils n’étaient pas mari et femme, l’amour n’existait pas entre eux et Lyf ne le voulait pas. Elle n’avait jamais voulu de l’amour mais plus que tout aujourd’hui elle aurait aimé qu’il l’aime. Pas pour avoir quelqu’un vers qui se tourner, pas pour sentir la chaleur d’une étreinte, seulement pour savoir au plus profond d’elle que sa présence aurait le moindre effet. Mais Lyf n’était rien pour lui, une amie, une sœur d'armes. Ni une amante, ni une épouse. Et si par miracle elle arrivait à le soulager, que ferait Green de lui après ça ? Elle n’était pas en mesure de les protéger tous les deux, elle n’était même pas sûre de pouvoir assurer sa propre survie.

    La tête de Nikolaos frappa lourdement le sol. Une fois, deux fois. La prise sur son épaule se resserra en réponse, la faisant grimacer. Les yeux de Green étaient résumés à deux fentes d’émeraude qui l’assassinait. Trois fois. Lyf se dégagea de sa poigne avec véhémence, il tint bon quelques instants puis la relâcha.

    - Qu’avez-vous fait… Articula-t-elle d’une voix caverneuse. Ses jambes la portèrent tant bien que mal auprès du garde avant de céder sous son poids.

    C’était un spectacle affligeant. Nikolaos était réduit à une poupée désarticulée, se tortillant sur le sol comme un ver de terre. Son front saignait, son arcade était fendue et il était plus blême comme s'il se présentait déjà aux portes de la mort. L’hystérie se trahissait dans ses prunelles qui semblaient voir un monde au-delà du sien. Lyf glissa maladroitement ses mains autour de son visage, caressa les bords anguleux de sa mâchoire.

    - Niko… Nikolaos. Que dire ? Que faire ? L’entendait-il ?

    Le dos du garde s'arque-bouta en un angle  impossible et un cri de douleur lui échappa.

    - Il faut que tu te réveilles ! Tu vas pas claquer ici ! Abandonnant son visage, ses bras se glissèrent autour de sa poitrine pour le soulever et l’attirer à elle. Il était si lourd et son agitation ne rendait pas la tâche de Lyf plus facile. Elle mit toute sa force à contribution pour le bloquer contre sa poitrine, empêcher ses mains de lacérer son ventre comme si il tentait d’en extraire quelque chose, sa tête de heurter une fois de plus le sol. - S’il te plaît ! Gémit-elle alors qu’il tentait à nouveau de se débattre. - Niko, il faut que tu m’écoutes, Niko ! Sa voix s'était muée en un hurlement. Sa présence de l’aidait pas, elle ne faisait qu'amplifier ses symptômes. Plus son étreinte sur le corps du soldat se faisait grande, plus il tentait de lui échapper.

    Green rôdait autour d’eux comme un vautour. Mi inquiet, mi fasciné.  

    - Vous aviez dit que je l’aiderais ! Vociféra-t-elle en l’enlaçant de plus belle. - Vous aviez dit que ça le calmerait ! Par la déesse, c’était une malédiction. Une putain de malédiction.

    - C’est toujours ce qui s’est produit !

    Mais Nikolaos était comme fou. Ses hurlements étaient devenus des rugissements, son corps se tordait en des angles dangereux que Lyf peinait à refréner et sa bouche écumait comme celle d’un chien fou.

    - Il va mourir ! Ses yeux sombres se tournèrent vers Green. - Aidez le ! Aidez le… Supplia-t-elle alors qu’un sanglot secouait ses épaules par delà éprouvées par les assauts du jeune homme.

    La panique les gagnait tous les deux. Leur ravisseur parce qu’il allait perdre son précieux et dernier cobaye, Lyf parce qu’elle le perdait lui tout simplement. Elle avait beau être une personne désinvolte, égoïste, qui ne se souciait que d’elle, elle n’était pas prête à accepter sa perte. Pas aujourd’hui, pas demain, pas maintenant, peut-être un jour mais pas celui-là.

    Brusquement, une vague de douleur l’envahit à son tour, brûlant sa gorge, déchirant sa poitrine, liquéfiant son estomac. Elle eut tout juste le temps de détourner la tête pour vomir une gerbe de sang qui éclaboussa les chaussures du criminel. Ses yeux ronds remontèrent vers la jeune garde.

    - Le manque provoqué par la Lucis est vraiment fascinant… Ne put-il s’empêcher de commenter avant de reporter son regard vers Nikolaos. - J’aurais peut-être dû vous prendre pour cobaye.

    A cet instant, Lyf comprit que Green ne ferait rien pour son compagnon. Lorsqu’il rendrait son dernier souffle, il l’utiliserait elle au mieux et au pire il s’en débarrasserait purement et simplement.

    L’impuissance tomba comme un couperet sur ses épaules, les obligeant à s’affaisser sous le poids de la réalité. Malgré tout, ses bras étaient toujours hermétiquement clos autour du corps de Nikolaos dont l’âme semblait lui échapper à chaque cris. Lyf se mit à pleurer. Des larmes lourdes de douleurs, de colère, d’aigreur et de chagrin. Elle se sentait si vide, si incapable. Elle aurait voulu entrer dans l’esprit de Nikolaos, aller le chercher et le tirer un peu plus fort vers la lumière dont il s’éloignait un peu plus à chaque seconde. Mais elle était en train d’échouer et son ami de s’en aller un peu plus loin encore dans un endroit d’où Lyf ne pourrait plus jamais l’atteindre. Alors, par toute la stupidité du désespoir, elle plaqua ses lèvres contre les siennes. Pas d’amour, pas de désir, juste une supplique silencieuse, une prière charnelle, une imploration à résister encore.

    Les soubresauts du corps de Nikolaos cessèrent à mesure que sa chaleur infusait dans les lèvres de Lyf, que les larmes coulaient de ses joues aux siennes et bientôt il ne resta plus qu’un corps inerte.  

    - Vous avez réussi… Souffla Green. - Vous l’avez apaisé !

    S’arrachant à la douceur salée du goût de ses propres larmes, elle observa son visage comme endormi. La mort et le sommeil avaient toujours été de proches amis.

    - Niko ? Appela-t-elle. Seul le silence lui répondit. - Nikolaos ! Elle caressa son visage du bout des doigts puis le saisit par les épaules pour le secouer par les épaules. L’angoisse qui s’était tues en même temps que son agonie reprit sa place. - Non… non non non… Niko, hey, Niko ! Elle souleva sa tête qui valdingua lourdement de gauche à droite. Lentement, Lyf sentit sa poitrine se déchirer. Un cri gonfla dans sa gorge, incapable de s’extirper de ses entrailles et son visage tomba lourdement sur la poitrine du soldat. Puis soudain, il éclata dans la pièce, écorchant les oreilles de Green qui recula. Elle serra plus fort encore le corps de Nkolaos contre le sien, comme si s’en détacher serait accepter de le laisser s’en aller.

    - Il n’est pas mort ! Siffla Green.

    Mais Lyf n’écoutait déjà plus. Le vrombissement de colère dans ses oreilles assombrissait son état déjà bien précaire. Derrière ses yeux noirs, son pouvoir se tordait et feulait comme un chat sauvage. Elle avait déjà perdu le contrôle par le passé, plus d’une fois que ce soit à cause de sa jeunesse ou, plus tard, du manque. Mais jamais il ne lui avait paru aussi jouissif de laisser sa colère exploser. Abandonnant aux pierres froides le corps atonique qui gisait sur ses genoux, elle se releva non sans peine. Ses yeux luisants, étaient rivés sur Green qui recula de quelques pas de plus tandis qu’aux côtés de la jeune femme, quatre dagues singulières prenaient leur place. Elle ne voyait plus que cet homme aux grand yeux vert qui venait de les mener à leur perte.

    Lyf était prête à faire chanter ses lames. Green allait danser et probablement de sa dernière danse.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Mer 13 Juil 2022 - 13:34 #
    Il fait noir. Nikolaos n’est plus là. Il a à peine ressenti le contact de Lyf contre lui avant d’être emporté par Lucy. Les lèvres, les mains, le son affolé de la voix de la louve : il ne les a pas ressenti. Il n’y a plus rien. Seulement le néant.

    Christian Green, lui, ne sourit plus. Il a même reculé de quelques pas. La seule chose qui le met encore de bonne humeur, c’est de constater que le brun sur le sol n’est pas mort. Est-ce que c’est le baiser qui l’a ramené à la vie ? Lui qui essaie désespérément de créer une substance qui se démarquera des autres présentes sur le marché, il est peut-être servi avec un tel composé. Il est aussi un homme aux multiples ressources. Alors, même s’il n’en laisse rien paraître avec ses airs d’homme d’affaires, il se met en position de combat pour contrer la droguée. Des lames d’os sortent de ses phalanges et il l'invite à se battre. Lui aussi, il sait faire ça. S’il ne fait pas le poids, il n’est pas seul. Il lui suffit d’un signe de la tête ou d’une absence trop prolongée pour que Jamie intervienne avec d’autres de ses hommes. Il se pense en terrain conquis. Il sous-estime l’effet du manque de la Lucis. Il ne s’est pas rendu compte que la blanche s’est métamorphosée et que son regard a changé d’expression.

    - Elle sort ses griffes. Quelle imbécile vous faites. Savez-vous qui je suis ? Un seul ordre de ma part et je fais de votre vie un enfer.

    Il a décidé de changer de stratégie. Il est essoufflé après avoir essayé de contrer les assauts répétés, énergiques et mortels de Lyf. Alors, même s’il a clairement vu qu’elle est en manque, il essaie de l’attaquer avec des mots, à défaut de savoir correctement utiliser ses griffes à lui.


    J’entends le bruit des lames qui s’entrechoquent à côté de moi. Il y a aussi un rire, des grognements. J’ai mal au crâne et j’ai une douleur aiguë qui transperce encore ma poitrine durant de longues secondes avant de cesser. Que vient-il de se passer ? Ma main tâtonne, ne touche qu’une matière froide et lisse. Qu’est-ce que je fais là ? Il me faut encore quelques secondes supplémentaires pour me souvenir. L’enquête, la garde, Lyf, la chambre, le gaz, la table. La table. J’ai dû tomber. Non. Quelqu’un m’a aidé à me relever et puis… Plus rien. Ma mémoire me fait terriblement défaut au moment où j’ai besoin d’en savoir plus.

    Il est donc temps d’écouter ce que mon corps a à me dire. J’active mes sens. L’ouïe est déjà en marche. La vue. C’est plus compliqué. J’arrive à peine à ouvrir les paupières, une lumière blanche m’agresse. Je lutte pour ne pas les refermer, puis je vois. Une chevelure blanche. Lyf. De dos. Devant elle, un homme aux traits singuliers. Il est beau, c’est indéniable mais il semble en bout de course, épuisé par la rixe. Je me tourne sur le côté, ce qui me fait tousser. Je crache un peu de sang sur le sol, essuie maladroitement ma bouche avec le dos de ma main. Je suis presque à quatre pattes. Aucun des deux ne m’a encore vu.

    Bizarrement, je ne tremble pas et je ne me sens pas spécialement faible. Au contraire, je suis très stable sur mes jambes. La seule chose étrange, c’est que j’ai l’impression que plusieurs charrettes me sont passées dessus et je me sens très fatigué. J’ai aussi un peu la nausée.

    - L… Ly… marmonnais-je très, trop, faiblement pour être entendu par l’un ou l’autre.

    Il faut que je l’aide. Elle se bat comme une furie, certes, mais l’homme a un sourire mauvais plaqué sur ses lèvres et je n’aime pas cette attitude. Je m’apprête à sortir ma dague, avant de me raviser. Je suis un garde, pas un criminel. J’arrête ces derniers, je ne les tue pas ; peu importe leur crime, peu importe ce qu’ils sont sur le point de faire. Je représente la justice. Je dois agir comme tel. Je crois que, dans son acharnement, Lyf a sectionné quelques griffes de l’homme. C’est parfait pour moi. Je profite de la confusion et du chaos générés par le combat pour m’approcher discrètement de l’homme et le prendre par surprise.

    Mon bras autour de sa nuque, je l’entends étouffer une exclamation de surprise. C’est l’instant parfait pour que ma coéquipière en profite et le désarme définitivement. Dans mon autre main, je le menace quand même avec ma dague plantée entre les côtes.

    - Un seul geste, et tu quittes ce monde.

    Ce que je n’ai pas prévu, ce que je ne pouvais pas prévoir, c’est la réaction de Lyf. J’ai à peine relevé les yeux que je remarque son air de foldingue. Elle a l’air malade, elle a une sale tronche. Est-ce que c’est ce Green qui est responsable de son état ? Je sens une colère sourde monter en moi. S’il lui a fait du mal, j’ai envie de le faire payer avec sa propre vie. C’est pour ça que je détourne brièvement le regard de Lyf, pour me calmer et reprendre mes esprits. Je suis un garde. J’agis pour la justice. Je ne tue pas les autres sur un coup de tête. Je suis un garde. Je ne tue pas les autres pour le plaisir. J’agis pour la justice. Je suis la justice.
    Lyf de YllorLunarya
    Lyf de Yllor
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Mer 13 Juil 2022 - 19:17 #
    Lyf écumait. La sueur, le sang, la folie. Chacun d’eux s’évaporaient par les ports de sa peau sans discontinuer. Pareil à une prisonnière, la conscience de la jeune femme s’était recluse dans un coin de son esprit, laissant libre court à son instinct. Un instinct avili, grégaire presque animal. Ses yeux étaient fixés sur Green, qu’elle voyait sans le voir. Elle savait juste au fond de son estomac qu’il lui faisait peur. Elle était terrifiée. Habitée par une émotion qu’elle ne connaissait que trop bien. L’urgence. Tous ses sens lui hurlaient qu’elle était en danger. Et il y avait de la colère. Ô déesse cette haine pure et simple était comme un feu ; capable de tout ravager sur son passage. Elle irradiait dans chacune de ses respirations, dans chacun des mouvements qu’elle effectuait. C’était comme si son corps s’était soudainement embrasé. Où était-ce le manque ? Lyf ne se posait pas la question, tout ce qu’elle savait c’est qu’elle était semblable à un animal blessé, un renard près à se bouffer la jambe pour échapper à ce qui l’attend et recouvrir sa liberté. Mais la garde n’était pas un renard et ses chaînes étaient humaines. Elles portaient même un nom. Si il fallait en passer par là pour s’échapper…

    Elle n’hésita pas un instant et projeta son pouvoir en direction de Green qui esquiva d’une pirouette malhabile. Immédiatement les lames virèrent de bord pour le suivre. Mais son adversaire, bien que loin d’être un combattant, avait suffisamment de détermination et d'orgueil pour lui faire face. Il allongea d’osseuses phalanges au moment où les dagues auraient dû le percuter. Deux furent purement déviées, une brisa l’os et la troisième se planta dans le mur du fond. Lyf les ressentait comme si elle les avait eu en main. Elle rappela les trois premières et extirpa la quatrième du mur. La seconde suivante la muraille de lames s’était reformée, ondulant comme un serpent autour de son visage balayé par la démence de son addiction. L’homme tenta de lui dire quelque chose qu’elle n’entendit pas. Un vrombissement retentissait, implacable, dans ses oreilles. Même ses battements de cœur ne lui parvenaient plus. Sans crier gare, elle attaqua de nouveau. Lyf avaient des années de formation derrière elle et si elle ne pouvait se targuer d’être la meilleure maître-lame qu’ait pu héberger la cité suspendue, elle tirait son épingle du jeu.

    S'ensuivit un tango mortel. Lyf virait, vrillait et se tordait en des angles impossibles pour esquiver les assauts de son adversaire. Il l’a toucha à plusieurs reprises. Entaillant sa joue, déchirant sa chemise de nuit, entamant la peau de ses bras. Elle le lui rendit avec justesse et agressivité jusqu’à ce qu’ils soient à bout de souffle. L’un en face de l’autre. Ses yeux verts la toisait avec tout le dédain qui lui était dû. Elle s’en fichait. Tout ce qu’elle voyait, c’est que sa poitrine se soulevait encore, que ses joues étaient encore rouges, qu’il était en vie et que tant qu’il le serait, elle serait en danger. Lyf fusa à nouveau dans un cri de colère viscérale et le ballet reprit de plus belle. Green peinait, elle le sentait. Encore quelques coups d’estoc et sa tête roulerait sur le sol.

    L’ombre se fondit à la périphérie de sa vision. Elle ne la remarqua pas, si bien qu’elle aurait pu s’en prendre à elle sans qu’elle ne la voit venir. Mais ce ne fut pas le cas. A la place, elle se glissa dans le dos de son assaillant au moment même où Lyf envoyait une nouvelle salve de dague.

    Les lames heurtèrent Green de plein fouet ainsi que l’ombre derrière lui. Les deux gémirent à l’unisson avant de choir sur le sol. Lyf ne rappela qu’une lame. Laissant les trois autres plantées là où elles avaient atterri. Le pas traînant, elle avança jusqu’à se retrouver à ses côtés. Là elle ploya les genoux et alors qu’elle s’apprêtait à frapper une ultime fois, ses yeux en rencontrèrent d’autres. Quelque chose s’agita dans le tréfond de son esprit. Ses yeux se plissèrent, cherchant à reconnaître ce visage familier.

    - Ni..ko ? Articula-t-elle d’une voix enrouée. Mais rapidement les cheveux bruns se mêlèrent à ceux poivres et sel de Green. Ses traits dont elle commençait à se souvenir, devinrent les siens et bientôt elle ne vit plus qu’un jumeau. Ses yeux s’écarquillèrent comme des soucoupes, passant de l’un à l’autre. Sa lame suspendue dans le vide, ne sachant plus où s'abattre.

    Dans son dos la porte s’ouvrit en fracas mais avant que l’intru n’ait le temps de prononcer un mot, un poignard lui transperça  la gorge et il tomba dans un gargouillis de sang et de glaire.

    Tout n’était plus qu’un brouillard insondable. Lyf avait beau les regarder l’un après l’autre, elle ne voyait plus que des traits fluctuants. Tantôt ceux de son ami, tantôt ceux de Green. Elle était parfaitement incapable de les discerner, de faire le bon choix. Elle s’arracha à eux comme une on arrache un pansement et fit volte-face. “Il est mort. Il était mort” hurla-t-elle en son fort intérieur avant de se traîner jusqu’à l’endroit où aurait dû se trouver le corps du garde. Mais elle n’y trouva qu’une vague tâche sanguinolente.

    Elle se prit la tête entre les mains. Par la déesse qu’elle avait mal. Le vrombissement dans ses oreilles s’était transformé en tambour ; garder les yeux ouvert était un véritable supplice. Pourtant, elle se risqua à regarder dans les directions des jumeaux.

    - Je… Je suis désolée Niko… Siffla-t-elle, la mâchoire contractée alors qu’elle éclair de douleur lui fendait les tempes. Si son esprit aliéné visait juste, elle avait dû le toucher lui aussi.

    - Vous feriez mieux d’abattre… Une bête malade… Crachota Green avec véhémence.  
    - Fermez là !

    Green grimaça de douleur avant de laisser échapper un nouveau rire.

    - Oh par pitié ne me traitez pas comme ça Lyf… Nous partageons un secret après tout.

    Le corps de la garde ne fit que se tendre de plus belle.

    - Je vous ai dit de vous taire !

    - Et quel secret monsieur… Il tourna, non sans un grondement souffreteux, la tête vers Nikolaos. - Saviez vous que… Une bulle de sang éclata alors au visage du jeune homme et Green tomba sur lui de tout son poids, ses grands yeux verts débordants de surprise.

    - Je vous ai dit… De vous taire… Murmura Lyf avant de se laisser tomber sur le sol, le cœur au bord des lèvres et aussi blême qu’un mort.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Dim 24 Juil 2022 - 15:45 #
    Je suis la justice. J’ai envie de le faire taire. Je suis la justice. Lyf ne me cache rien, non. Je suis la... Elle est juste malade. Je suis… Et si je l’écoutais ? Je… Mes yeux s’écarquillent sous la violence de l’impact et du choc. Surprise, stupéfaction. Le type vient de rendre son dernier soupir dans mes bras. Je le lâche et c’est l’horreur. Green glisse sur le sol dans un bruit des plus nauséabonds et la louve s’effondre. J’ai du sang sur le visage, les mains et le torse. Pas le temps de savoir si c’est le mien, pas l’occasion de sentir la douleur non plus si c’est le cas. D’un geste vif et précis, je passe le dos de ma main sur mon nez et mes yeux clos pour les essuyer puis je me précipite vers Lyf. Je soulève ses paupières, je tapote ses joues, j’essaie de savoir si elle peut tenir le coup et se relever. Je m’en fous de ce que disait Green. Je m’en fous. C’est Lyf. Peu importe ses secrets, peu importe si ce type mentait ou disait la vérité. Je dois l’aider, elle.

    - Lyf… Viens… Faut qu’on s’barre d’ici… Faut qu’on fasse… L’rapport…

    Je tapote une nouvelle fois ses joues. Je ne l’ai jamais vu aussi mal en point, mais je ne dois pas être de première fraîcheur non plus. J’attrape son bras, je le passe autour de mes épaules, je me relève et je m’arrête. Je pose ma main libre sur mon abdomen, et je vois qu’une tâche rouge s’en échappe. Rapidement, mes doigts prennent une teinte écarlate. Je peste. Je traîne Lyf jusqu’à Green. On va perdre du temps mais je n’ai pas le choix. Je crois bien que les lames dansantes de la louve n’aient eu raison de moi. Je déshabille le macchabée et j’utilise sa chemise pour me faire un bandage de fortune. La blessure ne doit pas être très profonde, sinon je serais probablement déjà mort. J’enfile aussi sa veste, puis je reprends Lyf contre moi. La seule sortie, c’est la porte qu’il y a devant nous. Alors, qu’importe qui il peut y avoir derrière et les bougs qui peuvent nous attendre, on a pas le choix. D’un coup d’épaule, qui me fait grimacer, je l’ouvre et je jette un œil dans la pièce suivante. Un couloir, vide. Notre jour de chance. Je marmonne quelques mots à Lyf, du style : « Tiens bon ! », « Allez m’lâche pas, on va s’sortir de là ! ». Je voudrais pas qu’elle me claque entre les bras.

    Cette pensée me terrifie. Non pas que ce soit l’idée de traîner un cadavre jusqu’à la caserne qui me répugne, mais plutôt que ce soit le sien. Je n’ai pas envie qu’elle crève. Pas ici et certainement pas maintenant. Et j’ai certainement pas le temps de m’attarder davantage sur ce sentiment et cette pensée. Des pas arrivent de la droite et plusieurs voix se font entendre. Au moins trois, peut-être quatre. Faut qu’on se tire, c’est clair, même si elles sont encore loin. Je nous fais partir à gauche. Le couloir est long, entièrement fait de briques épaisses qui étouffent le moindre son venant de l’extérieur. Est-on sous terre ? Sommes-nous toujours au Village Perché ? Quid de l’auberge où nous étions ? J’essaie de ne pas lambiner, de foncer aussi vite qu’on le peut. Que ce soit son état ou le mien, on n’est plus en capacité de se battre et de faire face à des types potentiellement armés jusqu’aux dents ; même si on a eu le meilleur entraînement du Royaume.

    Le corps de Lyf n’est pas trop lourd et il lui reste suffisamment de volonté pour réussir à mettre un pied devant l’autre. On progresse assez vite, même si je ne sais pas du tout où on va. Je n’ai pas mes affaires, aucun objet magique. Je me dis seulement maintenant que j’ai eu une chance inouïe qu’ils ne trouvent pas la dague dans ma bottine. Sûrement parce qu’ils ne s’attendaient pas à ce qu’on fasse autre chose que se procurer un plaisir endiablé dans leurs foutus draps de soie.

    À mesure qu’on progresse, j’essaie d’ouvrir différentes portes. Certaines sont verrouillées, d’autres ne mènent qu’à des cul-de-sac ou des lieux de stockage, jusqu’à ce qu’on atteigne un bureau après une volée de marches. Jackpot. Lyf n’a toujours pas l’air d’aller bien. Je l’emmène jusqu’à l’unique chaise de ce lieu et je la force à s’asseoir. J’attrape ses épaules, je plante mon regard dans le sien et je l’observe attentivement.

    - C’est ton traitement, hein ? T’inquiètes pas, je vais nous faire sortir d’ici et je t’emmène à l’infirmerie.

    Je veille à ce qu’elle ne tombe pas. Elle était si pâle, lorsque je l’ai relevée tout à l’heure et elle le semble encore plus maintenant. Ses yeux ont pris une teinte que je n'avais jamais vu chez personne auparavant. Quelle que soit sa maladie, elle la met dans un sale état. Je me fixe quarante-cinq secondes, pas plus, pour prélever à peu près tous les documents que je peux. Hé, il nous faut bien un peu de chance dans notre misère, non ? Tous les deux au porte de la mort, c’est même pas dit qu’on réussira à sortir de ce trou à rats. Allez Lucy, manifeste-toi, non ? Je fourre les papiers là où j’ai de la place, c’est-à-dire coincé entre mon pantalon et mon ventre -là où je ne saigne pas. C’est lorsque je réussis à coincer le tout que je sens soudain une légère brise caresser mon visage. D’où vient-elle ? Je lève le nez, je regarde à droite, à gauche, en face… Putain, une fenêtre.

    - C’est notre jour de chance ! Viens là toi, on s’taille ! marmonnais-je en me rapprochant de Lyf pour l’attraper une nouvelle fois.

    Ma blessure me lance et ma bouche se contorsionne dans tous les sens pour m’éviter de crier. J’ai tenu jusqu’ici, je peux tenir encore un peu. Tant bien que mal, je nous hisse jusqu’au rebord de la fenêtre pour nous y faire passer tous les deux. Pas le temps de vraiment regarder ce qu’il y avait en-dessous, j’ai cru voir de la végétation. Ma chute me donnera raison. J’atterris sur un tapis de verdure. Je me suis fait mal et j’ose pas regarder la chemise de Green qui est encore plus souillée de sang que quelques secondes plus tôt.

    - Lyf !

    Je me relève pour foncer vers elle. Je l’aide à se relever, j’essaie de la calmer si besoin, puis on se remet en route. Il faut qu’on fonce vers la caserne. Surtout que je viens de capter qu’on est toujours à proximité de l’auberge. On n’est donc pas si loin des Belluaires. Là-haut, le soleil est déjà sur le point de se coucher. Est-ce que c’est toujours la même journée ? Impossible de le savoir. Alors je nous fais avancer, jusqu’à la caserne. Je trébuche plusieurs fois, Lyf devient de plus en plus lourde. Ce n’est pas sa faute, c’est moi qui commence à avoir sérieusement mal. Mon souffle devient de plus en plus court et je sens mon palpitant qui tambourine à fond, prêt à exploser. J’ai soif, j’ai chaud. On n’arrive enfin devant l’infirmerie.

    Je laisse l’infirmière en poste la prendre en charge. On me force à me poser moi aussi sur un lit. Je refuse. Je ne peux pas.

    - Mon… Notre rapport… J’peux pas…
    - T’es bien trop mal en point pour faire quoi que ce soit. Tu te poses ici et tu ne bouges plus.
    - Non… Non… Lyf… Lyf d’abord… Faut la soigner… Argh… bafouillais-je en posant ma main sur ma plaie.
    - On a assez de main pour vous soigner tous les deux et… Niko ! Niko, Niko réveille-toi !

    L’obscurité. Je me souviens simplement avoir aperçu Lyf qu’on essayait d'amener vers un des lits. Je voulais y aller quand mes jambes ont lâché. Désormais, tout est noir. Il n’y a plus rien. C’est encore le néant et, cette fois, je ne me réveille pas.
    Lyf de YllorLunarya
    Lyf de Yllor
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Mer 3 Aoû 2022 - 11:35 #
    Ne restait de Lyf qu’un semblant de conscience. Un soupçon d’elle-même qui se tordait de douleur. Chaque parcelle de peau hurlait sa souffrance, elle percevait chaque centimètre de son épiderme et il était en feu. Elle se sentait comme allongée sur des chardons ardents. Pourtant elle avait l’impression d’être arrachée à son propre corps comme si quelque chose à l’intérieur de son ventre tentait d’avaler ce qu’il restait de son identité. Mais elle se cramponnait. Son esprit était fermement reclus dans un coin de sa tête, ignorant le vrombissement, le déchirement qui n’avait de cesse de la tirailler. Au-delà des braises qui la brûlait, elle sentait la masse d’une épaule, la dureté sous ses pieds. Quelqu’un la portait et elle devait le suivre. Elle ne savait pas pourquoi mais elle devait avancer. Où était-elle ? Que s'était-il passé ? Toutes ces questions n’existaient pas. Mue par le seul pouvoir de son instinct, elle s’obligeait à mettre un pied devant l’autre alors que son seul désir se résumait à mettre un terme à ses souffrances. Déesse que cela lui faisait mal ; elle aurait pu devenir folle si seulement sa détermination n’était pas si farouche.

    Un choc lui coupa la respiration, déjà erratique. Elle ne paniqua pas, elle ne le pouvait pas. Toutes ses forces étaient concentrées en ce morceau de conscience qui tentait péniblement de continuer à exister, à subsister. Elle ne savait trop comment et elle n’était pas en état de chercher des réponses. Elle se raccrocha avec toutes les peines du monde à cette épaule réconfortante qui s’appuyait de nouveau sous son aisselle. A vrai dire, elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle forçait seulement son corps à lui obéir dans la limite de ce qu’elle était en mesure de lui demander. Le temps paru s’étirer. Les minutes duraient des heures, les heures des jours. La caresse du vent dans ses cheveux lui faisait l’effet d’un souffle brûlant alors qu’elle grelottait et qu’une couche de froid semblait flotter autour d’elle. Elle sentait les gouttes de sueurs perler le long de son dos, de ses lèvres, de ses tempes. Ses yeux étaient clos et si lourds, impossible à ouvrir. Mais elle continuait de se mouvoir, uniquement grâce à cette chose qui la soutenait. Puis ce fut le brouhaha, des mots qu’elle ne discernait pas, des mains qui la tinrent fermement. La jeune femme essaya de lutter mais c’était sans espoir, elle était incapable de résister aux poignes qui la maintinrent sur une surface molle. Pourtant elle y mettait du cœur, du moins le croyait-elle car à l’extérieur elle n’était qu’une statue de sel dont les yeux aveugles s’ourlaient de larmes de géhenne. Déesse qu’on en finisse maintenant. Mais rien ne s’arrêta, au contraire. Les mains qui la touchaient lui semblaient incandescentes, le feu repartait de plus belle. Sa bouche s’ouvrit et un gémissement lui échappa. Dans un dernier soupçon de lucidité, elle entendit des voix. Trop de voix, elles tourbillonnaient dans sa tête autant que la pièce dans laquelle se trouvait lorsque la vue lui revint partiellement. Dans un ultime effort, elle dégagea ses geôliers qui hurlèrent en réponse.

    Je dois partir. Je dois le trouver. Je dois partir. Hurla-t-elle sans prononcer aucun mot. Utilisant à son avantage l’effet de surprise qu’elle avait créé en s’agitant subitement, elle obligea son corps à s’extirper du lit, bouscula une personne et passa devant un lit où une autre personne était détenue. Il n’y avait pas de temps à perdre, elle ne pouvait pas prendre le risque de l’aider, elle devait fuir. Maintenant. Son pas titubant devint plus véloce. Elle bifurqua sur la droite, glissa et heurta le mur de plein fouet dans un cri de douleur aiguë. Derrière elle le chahut explosa. Un regard dans son dos lui permit de comprendre qu’ils la poursuivaient. Elle se releva avec toutes les peines du monde et recommença à courir. Elle emprunta l’escalier descendant, tourna à gauche et remonta une volée de marche. Elle choisit de s’engouffrer dans un long couloir qui la mena sur une grande place. L’odeur de la sueur et du sable y étaient impérieuses.

    Le terrain d'entraînement. Souffla sa parcelle de conscience. Oui elle connaissait cet endroit. Aussi bien par logique que par instinct, elle leva les yeux vers le balcon. Il y avait des dizaines de porte mais Lyf n’en vit qu’une. Celle de sa chambre. Ni une ni deux, elle se rua sur les escaliers de bois qui grincèrent dangereusement sous la lourdeur de son pas. La porte n’était plus qu’à quelques mètres, plus qu'un dernier effort et elle serait sauve. Mais quand elle tourna la poignée, le verrou ne céda pas. Elle réessaya avec plus de force mais le résultat fut le même. Un gémissement plaintif lui échappa. Son salut se trouvait juste derrière cette porte.

    Dans son dos, le regard de ceux en train de s'entraîner l’accablait. Les chuchotements s’élevaient doucement. Lyf était au bord de la crise quand une voix s’arrêta à sa hauteur. Le tintement du métal, le déclic du verrou ; la porte s’ouvrit et la soldate pénétra dans son antre en claquant la porte au nez de son sauveur qui ne tenta pas d’entrer. Mieux même, il resta un instant immobile avant que ses pas ne s'éloignent.

    - Où est-il… Où est-il… Ses joues étaient fendues de larmes, son nez coulait et de la salive et du sang ruisselait sur son menton. Elle éparpilla ses effets personnels aux quatre coins de la pièce, fracassant une bouteille de parfum contre le mur au passage. Il n’était pas là. D’un bon, elle se rua sur sa veste, plongeant la main dans la première poche. Rien. Elle hurla son désespoir et sa fureur. Puis enfonça sa dextre dans la seconde poche. Un sentiment de soulagement l'envahit. Ses doigts s’enroulèrent autour du petit flacon rempli de substance noire. Elle était sauvée !

    ***

    Lyf marchait le long du balcon donnant sur la terre battue du terrain d'entraînement. Il était tôt ce matin-là, l’air était frais malgré la douceur de la saison. Ses yeux avaient retrouvé leur bleu azuré et son corps le calme latent qui la caractérisait. D’aucun aurait pu dire que tout était bien qui finissait bien. Mais Lyf n’était aucunement de cet avis. Elle avait tout juste eut le temps de ranger le flacon de Luci avant de perdre connaissance dans sa chambre la veille. Elle s’était réveillée une poignée d’heures plus tard, ligotée à son lit de l’infirmerie. Si elle n’avait pas apprécié cette découverte, elle n’était rien face à l'étendue de la nouvelle qu’elle avait prise juste après. La guérisseuse avait passé au crible l’intégralité de son corps avant de la lui annoncer. Lyf se souvenait sans peine des sentiments qui l’avaient parcouru à cet instant. Chagrin, colère, injustice, rancœur. Envers elle-même avant toutes choses. Les mots de la médecin avaient été comme un ras de marrée qui s’était mit à déborder. Une gifle plus douloureuse qu’un coup de poignard. Parmi toutes les impiété dont elle avait fait preuve, celle là était la pire. Tuer n’était pas une seconde nature chez Lyf, elle avait toujours mis un point d’honneur à l’éviter dès que possible. Pourtant, même si on ne l’avait pas tenue responsable en raison des drogues que lui avait supposément inoculé Green, elle avait parfaitement reconnu la trace de la lame dans le flanc de Nikolaos. Sa lame. Depuis elle s’était murée dans un silence pieux et douloureux. Chacun de ses muscles était animé par la simple colère et un goût de cendre persistait sur sa langue.  

    L’enterrement était prévu deux jours plus tard. Demain. Il avait été demandé à Lyf de se rendre à la morgue pour les derniers préparatifs. Après s’être renseigné, la cause de la mort de Niko étant évidente, aucune dissection n’avait donc eu lieu.

    - Ah soldat De Yllor, je ne vous attendais plus. S’exclama le légiste.

    Lyf fronça le nez en guise de réponse.

    - Oh je sais, je sais, vous étiez proche de ce jeune homme. La perte d’un être cher n’est jamais évidente. Il poussa la porte et un courant d’air glacial caressa les joues de la jeune femme. - Vous savez avec les années, je n’ai plus vraiment conscience de toutes ces choses. Un corps est un corps.

    Lyf comprenait, mais à ses yeux Nikolaos n’était pas juste un corps et le simple fait qu’on pu le traiter ainsi la rendait folle de rage. Mais qui était-elle, si ce n’était sa meurtrière ? Alors ne dit rien et se contenta d’entrer.

    L’homme aux épaules voûtées traversa la pièce et s’approcha d’un brancard. Il tira doucement le drap qui recouvrait le visage. La vision transperça Lyf avec tant de force qu’elle en eut le souffle coupé. Les lèvres de Nikolaos qui étaient autrefois d’un rouge rosé étaient devenues bleues, sa peau était grisonnante et semblait se rétracter aussi bien sur ses dents que sur tout son visage. Ses joues s’étaient creusées de même que le contour de ses yeux et ses cheveux avaient été peignés vers l’arrière puis attachés en un chignon bas.  

    - Comme vous le voyez, le corps a été magnifiquement conservé. Elle hocha la tête, le cœur au bord des lèvres. -  On a dû vous le dire, mais la plaie qui a causé le décès est celle sur son flanc. Ce n’est pas une blessure létale si elle est rapidement prise en charge mais ce pauvre garçon à mit trop de temps à arriver. J’sais même pas comment il a fait pour tout vous dire.

    Incapable de parler, Lyf hocha à nouveau la tête les lèvres pincées. Le chagrin menaçait de déborder.

    - Enfin, en tout cas, la préparation est terminée. Je voulais que vous jetiez un coup d'œil avant qu’on le mette en terre. On m’a dit que c’est vous qui le connaissiez le mieux. Elle agita négativement la tête. Elle n’en savait foutrement rien mais elle était convaincue qu’il avait d’autres amis ici, sans pouvoir en citer aucun. - Bien. Si ce visuel vous convient nous resterons là dessus pour l’enterrement. Je vais vous laisser un moment. Quand vous partez faites moi signe, que je le remette au frais. Puis sans demander son reste mais non sans poser une main amicale sur l’épaule de la jeune femme, le vieil homme quitta la pièce.

    C’est à cet instant que Lyf laissa enfin le flot de ses tourments s’échapper en de grosses larmes qui perlèrent sur joues, dévalèrent son menton pour finir leur course à la naissance de sa gorge. Elle avait l’impression d’étouffer. La peine lui empoignait les entrailles tandis que la colère lui enserrait la gorge. Comment pourrait-elle vivre le restant de ses jours avec ça sur la conscience ? Ses doigts se glissèrent autour de ceux froids et rigides de Niko.

    - Je suis désolée, murmura-t-elle, tellement désolée.

    Elle resserra sa main autour de la sienne, comme si par ce geste elle pouvait lui transmettre sa chaleur et lui donner vie. Elle pria -pour la première fois- ardemment Lucy, d’échanger leur place, de lui redonner une dernière chance. Peu lui importait, pourvu qu’il respire. Mais encore une fois, rien ne se passa. Une dernière fois elle resserra sa main avant de se pencher pour embrasser son front glacial.

    - C’est injuste. Souffla-t-elle. Puis abandonnant sa main, elle fit glisser ses doigts le long de sa joue grisonnante. - Si je pouvais recommencer, je changerais chacun de mes choix depuis le début. Puis elle l’abandonna, tournant les talons après avoir rabattu le drap sur son visage.

    Elle s’apprêtait à quitter la pièce, sa senestre posée sur la porte à battant quand un mouvement la fit tressaillir. Elle fit volte-face. Mais il n’y avait rien. Le corps était toujours immobile sur le brancard. Sans doute le fruit de son imagination, songea-t-elle en se détournant. Cette fois la porte grinça quand elle la poussa mais avant qu’elle ne sorte, ce fut le bruit du tissu qui attira son attention. Elle se retourna une fois de plus et le spectacle la laissa figée.

    - Coulston !

    Un pas traînant se fit entendre.

    - J’vous ai dit de passer dans mon bureau, pas de beugler comme une… Par la sainte…

    Les deux gardes regardaient devant avec des yeux ronds  comme s’ils avaient vu un fantôme. Et à raison ; Nikolaos semblait bien moins mort qu’il ne l’aurait dû l'être.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
    Mer 24 Aoû 2022 - 23:27 #
    J’aimerais dire que je me souviens de quelque chose. Que j’ai pu apercevoir Lucy ou une autre divinité. Que quelqu’un, là-haut, m’a trouvé suffisamment sympathique pour me ramener ici bas. Mais ça serait mentir. Je ne me souviens de rien. Et, avec la migraine que je me coltine en ouvrant les yeux -qui a laissé entrer le soleil dans la pièce ?!-, j’oublie même ce que je faisais avant de tomber dans les pommes. Parce que je suis tombé dans les pommes, hein ? J’ai des doutes, surtout quand je vois la tronche que tire Lyf et l’autre garde. Ouais, Lyf est là visiblement. J’ai mis du temps à les apercevoir, que ma rétine s’habitue à la clarté et que cette sensation de gueule de bois s’amenuise. Ils donnent l’impression que leurs yeux vont sortir de leurs orbites, et j’exagère à peine. J’ai même un peu l’impression que la louve blanche va me sauter dessus mais pas parce qu’elle est contente de voir, plutôt parce qu’elle va me trancher la jugulaire d’un coup net, rapide et précis. Je ne peux quand même pas retenir le rictus qui anime mes lippes lorsque je me redresse, faisant fi de tous ces petits inconvénients dont je suis victime. Ils ont vu un mort ou quoi ? Je m’étire nonchalamment, allant jusqu’à faire craquer les os de ma nuque avant de frotter mes yeux. Plus j’y pense et plus j’ai l’impression d’avoir dormi des heures.

    - Lehnsherr, non ! Tu vas ouvrir ta plaie…

    Je suis blessé ? Je veux inspecter mon corps mais aussitôt l’autre garde s’approche pour le faire à ma place. C’est bizarre, j’ai l’impression qu’il sait exactement où sont mes blessures. Ah mais. Je suis bête. Je suis à l’infirmerie et c’est un médecin de la garde. Tout s’explique. Et Lyf… Boh elle doit juste être mécontente qu’on se soit fait avoir par Green -ça me revient petit à petit. Elle avait de quoi lui en vouloir, même si elle lui a ôté la vie. Je me souviens de ça aussi, ouais. J’essaie de croiser son regard, mais pas facile quand on se fait ausculter en même temps. Mon attention se concentre donc sur le praticien. Coulston, si j’en crois ce qui est écrit sur l’insigne qu’il aborde sur sa veste. Lorsque je me rends compte qu’il porte ce vêtement, mes poils se hérissent et ma peau se pare d’une multitude de frissons. Il fait froid. Bizarre, j’ai souvenir que l’infirmerie était un lieu plus chaleureux que ça. Je sais de quoi je parle, j’y suis allé bien souvent.

    - Mais… Comment est-ce que… Il n’y a plus que…

    Coulston est blanc comme un linge tandis que son regard balaie successivement une cicatrice au niveau de mon abdomen, le visage de Lyf, mon visage et enfin le tissu blanc sur lequel j’étais allongé et qui me rappelle étrangement…

    - Putain ! On a failli perdre un de nos soldats pour une erreur administrative. Je suis vraiment désolé Lehnsherr… On n’a pourtant tout un protocole concernant les admissions lorsque celles-ci concernent quelqu’un déclaré sans pouvoir… Une erreur dans la chaîne… Enfin… En même temps, c’est pas vraiment commun comme pouvoir…

    Il parle vite, très vite mais j’ai le temps d’assimiler plusieurs informations qui ne font pas vraiment sens. Il me manque plusieurs pièces du puzzle. Je croise enfin le regard de Lyf mais ses deux grands yeux bleus ne m’aident pas à y voir plus clair. Coulston s’est ratatiné sur place et il essaie de m’aider à me lever, ce que je fais sans la moindre difficulté mais, avant ça, j’ai besoin de réponses. Je lève le bras, je m’arrête un instant, je regarde où on est et…

    - La morgue. On est dans une putain d’morgue mais quoi ?
    - Il se peut que… La mission avec De Yllor a été compliquée et… L’autopsie disait que t’étais mort. Mais tu l’es pas, haha ! Bon, ne traînons pas, j’ai plein de paperasses à te faire remplir maintenant… A-t-on pas idée de rester mort vingt-quatre heures…

    Une claque dans le dos et je suis contraint de suivre Coulston jusqu’à la sortie. Lorsqu’on passe à côté de Lyf, doutant qu’elle puisse me suivre, j’attrape avec douceur son poignet. Peut-être pour m’assurer que c’est bien elle, ou bien peut-être que je me cherche des prétextes.

    - Tu vas bien ? T’as pu prendre ton médoc ? J’suis…
    - Tu la retrouveras dehors, Lehnsherr. On a pas le temps, là ! Faut que j’aille informer tes supérieurs que t’es r’devenu tout rose !

    Je lâche son poignet, à regret. L’impression que j’ai fait quelque chose de mal dans son regard, même si je ne comprends pas ce que c’est. Sa chevelure blonde presque blanche qui virevolte dans les airs tandis qu’elle prend, elle aussi, le chemin de la sortie, un peu devant nous pour laisser Coulston refermer à clef la pièce. On prend des directions différentes, je n’ai même pas l’occasion de lui dire quoi que ce soit d’autre. Qu’est-ce que je pourrais dire ? Désolé d’être mort encore ? Ce qu’elle ne sait pas, c’est que, dans mon esprit, c’est un tout autre puzzle qui s’assemble. Je fais le lien avec ce qui m’est arrivé, en début d’année, quand je suis sorti de terre. C’était pas lié à un autre. C’était lié à moi, depuis le début.

    J’ai un putain de pouvoir qui me permet de revenir à la vie.

    Je me sens un peu invincible.

    J’arpente les couloirs de la caserne avec un autre regard, je dois dire. Je suis encore tracassé pour Lyf mais je suis sûr que ça passera. Je la rejoindrai quand tout sera réglé. On se racontera la mission -surtout que j’ai oublié pas mal d’événements- et on ira fêter tout ça à la taverne. Il ne peut pas en être autrement. C’est Lyf. Puis elle disparaît pour laisser place entière à ce que je viens de découvrir et à ce qu’on va m’apprendre. Coulston est content pour moi. Est-ce parce qu’il n’a pas à enterrer un autre de ses frères d’armes ? Sa poignée de main, après qu’il m’ait exposé les événements de A à Z, semble sincère et il me gratifie d’une nouvelle tape sur l’épaule.

    - Fais attention à toi, Lehnsherr. Faudrait pas que qu’il te prenne l’envie de prendre des risques inconsidérés parce que, hé, tu vois.
    - Ne t’en fais pas, Coulston. D’ailleurs tu m’as dis que ça avait duré presque une journée, c’est bien ça ?
    - C’est ça. Comme je t’ai dis et montré… Ici (il montre une page d’un imposant dossier), t’as ramené Lyf alors que vous étiez dans un sale état puis t’es juste… Tombé. Ton coeur a arrêté de battre, plus rien ne répondait chez toi. Et tout ça, c’était hier.
    - Je vois. Merci pour les infos.

    Un ange passe avant que je me lance à l’eau. La louve blanche est revenue dans mon esprit.

    - Et Lyf, aucune séquelle de son côté ?
    - Pas que je sache, me répond Coulston.
    - Bien. Merci, réponds-je, soulagé.

    D’autres questions me brûlent les lèvres mais je me contente d’une légère inclinaison de la tête et je montre la pile de feuilles devant nous.

    - Tout est bon pour toi ? Je suppose qu’on doit encore aller voir…
    - Le lieutenant Danvil au minimum, bien sûr.
    - Évidemment.

    S’en suivent d’interminables heures de paperasses diverses et variées. On navigue entre plusieurs bureaux, on croise des têtes importantes. C’est qu’on traîne pas, par ici. On était déjà en train de prévoir la date de mon enterrement. Si j’avais encore des doutes, je peux assurer que nos gars ici sont bien plus qu’efficaces. Jusqu’à ce que je sois enfin libéré.

    Je vais pouvoir aller mettre au clair d’autres affaires.

    Sauf que je ne la retrouverai pas ce soir. La louve blanche venait de devenir fantôme. Insaisissable, que ce soit à la cantine, devant sa chambre, sur le terrain d’entraînement ou devant la taverne que j’aimais appeler « la taverne des Belluaires ». Contrarié, je décide de grimper haut, là-haut, très haut. La meilleure vue du Village Perché pour observer le lever du soleil, je n’avais aucun doute sur ce fait… Si ce n’est que je m’étais lamentablement endormi sitôt que les premiers rayons de l’astre s’étaient pointés. J’essaie d’ignorer les palpitations effrénées de mon cœur. Je m’assois, laissant mes jambes suspendues dans le vide. Mes pieds se balancent mollement tandis que mon regard se porte sur l’horizon. Je n’ai pas envie de regarder derrière moi et d’avoir de faux espoirs.

    Si elle veut, elle sera là.

    J’y crois.

    Mais pourquoi ai-je besoin d’y croire autant ?
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    Re: [St-Val] Cinquante nuances de Green | Nikolaos
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