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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
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    A la croisée des chemins | Hryfin
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
    Informations
    A la croisée des chemins | Hryfin
    Mer 16 Fév 2022 - 18:51 #
    Diane tapota avec force un oreiller, grimaçant sous l’éclair de douleur qui fusilla son épaule endoloris. Elle jeta rageusement le coussin contre la tête de lit et entreprit de mettre le second dans la taie. Cela faisait presque un mois qu’elle n’avait pas prit de nouvelles de Vivianne, qu’elle ne savait pas si cette dernière avait mis la main sur l’alchimiste qui se jouait de la drogue qu’elle avait commencé à créer. Elle n’avait pas osé reparaître dans sa boutique non plus, les souvenirs des derniers évènements, son inefficacité notamment, lui sautait aux yeux. Parfois, aussi, elle entendait les gargouillis qui étaient nés dans la gorge de l’aventurier avant qu’il ne rende l’âme puis c’était le regard inflexible de la jeune femme qui lui revenait. Diane avait mit longtemps à s’en rendre compte, mais elle lui faisait peur et c’était sans doute la première fois qu’elle eut jamais peur de quelqu’un de la cabale. Etonnamment, elle ne l’en appréciait pas moins. Après tout Vivianne avait été la première à soulever le fait qu’elle n’était pas bonne qu’à vendre son corps et était doté d’un potentiel que même elle ne soupçonnait pas. C’était cela qui l’avait le plus tracassé. Elle avait peur que sa vie soit complètement chamboulée.

    - Si tu tapotes tes oreillers avec si peu de force, je comprend mieux que le conseiller Velfram ne t’aimes pas.

    Les cils de Diane papillonnèrent, l’arrachant à ses pensées pour les diriger sur la tête blonde qui se tenait appuyée sur la chambranle de la porte.

    - Il est vrai que le tapotage d’oreiller c’est plutôt ton domaine ! Répondit la brune en haussant les sourcils. - Il ne m’aime pas car il n’a pas bon goût. Pour ponctuer sa phrase elle envoya le coussin droit sur le visage de Rita qui n’eut pas le réflexe de l’éviter.

    - Oh la petite suffisante ! Pesta cette dernière en retour, ramassant son arme puis la levant au-dessus de sa tête avant de se mettre à courir droit sur Diane.

    - N’y compte même pas ! Dans un éclat de rire, elle déguerpit à l’autre bout de la chambre.
    - Vient ici Kala ! On a des comptes à régler !
    - Aucune chance !

    Le visage de Rita avait toujours été enfantin, si Diane n’avait pas connu son âge exact elle lui aurait donné tout juste dix huit ans. Elle respirait naturellement une énergie solaire qui la réchauffait et illuminait les pièces où elle se trouvait. Mais elle pouvait se montrer aussi ardente lorsque ses émotions débordaient, elle n’en restait pas moins une très bonne amie de la danseuse. Ses grands yeux bleus étaient comme un livre ouvert que l’on pouvait déchiffrer sans difficultés aucune et lorsqu’elle y lu de l’affolement, Diane se raidit comme une statue de sel.

    - Vous vous amusez bien ? Siffla une voix dans son dos. Cette scène ne lui rappelait que trop bien celle de l’auberge, sauf que cette fois, lorsqu’elle se tourna, elle ne rencontra pas le carreau d’une arbalète mais le visage grêlé de Velfram. L’une et l’autre s’inclinèrent bassement.

    - Non monsieur. Répondirent-elles en chœur.

    Le pas traînant, le conseiller pénétra dans sa chambre, avisa du lit encore défait et les observa tour à tour avec intensité. Les doigts de Rita se crispèrent sur l’oreiller tandis que Diane pinçait les lèvres tant elle avait envie de rire.

    - Croyez-vous qu’il va se faire tout seul ? Gronda-t-il en désignant les draps d’un air théâtral.

    - Non monsieur. Diane fut la première à s'avancer, elle attrapa la couverture, la tira puis la borda religieusement pendant que de l’autre côté Rita terminait de fermer la taie. Quand elles en eurent terminés, elles le saluèrent et prirent la direction de la sortie en toute hâte. Velfram dégageait une aura qui avait toujours rebuté les deux femmes, la danseuse en particulier. Lorsqu’il entrait dans la même pièce qu'elle, elle avait toujours la sensation que l’air devenait plus pesant et vicié. Son regard porcin courrait toujours sur les femmes de la cours, nobles comme domestiques, comme une bête morte de faim, elle l’avait vu faire plus d’une fois. Il dégageait une constante odeur de sueur et de tabac et pour couronner le tout dès que les beaux jours venaient il passait son temps à tamponner son front ridé avec un chiffon qu’il prenait grand plaisir à donner à Diane pour qu’elle le nettoie.

    - Kala, Rita ? Les deux pivotèrent à contre cœur, se lançant un regard interrogateur. - Si prochaine fois il y a, vous pouvez dire adieu à vos postes.

    Elles nepipèrent mot et quittèrent la chambre sans un bruit.

    ***

    - Si je le retrouvais en feu dans un caniveau et que j’avais un verre d’eau, je le boirais ! Éclata Rita lorsqu’elles arrivèrent aux portes du palais.

    - Si tu continues de parler aussi fort, les gardes royaux te jetteront au cachot. Lui répondit Diane en pouffant, emmitouflée dans un long châle noir qui couvrait en grande partie sa robe en laine. Elle la détestait particulièrement non seulement à cause de sa couleur d’un vieux gris usé mais également parce que la matière la grattait toujours atrocement. - On ferait mieux de rentrer de toute façon c’est une cause perdue. Erald ne va pas tarder à arriv… Inattentive, elle heurta de plein fouet un bras qui lui écrasa copieusement le nez.  - Nom d’un gloot ! Pesta-t-elle. - Vous pouvez pas… Quand ses yeux se levèrent pour faire face à l’inconnu et qu’elle tomba sur une épaule qui l’obligea à relever la tête, une étrange sensation de déjà vu l’assaillit. Si bien qu’elle en resta bouche bée.

    Rita n’était pas plus vaillante, elle étira son cou de manière parfaitement inconfortable pour regarder celui qui avait barré la route à son amie. Contrairement à Diane, elle le reconnu immédiatement et il n’en fallut pas plus pour la faire sortir de ses gonds.

    - Oh par la déesse ! Il ne manquait plus que lui !

    La danseuse lui lança un regard en coin en se frottant le nez, laissant son esprit rassembler les souvenirs de cet homme. Une danse au fond d’une taverne, des rires échangés, des verres, une bagarre et des étreintes. Diane fut bien en peine de retenir le frisson qui parcourut sa colonne vertébrale pour aller mourir sur sa nuque.

    - Henry… Non… Finn… Marmonna-t-elle dans sa barbe sans que ses yeux ne perdent de vue le grand homme.  

    A ses côtés, Rita n’en démordait pas, elle entendait bien lui passer un savon. Il était indéniable que c’était une petite femme à la rancune tenace.

    - Oh croyez pas qu’j’ai oublié notre rencontre ! A cause de vous Kala a bien failli se faire refaire le portrait ! Vous êtes un goujat et un rustre ! Pas l’ombre d’une éducation ! C’est bien le naturel des gardes ça ! Et tandis qu’elle s’apprêtait à lui shooter dans le tibia, alors qu’elle ne lui arrivait qu’aux pectoraux -et encore-, son compagnon, Erald, l’attrapa nonchalamment par l'arrière du col.

    - J’arrive à point nommé. Rebonjour l’ami. Bonjour Kala.
    - Bonjour. Lui répondit-elle, distraite, encore occupée à retrouver le prénom qu’elle cherchait.
    - On doit rentrer, je vous souhaite une bonne soirée. Et pendant qu’il l’entrainait de force derrière lui, Rita poursuivit sa litanie de vulgarités en tout genre.

    - Henry-Finn ! S’écria Diane. - Comment allez… Vas-tu.. ? Ses derniers mots furent l’équivalent d’un gargouillis inaudible. Devait-elle le vouvoyer ? Le tutoyer ? Ils s’étaient quitté dans un sourire mais cela faisait un an presque tout pile que leurs chemins ne s’étaient pas croisés et tout bien réfléchit, elle ne fut pas certaine que ce soit une bonne chose. Pourtant elle était ravie. Souriante, elle attendit patiemment.
    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
    Informations
    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Sam 26 Fév 2022 - 20:54 #
    '' Tu signes là... '' Sa plume gratta le papier dans l'intimité du bureau. '' Là...Et là. Et on est tout bon. ''

    Emeor n'avait jamais été aussi bienveillant que depuis qu'il avait appris le départ de Hryfin. C'est vrai, à quoi bon s'en prendre à quelqu'un qui avait déjà son opinion toute tranchée ? Cela n'avait pas empêché ce dernier de convoquer l'ancien garde royal, car il y avait encore de la paperasse à remplir, certaines choses à restituer, mauvaise habitude, cerveau en gruyère, l'hippogriffe avait facilement tendance à oublier les choses, des triviales aux plus importantes, d'où il a bien pu mettre sa saleté d'épée à devoir officialiser sur papier le bon déroulement des entretiens, avec son supérieur direct et son capitaine. Si Arthorais n'avait rien affiché de particulier, se contentant de souhaiter courage et bonne continuation à son subalterne, Emeor, lui, avait déjà un peu plus communiqué avec le grand, chose à laquelle il ne s'attendait pas du tout, surtout qu'il comptait visiblement bien poursuivre.

    '' C'est bête que tu partes, Hryfin. Ou dois-je t'appeler lieutenant Danvil ? ''

    '' Pas b'soin d'être si formels entre nous, adjudant. ''

    '' Quand même. J'arrive à comprendre que le poste qui t'ait été confié t'a attiré. La belle vie au village perché...Si on aime la verdure. Tu t'attendais sans doutes à pouvoir évoluer ici. C'est...Pas mal bouché. '' Il se gratta le menton, comme s'il se demandait si cette excuse était légitime. '' En tout cas, sache que si j'ai été si dur avec vous tous, c'est justement pour vous former au mieux, mais bordel Hryfin, essaye de pas trop te casser les dents, ça la foutrait mal pour la royale et pour moi ! ''

    Le brun opina du chef en silence. Pour les former au mieux ? Les réveils à pas d'heure, les assignations horribles, les missions monotones, les tours de terrain, les un contre un dans une arène minuscule, c'est ça, les former au mieux ? Aucune raison de lui en vouloir, il fait avec les moyens du bord et son enseignement était très ancienne école, loin de toutes ces méthodes douces qui étaient parfois appliquées dans la régulière. Du coup, pour ce qui est de se casser les dents, niveau physique, il fait plus que suivre la cadence, puisqu'en tant que supérieur, il l'applique, et dans l'immédiat, peu de recrues peuvent se vanter d'être ne serais-ce que proche du niveau de leur nouveau supérieur, même s'il reste des nouveaux...Des plus intéressants. Sa bataille principale se tenait envers ses capacités à retenir des noms, des visages, des listes ; rédiger et lire des rapports, et en fait, tout ce qu'Emeor faisait pour eux en vrai, les coulisses qu'on n'apprend pas forcément au premier garde venu, après tout, la plupart resterons à leur basse situation.

    '' Ça fait bizarre, de pas te voir en armure, encore moins dans celle de notre régiment. Tu te plais, au moins, là bas ? ''

    A chaque fois qu'on évoque ce terme de ''là bas'', l'esprit du jeune lieutenant divague, car c'est le terme qu'il utilise à chaque fois pour définir le désert volant, rangeant bien consciencieusement tous les événements survenus là haut dans cette case. D'un coup, sans se faire plus durs, ses traits se firent plus neutre, il perdit ce léger pétillement idiot et innocent qu'il avait dans les yeux, son sourire s'effaça. Similaire à lui sur bien des points, ce n'est pas un retournement qui fera tiquer Emeor, et pour le coup, tant mieux.

    '' Honnêtement ? Ouais. Ca m'manque ptet un peu, d'avoir ma maison, mais la chambre que j'ai là bas est top quali, et les gens sont bien différents de la capitale t'vois ? Ils font moins la gueule, l'air est plus...Pur ? Ouais, franchement c'est cool. ''

    '' Au moins heureux d'apprendre ça. '' La chaise de l'adjudant racla bruyamment sur le sol alors qu'il s'en extirpa pour se lever, tendre une main à son ancien soldat. '' Car je suis sur qu'on se reverra, je préfère te dire à bientôt plutôt qu'au revoir. ''

    Sans dire un mot de plus, Ryf se leva également, saisit la main de son ancien supérieur pour la serrer avec autant d'ardeur qu'il en mettait en face ; c'est à dire beaucoup trop pour que ce ne soit pas un concours de ''qui à la plus grosse, de poigne''. S'en suivit un salut de garde de la part d'Emeor, celui de la royale, Hryfin effectuant l'autre, plus par habitude non perdue qu'autre chose, et ce sera bien la première fois que l'autre n'aura pas à le reprendre. S'en suivit juste le bruit des pas de Hryfin, qui quitta d'abord la pièce, puis la caserne, dans ce qu'il peut de discrétion, aucune envie de tomber sur un ancien camarade, ou pire, son ex. Ce serait terrible, pour lui, pour elle, pour tous les autres autour, aucun ne voulant lâcher son bout de gras, les deux pensant avoir terriblement raison. Avant de rentrer, par nostalgie, ce serait bien de passer au palais. De sa première ronde avec Lunarya aux heures passées à observer la porte et les murs qu'il connaît par cœur, de nombreux souvenirs traînaient là bas. Qui sait, peut-être remplaceront-ils les plus récents ?

    ***

    L'endroit n'avait pas changé, et heureusement, ça faisait à peine quelques semaines qu'il était parti hein. Imaginez, le pauvre simple garde royal Danvil se barre, la barrière magique tombe, la capitale est à feu et à sang ? Non, il n'a jamais eu autant d'importance. Espérons qu'il puisse porter ses connaissances ailleurs. Rêveur, toujours un peu la mort dans l'âme des réminiscences de sa dernière expédition, il était littéralement rentré dans quelqu'un. Qui ne semblait pas en prendre ombrage plus que cela, puisqu'un simple ''s'cusez moi'' semblait avoir suffit, aucun scandale, aucune esclandre, Hryfin prêt à reprendre sa route et-

    Oh, regardez ça, un scandale, une esclandre.

    Jetant prestement à la Luisante son projet de contourner tranquillement la, non, les personnes importunées, comme toujours, il eut à baisser le regard pour observer les deux demoiselles. Si l'une, la touchée, semblait en pleine réflexion en le détaillant, l'autre, la témoin, engraina rapidement notre hippogriffe national, telle une capyblabla en colère, une vraie furie qui semblait prête à joindre les paroles aux actes, sans doutes qu'elle ferait des dégâts considérables si ces petits poings arrivaient à l'atteindre. De toutes façons, cette tirade, il l'avait royalement ignorée, puisque lui même, essayait de se rappeler où il avait bien pu avoir déjà croisé ces gens qui semblaient l'avoir reconnu. Ah, c'est être lieutenant ça, la rançon de la gloire – ou pas.

    C'est l'intervention d'un homme, retenant sa caniche d'amie – peut-être? - qui le ramena un peu les pieds sur terre, saluant timidement au passage son grand sauveur de la journée. Donc, quel prénom avait-il utilisé ? Kala ? Non, ça devait être Kahlua. Mais Kahlua, c'était pas une gamine ? Elle avait pas les cheveux bleu ? C'était pas récemment qu'il l'avait vue ? Et surtout, ses cheveux étaient pas bleu ? Ah, ça, il y a déjà pensé. Pourtant, cette femme qui se tient devant lui, c'était à la taverne qu'il l'avait croisée-

    Flash.

    Des verres.

    Des danses.

    Trent.

    Elle. Kala, donc.

    Reconnu avant d'avoir pu ouvrir la bouche, elle avait copieusement écorché son prénom, pas de quoi se vexer, puisque même au sein de la garde royale ; de la régulière ; et toujours maintenant, au village perché, les gens ont du mal avec cette sonorité qu'il n'aurait jamais imaginée si spéciale. L'hésitation dont elle avait fait preuve l'amusa légèrement, si bien qu'il profita de ce quiproquo sur son nom couplé à cette maladresse pour laisser transparaître un léger sourire, tant réel que faux, traînant encore ses pensées telle une valise trop lourde. Eh, pas comme si elle le remarquerait, hein ? A part une nuit mouvementée, ils n'ont pas tant partagé, ça fait bien quoi, un an ? Il venait à peine d'intégrer la garde royale. Là, il vient à peine d'intégrer le village perché. S'il le faut, il la recroisera dans un an, et il sera le prochain roi d'Aryon ? Il ricana.

    '' Alors, bien tenté hein, mais tu peux oublier le ''Hen'' hein. C'est Hryfin. Ri-fine. Moi au moins jme rappelle de toi, Ka-la. '' Il se gratta l'arrière de la tête. '' Bon, j'ai ptet triché en entendant ton pote t'appeler comme ça. '' Il faisait place à un visage des plus perplexe. Oh, oui, c'est vrai, lui ne s'encombre jamais de conventions, au moins quelque chose qui reste en place. '' Honnêtement, jpenses qu'on peut se tutoyer, après tout... '' Il pointa grossièrement vers Kala. '' Jsais ce qui s'cache là dessous, même si...La mémoire est un peu floue. Bref, ouais, ça va pas mal ! 'fait longtemps que j't'ai pas vue ! En même temps, jsuis plus à la capitale, jvenais juste voir Emeor là, j'avais des trucs à régler avant d'repartir. ''

    Vraiment en train de parler comme si elle pouvait tout comprendre et savait pertinemment tout de sa vie ? Oui, totalement. Il est du genre à parler avec les gens comme si le temps n'était pas passé, les conventions sociales veulent cependant qu'on prenne des nouvelles, c'est pas lui qui le dit, c'est écrit dans son livre, ''Parler aux autres pour les nuls''.

    '' Toi alors ? Toujours à traîner dans les tavernes les plus éloignées ? OH, ouais, c'est vrai ! Tu danses toujours j'espère ? S'tait sacrément impressionnant ! De...Mémoire ? Qui est...Pas si folle. ''

    Quiconque l'a déjà fréquenté réussirait à reconnaître qu'il surjoue légèrement son enthousiasme habituel. Eh. Ça fait un an. Il devrait être à l'abri.
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
    Informations
    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Mer 2 Mar 2022 - 21:12 #
    “Hryfin ! C’est ça !” s'empressa de s’écrier sa conscience, extatique. Déesse qu’elle détestait oublier les prénoms. Non pas qu’il eut une grande influence sur le cours de sa vie, dès le lendemain ils étaient redevenus d’humbles inconnus et ne s'étaient jamais recroisés. Pendant le mois qui avait suivit Diane s’était amusée, parfois, à suivre ses mouvements. Elle n’avait rien appris de très intéressant si ce n’était qu’il était capable de rester des heures durant complètement immobile tel une colonne de marbre. Elle avait également prit grand soin de ne pas croiser son chemin, ses pas ne la menaient que rarement dans les quartiers de la haute noblesse ou dans les appartements royaux, toutefois il était arrivée qu’il y aille et dans ces moments là elle avait ardemment prié pour ne pas le rencontrer. Qu’aurait-elle eu à lui dire ? Si ce n’est qu’elle ne souhaitait pas le revoir. La nuit qu’ils avaient partagés était longuement restée ancrée dans son esprit mais Diane n’était pas femme à marier et si elle savait que les gardes se faisaient un plaisir de jouir de sa compagnie de façon éphémère, elle aurait été bien mal lotie que celui-ci veuille la revoir. Par chance, elle avait fini par constater que lui non plus n’avait pas cherché à la recroiser. Auquel cas il aurait pu lui mettre la main dessus sans difficultés.

    L’eau avait coulé sous les ponts, les lunes filants, son intérêt pour lui avait fini par s’évaporer. Le croiser aujourd’hui ne lui posait aucun problème, l’un comme l’autre n’attendait rien et c’était très bien ainsi. Elle devait tout de même admettre que si son nez avait pu être épargné, elle n’aurait pas été contre. Sur le point de sourire, elle se ravisa bien vite lorsqu’il la pointa du doigt. Ses sourcils se froncèrent. Alors comme ça, ses souvenirs étaient flous ? N’avait-elle pas marqué suffisamment son esprit ? C’était bien la première fois que quelqu’un prétendait ne pas se souvenir en détail du vallon de ses formes et son égo en prenait un sacré coup. Pourtant elle n’en dit rien, et se contenta de le fusiller du regard tandis qu’il poursuivait.

    Diane manqua de s’étouffer lorsqu’il lui parla des tavernes. Avait-elle l’air d’une débauchée ? Il ne manquait plus qu’il lui demande si elle faisait entrer dans sa couche la moitié des gardes du palais et il ferait un carton plein. Dans un sens il n’aurait pas complètement tort, mais ça, elle ne tenait pas à le lui dire. Si Hryfin l’ignorait encore -et toujours, souhaita-t-elle - Diane n’avait pas chômée durant cette longue année. Elle avait au début délaissée les affres de luxure du cabaret pour lancer ses toiles au delà des frontières de la capitale, dans le septentrion, là où la cabale l’avait envoyée. Mais rapidement, ceux qui lui avait offert un semblant de liberté, l'avaient remise en cage. Bon gré malgré, elle avait repris la place qui était la sienne ; celle de la putain la mieux côté du plus riche des établissements de plaisir. La danse avait quelque peu été mise de côté pendant ce temps, notamment à cause de sa blessure à l’épaule qui lui valait encore des douleurs lancinantes. Une ombre passa dans le tréfond de ses prunelles puis s'estompa pour laisser place aux lacs d’or habituels.

    - Il faut croire que quitter la Capitale t’as rendu plus goujat que dans mes souvenirs. Grommela-t-elle. Ses bras, qu’elle avait croisés par frustration, retombèrent le long de sa tunique grisonnante et elle contourna le soldat pour marcher vers les grandes portes. - Ramène toi Henry-Finn, on va raviver ta mémoire crasseuse. Si son ton était grinçant, sa demande était réelle. Elle ne tenait pas à entretenir une conversation quelle qu’elle fût dans l’entrée du château, elle préférait encore flâner dans les rues.  Lorsqu’elle fut certaine qu’il lui avait emboîté le pas, elle poursuivit. - Pour ta gouverne je ne “traîne pas dans les tavernes les plus éloignées”, je sors parfois avec mes amis. Ça s'appelle la S-O-C-I-A-L-I-S-A-T-I-O-N au cas où tu l'ignorais. Diane était vexée, c’est le moins que l’on puisse dire. Ils entamèrent la descente des marches. Le vent frais de la saison printanière soufflait doucement, emmenant avec lui les odeurs douces d’épices et de fleurs qui émanaient des étales que les marchands n’avaient pas encore rangés. - Je danse toujours, je n’ai jamais arrêté. Enfin seulement quelques temps à cause d’une vilaine blessure mais rien de dramatique. Sans trop savoir où elle allait, elle bifurqua sur la droite.

    Cette partie de la ville était la préféré de Diane, de chaque côté de la route pavée de brique blanche et grise, se dressaient maisons et manoirs, imposant leur prestance à quiconque daignait lever le nez. Le ciel tout en camaïeu de rose et de violet faisait parfois une percée entre les toits. La population y était riche mais pas moins joviale. Quand elle se promenait ici elle avait tendance à oublier qu’un peu plus au nord, de part et d’autres des remparts, il existait un monde bien moins reluisant ; celui dans lequel elle était née et où elle avait passé les premières années de sa vie.

    - Et toi alors ? Tu as dit que tu avais quitté la capitale ? Où vas-tu ? Son visage s’était détendu, ses traits sereins parcouraient les environs sans que jamais ses yeux ne se posent réellement sur quelque chose en particulier. Lorsqu’elle s’en rendit compte, elle pinça le nez, prit un air faussement méprisant et ajouta : - Non pas que ça m’intéresse. Mais je suis curieuse de savoir ce qui a fait fuir le grand Hryfin Danvil. Les tavernes n’étaient plus assez à ton goût ? Ou les danseuses peut-être ? Son air se fit malicieux lorsqu’elle lui lança une œillade mutine. “Ca t’apprendra” persifla son esprit alors qu’un demi-sourire soulevait le coin de ses lèvres. Quoi qu’elle en dise, il lui semblait agréable de croiser à nouveau la route du soldat.

    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Mar 15 Mar 2022 - 12:06 #
    '' Hryfin. Ri-fine. Ma mémoire est ptet crasseuse, mais au moins, elle tient plus de trente secondes. ''

    C'est vrai quoi, pourquoi tant de gens avaient du mal à ancrer son prénom dans leur mémoire ? Ce n'est pas difficile que ça ! Bon, le prononcer avec une loche de pain dans la bouche peut mener à un étouffement certain, quelle idée qu'on eue ses parents à faire commencer son prénom par une telle consonance ! Tout est de leur faute alors ? Après tout, Béryl et Dovan ne sont pas du genre imprononçables, pourquoi c'était à lui d'hériter du patronyme à coucher dehors ? Sur que le jour où il retournerait les voir au grand port, il y aurait des explications à donner. Loin d'être un chien chien obéissant, il suivit tout de même Kala en dehors, après tout, c'était là déjà sa destination de base. Il ne pensait pas avoir à rester plus longtemps que ça dans la capitale, ses plans venaient potentiellement de changer du tout au tout, était-ce un mal tout bien considéré ? Il avait passé des grandes années de sa vie ici, la capitale méritait peut-être plus qu'une simple visite de courtoisie.

    Il rit quand elle évoqua que sortir avec ses amis, c'est de la socialisation -merci de l'avoir si bien épelé, il ne l'aurait pas compris autrement, non, quand même pas, il n'est pas si débile, mais merci de l'effort-, c'est elle qui doit manquer de mémoire, car leur dernière rencontre prouvait qu'il était loin d'être le dernier à se sociabiliser en taverne, entre amis, même si dans la garde, la notion d'ami peut aussi vouloir dire ''se mettre sur la gueule en plein milieu de l'édifice pour quelques mots de travers et quelques grammes dans le sang''. Malgré la faible inquiétude et incompréhension quant à la blessure de Kala -comment une petite femme comme ça peut se faire embrigader dans des histoires telles qu'elle finirait blessée?-, ses pas continuaient à battre le pavé aux côtés des siens. Un endroit friqué qu'il ne connaissait que trop bien, en tant qu'ancien garde royal, si bien que baisser les yeux devant le peu d'entre eux qu'ils croisaient ou croiseraient serait inutile ; il est reconnaissable à des dizaines de mètres. Pas trop la bienvenue dans le coin, on dirait. Imaginons que son ex et son ancienne amie se sont bien occupées de son cas, à la caserne, le faisant passer pour le plus grand fuyard de sa génération. Dérangé ? Pas le moins du monde, si bien que répondre à la danseuse était des plus faciles.

    '' Oh, ouais. J'me suis barré de la garde royale. C'était...Hm, bouché ? En tout cas, on m'a proposé un bon truc, une bonne place, une petite augmentation en fait. '' Vu qu'il peine à trouver ses mots, il a tendance à répéter la même chose, d'une manière quelque peu différente à chaque fois. '' Du coup maintenant j'suis lieutenant, mais au village perché. Jsuis pas en poste d'puis bien longtemps, mais franchement, s'bien sympa comme endroit ! Tu l'as déjà visité ou pas au moins ? Ou t'es grave coincée à la capitale ? ''

    Oui, elle avait bien mis l'emphase sur le fait qu'elle en avait relativement rien à carrer, de sa vie, mais il est sympa et pas très affûté, donc il parle. Pas son genre normalement, mais là, il la connaît, et y a du temps à rattraper. Faut dire que la dernière fois, ils n'avaient passé que quoi, vingt-cinq pourcent de leur temps ensemble sobre, le reste sous influence ? La pique sur les tavernes et les danseuses n'était elle, par contre, pas tombée dans les oreilles d'un sourd, mais avait laissé place à un blanc lancinant, ne laissant plus qu'entendre les discussions entremêlées des passants, les cris divers et variés et tous les sons qui caractérisent si bien la vie à la capitale, sorte de brouhaha incessant résultant d'une ville qui ne dort jamais. Bien différent du village perché, où la nuit est au final si paisible.

    '' En vrai, qu'ce soit au village perché, au grand port, et à la capitale, les tavernes, bah s'les même. Y'en a juste plus ici. Tu sais ce qu'on dit, ''là ou y'a des gardes, y'a d'quoi boire''. Ou un truc du genre m'semble, j'sais plus. Les danseuses par contre, ouais j'ai eu l'occasion d'en croiser ptet deux trois là bas, elles m'ont fait penser à toi, mais en moins bonnes. ''

    Candeur franche et directe, il le pensait vraiment. Après, parlait-il purement de l'art de la danse, ou aussi du physique de ces dames... ? Cela sera laissé à interprétation. Aucune idée de s'il avait gêné la jeune femme ou s'il l'avait rendue sans voix, mais elle ne répondit pas dans l'immédiat. Et en vrai, aussi peu empathique qu'il soit, marcher comme ça, à côté de quelqu'un, dans un milieu qu'on n'apprécie pas forcément et où l'on ne se sent plus foncièrement à sa place, c'est genre...Comment on dit, déjà ? Ah, oui.

    C'est gênant.

    Le temps qu'il signe ses paperasses et parle un peu à tout le monde, le temps avait passé, si bien que là, c'était quoi, fin d'après-midi début de soirée ? Soit dit au passage, le genre d'heure où il allait commencer à faire soif, et bien rapidement, commencer à faire faim. Il pensait rentrer tranquillement après, enfin acheter son pass de téléportation, car les aller retour en cheval, ça commence vraiment à bien faire. Là, il allait se faire trop tard, donc autant rester sur place. Après tout, Lyriss doit encore être, comme d'habitude, complètement à l'autre bout du pays en train de faire Arthorias-sait-quoi. Et la clé de secours doit toujours être planquée sous le pot de fleur. Celui où y'a pas de fleurs. Et aucun autre pot. Ouais, c'est suspicieux, faut penser à changer de planque un jour.

    '' Eh, t'sais quoi ? Imaginons, j'ai pas passé plus de dix ans à la capitale, jsuis un bourru qui vient tout droit de genre, allez, au hasard, la for'tresse, et qui voudrait trouver, dans l'coin, un endroit sympa pour payer un verre et pourquoi pas un repas à une ptite dame ; on irait où ? ''

    C'était fin ? Ouais, fin et délicat, sans l'ombre d'un doute.
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Mar 22 Mar 2022 - 11:11 #
    La garde royale. Ces simples mots avaient toujours eu le don de hérisser le poil de Diane. Si elle était incapable d’apprécier les membres de l’armée Aryonniennes, elle faisait exception pour certains de ces membres. Hryfin était le second. Cependant elle ne put s'empêcher de lancer un regard suspicieux dans sa direction. Depuis quand la royale était-elle bouchée ? Aux dernières nouvelles il s’agissait des rangs cherchant le plus de soupirants. Après tout, leurs élus ne courraient pas les rues et pour cause ; il fallait à la fois exceller dans son domaine qu’il fût l’épée, la lance ou tout autres techniques visant à défendre mais il fallait également supporter Arthorias et cela, d’après Diane, relevait de l’exploit. Ils ne s’étaient pas croisés très souvent mais elle avait rapidement décelé chez lui l’équivalent d’un tronc d’arbre profondément enfoncé dans les tréfonds de son anatomie, théorie qui avait toutefois été démontée par les rumeurs concernant sa multitude de conquêtes. N’ayant rien vu qui puisse corroborer ces ragots, Diane avait simplement décrété qu’elle n’aimait pas le capitaine. Toutefois, si ce que l’on racontait était vrai, Hryfin manquait sans doute d’une poitrine rebondie pour parvenir à ses fins. Un rire s’étrangla dans sa gorge et elle fut prise d’une légère quinte de toux.

    Le jeune homme avait donc décidé de poser ses bagages au Village Perché. La danseuse n’y avait jamais mis les pieds, pas plus qu’au Grand Port. A vrai dire, jusqu’à son dernier voyage, elle n’avait jamais dépassés les plaines herbeuses qui entouraient la capitale et cela ne lui avait pas laissé un souvenir très encourageant. Après avoir croisé un marche-brume qui avait manqué de les éviscérer, elle et Fauve, s’étaient rendu dans une auberge où sévissait un monstre des plus cauchemardesques. Elle avait ensuite été confrontée au froid glacial du septentrion avant que son corps ne décide de lui arracher les entrailles une bonne fois pour toutes.  Si elle avait toujours espéré voyager, découvrir l'entièreté du royaume dans lequel elle vivait, sa dernière escapade l’avait légèrement refroidit.

    Leur conversation atteignit son apothéose lorsqu’il aborda le sujet des danseuses. Diane l’aurait volontiers étouffé à l’aide d’une étoffe ou en lui enfonçant dans le gosier quelques morceaux de laine de sa tunique, s’il ne dépassait pas les deux mètres, à la place elle s’arrêta de marcher et se campa devant lui, les poings vissés sur les hanches comme si cela pouvait lui donner l’air plus impressionnant.

    - Comment peuvent-elles faire penser à moi si elles sont médiocres ! Je suis la meilleure dans… Danseuse de la capitale. Aurait-elle ajouté si sa conscience ne lui avait pas prestement intimé de se taire. - Alors comme ça on pensait à moi ? Une pirouette joliment effectuée, détournement de sujet impromptu mais qui lui éviterait une série de questions auxquelles elle ne souhaitait pas répondre. Sans compter qu’il aurait été des plus malvenu de révéler une identité qu’elle gardait secrète depuis des années. Déesse qu’elle avait l’impression de devenir stupide. Stupide et imprudente. Peut-être était-ce dû à la fatigue ou que l’imprévu de la rencontre l'avait suffisamment perturbé pour qu’elle manque de fauter. Elle s'obligea à garder un masque de sérénité tout en obliquant sur leur droite pour emprunter une ruelle plus petite où les pavés sur le sol virait sur un ocre rouge que la jeune femme trouvait atrocement laid.

    - Je n’ai presque jamais voyagé hors de la capitale. Ce qu’on raconte est vrai ? Sur le village perché. Il paraît que les gardes se déplacent uniquement par la voie des airs, jamais à pied. C’est vraiment une cité aérienne ? Les dernières images qui montraient cet endroit, elle les avait vues dans l’un des livres d’histoire de Sacor alors qu’elle devait être âgée de seulement neuf ans. Par conséquent, tout s’était partiellement effacé de sa mémoire et ne lui restait en souvenir que les larges troncs de Torbium où était encastré quelques petites maisonnettes bien charpentées. - Et je ne suis pas “coincée”, si elle l’était, - à la capitale. Je dois juste faire mon travail et le petit linge de la noblesse n’attend pas. Pas plus que vos tuniques, monsieur le garde. Ils débouchèrent dans une grande allée, bien moins vivantes que l’artère qu’ils venaient de quitter. La rue montait sur la droite et descendait sur la gauche. D’un côté elle semblait rejoindre les hauteurs de la ville, de l’autre s’enfoncer dans ses profondeurs. Diane choisit la voie de gauche, leur offrant la vue de plusieurs petites échoppes qui tiraient leur révérence aux faveurs de la nuit qui s’annonçait. Ils croisèrent une patrouille de garde, qui remontait l’allée près à échanger leur tour de surveillance avec leurs prochains collègues. Si Hryfin les salua, Diane n’en fit rien et les ignora avec une minutie toute étudiée. Enfin elle s’arrêta au milieu de la rue, juste avant la naissance d’un escalier qui les feraient descendre plus au nord si ils les empruntaient.

    - Si j’étais un garde, en provenance de la forteresse et que je cherchais un endroit sympathique, j'irais ici. Elle désigna d’un coup de nez l’entrée d’une taverne.

    C’était un bâtiment en bois massif, cerclé de fer où une pancarte grinçait au bon vouloir des coups de vent qui la balayait. Dessus, nulles écritures, seulement l’illustration d’un grand Fenrir blanc. Malgré la largeur des portes on pouvait déjà entendre quelques éclats de voix. Le Fenrir était une auberge réputée pour ses délicieux ragoûts et était l’une des seules à faire importer des alcools des quatre coins du royaume. On pouvait tout aussi bien y boire les vins raffinés du sud que les alcools plus durs du nord. Diane avait entendu plusieurs clients en parler, sans jamais y mettre les pieds. C’était une occasion en or de constater si oui ou non, les rumeurs étaient vraies.

    - Je dirais aussi à ce garde, qu’il ne trouvera sans doute pas de petite danseuse pour lui faire des courbettes. Elle lui fit ouvertement un faux sourire et poussa les portes.

    Sans surprise la pièce principale était grande, une multitude de tables et de chaises étaient disposées de part et d'autre du feu central ou un gigantesque chaudron était en train de chauffer. De chaque côté s’élevait un escalier menant à une mezzanine d’où l’on pouvait apercevoir d’autres places.  

    - Je prendrais un verre de leur meilleur vin. Merciiiii ! Puis elle fila s’installer à une table libre, tout en lui offrant un grand sourire absolument pas désolé de le planter tout seul à l’entrée, juste à côté du bar.
    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Mer 6 Avr 2022 - 12:53 #
    Encore une fois, Kala venait de le traîner dans un endroit inconnu. Voyez vous, une vie au rythme militaire des solerets qui claquent, des réveils aux aurores et le peu de temps consacré à s'occuper de soi-même vous entraîne lentement mais sûrement, inlassablement, vers la douce torpeur de la routine ; toujours les même personnes, les mêmes endroits ; les mêmes bitures. On fait la même chose toutes les semaines, on sait que ça va être naze mais on sort quand même. Changer de paysage fait toujours du bien, eh, regardez comme Hryfin revit depuis qu'il se trouve au village perché ! Bon, il y a forcément des gens qui lui manquent, qu'il aimerait revoir et qui se trouvent toujours dans un coin de sa tête ; sauf Lyriss peut-être, il a encore aucune idée de comment elle a prit sa ''fuite''.

    L'endroit ne payait pas de mine, malgré la solidité apparente de son architecture, un endroit sobre mais que la danseuse avait désigné silencieusement de réputé, de par son simple choix. Sans s'attarder plus de temps qu'il n'en faut, il la suivit à l'intérieur, salle non bondée mais peuplée, justifiant les quelques échos qu'ils pouvaient entendre depuis l'extérieur de la bâtisse. Au moins cette fois ci, la présence d'une scène vide et le manque de musiciens pointaient vers la bienvenue absence d'une soirée dansante, on ne peut dire qu'il ait suivi les conseils de Kala et se soit entraîné sur ce point, comme s'il avait eu le temps. Évidemment, il avait entendu la petite pique qu'elle avait envoyée juste avant d'ouvrir les portes, comment on réagit à ça ? 'fin, elle savait déjà qu'il y aura pas de quoi danser avant de venir ou quoi ? Elle peut voir à travers les murs ? Ce serait vachement cool comme pouv- ah oui non, encore quelques souvenirs qui refont surface, c'est pas ça, son pouvoir. Il ne l'avait toujours pas compris d'ailleurs, ce serait fort cavalier que de lui demander de lui rafraîchir la mémoire. Autant jouer le jeu.

    '' Orf, tu sais, j'en attendais pas moins hein, j'dis pas que ça aurait pas été agréable, mais ouais, s'pas l'air forcément d'être l'endroit ou ça va s'taper des gigues comme la dernière fois. Après j'crois comprendre qu't'es pleine de surprises. ''

    Elle parlait simplement d'elle sinon, non?

    La première surprise fût sa solitude inopinée, alors qu'elle s'éloigna dans un sourire pour lequel on pourrait tuer, lâchant à qui voulait l'entendre sa commande. Au moins, elle réservera une table, ce qui est une bonne chose. L'atmosphère est chaleureuse, et la disposition singulière attise sa curiosité. Soupirant pour lui même cacher un rictus, il se planta en face du bar, accoudé dessus, assez arqué pour que sa posture tienne. A vue de nez, il y avait bien un ou deux gugusses qui pouvaient prétendre approcher sa taille, il reste quand même démesuré par rapport à la moyenne de la taverne, si on exempt certains effets de pouvoirs ou des coupes de cheveux des plus aléatoires. L'ancien garde royal n'eut pas à attendre bien longtemps pour que le barman le remarque.

    '' Ce s'ra ? ''

    '' Alors, euh, une pinte de votre bière maison là, et - '' Il était presque tenter de demander ''leur pire vin'', mais elle saurait sans doute faire la différence. '' Un verre de votre meilleur vin. ''

    '' Yep, ça arrive tout d'suite ! ''

    '' Oh, et j'réglerais pour la soirée. ''

    Le grand avait profité de ces quelques courtes minutes d'attente pour juger l'assemblée, laisser traîner involontairement ses oreilles, car les gens ont la fâcheuse manie de parler plus fort que leurs voisins. Rien de spécial à signaler, des rencards de ci de là, des engueulades d'un autre côté, des bandes d'amis et collègues de l'autre, et le plus embêtant, quelques têtes qu'il pense reconnaître, sans être sur s'il s'agit de gardes réguliers ou royaux ; du lard ou du cochon. Le mieux c'est de se faire petit -ahah- et ne pas attirer l'attention -ahah²-, c'est pas comme s'il souhaitait de nouveau reproduire le même scénario que la dernière fois, et puis, c'est pas sa faute, c'est presque comme une malédiction, y'a toujours des trucs qui tournent mal quand il finit dans une taverne. C'est pas une raison pour écourter le séjour, si bien que dorénavant boissons en main, il se mit à la recherche de Kala ; tout aurait été plus simple s'il avait directement fait attention à où elle se dirigeait. Sa taille était un avantage ; celle réduite de la danseuse, non. Il manqua par tomber dessus, poser son verre devant elle, et s'asseoir en face, pinte à la main, commençant à se désaltérer puis venir la laisser à son tour sur la table.

    '' Voilà, l'verre de madame est avancé. Donc ouais, comme jte l'disais tout à l'heure, non, le village perché, s'pas une cité aérienne. Désolé d'briser tes rêves hein, ouais s'très vertical comme ville, faut s'y faire, en comparaison, la capitale elle est genre tellement plate, y'a vla les escaliers, et plein d'autres moyens de monter, genre plateformes et tout. Parfois j'utilise mes ailes, ça m'fait moins chier. ''

    A nouveau, il prit une grande gorgée, et semblait parfois regarder derrière son épaule, ou celle de sa partenaire, comme inquiet ; un aimant à problème celui là. Encore plus depuis que ça se sait, sa petite escapade au désert volant, et les rumeurs lancinantes quant aux agissements de son capitaines, auxquelles il n'ose ni rétorquer, ni acquiescer, car ça la fou mal. Finalement, son attention se reporta sur Kala.

    '' Donc toujours domestique ? Tu m'as bien dit t'alleur ne pas être coincée, mais t'as pas évoluée pour autant ? Toujours à t'occuper des nobles ? ''

    Oh, Lucy seule sait qu'il ne veut pas se montrer médisant, c'est bien contre sa volonté, il trouve vraiment ça dommage qu'elle ne perce pas plus, mais c'est toujours aussi maladroitement sorti, et puis, le mépris est ostensiblement dirigé vers une certaine caste de la population, celle qui doit bien plus fréquenter ces coins que les autres, car après tout, on est toujours assez proches du palais. Eh, tout ira bien du coup, non ?
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Mar 12 Avr 2022 - 17:59 #

    Diane n’avait pas mit longtemps a leur dénicher une table. Il était encore tôt et le gros des clients ne commencerait à affluer que dans une petite heure. Elle s’était installée sur l’une des tables jouxtant les fenêtres aux carreaux opaque qui n’offraient sur l’extérieur que la clarté du soleil couchant et la mouvance de forme flou se déplaçant vers le nord et vers le sud. Elle s’amusa quelques instants à deviner si il s’agissait d’hommes ou de femmes mais bien vite son petit jeu la désintéressa et son regard se perdit dans la salle.  Elle était bien plus grande qu’elle ne l’aurait imaginé de l’extérieur. La pierre du sol et des murs semblait avoir vécu mille vies et avoir vu le double de chaussures, les tables étaient de bois brut et la décoration lui faisait penser à la décoration qu’elle avait aperçu chez les habitants du nord. Ce n’était pas un endroit raffiné pourtant il ne semblait pas pauvre. A vrai dire, il lui sembla que sa popularité était largement prouvé par la richesse des clients qui se trouvaient autour d’eux. Aussi surprenant que cela pouvait lui paraître elle repéra plusieurs femmes nobles, sans doutes en plein voyages aux vues des pelures qu’elles portaient sur les épaules et de la nature plus que coûteuse des dagues pendant aux ceintures de leurs compagnons. Un peu plus loin, elle repéra un groupe d’aventuriers tout aussi richement vêtue. Et du reste il s’agissait principalement de soldats ou de citoyens de passage ou non. Proche du tavernier et de son bar trônait un escalier en colimaçon -dont Diane douta sincèrement de la solidité - qui donnait sur une mezzanine surplombant le reste de la pièce. Aux pieds de ce petit escalier, se tenait Hryfin. Toujours aussi grand et large qu’un tronc.

    “Bravo Diane, Calixte ne suffisait pas. Il te fallait un autre copain parmi les soldats. “ S’invectiva-t-elle tout en affichant une moue boudeuse mais sans détacher son regard de lui pour autant. Comme la première fois qu’ils s’étaient rencontré, le jeune homme était dépourvu de son armure qui, elle n’en doutait pas, devait lui donner l’air encore plus impressionnant. “Mais avoir des amis chez ses ennemis est un atout. Non ?” C’était une réalité, cependant Diane avait déjà trahi par le passé et ce souvenir lui laissait encore un goût amer. Autant que faire se pourrait, elle tiendrait Hryfin loin des affres de ses affaires et de ses liens avec la cabale. De toute façon, une fois la soirée écoulé, il reprendrait la route du Village Perché, s’y établirait et avec un peu de chance elle ne le recroiserait que dans quelques années ou peut-être jamais. Dans un cas comme dans l’autre, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Ni Viviane, ni personne ne s’intéresserait jamais à un garde comme lui, qu’il fut lieutenant ou non.

    Ses yeux dévalèrent la courbe du dos musculeux, caché par le tissu, s’arrêtant sur la cambrure des reins dont elle se souvenait pour l’avoir exploré minutieusement. Elle se souvint également de leurs naissances et un léger sourire étira le coin de ses lèvres. Ce ne fut que lorsqu’elle remarqua l’approche imminente du garde qu’elle effaça toute trace de rêverie sur son visage, s’attachant à revêtir son masque espiègle qui lui seyait tant.

    - J’ai presque failli attendre. Dit-elle en retour.

    Elle laissa Hryfin s’installer avant de l’imiter en prenant une gorgée.

    - Déesse ! S’exclama-t-elle plus par surprise que quelconque croyance. - C’est un vin d’Ermir, n’est ce pas ? Elle aurait volontiers relevé les yeux sur son camarade si seulement elle avait eu l’espoir qu’il puisse lui répondre. D’ailleurs, il poursuivit et elle en fit de même avec le vin. La rondeur boisée de l’arôme se déposa contre son palais et elle soupira d’aise. Même l’Insomnie peinait à importer de si bonnes cuvées.

    - Des escaliers ? Diane tenta de visualiser à quoi cela pouvait bien ressembler. - Mais comment font les gens qui n’ont pas d’ailes ? Je veux dire… Ça doit être éprouvant de passer la journée à monter des marches.  Elle marqua un temps d’arrêt. - Attends, tu as des ailes ? Pas seulement une tête de pigeon ? Un éclair de fascination passa dans ses iris avant d’être interrompu brusquement par ses dernières paroles.

    - On a pas tous la chance d’aller se faire dorloter le séant au Village Perché, monsieur Danvil. Ni des capacités à faire des châteaux de sable sur une île volante. J’ai besoin de ce travail, ne t’en déplaise. Et puis en quoi cela pouvait bien lui déplaire ? Après tout il était issu d’une famille noble si souvenir étaient bons, il n’allait pas lui faire croire que ses langes n’avaient pas été changés par des domestiques, sans compter que lors de leur rencontre, ça ne l’avait pas dérangé de la mettre dans son lit tout en sachant ça.

    Tendant la main, elle attrapa son verre un peu trop rapidement et manqua d’en renverser sur la table. Après quoi, elle avala une longue gorgée avant de le reposer et de laisser un silence lourd de sens s’installer. Qu’il aille donc se faire peindre, lui et toute sa noblesse.

    - C'est culotté venant d'un noble. Surenchérit-elle, toujours en grognant.
    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Mar 10 Mai 2022 - 17:57 #
    '' T'aimes bien r'muer le couteau dans la plaie toi, hein ? ''

    A dire vrai, il ne se rappelait même plus avoir parlé de sa noblesse à Kala. Ni la dernière fois, ce qui est normal compte tenu des circonstances, ni ce jour même, et là, ça devient plus inquiétant. Du coup, comment imaginer qu'il puisse se remémorer s'il lui avait annoncé mépriser les nobles ou non ? C'est pas le premier sujet de conversation qu'on balance, d'ordinaire. Plus des trucs sur la météo, tu fais quoi dans la vie, tout ça. Étrangement, alors qu'il ne s'agissait que de leur deuxième rencontre, les deux étaient déjà au delà de tout ça, s'envoyant des parpaings toutes les deux phrases sans que le grand en prenne conscience, comme avec Lyriss, comme avec Tara, comme avec la majorité de ses amis, en vrai. Des relations saines ? Il n'en a et n'en connaît que très peu, les seules qu'on peut qualifier ainsi sont avec sa famille, et c'est principalement dû au fait qu'ils ne se voient et parlent jamais. Merde, faudrait ptet qu'un jour, Béryl soit au courant qu'il s'est barré de la capitale, de la garde royale, mais qu'il est devenu lieutenant quand même ?

    '' Jte f'rais dire que jsuis pas né avec la cuillère en or dans la bouche hein. '' C'est bien ça, c'est bien de l'or non ? Bon on s'en fou. '' J'ai pas trop eu l'occasion d'profiter d'la condition de noble de la famille hein. Enfin...Pas complètement quoi. ''

    Ryf se précipita de se rincer le gosier de cet odieux demi-mensonge. Si il ne s'achetait pas parures et articles excentriques comme sa sœur, c'est tout de même cette dernière, appuyée par papa-maman, qui lui avait pris sa petite maison au milieu de la capitale. Dommage qu'elle n'ait pas définitivement renversé son verre, enfin, il le pense pas à cause de la dernière fois qu'elle a renversé son verre, enfin, non, puisqu'il a oublié, ah bon, un verre renversé, euh, quand, où, pourquoi déjà ? Il était pas là ce jour là hein, faut l'savoir, puis il ne parlera qu'en présence d'un bon avocat. Vite, une deuxième gorgée pour chasser tout ça. A ce rythme, il faudra bientôt remplir à nouveau la choppe. Chose inhabituelle pour lui ? Pas trop. Moins en vrai, depuis qu'il est au village perché. Moins le temps, moins l'envie, moins les connaissances qu'ici.

    '' Ça, par contre, jme rappelle très bien que j't'ai bien dis que j'suis un hippogriffe. 'fin non jsuis un homme. Mais ouais tu m'as compris, jpeux me transformer en hippogriffe, comme je veux, pas que cette tête de pigeon dont tu parles là. Et ça m'a bien servi pour...''faire des châteaux de sable''. ''

    Et voilà, l'évoquer oralement avait bizarrement changé l'aura qui émanait de lui, alors que son regard se perdit un peu. Oh, il a surmonté le traumatisme n'est-ce-pas, les squelettes, la mort imminente, les alliés blessés, le capitaine un peu trop cavalier, tout ça tout ça. Même l'après, il l'a plutôt bien géré, tous problèmes cumulés comptés dans l'équation -sa relation avec Tara n'était pas des plus saines à cause des caractères des deux individus, et la fin de cette même relation ne s'est point déroulée sans remous-, mais reste toujours des relents de regrets, d'inachevé et d'inutilité totale, comparé aux personnes telles que la médecin rousse là dont il avait déjà oublié le nom, et l'autre dont il n'avait jamais connu le nom en réalité ?

    L'ancien garde royal était cependant sur d'une seule chose ; ce n'est pas par pure mauvaise foi ou méchanceté gratuite -espérons en vrai- que la domestique avait mis le sujet sur le tapis, puisqu'il lui semble ne jamais lui en avoir parlé. Il soupira avant de finir ce qui serait que sa pauvre première choppe de la soirée.

    '' Les gens qui ont pas d'ailes ? Bah y marchent. Comme tout l'monde, les gens normaux quoi. C'est pas avec tes p'tits mollets que tu tiendrais une après-midi là bas. Ça t'ferais les jambes au moins. '' Petit sourire, entre le taquin et le maussade, avant de s'extirper lentement de son assise. '' Tu m'excuseras ; mais j'ai d'jà besoin d'un restock. ''

    Sans plus de cérémonie, il se dirigea vers le bar, lançant parfois des petits regards en arrière vers Kala et non ce n'est pas ce que vous pensez bande de fous furieux, il n'essaye de pas voir si elle réagit d'une quelconque manière et n'est pas non plus en train de l'admirer, juste se rappeler d'où elle est assise, et c'est déjà beaucoup demander pour oser penser à faire autre chose en même temps. Le temps n'avait que peu passé, et pourtant déjà les gens s'attroupaient. C'est sans soucis qu'il se fraya un chemin jusqu'à finir en face du tenancier, séparés par le lourd meuble en bois.

    '' Y a quelque chose qui va pas ? ''

    '' Eh bien, à vrai dire, on est partis sur une discussion qui était trop autour d'un truc assez personnel et- ''

    '' Vous tapez à la mauvaise porte, l'ami, j'suis loin d'être coach en séduction. J'parlais au niveau des boissons en fait ? ''

    '' Ah. Ouais. Bien sur. Non, tout est ok, m'faudrait juste une autre choppe. Et un autre verre pour la dame. ''

    '' Z'êtes des rapides ! ''

    '' Jle suis, disons que j'prends de l'avance sur elle, ma main à couper qu'elle s'arrêtera pas à un verre. Oh, et est-ce-que c'est du vin d'Er-truc que vous servez là ? ''

    '' D'Ermir, ouaip ! Eh, vous avez d'mandé le meilleur, faudra pas s'plaindre du prix ! ''

    '' Jdemandais juste, s'pas un problème. ''

    '' Ça arrive tout d'suite alors ! ''

    Cette fois, il ne se divertit pas en analysant la foule, juste accoudé et courbé sur le bar, pas abattu, mais quelque peu...Rabougri ? C'est pas en amenant des femmes séduisantes en taverne pour en profiter pour se tirer des pintes qu'il maintiendra sa carrure et sa posture de lieutenant, poste qui fait partis de ceux extrêmement prisés à la garde, une chance qu'il ait bénéficié de ce coup du sort -de piston. De ce coup de piston. Mais chut. Une fois la choppe et le verre délicatement posés devant lui, il s'en saisit et fit volte face pour rejoindre au mieux que faire se peu la petite femme. Donc, c'était...Par là ? Ou là ? Il avait sorti quoi, tantôt ? ''Ma mémoire est ptet crasseuse, mais au moins, elle tient plus de trente secondes'' ? Bah bravo le contre-exemple. Elle dut patienter quelques secondes de trop, allez, une minute à tout casser, qu'il pourra mettre sur le dos du temps de service. Ce serait quand même fortement dommage qu'on soit venu l'importuner pendant ce cour laps de temps. Le brun reprit silencieusement sa place, en faisant glisser le nouveau verre sur le bois de la table pour signifier à Kala que la petite sœur venait d'arriver.

    '' Voilà, c'est juste au cas où et- hm ? ''

    Plus par instinct que vraie empathie, il sentait qu'elle n'était plus totalement concentrée sur elle. Mais sur les deux mecs assis à la table à côté d'eux. Et pour répondre à la question que personne ne se pose, ouais, les deux têtes ont l'air familière. Celle de Ryf devait l'être pour eux aussi, puisqu'il se faisait dévisager par les deux hommes. Il fronça les sourcils. Mais ils ne cillaient pas.

    '' Sinon ça va, jvous dérange pas trop là ? ''

    Kala aurait peut-être voulu intervenir, mais c'était déjà trop tard, puisque l'autre duo avait tourné leurs chaises de façon à faire face aux anciens amants, sans pour autant s'inviter à leur table et prétendre être sur la même tablée.

    '' C'est toi, Ryf ? Ryf Danvil ? ''

    '' Hryfin, déjà, pour commencer. Et ouais. Et ? ''

    '' Genre, le Ryf, le garde royal qui est allé dans le désert volant avec son capitaine ? Même qu'il vous a laissés pour compte derrière pendant qu'vous vous faisiez déchirer par une bande de golems ? ''

    Déjà, c'était pas une bande. Et ils se faisaient pas déchirer. Impossible de nier la première partie cependant, c'était ce qui s'était passé, de l'eau avait coulé sous les ponts. Les rumeurs, toujours les rumeurs, à se demander d'où elles peuvent bien putain de sortir. Si elle avait été inventée ; c'était très très fort car presque exact.

    '' J'tiens pas trop à en parler là, j'suis accompagné et- ''

    '' Donc ouais c'est bien ça ! Putain, merci mec, tu sais que j'ai considéré la garde royale avant d'entendre parler de ça ? Sérieux, jpensais que vous y étiez bien traités, que vous étiez genre juste les meilleurs en fait, mais visiblement - ''

    Et il continuait. A parler, déblatérer, comme un gamin de plus d'une vingtaine d'années -un grand gamin donc- qui venait non de rencontrer son héros, loin de là, mais une personne envers qui il serait indirectement redevable. Grand bien lui en fasse, Hryfin n'en était qu'à une choppe, à savoir qu'il en manquait encore facilement deux ou trois avant de laisser cours à la violence pour le faire taire. Quelle pipelette, on ne l'arrêtait plus. Et lui était là, choppe en main, a en prendre régulièrement un coup, alors que même l'ami de l'homme trop enchanté commençait à lui dire que c'est bon, ça suffit, y a ptet plus à les embêter comme ça. Kala avait le droit à un regard vide de mort. A la fois ''J'en peux plus de ce mec'' et ''Je vais buter ce mec''. Un mix des deux ; ''J'en peux plus de ce mec, je crois que je vais le buter''. Tout n'était que question de temps.
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Dim 15 Mai 2022 - 18:12 #
    Tandis que Diane écoutait le soldat, ses moues alternaient entre l’amusement et la colère, les yeux au plafond et des soupirs. Il n’était peut-être pas né avec une cuillère en “or” dans la bouche mais elle était presque certaine qu’il aurait tout à fait pu s'étouffer avec une poignée de cristaux dans le tréfond du gosier sans que cela n’inquiète grandement les comptes familiaux. Il en était ainsi à Aryon, les cristaux ne faisaient pas le bonheur mais ils vous donnaient un titre, un honneur, un toit et de quoi manger. Les lignées pouvaient aller et venir. Le plus pauvre des paysans pouvait se voir offrir un titre s’il gagnait le gros lot, tout comme un noble pouvait se le faire arracher si ses cristaux partaient en fumée. Un système cruel d’un certain point de vue. Diane se souvenait parfaitement de ce que lui avait dit Hryfin lors de leur première rencontre, elle avait parié qu’il était un roturier, n’avait pas retenu son nom de famille, cela lui avait coûté une gorgée mais elle avait bien mémorisé son ascendance et aux dernières nouvelles, les Danvil étaient toujours aussi noble que lorsqu’ils s’étaient séparés.

    - Si tu ne te souviens pas de la nuit, je ne vois pas pourquoi je me souviendrais d’une simple conversation. Le pigeon te va comme un gant. Elle marmonna dans sa barbe alors qu’il était déjà en train de quitter la table pour se diriger vers le bar. Elle aurait aisément pu lui lancer cette remarque et elle avait été sur le point de le faire de bon cœur avant que l’ombre, discrète mais pas moins vivace, ne viennent assombrir son regard. Diane était formée pour observer, pour déceler ce que les lèvres refusaient de dire. Elle avait perçu l’imperceptible changement d’attitude et s’était contraint à garder le silence. Ensuite elle s’était tue et l’avait écouté en silence malgré les taquineries qu’il lui avait envoyées. Comme si leurs rôles avaient été échangés.

    Il quitta leur table non sans se retourner. Diane continua de l’observer avant qu’un autre grand gaillard ne vienne lui boucher la vue, elle pouvait encore apercevoir le sommet brun de ses cheveux mais s’en détourna pour observer par la fenêtre les silhouettes qui n'étaient désormais plus que des ombres dans la lumière du couchant. A mesure que les minutes défilèrent, les lanternes s’illuminèrent traçant le chemin des quelques âmes perdues et aventureuses dans le crépuscule. La rue se nimba peu à peu d’une lumière diaphane, chaleureuse. C’est à cet instant que deux hommes s’attablèrent près de la sienne. Détournant son attention de l’extérieur, elle les jaugea tous les deux. Des soldats. Une moue écœurée passa sur son visage et elle préféra s’intéresser à son verre. Elle fit doucement tournoyer le liquide bordeaux avant d’en avaler une longue lampée. Les hommes lui lancèrent quelques regards à la dérobée qu’elle ignora superbement. Nul doute qu’une femme, attablée seule, suscitait  l’intérêt. Elle prit une gorgée de plus et termina son verre. Elle le reposa sur la table d’un air pincé. Qu’ils essaient seulement de lui adresser la parole, elle les enverraient sur les roses comme il se doit. Hryfin choisit cet instant précis pour faire son entrée.

    - Il tombe à pic, répondit-elle seulement et contre toute attente.

    Le bon point, c’est qu’en revenant Hryfin semblait avoir immédiatement alpagué l’attention des deux soldats. La mauvaise c’est qu’il ne semblait aucunement disposé à se donner en spectacle et ce ne fut que confirmé par la crispation qu’elle décela dans leurs échanges. Tout jouvenceaux qu’ils étaient, excités à l’idée de rencontrer un soldat de renom, dont le palmarès semblait avoir été redoré par une mission périlleuse. Face à eux, ledit soldat, qui ne semblait aucunement fier de ses aventures. Diane songea un instant qu’il allait tous les deux les éjecter par la fenêtre. Elle suivit l’échange sans un mot pour aucun d’eux, mais ses yeux ne cillaient pas, ils étaient rivés sur son ancien amant.

    Hryfin ressemblait subitement à une coquille vide. La danseuse parvenait difficilement à retrouver son ami derrière la glace gelée de ses iris mais quand elle réussit à saisir l’étincelle, le message qu’elle y lu lui fit froncer les sourcils. Elle tendit lentement la main, effleura le dos de celle du brun comme pour lui signifier "je m'en occupe" puis se leva de sa chaise. Son visage, soucieux jusqu’ici, arbora un sourire dont elle seule avait le secret. Lascive elle se plaça entre Hryfin et son cadet. L’autre la regarda avec des yeux ronds tandis qu’elle se penchait vers lui dans une délicatesse toute calculée. Une fois qu’elle eut atteint son oreille, ses lèvres s’articulèrent dans un murmure qu’il fut le seul à saisir. Tout en continuant de parler, Diane s’installa sur l’un des genoux de Hryfin, elle attrapa sa main la plus proche et la déposa sur sa cuisse puis sa dextre se leva pour aller caresser le menton du soldat qui avait -enfin- cessé de parler.

    - Tu comprends ? Demanda-t-elle d’une voix enjôleuse en reculant doucement presque langoureusement.

    Le jeune garde s'empourpra. En un instant, ses joues pâles virent au rouge écrevisse et il hocha brusquement la tête en se levant. Le regard ébahi de son camarade allait et venait entre elle et lui.

    - Je…Euh… Oui…M’dame. Il se tourna vers son compagnon. - On… On d’vrait faire un tour au bar. Sans comprendre vraiment pourquoi, l’autre se leva à son tour. Il s’inclina bassement, rapidement imité par l’ancienne pipelette. - Merci, m’sieur Danvil. Bonne soirée M’sieur Danvil. Amusez-vous bi… L’autre ne lui laissa pas le temps de finir, l’attrapa par le col et le traîna dans son sillage.

    Diane les regarda s’éloigner un moment avant de se tourner vers Hryfin.

    - Depuis quand es-tu si maussade ? Non pas qu’elle prétendit le connaître, mais autrefois, il lui avait paru un homme plus jovial. Ou peut-être était-ce d’entendre tant de mal de son ancienne escouade ? Elle ne savait répondre à cette question, toutefois elle espérait en connaître la réponse.
    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Sam 21 Mai 2022 - 14:46 #
    Aucune idée de si le garde avait bien comprit.

    En tout cas, Hryfin, lui, n'avait rien saisi.

    Après tout, il a rien entendu de ce que Kala venait de lui murmurer.

    Et c'est sans doutes pas plus mal, vu la réaction de l'intéressé. Tout ce qu'il sait réside dans le comportement inhabituel de la domestique. Pas qu'il sache grand chose d'elle, au final, à part une nuit partagée, ça fait des mois qu'ils se sont pas revus, mais ça se passait bien, une sensation toujours agréable de pouvoir passer de bons moments avec des personnes appréciées, malgré le temps qui a passé. Ostensiblement touchée par ce que la discussion commençait à créer comme sentiments chez Hryfin, elle avait prit les choses en mains. Et les mains, justement, seraient des actrices majeures de la petite scène orchestrée par la danseuse.

    Entre la douce qui effleura celle du garde, passation de responsabilité envers cette situation désastreuse, la calleuse, qui finit sur la cuisse de la femme pour une raison qui reste entre cette dernière et Lucy, et de nouveau, la toute première qui fit taire le curieux pour le plus grand bonheur de la petite assemblée -non, seulement celui de Ryf, sans doutes. Au milieu de ces cachotteries, y'avait l'ancien garde royal, docile spectateur de la mascarade. Pourquoi demander plus ou moins, quand on a une femme comme ça sur les genoux ?

    Toujours est-il que, très poliment, même trop pour que ne soit pas suspicieux, l'importun eut de suite l'envie de prendre la poudre d'escampette, le visage plus rouge qu'un homme qui en serait déjà au troisième bar de sa tournée, embrigadant avec lui son pauvre collègue, se confondant en gentillesses et formes de respect diverses et variées pour qu'au bout d'à peine quelques secondes plus part, ils disparurent dans les limbes de l'établissement, dernière fois vus se précipiter au bar. S'il pouvait être intimidant physiquement, niveau oral, c'était tout autre chose. Qu'est ce qui terrifie le plus, un gaillard qui vous menace de vous retourner les rotules dans le sens non-conventionnel du corps, ou une frêle domestique qui vous parle à l'oreille ? Si c'est le deuxième...La logique voudrait que vous la fuyez à tout prix, car les mots prononcés devaient être terribles.

    Mais il en fallait plus pour mettre le lieutenant mal à l'aise. Du genre, ne pas comprendre la phrase de Kala car ''maussade'' ne fait pas trop partie de son vocabulaire.

    Du coup, qu'est-ce-que ça peut vouloir dire ? Vu sa réaction, sa bienveillance nouvelle, un truc dont elle a pas l'habitude. Elle l'ai aidé, pour une raison, et elle veut savoir laquelle, qu'est ce qui a bien pu l'empêcher de se lever et les massacrer ? Des lunes de cela, c'est bien ce qu'il avait fait, non ? Allez, réfléchit, tu peux le faire. Au pire, qu'il parle directement, il passera pas pour plus idiot qu'il ne peut déjà l'être. Pas décidée à bouger, il jugea que lui pourrait atteindre son verre, mais elle, non, avec ses petits bras là, elle a pas la portée. Alors, après avoir passé son bras autour de sa taille pour éviter qu'elle ne se casse la gueule et se mange un coin de table, un coin de chaise, un coin-coin, il se pencha pour attraper, de sa main libre, le verre de la brune, afin de le rapprocher.

    '' Jme demande bien ce que t'as plus lui dire, pour qu'y s'barre de cette façon. Eh en vrai t'sais quoi ? M'le dis même pas, jcrois que j'préfére encore pas l'savoir. En vrai si, jsuis trop curieux, genre, l'avait pas peur que j'le démarre, tu l'chuchotes et y s'tire ? C'est louche. ''

    Ce contact physique prolongé entre eux deux ne le dérangeait pas ; rien ne le dérange tant il s'en carre d'à peu près tout ce qui peut exister dans ce monde tant qu'il est pas menacé, on peut pas dire qu'une personne d'à peine la moitié de son poids sur les genoux ait de quoi les faire claquer, justement. Après, ça c'est que mentalement, ça reste...Troublant quand même vu leur passif. Peu coopérative, chasser les bougres pour lui devait être le summum de ce qu'elle voulait bien lui accorder visiblement, la belle était toujours tournée vers lui, le regardant d'un air qui empestait le ''c'est pas ce que je t'ai demandé en fait ?''. Un soupir, puis il s'empara de sa propre chope pour en boire une bonne partie. L'est temps de se jeter à l'eau.

    '' Jsais pas. Un peu tout ? '' La réponse ne semblait pas la satisfaire. '' J'ai pas forcément apprécié l'passage dans la garde royale. Ça m'a laissé un goût amer en vrai. Jsais pas, j'pensais qu'il y aurait moins d'histoires, moins d'problèmes, mais au final, s'tait pareil. Au moins main'tnant, en tant que lieutenant au village perché, ça s'passe mieux. Du coup ouais, pour revenir à la garde royale, bah, les rumeurs sont plutôt fondées, l'capitaine nous a vraiment laissés galérer, l'aventurière, Sol et moi. Pas fou, hein ? Tu m'diras, tout l'désert n'était qu'une immense blague pas drôle. 'pis y'a mon ex à la royale là, 'peut pas dire qu'ça s'est bien passé. '' Étrangement, elle écoutait religieusement, ne l'avait pas encore insulté ou diminué. Fallait pas en faire trop. '' Bref, on s'en fou. Ça va, ça vient. Jfais s'que jpeux pour pas être maussade. ''

    C'était pas dans son habitude, dans son caractère, mais y a toujours certains événements qu'il est mieux de passer sous silence, sous peine de ressortir de vieux dossier qui n'ont parfois même pas encore eu le temps de prendre la poussière, souvenirs encore trop récents et vifs pour qu'on puisse en déconner librement. Fallait pas ennuyer la dame, sinon elle allait juste partir sans rien dire. Pas qu'il pense qu'elle partira pas hein, 'fin, il imagine qu'un moment, faut bien que leurs chemins se séparent, mais reste cette impression que la soirée est encore jeune, il commence à peine à faire nuit dehors, à travers les fenêtres, on peut voir des gardes prendre la relève, d'autres partir ; des gens rentrer chez eux après leur journée, alors que les marchands itinérants s'installent dans les rues, car c'est le bon moment pour croiser des gens. Lentement et délicatement, Hryfin se mit à bouger de bas en haut la jambe sur laquelle Kala avait prit position.

    '' Du coup, comment j'fais, moi, pour continuer à aller chercher d'quoi boire et manger si tu restes là ? ''

    Son ton se voulait un peu plus joyeux et entraînant, voulant balayer tout ce qui venait de se passer pour progresser et revenir à une ambiance un tant soit peu plus agréable, comme elle l'a connu, somme toute.
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Jeu 2 Juin 2022 - 20:42 #
    Si la nature de Diane avait été un tant soit peu plus violente, elle aurait sans doute cherché à lui sortir les yeux des orbites à la petite cuillère. Heureusement pour le jeune garde, Diane n’était pas de ce genre là, elle resta placide tandis que le sourire mutin qu’elle avait arboré lorsqu’il lui avait demandé ce qu’elle avait dit au fuyard s’évanouissait. Plus qu’une courtisane, Diane était un véritable gouffre quand il s’agissait d’écouter. Évidemment ce n’était pas toujours le cas, bien souvent elle se contentait de hocher la tête en faisant mine d’avoir entendu, elle posait quelques questions afin de donner l’air d’en avoir quelque chose à faire et elle en restait là. Pourtant et cela même si Hryfin ne semblait capable d’en saisir la nuance, elle l’écouta avec attention, s’obligeant à garder un masque d’une neutralité quasi parfaite. Elle se surprit d’abord à éprouver une forme étrange de sérénité avant que le mépris ne refasse surface. Il n’était aucunement destinée à celui qui supportait présentement son séant mais bien à ce qu’il osait encore qualifier de capitaine.

    Diane n’avait aucune expérience que cela soit en matière de combat, d'armement ou de quoi que ce soit qui pu toucher à l'armée d’Aryon. Tout ce qu’elle savait d’eux c’est ce que Sacor lui avait appris lors de son vivant et le jour de sa mort lorsqu’elle avait retrouvé la petite maison, qu’ils occupaient dans l’ouest de la capitale, en flamme. Elle se souvenait encore de l’odeur âcre de la fumée mêlée à celle nauséabonde de la chaire brûlée. Comme si c’était hier, elle se rappelait parfaitement de la façon dont s’était tordue son estomac et comment elle avait vomi tripe et boyaux sur les quelques restes d’un bout de parquet calciné. Vint aussi le souvenir de cette main qui s’était plaquée sur ses lèvres et de cette bouche qui avait susurrée deux simples mots. La garde. Ils avaient tué Sacor, sans lui laisser une seule chance d’en réchapper, de jugement et avec lui, ils avaient emportés son enfance, ses souvenirs et tout ce qui faisait de Diane ce qu’elle était. Des hommes comme le capitaine, des hommes comme Hryfin. Une ode à la colère incendia ses prunelles mais elle la fit taire ; quand bien même elle le voudrait, elle ne serait pas de taille face à aucun soldat de la garde, pas même face à Calixte. De toute la force de sa volonté, elle s’obligea à comprendre les paroles du jeune homme, à les entendre et à sortir de l'étau vrombissant de haine qui perçait ses tympans. Heureusement, il existe de ces mots, capables de vous sortir de la torpeur en un claquement de doigts.

    Les yeux de Diane s’agrandirent. ils clignèrent plusieurs fois, se posèrent sur la fenêtre alors que tout son visage se faisait songeur puis revinrent sur le visage de Hryfin. Etrangement, elle n’avait jamais songé au fait qu’il ait pu fréquenter quelqu’un. Ce qui, sommes toutes, était parfaitement idiot. Tout comme elle, il était largement en âge d’avoir des conquêtes. Pourtant cela ne lui avait pas effleuré l’esprit. Nombre d’émotions passèrent sur son visage et une nouvelle fois, sa voix ramena ses pieds sur terre. Fronçant les sourcils, elle planta un doigt sur sa poitrine.

    - Tu reviens tout juste du bar, si tu tiens tant à fuir c’est vers la porte que tu devrais te diriger. Elle plissa les yeux, le défiant presque. - Mes fesses resteront donc vissées, et pour appuyer ses propos elle gigota de façon à lui scier la jambe avec l’os de ses fesses, sur ta cuisse que ça te plaise ou pas. Une fois qu’elle eut obtenue de lui l’ombre d’un air souffrant, elle tendit la main pour attraper son verre dont elle prit une longue rasade.

    Diane n’avait jamais franchement tenu l’alcool, c’était même pire que cela et si étonnamment, ce soir, les verres ne semblaient pas encore l’avoir atteinte, elle sentit ses joues commencer à s’empourprer et sa langue devenir légèrement pâteuse. Ce dont elle se fichait éperdument. Sa vie n’était pas rose en ce moment, Hryfin lui permettait de penser à autre chose, si l’alcool décidait de l’aider encore plus, ce n’est pas elle qui allait s’y opposer.  

    Son manège sadique terminé, elle pivota de façon à tourner le dos à la salle, ses jambes se retrouvant prisonnière entre celles du soldat. Ses doigts continuaient de faire danser le vin dans son verre que son regard trouvait extrêmement intéressant soudainement.

    - Alors comme ça, tu as une ex ? Diablement intéressant ce vin, à n’en point douter. - J’ose espérer que tu n’étais pas avec elle à l’époque où nous nous sommes rencontrés. Putain peut-être mais avec un minimum de dignité. - Je me demande de quoi doit avoir l’air un couple de garde. Est-ce que vous vous sauviez la mise comme deux amants éperdus ? Elle eut un sourire mi moqueur mi jaloux puis se mit à imiter grossièrement ce qu’elle imaginait. - Oh non Bernadette, tu n’iras point seule au devant du danger. Elle rejeta son dos vers l’arrière, une main sur le front. - Bernard, c’est pour vous que je fais cela. Je serais votre bouclier face aux cornes de se boucton… Non Bernadette, ne faites pas ça… Aaaah, Bernard je meurs. Bernadette noooon… Argh -dernier soupire de vie-. Puis sa tête retomba sur l’épaule de Hryfin, mimant la mort avec un mauvais goût tout calculé. Enfin, elle se redressa pour s’accouder à la table et regarder le principal intéressé. - Alors, c’était quelque chose comme ça ? Elle s’abstint de rire, peut-être parce qu’une partie d’elle aurait envié un amour comme celui-ci -enfin pas cette caricature- ou peut-être parce qu’imaginer cet homme dans les bras d’une autre éveillait en elle un soupçon de possessivité ?  Quelques fût la réponse, Diane ne la trouverait pas ce soir là, a la place elle bu de nouveau car il est bien connu que l’alcool est un allié bien plus fiable qu’un homme.
    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Ven 1 Juil 2022 - 20:57 #
    Bon. Elle semblait pas vraiment vouloir bouger. Boarf, pas un soucis hein, après tout, comme ça a déjà été évoqué, c'est plus elle que ça finirait par déranger au final, la lady, la simple domestique qui de par ses airs, pourrait faire penser à une femme du grand monde. Mais faut atterrir ; elle nettoie des chambres pour vivre. L'être, le paraître, tout ça. Regardez le grand dadais en lui même, ça fait le dur, ça fait le grand, ça fait le fort, mais il a suffit d'une petit expédition qui parte en cacahuète pour que toute sa vie, toute sa vision des choses soient chamboulés, ce qui était de base ce qui faisait de lui Hryfin Danvil, le garde plein d'assurance, fier de son taff, et un peu neuneu sur les bords, finit par devenir une carapace fêlée, protection pour se soigner le temps que tout redevienne normal. Et quitter la capitale avait été une bonne chose pour ça. Malgré la présence de l'espiègle Kala en train de littéralement dandiner du cul sur ses cuisses pour Lucy sait qu'elle raison, et c'était pas super agréable au passage, enfin, dépend de comment on le prend, y'a un côté ''plaisant'', la fine taille de la femme ne l'empêchait cependant pas de lui arracher une grimace, et c'était tout ce que la diablesse avait l'air de chercher, une sorte d'inversion des pouvoirs ? Non, c'est cherché trop loin pour Ryf. Elle voulait juste l'emmerder en lui faisant mal. Ouais. Voilà. Ça. Il ferait bien pareil, mais il veut pas non plus l'assommer, ce serait idiot.

    Si le premier moment d'absence n'avait pas fait tiquer le lieutenant, tout lui paraît normal en toutes circonstances, ne cherchant jamais plus loin que le bout de son nez, le fait qu'elle se précipite de nouveau avidement sur son verre tout en évoquant le passé amoureux, bref et éphémère, certes, mais passé quand même, de l'ancien garde royal, lui avait semblé étrange. En quoi ça la concernait et la dérangeait, en fait ? C'était une critique du coup ? Quoi, l'est trop grand, trop bête, trop insensible outre mesure pour se trouver quelqu'un ? Il serait presque outré, si au final, c'était pas si vrai. Y'a qu'à voir la gueule qu'avait eue sa relation avec Tara. Avec du recul, il avait passé un bien meilleur moment cette nuit là avec la domestique, et même celle là, qu'en plusieurs semaines -mois ? Il a jamais très fort en maths, donc suivre les durées, bon- avec Tara. Les deux se ressemblaient trop, étaient plus souvent dans leur coin respectif qu'entre eux, et le peu qu'ils se croisaient plus de quelques heures, ça partait en engueulades.

    ''C'est sans doutes dans le sang'', qu'il se dit pour se rassurer. Les hommes de sa famille ; son grand-père, son père, lui même, son petit frère, sont loin d'être de grands orateurs, de piètre dragueurs, chacun pour ses raisons. Dovan, lui, est trop intelligent pour son bien, et Hryfin est tout l'inverse. Le père est trop maladroit. Le grand-père...Il s'y est jamais intéressé. Faudra qu'il demande, un jour. Quand il y retournera...Ouais.

    Loin de la description fantasmée stéréotypée de roman de seconde zone d'aventuriers et autres gardes tombant amoureux et vivant leur meilleure vie, donc, ça ne le priva pas de rire, un rire honnête et sonore, à la petite performance, qui aurait valu un dix sur dix suivit d'une embauche instantanée sur les meilleures planches du Royaume, comme si elle savait de quoi elle parlait. L'inverse ne pourrait être plus vrai, il en connaît des exemples, de couples qui se sont formés comme ça à la garde. Y ont jamais duré. Allez savoir pourquoi, la niaiserie, ça dure un temps. Puis ça retombe comme un soufflé, et on s'aperçoit à quel point l'autre se trouve être égoïste ; hautain ; ahuri ; rayez la mention inutile.

    '' En vrai, jsais même pas comment qu'ça s'est fait. On s'est genre, entraînés, jlai éclatée, car bon, normal, même si un moment, qu'j'y ai pas cru, et genre le soir même, qu'elle débarque chez moi pour m'dire qu'elle ressent des trucs pour moi. Ptet maso ? J'en sais complètement rien. Puis l'a finie par tomber sur les d'ssous d'ma coloc de l'époque. Vla la scène qu'elle m'a faites ! Puis l'est partie. Et pis m'a souhaité d'crever dans ce putain de désert. Sympa hein ? Donc eh, s'plutôt l'inverse de s'que t'as dit ! Plutôt que d'la protéger, j'l'ai marave. Puis après l'expédition, ça s'est fait tout seul. Car jsuis pas l'plus fûté, jsais, et j'ai ptet mis trop vite ce ''crève la haut steuplé ? '' trop vite derrière moi. Désolé d'casser tous tes rêves. '' Le regard perplexe, les sourcils froncés, la bouche entre-ouverte de Kala valait tous les cristaux, tous les soldes du monde. '' T'inquiètes pas hein, j'compte pas m'en prendre à toi ! '' Il ricana. '' J'aurais bien trop peur d'finir par te casser en deux. '' Lui aussi, finit de nouveau par rebasculer en avant, s'assurant toujours d'assurer la belle d'un bras pour éviter qu'elle ne chute, l'autre libre se dirigeant vers sa boisson afin d'en prendre une grande rasade. '' Et ouais, s'tait après notre rencontre, j'la connaissais que d'loin à cette période. Elle semblait avoir d'genres de problèmes ; comme si l'capitaine c'était son daron. Bizarre, avec du r'cul. Ça sentait mauvais, mais j'ai plongé les deux pieds d'dans, comme un...Un...T'sais, le mec qu'écrase des raisins pour faire l'vin là ? Ouais, bah pareil. ''

    C'était pas un chapitre super joyeux, ça rejoint justement toute cette période pas de réponse à sa famille, donc pas de nouvelle de sa famille, puis l'approche du désert, puis Tara, puis le désert, puis la mutation, puis encore Tara. Du coup, faudrait peut-être finir l'histoire. Ça fait pas de mal de se livrer, ça pourrait faire bizarre à quiconque, de déballer sa vie comme ça à une femme qui n'avait été qu'un coup d'un soir, une brise légère, fugace et rafraîchissante dans sa vie. L'alcool délie les langues, lui qui il y a quelques années, alignait à peine quelques mots aux étrangers ! Enfin, quand on a partagé la couche de quelqu'un pour une nuit -même si ils avaient pas passés la nuit que dans la couche, mais c'est une autre histoire-, c'est plus trop un inconnu normalement.

    '' Et ouais, jvoulais m'casser d'ici, on m'a proposé un poste au Village Perché, j'l'ai prit, ça a pas plus, et hop, on a finit comme ça, dans la...Méchanceté. ''

    L'hippogriffe ne parvenait même plus à trouver ses mots. Et était de nouveau resté plus vague. S'il fallait être honnête, la proximité physique qu'il avait présentement avec la domestique et la facilité qu'il avait à communiquer avec elle, ça lui ferait un petit quelque chose. S'il arrivait à s'en rendre compte, bien sur. A la place, il faut qu'il pense juste qu'elle converse tranquillement, que c'est comme ça que les gens parlent, des sujets ultra anodins, si bien que de manière aussi candide que maladroite, il en arrivait à ce scénario similaire ; des idées de conversations semblables.

    '' En quoi ça t'intéresse ? Euh, car toi, t'avais quelqu'un, quand on a couché ensemble ? Merde, la gueule que j'aurais si c'était l'cas. Bon après, 'peut pas dire qu'j'ai été le plus provocateur hein. De...Souvenir en tout cas ? '' Tout n'était pas très lucide, là haut. '' Du coup, ça r'ssemble à quoi, un couple de domestiques ? Ça s'échange les potins sur les ptits problèmes d'impuissance des vieux nobles, ça se conseille sur les meilleurs produits à utiliser, ça fait tourner les ptites astuces pour faire les lits comme qu'il faut ? ''

    Oui, il mériterait de se faire jeter sous un troupeau rapidodos de parler de son métier ainsi. C'est fait en toute innocence, en toute maladresse, en tout manque d'empathie, il pense vraiment pas que ça pourrait être mal prit. Après tout, elle les a diminués à des pseudos chevaliers blancs, il peut bien lui lâcher le stéréotype des pros de la balayette ; des terreurs des serpillières, non ? D'un coup, il finit sa boisson, comme si plus le degré dans le sang était élevé, plus ses propos seraient cohérents, avant de reposer la choppe sur la table, toujours dans le même mouvement de sécurisation de la femme.

    '' Tu vois, jte l'avais dit, jsuis à court, toi aussi bientôt, du coup, comment qu'c'est qu'on fait ? ''

    La virer, se rendre au bar, recommander sous les regards des mêmes deux gardes de tout à l'heure, qui persistaient à parfois jeter des regards en leur direction, comme s'ils attendaient quelque chose, on sait pas quoi, quelque chose d'extraordinaire quoi. Dans son état, il irait les confronter, en espérant que le ton ne monte pas. Faire des vagues, surtout de son passif dans la ville, de son rang ailleurs, ce serait pas cool. Et pas une bonne image. Nan, faudrait qu'on s'en prenne frontalement à lui ou à son invitée -car il a bien précisé qu'il réglerait l'ardoise hein- pour qu'il passe autre chose qu'une bonne soirée posée en bonne compagnie. Bonne compagnie, bonne compagnie...Faut la laisser digérer un peu tout ça quand même, que ce soit le flot d'informations quant à son passé récent et l'égard qu'il semble lui porter.
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Sam 9 Juil 2022 - 16:33 #
    Le visage de Diane était depuis longtemps transformé en tableau où elle peignait sans une once de retenu chacune de ses émotions. D’abord la surprise, suivit de l’affliction. Par la déesse que cet homme était rustre ! Mais pis encore, son ancienne compagne semblait parfaitement siphonnée. Oh bien entendu, la danseuse aurait été bien mal placée pour faire un quelconque commentaire sur leur relation amoureuse. Elle-même ne connaissait déjà pas grande chose de l’amour alors les couples. Non, Diane ne faisait pas partie de ces gens qui approchent de près ou de loin ce genre de sentiments, elle n’y avait pas été destinée, n’y avait jamais songé. Elle s’était contentée d’apprendre en regardant et ce qu’elle voyait ne l’avait jamais tenté. Trahison, déshonneur, souffrance. Les couples qui étaient entrés dans sa vie, ceux dont elle avait été spectatrice s’étaient tôt ou tard déchirés de bien des manières différentes. Dans les cris, dans la colère ou dans l’ignorance. Mais tous comportaient des ravages similaires, des traumatismes qui ne s’effaceraient jamais qu’ils furent bénins ou plus lourds à porter. Pourtant ces gens guérissaient et le cycle infernal recommençait, encore, encore, encore et encore. Comme si l’être humain était voué à poursuivre une quête impossible. Diane ne souhaitait aucunement emprunter ce chemin et de toute façon, comment aurait-elle pu, alors même qu’elle ne savait déceler l’amour chez sa propre personne ? Il y avait bien ces quelques contes qu’elle avait lus étant enfant. Le prince était toujours beau, charmant, riche et malin. Mais les princes n’existaient pas à Aryon et Diane n’avait rien d’une princesse même en devenir. Avec les années elle avait fini par comprendre que ce que les gens qualifiaient d’amour n’était rien d’autre qu’une chimère.

    Hryfin avait fait les frais de cette illusion, il était aisé de le lire dans ses yeux noisettes, dans la sonorité de sa voix. Diane l’aurait volontiers qualifié de naïf mais elle s’en abstint. L’amour n’était qu’un poison, songea-t-elle sans pour autant partager le fond de sa pensée. Mais dans le fond, dans une ridicule parcelle d’elle-même -celle qui souhaitait se soustraire à sa vie, à échapper à la route toute tracée sur laquelle on l’avait placée- elle se demanda ce que cela lui ferait si elle, cabaleuse, prostituée et menteuse hors-paire, tombait amoureuse. Parfois certains clients, moins amer, moins charnel, lui avait décrit cela comme un beau voyage, comme quelque chose permettant de soulever des montagnes, ils lui avaient parlé de sentiments capable de soulever des armées, de renforcer le corps et l’esprit. Mais Diane peinait à concevoir une chose pareille. Par quelle diablerie de simples sentiments auraient pu rendre des hommes et des femmes si puissants ? Mais elle n’était pas érudite pour rien. Alors elle aurait aimé savoir. Peut-être un jour. L’amour vient lorsque tu t’y attend le moins, lui avait-on dit. Cependant, durant toute sa vie, Diane n’avait jamais attendu et pourtant rien n’était venu.

    - Parce que nous sommes des domestiques nous ne sommes bon qu’à échanger des ragots et plier des draps ? Sortie de sa rêverie, elle le fusilla du regard. Dans le fond le garde n’avait pas complètement tort, Rita et Erald en étaient un bon exemple. Ils ne faisaient pas le même genre de travail mais entre eux les potins allaient bon train et l’un et l’autre pouvaient aisément se conseiller sur la meilleure façon d’aborder tel ou tel noble. - Ils ressemblent à des couples normaux. En dehors du travail. Nous n’avons pas vraiment le droit de batifoler pendant nos heures de services. Contrairement à d’autres visiblement. Ajouta-t-elle, grinçante avant de quitter la cuisse du jeune homme non sans mettre toute sa concentration à l'œuvre pour garder l’équilibre. D’une main maladroite, elle termina son verre puis attrapa le second avant de planter un doigt dans la poitrine du soldat tout en plantant son regard dans le sien. - Personne ne me brisera, même pas toi. Puis sans demander son reste, elle tourna les talons d’un pas bien plus lourd qu’à son arrivée en direction du bar.

    Maugréant dans sa barbe, l’air passablement irritée, elle ne mit que quelques secondes à zigzaguer entre les différents clients pour arriver au bar. Là-bas, elle posa les deux verres sur le comptoir.

    - Encore.

    - Encore ? Vous êtes su…
    - Oh par la sainte, je ne parle pas pimplume, si ?

    Le vieil homme leva les deux mains en signe de paix et lui servit deux nouveau verres qu’elle attrapa presque immédiatement tout en faisant volteface. Sans doute un peu trop vite puisqu’elle manqua de percuter la personne sur sa droite. Elle s’excusa d’un vague hochement de tête poli et s’en retourna vers sa table.

    Juste avant qu’elle n’arrive, elle remarqua une silhouette se glisser aux côtés de Hryfin. Elle plissa les yeux, intriguée. L’homme n’était pas d’une stature particulièrement imposante -il était difficile de l’être aux côtés du soldat - mais il la surplombait aisément d’une tête. Des cheveux roux comme des feuilles d’automne tombaient le long de sa nuque.

    - C’est un ami à t-... Comment-ça Diane avant d’être coupée par la voix de l’intru. Et ô par la sainte, c’était une horreur. Il chantait à tue-tête une, Diane ne tarda pas à la comprendre, véritable chanson d’amour. Chantant les louanges de l’ancien garde royal, fournissant des détails sur sa vie que même Hryfin semblait ignorer. Il n’en fallut pas plus à la danseuse pour partir d’un rire tonitruant, s’obligeant à déposer les verres in extremis tandis que l’autre continuait à s’égosiller sous le regard parfaitement affligé de son camarade.

    - Je ne savais pas que tu étais aussi populaire ! S’exclama-t-elle entre deux crises de rire.
    Hryfin DanvilLa Garde
    Hryfin Danvil
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Ven 12 Aoû 2022 - 21:20 #
    '' Non mais 'fin je - ''

    Et elle était déjà partie. Piquée. Vexée ? Sans doutes. Qu'est ce qu'il avait dit de mal, encore ? Viendra sans doutes un jour où il pourra converser de manière normale, mais ce jour, c'était pas encore aujourd'hui, y'avait encore du chemin à faire, hein. Puis il a fait qu'dire la vérité, non ? Bon, elle avait sympathiquement écouté toute sa putain d'histoire quand même, sans se moquer, sans rien dire, et ça, de ce qui se rappelle d'elle, c'est quand même fichtrement fort. Tous les jours, il aurait eu droit à des remarques cinglantes, des ricanements et autres regards condescendant. Honnêtement, même les autres gardes, les autres lieutenants, se seraient largement moins embêtés à préserver l'intégrité et l'honneur de l'ancien garde royal. Bon, il saurait pas dire pourquoi elle avait réagit ainsi, mais grand bien leur en fasse, hein.

    Toujours est-il qu'elle l'avait planté là, les jambes à moitié endolories, le sang recirculant enfin normalement. L'est pas lourde, la Kala, mais à la longue, ça coupe quand même. Aucune idée du pourquoi du comment, par contre. C'est comme quand il s'endort sur son bras la nuit, il le sent même plus le lendemain matin. Ce qui est chiant. Car il le fait souvent. C'est bon, elle est domestique, c'est un fait, faut pas prendre la mouche comme ça ? Le fait qu'elle avait élucidé toute la première partie de sa tirade n'était pas un super bon signe. Après, la belle avait l'air complètement absorbée dans ses pensées, à ce moment. Un monde existe où elle a juste entendu s'qui fallait pas, faisant passer Ryf pour la énième fois comme le salaud malgré lui. Ou la danseuse avait sciemment occulté tout ça, ne voulant pas y répondre ? Cela n'aura aucune espèce d'importance d'ici quelques heures, quand il aura tout oublié. Pas par l'alcool. Pas que. Juste par une mémoire aussi perméable qu'une toiture à laquelle il manque la moitié de ses tuiles.

    L'hippogriffe l'avait longuement suivie du regard, la détaillant de haut en bas, tout ça pour s'apercevoir qu'elle se dirigeait vers le comptoir. Au moins allait-elle ramener le ravitaillement, c'est bien. Manger, un jour, ce serait appréciable, avec ce qu'ils vont finir par descendre, si ça continue comme ça, faut bien éponger. Il doit être sérieux maintenant, un vrai petit exemple pour ses troupes, et vu l'air avec lequel le regardait encore les deux gardes de tantôt, c'était pas partie gagnée, plutôt remise. C'était quoi, cette histoire de la briser ? Il l'apprécie comme elle est en fait justement, aucunement il ne la remodèlerait. S'il pouvait se rendre compte qu'elle passait aussi beaucoup de temps à se foutre de lui, sans doutes aurait-il un comportement différent à son égard. De son côté, tout va bien, y passe du bon temps avec une vieille...Bon, ptet pas amie ? S'pas comme s'il se connaissaient tant que ça. Amante, du coup. Ça fait bizarre quand même, d'habitude il coupe toujours tous les ponts.

    Focalisé sur le retour de la danseuse, il n'avait pas fait attention au rouquin qui s'était fondu à côté de lui, pourtant, l'est plutôt grand le bougre, ironique de la part de quelqu'un qui le dépasse largement, mais il arrive à présent plus ou moins à se rendre compte de qui est au dessus de la moyenne de taille ou non. Et lui il l'était. L'entrapercevant dans un premier temps du coin de l'oeil, le lieutenant sursauta quelque peu avant de poser sa main sur sa poitrine, son cœur battant sous l'effet de surprise.

    '' Puté tu m'as fait trop flipp- ''

    '' ♫ IL S'APPELLE HRYFIN DANVIL ;
    MÊME QUE SA SOEUR ELLE S'APPELLE BERYL ♫ ''


    '' Mais kess que c'est qu'c'est conn- ''

    '' ♫ IL ETAIT DANS LA GARDE CIVILE ;
    MAIS Y RESTER CE S'RAIT DEBILE ♫ ''


    C'est bien évidement à ce moment là que Kala débarqua de nouveau. Non, c'est clairement pas un pote à lui. Et clairement, il donnerait genre, l'intégralité de la fortune de sa famille pour que le mec soit pas là. Ou qu'il soit pas là. Qu'ils ne soient pas là. C'est quoi, cet établissements de fous furieux ? Des gardes fanatiques, une domestique qui prends la mouche comme pas deux, une sorte de barde qui a l'air de le connaître et qui avoisine les trois grammes ? La petite devait s'être bien retenue depuis tout ce temps, puisqu'elle profita de l'occasion ma foi cocasse pour éclater de rire. Au moins avant-elle sauvé les boissons avant, et c'est ce qui comptait le plus.

    '' ♫ IL EST PARTI POUR L'DESERT VOLANT ;
    Y'A ETE TRAINE EN R'CULANT ♫ ''


    '' Alors, c'est pas tout à fait v- ''

    '' ♫ ON DIT QU'SON CHEF L'A ABANDONNE ;
    S'T'UN GROS LÂCHE, CA C'EST VRAI ♫ ''


    '' Alors, oui, et franchement la rime pas fol- ''

    '' ♫ L'A RENCONTRE JAVA, LUI A TAPE DANS L'OEIL
    ''VIENS CHEZ MOI, TU S'RAS LIEUTNANT MA GUEULE'' ♫ ''


    '' Splus compliqué qu'ça, et - ''

    '' ♫ ON RETROUVE LE HEROS DANS UNE TAVERNE AVEC SA COQUINE
    PLUS TARD CE SOIR IL VA LUI MONTRER SA PI- ''


    '' Oooooook, là jpenses que c'est trop. '' Accompagnant les gestes à la parole, la passage de la position assise à debout du grand fit stopper net le piètre chanteur. '' Écoute, c'était très sympa, mais jvais gentiment te proposer d'aller voir ailleurs si j'y suis pas. ''

    '' Oh mince, ça t'as pas plus ? Attends, c'est car c'est pas accompagné ! '' Le roux se baissa, atteignit un sac sans fond qui devait être le sien, puisqu'à ses pieds, et en sortit une guitare qui avait l'air plutôt jolie. '' Ça rend autrement avec un instrument ! ''

    A peine eut-il le temps de se racler la gorge pour s'éclaircir la voix et repartir dans des envolées lyriques entre le chat qui se coince la queue et la craie sur le tableau, que l'ancien garde royal se saisit de l'instrument et d'un vif et habile mouvement de poignet, l'éclata contre une poteau en bois le plus proche, dans un concerto de cordes qui se rompent et de bois qui se brise, ou l'inverse, ça fonctionne aussi. Sonné, le grand tomba sur les genoux face aux gravats de ce qui fut son instrument, chialant, grimaçant, se pleignant.

    '' C'est – c'est – c'était la guitare de mon maître, le grand Lohn Jennon, et – et – et ''

    '' Menffou. ''

    Enfin dans le calme et la paix, ça fait bien plaisir. Du coup, il se rassit, se saisit de sa choppe, et sirota tranquillement sa bière, goûtue et bien fraîche, comme il les aime. Un certain temps qu'il est trop fier pour admettre comme trop long du s'écouler pour qu'il se rende compte qu'il n'entendait plus que ses bruits de dégustation. La grande majorité de la taverne était à présent silencieuse, à l'exception des pleurs du barde, des rires de certains clients, et des esclaffes accompagnés d'applaudissements de ses deux nouveaux fanboys.

    '' Quoi ? Qu'est qu'y a ? ''
    Diane AvalonCitoyenne
    Diane Avalon
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
    Sam 3 Sep 2022 - 14:06 #
    Diane était sur le point de suffoquer. Ses joues étaient devenues écarlates, des larmes roulaient abondamment le long de ses joues, son ventre se tordait de douleur et le souffle lui manquait cruellement. Elle ne savait pas ce qui était le pire. La tête désabusée du soldat où la musique de son admirateur. Sans doute les deux. Oui c’était ça. D’ailleurs elle n’était pas la seule que cela rendait hilare. Au bar, aux tables à côté de la sienne ou encore les badauds qui discutaient debout ; tous sans exception avaient arrêté leurs conversations pour se tourner dans leur direction. Certains arboraient un sourire gêné, d’autres riaient à gorge déployée, d’autres encore se contentaient d’un sourire en coin mais dans tous les regards l’hilarité était bien présente. Diane ne pouvait pas leur en vouloir. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas rit avec autant de franchise, si longtemps qu’elle ne se souvenait pas de la dernière fois, que lorsqu’il fracassa le pauvre instrument de musique elle fut tout à fait incapable d’entraver le gloussement qui lui échappa. Évidemment, cela n’avait rien de drôle. Ni pour Hryfin, ni pour le musicien qui pleurait déjà à chaudes larmes sur ce qui restait de bois et de cordes. La jeune femme quant à elle, manqua de recracher son vin par le nez alors que son camarade reprenait sa place en face d’elle et que le silence se faisait autour d’eux.

    - Oh rien, rien. Répondit-elle avec un sourire qu’elle avait peine à dissimuler. - Peut-être qu’ils préféraient le numéro de ton ami et que ton… Elle jeta un regard aux morceaux de guitare que le rouquin était en train de finir de ramasser. -... Bref, j’imagine qu’tu les as surpris.    

    Elle tendit la main et attrapa son verre qu’elle termina presque d’une traite avant de se sauter de sa chaise comme un ressort. Elle s’étira longuement puis planta ses poings sur ses hanches.

    - J’ai envie d’aller marcher ! S’exclama-t-elle. - Mes jambes de domestique, elle prononça ce mot d’un ton grinçant, ont besoin de se dégourdir. Je te laisse payer la note. Affichant une petite moue satisfaite, elle tourna les talons tout en se dirigeant vers la porte de sortie. Elle déposa son verre vide sur le comptoir et indiqua au tavernier que son camarade paierait pour elle. Il hocha simplement la tête en attendant que le géant daigne venir verser les cristaux qui lui était dû. Diane pour sa part le gratifia d’un petit air mesquin qui se voulait puéril et punitif. Peut-être qu’elle n’était “que” domestique, mais au moins elle ne paierait pas ce soir ! Puis elle était plus que ça.

    Tanguant de gauche et de droite, elle se rendit compte qu’elle avait peut-être un peu abusé de la boisson. Qu’à cela ne tienne, l’air frais de la nuit lui ferait le plus grand bien, ainsi que marcher. Après quelques secondes d’efforts, elle atteignit enfin la porte. Elle l’a poussa non sans mal et s’engouffra à l’extérieur. Le temps qu’il termine son verre et paie, elle aurait sans doute le temps de se remettre les idées en place.

    Dehors, une vague d’air chaud s’infiltra sous la laine de sa robe. Si il faisait plus frais qu’à l’intérieur de la taverne ce n’était toujours pas assez. La route sous ses yeux zigzaguait également. Elle fronça les sourcils pour essayer de remettre les lignes des pavés droites mais rien n’y faisait, elles continuaient de se distordre comme une nuée de serpents. Cela l’amusa plus que de raison et un instant plus tard, elle alignait un pied après l’autre dans une droiture de dos exemplaire mais dans un tracé des plus précaire. Certains citadins lui lancèrent quelques regards intrigués mais ne s’attardèrent pas longtemps.

    Enfin, la porte s’ouvrit et sans lever le nez de sa nouvelle attraction favorite, elle lança :

    - C’est pas trop tôt ! J’ai bien cru que tu t’étais enfuie avec le saltimbanque ! Puis elle se mit à rire, ce qui la déséquilibra. Elle se rattrapa de justesse grâce à un jeu de jambe dont elle seule avait le secret et qui était le fruit d’un entraînement de plusieurs décennies. Les joues rouges où refluaient le sang et le vin ou le vin tout court, elle n’était plus vraiment en mesure de le certifier, elle leva les yeux en attente de son compagnon.
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    Re: A la croisée des chemins | Hryfin
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