Le suspens était insoutenable pour beaucoup. Violette regardait son numéro, se demandant si c’était peut-être le bon. Elle n’était pas la plus chanceuse, en général, et ne s’attendait pas particulièrement à gagner, mais il y avait toujours cette pression, cet espoir que la chance soit en sa faveur. Tous les petits prix précédents étaient déjà tombés sur d’autres numéros, et il ne restait que le gros lot final, celui où tout le monde était suspendu aux lèvres de l’animatrice de cette soirée.
« … Le numéro 147! »
Petit moment de flottement dans l’assemblée. Le 147…? Mais c’était le sien! Violette se leva d’un coup, brandissant son ticket à bout de bras.
« C’est moi! »
Elle s’avança vers la scène légèrement surélevée, sous les regards envieux et déçus des autres participants. Le prix n’était pas immense non plus, mais avait fait envie à de nombreux couple présents ici. Et voilà que c’était une aventurière solitaire qui le remportait au nez et à la barbe de tout le monde. Même si ça, ils ne le savaient pas. Lumi avait d’ailleurs suivi Violette, comprenant que la brune venait de gagner quelque chose. La Laïum avançait avec cette démarche un peu prétentieuse et narquoise qu’elle pouvait aller parfois, narguant ceux qui la regardait d’un air un peu mauvais.
« Bravo madame, vous avez gagné une nuit tous frais compris dans le châlet de l’Alchimiste, pour vous et la personne de votre choix! Il s’agit de la maison la plus moderne d’Aryon! Toute équipée des meilleures installations magiques de tout le pays! Tout frais compris, avec trois repas inclus du Grand Chef Godon Rasay! »
Et encore, elle passait sur certaines promesses de l’endroit, comme le fait que les familiers étaient - heureusement - bienvenus et avaient aussi droit à un traitement de roi. L’endroit n’était pas bien grand, à vrai dire, mais les installations semblaient vraiment hors du commun!
« Alors, mademoiselle, qui sera l’heureux élu qui vous accompagnera? Vous avez bien un petit ami, que vous inviteriez dans un cadre si idyllique, au milieu des bois, sans rien pour vous déranger? »
Elle n’y avait pas vraiment réfléchi, même pendant qu’elle sautillait un peu de joie sous les regards du public. Elle resta un petit moment pantoise, avant de s’emparer du micro magique d’amplification de voix que la femme lui tendait.
« Je ne sais pas encore, c’est un peu inattendu! Euh… Je pense sûrement y aller avec une amie! »
Au début, elle allait dire qu’elle irait seule et qu’elle mangera pour deux, et Lumi aussi. Il fallait dire que la dernière fois qu’elle avait mangé le repas d’un chef dans une auberge réputée, elle en était ressortie encore plus affamée qu’en rentrant. Même si ça avait été très bon. Sa bourse aussi en était ressortie beaucoup plus affamée qu’en rentrant… Mais bon, là, ça lui coûterait uniquement quelques cristaux! Et puis, sur qui inviter, elle s’était dit que ça pourrait peut-être plaire à Xylia aussi! Prenant tout ce qu’il fallait pour officialiser le séjour, au niveau des familiers, des régimes spéciaux à respecter - surtout pour Lumi - et de tout de le reste. Elle espérait vraiment que la garde soit disponible à ce moment… Mais elle avait visé large sur les quantités, du coup. Ca ne serait pas perdu, de tout de façon.
Une fois en dehors de la salle louée pour l’évènement, Violette se munit de son cristal de communication - une invention bien pratique tout de même.
« Hey! Xylia! Je te dérange pas? … Comment ça tu coures après un voleur? … Ouais, mais si tu veux je te rappelle après? Non? … Oh, okay! Mais tu serais disponible demain soir? … J’ai gagné un truc trop bien, une super nuit dans un super chalet avec de la super nourriture! … Oui tu peux ramener Freesia, et les autres aussi! C’est pas loin de la Forteresse en plus! On se retrouve par là bas? … Ouais, début de soirée! … Top! Et bonne course! Attrape-le! … A demain! Bisous! »
Elle ne tarda pas à raccrocher, la laissant à ses affaires de gardes, le rendez-vous fixé, espérant qu’elle n’avait pas gêné la garde dans sa course poursuite. D’un côté, elle aurait fait pareil et aurait aussi décroché dans une telle situation. Vu que c’était un appel mental, c’était beaucoup plus simple de décrocher dans ce genre de situations.
Le lendemain, elle se rendit donc vers la Forteresse, et, comme souvent, c’est Lumi qui remarqua en première les arrivants. Cela devait être cool, d’avoir une meilleure ouïe et un meilleur odorat pour sentir les gens arriver de plus loin! Peut-être même une meilleure vue aussi, les créatures volantes avaient une bonne vue en général. Violette se précipita donc à la suite de la laïum, la première se dirigeant vers Xylia, pour lui sauter dessus en un câlin, tandis que l’autre bondissait sur sa congénère.
« Hey! Ca va bien! Contente que t’ai pu venir! J’ai gagné cette soirée pour deux à une loterie et je me suis dis que ça pourrait te faire plaisir aussi! Enfin, ne traînons pas, j’ai trop envie de découvrir ça! »
Pressée, curieuse, elle avait vraiment hâte de découvrir tous les équipements high-tech de l’endroit et aussi, et surtout, la nourriture qui les attendait. Apparemment, il y aurait de tout! Alcoolisé ou non, des jus de fruits frais, de ce qu’elle avait compris, c’était à la demande et tout se retrouvait téléporté directement depuis les stocks de l’Alchimiste, ce qui leur donnait accès à absolument tout en les laissant tranquilles en même temps.
La brune s’empara donc de la main de Xylia, rapidement suivie des deux laïums, parfaitement heureuses du froid de leur côté. Violette était assez bien couverte de son côté, mais cette petite marche était loin d’être désagréable, dans une forêt enneigée tout à fait ravissante, leurs pas faisant craquer la neige parfaitement uniforme avant leur passage. Ici ou là, un petit cours d’eau gelé, dans un calme presque total si ce n’était les quelques bruits de vie sauvage autour d’elles. Rien de menaçant du tout, l’endroit semblait parfaitement paisible. Pas de grognours aux environs, donc. L’occasion d’un peu parler de tout et de rien, des dernières quêtes, et aussi de ce qui était arrivé à ce fameux voleur de hier.
Le chalet en vue, l’endroit s’éclaira alors qu’elles approchaient, laissant voir un bâtiment assez petit, qui ne payait pas trop de mine à première vue. Une arnaque? Non, c’était sûrement magique! Un peu comme sa théière ou l’Emport’Tout de Jaina. Elle approcha, la clé magique sur elle, et la porte s’ouvrit doucement dans une petite mélodie, alors que le chalet s’alluma de pleins de petites lampes magiques très ravissantes. Elle ne perdit pas de temps, alors que les laïums étaient parties s’amuser dans la neige autour du chalet avec la Griffroid. Au moins, elles n’allaient rien casser ni n’attirer de soucis à personne cette fois-ci.
Sur la table, dans la réception, deux tasses de chocolat chaud fumantes laissant échapper un arôme exquis les attendaient. Violette s’y dirigea immédiatement, tendant l’autre à Xylia. Elle avait encore un peu froid, et le breuvage serait plus qu’agréable après cette petite marche dans le froid! Le temps de rapidement trinquer, et elle en prit une bonne gorgée.
« Allons voir ce que l’endroit nous réserve, il a l’air super spacieux! Et bien chauffé! »
Très confortable en effet, le salon semblait parfait, les fauteuils et le canapé avaient l’air d’être en poils de Dohlio. La cheminée brûlait d’un feu magique qui n’avait pas l’air d’avoir besoin de bois pour s’entretenir, tout en restant tout aussi chaleureux et magnifique à regarder et… Et pourquoi sentait-elle qu’il y avait soudainement quelqu’un d’autre dans son ressenti? Elle se tourna rapidement vers Xylia, une seconde avant que le bruit de nombreux verrous ne se fasse entendre derrière elles.
« Qu’est-ce-que…? »
Soudainement inquiète, elle se dirigea vers la porte, sa clé magique à la main. Elle essaya de l’ouvrir, mais elle était solidement verrouillée. Elle tenta légèrement de forcer, sans succès.
« Complètement fermée, et protégée magiquement… Je… Je ne comprend pas. »
Confuse, inquiète, elle ne se sentait plus vraiment trop bien. Était-ce un piège? Mais, quel intérêt? Pourquoi? C’était une soirée dans un super chalet, pas une quête dangereuse ou une mission ou quoi que ce soit du genre… Et puis, Lumi et Freesia étaient encore dehors!
* Lumi…? Tu m’entends? Lumi! *
Télépathiquement, silence. Rien. Violette s’inquiéta encore plus, tremblant légèrement. Elle avait peur, plus pour Lumi que pour elle.
« J…J’arrive plus à parler télépathiquement à Lumi… »
Elle tremblait, regardant Xylia. Ce n’était pas le moment de paniquer…
Donc, le coup de cristal de communication avait été un joli souffle d’air frais et tu aurais été bien idiote de ne pas accepter sa proposition. De toute manière, ta bouche a répondu à l’affirmative avant même que ta tête y pense vraiment. Donc cette journée tu l’avais complètement prise de manière détendue. Laissant derrière toi ton sac sans fond ou ton attirail.
Il y avait bien Tea, ta nouvelle âme artificielle, un suruchin, qui s’était glissé comme une ceinture autour de ta taille et ton tatouage de rangement qui gardait ton cristal de communication et ta gemme de position. Bon, d’accord, il y avait aussi ta bague tepsi qui avait tes nunchakus ainsi que ta broche nutritive sur ta poitrine, mais bon, c’était plus par réflexe qu’autre chose.
Nous allons donc partir du principe que tu n’as presque rien vu que c’est à la base une simple sortie entre deux amies pour profiter d’un bon repas gratuit. Dans toute ta naïveté et confiance actuelle en Violette tu es certaine que cette dernière a vérifié que tout était bien en ordre avec cette invitation. La confiance dans les autres, tu sais pourtant que cela ne paye pas, encore plus avec ton expérience d’espionne. Il faudra que tu en parles à Zahria à l’occasion. Ou n’importe quel espion en fait. Tu te laisses avoir beaucoup trop facilement. Tu es trop humaine certainement. Trop jeune aussi.
Tout cela pour dire que quand ça a commencé à devenir étrange dans cette cabane, c’est quand tu as ressenti cette sensation étrangement familière de sentir des sensations qui ne sont point tiennes. L’inquiétude qui monte sans pouvoir la contrôler, la sentir grandir encore en encore. Avoir la respiration et le rythme cardiaque qui suivent cette émotion alors que tu vois et ressent Violette qui commence une crise de panique.
Elle tremble, te parle, mais plus que tout tu la ressens. Violette est devenue d’un coup comme ses plantes à qui tu pompes de l’énergie vitale pour soigner et qui te font tout ressentir de comment elles vont pendant ce moment-là. Ce n’est pas plus joyeux et encore plus humain comme sensation. Là, tu comprends chaque nuance de sa crainte et tu te dois d’agir, tu ne peux pas laisser les choses arrivées plus, tu ne peux pas te laisser entraîner par son inquiétude comme ce que tu fais pour le moment. Tu prends une forte inspiration, mais cela ne te calme pas, parce que cela ne calme pas Violette.
Il y a une grande incompréhension qui monte en toi sur cette situation. Est-ce que c’est un piège ? Une façon de jouer un jeu qui te dépasse ? Pourquoi Freesia ne t’envoie aucune sensation elle ? Non, il ne faut pas ajouter du stresse à ce que tu vis là. C’est compliqué de garder un semblant de calme alors que rien n’est fait pour. Tu tentes un sourire, mais il a tout de factice, l’âme n’y est pas du tout et il n’y a aucune confiance dans ton simple geste. C’est l’intention qui compte, non ?
— Ça va aller. On est ensemble. Freesia et Lumi aussi sont ensemble. Elles sont fortes, nous aussi.
Les mots sont autant pour te rassurer elle que toi. Doucement tu t’approches pour la prendre contre toi. Avoir la sensation de son corps contre le tien. Le souffle de sa peau sur la tienne et son pouls qui pulse sous tes doigts. Le besoin de sentir qu’elle n’est pas une illusion, qu’elle est bien en vie. Cela fait monter en toi une sensation de sérénité, même si ça n’efface pas tout le reste, c’est déjà un peu mieux.
— Je ne sais absolument pas c’est quoi le jeu dans cette histoire, ni ce qui se passe, mais à nous deux on va leur botter le cul. Comme la dernière fois.
Tu te détaches doucement d’elle et la fixe droit dans les yeux avec un sourire plus vrai que le premier cette fois.
— On mange d’abord et on trouve une solution ensuite ? Ce n’est pas un crime que de laisser de la nourriture se perdre ?
La tentative d’humour ne sera peut-être pas bien prise, mais tu as besoin de lui changer les idées pour tenter d’être le plus efficace possible dans cette histoire.
Elle finit par s’écarter un peu, le temps pour Violette de remarquer qu’elle s’était accrochée à elle un peu comme un koala à une branche, de lui laisser un peu d’espace, alors qu’une pointe de timidité fit son apparition. Une gêne qui fut rapidement noyée par tout le reste des soucis, s’il y avait bien quelqu’un en qui elle avait confiance, c’était Xylia.
« Je… merci. »
Un nouveau long souffle, l’aventurière referma les yeux un instant, essayant de recoller ses pensées qui s’étaient fissurées pendant cet instant. Elle tremblotait encore légèrement, mais botter le cul de ceux qui avaient fait ça, elle savait faire. Elle rouvrit les yeux vers la garde, avec moins de panique.
« Je déteste vraiment être enfermée… »
Un aveu net et précis, peut-être un moyen de s’excuser, ou de se trouver une excuse. Mais c’était vrai. Sans être complètement claustrophobe dans les lieux confinés, surtout grâce à son pouvoir lui permettant de s’échapper si elle prévoyait le coup à l’avance, elle n’y était jamais à l’aise. Ici, elle n’avait rien vu venir, du tout. Et le fait d’être complètement enfermée et coupée de son familier continuait de peser sur son esprit. Elle détestait vraiment être enfermée, mais elle détestait aussi avoir l’air faible et dépendre des autres, parce-qu’elle avait l’impression que cela ne la rendait plus légitime à suivre sa vie d’aventurière. Le souci, c’était qu’elle avait l’impression que la garde pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Puisqu’elle avait bien compris que ces autres sensations qui n’étaient pas les siennes étaient bien celles de son amie, l’inverse était certainement vrai aussi. Là encore, c’était peut-être bien la seule avec qui ce phénomène n’était pas si gênant que ça.
« M’appâter avec de la nourriture, tu me connais trop bien… »
Elle avait répondu avec un sourire un peu faux qui peinait à dissimuler son inquiétude persistante, même si elle était au moins plus calme qu’il y a quelques instants. A vrai dire, elle n’avait pas vraiment faim dans un tel environnement anxiogène. Mais Xylia avait l’air de réussir à rester calme, alors elle était prête à la suivre sans poser de questions. Si c’était ce qu’elle jugeait être le mieux…
L’aventurière s’avança vers le centre du chalet, prenant cette petite blague au sérieux en quittant le salon pour arriver jusqu’à la salle à manger où un véritable festin sur une table digne des plus grands nobles les attendait. Au moins, ils n’avaient pas menti sur la nourriture - ni oublié les directives de Violette. C’était peut-être un piège, mais pourquoi s’embêter à tout leur fournir comme elle l’avait demandé? Il y avait même différents mets glacés maintenus gelés grâce à des cristaux magiques, pour des laïums malheureux qui ne pourront pas en profiter. Le reste semblait frais et en parfait état, comme s’il avait été fait il y a quelques minutes à peine et sortait de la cuisine.
« Il… Y a tout ce que j’avais demandé. Pourquoi s’embêter autant si c’est piégé? Tu penses qu’il y a des choses empoisonnées? »
Heureusement, Xylia avait une broche nutrivif pour s’assurer que rien ne l’était. Violette, de son côté, ne pouvait pas s’empêcher de jeter des coups d'œil fréquents et inquiets vers les fenêtres ou autres sorties, continuant de jouer de sa volonté pour rester calme. Elle hésitait même à casser un mur, et tant pis s’il faisait froid après. Baissant légèrement la tête, Violette ne peut pas vraiment s’empêcher de se sentir mal pour l’avoir impliquée dans cette histoire. Elle qui pensait simplement passer une belle soirée dans un lieu magnifique, voilà qu’en plus de s’être attirée des problèmes, elle en avait attiré à elle aussi.
« Xylia… Je… Désolée pour tout ça. Si j’avais su… J’aurais dû faire attention, vérifier que tout semblait bien avant… Mais j’y ai foncé tête baissée et je t’y ai amené avec moi… »
Elle était sincère, au point où les mots lui manquaient, la garde pourrait parfaitement le sentir. Violette débordait d’émotions diverses comme jamais cela ne lui était arrivé avant. D’habitude, elle était courageuse et contrôlée, mais le fait d’avoir attiré des soucis à quelqu’un à qui elle tenait avait complètement grippé ses méthodes de fonctionnement habituelles. Violette se retrouvait à fleur de peau. Mais dès qu’elle se sentait un peu s’emballer, elle relevait les yeux vers Xylia, ce qui lui donnait la force de se calmer, pour ne pas la submerger elle de ses bêtises. Pour ne pas la déranger, ou lui faire du mal.
« On va tirer tout ça au clair, hein? »
A la fois une affirmation et une question, elle savait que c’était le mieux à faire, et que Xylia était déjà prête, contrairement à elle. Mais elle avait encore besoin d’être un peu rassurée aussi. Par sa voix, et par son sourire.
— Si je veux avoir ton cœur il faut bien que je sache comment ton ventre fonctionne.
C’est dit avec un clin d’œil et une touche d’humour ainsi qu’une subtile touche de sincérité. Ce que tu construis avec Violette est simple, sans tous les secrets d’espion ou peur de trahison. C’est quelque chose de précieux et même si ce repas est étrange, tu veux y voir seulement du positif. Il le faut bien parce que visiblement tu ressens ce qu’elle ressent et elle doit ressentir aussi le début de ton malaise sur cette situation, mais cela ne doit pas devenir plus.
— Je ne sais pas pourquoi faire autant d’effort pour cela, mais ce qui est certain c’est que l’on va profiter de ce qui se passe et on arrêtera le coupable ensuite ! Je vais te montrer comment je peux être une garde efficace même pendant ses moments de repos.
Tu bombes le torse et joues un peu des mécaniques pour caricaturer un peu la scène. Tout en faisant cela avec un sourire, tu prends une bouchée de purée de pommes de terre. C’est un geste basique, tu as vérifié si ce n’était pas empoisonné et comestible, mais tu connais un des défauts du nutritif. Il ne parle pas des drogues, potions ou effets non mortels mis dedans. Au fur et à mesure que tu mâches ta purée, tu sens une colère se mettre dans le fond de ta gorge. C’est très particulier, comme si tout l’énervement partait de là, mais ce n’est pas ta colère, ni celle de Violette, c’est encore différent.
— Putain !
Le mot sort tout seul et ta main a attrapé instinctivement un couteau pour le lancer dans la direction de la porte où il se plante parfaitement. C’est un très bon couteau et bien équilibré en plus de cela qu’on vous a mis à disposition. Parfait normalement pour découper de la viande sans le moindre souci. Cela rend tout cela encore plus étrange et tu n’y comprends rien. Tu ne veux pas, mais tu as du mal à garder ton calme suite à cette colère qui grandit sans arriver à la calmer.
— Ne mange rien en fait, même ça c’est de la merde…
Tu voudrais vraiment ne pas être énervé, le dire plus calmement, mais tout dans ta voix montre clairement la colère et rien du contrôle que tu tentes d’avoir sur toi ne semble vouloir fonctionner. Par contre, il y a des bruits de grattement et coup qui semblent être donnés dans la porte. Freesia et Lumi doivent sans l’ombre d’un doute chercher à entrer dans le lieu et ton cœur a mal de les savoir perdus et paniqués dehors.
— Gamine, ce n’est pas toi qui as dit qu’il fallait rester calme ?
La voix de Tea te surprend et le sursaut que tu viens de faire l’indique clairement. L’âme artificielle utilise ton corps pour grimper s’enrouler un peu autour de ton cou. Cela semble à première vue angoissant, mais la fraîcheur du passif de l’arme calme un peu cette colère sourde qui est là.
— Si, merci, Tea. D’ailleurs, Violette, voici Tea, ma conscience.
Le suruchin ne répond rien à la remarque et ondule simplement sur ta peau. Tu sais qu’il serait resté silencieux sans ta perte de contrôle et semble avoir jugé Violette assez fiable pour ne pas avoir à cacher à elle qu’il peut bouger et parler.
— Je ne sais pas non plus qui a organisé cela, mais la nourriture est bonne, juste avec… un effet sur les émotions et on partage les nôtres… Est-ce qu’on est des sujets d’expériences pour de la magie basée là-dessus ?
Comme pour féliciter à cette récompense une musique douce et calme se met à être diffusée dans la pièce. Autant dans une autre circonstance cela ne t’aurait pas déranger, autant là tu trouves juste cela de plus en plus étrange simplement.
— Tu crois que si on termine le repas on pourra sortir ?
- Jet de dés pour action:
« Je… Euh… Je pense que c’est pas mon ventre le plus compliqué à comprendre. Héhé. »
Si l’on se demandait d’où Lumi tenait son côté morfale, il n’y avait pas à regarder beaucoup plus loin que l’aventurière. Si elle savait être économe en milieu sauvage, elle était aussi capable de dépenser des sommes astronomiques de cristaux dans des auberges ou autres restaurants dés que les plats proposés l’inspiraient. Ce qui n’était pas forcément bien compliqué - l’aventurière n’avait pas vraiment souvenir d’ingrédients qu’elle était incapable de manger. Et même ceux qu’elle n’avait pas aimé par le passé, elle était prête à les réessayer, pour peu qu’ils soient préparés différemment.
Toujours était-il que la nourriture semblait être très intéressante, et avait l’air particulièrement bonne! Peut-être que tout le reste de l’endroit était normal. Une réflexion un peu naïve, alors que l’aventurière se servait également à table et commença à manger ce qui ressemblait à du poulet avec une petite sauce qui semblait assez épaisse, un peu aigre. Elle sursauta d’ailleurs à la saute de colère de la garde, comprenant un peu plus tard avec cette émotion partagée que même la nourriture avait été piégée. Sans poison, mais bien par magie. L’aventurière laissa échapper un petit soupir, légèrement triste d’un coup, empreinte d’une douce mélancolie, le genre de celles où l’on se retrouve à réfléchir sur ses erreurs un jour de pluie, sous un plaid bien chaud. Pas le pire des sentiments, mais très étrange à ressentir à côté de la colère de Xylia. Malheureusement, son conseil de ne rien manger arrivait un peu tard, mais il y avait aussi quelque chose qu’elle pu comprendre alors qu’une troisième personne venait de rejoindre la discussion non sans qu’une certaine surprise se lise sur le regard de l’aventurière. Ce n’était largement pas la première âme artificielle qu’elle recontrait - loin de là, et elle n’oublierait pas une certaine trousse en cuir de si tôt de tout de façon.
« Et bien, enchantée. Je m’y attendais pas trop, ça m’a un peu surprise, mais c’est vrai que tu as toujours été bien entourée de ton côté. »
Que ce soit ses familiers, ou maintenant également sa propre arme, elle n’était pas si surprise que cela. En tout cas, il lui avaient tous semblés formidables et pour que la garde vienne à appeler ce nouveau compagnon sa “conscience” lui révélait un peu l’importance que ses conseils pouvaient avoir pour elle.
« Je… ne pense pas que finir le repas suffira. Cela parlait bien d’une nuit entière à la base, donc je pense que ce sera sûrement demain matin que nous serons libres… Sûrement pas avant, à moins de trouver un moyen de s’échapper. »
Certainement que d’autres pièges ou effets magiques du genre se trouvaient partout dans la maison, à divers endroits, sur divers objets ou autres choses à consommer. Violette était presque sûre que rien ne serait empoisonné ou nocif, mais l’aventurière devait aussi s’habituer à ce que cette maison joue avec ses sentiments.
« Je ne sais vraiment pas pourquoi une telle farce serait mise en place par contre. Ils ont l’air d’avoir les moyens donc payer des sujets de tests serait bien plus logique que de tromper des gens avec le prix d’une loterie… Mais le plus important n’est pas vraiment de savoir pourquoi, pour l’instant. »
Non, le plus important était de savoir comment la maison agissait et comment s’en défaire. Mieux valait ne pas abuser de la nourriture si elle provoquait des émotions aussi aléatoires que potentiellement dangereuses - en témoigne le couteau planté dans la porte un peu plus loin. Des grattements à la porte à l’extérieur firent légèrement grimacer l’aventurière, inquiète pour Lumi, partageant de plus l’émotion de son amie à ce sujet.
« Mais si cette maison essaye de jouer avec nos émotions, elles ne sont jamais immuables. La colère peut être contenue, l’inquiétude peut être apaisée, et ça vaut pour toutes les émotions négatives! »
Après tout, la maison était aussi sûrement capable de leur communiquer des émotions positives, mais celles-ci, elle pouvait les garder sans soucis. Pour les négatives, elle ne voyait qu’une solution : S’aider l’une l’autre à les effacer.
« Si l’on éprouve des émotions positives plus fortes, les négatives ne sauront pas nous atteindre! Alors… Construisons ça ensemble! »
Un espoir qui avait du sens, et une réflexion plus proche de celles que Violette avait l’habitude. Si les laïums grattaient dehors, c’était qu’elles allaient bien, et qu’elles étaient en forme! Elle était avec Xylia, dans un cadre magnifique bien qu’étrange, mais cette expérience qu’elle vivait en ce moment était unique et elle savait que rien dans sa vie n’y ressemblera sûrement. Rien dans sa vie n’y avait ressemblé pour le moment de tout de façon! La dernière fois qu’elle avait éprouvé de si fortes émotions, c’était sûrement quand Lilith l’avait prise sous son aile - figurativement - et lui avait ouvert la voie des aventuriers.
Fouillant rapidement dans son sac, elle en sortit un petit paquet de biscuits aux champignons pudding, avant de saisir la main de la garde et de la mener jusqu’au magnifique salon du chalet dans lequel le feu magique de la cheminée brûlait toujours, crépitant comme un feu réel et irradiant la pièce d’une chaleur réconfortante dont Violette ne savait pas si elle était magique ou naturelle. Est-ce-qu’il se pouvait que l’état d’esprit des gens influe également sur les émotions ressenties? Est-ce-que l’inquiétude et la peur de décevoir Xylia ne les avaient pas menées dans une spirale d’émotions négatives? En les chassant, ne seraient-elles pas capables de ressentir plus d’émotions positives de la part de cet endroit magique?
Se jetant à moitié dans le canapé, sortant quelques biscuits qu’elle tendit à son amie, elle lui offrit un grand sourire plein d’espoir. Peut-être qu’elle aurait pu réessayer la nourriture avec ce nouvel état d’esprit, mais dans le doute, autant utiliser un peu de ses réserves qui n’était pas empreintes de magie - à priori. En attendant, elle recommençait à voir le bon côté des choses, elle comprenait mieux aussi les doutes et les craintes de son amie, et, maintenant qu’elle était plus stable mentalement, voulait tout faire pour les effacer.
« Je t’avais déjà parlé de ce restaurant, qui proposait de faire manger des cailloux comestibles aux gens? Ils utilisaient aussi une magie de suggestion pour le goût de leur plat… Je commence à avoir l’habitude de ces traquenards, à force. J’irai même jusqu’à penser que c’est mon destin de m’y retrouver confrontée, comme si quelque chose essayait de renforcer ma volonté et mes émotions par ce genre d’entraînement… »
Toujours le bon côté des choses, Violette partit dans de nouveaux récits de ses aventures, de ses rencontres, de ce fameux restaurant et de ses pierres étranges. Son objectif secret était de se laisser aller, de faire oublier un peu l’endroit à Xylia et à elle-même, de simplement passer un bon moment. Ses yeux restaient rivés vers elle, vers les siens, s’y noyant un peu alors qu’elle parlait de tout et de rien, faisant de son mieux pour que la situation s'apaise. Du moins jusqu’à ce qu’elle soit elle-même assez apaisée pour retenter de faire des conneries. L’un de ses bras se nimba rapidement d’ombre, avant de revenir à la normale avec une bouteille qui semblait être d’une excellente facture, et de deux verres.
« C’est peut-être une immense connerie mais… Prête pour une nouvelle loterie émotionnelle? »
— Ce n’est pas parce que ce n’est pas compliqué qu’il ne faut pas faire d’effort, au contraire. Puis, on se retrouve dans des situations incongrues qui seront de belles histoires à raconter plus tard en prime.
Même si tu voudrais bien qu’une de tes rencontres avec Violette soit plus normale. Finalement, même celle du Nouvel An a été étrange. Tu as passé ton temps à observer les gens sans même agir avec eux, mais ce n’est pas la question du jour.
— Au moins on ne nous laisse pas mourir de faim. Espérons qu’on ça ne soit pas une crise de panique qui nous achève.
Parce qu’au final jouer avec les émotions des gens était extrêmement dangereux et ta colère qui n’est point vraiment tienne reste encore présente. Bien trop présente pour parler de tout cela en restant uniquement positive. Ce n’est pas agréable de montrer autre chose que tes bons côtés à ton amie. Cela aurait été mieux d’être aussi parfaite que tu le souhaites à la base.
— Peut-être qu’ils ont besoin de voir avec des sujets tests non informer des expériences pour vivre le truc plus à fond, surtout si cela touche les émotions.
Il y a beaucoup de vrais dedans. Il a aussi que l’alchimiste en charge de ce projet ne sait pas que son apprenti a pris sur lui de faire les expériences de lui-même sans demander à son mentor et que c’est la réflexion d’un adolescent qui pense bien faire. Qu’avec un cadre agréable tout le monde trouvera cela génial. Il n’y a pas toujours des gens maléfiques à l’origine de situation assez complexe, il y a des gens parfois remplis de bonnes intentions qui ne se rendent même plus compte qu’ils font tout de travers, mais encore une fois, ce n’est point la question du jour.
Quoi qu’il en soit, parler avec Violette t’aide à être plus détendue dans toute cette histoire et à gérer les émotions comme elle le propose si bien. Il y a aussi l’expérience avec les plantes qui joue, mais quand tu es submergé par une émotion de plante tu peux couper le lien d’un coup, stopper les informations en surplus, ce qui n’est pas le cas présentement. Tu sembles amusé par l’évocation du restaurant de cailloux pour le coup.
— C’est peut-être la magie d’être aventurière qui t’offre une vie pleine de rebondissements, les Astres tracent pour toi un avenir plein de vague pour que tu surfes au-dessus et te dépasses encore plus ! Au fait, tu as déjà fait du surf ?
Une question anodine comme pour rendre tout ce qui se passe en ce moment plus normal. Comme si vous n’étiez pas enfermé sans lien avec vos familiers à l’extérieur. Au moins ça te permet de ne pas voir Freesia qui c’est décidé à commencer à tenter de creuser un tunnel sous la porte et découvrir en même temps que les maisons humaines ont des fondations qui empêchent d’entrer aussi facilement.
— Avec toi j’ai déjà touché le gros lot, alors autant continuer à jouer.
Les deux verres furent servis et cela t’amusa quelque part. La colère reste là, mais en toile de fond et peut à peu elle s’apaise de plus en plus complètement emporter par les émotions de Violette qui t’enlace d’une certaine façon.
— Santé !
Ce fut une déferlante euphorie qui remplit le ventre, une euphorie qui donne immédiatement envie de rire et la fin du contenu de ton verre termine sur ton nombril alors que le rire te prend.
Pas mal ce tir-là.
C’était sûr qu’au final, l’expérience qu’elles éprouvaient ici était unique et le resterait certainement. Et cela suffisait à Violette qui ne supportait pas la monotonie ou une sorte de routine. Même si l’expérience de ces émotions négatives étaient loin d’être agréable, qu’elle avait toujours ce serrement au cœur quand elle se rappelait qu’elle était enfermée, elle n’avait pas abandonné face à bien plus dangereux que cela. Et de plus, elle n’était plus seule. Telle une flamme pour éclairer l’obscurité et éloigner ses peurs, pour lui révéler des ombres nettes et précises.
Quant à la raison de ces tourments émotionnels, certainement qu’ils n’auraient pas la réponse tant qu’elles seraient enfermées à l’intérieur. De mauvais réglages d’un dispositif normalement bien plus discret? Une expérience perverse et sûrement complètement illégale? Finalement, peu importait! Mieux valait faire au mieux dans le moment présent, et chercher le responsable ensuite si elles jugeaient qu’il devrait répondre de ses actes. Alors Violette se laissa happer, comme elle le voulait, dans des petites discussions.
« Je n’imagine pas ma vie autrement que pleine de rebondissements de tout de façon! C’est pour ça que j’ai choisi de devenir aventurière. »
Fouillant rapidement dans son sac sans fond, elle en sortit sa planche de surf magique, d’une couleur oscillant entre le violet et le lila dans des motifs qui, s’ils n’avaient aucun sens, avaient au moins le mérite d’être assez esthétiques. Pas le plus fier de ses achats, surtout pour la raison qu’elle n’allait pas tarder à expliquer.
« Je suis déjà équipée en plus, elle est même magique! Histoire de pouvoir surfer à toute vitesse sur les vagues! J’ai même un équipement de plongée complet pour visiter les fonds marins, mais j’ai jamais encore pu utiliser aucun des deux… »
Un peu déçue par cette dernière phrase, elle avait déjà vérifié que tout son équipement était bien fonctionnel mais l’utiliser sur des plages paradisiaques aurait été bien plus sympathique, lors de vacances estivales, par exemple. Il fallait dire qu’elle n’était pas la plus douée pour se contrôler lors de ses trop nombreux achats. C’était surtout qu’une planche de surf magique ça avait l’air beaucoup trop bien, et qu’elle avait craqué, pour ne pas l’utiliser depuis.
« Enfin, c’est pas les seuls, j’ai un tas d’objets magiques ou non que je n’ai jamais utilisés mais que j’ai acheté juste parce-qu’ils avaient l’air beaucoup trop bien… Mais ça veut aussi dire que le moment venu j’aurais déjà tout ce qu’il me faut! Et puis, tu es de l’Archipel, non? Tu dois connaître des supers coins là bas non? »
Alors oui, ce n’était pas particulièrement la saison du surf et de la plongée, mais elle viendrait bien assez vite. Le principal problème était que beaucoup d’aventuriers allaient prendre des quêtes à l’Archipel ou au Grand Port pour l’été, étrangement. Et ce surnombre faisait aussi que les quêtes disponibles étaient très souvent très nulles, ou bien trop prenantes pour profiter de l’endroit et de la météo. La mobilité des quêtes et de la guilde était clairement plus qu' appréciable.
« Santé ! »
Violette prit à son tour une gorgée de ce que son ombre avait récupéré pour elle, et, alors que Xylia se mit à rire aux éclats de son côté, l’aventurière trouva assez rapidement ce rire contagieux. Elle réussit tout de même à reposer le verre sur la table plus ou moins intact, avant de se laisser aller aussi à cette douce émotion partagée. Comme quoi, il n’y avait pas que des mauvaises émotions qui les attendaient! Peut-être même que l’humeur initiale jouait sur l’émotion ressentie aussi, qu’il fallait remonter dans une spirale d’émotions positives.
Peut-être se sentirait-elle un peu plus mal si elle savait que les laïums s’étaient décidées à monter une entreprise de creusage de tunnels, tout en découvrant que ce n’était pas si facile que cela. Mais elles n’étaient pas découragées pour autant. D’un côté, malgré l’inquiétude, elles étaient ensembles, et s’amusaient sûrement sans forcément s’en rendre compte.
« T… Tu vois! C’est pas si mal que ça cet endroit au final! »
Une phrase tant dédiée à son amie qu’à elle-même, alors que l’aventurière séchait difficilement les larmes qui avaient coulé sur ses joues suite à ce long fou rire. La boucle de leurs émotions partagées n’avait clairement pas arrangé leur cas. Violette s’hasarda tout de même, par pure folie, à reprendre une nouvelle gorgée de son verre.
« T’as même déjà tellement bu que tu n’arrives plus à le faire proprement! »
Nouveau petit rire alors que son ombre était allée chercher une petite serviette qu’elle alla récupérer d’une petite transposition alors que son hilarité reprenait encore plus le dessus. S’approchant d’elle, elle pressa donc la serviette contre son ventre pour essuyer l’accident que le rire de Xylia avait provoqué bien malgré elle. Oh, elle ne lui rejetait aucunement la faute dessus - il se pouvait même que le tapis ait eu droit à sa dose d’alcool aussi lors de sa deuxième gorgée. Même si lui ne risquait pas de se mettre à rire aussi. Encore que, ce ne serait pas la chose la plus bizarre qui lui serait arrivée.
« Ca… a un petit côté addictif en vrai… C’est vraiment prudent d’aller finir toute la bouteille? »
Bien entendu que ça ne l’était pas. Voulait-elle le faire quand même?
Évidemment que oui.
— Je te ferais définitivement visiter des coins dans les archipels. Je n’ai jamais vraiment plongé, mais à deux ça doit être génial. Même quand tu viens d’un lieu, il y a encore beaucoup à découvrir.
Tout en disant cela, tu fouilles dans ton sac sans fond. Sa réflexion sur les objets acheter de manière coup de cœur te fait penser à certains des tiens pour le coup. Tu t’étais presque battue pour cet objet et pourtant il avait eu peu d’utilisation. Le demi-globe stellaire sorti fut mis sur la table et activé pour activer une carte des étoiles sur les murs de l’endroit.
— Je pense sincèrement qu’il n’y a pas besoin qu’un objet soit forcément utile pour le prendre. S’il te fait envie, fonce, plus tard tu en trouveras l’utilisation ou une personne à l’offrir à qui cela fera plaisir. Par exemple, j’ai une statue de glooby de deux mètres que j’ai gagnées et dont je ne sais pas trop quoi faire, bah elle sert de terrain de jeu à mon glooby au final.
Anecdote inutile, mais que tu voulais tout de même partager. C’était plus agréable que les sentiments en partage. Même les sentiments positifs laissent un arrière-goût étrange à vivre. Ce n’est pas quelque chose à soi. Même dans de bons moments. Étrange expérience à vivre en tous les cas.
— On apprend à mieux se connaître mine de rien. Même si c’est un piège, être piégé avec toi est… assez plaisant.
Est-ce que c’est la boisson qui te fait dire cela ou vraiment la présence de Violette qui rend cette expérience moins stressante que ce qu’elle est vraiment ? Pour le moment tu n’en as aucune idée, mais autant profiter. Qu’est-ce que tu en sais que dehors vos familiers en panique ont décidé d’arrêter de défoncer la porte sans succès et sont partis à la recherche de secours ? Tu n’en sais juste rien, parce que vous êtes dans cette bulle étrange à partager émotion, repas et parole en bonne compagnie.
— Qu’est-ce qui est vraiment prudent actuellement ? Rien. Il n’y a rien de mortel dans ce qu’on mange ou bois, autant y aller à fond, non ?
Certainement pas, mais tout cela avait vraiment un côté addictif comme le disait si bien Violette. Par contre, il y a eu un bruit de serrure qui s’ouvre après que tu aies dit cela et ça semblait venir de sous le tapis.
— C’est ton ventre qui fait ce bruit-là ?
Parce que sur le moment c’est la réflexion la plus logique qui semble sortir de toi là tout de suite. Après tout peut-être que l’estomac de Violette faisait vraiment ce genre de bruit quand il était dans ce genre de moment.
En tout cas Violette n’était pas vraiment étonnée qu’elle ne soit pas la seule à avoir ce genre d’achats compulsifs pour des babioles. Elle n’est pas mécontente non plus de les présenter, prenant tout de même le temps de s’émerveiller devant le ciel étoilé de l’endroit, pas mécontente du tout non plus de ce piège, même si sa première approche avait été bien différente. A vrai dire, elle avait presque oublié qu’elle était enfermée, et dans son esprit seul restait vraiment Xylia.
Elle regarda néanmoins autour d’elle en entendant le bruit de serrure provenant de sous le tapis, rigolant un peu à la remarque de Xylia.
« Ça aurait pu, j’ai l’impression de ne pas avoir assez mangé. Comme d’habitude, en fait. »
C’était un peu faux, elle pouvait se sentir rassasiée, mais elle était quand même un sacré ventre sur patte, elle ne pouvait pas honnêtement le nier. S’avançant vers le tapis, remplis de divers motifs concentriques un peu abstraits, elle le retira, pour découvrir une trappe légèrement entrouverte. Plissant les yeux, elle l’ouvrit, et un cristal de lumière bleuté au sous-sol s’alluma progressivement, révélant une échelle en bois semblant presque neuve. Rien de bien poussiéreux, comme on pourrait s’attendre d’une vieille cave dissimulée.
« Qu’est-ce-que c’est que cet endroit encore…? Je suppose que l’aventure appelle parfois aux plus étranges des moments. »
Elle soupira, et décida donc de descendre en première. Tant que la trappe ne se refermait pas sur elle, tout irait bien. L’aventurière laissa tout de même une ombre en haut - au cas où. Une fois en bas, l’endroit avait l’air de ressembler à une cave garnie d’une multitude de tableaux représentant des caricatures un peu grossières d’une famille, d’un bureau rempli d’écrits qui avaient l’air de poèmes divers et variés, et une porte massive se trouvait là, fermée elle aussi, peut-être liée à une sorte de combinaison présente sur le côté, et beaucoup de meubles et de tiroirs rangeaient un véritable bric à brac.
« Aucun danger, mais ça a l’air super bizarre… »
C’était tout de même bizarre que cette serrure se soit ouverte ainsi d’elle-même, mais y avait-il un lien avec la magie de cet endroit? Sûrement. Violette essaya d’un peu fouiller la pièce, à la recherche d’un éventuel passage secret, d’une clé, d’une brique différente dans les murs taillés dans cette pierre grise. Les murs ne semblaient pas creux, les meubles ne semblaient rien dissimuler.
« Au final, tu ne penses pas que ce serait une bonne solution d’oblitérer la porte au fond de la cave d’un grand coup d’espadon? Ça nous ferait certainement gagner du temps, non? »
En espérant qu’ils ne la lui fasse pas payer. Le souci était que ce serait certainement le cas s’ils s’en rendaient compte… Après, il était vrai que si assez maline, Violette n’était pas vraiment la plus subtile des personnes. Et avait tendance à toujours aller au plus simple.
— Mon objectif sera de te rassasier un jour.
Avoir cet objectif en tête permet de voir votre relation sure du long terme. Une amitié qui ne sera pas touchée par ton identité d’espionne. Sincèrement, ça changera quoi à votre relation si elle l’apprend ? Rien, vous êtes juste des adolescentes qui passaient du bon temps ensemble avec des familiers qui se comprennent en prime. Cela te fait sourire et donne juste une impulsion pour aller encore plus de l’avant.
— Je trouve aussi ça étrange pour la porte, mais je propose plus un bon coup de pied. J’aimerais éviter d’avoir à cache un corps si on tue une personne par erreur avec un coup d’espadon.
Tu es déjà en mauvais terme avec la commission pour ne pas ajouter des charges aux dossiers contre toi. Tu n’as pas non plus envie que ce moment ne soit plus qu’un moment dont tu sois la seule à te souvenir si sbire dois intervenir sur la mémoire de ton amie. Une épaule est moins importante que des souvenirs là tout de suite. Ça se répare plus facilement.
En tout cas au moment où tu vas pour faire cela la porte de l’entrée s’ouvre sur vos deux familiers. Il y a même une banderole qui tombe du plafond indiquant que visiblement vous avez perdu, mais que ce n’était que partie remise. Tu ne comprends rien et Freesia n’aide pas à mieux comprendre en te pleurant dans les jambes.
— Heu… On est libre, mais on a… perdu ? Je ne sais pas ce que la personne voulait qu’on fasse, mais c’est étrange. La prochaine fois c’est moi qui choisis le lieu de rendez-vous.
Parce qu’il y aura certainement une prochaine fois, juste là tout te dépasse. Tu prends ton familier et le portes contre toi alors qu’elle quémande pour manger ce qu’il reste sur la table.
— On finit la table et on se barre ?
Tu feras venir une brigade pour enquêter plus tard, pour le moment ce n’est pas important. Tout le monde va bien et vous être libre. Les questions seront pour plus tard. Peut-être.
Violette laissa ensuite échapper un petit rire, assez intéressée par ce bien drôle de challenge. Elle savait pertinemment que Lumi prendrait certainement immédiatement le relais si elle arrivait à être rassasiée un jour. Enfin, si on parlait de nourriture, car rassasiée de Xylia, elle n’était pas certaine de pouvoir le devenir.
« J'ai compris, j'ai compris, pas d'incident diplomatique cette fois-ci... Même s'il aurait suffit de crier très fort qu'on allait exploser la porte non? »
Haussant les épaules, l’aventurière rangea son espadon dans son sac sans fond un fin sourire sur les lèvres. Elle savait très bien que Xylia n’était clairement pas la meilleure pour reffreiner ses pulsions chaotiques en général, ce qui rendait sa remarque encore plus impactante pour Violette. Si même son amie suggérait que l’idée était mauvaise, c’était certainement vrai. Elle ne pouvait pas nier qu’agiter des armes n’importe comment était aussi le meilleur moyen que tout cela finisse en accident. Heureusement pour elles, ou bien malheureusement, aucune des deux n’a le temps de mettre leur plan à exécution que la porte s’ouvre et indique qu’elles ont perdu... Perdu? Tout ce qu’elle vient de gagner en ce moment c’est une Lumi qui lui déboule droit dessus et qui lui assène des coups de langue glacée.
« Je sais pas si je dois m’inquiéter si je te laisse choisir le prochain lieu de rendez-vous ou pas... Tu penses à un lieu en particulier? »
Taquine, et riante en essayant de calmer en vain les coups de langue de son familier, elle savait parfaitement que même quand elle ne cherchait pas d’aventures elles avaient tendance à lui tomber sur le coin du nez. Mais la brune n’allait pas s’en plaindre. Et, avec le recul et malgré les moments passés difficiles, elle avait, au final, passée ici un bon moment.
« Attends, je... je vais vérifier un truc... »
Se munissant de son cristal de communication, elle adressa un appel directement à l’hôtesse de la Guilde de la Capitale, après qu’elle ait réussi à légèrement calmer Lumi.
« Oui... Allô? Oui, Violette Lehnsherr. J’aimerais savoir, vous aviez du courrier pour moi? ... Hm hm. Depuis plusieurs jours? Pourquoi vous ne m’avez pas appelée? ... Ah, c’est vrai que j’avais dis que je voulais pas être appelée... Eh... Héhé... Je... Désolée! »
Raccrochant et se retournant vers Xylia, avec un sourire d’idiote et gênée en même temps, elle se frotta l’arrière du crâne.
« Je... Crois que j'ai raté un courrier qui devait donner des indices ou des consignes pour la soirée. Je suis pas une lectrice très assidue de mes lettres, toujours en déplacement... »
Enfin, ce n’était pas le plus important, mais c’était aussi et surtout de terminer de faire un sort à ce buffet. Ca, c’était un plan derrière lequel elle ne pouvait que se ranger.
« Je donne à ce buffet un temps de survie d'environ 2 minutes avec les deux monstres qui viennent d'entrer... »