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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Ecole Buissonnière
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Ecole Buissonnière
    Dim 20 Fév 2022 - 10:56 #

    J’crache par terre, et ça atterrit sur une racine. Y’en a partout, ici, de toute façon. Pas moyen de faire deux mètres sans se prendre les pieds dans des bouts d’arbres, des branches qui dépassent au ras du sol ou au-dessus, et des bruits suspects partout, tout le temps. Pourtant, j’avais dit à Zah que la nature, c’était pas mon truc. Moi, j’suis pur jus de citoyen : qu’on me colle dans les bas-fonds putrides de la Capitale, de Grand-Port ou de Forteresse, et j’suis comme chez moi.

    Chez moi tout court, à la réflexion.

    Mais quand j’l’ai dit et que j’ai vu son regard devenir calculateur et introspectif, j’ai su que j’aurais mieux fait de fermer ma gueule. A la base, j’me plaignais juste pour la forme, vu que ma dernière mission m’avait fait courir au milieu de nulle part, et ç’avait été bien casse-couilles. Puis elle s’est rappelé le coup des plantes hallucinogènes quand on était au manoir, là, dans le nord. Et d’autres fois aussi.

    C’comme ça, la nature, pister les traces et sentir les crottes des biches, c’est pas mon délire. Moi, c’est les rats, les égouts, le vomi et les cadavres dans les ruelles.

    Mon expression redevient soigneusement neutre alors que j’remets mon barda de garde en place sur mes épaules, et que le sergent passe à côté de moi en m’insultant et en essayant de me flanquer une bourrade pour me faire chuter. C’est son p’tit jeu, à ce sale con teigneux, et j’le déteste déjà. Le jeu autant que le bonhomme. Evidemment, à sa place, j’ferais pareil, et sans doute pire, ce qui veut dire que la situation va pas s’améliorer.

    En plus, il pleut.

    Donc nos bottes font des éclaboussures, et quand le gars qui me précède saute avec un peu trop d’entrain, j’ai des gouttes qui m’arrivent sur le pif, ce qui me met encore plus de mauvaise humeur. Nos équipements standards donnent l’impression de pas avoir été lavés depuis plusieurs semaines, ce qui est sans doute le cas à l’odeur, et je comprends toujours pas pourquoi on se fait chier à porter quinze kilos alors qu’on a des sacs sans fond.

    Enfin, moi, en tout cas, j’en ai. P’tet que c’est pas le cas du pékin de base.

    Mais bon, on est censé apprendre à survivre en forêt, en milieu hostile au sens large, et à devenir capable de traquer des criminels qui laisseraient des traces légères avant de continuer à brigander notre beau pays. Puis j’suppose que y’a des recrues plus bleues que ça qui doivent juste apprendre à pas être simplement des grosses merdes. C’est tout un boulot aussi, et d’ailleurs, pleins de gens n’y arrivent jamais.

    Avec ma plaque de la Régulière, moi, j’suis juste un échange culturel, quelque part, contrairement à tous les spécialistes des Belluaires, avec leur garnison du Bled Paumé. Franchement, on crame tout, et on verra bien où les criminels se cachent. La vue sera plus belle, y’aura plus ni monstre ni voyou, et plus besoin de vivre dans les arbres. Ce qui serait la partie la plus dommage, quelque part, mais il sera toujours temps de créer un parcours d’acrobranche, non ? J’devrais proposer ce plan de développement à la Royauté, j’suis sûr ils seraient conquis.

    « Allez, bande de glands, on repart, c’était déjà bien trop long, comme pause ! »

    Le sergent, ça, un mètre quatre-vingt dix de muscle tout sec, une tête de roquet avec des p’tits yeux qui furètent partout et puent la méchanceté à vingt bornes, une voix grave faite pour porter par-dessus le fracas des combats, et des perspectives d’évolution proches de zéro : tout ce qu’il faut pour être le sous-officier idéal.

    On se met au pas de course, à la file, avec lui qui galope devant en continuant de nous insulter, chargé comme nous, et qui va de plus en plus vite pour être sûr de nous sécher et asseoir son autorité. On tient plus ou moins bien, mais comme un certain nombre sortent de l’académie, ils ont encore une bonne condition physique. Moi, c’est variable, mais courir trois heures en pleine forêt, c’est clairement pas mon dada. Déjà, j’ai pas de point de côté, c’est pas mal.

    Enfin, pas encore, j’veux dire.

    Quand il nous fait nous arrêter de nouveau, il flotte un peu moins, et y’a un renfoncement dans la roche qui pourrait être une grotte, ou juste un creux.

    « On va bivouaquer ici. Et qui dit bivouac dit… monter le campement. »

    On a pas des trucs qui fabriquent magiquement des tentes et tout ? Bordel, et dire que je me plaignais du budget des espions…
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
    Informations
    Re: Ecole Buissonnière
    Sam 5 Mar 2022 - 16:40 #
    Il n'était même pas question de refuser. Bon, j’avais surtout pas eu le choix. On m’avait dit que cette sortie était obligatoire, encore plus pour moi qui n’avait pas vraiment fait l’Académie, et ce même si tous les tests que j’avais passés pour intégrer la Garde avaient été plus que satisfaisants. Apparemment, le groupe serait constitué de gardes plus ou moins nouveaux. Est-ce que ça voulait dire qu’au cours de ma carrière, dans quelques années déjà, j’allais devoir me retaper ça ? Parce qu’à première vue, ça ne me vendait pas du tout du rêve.

    On avait longtemps marché sous la pluie, en essayant d’éviter les nombreux pièges végétaux qui semblaient avoir été conçus par la Nature elle-même pour nous empêcher de passer, avant de s’arrêter devant un renfoncement rocheux. Ce serait sans doute mieux que de dormir six pieds sous terre, et je ne peux pas m’empêcher de penser à un bon feu magique et à mon lit douillet qui m’attend… Quelque part derrière l’étendue verdoyante qu’on a traversé au pas de course. On a aucun équipement magique - quoique, le sergent doit probablement en avoir quelques uns planqués dans son sac - et, sans eux, je peux affirmer que je suis perdu et que je suis incapable de retourner à la caserne par mes propres moyens. Enfin, si, peut-être bien après des jours de marche à m’être fait coursé par dryades, loups d’ombre et compagnie. Instinctivement, je porte la main à l’épée qu’on m’a confiée pour cette escapade. Elle n’est sûrement pas de bonne facture, bien que ce soit déjà mieux que les épées d’entraînement. Avec ça, peu de chances de survivre face à de dangereuses créatures. La majorité, si ce n’est l'entièreté, des autres gardes peuvent sans doute compter sur leur pouvoir mais pas moi. Parfois, je me surprends à rêver que mes mains vont s’embraser ou que des lianes vont jaillir de mon corps. Un truc classe, stylé, qui vend du rêve. Mais rien ne vient. J’ai juste l’air ordinaire. On raconte que certains ne découvrent pas leur pouvoir de toute leur vie. Et si c’était mon cas ?

    Je vais rester et aider à monter le camp, ça vaut mieux.

    Autour de moi, les groupes ont déjà commencé à se former. Pas de chance pour moi, encore une fois, mais je n’ai pas vraiment noué de liens avec ceux qui sont présents. Je discute, je plaisante, je me fais entendre mais ce n’est pas suffisant pour concurrencer les affinités déjà en place. J’aperçois alors un solide gaillard, un peu en retrait du reste du groupe et qui semble déjà occupé à préparer le terrain. Je m’approche puis je dépose mon paquetage à mes pieds pour venir lui donner un coup de main.

    - Salut, j’suis Niko ! T’es ici depuis longtemps ?

    Par « ici », j’entends bien sûr dans le régiment des Belluaires du Village Perché. Il semble avoir de la bouteille. Son expression, sa façon de faire, un ensemble de petites choses qui montrent qu’il est loin d’être aussi novice que moi en la matière. On commence aussi à retirer cailloux et pierres qui pourraient gêner notre campement. Enfin, surtout de déchirer le matériel fourni par la caserne. Maintenant que le terrain est dégagé, c’est le moment d’installer nos tentes. Le sergent passe parmi les troupes, n’hésitant pas à hausser la voix lorsque quelque chose ne lui plaît pas. En passant à côté de nous, il demande qu’on se « magne le cul ». Soi-disant parce que le soleil ne va pas tarder à se coucher. Quel soleil ? On ne voit que des nuages depuis qu’on est partis et il fait déjà sombre.

    - J’aimerais bien l’y voir, à d’voir tout faire sans magie. Pourquoi ils nous font faire ça ? Ils pensent pas que les vraies expéditions qu’on va faire s’feront sans équipement magique quand même ? commençais-je à grommeler.

    Je ne sais pas s’il m’a entendu, mais je jette un regard au brun qui se tient à mes côtés pour jauger son avis sur la situation. En même temps, je commence aussi à déplier la petite toile qui va servir de tente pour dormir. Elle est vraiment petite. Je vais tenir dedans si je m’allonge pour dormir ? J’ai un doute et j’en fais part à celui qui est à côté de moi - je crois qu’il m’a donné son prénom mais j’arrive pas à le remettre, déjà que je ne suis pas doué avec ça d’habitude…

    - Faut planter des piquets, non ? Pour que ça tienne ? Aaah, si seulement on avait eu les emport’tout dernière génération…

    Je me plains beaucoup, mais plus le temps passe et moins l’idée de dormir en pleine nature me fait plaisir. Pourtant, le Village Perché est beaucoup porté sur ça. L’harmonie avec ce qui nous entoure, les plantes, les animaux, la caillasse. Je n’ai pas encore vraiment réussi à m’imprégner de cette culture. Je prends un des marteaux et je commence à me mettre à la tâche. Avec ou sans aide, il faut que ce soit prêt d’ici quelques minutes.
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Ecole Buissonnière
    Dim 8 Mai 2022 - 9:37 #

    J’ai les yeux baissés sur l’espace qui m’est dévolu, un amas de racines et de cailloux, avec un bout de la tente dans une main et un piquet dans l’autre, quand y’a un p’tit jeune qui vient m’accoster. Enfin, p’tit jeune… J’dois avoir dix piges de plus, quoi. Autour, des binômes et trinômes se sont déjà formés, assez naturellement, entre ceux qui se connaissaient déjà d’ailleurs, et ceux qui ont couru ensemble toute cette journée de merde. Aller au plus simple, et rester avec les gens qui t’ont sorti de la bouillasse quand il fallait. Un bon plan, ça.

    « Nan, nan, pas trop, même si j’suis pas aussi jeune que les adolescents là-bas. Vrenn, ‘chanté. »

    Vrai que y’en a qu’ont l’air d’avoir moins de seize au fond, ils font des stages, à l’académie ? Et ils se retrouvent avec nous ? Enfin, ça serait pas forcément déconnant, faut bien les envoyer quelque part, après tout, pour leur faire comprendre à quel point c’est dur comme taf, garde. Enfin, j’dis ça, mais j’ai jamais vécu comme aujourd’hui, même quand Grassim m’avait bizuté. On avait des bâtiments et il faisait beau, quoi.

    « J’suis de la Capitale, la Régulière, à la base. Plutôt milieu urbain, tu vois ? Mais on a eu quelques soucis avec des criminels qui se sont enfuis dans la pampa, donc le sergent s’est dit qu’il fallait que j’arrête de trébucher dès que y’avait quatre brins d’herbes et un arbre au lieu des pavés. Et il a choisi un jour où il pleut exprès, j’suis sûr. »

    Peu probable, vu comme la météo est aléatoire, mais ça fait pas de mal d’en rajouter une couche. Cela dit, c’est constant dans la pluie persistante et triste, là.

    « J’crois qu’on a quand même notre matos, mais que le but, c’est de nous préparer à faire face si on l’a pas. Enfin, j’suppose, ça ou nous apprendre à subir sans discuter les conséquences injustes. Genre, imagine si on avait dû aller au Désert Volant, et que la magie marchait pas ? Genre, pas que ton pouvoir, mais toute la magie des objets du quotidien. J’suis pas certain que beaucoup s’en seraient sortis, à bien y réfléchir. »

    Moi, sans magie, j’y serais clairement pas allé pour commencer. Rendre service, d’accord, mais y’a des limites.

    J’regarde comment fait Nikolaos, et j’essaie de faire pareil. La nature et moi, c’est une grande histoire d’amour tragique, avec beaucoup trop d’engueulades, et pas beaucoup de moments réconfortants. Avec mon maillet, j’tape sur le piquet pour l’enfoncer sans taper dans une des dizaines de racines qui se planquent dix centimètres sous la terre, puis un autre, et un autre.

    « Vous avez toujours pas fini ? Qui est-ce qui m’a foutu des recrues pareilles ? Vous croyez que les monstres de la Frontière vont attendre sagement que vous vous grattiez l’oreille ? »

    Pas le temps de répondre qu’on n’est pas à la Frontière et que c’est pas une tente en toile cirée qui nous protègera qu’il est déjà reparti distribuer des taloches et des insultes plus loin. Si c’est que ça, c’est finalement assez tranquille, à la réflexion. On échange un regard blasé et impuissant avec mon compère du jour, et on s’y remet.

    Après quelques minutes force est de reconnaître deux choses : d’une, ça tient à peu près, et de deux, c’est clairement pas mon truc.

    Vers le centre du camp, le sergent a fait un feu de fortune qui crachote de la fumée et pas des masses de chaleur. J’m’engonce dans ma cape de pluie, même pas ma vraie cape tout-terrain vu que j’dois passer pour un garde lambda et pas faire de vagues, et j’attends qu’on me remplisse mon écuelle d’un mélange qu’a l’air encore moins appétissant que ce qu’on servait à l’école quand j’étais minot, y’a plus de vingt-cinq ans.

    « Fait longtemps que t’es garde, toi ? Au Village Perché, du coup ? J’aurais pensé que vous connaîtriez tous la forêt comme le fond de votre jardin, à sauter dans les branches, là. »

    Fait froid, humide, la bouffe est pas bonne et y’en a pas assez. Tout ce qu’il reste, c’est les amis qu’on se fait sur le chemin. Enfin, amis… N’exagérons rien. Disons qu’on s’occupe.

    « Du coup, t’as décidé de sauver la Grande Forêt des brigands qui l’arpentent impunément, ou fallait juste mettre à bouffer sur la table ? »

    Y’a une motivation qu’a l’air plus saine que l’autre, mais qui suis-je pour juger ? Dans le genre mal tombé à la Garde, j’me pose là, les mensonges au bout de la langue et les menottes au poignet. J’espère qu’on me permettra de prendre ma retraite un jour, quand même… Mais ils ont quelque chose, les espions, quand ils s’appellent pas Damoiseau et sont pas les chouchous d’Ombre ?

    Même si on pourrait argumenter que j’le suis, d’une certaine façon, j’suppose.

    On a à peine le temps de finir la tambouille que le sergent nous envoie au plumard après avoir assigné des tours de garde. On est beaucoup trop à faire sentinelles, mais ça doit être pour nous mettre dans le bain, pasqu’on restera pas assez de nuit pour s’épuiser comme ça.

    « Vous inquiétez pas, demain, ce sera une journée un peu pareille, mais en pire. »

    On a le tour de garde du milieu de la nuit, le pire, dans ce qu’on considère habituellement. Chienne de vie.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
    Informations
    Re: Ecole Buissonnière
    Dim 29 Mai 2022 - 0:17 #
    - Vrenn ? Cool, un prénom plutôt simple à retenir. Appelle-moi Niko.

    C’est vrai qu’il dénote dans le paysage. Plus barbu que la moyenne, plus assuré, peut-être avec quelques pattes d’oie supplémentaires quand on le compare aux autres. Je ne juge pas, je constate. Je suis d’avis qu’avoir de l’expérience à nos côtés est une bonne chose, même si elle semble cruellement lui manquer dans les déplacements au cœur de la forêt. J’ai aussi pas pu m’empêcher d’y aller de mon petit commentaire, parce que les prénoms et moi c’est compliqué. Y’a bien celui de Lyf que j’ai réussi à retenir mais, c’est un peu comme lui, y’a qu’une syllabe. C’est ce qui se fait de plus simple et je ne vais certainement pas me plaindre. C’est aussi pour ça que je préfère donner mon diminutif, pour faire donnant-donnant et lui permettre de retenir deux syllabes au lieu de quatre. De fil en aiguille, on se retrouve finalement de nouveau côte à côte, à manger un ragoût qui ressemble plus à… À rien. J’ai aucune comparaison qui me vient à l’esprit et vaut sûrement mieux que je m’abstienne d’en trouver une, au risque de recracher l’intégralité de ce que j’essaie de manger. Je vais éviter d’aller me pieuter le ventre vide, c’est une expérience que je ne recommande à personne.

    - Un peu des deux, j’crois. J’ai été retrouvé et emmené à la Capitale où on m’a offert l’opportunité de gagner ma croûte comme ça. J’pouvais pas refuser et, maintenant qu’j’y suis, ça m’plaît de rendre service. Je croque -j’essaie- un bout de mon quignon de pain qui est complètement caoutchouteux à cause de la pluie, avant de poursuivre. J’ai été affecté ici y’a quelques semaines. Pas encore eu la chance de courir après les brigands dans la forêt mais, hé, p’t’être que ça arrivera vite.

    Je suis aussi quelqu’un de motivé, j’ai envie de faire mes preuves et d’en finir avec cette classe de découverte. Lorsque vient l’heure de s’endormir, je tourne en rond dans mon sac de couchage. Le vent et la pluie se sont associés pour m’empêcher de fermer l'œil et je me retrouve à devoir essayer de compter les moutons pour m’endormir. Je tends aussi l’oreille pour savoir si, -déconne pas Niko, t’as déjà oublié son prénom ? Ça craint…-, si celui qui est avec moi sous la tente dort aussi. On a un peu causé, mais on n' a pas vraiment eu le temps de développer plus quoi que ce soit. Le rythme est intense et nos supérieurs sont bien décidés à nous le faire comprendre.

    J’ai finalement réussi à m’endormir et, lorsque notre tour de garde arrive, je sens qu’on me réveille et, un peu grognon, je râle tout en me redressant et en frottant mes yeux lourds de sommeil. Ce serait le moment parfait pour avoir un thermos de café bien chaud, parce que là le premier quart d’heure va être difficile. J’enfile mon pantalon, mes bottes, ma cape à capuche assez épaisse pour tenir contre les intempéries et je sors pour faire quelques pas jusqu’aux abords du campement où brûle un petit feu. Lorsque je vois une tête brune qui se trouve déjà sur place, je ne peux pas m’empêcher de sursauter. Je pensais que j’allais être seul pour ce tour de garde. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé ça, d’ailleurs. Ce serait idiot de me laisser tout seul, surtout qu’on est plein à devoir faire des tours de garde. Lorsque je m’assois et que la lueur des flammes me permet de discerner un visage grave, des cheveux bruns et une barbe bien fournie, je commence à remettre la tête de mon compagnon.

    - Héééééé…, avorte la mission Niko, tu connais toujours pas son prénom et ça sert à rien d’essayer de l’inventer, ... Pas trop dur le réveil ? Je t’avoue que je venais juste de réussir à m’endormir. Quelle plaie.

    Je pose mon séant là où y’a de la place, et de préférence pas sur de vieux cailloux pointus ou des feuilles trempées et terreuses. Je joins les mains l’une devant l’autre avant de m’étirer de tout mon long et de souffler un coup. Pas très discret, je l’admets, mais je ne me suis pas encore bien fait à l’idée que ce sont de véritables tours de garde. Qu’est-ce qui viendrait nous attaquer ? Je suis sûr que le périmètre a été sécurisé et qu’on y croisera même pas une seule bestiole. Je suppose que le temps me donnera raison.

    - Allez, on aura au moins tiré une nuit et dans quelques jours on r’trouvera le confort d’un vrai lit.

    J’entends une chouette, au loin. C’est son heure, maintenant que le soleil a disparu. Je me demande si, comme elle, on va partir à la chasse aux brigands lors de cette petite escapade. Peut-être qu’ils ont engagé des comédiens ? On discute, mais pas trop. Faudrait pas réveiller tout le monde et puis peut-être que le sergent nous observe. Il serait sûrement assez fou pour le faire.

    J’étais sûrement pas préparé à ce qui allait se passer. Peut-être que mon collègue, si. Avec ses petites ridules, il doit être plus habitué que moi à ce genre de traquenard. Toujours est-il que je sens soudain qu’on me pose un sac sur la tête et qu’on me traîne quelques mètres sur le sol en me hurlant dessus. Qu’est-ce qu’on me dit ? J’en sais foutrement rien, j’entends rien. Je sais juste que j’ai l’intégralité de mon corps qui se met à geler sur place parce qu’on vient de me balancer de l’eau glacée dessus. Putain, mais qu’est-ce qui se passe ?

    - Putain Lehnsherr mais c’est pas vrai ! Qui m’a foutu un bleu pareil ! Un garde doit toujours rester sur… Sur ses gardes, c’est dans le mot ! Siva, Yaneg, relevez-le.

    Puis je comprends pas trop ce qui se dit ensuite. Apparemment, ça fait partie de l’entraînement et du tour de garde. On va devoir faire vivre ça aux prochains. J’ai à peine le temps de reprendre mes esprits et de me redresser que je suis déjà emmené ailleurs.

    Je pense que si je les avais entendu, j’aurais pris mes jambes à mon cou. Hé, d’ailleurs, j’étais pas censé être avec quelqu’un ?
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Ecole Buissonnière
    Sam 18 Juin 2022 - 17:01 #

    C’est pas la vocation qui l’étouffe, Niko, ça, c’est certain. Pas que j’sois le mieux placé pour critiquer ça, bien évidemment, mais c’est marrant de voir comme les situations se suivent et se ressemblent. Un paquet de gardes finissent là pasque ça recrute, que c’est moins hasardeux que la Guilde, qu’on apprend des trucs et qu’on est au sein d’une grande famille. Enfin, comme les recruteurs le prétendent, hein. Une grande famille où les parents sont un peu teigneux et t’envoient crever contre des criminels, ça fait très dysfonctionnel, à bien y réfléchir.

    J’suppose que c’est le côté où on protège les civils qu’est mis en avant, où on devient des genres de grands frères. J’aurais préféré être le tonton un peu con, mais j’crois que c’est déjà pris par les capitaines. Et j’en connais suffisamment pour être sûr de mon analyse.

    « C’cool si ça te plaît, c’est déjà ça, en vrai. Se lever tous les matins ou toutes les nuits avant envie de gerber et la peur au ventre, c’est pas une vie. Pas mal de brigands qui se planquent dans les tréfonds de la forêt. M’enfin, hein, ils dérangent relativement moins les honnêtes gens ici, p’tet… »

    Dès qu’on a le droit de se pieuter, après avoir nettoyé sommairement nos écuelles en fer-blanc et rincé le fond de nos godets à l’eau moyennement propre, on file sous la tente. J’ferme à peine les mirettes que j’sombre, et j’ai l’impression que, comme de bien entendu, c’est beaucoup trop tôt quand le gars vient me secouer l’épaule sans la moindre tendresse. Pas que j’aurais préféré un bisou sur le front, mais un peu quand même.

    J’suis rejoint quelques instants plus tard par Niko, et on discute vite fait en contemplant l’obscurité qui nous entoure.

    « Ouais, quelques jours et on sera tranquille. Faut se dire que c’est qu’un mauvais moment à passer, et qu’on va en profiter pour apprendre des trucs. De préférence autre chose que courir sous la pluie au milieu des racines, pasque j’me passerais bien de ce genre de talent, pour pas mentir. J’pensais qu’on apprendrait à traquer des trucs, pister des machins, identifier les baies et les champignons, bref, le manuel du parfait survivaliste, quoi… »

    Quoiqu’à bien y réfléchir, identifier la flore, j’ai toujours été nul à chier. Zahria avait essayé de m’apprendre, dans le jardin botanique du manoir du nord, et ç’avait été un échec retentissant. Encore qu’on avait passé une bonne soirée, complètement défoncés, à… Ouais, nan, c’est p’tet pas le moment de s’appesantir là-dessus, en fait.

    ****

    J’dois dire que j’ai été salement surpris quand le sac m’est tombé sur l’arrière du crâne. Pas le temps de pousser un juron ou de gueuler pour réveiller les autres, vu que ça m’a bâillonné aussi sec avant de me traîner en arrière. Si c’est le sac, c’est pas un assassinat, donc j’laisse faire, et j’attends de voir où j’vais finir. J’ramasse à peu près tous les cailloux pointus dans le cul, et j’ai peur de devoir compter les bleus que j’aurai le lendemain, mais on m’balance finalement un seau d’eau glacée dans la gueule et dans le ventre, et j’retiens un hoquet de surprise et de douleur à cause du choc.

    On m’retire ce qui me couvre le village, et j’vois deux zigs avec un emblème de garde sur leurs tenues noires.

    « Indrani, vous êtes une sombre merde. Heureusement que vous retournez bientôt parmi les vôtres à la Capitale et laissez les vrais gardes travailler. Coup de bol, ce qui vient de vous arriver, vous allez devoir faire la même chose à ceux qui ont le prochain tour de garde. Ça vous enjaille ? »

    Ça serait mentir que de dire non. J’maugrée en essayant de me réchauffer tant bien que mal, et ils me relèvent de façon un peu bourrue avant de me bousculer vers l’avant. Hé, c’est bon, j’ai compris qu’on n’était pas pote et qu’on allait pas se faire de câlin, pas la peine de surjouer non plus.

    Du coup, j’en reste vraiment comme deux ronds de flan quand huit types sortent des fourrés avec des gourdins et essaient de nous tabasser, y compris mes deux kidnappeurs. Bon, le sac au milieu de la nuit, d’accord, à la limite, mais se faire cogner par des types dont le dernier bain date du mois dernier, et on est à la fin du mois, faut quand même pas déconner.

    J’rentre dans le premier coup pour amortir, et j’écrase mon coude dans le pif du mec qui me fait face, avant de partir en courant dans son dos, et dans la direction du campement. Heureusement que les deux gugusses m’ont pointé juste avant. Y’en a trois qui me courent après, et j’me dis que c’est sacrément tordu comme mise en scène. Les kidnappeurs qui se font eux-mêmes enlevés, là, ça paraît… trop ?

    Genre, comme si, pendant leur petit jeu de bizutage, c’était en réalité des vrais bandits qui se disaient qu’ils allaient prendre en otage quelques gardes pour en tirer quelque chose.

    J’ai déjà la flemme, mais j’fais irruption dans la tente du sergent, qui sursaute alors qu’il est encore tout habillé, et qu’il somnolait à peine dans son coin.

    « Soldat… Soldat ! Qu’est-ce que vous foutez là ?
    - Pendant l’enlèvement, Sergent, les deux gars qui m’ont enlevé se sont fait enlever !
    - … Ca ne veut rien dire.
    - Si, Sergent, j’vous promets ! Dix gars ont surgi des buissons et ont essayé de nous taper avec des gourdins, mais j’ai pu m’enfuir !
    - Vous n’avez pas fait front ?
    - Ils étaient dix, on était trois, et j’pensais que les autres me suivaient. »

    J’ai même pas cherché à le savoir, en réalité, c’était réflexe de survie. Il me jette un regard mauvais, genre torve et soupçonneux.

    « Vous avez gagné, soldat. On va réveiller tout le campement, et si vous avez tort, j’espère que vos petits camarades ne vous en voudront pas.
    - Chef, oui, chef ! »

    J’en ai rien à gratté, qu’ils m’en veuillent. Mais faudrait quand même voir à travailler.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: Ecole Buissonnière
    Jeu 7 Juil 2022 - 17:56 #
    Sûrement que le Siva et le Yaneg étaient occupés avec celui qui était à côté de moi, Brel ou un truc du genre, parce qu’ils ne sont jamais venus. Un peu hagard, je ne comprends pas grand-chose à ce qui se passe. Y’a plusieurs masses qui se pressent sur ma gauche et plusieurs sons me font penser à une échauffourée. On se bat, juste à côté. Les coups pleuvent jusqu’à ce que je me retrouve éloigné de quelques mètres de toute la bande. Le temps de retrouver mes esprits, d’essayer d’y voir plus clair, et je m’aperçois qu’on me traîne. Qu’est-ce qui vient de se passer ? C’était réel ? Je suis un peu sceptique, surtout vu ce qui m’est arrivé encore avant. Ça doit encore être de l’entraînement. Je me suis pris un sacré coup de coude dans le pif quand même. Lorsque j’essaie de lever les bras pour masser l’arête de mon nez, je me rends compte que je suis ligoté. La corde doit être sacrément résistante parce que j’ai beau essayé de bouger mes poignets dans tous les sens pour m’en défaire, je n’y arrive pas. Je reçois même un coup de massue sur le dos des mains. Les larmes perlent sur le coin de mes yeux et j’encaisse la douleur tandis qu’une voix grave résonne à côté de moi.

    - Tu vas arrêter d’bouger comme ça, l’louveteau. Autrement, j’te r’fous un coup sur l’crâne et t’iras dire bonjour à Lucy.
    - Hé, parle moins fort. Avec le chahut qu’on a provoqué, ils sont sûrement déjà à nos trousses. Surtout qu’j’en ai vu un s’échapper. Tu penses que Billy et Hughie vont réussir à l’chopper ?
    - Pas sûr. Il est retourné vers le camp trop vite, réplique un troisième larron en me donnant une tape dans le dos. Avance plus vite, toi ! Faut qu’on arrive rapidement au camp.

    Je me mords la langue pour ne pas parler. Si ce n’est pas un exercice, alors il vaut mieux éviter de l’ouvrir si je ne veux pas la perdre. Observer. Analyser. Essayer de comprendre. Voilà ce que je dois faire. Même s’il fait nuit noire, la lumière magique qu’utilisent les ravisseurs pour s’éclairer me fait comprendre qu’on est toujours dans la forêt. À côté de moi, y’a deux autres gars. Siva et Yaneg, peut-être ? Ils sont en piteux état, comme s’ils avaient été roués de coups avant d’être ligotés à leur tour. Ah. Je l’ai été aussi. Je me rends compte que ma côte et ma jambe me font terriblement souffrir maintenant que je marche avec toutes mes capacités cognitives. Je remets doucement ce qui s’est passé. Le sac sur la tête, le mec au-dessus de moi qui me hurlait que j’étais un incapable puis la rixe. J’ai essayé d’y prendre part mais ils étaient trop nombreux. J’ai reçu plusieurs coups de gourdins et je me souviens d’avoir vu une masse de cheveux bruns disparaître vers le campement, suivi par deux ombres, avant que tout ne devienne noir.

    Si c’est pas scénarisé, alors c’est quoi leur intérêt ? Nous prendre en otage ? Exiger une rançon ? Ont-ils des revendications ?

    Lorsque la lumière éclaire par intermittence mes deux collègues, je m’aperçois que l’un d’eux est encore assommé et que l’autre a les lèvres tellement enflées qu’il ne peut rien articuler. Raison de plus pour que je garde le silence, j’imagine.

    Au bout de ce qui me semble être une éternité, on s’arrête dans un genre de camp de fortune fortifiée. Ouais, un camp de fortune fortifié, c’est bizarre mais ce sont les premiers mots qui me sont venus en tête lorsque j’ai vu la pauvre tour de garde en bois et les couchages de piètre qualité installés tout autour. Y’a aussi un grand feu de camp. Là, y’a juste deux gars qui s’approchent de la troupe et qui demandent où sont passés Billy et Hughie. Pendant que certains lui expliquent, d’autres nous emmènent tous les trois dans le seul truc qui a l’air de tenir droit par ici -parce que cette tour de garde, même contre un paquet de cristaux je me risquerai pas à y grimper-, un genre de cage. Une cage, ouais, je ne rêve pas. On est foutus là-dedans avec Siva et Yaneg, avec le luxe d’avoir chacun la sienne. Et, alors qu’ils referment la porte de la mienne, je m’élance vers les barreaux et j’essaie d’en interpeller un. J’y vais au bluff.

    - Hé ! T’es un soldat toi aussi, hein, c’est ça ? J’ai vu ton écusson briller dans ta poche droite. Si j’étais toi j’apprendrai à mieux ranger c’genre de…

    Pour toute réponse, je reçois un énorme coup de poing dans le nez et un « ferme ta gueule » ponctué d’un regard noir. Je ne sais pas si ça invalide mon hypothèse, mais je ne pense pas que la Garde aurait été jusqu’à péter autant de fois le nez d’un de leur soldat. Je soupire. Je n’ai rien sur moi pour essayer de sortir de là, mais je vais devoir essayer de trouver. Il est hors de question que je serve de monnaie d’échange contre quoi que ce soit. Puis, je ne suis pas certain que les autres soldats vont nous retrouver. Ok on était quoi, une quinzaine en tout ? Peut-être une vingtaine ? À peine plus nombreux que les mecs qui sont là, c’est sûr. Et la forêt, elle est immense. Je m’assois sur le sol, faisant gaffe d’éviter les cailloux pointus, et j’essaie une nouvelle fois de dégager les liens qui enserrent mes poignets. Ce n’est pas une franche réussite. Je soupire. Je vais devoir me creuser les méninges.

    Pour couronner le tout, il pleut encore.
    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Ecole Buissonnière
    Dim 7 Aoû 2022 - 10:00 #

    Les collègues sont pas souriants de bon matin. J’regarde le ciel, j’note la lune et les étoiles. Bon, mettons. En tout cas, le sergent a fait un boucan de tous les diables, et tout le monde a daigné sortir de sa tente en bougonnant avant de ramasser ses cliques et ses claques. Ils sont en rang devant moi et j’suis à côté du sous-officier, éclairé par la lumière crachotante de la torche. Il s’est remis à pleuvoir, et j’veux juste rentrer chez moi.

    D’un autre côté, j’suis assez mauvais perdant, donc j’recroiserais bien les bouffons avec leurs gourdins histoire d’échanger nos points de vue.

    « J’espère que vous prendrez soin de remercier le soldat Indrani, qui a fait état d’une grave attaque sur nos personnels un peu plus loin dans la forêt. Nul doute qu’il saura nous guider jusqu’au lieu de l’embuscade, et que nous constaterons évidemment qu’il ne s’agit pas d’une mauvaise blague dont le seul objectif était de réveiller tout le monde pour vous empêcher un sommeil réparateur bien mérité. Il va sans dire que le programme de demain ne sera dans tous les cas pas allégé, et que nous déroulerons l’emploi du temps comme prévu. Des remarques ?
    - Euh, Serg’, il pleut, il faudrait pas se dépêcher ? »

    Il m’adresse un regard noir, puis m’fait signe de bouger, alors j’fais. J’ai mes lunettes de jour histoire d’y voir davantage que dans un four, et la flotte a pas encore tout masqué, donc on arrive fissa, à nouveau dans la bouillasse, là où ça s’est castagné un peu plus tôt.

    « Alors, soldat ?
    - Ben, ils sont partis… Sergent. Faudrait regarder les traces pour voir par où. Ils ont dû en laisser, ils étaient un paquet.
    - Allez-y, trouvez-les…
    - Nan mais j’y connais rien, moi, c’est pour ça que j’fais ce stage dans la forêt…
    - Exercice pratique, exécution ! »

    J’espère que Niko a pas besoin d’aide, pasqu’il est pas prêt de l’avoir si c’est à moi de réussir à le pister. Heureusement, y’a des gens plus dégourdis que moi, et le p’tit jeunot qu’a l’air d’être tombé de l’arbre le plus moche du pays en se cognant à toutes les branches a reniflé trois crottes et soulevé trois brindilles avant de décréter d’un air autoritaire qu’entre dix et quinze hommes sont partis dans cette direction. Moi, j’respecte, ça se trouve c’est son pouvoir. Hidoru faisait la même, quand on cramait des cadavres ensemble.

    Le sergent m’adresse un regard noir.

    « Il semblerait qu’Indrani n’avait pas caché de gnôle dans sa gourde-fontaine, donc on interrompt l’entraînement. Vous êtes désormais là en tant que gardes. Crem, tu prends la pointe, tu nous suis ces traces de merde. Les autres, c’est à la file avec Frêne et Tchi à gauche, Heaume et Lennie à droite pour couvrir les ailes. On s’active, les bleus ! »

    Cette manie d’aboyer tout le temps, ça doit être un truc de sergent mal baisé, c’est obligé.

    Et on s’retrouve à nouveau à courir sous la flotte, alors qu’on commence à peine à avoir des courbatures de la veille, et que jusqu’à mon calbute est trempé par les gouttes qui s’infiltrent partout. Sauf qu’en prime il fait nuit, et qu’on avance à deux à l’heure pasque Crem est plié en deux pour déchiffrer des marques de pas dans la bouillasse, qui deviennent de moins en moins nettes à mesure que les éléments délavent le sol. Ça doit bien faire deux heures qu’on trottine, et le ciel commence à griser, signe que l’aube approche. La luminosité redevient un brin meilleure juste à temps pour constater que, dans un genre de vallée ou de combe, j’sais pas trop la différence, on note la présence d’une palissade de fortune avec une tour de guet branlante qui grince dans le vent, et des bâtiments qu’ont définitivement l’air habités.

    Le fossé creusé devant, en tout cas, on le passe pas d’un simple saut, et y’a l’air d’avoir quand même des types derrière, même si on distingue pas de sentinelle en l’état.

    Le sergent nous fait reculer en bon ordre, puis prend une branche pour dessiner un plan sommaire des lieux par terre. Pas hyper clair dans la boue mais on n’aura pas mieux.

    « Je vais pas vous mentir, c’est pas un détachement de la garde, donc c’est probablement un genre de brigands ou quoi. S’ils ont bien enlevé nos gars, faut qu’on libère les otages, et qu’on capture les criminels. On va attaquer en trident, une gros détachement par l’entrée, et deux demis par les côtés. On leur laisse l’arrière s’ils veulent s’enfuir, la priorité c’est de retrouver nos gars, pigé ? »

    Ouais, ouais. Qu’on aille dormir ensuite.

    « Puis on reprend l’entraînement. »

    Quoi ? Mais non, putain !
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    Re: Ecole Buissonnière
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