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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    C'est lui et personne d'autre.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    C'est lui et personne d'autre.
    Mar 22 Fév 2022 - 22:27 #
    ->♫♪♬

    La porte grinça bruyamment quand elle l'ouvrit, lentement, avec précaution. Elle balaya du regard la pièce, aménagée en bureau, avec pour seuls meubles, un vieux fauteuil au rembourrage usé, un secrétaire, une chaise assortie et une table mise dans un coin. Il n’y avait personne. Elle entra alors avec plus d’assurance, faisant valser les moutons de poussières autour d’elle. D’une main, elle caressa le bureau, ramassant la poussière accumulée en peu de temps, noircissant ces doigts fins. L’endroit était vieux et laissé à l’abandon. Ils en avaient profité pour l’investir, le temps de trouver une autre planque. Cet endroit était ravagé par le temps, les mites et les rats. On pouvait entendre les rongeurs grouiller dans les murs, les voir farfouiller dans les autres pièces de la maison, grignoter on ne sait quel reste antique de la cuisine. La peinture du plafond, craquelée, tombait en petits morceaux éparses, laissant une fine poudre derrière soi chaque fois que l’on marchait dessus. L’odeur ambiante était âcre, suintante, et collait à la gorge à celui qui se risquait de respirer à pleins poumons dans cette bicoque.

    Elle sautilla autour du secrétaire en chantonnant, tournant sur elle-même. Quand est-ce qu’il allait arriver ? Qu’allait-il lui dire ? Allait-il la féliciter ? Alors qu’elle commençait à s’imaginer un petit scénario agréable dans la tête, elle entendit les marches de l’escalier craquer. Quelqu’un arrivait. Mais ce n’était pas lui. elle l’aurait reconnu sinon. Méfiante, elle sortit une paire de ciseau de la poche de sa robe, et se posta derrière la porte, restée entrouverte. Elle se mit à compter les marches que l’intrus grimpait, en même temps que celui-ci montait les escaliers. Arrivé enfin en haut, l’inconnu se dirigea directement vers la salle où elle se trouvait. Resserrant ses doigts autour des ciseaux, elle guettait le moment où l’intrus passerait la porte. Elle lui creverait peut-être les yeux. Peut-être pas. Cela dépendra de la couleur de ses iris. Les pas se rapprochèrent, la porte s'ouvrit brusquement.

    - Bha, t’es là toi ? Qu’est ce que tu fous avec ça Zinovie, range-moi ça tout de suite ! C’était Rodolf. Le grand barbu posa ses mains sur ses hanches, comme pour se donner un air d’autorité. - T’es pas sensé être rentrée toi ?

    - Non. Répondit Zinovie en relaxant sa main, sans pour autant ranger ses ciseaux.

    - Range-moi ça j’t’ai dit ! Râla Rodolf en allant s'asseoir sur le fauteuil délabré.

    Il se laisse tomber dessus, ce qui n’était pas forcément une bonne idée au vu de l’état franchement mauvais de la chaise. Une fois assis, il soupira longuement, d’un air fatigué. Le bandit se frotta les yeux, et croisant bras et jambes, attendit que la jeune fille n’eut enfin rangé son arme. Car oui, les ciseaux de Zinovie n’étaient pas maniés pour leur utilité première, mais pour d’autres fins moins élégantes. L’adolescente leva les yeux au ciel, et remit enfin ses lames dans sa poche. Satisfait, le barbu commença à se lisser sa moustache noire, une manie qu’il avait quand il attendait, qui avait le don d’agacer la jeune fille. Elle poussa un soupir manifeste, et alla s'asseoir sur la table du coin de la pièce. La table était assez élevée, elle devait à chaque fois se hisser sur les deux bras pour réussir à s’y placer.

    - Tu vas te salir.

    - Et alors ?

    - C’est pour ta robe que je dis ça.

    - On s’en fout de ma robe.

    - Me demande pas de te la recoudre la prochaine fois alors.

    - Je peux le faire toute seule.

    - Ben voyons. Rodolf émit un petit rire. Piquée, Zinovie tapa légèrement du poing sur la table.

    - J’en suis capable ! Dit-elle avec un air bravache. Le bandit agita la main, d’un air qui voulait dire “mais oui, mais oui”. Redevenant sérieux, il demanda :

    - T’as fais ce qu’on t’as demandé ?

    Zinovie prit instantanément un air plus sombre. Sans répondre, elle sortit une bourse de son autre poche, et la fit tomber à terre. Au bruit sourd qu’elle fit en atteignant le sol, Rodolf pouvait deviner qu’elle était bien remplie.

    - Ils ont réchigné ?

    - Pas tant que ça.

    - Tu as utilisé ton pouvoir ?

    - Juste un peu.

    - Un peu comment ?

    - Un peu quoi, j’en ai fait sortir qu’un seul.

    - T’es sûre ?

    - MAIS OUI ! Zinovie avait crié. Elle fixait maintenant Rodolf de son regard vide, sans ciller.

    Rodolf savait que l’adolescente n’appréciait pas être fliquée sur son pouvoir, mais il n’avait pas le choix. Il ne voulait pas qu’elle se retrouve à faire une crise devant le boss. Surtout quand elle n’était pas censée être là.

    - Tout doux princesse, je te crois. Tu te sens comment là ?

    - J’entends un peu une musique mais ça va. Je la chante un peu pour la faire partir.

    Zinovie se mit à battre des jambes et dodeliner de la tête, et chantonna sa musique. L'air était triste, mélancolique, comme toujours avec les airs que fredonnait la gamine. Quand ils n'étaient pas à te tirer la larme, ils étaient inquiétants ou lugubres.
    Le barbu préféra ne pas la regarder. Dans ces moments, il valait mieux la laisser décompenser tranquillement. Il avait bien senti qu’elle était chafouin, mais ça avait l’air tout de même d’aller. Enfin...Plus ou moins. Peut-être qu’il pourra piquer un petit somme en attendant, de dix ou quinze minutes. Ca serait pas mal, pas mal du tout même. Alors qu’il s’apprêtait à fermer les yeux, le plancher du rez-de-chaussée craqua d'un bruit sec. Zinovie s’arrêta de se balancer tout net. Ses yeux prirent une lueur que Rodolf ne connaissait que trop bien.

    - Il est là. Dit-elle d’une voix douce.

    Tant pis pour la sieste.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
    Informations
    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Lun 28 Fév 2022 - 18:43 #
    Le changement était certes imperceptible pour le commun des mortels mais l'Eternel, lui, en ressentait déjà les prémices. Le vent avait tourné et, aussi inéluctablement que l'eau battait la roche au fil du temps, les machinations du Non-Mort érodaient la cuirasse reluisante de la garde du royaume. Il s'était fait des amis puissants, avait étendu son influence partout autour de lui et répandu son infame corruption dans le cœur des pauvres gens qui, en l'absence d'un véritable messie pour les tirer de la fange, avaient fini par se tourner vers les abysses.

    Elle était l'une d'entre eux. Une de ceux que la lumière aveuglante d'Aryon ne faisait qu'effleurer, une de ceux que les promesses radieuses et les discours grandiloquents ne parvenaient pas à atteindre. Née des ténèbres qui avaient tenté de l'écraser à d'innombrables reprises, elle avait été sculptée telle une pierre précieuse, à deux doigts d'être broyée vivante par le poids de sa misérable existence. Là où les ânes ne voyaient qu'un morceau de charbon, il avait su discerner l'éclat du joyau brut.

    Dissimulé sous son épaisse capuche de toile, il fit à ses hommes un signe de tête. Mais qui était-il, au juste ? Une légende pour certains, un monstre mégalomane pour d'autres, une source d'espoir pour les fous et les désespérés. L'un de ses gardes du corps ouvrit dans un raclement de bois usé la porte qui semblait mordue par les ravages du temps. Maquillée convenablement, cette modeste entrée constituait un passage invisible vers son domaine, lui offrant toute l'intimité dont il avait besoin pour mener à bien ses plans au nez et à la barbe de ceux qui n'allaient pas tarder à lui en vouloir.

    Aussitôt entré, le mort-vivant abaissa son couvre-chef et fut immédiatement assailli de questions et d'informations par l'un de ses conseillers qui, visiblement anxieux, n'avait de cesse de le harceler. Khepra s'avançait d'un pas mesuré et lui répondait avec un calme et une sagesse qui ne lui ressemblaient guère. L'expansion prédatrice de son territoire aurait sans doute dû le rendre plus affuté mais, curieusement, il semblait aujourd'hui plus en paix qu'il ne l'avait été depuis près d'un demi-siècle. Après avoir donné ses opinions ainsi qu'un ensemble de directives à ses collaborateurs, l'Eternel ajusta le col de son manteau de fourrure et savoura d'être enfin libéré de cette éreintante part de son travail.

    "Merci les gars, vous pouvez disposer."

    Les colosses qui lui servaient de gardiens opinèrent du chef et s'adossèrent tous deux près d'un mur qui grinça sous leur poids. Le Non-Mort posa ensuite une main squelettique sur la rembarde poussiéreuse de l'escalier et entreprit de se rendre au premier étage, là où se trouvait son bureau de fortune. Avant même d'avoir entamé l'ascension, il se figea en entendant la voix fluette de celle qui accaparait ses pensées depuis ce matin. Le monstre sourit fébrilement, pressentant les bonnes nouvelles qui accompagnaient le retour de sa protégée. Il grimpa donc les marches qui le séparait d'elle avec une lenteur mesurée et saisit enfin la poignée de la porte son bureau, qu'il vint tourner lentement.

    Il ? Plutôt Elle. Ce n'était finalement pas un homme qui venait de pénétrer dans la pièce, mais bel et bien une femme dont la longue crinière brune tombait en cascade en se mêlant à la fourrure immaculée de son col exubérant. Sa peau était pale, plus encore que celle d'une poupée, mais les fissures marquées qui parsemaient son faciès étaient plus extraordinaires encore. Ca et là, on distinguait une faible lueur bleue s'échappant des maigres interstices que les craquelures avaient laissés. Il y avait dans la froide beauté de ce visage quelque chose de glaçant et de parfaitement effroyable, un détail qui laissait entrevoir aux plus avertis la véritable nature de l'hôte de cette enveloppe qui, de toute évidence, n'avait d'humain que les traits. Le sourire de la créature s'élargit puis elle prit la parole, brisant ainsi le silence presque religieux qui régnait depuis qu'elle avait fait son entrée.

    "Tu es rentrée, à ce que je vois."

    La voix était aussi invraisemblable que ce que l'apparence laissait supposer. Divers sons semblaient se superposer lorsqu'elle s'exprimait, dévoilant la bizarrerie de cet être jusque dans ses discours. Rodolf salua modestement son supérieur mais la petite protégée, quant à elle, bondit de son perchoir et accourut pour venir à sa rencontre. Malgré l'interdiction qu'elle avait outrepassé pour lui rendre visite, l'immortel l'accueillit par une caresse sur le sommet de crâne qui se voulait chaleureuse. Cela fait, le mort-vivant laissa la petite se pendre à son bras sans mot dire et s'approcha du bureau sur lequel était entreposés divers documents. De sa main libre, Khepra s'empara de l'un des documents et vint le scruter avec attention.

    "Du nouveau, Rodolf ? Fais-moi un résumé."

    Le concerné se rapprocha puis agrippa l'une des pages qu'il inspecta lui-même un instant pour s'imprégner de son contenu une nouvelle fois. Après s'être vaguement raclé la gorge, il se mit à en lire quelques bribes, agrémentant le tout de ses propres notes :

    "Alors... On s'est rendus compte qu'on avait de la concurrence. On a encore du mal à y voir clair mais on pense avoir décelé la présence de types qui pratiquent des activités similaires aux nôtres, non loin de notre planque actuelle."

    La femme à la figure craquelée haussa un sourcil avec intérêt, avant de reprendre :

    "Des concurrents, tu dis ?"

    Rodolf sembla se raviser, comme s'il craignait une montée de colère soudaine de son chef. Son angoisse évidente contrastait avec le calme apparent du duo qui l'accompagnait. L'homme de main haussa nerveusement les épaules puis enchaîna :

    "On en est pas encore à pouvoir confirmer qu'il s'agit d'une organisation à proprement parler, en fait. Ce que nos gars nous ont rapporté, c'est qu'il est question d'une concentration d'escroqueries, de petits voleurs à la sauvette, de la revente de matériaux provenant d'excursions d'aventurieurs, aussi. Tout ça hors de notre zone d'influence et donc évidemment... de votre contrôle."

    Un frisson presque imperceptible parcourut la carcasse de l'immortel et une grimace de frustration vint se mêler fébrilement à son sourire. L'idée de ne pas avoir l'entièreté des voyous de la Capitale à ses ordres ne le dérangeait absolument pas, mais la présence d'individus non identifiés et responsables de commerces aussi similaires au sien ne l'enchantait guère. Pour rencontrer ces voisins mystérieux, il allait s'avérer nécessaire d'obtenir davantage de données les concernant.

    L'attention de Khepra se reporta sur la demoiselle à son bras. Tout en la fixant de ses prunelles étincelantes, il lui demanda gentiment :

    "Et toi ma grande, quelles nouvelles tu nous amènes ?"

    Elle ne l'avait jamais déçu, après tout.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
    Informations
    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Sam 5 Mar 2022 - 20:01 #
    La musique carillonnait dans ses oreilles. Elle avait envie de dire beaucoup de choses, mais comme Père parlait affaires, elle ne voulait pas le déranger. Elle avait bien dit qu'il ne serait pas en colère si elle serait là. Rodolf ne comprenait rien à rien. Joyeusement, au rythme de l'étrange mélodie qui résonnait dans sa petite boîte crânienne, elle s'agrippa au bras de celui qu'elle avait attendu avec impatience. Il sentait bon le dehors, et comme à son habitude une odeur douceâtre de fleurs séchées s'échappait de son manteau. Elle adorait son manteau. Elle l'avait déjà essayé, quand il l'avait laissé un jour dans une pièce, sans surveillance. Zinovie émit un petit rire satisfait à ce souvenir. Ca avait été comme un énorme câlin qui l'enveloppait totalement. Elle n'avait pas osé lui montrer cependant, donc elle n'en avait jamais rien dit. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit de farfouiner dans ses affaires personnelles, mais un manteau ça n'était pas grave, si ? Elle frotta son petit nez contre la manche de son mentor, comme un animal affectueux. Cette musique, c'était énervant tout de même, ça lui gâchait ses retrouvailles. Et la voix de Rodolf l'irritait. Non pas qu'elle le haïssait, c'était bien un des rares hommes de main de Père qui s'occupait bien d'elle, et surtout la traitait avec respect. Mais aujourd'hui elle n'était pas d'humeur et ses remarques sur sa robe l'avaient froissée. Elle jubila en silence quand elle aperçut son acolyte se rapetisser sur sa chaise quand il dut expliquer les nouvelles à son patron. C'était amusant de le voir droit comme un i sur son fauteuil archaïque, alors qu'il était si détendu il y a quelques minutes. "Père est vraiment fort." Pensa la petite avec admiration. Il tenait plusieurs gaillards comme Rodolf en respect, et même des plus forts que le brigand ci-présent. Aaaah la musique, la musique, la musique. "Tais-toi, tais-toi, T-A-I-S-T-O-I." Zinovie commençait à s'agiter. Elle dodelinait de la tête et avait fermé les yeux. Mais, aussitôt qu'elle entendit l'Eternel lui adresser la parole, elle les ouvrit instantanément. Il fallait qu'elle se concentre, elle avait fait du bon travail après tout, ça serait dommage de tout gâcher avec une crise. Même si elle ne contrôlait rien du tout, malheureusement.

    - La boutique est à toi Père. Ils ont capitulé. Répondit-elle d'une voix cérémonieuse. Puis elle leva la tête vers celui qu'elle adulait. - Ils n'ont pas beaucoup lutté quand ils ont vu Mercida. C'est une femme que j'ai vu en rêve. Elle n'a pas de tête.

    Zinovie éclata de rire, comme si ce qu'elle venait de dire était hilarant. Elle lâcha le bras de l'Eternel, comme à regret, et trottina vers la bourse bien remplie qu'elle avait lâché au sol plus tôt. Quand elle se baissa, la musique lui sembla plus forte.

    - Ah mais j'aime pas cet air-là, arrête !

    Elle ramassa la bourse et se redirigea vers son bienfaiteur, avec un air de fierté imprimé sur son jeune visage. Elle tendit la bourse avec précaution.

    - Voici le premier paiement, en gage de leur bonne foi. Elle fit un grand sourire.

    Ses dents étaient petites et blanches, avec un léger écart entre les deux incisives centrales supérieures. Cela lui donnait un air juvénile, et plutôt mignon, même si elle n'acceptait ce compliment de personne, sauf quand c'était Père qui lui disait. Là, c'était différent. De toute façon, tout était différent avec lui mais ça, c'était normal. Elle attendit qu'il lui réponde puis, ne voulant pas trop l'accaparer, elle alla se remettre sur sa table. Elle voulait rester près de lui, mais savait qu'elle ne devait pas être trop collante. Non pas qu'il lui ait déjà fait une remarque désobligeante sur ce point. Non, non. C'était une règle qu'elle s'était donné à elle toute seule. Elle en avait plusieurs des règles comme celle-ci. Et toutes ces règles concernaient la même personne. Zinovie alla à petits pas jusqu'à la grande table, pour s'y poser comme quand elle était arrivée. Ils allaient certainement parler travail.  Aujourd'hui c'était d'accord. La musique se calmait, elle était pianissimo, semblait s'éloigner au loin. Dans quel loin? C'était une bonne question ça. La jeune fille secoua la tête. Il fallait qu'elle se concentre. Concentration, concentration. Ca allait, elle arrivait à suivre. Rassurée et surtout satisfaite, elle s'asseya en tailleur, dévoilant ses jambes fines et violacées de plusieurs bleus. Elle se gratta les genoux, plus par tic nerveux que par nécessité. Sa peau, pâle, presque translucide marquait si vite. Elle compta combien de seconde ses genoux mirent à faire apparaitre la trace de ses ongles. "1,2,3..."

    Elle écoutait toujours attentivement la discussion entre les deux criminels. Juste, elle voulait compter, mais ça ne l'empêchait pas d'enregistrer ce qu'elle jugeait utile. Si Père ne la réprimandait pas pour qu'elle soit plus attentive, c'est qu'il jugeait qu'elle écoutait suffisamment. Il la connaissait très bien, Père. La musique était partie. Son cerveau lui parut vide d'un coup, une fatigue s'empara d'elle, de manière très douce, comme un nuage de coton. Mince, elle devait être plus fatiguée qu'elle ne l'avait soupçonné. Zinovie s'était préparée à peut-être devoir se battre, en tout cas attaquer avec ces ciseaux ou pis encore, une deuxième mauvais rêve. Pourtant, elle n'avait fait sortir qu'un seul cauchemar. Après tout, Mercida était immense, et faisait pleins de bruits. Ils avaient vite déchanté, les pauvres idiots de la boutique qui pensaient pouvoir venir à bout d'elle. Ils l'avaient sous estimé juste à cause de son apparence. Ils avaient eu bien tort. Bien tort qu'ils avaient eu. Ils avaient été si terrorisés, qu'ils n'avaient plus osé bouger pendant tout le reste de la transaction.  L'adolescente se tortillait sur son assise. Elle ricana en repensant aux visages terrifiés des commerçants.
    Bien fait pour eux.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
    Informations
    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Lun 30 Mai 2022 - 12:12 #
    L'alchimie curieuse entre Khepra et sa jeune recrue suscitait chez la plupart de ses hommes une impression tout à fait malsaine et Rodolf n'y était certainement pas insensible. Il était évident, pour qui les côtoyait occasionnellement, que ces deux-là partageait quelque chose de tout à fait sordide. Celui que le monde avait naturellement privé d'engeance s'était déniché une fille et celle qu'aucun parent n'aurait pu accepter s'était trouvée un parent, mais tout dans leurs rapports traduisait leur aliénation respective. Tout semblait calme, mais Rodolf ne savait que trop bien que les apparences étaient trompeuses, lorsqu'il s'agissait de Zinovie et de Khepra.

    Lorsque la jeune femme expliqua la méthode qu'elle avait employé lors de sa précédente mission, elle sembla subitement alarmée et l'Immortel l'amena machinalement plus près de lui afin de la ramener sur Terre. Les hallucinations permanentes dont Zinovie étaient victime faisaient d'elle l'objet de bien des inquiétudes au sein de l'Ossuaire, mais le créateur de l'organisation semblait décidé à passer outre. Il avait décelé quelque chose en elle, de toute évidence, mais aucun de ses hommes ne parvenait à le comprendre pour le moment. Entre deux sursauts hallucinatoires, Zinovie se munit du tribut qu'elle apportait et vint l'apporter à Khepra. En percevant le poids conséquent du butin que contenait la bourse de cuir, l'Immortel ne se priva pas de sourire.

    "Excellent."

    Il jeta le dû sur une table puis tâcha de se concentrer sur la conversation qu'avait entamé son homme de main. Rodolf faisait à la fois un bon gestionnaire ainsi qu'un surveillant de choix pour Zinovie, il allait donc s'avérer judicieux de lui offrir une récompense à la hauteur de la qualité de son travail. De l'une des poches intérieures de son manteau, le Non-Mort extirpa ce qui semblait être un collier orné de dents de carnivore. Il détailla un instant le bijou tout en l'amenant à la lumière et les ornementations tribales se mirent à briller. Il s'agissait d'or, une marque distinctive pour ceux dont le rang était élevé au sein de l'organisation. Rodolf parut incrédule l'espace d'un instant mais, lorsque Khepra lui tendit la parure, l'intéressé sembla tout bonnement ébahi.

    "Rodolf, tu as fourni un travail admirable. Je compte sur toi pour surveiller de près cette affaire d'escrocs. Va à leur rencontre en mon nom, tâche d'identifier leur chef et propose une assimilation. En cas de refus, nous les traiterons comme des ennemis. On a bien trop à gérer sur ce terrain-là, pas besoin de compétition. Mobilise autant de gars que nécessaire."

    Inutile de s'attarder sur les détails de cette promotion. Rodolf s'empressa de passer le collier à son cou et opina du chef en guise de confirmation. Cette distinction nouvellement acquise allait lui offrir de nouvelles possibilités, à n'en pas douter, mais cela allait s'accompagner de prises de risque bien plus grandes. Il n'était pas tout à fait convaincu d'avoir les épaules pour ces attributions, mais refuser une telle offre n'entrait tout bonnement pas dans le domaine de l'envisageable.

    "Merci patron. Ce sera fait."

    Khepra s'empara d'un document, qu'il vint parcourir en diagonale avec un intérêt tout à fait partiel, puis il reporta son attention sur sa protégée qui, nerveusement, se grattait les genoux avec insistance. Rodolf et lui observèrent un instant la petite lorsqu'elle laissa un ricanement lui échapper puis, après un court silence, l'Immortel reprit la parole. Etrangement, sa voix était désormais celle d'une femme, sans dissonance ni écho macabre. Le timbre d'une mère qui s'inquiètait, ni plus ni moins.

    "Tout va bien, ma belle ? Raconte-nous un peu ta semaine."

    Rodolf se pencha sur la table centrale, rassemblant la paperasse avec empressement pour échapper un peu à l'angoisse que suscitaient les conversations entre les deux énergumènes. Le salaire valait le coup, mais il avait toujours du mal à s'y faire.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Dim 12 Juin 2022 - 22:11 #
    L'adolescente regardait son parent pendant qu'il...Il ? Admirant le nouveau visage à la beauté sculpturale de son tuteur, Zinovie pencha légèrement la tête en examinant le Non-Mort qui était affairé à promouvoir Rodolf. La brunette parut un instant songeuse, puis son visage s'illumina quand Khepra se tourna vers elle, s'enquérant de sa semaine. La petite émit un petit rire amusé et s'accrocha au cou du criminel.  

    - C'était ennuyeux sans vous, Mère ! Dit-elle d'un air faussement navré.

    Elle attendit que sa matriarche s'asseye pour s'installer confortablement sur ses genoux, sans daigner demander la permission. Elle se tenait bien droite, et lissa sa robe froissée avec la paume de mains. Elle n'en disait rien, mais elle était toute heureuse d'avoir une maman pour la durée que l'Eternel jugerait avoir besoin de cette nouvelle enveloppe charnelle. Elle regardait les longs cheveux sombres avec envie, se demandant si Mère accepterait qu'elle les lui peigne. Peut-être même lui faire une tresse ?

    - Sinon, la routine habituelle, j'ai fureté dans les quartiers, laissant traîner mes esgourdes par ci par là. Puis j'ai fait le tour de nos boutiques et ramasser le flouze.

    - Où tu as appris ce mot encore ? Râla Rodolf en continuant de faire semblant de s'affairer avec ses documents.

    - C'est Timor qui me l'a appris, mais c'est un peu moche comme mot. Je préfère dire l'oseille. Se justifia Zinovie, se tournant vers Khepra avec une expression de candeur sincère sur le faciès. De toute façon, flouze n'était pas un gros mot, elle devrait être sauve. Et surtout le dénommé Timor.

    Malgré leur milieu social peu enclin aux belles lettres, sa tutrice ne semblait guère apprécier entendre sa fille adoptive vociférer mots fleuris et autres familiarités. Il en valait de même pour ceux qui acceptaient de s'occuper d'elle. Elle ne comprenait pas trop pourquoi, car certains d'entre eux ne se gênaient pas pour jurer sur la Déesse, cependant elle n'avait même pas le droit de dire 'bordel" sans un blâme de ses camarades. Rodolf le premier.

    - Tu sais, je te disais que j'avais rêvé d'une femme sans tête ? Ben c'était vrai. En gros, dans mon rêve, je suis dans un espèce de château, il fait sombre. J'ai l'impression d'être dans ma chambre, mais en même temps c'est pas ma chambre c'est aussi un bureau, c'est un peu étrange. La pièce est sombre. Je me réveille dans cette pièce, tout tangue un peu. Il y a une cheminée, le feu est faible et éclaire à peine. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai peur, alors j'essaye de me lever, mais je suis trop lente. Comme si j'avais du plomb dans les jambes. Et là, au moment où j'arrive à m'assoir au bord du lit...

    Rodolf dût restreindre un soupir. Il n'appréciait pas forcément entendre les cauchemars de la petite. il se demandait toujours comment un cerveau de gamine pouvaient créer des scénarios pareil. Toujours aussi détaillés, aussi...réels. Il sentit un léger frisson parcourir son échine. Il baissa les yeux et constata avec déception que ses papiers étaient impeccablement triés et rangés et qu'il n'avait plus matière à faire semblant de s'occuper, autre que de se rassoir et écouter ses deux énergumènes. Merde. Ce n'est pas qu'il ne les appréciait pas. Enfin, apprécier, n'employons pas des mots extravagants non plus. Le patron tout seul pas de problème. La choupette toute seule, ça se gère. Mais les deux ensemble, c'était trop imprévisible, comme deux agents chimiques qui ne sont pas sensés se rencontrer. L'homme de main se lissa nerveusement la moustache et alla s'installer dans le fond de la pièce, aussi discrètement que possible, maudissant chaque planche de bois du sol qui craquait sous son pas.  

    -... Donc, quand j'arrive enfin à m'assoir au bord du lit, quelqu'un toque à la porte. Et là, j'ai vraiment peur. Je me dit, non personne ne doit rentrer. Sauf que ça retoque encore, et une voix me demande si elle peut rentrer. La voix de l'adolescente se fit plus chevrotante. - Pis là ben, ben...Je sais pas trop comment décrire, mais des bras traversent la porte. Ils tiennent une tête, qui me regarde. Je suis tellement terrorisée par la tête que je ne fais pas attention à ce qu'il se passe devant la cheminée. La tête a des grands yeux, des cheveux très longs, elle est couchée sur une joue et me regarde sur le côté. Je n'arrive pas à me comprendre ce qu'elle dit donc je me concentre sur ses lèvres. J'arrive enfin à comprendre ce qu'elle me dit, elle me dit "ELLE EST LÀ". J'ai vraiment très peur, je me retourne vers là où il y a la cheminée, sauf que juste devant mon lit, il y a une femme. Une femme en chemise de nuit, sans sa tête. Au moment où je la voit, elle tend les bras vers moi, et je me suis réveillée.

    Zinovie marque une pause. Elle se tordit les mains. C'était monnaie courante pour elle de raconter ses mauvais rêves à Mère. Pourtant, à chaque fois, elle se sentait mal. Comme si quelque chose en elle se réveillait. Se réveillait pour la rendre triste. Triste, avec un sentiment de vide. Un vide noir et bruyant. Elle poussa un long soupir, et posa sa tête contre le torse de son patron.

    - J'en ai un peu marre de toujours faire des cauchemars.Murmura-t-elle en fermant les yeux.

    Rodolf ne put s'empêcher de relever le regard vers elle, un air désolé imprimé sur ses traits durs.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Lun 13 Juin 2022 - 1:52 #

    Père, mère, tout dépendait du jour... Curieusement, l'enfant que l'Eternel considérait d'ores et déjà comme sa propre fille ne semblait pas plus perturbée par les changements d'apparence réguliers que vivaient son parent. C'était un comportement suffisamment étrange pour mérité d'être noté, cependant cela ne faisait que s'ajouter aux nombreuses qualités que Khepra trouvait à sa petite protégée. Outre sa loyauté, Zinovie semblait tout bonnement incapable de remettre en cause les directives de son tuteur ou de négocier les ordres qui lui étaient donnés. Son pouvoir constituait déjà un atout de taille, mais c'était surtout l'investissement sans faille dont elle faisait preuve qui la rendait d'autant plus importante aux yeux du Non-Mort.

    Lorsque la petite s'installa sur ses genoux, ce fut avec un sourire doux que Khepra l'accueillit. Sans mot dire, il l'observait, passant lentement une main dans ses cheveux noirs alors qu'elle lui énonçait la nature des fameux cauchemars à l'origine de sa superbe magie. Il ne releva pas qu'elle faisait preuve d'un peu trop de grossièreté lors de ses explications, mais Rodolf s'en chargea quant à lui instinctivement. Les yeux de saphir s'orientèrent vers le moustachu puis, mesurément, Khepra adressa à ce dernier un bref hochement de tête en guise d'approbation. Khepra s'exprimait souvent sans courtoisie, mais il cherchait néanmoins à éviter à Zinovie de suivre ce mauvais exemple. C'était donc avec une certaine précaution qu'il choisissait ses mots en présence de sa protégée.

    Les cauchemars devinrent le sujet suivant. L'immortel ne connaissait que trop bien les détails sordides de ces fantasmes, mais il estimait important de les écouter à chaque fois que la demoiselle ressentait l'envie de les partager. Il sentait sa frustration, sa crainte, mais surtout cette fatigue qui la dévorait petit à petit car, si ses rêves lui permettaient d'accomplir les prouesses que lui connaissait Khepra, ils devenaient également pour elle une véritable malédiction. Malheureusement pour elle, le Non-Mort n'avait aucunement envie de l'aider à se débarrasser de ses mauvais rêves, bien au contraire.

    Alors que Rodolf s'éloignait d'eux, Khepra réalisa avec quelle insistance la petite tiraient sur ses petits doigts, les frictionnant nerveusement en signe de détresse. Elle posa sa tête contre sa poitrine glacée, puis un bref silence s'installa. Il était fort inhabituel de voir le créateur de l'Ossuaire faire preuve d'une quelconque forme d'affection, mais ce jour étrange figurait parmi l'une de ces rares occasions. Tout en douceur, Khepra continua de caresser la tête de sa petite protégée d'une main, la gardant contre lui. De sa dextre libre, il s'empara ensuite furtivement de son scarabée d'or, qu'il accrocha contre son torse, juste en dessous de son cou.

    L'artefact s'enfonça dans la chair dans une série de cliquetis mécaniques, puis la magie opéra subitement. Les yeux du Non-Mort s'illuminèrent faiblement puis, petit à petit, ses organes s'éveillèrent. Telle une machine qui démarre, son cœur se mit à battre, adoptant un rythme soutenu tandis que son sang s'agitait au sein de ses veines meurtries. Tout l'organisme s'activa, allant jusqu'aux poumons. Au prix d'un certain effort de concentration, l'immortel parvint à simuler un souffle, une respiration légère et sa carcasse toute entière se réchauffa progressivement, donnant peu à peu l'illusion de la vie. Un peu de chaleur et de bienveillance, ce n'était certes pas grand-chose, mais c'était probablement beaucoup pour une enfant que les ténèbres menaçaient de dévorer un peu plus chaque jour.

    D'une voix toujours aussi humaine, Khepra prit enfin la parole :

    "Tu sais ma grande, je pense que tu ne devrais pas essayer de chasser ces rêves-là de tes pensées..."

    Les yeux de Rodolf s'écarquillèrent contre son gré alors qu'un frisson traversait son échine. Il ne voulait pas faire preuve d'arrogance envers son patron, mais les termes que ce dernier employait l'horrifiaient déjà. Khepra nota ce changement, mais n'en fit rien. Bien au contraire, il continua sur sa lancée avec un apaisement total.

    "Je sais bien que ces histoires te font très peur, mais tu dois comprendre qu'elles font partie de toi. Il y a en toi un pouvoir immense qui ne cherche qu'à être libéré. Ces choses que tu vois te protègent lorsque je ne suis pas là, elles te rendent forte. Elles te terrifient parce que tu ne les comprends pas encore tout à fait mais j'ai bon espoir qu'un jour, tu sauras faire la paix avec elles."

    Le sourire s'agrandit encore un peu mais l'effroyable calme du Non-Mort vint subtilement se muer en un enjouement un peu trop apparent. Avec une joie presque audible, Khepra conclut :

    "Lorsque tu les comprendras mieux, tu pourras les contrôler à ta guise. Tu deviendras puissante, peut être même assez pour me dépasser. Tu pourras transformer la réalité pour qu'elle cesse de t'effrayer, tu seras maitresse de cette femme sans tête et de tous ses compagnons qui t'empêchent de dormir. Le monde sera à toi, Zinovie."

    La douceur reprit le dessus et l'étreinte se fit un peu plus intense.

    "Je suis déjà si fier de toi, tu as très bien travaillé. Quelle récompense te ferait plaisir ?"

    Il était sincère. Il donnerait tout pour elle, tout pour la garder entre ses griffes. Une fille, une arme, quelle différence ? Elle avait besoin de lui comme il avait besoin d'elle.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Lun 13 Juin 2022 - 22:21 #
    Elle ne bougeait plus. Ses grands yeux ouverts, ne cillaient quasiment pas. Il étaient de cette couleur entre le bordeaux et le cassis, luisants comme un vin mûr. Elle avait sa main fine refermée sur la chemise de sa tutrice, sans grande fermeté car à tout moment elle semblait menacer de lâcher le tissu froissé.  L'adolescente ne disait plus rien, et laissait les paroles de l'Eternel infuser en elle, telle un breuvage empoisonné.

    "Elles font partie de moi, c'est mon truc à moi"

    Elle la laissait instiller ses espoirs, ses conseils détournés et manipulés, qu'une personne plus sensée aurait vite fait de prendre plus de distance quant à ce discours. Il n'en était rien pour Zinovie. Elle laissait les paroles de son unique parent la bercer, la faire rêver, l'emmener exactement là où le Non-mort voulait qu'elle aille.

    "C'est juste que je comprends pas, un jour je vais comprendre."

    Il était fier d'elle. Mère était fière d'elle. La jeune fille laissa ses paroles s'enfouir en elle, se faire un chemin tortueux jusqu'à son cœur, pour s'y graver à jamais. Elle eut cette impression de chaleur, réconfortante, comme un cocon tout doux aux senteurs de fleurs séchées qui vint l'envelopper. Elle avait les yeux ouverts mais c'était comme si elle les avait clos. Elle était ailleurs, dans une sorte de béatitude, s'imaginant un jour contrôler pleinement son pouvoir, vaincre ces cauchemars qui lui font peur toutes les nuits et être au même niveau que sa Maternelle. Même si cette dernière idée lui semblait presque du délire car personne ne pouvait être plus fort que Mère. Mère était tout, elle ne pouvait pas se faire battre. Seulement, l'idée terrifiante et si séduisante de pouvoir être aussi puissante que l'Eternel, lui enivrait sa petite tête malade.

    "Le monde sera à moi. Un monde mélangé." L'adolescente frisait presque l'euphorie, un sourire radieux plaqué sur son visage fatigué. Elle se redressa enfin, regardant sa patronne dans les yeux.

    - Je n'ai pas encore assez bien travaillé Mère, je n'ai pas réussi à contrôler la musique tout à l'heure. Mais je vais faire des efforts ! Et pour les cauchemars...Zinovie parut un peu moins assurée mais se reprit bien vite. - Je crois que les raconter, ça me fait du bien, Mère. Merci de m'écouter à chaque fois. A ces mots, la jeune fille se pencha pour déposer un léger baiser sur la joue de celui qui régissait son monde.

    Rodolf était bien heureux de savoir contrôler comme personne ses expressions faciales. Car en ce moment même, il préférait ne pas savoir quel genre de tronche il aurait pu tirer. Il jeta un coup d'œil à la gamine. Il fallait qu'il prenne du recul. Car, en ce moment même, il ressentait un certain malaise. Avec sa robe à col claudine, ses souliers vernis et sa posture relaxée, Zinovie ressemblait à une poupée de porcelaine. Si fragile, prête à se briser, volontairement, à la moindre injonction de son "père". Avec ce regard rempli d'espoir et d'admiration pour celui qui venait ouvertement de lui dire de consommer pleinement le pouvoir qui empoisonnait peu à peu sa psyché. Il s'alluma une clope, non sans faire attention que la fumée ne les dérange point. Il ne connaissait pas trop le point de vue de son boss sur la fumée de cigarette mais il se doutait un peu qu'il ne serait pas ravi que la petiote en respire un chouïa trop. Décidément, il ne pigeait pas. Qu'était-elle pour lui, réellement ? Le bandit avait passé assez de temps avec la paire pour savoir pertinemment que si Khepra avait seulement voulu utiliser la gosse jusqu'à la moelle, il l'aurait fait sans ciller. Alors pourquoi elle ? Pourquoi lui ?  Il détourna le regard. Il se posait ces mêmes questions depuis bien longtemps déjà. Il n'espérait plus en avoir les réponses. Alors qu'il s'apprêtait à éteindre sa blonde, le rire fluet de la brunette le rappela à la réalité.

    -  Une récompense ! Elle tapa dans ses mains, comme pour accompagner sa phrase. Puis, elle se mit à réfléchir intensément. - Je peux demander n'importe quoi ? Marmonna-t-elle sans vraiment demander directement à celle qui venait de lui annoncé la bonne nouvelle.

    Rodolf retint sa respiration. La dernière récompense n'avait pas forcément jouer en sa faveur. Il avait dû jouer avec l'adolescente pendant une journée entière, avec des jeux "à faire semblant" et ce fut une journée bien longue, surtout quand la petiote avait décidé de lui faire enfiler un corset et un jupon. Le moustachu secoua la tête d'un air légèrement paniqué et essaya d'envoyer des signaux silencieux à son patron. Il venait d'être promu, il pouvait au moins lui épargner ça non ?

    Zinovie paraissait embêtée. Non pas parce qu'elle ne trouvait quoi demander, mais plus parce qu'elle n'osait pas exprimer sa demande. Ses joues avaient rosies, et elle se mit à tripatouiller une mèche de cheveux avec son index. Rodolf se figea sur place. Oh non. Qu'est ce qu'elle allait demander...Il attendit que Khepra encourage sa protégée à vocaliser son souhait, avec une appréhension non dissimulée cette fois.

    - Euh...Ben...Vos cheveux...Est-ce que ce serait possible de les coiffer le temps que vous êtes Mère ? Demanda Zinovie timidement, en regardant la chevelure qui tombait en cascade sur les épaules de sa tutrice.

    Rodolf ne put s'empêcher de sourire. Lui qui avait une queue de cheval au dessus de ses cheveux rasés, il savait à quel point la jeune fille appréciait jouer à la coiffeuse. Le plus surprenant, c'est qu'elle était plutôt douée.

    Zinovie attendit la réponse à sa requête le cœur battant, plantant un regard intense dans les yeux luminescents du Non-Mort. Elle admira la beauté cassée du visage de l'hôte qu'habitait en ce moment son gardien. D'un geste gracile, elle effleura les craquelures visibles à certains endroits du visage, où une lueur bleutée s'en échappait.

    - J'aime bien. C'est beau. Dit-elle dans un souffle.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Mar 14 Juin 2022 - 2:17 #
    Les yeux de Zinovie se perdirent dans le vide lorsque Khepra eut fini de lui expliquer sa façon de voir les choses. De toute évidence, le feu avait pris. L'Immortel n'espérait qu'une chose : qu'elle parvienne à maitriser cette terreur sourde afin d'en faire son plus fidèle atout. Lorsqu'elle aurait été forgée par les soins de son tuteur à la réputation si sinistre, il ferait d'elle son véritable bras droit. Ensemble, ils deviendraient inarrêtables. Dans un élan de courage et de motivation, elle lui confia qu'elle redoublerait d'efforts, chose dont il ne doutait pas le moins du monde.

    Les yeux du Non-Mort s'orientèrent rapidement vers Rodolf qui devait bien évidemment se lasser d'assister à une scène telle que celle-ci. Malgré son efficacité, il n'était quant à lui présent que grâce à l'appât du gain. Zinovie était un véritable joyau alors qu'il n'était qu'un chien de garde, un charognard tout juste bon à accomplir sa besogne, prêt à mordre la main de son maître à la première occasion. Malgré la promotion qu'il venait d'offrir à son homme de main, Khepra n'était pas dupe : il se savait craint et non apprécié par ses recrues. Il fallait que cela reste ainsi, du moins pour le moment, aussi peut être valait-il mieux éviter d'offrir à une crapule telle que lui ce spectacle plein de tendresse curieuse.

    Khepra s'apprêtait à autoriser le pauvre gaillard à quitter les lieux, mais les mots de Zinovie détournèrent son attention de cette modeste préoccupation. Elle venait de le remercier, chose qu'elle n'avait que rarement la possibilité de faire en personne. Au creux du manteau épais de Khepra, la petite broche bleutée qu'il transportait en permanence vint briller faiblement. Il n'avait pas informé la petite de la nature de cet artefact que lui avait confié Aord, elle n'avait donc aucune idée de ce que représentait ce simple remerciement. Une brève grimace émue apparut sur son visage, mais l'Immortel se reprit bien vite. Tout en tâchant de masquer son émotion, il répondit :

    "Oui, ce que tu veux."

    La réponse fit difficilement surface, Zinovie étant visiblement embarrassée à l'idée de proposer son idée. Lui qui s'attendait à satisfaire un souhait des plus matériels fut très surpris lorsqu'il ne fut ni question de bijou, de vêtement, ou encore d'un repas de luxe. Le silence plana un instant lorsque Khepra se remémora la dernière fois où l'une de ses enveloppes avait été pomponnée de la sorte par quelqu'un d'autre que lui-même. Un sourire lui échappa lorsque les détails se précisèrent : c'était lors de ce plan effroyable mené par la Cabale contre le Village Perché. A cette occasion, Vesper s'était occupé de sa coiffure et de son maquillage, cela avait eu lieu juste avant l'embuscade qui avait couté tant de précieuses vies à la Garde du coin.

    Ecartant ces souvenirs sanglants, Khepra se recentra sur l'instant présent et ne put retenir un gloussement amusé lorsque Zinovie se mit à tâter les fissures qui ornaient son faciès. C'était beau ? Elle était bien la seule à le penser. Il claqua machinalement des doigts, rappelant à lui son acolyte qui accourut sans hésiter. Sans accorder le moindre regard à ce dernier, Khepra lui ordonna :

    "Rodolf ? Amène-nous le nécessaire de coiffure, si tu veux bien."

    Un hochement de tête plus tard, Rodolf fit volte-face et disparut dans le couloir, laissant le petit duo se préparer tandis qu'il réunissait le matériel. Khepra fit signe à Zinovie de se redresser puis ôta son imposant manteau, qu'il vint ensuite déposer sur le bureau où étaient entreposés les documents précédemment étudiés par Rodolf. Ils se repencheraient sur la question plus tard, cette soirée étant officiellement dédiée à sa protégée.

    La porte s'ouvrit à nouveau, dévoilant Rodolf et la petite caisse qu'il portait. Il n'était pas venu seul, cependant, car le déplacement avait nécessité davantage de bras. Sur ses pas se trouvaient deux autres colosses qui, incrédules, transportaient un petit meuble surmonté d'un miroir. Rodolf ne leur avait rien expliqué, aussi ils étaient tous deux surpris de découvrir la curieuse scène qui s'offraient à eux.

    "Bonsoir, patron." Firent-ils en cœur lorsqu'ils aperçurent la femme au regard glacial qui les dévisageait du coin de l'œil.

    *Patronne*... Faites un effort, ça lui fait plaisir. Le Non-Mort garda l'observation pour lui, ils n'auraient sans doute pas compris la subtilité de la situation.

    Il répondit à leurs salutations d'un vague haussement du menton, Khepra s'attarda sur le contenu de la malle que transportait son sous-fifre. Divers ustensiles y étaient entreposés et leur qualité douteuse fit sourciller Khepra. Il avait largement les moyens de fournir du matériel plus adaptée aux besoins de Zinovie, l'attirail allait donc se voir remplacé dés le lendemain. Le voyou connaissait la musique, ayant été plus d'une fois le cobaye de la demoiselle, aussi il s'empressa d'entreposer ce qu'il avait ramené de manière convenable.

    "Merci messieurs, vous pouvez disposer."

    Sans demander leur reste, les trois bonhommes s'éclipsèrent, laissant enfin un peu d'intimité aux deux personnages qui leur faisaient indubitablement froid dans le dos. Khepra se saisit d'un tabouret et vint le positionner face au miroir avant de s'y installer. D'une main, il dégagea prestement sa tignasse brune et jeta un regard à Zinovie à travers le reflet du miroir.

    "Fais comme bon te semble. Tu peux même t'occuper de les couper, si tu en as envie."

    C'est pas comme si c'était les miens, après tout.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: C'est lui et personne d'autre.
    Jeu 11 Aoû 2022 - 0:16 #
    La jeune fille tapa dans ses mains dès qu'elle entendit la réponse positive de sa tutrice. Elle se releva au signe du Non-Mort et attendit, un air très solennel sur le visage, qu'on veuille bien lui amener le précieux matériel pour qu'elle puisse s'occuper des jolis cheveux de sa maternelle. Elle capta le sourire de Rodolf, et lui fit un petit clin d'œil. il avait beau dire le balourd, il était bien content qu'elle soit là pour lui tailler la barbe et qu'elle s'occupe de sa tignasse ! Bon, il est vrai que peut-être à l'occasion de quelque mesquine vengeance, elle eut fait exprès de la rater. Mais les cheveux, la barbe...Ca repousse.

    Passant une petite main admirative sur le manteau de l'Immortel, elle resta songeuse sur le fait de savoir si un manteau du même modèle pouvait bien lui aller. Un à sa taille bien sûr. Cependant, elle ne souhaitait pas paraitre ridicule, et que le gang pense qu'elle essaye à tout prix de faire tout comme son parent. Ca serait très humiliant. Mais tout de même. Elle aimerait bien pouvoir lui ressembler un peu plus. Montrer qu'elle est sa fille. Sa vraie fille. Zinovie eut le visage qui s'illumina quand elle entendit les hommes de Khepra arriver avec ce qu'elle avait demandé d'apporter : un nécessaire de coiffure et deux gorilles transportaient une coiffeuse, un peu abîmée par le temps mais l'adolescente s'en fichait, c'était parfait ! Seulement, un faux pas des hommes de main vint entacher son petit moment privilégié avec celle qu'elle respectait le plus au monde.

    - C'est patronne, bande de décérébrés. C'est pourtant pas bien compliqué. Siffla-t-elle d'un ton cynique en jouant de ses ciseaux, l'air mauvais. Un des hommes parut vouloir retorquer quelque chose, mais la gamine lui lança un regard tel qu'il se ravisa bien vite. Rodolf posa précautionneusement le matériel de coiffure sur le bureau près de sa patronne, en se retenant de ricaner. Y'avait pas à dire, c'était bien la fille de son père cette énergumène-là. Il n'osait même pas imaginer ce que ça pourrait donner une fois adulte. Le bras droit du Non-Mort se rembrunit. Enfin...Si elle réussira à survire jusque-là… Il fit un signe aux deux colosses de laisser le duo improbable tranquilles, remerciant une fois de plus son boss et indiquant qu'il restait dans les alentours si besoin. Il s'adressait aussi bien à l'Immortel qu'à la brunette, qui farfouillait déjà dans la mallette, ne lui adressant qu'un signe nonchalant de la main.

    Une fois les malfrats partis, Zinovie réalisa qu'elle était seule avec Mère. Elle rosit légèrement, et son cœur se mit à battre plus vite. Mince. Il fallait qu'elle paraisse intéressante. Qu'est ce qu'elle pouvait bien lui raconter ? Elle n'avait rien de bien à dire, à part lui raconter sa mission dans les moindres détails. Seulement, la jeune fille pouvait sentit qu'en cette instant, sa tutrice n'avait pas forcément envie de parler travail. Ou alors peut-être pas avec elle. Zinovie pouvait sentir ses choses là chez elle des fois. Elle n'avait pas tout le temps raison, bien sûr. Mais en général, elle se laissant guider par son instinct quand cela concernait Mère. Quand cette dernière lui proposa de couper sa chevelure, la jeunette pris une pose réfléchie, un pouce sur la joue et l'index sous le menton.

    - Je ne pense pas vous les couper, Mère. Ou alors juste les pointes, car sinon je ne pourrais pas vous faire toutes les coiffures que j'ai en tête. Je sais que les cheveux courts vous seraient plus pratique pour le combat, mais bon... Je vais faire en sorte de vous faire des coiffures tous les jours qui tiennent bien, pour que vous niqui- Euh, que vous cassiez des dents sans être gênée !

    Après avoir passer une manche sur le miroir empoussiéré de la coiffeuse, l'adolescente attrapa un petit pschitt à eau et des ciseaux.
    Pauvre Timor, il ne savait qu'il allait certainement se prendre une sacrée rouste au retour de sa patronne, et Zinovie ne s'en était même pas rendue compte. Toute contente, elle se mit à humidifier les pointes de cheveux de l'enveloppe de Khepra. Des gestes précis, nets. La petite semblait savoir ce qu'elle faisait, et dès qu'elle avait l'occasion de croiser le regard du Non-Mort dans la petite glace de la coiffeuse, elle lui décrochait un sourire radieux.

    - Après techniquement on s'en fout, c'est pas vos cheveux. Mais ils vous vont bien, vous les portez bien !

    Elle s'empara d'un peigne, et avec des gestes très doux, se mit à démêler mèche par mèche la chevelure sombre maintenant humide. Elle découpa comme annoncé les pointes abîmées, prenant une moue assez caractéristique de quand elle était très concentrée. Alors qu'elle avait bientôt fini, elle eut soudain un sursaut, et un petit cri d'excitation.

    - Je sais ! je sais ce que je vais faire !

    Elle tourna alors sa tutrice vers elle, de sorte à ce qu'elle ne puisse plus se voir dans le miroir.

    - C'est une surprise alors on ne triche pas, vous ne trichez pas Mère ! Fermez-les yeux ! Dit-elle en un petit glapissement joyeux.

    Quelques pshittes d'eau par ci, des coups de ciseaux par là, des grognements de Zinovie sur les ciseaux mal aiguisés, puis une dizaines de minutes plus tard, elle tourna l'Eternelle vers le miroir.

    - Voilà. Comme ça maintenant on se ressemble un peu plus. Souffla-t-elle d'une voix mal assurée.

    La jeune fille avait fait une frange droite à sa tutrice, avec deux mèches un peu plus courtes qui encadraient élégamment ses joues, donnant un air de beauté froide au visage de Mère. La longueur des cheveux n'avait pas été touchée, pourtant avec les pointes de coupées, un petit changement était palpable. Zinovie attendit, la peur au ventre. Peut-être qu'elle n'allait pas aimer ? Peut-être qu'elle allait lui en vouloir de lui avoir fait la même frange ? Peut-être que...La jeune fille battit plusieurs fois des paupières dans l'attente d'une réaction qui lui parut une éternité.
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    Re: C'est lui et personne d'autre.
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