Le festival de la Lucy colorée.
Cela ne cassait pas trois pattes à un canard, mais au moins c’était facile à retenir et donnait le ton de ce qui se passait. Plus ou moins. Assez au goût de Pariza en tout cas.
L’idée était venue après avoir entendu une rumeur sur les enchantements de couleur. Certains parlaient du fait qu’en rassembler plusieurs en un point qui allait donner un miracle. D’autres qu’il fallait obligatoirement chaque couleur pour faire quelque chose. Il y avait des dires sur le fait que les glooby devaient être présents. D’autre sur le fait que c’était possiblement la fin du royaume. Et encore d'autres qui disaient simplement de taire ses histoires et continuer sa journée de travail.
Donc, tout vient de cette rumeur qui a mis le feu aux poudres de l’imagination de la journaliste. Quoi de mieux qu’un événement populaire pour tenter la chance et voir par soi même ce qu’il allait se passer ? Même s’il ne se passait rien avec les couleurs il y aurait toujours des ragots qui se créeraient durant l’événement et de quoi écrire quelques articles croustillants.
Pour ramener le plus de monde possible à cet événement, elle avait pensé à la religion. Certes, tout le monde n’est pas croyant, mais le culte de Lucy avait assez d’impact pour servir de bon orateur pour mettre en avant l’événement. Elle avait donc tourné le festival principalement sur le thème de la chance et avait fait une demande officielle aux grandes instances du culte de Lucy pour avoir leur approbation publique sur l’événement. Cela fut accueilli avec beaucoup de plaisir par ses derniers. Avoir une vitrine publique gratuite pour leur culte supplémentaire contre en parler à leur fidèle leur allait très bien.
Elle avait même eu l’autorisation d’organiser l’événement au niveau de l’arbre sacré. Il fallait bien sûr faire attention à ne rien abîmer et tout bien nettoyer à la fin, mais le lieu était vraiment propice pour rendre tout cela encore plus magique quelque part. L'entrée du festival en plus était entière gratuite pour toute personne présentant un enchantement coloré ou un glooby coloré avec une magie de familier semblable aux enchantements colorés.
Pour le reste des gens voulant participer, l'entrée était payante, 5 cristaux noirs, autant dire une somme très modeste. À l’intérieur chaque stand gérait ses prix à sa convenance, un pourcentage de la recette finale finirait tout de même dans les poches de Pariza. Oui, elle créait l’événement pour avoir des scoops, mais il fallait tout de même rentrer dans ses frais.
Pour les stands en plus, autre que les stands classiques de porte-bonheur, souvenir et nourriture il y avait pas mal de jeux de hasard qui avait été mis en avant. Il y avait un concours de pierre feuille ciseau dans un coin, un petit casino à base de roulette et mise au jet de dés dans un autre, on pouvait voir un système de pêche au glooby ou le point sous le vendre de la figurine donnais la valeur du lot remporter, il y avait aussi un concours d’imitation qui avait été mis en place visiblement, il y avait haussé une rumeur de glooball ou même de petits tournois de bataille de pouce. Est-ce que c’était un nom de code pour de la lutte en réalité ? Cela serait à voir sur place. Bref, beaucoup de petites activités pour tenter de convenir au plus de monde possible et créer l’envie de venir.
L’ouverture se fait et il y a déjà une odeur de viande grillée, vin chaud et beignet qui monte dans les narines, ainsi qu’une douce musique faite par des artistes itinérant qui donne un peu de fond sonore à toute cette histoire. Un fusain dans une main, son carnet dans l’autre, tout est prêt pour noter le plus de choses possible.
HRP : Je voulais vous proposer pour ce petit festival de jouer vos réussites aux activités que vous entreprendrez dans ce festival aux dés, histoire de faire honneur à notre tendre Lucy. Après, si vous ne souhaitez pas le faire et choisir ce qui arrive directement, c’est à votre libre arbitre, juste je trouvais que cela pourrait être amusant de jouer notre chance.
Je suis restée exhaustive sur les stands et activités, si vous souhaitez en ajouter, libre à vous !
Amusez-vous ! C’est le plus important !
Festival de la Lucy colorée
En Aryon la magie court à tout instant, caressant les herbes des plaines, ébrouant les feuilles de la forêt, foulant les pavés de la Capitale, nageant parmi les extraordinaires créatures marines, bravant le froid de la forteresse. J'aimais à croire qu'elle était guidée par la main de Lucy, produisant des miracles à ses heures perdues, ou des catastrophes pour réveiller la conscience des peuples vivants sur nos terres. Cruelle ? Altruiste ? Indifférente ? Lucy revêtait des centaines de visages pour mieux éprouver ses enfants. N'était-ce pas ainsi que l'on apprenait et grandissait ? Se connaître, se reconnaître, se transformer, se révéler.
Toujours est-il que cette nuit là, Lucy nous fit grâce d'un cadeau. Nuit, jour, hier, aujourd'hui ou demain, un certain nombre d'habitant découvrir un enchantement sur un de leur équipement, la rumeur était montée, chaque couleur correspondait à une magie spécifique et plutôt bien appropriée. Du moins dans mon cas ça l'était. Je m'étais fourni un bouclier télescopique me permettant de parer des coups lors de mes missions quelque peu dangereuse. Et la magie qui y habitait dorénavant lui permettait de doubler de taille pour un poids deux fois plus léger ! De quoi me protéger plus encore. Allez savoir si l'enchantement révèlerait d'autres atouts encore.
Et ton contente de ce présent, Lucy a mis sur ma route un Glooby possédant la même magie. Amoureux des animaux vous vous doutez bien que je l'ai adopté aussitôt. Prénommé Mezcal, le petit Glooby vert semblait avoir de l'énergie à revendre, contrastant avec le calme de son congénère, Tarapaca. Il fut accueilli sans défiance dans la fratrie animalière, course poursuivant les chats qui se donnaient à cœur joie de le faire tourner en bourrique.
Les jours passèrent, je continuais de m'installer paisiblement dans ma nouvelle demeure lorsqu'un évènement fut organiser à l'arbre sacré pour remercier Lucy. J'avais habitude de méditer sous les branches puissantes de l'être végétal, m'inspirant de son calme et de sa sagesse. Aujourd'hui y régnait une tout autre ambiance, je me suis évidemment rendu à la fête colorée accompagné, comme il y était demandé, par les présents de Lucy, le bouclier télescopique qui se présentait discrètement comme un gantelet de cuir vert olive assez épais, et Mezcal qui permettait de participer gratuitement à la fête. Bien sûr j'étais venu sur le dos d'Asti qui marchait désormais à mes côtés, Loupiac mon plus fidèle compagnon voletait au milieu des stands, Trapaca espérait trouver des cookies, et il faut dire que le Glooby multicolore adorait les ambiances de festivités. Despé la grognedent encore jeune et Kir étaient restés à la garde de Fauve avec qui je perfectionnais l'éducation de mes familiers. J'avais un peu peur que le duo énergétique chamboule tout ici.
Je flanais ainsi autour des petits commerces et des jeux, l'affluence n'était pas encore à son comble. Des fanions de toutes les couleurs avaient étaient accrochés un peu partout, emplissant l'aire de méditation d'une joie nouvelle. Une odeur de sucre atisa mes narines et celle de Tarapaca plus encore.
- Tarapaca sentir Cookies, Naë offrir Cookies à Tarapaca ? Demanda-t-il de sa petite voix de Glooby charmeur.
- Si on commence comme ça tu va finir par rouler avant la fin des festivités Tara.
L'animal ne comprit pas l'insinuation et, heureux, se mit à rouler pensant obtenir ce qu'il voulait ainsi. Je souris devant la naïveté du Glooby et je cédais à sa mignonitude. Après tout, c'était un jour de fête, il fallait bien faire plaisir.
De nombreuses activités étaient proposées, certaines plus loufoques que les autres. Jeux d'argent, jeux de hasard, jeux de logiques ou de force. La chance était mise à l'honneur dans cet hommage, chacun espérant que le souffle de Lucy continue de porter ses fruits. Pour le plus grand plaisir des différents commerçants. Avant de prendre part aux divertissements je cherchais où rendre hommage à la Déesse. Avait-on oublié son autel ? M'avançant plus encore jusqu'au racine de l'arbre sacré je le vis, coloré, majestueux, fleuris. Non, les remerciements à Lucy n'avaient pas été oublié. Il n'y avait personne ici et je profitais de cette solitude pour une prière silencieuse à notre divinité, déposant un lien végétal que j'avais fabriqué pour l'occasion. Le bracelet n'était pas digne des merveilles que faisait la bijoutière locale, je m'en étais inspiré mais le résultat n'était pas du tout le même. Cependant, le cœur y était.
- Tarapaca, Mezcal, vous êtes des dons de Lucy. Que Sa Grâce vous accompagne. soufflai-je.
Les rires, les cris de joies résonnaient à travers les arbres, je retournais aux stands pour m'arrêter à la pêche aux Gloobys. Commençons par ce petit jeu tranquille.
- Dé oui ou non:
Naë réussit-il à pêcher les Gloobys dans le temps imparti ?code ─ croquelune
- Edition modération 12.03.22:
- :cal: Vu ensemble: lancé de dé supprimé sur ce fil -> dé oui/non: oui.
Les tournois de Roule-Chance étaient on-ne-peut-plus sérieux. Un art peaufiné à travers les âges, destinés à égayer les foules au cœur de la tourmente, entremêlés de règles aussi tacites que complexes… Surtout lorsqu’il s’agissait d’inviter les soulards à se ruiner promptement au détour d’une blonde compagne, qu’elle soit liquide ou toute de chair vêtue. Luz s’était-elle faite avoir ? Probablement. Non c’est sûr, se corrigea-t-elle en grimaçant. Accoudée au bois vernis d’un comptoir, une tasse de thé épicée dans une main, une verrine de thogosus dans l’autre, le ravissement de ses papilles ne suffisait guère à éteindre l’incendie de sa frustration. Allons, elle n’avait jamais perdu que sept fois successives jusqu’à présent ! Ce qui, dans les règles du Roule-Chance, doublait sa mise possible en échange d’une seule victoire… Au bout d’une quinzaine de parties perdues, l’on considérait que la déveine était tout naturellement de votre côté telle une véritable bénédiction de Lucy. Cette dernière était après tout la déesse de la chance et du hasard, et ses caresses pouvaient se traduire par une suite de malheurs caractéristiques : quelle bien mauvaise amante à contrarier ! Restait que Luz commençait à entrevoir la possibilité de monter à cette quinzaine, ne serait-ce que parce que ce pallier contraignait votre croupier à vous accorder une somme bonus en tant que champion de Lucy.
Elle releva les yeux vers son adversaire, et nos deux belligérants s’observèrent longuement. Le bois des dés roula contre sa paume, et elle se surprit à tenter d’y insuffler toute sa volonté. Trichait-il ? Difficile, avec des dés qui ne lui appartenaient pas. Encore qu’il aurait pu aisément utiliser sa propre magie pour contrer le tempérament capricieux de la déesse. Le souffle suspendu à ses lèvres, Luz jeta sans plus attendre ses dés, arrimée à leur couleur rouge comme une ancre à la mer. Ils rebondirent sur le comptoir, malicieux éclats peints, et s’immobilisèrent à deux centimètres de leurs vis-à-vis, les dés violets de son adversaire. A ce jeu, l’objectif était d’obtenir le plus petit nombre possible.
- Résultat des dés :
La fête battait son plein et une fois n’était pas coutume, Luz était venue pour son plaisir personnel. Ses récentes affaires l’avaient maintes fois conduite dans les parages de la Grande forêt ces derniers temps, et elle s’était découverte une récente lubie pour la quiétude qui régnait ici. Le couvert des arbres offrait une fraicheur constellée de lumières, les doigts échevelés de leur ramure ne parvenant pas tout à fait à bloquer la luminosité du soleil. Ils ne réussissaient pas toutefois à égaler la magnificence de leur gigantesque parent, l’Arbre sacré en personne, colosse témoin du fond des âges que l’on avait environné d’une nuée de stands colorés pour l’occasion. La praticienne était plutôt heureuse de voir les sourires sur le visage des représentants de Lucy qu’elle croisait, visiblement ravis du déroulement de ce festival. Qui en était l’instigatrice, déjà… ? Dame Samnang, la patronne du Chantelune Voyageur, se rappela-t-elle songeusement. Il lui arrivait de temps à autre de lire son journal lorsque son emploi du temps le lui permettait, mais elle ne connaissait rien de la rédactrice elle-même.
Elle n’eut guère le temps de s’appesantir sur cette réflexion tandis qu’elle achevait de présenter ses hommages à l’autel de Lucy, car ses prunelles furent attirées vers une silhouette familière. Naëry. Oui bien sûr, il ne manquait évidemment plus que son ex-compagnon pour poursuivre la liste de sa déveine. S’agissait-il pour autant d’une preuve de malchance… ? Elle ramassa ses affaires et après une hésitation, se dirigea droit vers lui. Elle prit le temps de réajuster le large chapeau enchanté de bleu glacé sur sa chevelure flamme, parfaite protection contre le soleil, et opta pour une approche la plus neutre possible :
Depuis qu’ils avaient passé une après-midi entière à s’engueuler dans la boue. Depuis qu’ils avaient pataugés dans la plus honteuse galère, depuis qu’ils avaient mis leur vie en danger, et depuis un autre nombre incalculable de problématiques très peu judicieuses à évoquer… Elle baissa les yeux, constatant la présence de petits canards à leurs pieds, établissement derechef le lien avec la canne-à-pêche qu’il tenait.
Autant poursuivre une conversation gênante en occupant ses mains.
- Compte enchantement :
- Chapeau d'enchantement bleu.
Lors d’une mission de surveillance avec la Garde Forestière, j’ai pu apercevoir des tracts pour le fameux festival de la Lucy coloré. Curieuse, j’avais fait halte avec mon escouade pour demander plus d’informations aux habitants des environs. L’idée était alléchante et quand je vois le temps maussade que nous avons eu depuis quelques jours, dormir au sec me plaisait bien. Etant dans la vallée de Haute Luce, proche du mont Aroa, deux jours de cheval et nous arrivons ) l’Arbre sacré où se déroule l’évènement. Après quelques minutes de discussion avec mes hommes sur la possibilité de descendre, tout le monde était unanime, un peu de distraction ne ferait pas de mal.
La météo avait décidé d’être plus clémente au fur et à mesure qu’on descendait dans le sud. Nous longeons le bras de rivière qui se jette à l’est de notre si beau pays. Un pont a été érigé non loin pour permettre aux habitants de la vallée de rejoindre rapidement la partie sud du pays. Il devait avoir une centaine d'années que cette route commerciale a été ouverte à grande échelle. Avant, les chariots n’avaient pas la possibilité de traverser aussi facilement, ils devaient faire un détour de plus d’une quarantaine de kilomètres pour rejoindre notre destination. Bien entendu, ce n’était pas réellement un souci pour nous, nous étions tous à cheval et en fonction de la période de l’année, il était possible de traverser la rivière sur le dos de nos montures avec la plus grande prudence bien entendu.
Nous finissons donc d’arriver pour le jour de l’ouverture du festival pour notre plus grand bonheur. On se dirige vers la petite garnison du village pour laisser nos affaires. Je connais quartier libre à mes soldats. Ils l’ont bien mérité mais ils avaient interdiction de faire la moindre histoire, je comptais en profiter moi aussi. Mes deux familiers à pattes sont ravis de voir cette partie du Royaume. Je ne me rappelle pas d’avoir amené ma Lucy ici, peut-être mon kitsune avec son précédent maître. Lancelot, mon Laïum était tout jeune, il n’avait jamais vu un arbre si grand et il s’amuse à me décrire ce qu’il voit depuis les airs. Il était intrigué et je le comprenais. Le Sergent de cet avant-poste me montre mes quartiers pour les prochains jours. Une simple tente avec un lit de camp, une table et une chaise. Un grand coffre pour mettre mes affaires si je le souhaitais.
- Le camp est surveillé mon Lieutenant, avec le festival, nous avons demandé du renfort pour limiter le moindre débordement.
- Merci bien Sergent Dubreuil. Si besoin, je serai là-bas au festival.
Un dernier salut formel et me voilà un peu seule. J’enlève le plus gros de mes affaires sur moi, attrapant une armure légère. J’avais pris toutes mes sacoches avec moi pendant que mes familiers s'amusaient dehors. Eux aussi ont le droit d’un peu de temps libre. Je rédige mes quelques rapports avant de prendre une vraie pause. Cela me prend une petite heure avant de rejoindre les stands. Il y avait tout ce qu’il fallait pour une ambiance bonne enfant si nous n’étions pas mauvais joueurs. D’ailleurs, je pouvais voir certains qui commençaient à s’énerver. Je m’approche d’un pas de l’homme qui montait la voix contre la femme qui tenait le stand. Encore avec mon uniforme militaire et mon armure légère par-dessus. Le petit moustachu comprit aussitôt à qui il y avait à faire. Le dépassant largement d’une tête, il faisait moins le malin et je me contentais de garder une expression neutre.
- Un problème ?
- Non non Madame le Garde, je m’en vais.
Il ne demande pas son reste et voilà qu’il s’enfuit à toute vitesse. La vieille femme me remerciait mille fois et me propose un oeuf de glooby en récompense. Gênée, je lui propose un autre deal.
- Je ne peux accepter mais si je réussi à gagner un lot dans votre pêche à Glooby, j’accepte.
Heureuse de ce compromis, la vieille femme me tends une canne à pêche. Le jeu était basique et après avoir soupesé l’ustensile, je m’attaque à attraper le glooby d’or qui allait beaucoup plus vite que les autres. D’un mouvement sec et gracieux du poignet, l'hameçon se glisse dans l’anneau et à moi la victoire.
- Je devrais limite vous en donner deux.
- Non, non, ça ira. Déjà qu’un c’est beaucoup trop.
La marchande va dans sa réserve et me donne le fameux glooby. Il complétera ma collection et sa coquille était toute orange. Peut-être un enchantement… Je continue donc ma ballade. Un homme venait d’arriver et une rouquine arriva peu de temps après. Je préférais laisser le stand à ceux qu’ils voulaient vraiment jouer. Je vais voir si il n’y a pas de souci ailleurs. Tout se déroulait pour le mieux quand un garçon m’attrape le poignet pour un jeu que je n’avais pas joué depuis longtemps.
- Madame, Madame, venez jouer au Grand Majine Racing. De nombreux lots à gagner.
Le jeu était simple. Une partie à quatre joueurs, chacun ayant devant plusieurs trous numérotés de 1 à 3, des boules à mettre dedans en faisant glisser puis ensuite une sorte d’échelle graduée. Chacun avait son majine de couleur et à chaque fois que la boule rentre dans le trou, il avance du nombre.
- Il nous manquait un joueur
On m’installe devant le majine orange. Beaucoup trop d’orange depuis quelques jours après que j’ai obtenu cette enchantement orange mais peut-être que Lucy m’envoit un message.
- Allez, vous être prêt ? Le premier à 10 à gagner.
J’attrape mes boules et je commence le jeu…
- Scores:
Lancer D3. Premier à 10
Bridget : 3
Joueur 2 : 2
Joueur 3 : 3
Joueur 4 : 3
- Enchantement:
- Glooby orange, enchantement orange sur bouclier gantelet
- Résumé:
- A gagner un glooby dans la pêche au glooby
fait son boulot de garde
va joueur au Majine
Il était arrivé là un couple de jours plus tôt avec ses camarades familiers et Calixte, dans le cadre du travail de ce dernier. Pour préparer le festival impulsé par dame Samnang, une partie de la Garde avait été mise à contribution afin d’assurer le bon déroulement de celui-ci, et l’intégrité de ce lieu exceptionnel – on n’oubliait guère les dernières frasques de Klarion Brando au cœur du territoire forestier, ni le lien trouble entretenu avec le Chantelune Voyageur. Calixte, qui avait déjà participé à l’organisation de ce type d’évènement et connaissait fort bien, à la fois, les équipes mobilisées comme les routes et méandres administratifs empruntés pour acheminer le matériel adéquat, avait été temporairement déporté du régiment méridional pour joindre celui de la Régulière, puis des Belluaires. Son statut polyvalent et voyageur, auparavant facilité pour favoriser son travail de l’Ombre, semblait ne pas avoir pris ombrage de l’allègement officieux de ses obligations. Et, si le coursier redoutait quelque peu l’imbroglio organisationnel qu’ajouterait l’arrivée des jumeaux, il ne pouvait s’empêcher de continuer à apprécier cette diversité de lieux, et de types, d’assignations. Surtout qu’en dehors de l’appui logistique encadrant les festivités, on l’avait laissé libre de profiter de celles-ci.
Quelque chose de gluant tira sur l’une de ses mèches bleues, et James tourna la tête vers son épaule gauche, où était perchée Trine. Trine était une petite glooby, dont la couleur et l’étrange don rendait tout à fait opportun leur présence en ces lieux, et dont la douce attention contrastait singulièrement avec ses accès de fureur enflammée. Et son étrange tendance à la cleptomanie. Libérant dans un filet humide la grappe de cheveux qu’elle avait attrapée pour attirer l’attention du bleulet humain, elle indiqua à celui, d’un signe insistant du menton, la toute jeune grognedent qu’il serrait fermement entre ses bras. Actuellement, sans se compter lui-même d’autant plus qu’il était sous traits humains, James portait sur lui trois autres camarades familiers – Mélyne et Trine, les gloobys, et Zuluka la grognedent – et gravitaient autour de Calixte, un peu plus loin, trois autres encore – Kaname, Vreneli et Ashae.
- Encore, encore, encore, chantonnait joyeusement Zuluka dans un concert de rots sonores, faisant claquer avec enthousiasme ses mâchoires joliment dotées.
De larges sillons baveux dégoulinaient sur les bras frêles de l’enfant humain qu’il était présentement, et James riva un regard suspicieux sur les larges dents de la petite – mais pesant déjà son poids – grognedent.
- Toi avoir piqué fromage !
- Oui ! Encore, encore, encore !
- Non ! Cal dire ça rendre toi…
Vive comme l’éclair, d’une férocité gourmande implacable, Zuluka tourna la tête pour attraper de sa langue le sommet des brochettes de fromage grillé d’une petite fille passant à proximité. Trop occupée à consommer la crêpe qu’elle avait dans l’autre main, cette dernière n’en perçut rien, mais James émit un léger couinement avant de s’éloigner d’un bond coupable de la zone du méfait.
- Zul aimer fromage, oui, oui, oui, continua à claironner la grognedent tout en machant indifféremment nourriture et bâtonnets de bois.
- Shhhhh, lui intima le bleulet humain en continuant à jeter quelques regards paniqués par-dessus son épaule avant d’aviser le paravent d’un stand de jeu derrière lequel se dissimuler. Toi faire bêtises et toi nous faire repérer. Cal va gronder nous ! grommela-t-il en rivant de gros yeux sur le familier entre ses bras avant de se remettre prudemment en mouvement.
Le coursier avait consenti à le laisser expérimenter le festival sous forme humaine, à la place de Kaname qui était souvent la première à réclamer et à obtenir la possibilité de porter le collier de métamorphose pour ce type d’occasion, et James était bien déterminé à, non seulement en profiter, mais aussi prouver à l’homme qu’il était digne de confiance. Bien qu’encore petit. Et jeune. Et peut-être que plus qu’à Calixte, c’était certainement à Vreneli et Ashae qu’il voulait montrer qu’il savait se débrouiller, mais jamais ne l’avouerait-il à haute voix, et encore moins aux deux concernés.
Trine tira à nouveau sur l’une de ses mèches bleues et, une nouvelle fois, James tourna la tête vers la glooby avant de rebaisser le regard vers Zuluka.
- Ah non ! s’exclama-t-il avec horreur, sentant son petit cœur d’humain commencer à s’emballer.
Affolé, il contourna maladroitement le stand de majine en bousculant quelques compétiteurs, et chercha d’un regard frénétique tout relief pouvant servir de cuvette. Dans l’urgence de la situation, mal avisé par sa jeunesse de familier comme son inexpérience d’être humain, James franchit avec précipitation les quelques mètres qui le séparait de la pêche au glooby et déposa – lança – la bombe biologique qu’il avait entre les bras. Il ne fallut pas plus que le mouvement de bascule et le contact de l’eau froide, et l’irraisonnable dose de fromage tout à fait inadaptée à son régime alimentaire, pour que Zuluka ne déversât le contenu fort prodigieux de son estomac dans le bac aux canards-gloobys.
- Eurk, grimaça James avant de rencontrer le regard sidéré, mais toujours plus courroucé les secondes passant, du vendeur. Oh pardon ! Pardon, pardon ! Mais c’est Zul, elle avoir mal ventre quand elle manger n’importe quoi. Et elle manger n’importe quoi ! Pas ma faute, moi dire non, mais elle… elle…
Le reste de la phrase se perdit dans un sanglot terrorisé avant de mourir écrasé sous les pleurs inondant par vagues indomptables les joues rosies du bleulet humain. Mélyne, juchée sur l’épaule droite de celui-ci, fixait d’un œil prudent ces visages qu’elle était certaine d’avoir déjà croisés dans l’entourage de Calixte, et Trine, toujours assise sur la droite, contemplait avec envie les prix affichés derrière le gérant. Zuluka, elle, pas le moins du monde déphasée par l’incident, cherchait avec application les petits bouts de fromages ayant survécu à celui-ci et flottant négligemment dans le bac.
- HRP compte glooby + enchantement:
- Glooby et enchantement (sur Apolline qui est actuellement dans le fond avec Calixte, mais reviendra bien assez vite sur le devant de la scène...) rouges!
Safir avait cependant une lueur d’espoir dans sa vie frustrante : sa sœur. Imane Naja était bien plus âgée que lui, déterminée, indépendante, et servait le bastion de la Garde locale avec ferveur et talent. Imane était sa plus grande héroïne, une combattante qui se battait contre voleurs et pirates. Et elle, au moins, en faisant apparaître de magnifiques ailes immaculées, avait un pouvoir utile ! Pour Safir, il n’y avait aucun autre choix possible. Pour devenir le sauveur fantastique qu’il incarnait dans ses campagnes de jeux, il devait suivre la même voie que sa sœur, et devenir garde. Dès lors, il se mit à s’entraîner seul, fouinant pour trouver les routines sportives de son aînée, afin de se muscler et devenir bien plus endurant. Si bien que, d’année en année, il se sculptait un corps bien plus athlétique et chétif qu’il ne l’était auparavant. Il partit pour l’académie martiale lorsqu’il fut en âge de quitter le nid et, prenant une revanche sur la vie et ses harceleurs, était devenu un véritable garde au service d’Aryon et de la Couronne.
Toutefois, bien que Safir souhaita pouvoir servir dans le même régiment que sa sœur sous les ordres du capitaine Al Rakija, le hasard et les exigences administratives le contraignirent à partir pour la Grande Forêt. Désormais grand, musclé, bel homme, il fut installé au Village Perché, duquel il ne connaissait absolument rien. Safir commençait enfin sa nouvelle vie au sein de la Garde. Mais ces débuts qu’il était pressé d’entamer ne furent pas à la hauteur de ses espérances. Sa méconnaissance de la cité sylvestre le desservirent en tout points et plusieurs voleurs à la tire lui échappèrent en empruntant le tentaculaire réseau d’escaliers et d'ascenseurs du Village. Ces déboires répétés eurent pour résultat d’envoyer Safir vers l’Arbre sacré où il n’accomplissaient que patrouilles ennuyeuses et rondes sempiternelles. Ce jour, le bleu avait été posté à l’une des entrées du festival de la Lucy colorée où son unique consigne avait été de rester posté là comme un piquet. Ce que Safir ignorait, c’est que cette journée risquait de drastiquement changer sa vie…
Un jeune homme se présentait devant lui. Vêtu d’une grande cape, encapuchonné, Klarion releva la tête vers Safir pour lui esquisser un grand sourire énigmatique. Le festival de la Lucy multicolore était, pour le croyant, une occasion de célébrer les différents aspects de la déesse chanceuse, et pour le tout venant un prétexte pour boire et manger à s’en remplir la panse. L’origine de cette fête était relativement nouvelle, avec l’apparition récente des enchantements chromatiques, mais ce qui avait attiré l’attention de Klarion, c’était la personne derrière l’organisation de tout cet événement. Pariza Samnang était une journaliste fouineuse qui avait eu le courage de lui donner la parole et de l’interroger pour en faire sa une. Son tirage avait fait grand bruit et défrayé la chronique, et il ne faisait nulle doute que la demoiselle avait dû être ennuyée par les hautes instances gouvernementales pour avoir tendu un porte-voix à un criminel fortement recherché. Mais il fallait le constater, la reporter avait réussi à retomber sur ses pattes et avait été autorisée à mettre en place des festivités aux pieds de l’Arbre sacré. Cet arbre était ce qui venait mobiliser le Souverain floral en ce jour si gai. Malgré les promesses de respect et les restrictions contre la pollution qu’avait imposé la journaliste Samnang pour ne pas détériorer les lieux, Klarion ne faisait aucunement confiance en ces humains et avait préféré se déplacer en personne pour que tout ce beau monde soit forcé de le faire.
- Bonjour, joli garde, fit Klarion à Safir en lui souriant toujours.
- Je… La billetterie d’entrée se trouve un peu plus loin par la gauche et… Attendez, je vous connais… ?
- Chhhh… Je crois que vous allez me laisser entrer gratuitement.
- Plaît-il ?
Sortant un bras de dessous sa cape, Klarion s’avança et passa délicatement sa main droite sur la joue du militaire. À son poignet, un bracelet doré en forme de serpent de l’orchidée laissa sa magie s’activer, les yeux du reptile de métal s’animant d’une lueur pourpre. Le visage de Safir se décontracta, ses yeux s’écarquillèrent légèrement et il ouvrit la bouche, continuant de fixer le phytomancien, comme fasciné. Klarion conservait son contact et finissant sa caresse, repassa son bras sous sa cape.
- Vous… Vous êtes magnifique, bafouilla le soldat en lâchant la pertuisane qu’il tenait dans sa paume, la laissant tomber dans l’herbe.
- On me le dit souvent, oui. Si vous êtes très sage, vous aurez droit à un baiser, le provoqua Klarion, tout heureux à l’idée de l’empoisonner avec son rouge à lèvres hallucinogène.
- Oh, oui ! Je… je serai sage, pour vous.
- Puis-je entrer maintenant ?
- Bien sûr, allez-y !
Safir s’écarta pour laisser Klarion passer. Ce dernier marcha devant le garde sans même lui accorder un nouveau regard. Depuis l’entrée, Safir le fixait, comme fasciné. Il n’avait pas ramassé son arme, hésitait à le suivre, tandis que derrière lui, d’autres personnes arrivaient pour voir le garde complètement hagard, déconnecté de la réalité. Klarion, quant à lui, avait réussi à pénétrer dans l’enceinte du festival et commençait déjà à se mêler à la foule. Se dirigeant vers les stands de jeux et de nourriture, la surveillance de l’éco-terroriste allait débuter.
Restait à savoir qui allait finir entre ses griffes… ou oser se frotter à lui par hasard… ?
- Résumé:
- Klarion charme un garde et entre dans le Festival
- Enchantement:
- Violet - sur bracelet.
Pas de glooby.
Avec la chance qui m’évite depuis des mois, on pourrait sûrement dire que je devrais bouder la déesse pour tenter d’obtenir un peu ses faveurs… Mais on ne se refait pas et les habitudes d’une quinzaine d'années au couvent ne sont jamais bien loin. Ce n’est pas si évident de se défaire d’habitudes et croyances bien ancrées… Et puis, c’est une occasion pour sortir du laboratoire et se changer les idées… Qui sait, peut-être que l’illumination me viendra à cette occasion et m’accordera la compréhension du lien entre la magie et la vie ? Il ne faut pas trop rêver mais bon, ça aide à avancer un pied devant l’autre. Pour l’occasion, j’ai embarqué Spacio, Misuto et Norange. Deux glooby bien sages et un Ribec gourmand.
Les lieux devraient être sécurisés mais comme on se trouve en plein cœur de la Grande Forêt, j’ai revêtu mon "équipement" d’aventure… On est jamais trop prudent quand chaque sortie se transforme en catastrophe monstrueuse… A force de m’équiper, je vais finir par avoir le même niveau d’équipement que ma chère compagne qui est Saphir elle… C’est cela de se préparer aux multiples éventualités que Lucy pourrait mettre sur mon chemin à chacune de mes sorties. Mais il faudra que je fasse un truc pour ce bustier en cuir… Petit effet secondaire de l’enchantement, il est d’un orange bien moche… L’efficacité de l’enchantement n’est pas à revoir mais on a fait plus discret dans le genre… Misuto, perché sur mon épaule, observe chaque stand et personne en me faisant régulièrement des commentaires par télépathie. C’est distrayant et occupe le temps. Je vais d’abord me diriger vers l’autel pour une prière à Lucy puis on verra pour s’amuser ou manger un peu. Spacio et Norange roupillent dans ma capuche pour le moment, je serais relativement au calme pour ma prière.
- Spoiler:
- Enchantement + glooby orange
Pour toute réponse, Caheera se contenta de couler un regard amusé en direction de sa mère, dont les yeux écarquillés scintillaient comme si on avait allumé de minuscules étoiles à l’intérieur. Avec sa petite taille, ses longs cheveux blancs qui lui tombaient dans le dos et son visage encore juvénile à l’expression émerveillée, elle ressemblait presque à une petite fille – guère étonnant que ses élèves l’aiment bien…
- ‘Fin c’est un festival, quoi, la taquina la jeune femme tandis qu’elles prenaient le chemin de la billetterie. P’t-être un peu plus beau que la normale, avec l’Arbre Sacré, mais à part ça…
- Fais attention à ce que tu dis, fille impie, l’interrompit Moena Dyn en pointant sur elle un doigt faussement menaçant. Il est toujours bon d’honorer une fête en hommage à la déesse…
Si elle n’était pas particulièrement pratiquante, sa mère était en revanche profondément croyante – et avait essayé de léguer sa foi à ses deux enfants. Sans réel succès, malheureusement…
- Lucy soit louée, j’ai eu la chance d’avoir justement un jour d’repos pendant ce festival. Sûre que c’est un signe de la déesse !
Moena Dyn ne réagit à la plaisanterie que par une œillade sévère d’institutrice – celle qui intimidait tous les élèves du Village Perché mais avait toujours été impuissante à impressionner sa fille – , ce qui tira un sourire affectueux à la jeune garde. Elle avait beau jouer à titiller sa mère, elle était heureuse d’être ici, avec elle. Ses jours de repos n’étaient pas si fréquents, et ça lui faisait plaisir qu’elles en profitent pour passer un moment toutes les deux. Et puis, cela lui permettait également de sortir un peu du Village Perché, ce qui était plutôt rafraîchissant… Certes, elle n’avait pas accepté de se départir de ses armes, mais elle devait avouer qu’abandonner l’uniforme réglementaire des Belluaires était parfois agréable…
- Je te paye ta place, si tu veux, proposa sa mère alors qu’elles approchaient de la billetterie. Si si, je t’assure, j’en ai envie, insista-t-elle, devançant les protestations de sa fille.
- Bon, dans c’cas, merci beaucoup !
Les deux femmes s’étaient arrêtées derrière la courte queue qui s’était formée à l’entrée, et Caheera en profita pour détailler les lieux. Au-delà de la billetterie s’étendait une ribambelle de stands colorés et déjà bien remplis, surveillés par quelques gardes à l’air profondément ennuyé – ce qui arracha une moue amusée à la Belluaire. Les surveillances de festivals étaient en effet rarement passionnantes… Puis son regard s’attarda sur la silhouette d’un homme, qui lui paraissait curieusement familière – et son visage s’éclaira d’un coup.
- Je reviens tout d’suite, lança-t-elle à sa mère – et, sans attendre sa réponse, elle se détacha de la queue des visiteurs pour se diriger avec entrain vers le garde qu’elle venait de reconnaître.
Elle n’avait pas fréquenté Safir pendant très longtemps, car il avait été assez rapidement muté du Village Perché vers l’Arbre Sacré, mais elle avait passé quelques bons moments avec lui – assez pour l’apprécier, en tout cas, malgré sa malchance et sa maladresse légendaires dès lors qu’il s’agissait de traquer les voleurs dans les rues et les escaliers labyrinthiques de la cité… Elle le revoyait d’ailleurs parfois, à l’occasion, lors de patrouilles dans la Grande Forêt – ou tout à fait fortuitement, comme cette fois-ci. Mais il s’agissait bien du festival de la déesse de la chance et du hasard, après tout !
- Safir, ça m’fait plaisir de te voir ici ! Comment tu vas ? le salua-t-elle en arrivant à sa hauteur, et souriant à pleines dents.
- Je… euh… quoi ?
Le jeune homme battit des paupières, visiblement dérouté, et se détourna à regret du point qu’il était en train de fixer. Intriguée, Caheera jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et eut juste le temps de voir un homme encapuchonné se fondre dans la foule. Perplexe, elle reporta son attention sur Safir, qui semblait toujours aussi perdu.
- Ah, c’est toi… euh… oui oui, ça va… Pourquoi ça n’irait pas ?
La jeune femme l’observa un bref instant en plissant ses yeux gris, les poings sur les hanches.
- T’es sûr ? Parc’que ta lance est par terre.
- Oh ? Désolé, j’avais pas…
Le garde se hâta de se baisser pour ramasser son arme – et, dans sa précipitation, faillit se prendre les pieds dans la pertuisane, trébucher et tomber les fesses sur la pelouse. Ce ne fut que le bras secourable de Caheera qui le retint, in extremis. Les sourcils froncés, la Belluaire se mordillait les lèvres. Non, décidément, quelque chose ne tournait pas rond.
- On t’a jamais dit qu’il fallait pas boire avant l’travail ? le provoqua-t-elle, plaisantant à moitié.
- Boire ? répéta Safir d’un ton indigné. Mais j’ai jamais…
- Caheera, c’est bon, j’ai les billets ! Tu viens ?
À l’entrée du festival, Moena Dyn interpelait sa fille avec de grands signes de la main, et la jeune femme finit par reculer lentement.
- Eh, fais attention, OK ? Si tu t’sens mal, préviens quelqu’un… Mais reste pas là à compter les paqu’rettes.
Quelques minutes plus tard, elle avait rejoint sa mère, mais le visage hagard de Safir flottait toujours dans son esprit. Il n’allait pas bien. C’était une évidence. Et dans ses souvenirs, il n’était ni un irresponsable ni un gros buveur – sans compter qu’il ne sentait absolument pas l’alcool… Alors, qu’est-ce qui pouvait l’avoir bien mis dans cet état ?
Sa mère avait voulu commencer par aller se recueillir sur l’autel de Lucy, et Caheera lui avait donc emboîté le pas. Quelques autres personnes se trouvaient déjà là, dont une femme aux longs cheveux gris. Restant un peu en retrait tandis que Moena Dyn s’avançait pour effectuer sa prière, la garde laissa son regard s’égarer dans la foule…
Et c’est à ce moment qu’elle le revit. L’homme à la capuche qui semblait, un peu plus tôt, tant fasciner Safir – c’est d’abord à sa longue cape qu’elle le reconnut. Une certitude se ficha alors en elle.
Cet homme… n’était pas net.
Festival de la Lucy colorée
Je pensais faire une partie de pêche au Glooby tranquille mais il s'agissait là de bien autre chose. Lorsque la partie commença, le flux tranquille de l'eau se mit à bouillonner et tourbillonner dans une cascade sans fin. Les Gloobys flottants plongeaient avant de refaire surface telle des dauphins - sans leur grâce - d'eau douce.
- Ah … dis-je en regardant ma pauvre petite canne à pêche de bambin.
Le forain heureux de son effet de surprise étira ses lèvres dans un sourire que je trouvais quelque peu carnassier. Après une bataille qui passa plus vite que chantonner la chanson GloobyLover, j'eus le plaisir de choisir mon lot gagnant. Une petite figurine de Glooby. Bon... Ça fera une décoration dans le coin cocooning de l'animal du même effigie.
Une voix que je pouvais reconnaître entre mille résonna à côté de moi, je me crispais soudainement, rendant Asti nerveuse à son tour. L'animal renâcla devant mes émois, tapant des sabots devant la nouvelle venue, réaction bien opposée à celle de Loupiac qui se lova dans les cheveux feu de Luz.
Je sentais la maladresse et la gêne dans la question de mon ex-amante. Je ne retenais qu'une chose, elle faisait le premier pas quand bien même notre dernier échange avait été blessant. Lucy nous donnait-elle une autre chance ?
Les mots se bousculaient dans ma tête et pourtant tous restèrent bloqués dans ma gorge. Devant mon silence Luz demanda une canne à pêche, restant près de moi. Un merci s'échappa de mes lèvres bien trop silencieux pour que la belle ne l'entende.
L'eau du petit bassin se mit à s'agiter tandis qu'un "Pardonne-moi" profond et franc se fit (enfin) entendre. Un pardon qui ne se limitait pas à notre dernière altercation, non, un pardon pour mon absence, notre éloignement, notre échec. Et pourtant, seule Lucy connaissait l'intensité de mes sentiments, il me fallait respecter ceux de la fauve.
- Je ne m'attendais pas à ça. Souffla-t-elle en fixant l'eau.
- Moi non plus je dois t'avouer. Il va falloir faire au mieux avec tout ce maelstrom. Il n'y a plus qu'à s'en sortir. On sait faire ça non ? Demandai-je en l'observant pour la première fois depuis son arrivée.
Le forain était aux anges pensant que cette discussion tournait autour de son attraction.
- Ce n'est que quelques p'tits remous m'sieur dame !
- Je te laisse pêcher les canards et je m'occupe des Gloobys. Celui qui en a le moins devra une brochette de viande au fromage à l'autre. Dis-je sur un ton beaucoup plus léger.
Je retrouvais l'étincelle dans le vert émeraude de la féline qui s'empressa, sans crier gare, de plonger son crochet dans l'eau tourmentée.
La bataille entre nos cannes faisaient rage, un Glooby récalcitrant s'emmêla auprès d'un canard, perturbant nos efforts.
- Je ne te connaissais pas tricheur ! S'insurgea amusée Luz qui ne se priva pas d'un coup de coude pour me déstabiliser.
Les taquineries furent écourtées par l'apparition d'une nape douteuse flottant sur le liquide bleu, quelques morceaux s'immiscent entre les jouets animés.
Je tournais la tête vers les opportuns et reconnu Mélyne. L'être bleutée n'était autre que James dans sa version humaine, les familiers de Cal. Les deux autres venaient sûrement d'agrandir la famille.
- Ça va aller James, rassurai-je le bleuet qui sanglotait.
- Vous le connaissez ? S'énerva le marchand.
- Pas vraiment ... Bon, je crois que la partie est finie. Me raclai-je la gorge. On va vous laisser nettoyer tout ça.
J'attrapais la grognedent pour la remettre dans les bras de James que je pris par les épaules pour le ramener avec moi. Je ne manquais pas de regarder Luz avec un signe de tête pour l'inviter à nous suivre.
- On retrouve Cal ?
J'attendis quelques secondes avant de me retourner vers la flamme.
- Au fait, je te dois une brochette. dis-je avec un clin d'oeil. Je n'avais pas perdu le décompte et Luz m'avait battu d'un canard au moment où la partie fut interrompue.
- Dé 20:
Luz : 15 canards, Naë 14 Glooby. Tirage dé ici
- Magie:
Glooby et enchantement vertcode ─ croquelune
La partie continue au Majine, l’animateur fait en sorte de rameuter le plus de personne à son stand. On se croirait à l’Hippodrome Royal de la Capitale mais au moment de lancer de nouveau ma boule, je me fais basculer par un adolescent. Je me tourne vivement vers lui quand je le vois avec un grognedent dans les bras, un glooby et j’en passe. Mais pourquoi avait-il une ménagerie sur lui ?
- Le soldat, il faut lancer sinon vous allez vous faire rattraper !!!
Je me tourne la tête et je vois qu’effectivement mes adversaires prennent de l’avance. Ça ne va pas se passer comme ça. Je lance avec énergie vers les cibles mais je crois que Lucy n’était pas avec moi. Je fais que des petits scores depuis tout à l’heure et les Majines avancent à vive allure sur le haut du stand. Bon ressaisis toi Bridget, ça va aller, tu vas réussir. Je me concentre de nouveau et mes jets sont plus efficaces.
- Et oui, la belle blonde reprend du poil de la bête. Est-ce que le bûcheron va réussir à mettre la pâtée à la Garde ? Nous le saurons bien assez tôt. Mesdames et Messieurs, venez voir cette merveilleuse compétition.
La foule continue de grandir et le bûcheron en question me fait un petit clin d'œil beaucoup trop suggestif.
- Oooh les mots doux commencent entre eux ! Un amour naissant.
- Oh je me la ferai bien la petite pimbêche.
Je vais définitivement le tuer cet homme. Retenez moi.
- Concentrez-vous au lieu de dire des sottises pareilles.
Au lieu de pavaner, il devrait regarder droit devant soi. Je viens de faire trois magnifiques jets et je sens que le prochain lancer va me mener sur la première marche du podium.
- Et notre blondinette est au coude à coude avec le majine vert ! Allez, on lance les paris !
Je fis de rien entendre, je reste dans ma bulle et je lance ma boule sur le cercle le plus haut. Un léger moment de suspense et voilà elle rentre dedans. Mon majine passe la ligne et l’automate fait une petite danse et des lumières apparaissent à mon tableau.
- Et notre blondinette remporte la partie !!!!
L’animateur descend de son estrade, attrape mon bras et le lève pour montrer ma victoire auprès des spectateurs.
- Et oui, il ne faut jamais rien lâcher. Venez sur mon stand, amusement garanti !
Je voulais dégager de sa main mais celui-ci me retient.
- Ne partez pas tout de suite, voici votre cadeau.
Il me tire de sa poche un petit majine en peluche.
- Et voilà. Merci d’être venue à notre stand.
De nombreux enfants s’approchent devant les tableaux de jeu. Eux aussi voulaient jouer et s’acquittent de quelques cristaux dans l’espoir de partir avec une peluche. Je quitte alors cet endroit pour marcher dans les environs. Rien d’alarmant mise à part ce garde qui fait tomber sa lance par terre. Est-il fatigué ? Peut-être, je devrais suggérer à l’officier de relever cet homme si il est incapable de tenir sa lance devant des civils. Où est le baraquement ? Je crois qu’il était par là. Je vais vers le Sud quand j’entends un homme passer un savon à un jeune garçon qui semble s’en aller.
- Mais reviens petit chenapan ! Tu vas nettoyer tout ça ?
- Qu’est-ce qu’il se passe Monsieur ?
- Qu’est-ce qui se passe ? Ce grognedent vient de vomir dans mon bac, mon stand est fichu et ce garçon est parti sans demander son reste.
Je reconnais alors la chevelure bleue, est-ce le même adolescent que tout à l’heure.
- Attendez, je reviens.
Quelques enjambées rapides et je me retrouve au niveau de cette petite troupe. Je pose ma main sur l’épaule du fautif.
- Jeune homme, arrêtez vous s’il vous plaît.
Ce n’était pas une paire d’yeux qui se retourna vers moi mais plusieurs dont des familiers.
- Ne croyez vous pas qu’il ne faut pas nettoyer les bêtises de votre familier ?
Puis l’homme à ses côtés essaye de m’expliquer mais familier ou non, un marchand a été lésé.
- Alors éduquez mieux vos familiers. Faites le nécessaire pour réparer leurs bêtises. Il ne manquerait plus qu’une loutre géante joue avec un manta-pist !
Je les vois rigoler. Qu’est-ce que j’ai dis de si drôle ?
- Scores:
Lancer D3. Premier à 10
Bridget : 3 +1 (4) + 1 (5) + 2 (7) +3 (10) ! Preum’s
Joueur 2 : 2 + 2 (4) + 2 (6) + 2 (8) +1 (9)
Joueur 3 : 3 +2 (5) +2 (7) + 1 (8) +1 (9)
Joueur 4 : 3 +2 (5)+ 1 (6) +3 (9) + 1 (10)
- Enchantement:
- Glooby orange, enchantement orange sur bouclier gantelet
- Résumé:
- Gagne au Majine (sans tricher aux dés). Essaye de jouer son rôle de super garde et règle les conflits mais voilà, elle tombe sur James et Cie…
Le festival de la Lucy colorée. Elle avait d'abord été indifférente à ce sujet. Elle séjournait à la Capitale et, même si elle payait un abonnement annuel pour avoir le droit d'emprunter les portails de téléportation, l'arbre sacré était quand même à quelques jours de marche. Coup du sort ? Destin ? Chance ? Elle avait eu une livraison à proximité et avait décidé de profiter de sa présence en ces lieux pour venir jeter un coup d'œil au festival. Il y avait beaucoup d'activités et de stands, ce qui lui rappelait un peu le Solstice passé. Elle n'avait été présente qu'à celui de la Capitale, mais elle avait ouïe dire par beaucoup de ses clients que les autres villes d'Aryon avaient eu la chance d'accueillir des festivités plus ou moins semblables.
Elle laissa ses pas la guider à travers les différents stands. Elle s'arrêta devant plusieurs d'entre eux, craquant également sur l'achat d'une énorme gaufre au chocolat. L'odeur de celle-ci réveilla le petit glooby qu'elle transportait avec elle, grâce à un ingénieux système de tissus, au niveau de la taille. Ce n'était encore qu'un bébé et il était tout petit. Elle ignorait encore pourquoi elle avait craqué. Le marchand avait dû être suffisamment convaincant lorsqu'il lui avait présenté l'œuf jaune. Était-ce un signe de Lucy ? Le jaune était-il devenu sa nouvelle couleur fétiche ? Elle donna quelques bouts de sa gaufre à son glooby, qu'elle avait nommé Hélios, et un sourire anima le bas de son faciès, lui-même illuminé d'un air presque maternel.
Son regard fut attiré -une nouvelle fois- par la couleur solaire d'un des stands. Ne devait-elle pas s'y diriger ? Déjà celui qui la tenait essayait de l'interpeller.
- Mademoiselle ! Venez tenter une partie de chamboule-fiouk ! Vous ne serez pas déçue !
- Vous m'avez convaincu. Dites-moi ce que je dois faire !
- Approchez, approchez... Vous voyez ces adorables petites figurines de fiouks enchantés qui courent dans tous les sens ? Votre but va être de les cibler avec... Ceci ! Il lui tendit une balle jaune et, devant son air dubitatif, il ajouta. Sitôt que la partie commencera, ils formeront une pyramide et ne bougeront plus. Vous aurez le droit à trois lancers. Alors, la chance sera-t-elle de votre côté ?
Ivara, qui touchait une nouvelle fois distraitement son collier enchanté, accepta de se prêter au jeu. Et remporta le gros lot en un seul coup ! Impressionné, le vendeur lui remit l'une des récompenses au choix, c'est-à-dire une énorme peluche de fiouk.
Le lancer de dés : www
Enchantement : Jaune
Une Apolline rouge
Le bustier orange de Lin
Le bouclier gantelet orange de Bridget
Le collier jaune d'Ivara
Le bouclier vert de Naëry
Le chapeau bleu de Luz
La cape indigo de Pariza
Le bracelet violet de Klarion
Et bien sur, tous les petits glooby colorés qui vous accompagnent.
Alors que cette journée s'annonce pleine de couleur, voici qu'une ombre vient entacher le tableau...
Ou plutôt, une grande ombre colorée.
Intrigué, vous levez tous vos têtes et vous l'apercevez...
- Spoiler:
Majestueuse, silencieuse et immense, flottant dans le ciel, une grande baleine ailée... Sa peau est irisée et rayonne de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel...
Si plus tard vous demandez aux villages voisins s'ils l'ont croisés, il vous répondront qu'ils n'ont rien vu. Bien étrange mais également bien réel. Pourtant, vous venez bien de croiser cette légendaire créature que vous n'avez connu jusqu'à présent que dans les livres pour enfant.
Se décalant de l’épaule de James pour permettre à Naëry d’y poser ses mains protectrices, Mélyne hésita un instant avant de profiter du pont offert par celles-ci et se hisser jusqu’en haut du bras de l’aventurier, pour retrouver Tarapaca. La glooby de glace ne connaissait pas très bien, ni l’homme ni le familier, mais elle savait que ce dernier avait été présent, sentinelle invisible et étrangement silencieuse, lorsque le coursier était tombé entre les griffes acérées de la mangeuse d’émotions. Et que, tout comme elle, il devait garder le souvenir à présent oublié du soldat de ce douloureux instant qui avait fait basculer la vie de ce dernier. Et de l’expédition sur l’île volante. Mais Mélyne ne voulait pas penser au désert magique et ses innombrables dangers, ni aux lourds tributs qu’il avait arrachés aux âmes qui s’y étaient aventurées. Aussi pinça-t-elle résolument les lèvres et se blottit-elle contre son visqueux ami. Il était toujours plus agréable de broyer du noir en bonne compagnie. D’ailleurs, où donc était passée Trine ?
Serrant davantage contre lui une Zuluka indifférente à la commotion alentours, James renifla une dernière excuse avant de se laisser entrainer plus loin par l’homme que, sous le rideau de larmes, il n’avait pas encore reconnu. Mais ce dernier l’avait justement nommé, et avait mentionné « Cal » à la place du « Cal-bute » du ballon flottant au-dessus de sa tête ; c’étaient certainement de bons points. Essuyant d’un revers de manche ses yeux embués, le bleulet humain attrapa ensuite le vêtement du grand humain… ou de la grande humaine – apparemment son adresse laissait à désirer lorsqu’il était en proie à l’émotion – et il s’accrocha à celle-ci comme à une bouée de secours. Et ce, d’autant plus qu’il semblait qu’une inquiétante dame était déterminée à venir embêter ses protecteurs fortuitement trouvés. Pâlissant sous la verve autoritaire de l’humaine à l’allure sévère, James voulut reculer de quelques pas pour se cacher davantage derrière la dame de son sauveur. Néanmoins, Zuluka avait apparemment d’autres idées.
La grognedent, en l’occurrence, trouvait que les filaments dorés cascadant de la tête de la nouvelle venue étaient particulièrement intrigants, surtout que, si elle portait son museau à proximité de leurs effluves en tirant de son poids le bleulet humain vers l’avant, ils sentaient particulièrement bon.
- Fromage ! déclara-t-elle avec ravissement puisque, de toute évidence, il ne pouvait s’agir que de cela.
Et, dans un formidable mouvement de mâchoire, elle attrapa du bout de la langue les brins ocres à sa portée pour mieux les tirer à elle.
- Gouguergouguergouguer !
Autrement dit « Gouter ! Gouter ! Gouter ! », la bouche un peu trop occupée pour être pleinement efficace dans son élocution.
- Gouoooooooooh !
Par-dessus les cimes au feuillage appauvri par la rudesse de la saison, une large silhouette s’était découpée dans le ciel d’un bleu glacé, pour projeter son ombre imposante sur le festival coloré. Mais si l’obscurité devait suivre sa lente et majestueuse progression, rien n’était plus éclatante que sa parure scintillant de milles feux, éveillant dans les cœurs des petits familiers émerveillement et fascination. Lâchant son emprise sur les mèches dorées de la dame, Zuluka se demanda ce que pouvait bien manger pareil congénère. Mélyne sortit légèrement de sa torpeur pour contempler avec une pointe de joie, une réminiscence inattendue de doux sentiments passés, l’impossible spectacle. Trine se demanda s’il n’existait pas un moyen pour qu’elle obtint pareil vaisseau. Et James oublia temporairement tous ses soucis.
Quelques dizaines de mètres plus loin, distraite par la vision surnaturelle de l’être de légendes, Kaname heurta la silhouette encapuchonnée d’un inconnu.
- Oups là, rigola Apolline du haut de son perchoir de prédilection, sur le sommet de la tête de la loutre géante. Attention ma grande, pas besoin d’être aussi balèse qu’le mastodonte de là-haut pour écraser cette brindille-là.
- Ah frère, on est désolé, tu vois, imprima Abdallah de sa voix trainante, exprimant tout haut ce que la loutre tentait d’adresser à l’homme en tournant un regard penaud vers lui.
- C’est la jeunette là-bas qui serait désolée d’te voir écrasé, ricana la trousse. T’as une touche, sombre inconnu, elle fait semblant de regarder la nana canon aux cheveux blancs, mais en vrai elle te matte les gluteus depuis dix minutes.
- Hé. C’est pas, genre, la copine de la Saphir, là ? Tu sais celle de la Volière, et de la bataille de boules de neiges, avec les cheveux poivre et sel, et notre pote K’awill…
- Qu’est-ce qu’on s’en tapote les ovaires ? grommela Azumi depuis les profondeurs de l’une des poches du sac-à-dos enchanté présentement porté par la loutre. Et toi, là, c’est quoi cet accoutrement à la con ? C’est que tu deal sous ta cape ? Ou bien t’es si laid qu’on t’a interdit de montrer ton visage sous peine de faire fuir tout le monde et capoter le festival ?
- Ptet il est trop beau pour le commun des mortels. Ça m’donne une idée de scénario, tiens…
- Ah mec franchement, j’suis pas genre dans l’illégalité, tu vois, mais si t’as des ptits plants de produits, disons, exotiques… J’suis un peu, comme qui dirait, passionné de la nature.
- M’enfin vu la décoration ridicule des festivités, mieux vaut certainement s’en dissimuler certains pans derrière une cape bien opaque. J’ai rarement vu paysages aussi honteusement criards ; y a de quoi devenir aveugle, épileptique et allergique à la couleur juste en passant le guichet d’entrée.
- Imagine : cape-man. Quand il ouvre son vêtement, bim ! Le monde s’évanouit de béatitude devant tant de bogossitude. J’suis sûre j’peux demander à Ivara Strass de m’faire un produit dérivé sympa avec un bonhomme qui peut ouvrir sa cape sur… de la grandeur.
En attendant, vous demandez-vous peut-être – ou pas du tout, et vous auriez bien raison – où donc pourrait bien être le chef d’orchestre de ces personnages éparpillés causant bien trop de céphalées à la narration ? C’est une excellente question, à laquelle cette dernière répondra peut-être sur un autre post.
La venue de la grande baleine ailée avait certainement dû perturber cette loutre pour qu’elle ne déserre pas la machoire de la sorte. Comme beaucoup, Klarion avait entendu parler de cette bête au travers de mythes et de contes. Mais, lui-même devait se l’avouer, admirer une créature pareille de ses propres yeux était définitivement une expérience unique. La baleine ailée était parangon de chance mais également d’espoir, d’aspiration, l’éco-terroriste le prenait pour un signe de bon augure et se disait qu’il était temps de retourner vers la Capitale pour planifier un nouveau grand coup. L’être légendaire qui volait dans les nuages au-dessus de leur tête avait l’attention de toute la foule. Mais, en guise de cadeau de départ, le Souverain floral se disait qu’il allait leur apporter sa petite touche personnelle à ce tableau si singulier. Il pivota pour faire face à l’inconnue qui était toujours là, comme figée face à lui malgré la grande conversation que les objets vivants entamaient entre eux, comme exclue du cercle de ses propres possessions.
- Il n’y a pas plus passionné de la nature que moi.
Rabattant sa capuche en arrière, Klarion révéla son visage à la loutre et à ses âmes bavardes. Ou du moins à deux d’entre eux étant donné que la troisième était toujours dissimulée dans la poche du sac philosophe.
- Mais si vous voulez de la grandeur, je serai on ne peut plus ravi de vous en donner.
Passant ses mains à l’intérieur de sa cape, Klarion en ressortit deux flacons remplis d’une étrange poudre luminescente dorée. Affichant un rictus désinvolte sur son visage, le criminel brisa les flacons au sol, libérant leur contenu tout autour de lui.
- Des spores de fortuna lucis, fit-il tout sourire. Effet euphorisants garantis et extrêmement puissants, si puissants qu’on peut penser pouvoir voler en sautant d’une falaise. Imaginez un peu l’effet qu’ils auront sur ces imbéciles qui jettent leurs détritus au milieu de cette forêt ?
Klarion rabattit son capuchon sur sa tête, se baignant au milieu des spores qui s’élevaient autour de lui, parfaitement immunisé. Le jeune homme savait que le familier en face de lui pouvait être affectée, mais ses objets incapables de respirer s’en sortiraient sans trop de casse. Du moins, s’ils ne se faisaient pas piétiner par une foule en délire. L’inconnue était toujours mutique, Klarion se demandait si elle n’était pas juste muette, finalement. L’éco-criminel prenait cela comme une explication suffisante, toutes ses âmes qui faisaient la conversation à sa place. Néanmoins, il n’allait pas pousser cette loutre étrange à s’exprimer si elle ne le voulait pas, ses objets faisaient déjà suffisamment de bruit à eux seuls. Klarion eut alors une idée…
- Je peux vous épargner des spores si vous avez l’extrême obligeance de m’escorter jusqu’à une sortie. J’ai beau être instoppable au milieu de la forêt, je m’en voudrais de mettre dos au mur un autre… passionné de la nature. Prenez votre décision rapidement avant d’inspirer des spores de fortuna.
Klarion avait déjà commencé à faire quelques pas. Autour de lui, certains s’entêtaient déjà à cause des spores tandis que d’autres mitraillaient la baleine ailée à l’aide de leurs cadres magiques. Un gamin qui avait inspiré un peu de spores avait attrapé une bouteille de soda au raisin deux fois plus grosse que lui, bien décidé à l’engloutir dans son petit ventre. Non loin de lui, un type à barbe mais sans cheveux et une femme à cheveux mais sans barbe entamaient un concours de celui capable de manger le plus de sandwichs aux écrevisses, eux aussi sous emprise euphorisante. Klarion se tournait à nouveau vers la loutre aux objets, se demandant si elle allait faire ce qu’il lui demandait. Il ne fallait pas qu’elle, ni ses objets, ne tarde. Le phytomancien ne patienterait pas éternellement…
Luz était plongée dans un abime de circonspection, ne pouvant détacher l’opaline de son regard de l’objet flottant au collier du bleulet plus si bleulet. Le ballon valsait gracieusement dans l’air, tache de couleur qui ne dépareillait nullement dans le thème du jour, hormis pour les lettres reconnaissables entre mille qui en maculaient la surface. Luz en déchiffra la teneur dans une atmosphère auditive ragoûtante, expérience sensorielle approfondie par les jappements larmoyants de James soulignés de gloire par une dernière éructation malvenue de Zuluka. Ce fut grâce à cette fétidité ambiante, plutôt que pour l’évidence du nom écrit, agrémentée d’un chaos familier à nul autre pareil, que la praticienne accepta enfin sa nouvelle réalité : oui, il s’agissait bien évidemment de la tribu vivante de Calixte. Souvent joyeuse, rarement ennuyeuse, surtout et essentiellement coutumière de désastres invariables et colossaux. Que pourrait-il se produire à un festival de Lucy ? La chance personnifiée, le hasard travesti d’une poitrine ? La pensée que Calixte et son parc animalier représentaient en fin de compte le parangon de cet évènement lui arracha un sourire. Ils étaient probablement davantage chez eux que n’importe où ailleurs sur le continent en cet instant.
Naëry avait dans tous les cas pris les devants de leur singulier convoi. Elle lui était reconnaissante de son tempérament avenant et des efforts qu’il avait fourni en retour de ses salutations cavalières. Pour deux jeunes gens précédemment prêts à s’écharper, à un teisheba près - et sans doute cent trente-trois litres de pluie diluvienne -, cette ambiance dénuée de tensions quoique toujours passablement gênante était un miracle bienvenu. Luz ne se voyait pas exactement déclencher un esclandre en plein cœur de la foule, surtout lorsqu’il s’agissait de jeter ses émois alentours comme autant d’informations intimes sur elle-même. Allons, le Chantelune Voyageur ne devait pas rôder très loin et elle avait tout à gagner à conserver une relative discrétion après ses récentes prouesses auprès d’un certain blond carnassier… A bien y réfléchir, elle devait être la proie d’un péché mignon pour les hommes dotés d’un regard particulier. Observation ou effroi, assurément un critère essentiel ! Elle étouffa un gloussement d’autodérision douteuse. Et tourna une moue presque trop résignée vers la Garde qui venait de les apostropher.
La praticienne haussa un sourcil explicite, pivotant vers l’unique coupable de cette mascarade :
La courbe de son sourcil se mua en abdication apathique, teintée d’un « Ah… » désabusé lorsque les regards se tournèrent dans un parfait ensemble vers le désigné, actuellement occupé à mâchonner les cheveux de l’officier avec l’énergie d’un grognedent en excellente santé.
Ce fut à cet heureux instant qu’une ombre séculaire les recouvrit, attirant leurs minois vers le ciel. Les mots se perdirent contre son palais tandis qu’elle se dévissait la nuque, les prunelles rondes comme des perles stupéfaites, manquant de sens en activité pour saisir pleinement toute la superbe de cette créature légendaire. Ses chatoiements se prenaient dans les branchages en autant de pluies diaprées, spectre silencieux glissant dans le bleu du ciel à la manière de quelque divinité oubliée. Absorbée dans cette contemplation qui aiguillonnait sa ferveur scientifique telle une bête à deux dos à trois empans du cuir d’Apolline, Luz eut pour malencontreux réflexe de vouloir reculer d’un pas pour ne pas perdre une miette de l’immense baleine. Son talon vint donc écraser la chaussure de James, sensation moelleuse et étrange s’il en était pour un matériau d’ordinaire beaucoup plus dur. Prise d’un réflexe éclair, la rouge releva immédiatement le pied coupable, non sans avoir provoqué au préalable un drôle de bruit moite suivi d’un « PLOP » caractéristique d’une éjection spongieuse. La chaussure victimisée émit alors un couinement nettement audible. … La chaussure ?
Elle s’était penchée, ce faisant, récupérant ledit dé aux teintes violines recouvertes de salive entre le pouce et l’index, pour mieux le brandir devant leurs yeux intrigués.
Impossible de ne pas reconnaitre les jolies sculptures précédemment aperçues dans les étagères. Lentement, ses iris firent la navette entre le visage impénétrable de Naëry et la moue d’irritation croissante qui gagnait la Garde mâchonnée.
Avant qu’ils ne finissent tous en cellule de dégrisement, sans dégrisement possible.
Le sermon semblait assez clair mais toute crédibilité fut envolée quand, le grognedent décida de manger les quelques mèches de cheveux qui tombaient en cascade sur mon épaule. L’affront ne s’arrêtait malheureusement pas à ce seul point. Non, il décide que mes cheveux sentent le fromage ou c’était simplement la couleur qui évoquait cette nourriture le plus souvent malodorante. J’essayais de garder mon calme, serrant le poing pour éviter tout scandale mais mon inaction ne montrait pas tout le contraire. Que j’étais prise au dépourvu qu’un simple familier pouvait “ attaquer “ un officier supérieur de la Garde ?
Bien entendu, la rousse qui accompagnait ce troupeau, essaya de défendre sa cause. C’était de courte durée quand son excuse venait d’être anéanti d’un simple grognement de cette chose. Je finis par récupérer mes cheveux et je retiens un haut-le-cœur quand je sens l’odeur et cette bave dégoulinante. Ce n’est pas possible, je ne vais pas pouvoir rester comme ça. Mes idées se mélangent et mon poing se serra plus fort. Non, je ne pouvais pas laisser faire ça mais monter la voix n’était pas la bonne solution non plus.
- Terrible souffrance oui…
Oui, c’était les seuls mots qui arrivent à passer mes lèvres sans que je ne me fâche plus. Je m’apprêtais à dire quelque chose quand une ombre jaillit du ciel. Mécaniquement, mes cheveux dorés sont libérés de la gueule de cette vile créature. Je lève les yeux au ciel quand je vois ce miracle de mes propres yeux. Je reste bouche bée, enfin façon de parler, car je n’allais pas aussi baver autant que ce familier. Mon cœur s’était arrêté l’espace de quelques secondes. Je me complais à regarder les mouvements gracieux de cette baleine ailée. Ses gestes lents, je ne dirais pas sensuel, loin de là, mais cette mouvance était extraordinaire, Un ballet onirique dont personne n’a échappé pendant ce festival. Est-ce un signe de Lucy ? Un signe pour avoir assister à ce festival en son honneur et elle nous fait grâce de ce présent. Ma colère diminuait sur ce court laps de temps mais une fois que le monstre ailé a fini par disparaître, je m’occupe de nouveau de mes moutons, du moins à mon grognedent.
Un Plop détourne mon attention. Est-ce qu’on vient de perdre un glooby dans la bataille ou que sais-je ? Je ne voulais pas le savoir au final. La rousse cherchait de l’aide auprès de son compagnon. Une manière de fuir devant la loi ? C’était certes exagéré mais qui va enlever cette bave dégoulinante. C’est alors qu’un catosorus arrive à toute vitesse dans mes jambes. Lucy, encore adolescente décide que finalement c’était bien sympa toute l’animation qui se passait ici et se jette en quelque sorte dans la mêlée. Remuant la queue avec énergie, elle oublie encore une fois qu’elle était devenue imposante. Me regardant du regard puis ensuite le grognedent, elle me demande par son regard larmoyant si elle pouvait jouer avec.
D’un ordre télépathique, je lui dis de s'asseoir avant qu’elle aussi, fasse des dégâts partout.
- Filez ici avant que je change d’avis…
Lucy n’en démordait pas et s’avance tout doucement vers l’homme bleuet et avec son museau, titille le truc baveux.
- Surtout plus aucun dégât ! Si je vous surprends encore l’un de vous.
Je pointe l’ensemble de la troupe.
- A faire quelque chose ou le moindre souci avec un autre marchand, vous irez directement dans le camp de la Garde.
Je fais un signe à mon familier pour qu’elle arrête de faire ses singeries.
- Je vous ai à l'œil. Tous !
Lucy se lève aussitôt, se place contre ma jambe et je rebrousse chemin avec elle à mes côtés. Je devais trouver quelque chose maintenant pour mes cheveux avant que l’odeur me répugne totalement… Au pire, une bassine d’eau fera l’affaire.
- Scores:
Lancer D3. Premier à 10
Bridget : 3 +1 (4) + 1 (5) + 2 (7) +3 (10) ! Preum’s
Joueur 2 : 2 + 2 (4) + 2 (6) + 2 (8) +1 (9)
Joueur 3 : 3 +2 (5) +2 (7) + 1 (8) +1 (9)
Joueur 4 : 3 +2 (5)+ 1 (6) +3 (9) + 1 (10)
- Enchantement:
- Glooby orange, enchantement orange sur bouclier gantelet
- Résumé:
- Laisse échapper la troupe de boulets. Qu'ils cassent des trucs ailleurs avant que Bridget s'énerve
Festival de la Lucy colorée
Mezcal observait sa congénère rouge s’éloignait du groupe. Il s’assit, penchant la tête sur le côté, laissant la petite cleptomane faire son méfait. Tarapaca lui était trop occupé à ratisser le sol gobant toute nourriture échouée à terre pour se rendre compte de quoi que ce soit.
Loupiac s’inquiéta de la nouvelle venue, sentant la tension émanait de cette dernière. La femme à la blonde chevelure ne semblait pas très encline à s’amuser, pourtant son Maître était heureux, et la Flamme aussi. Pourquoi pas l’étrangère ? Il se cacha dans l’écharpe de Naë.
Asti renâcla, prête à en découdre avec l’inconnue.
D’abord contrarié par l’arrivée de la garde, je dû me contenir pour réprimer un sourire, me raclant même la gorge pour étouffer un fou rire naissant de la situation rocambolesque qui se jouait sous nos yeux. Les familiers de Cal étaient fabuleux, et ce pauvre James qui se défaisait de plus en plus. L’intervention de Luz, du moins la tentative d’intervention, pour sauver tout ce beau petit monde et la grognedent qui suçotait les cheveux de la militaire. Non vraiment c’était de trop.
L’envie de rire passa avec l’ombre qui nous survola. L baleine aux couleurs irisées nageait dans les nuages avec une grâce infinie. Cet être de légende existait belle et bien, et les yeux émerveillés de mes compagnons m’affirmèrent que je n’hallucinais pas.
Lucy …
- Merci ... soufflais-je en direction de la divinité.
Et le burlesque reprit son spectacle, un pas maladroit, un vol découvert, et les ennuis qui allaient reprendre. Il ne me fallut pas plus du regard insistant de mon ex-compagne pour se comprendre.
Loupiac, mon grand, trouve Calixte s’il te plaît, ramène le ici. Le chantelune, fidèle et dévoué, s’envola aussitôt pour exécuter sa mission.
A croire qu’un miracle n’arrivait jamais seul, l’officier nous laissa repartir sans nul autre procès. C’était sans compter sur un Mezcal affectueux qui revint avec un nouveau dé, imitant sa congénère quelques instants plus tôt, afin de lui rendre, fier de lui, le bien qui lui avait été subtilisé par la femme à la chevelure aussi rouge que la glooby cleptomane.
- Magie:
Glooby et enchantement vertcode ─ croquelune
- Meeeeeeec, souffla Abdallah dans un mélange de ravissement et d’incrédulité. Mais naaaaan.
- J’avais raison, t’es plutôt bien gaulé ! s’écria Apolline pas moins enchantée. Du visage. Ouvre ta cape pour voir ?
- Juste un peu mégalo, hein ? grinça Azumi dont les oreilles de tissu avaient fait un effort exceptionnel pour se hisser à la bordure de la poche dans laquelle elle se faisait transporter.
- Truc de ouf, j’ai ta tête dans mon bide. Genre, pas en version dégueu ou quoi, mais sur les affiches de recherche de j’ai glanées. Faut qu’j’te montre, attends frère. Elles sont tout au fond pour que Cal fasse pas de malaise en les voyant.
- Il est sensible à la beauté ; assurément aurait-il défailli devant tant de charisme. Petite nature. T’as un numéro cristallique, Klari-nette ? Pour les soirées botaniques, bien entendu.
- Mégalo et dramatique. Et clairement bercé trop près du mur. T’as pas plus indirect comme lien entre ta revendication et ton moyen de communication ? Et ramasse les bris de verre de tes fioles bordel ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Kaname, elle, était de moins en moins certaine de la conduite à tenir. L’inconnu face à elle avait des traits qui lui paraissaient familiers, mais qu’elle n’arrivait pas à remettre tout à fait. Et puis, contrairement aux autres connaissances de Calixte, cet homme-là ne semblait pas être d’une bienveillance évidente. La poudre qu’il avait lâchée était certes jolie, mais ses propos quant à son action n’avaient rien de rassurant. Reculant de quelques pas en remuant le museau pour tenter de chasser les petites particules venant chatouiller ses narines, la loutre hésita à revêtir son armure.
Cal ? appela-t-elle mentalement par-delà la foule du festivale.
- Doucement ma belle, lui indiqua légèrement la trousse de cuir. Klari-nette est juste un peu enthousiaste. Comme certains de mes lecteurs. Dès la préface : bim ! Epandage précoce. Mais ça fait partie de son charme.
- De mon temps on appelait ça une tare, et l’on pouvait demander le divorce pour insatisfaction du devoir conjugal. Mais admettons, grommela Azumi. Abou arrête deux secondes de faire ta groupie et file-lui la bulle d’oxygène, et la pochette de poudre de grandalue.
- Ah ouais trop bien ! Quand j’dirai à Cal qu’on a imité le Souverain d’la Flore avec celui-ci ! Bien sûr qu’on t’accompagne où tu veux, mec ! Hé ! Tu peux signer mon affiche de recherche, là ? Et mon exemplaire de ton interview dans le Chantelune Voyageur ? Et mon « Aryon vu du ciel » de Ianartus-Berth Rand ? Ca s’rait trop d’la balle.
- Si j’suis pour les relations libres, on va peut-être attendre de finir notre tête-à-tête avec Klari-nette avant de retrouver Cal-bute. L’est pas aussi ouvert d’esprit que c’qu’on veut bien croire. Surtout si on disperse sa réserve de drogue ; ça met un peu à cran ces histoires-là.
- Arrête de faire des manières, Kana, et ne me regarde pas comme ça. Oui, c’est fait pour les humains. Non, tu n’en es actuellement pas une. Et c’était le tour de Jam ; je savais que cet objet de pouvoir vous rendrait accro, on n’a pas idée d’inventer pareille sorcellerie. Par Lucy, enclenche la seconde qu’on mette les voiles !
Renfrognée, la loutre cala tant bien que mal l’objet magique sur son museau, doutant très clairement de son efficacité sur elle-même, et entreprit d’utiliser sa magie de déplacement pour disperser rapidement à la ronde, là où elle avait l’impression que les spores dorées s’étaient éparpillées, le volatile somnifère préparé par le coursier pour d’autres occasions. Puis, elle revint à la hauteur de l’inconnu qui ne tenait déjà plus en place.
- Vers l’orée des festivités, lui indiqua joyeusement Apolline comme l’improbable groupe se remettait en mouvement, laissant derrière lui la bulle euphoriquement somnolente des badauds ayant eu le malheur de se trouver à proximité, ainsi que l’arrivée certainement prochaine de la Garde.
- Et frère, du coup, avec la Pariza, là. Vous êtes partenaires de business ou bien ? demanda Abdallah avec intérêt au Souverain de la Flore.
- Ou partenaires de business ? A moins que tu ne sois misanthrope et écosexuel ? Doit y avoir un public pour ce sujet-là, ça m’intéresse !
- T’as un régime alimentaire uniquement carné ou bien, si c’est pour te nourrir toi, les plantes peuvent aller se faire voir ?
Alors qu’ils s’éloignaient toujours plus vers la périphérie du festival, Trine, elle, se remettait de ses émotions. Elle s’était brièvement enflammée, vexée de s’être fait écraser et subtiliser le dodécaèdre qu’elle avait elle-même volé plus tôt, et puis sa colère s’était transformée en fumée lorsque Mezcal, l’un de ses semblables, lui avait ramené son dû. Ignorant James qui tapotait fébrilement de sa botte le décimètre carré auquel elle avait mis feu – ce n’était pas le moment de rappeler à eux l’attention de la garde qui leur avait finalement accordé sa clémence – la glooby attrapa à nouveau son larcin et fit signe à son camarade de méfaits de la suivre le long des courbes vallonnées de Luz. Peut-être que, depuis son épaule, ils risqueraient moins de se faire malencontreusement écraser par elle. Et découvriraient-ils d’autres trésors. Comme ces jolies boucles d’oreille dorées semblant regorger de magie contenue.
- Merci, madame la garde, murmura James en essuyant ses dernières larmes et finissant d’étouffer l’accès de colère de Trine. Allez chercher Cal ? demanda-t-il avec incertitude aux deux adultes humains, levant un regard timide vers eux. Oh ! Ou Jam amener Luz et Naë à stand pour remercier eux, réalisa-t-il en écarquillant les yeux. Jam avoir un peu cristaux, venir ! s’exclama-t-il avec enthousiasme, ravi de retrouver un semblant de contrôle sur la situation et de pouvoir montrer ses bonnes manières.
Donnant Zuluka à l’aventurier – dont elle avait entrepris de mâchouiller joyeusement un pan de vêtement – le jeune bleulet humain attrapa les mains des deux humains pour les tirer vers quelques animations éloignées de leurs déboires précédents.
- Quoi vouloir vous jouer ? Oh ! Equipes ? Luz et Naë bonne équipe ?
A quelques mètres de là, le regard effleurant parfois la silhouette bombée du ballon écorchant son prénom comme celle, lointaine et s’éloignant toujours plus, massive de sa loutre géante, Calixte s’amusait dans une indifférence souveraine, sourde et aveugle aux différents aléas des deux groupes qu’il pensait suffisamment surveiller depuis le comptoir où il était, une nouvelle fois, en train de se faire arnaquer.
- Donc, si je fais une paire impaire, il faut que son total soit inférieur à sept pour gagner ?
- Et que les dés réalisant la paire soient de couleur primaire, et d’orientation parallèle.
- Ah oui, pardon.
- Et que le joueur précédant n’ait pas eu plus de trois chiffres pairs, de facette grise, et n’ait pas été connu comme détenteur d’un glooby.
- … ça réduit beaucoup les chances de réussite, non ?
- La facette grise ?
- Non, les gloobys. J’ai l’impression que c’est devenu le familier numéro un en Aryon.
- Oh nooooon. Je suis certain que c’est une vue de l’esprit ; il y en a beaucoup auprès de l’Arbre Sacré. Allez, je vous fais grâce de la condition de la facette grise du joueur vous ayant précédé.
Le coursier lança les dés et, sans surprise vraiment, ne réussi aucunement à approcher les termes de réussite imposés. Cela ne l’empêcha guère de plisser les yeux de dépit, effleurant du regard la peluche de chiraki qu’il avait espéré, depuis trois tours déjà, remporter.
- Allez, vous n’étiez pas loin cette fois-ci ! Et si vous retentiez ?
Il se savait malhabile, et particulièrement malchanceux. Néanmoins, il n’y avait, étrangement, personne d’autre faisant la queue au stand, et cette peluche lui faisait vraiment de l’œil.
- … je retente.
Et puis, il n’avait jamais été ni très raisonnable, ni le couteau le plus aiguisé du tiroir.
- Résultat dé:
- Calixte gagne : 1d50 : 1 = oui, 2-50 = non -> non
- Résumé:
- Kaname (loutre), Abdallah, Apolline et Azumi font la discussion à Klarion, endorment les badauds alentours avant qu’ils ne fassent trop de bêtises, et mettent les voiles avec Klarion avant que la Garde ne se ramène.
Trine récupère son larcin grâce à Mezcal, et l’invite à gripper sur Luz pour, peut-être, allez lui piquer quelques bijoux. James donne Zuluka à Naëry, et invite les deux humains à un stand.
Calixte est en train de se faire pigeonner.
La petite troupe semble partir plus loin. Le fauteur de trouble s’est excusé et je vois bien qu’il ne l’a pas fait exprès mais si je craque à la moindre petite bouille, je suis définitivement fichue. Je déambule dans les environs. L’ambiance est festive et après le passage de cette baleine ailée, les discussions reprennent.
Hey Madame la Garde, vous voulez tenter votre chance ?
Un homme m’interpelle à son stand où le principe est de savoir où se cache la boule sous les coupoles. La plupart du temps, on sait que la triche était présente mais je finis par essayer de tout même, on ne sait jamais et je mets une petite mise sur le tapis. L’homme change avec une vitesse impressionnante la position des coupoles et j’essaye de suivre avec les yeux. C’est difficile et je ne détourne pas mon attention.
Alors, laquelle ?
Je finis par pointer du doigt, celle du milieu. Il soulève et rien. Je lève un sourcil accusateur et il soulève aussitôt celle de gauche. La boule s’y trouve.
Voulez-vous retenter votre chance ?
- Si je continue, je risque de perdre tout mon argent. Je préfère le dépenser pour m’acheter quelque chose à manger.
Je finis par quitter le stand pour aller vers la restauration. Il y avait les fameux sandwiches au lapin-fromage. C’était un peu mon péché mignon dans ce genre de foire. Alors je finis par y aller et commande ce petit délice. Après quelques minutes d’attente, même pas, je repars les mains pleines pour aller retourner vers le poste provisoire de surveillance de la Garde.
- Lancer de dé:
- Scores:
Lancer D3. Premier à 10
Bridget : 3 +1 (4) + 1 (5) + 2 (7) +3 (10) ! Preum’s
Joueur 2 : 2 + 2 (4) + 2 (6) + 2 (8) +1 (9)
Joueur 3 : 3 +2 (5) +2 (7) + 1 (8) +1 (9)
Joueur 4 : 3 +2 (5)+ 1 (6) +3 (9) + 1 (10)
- Enchantement:
- Glooby orange, enchantement orange sur bouclier gantelet
- Résumé:
- Gagne au Majine (sans tricher aux dés). Essaye de jouer son rôle de super garde et règle les conflits mais voilà, elle tombe sur James et Cie…
Festival de la Lucy colorée
Trouver Cal ? Ce n’était pas une mauvaise idée non. James ne nous laissa pas le temps d’approuver qu’il nous amena au stand le plus proche pour nous payer une partie. Petit être sensible plein de gratitude. Loupiac sur les trace du garde introuvable je me laissais aller au jeu. Après tout, autant profiter des festivités pour la Déesse, n’était-elle pas avec nous en ce jour ? J’en étais certain.
Le marchand, heureux de voir des clients, nous gratifia de son plus beau sourire.
- Ah que voilà, une jolie petite troupe ! De qui tient le plus le gamin? dit-il en observant chacune de nos frimousses.
- Ce n’est pas notre fils. Rectifiai-je alors que James nous tenait toujours par la main. Une vague de méfiance déforma le visage du forain dont le regard glissa vers les gardes présents.
- Nous le gardons, ne vous inquiétez pas. Son… propriétaire ? Non, je n’avais pas spécialement envie de repartir dans des explications de familiers humains, tuteur nous l’a confié le temps de quelques instants. Nous le retrouverons après, ça te va James?
Le bleuet acquiesça, tendant ses cristaux au commerçant. Il n’en fallut pas plus à ce dernier pour retrouver son sourire et nous proposer une partie.
- Le principe est simple mes amis ! Vous voyez ce grand bac d’eau avec les pommes flottantes ? Nous hochâmes la tête quasiment à l’unisson. Il vous faudra en attraper le plus possible à l’aide de votre … Bouche ! Ha ha ha ! J’espère que vous avez les canines bien acérées!
Il nous fit signe de prendre place autour du baquet et précisa :
- L’usage de vos mains où de tout autre membre vous disqualifiera aussitôt ! Seulement avec vos quenottes, lèvres, langue… Compris ?
Nouveau hochement, le bleuet semblait ravi de participer avec nous à ce jeu, le regard de Luz s’alluma dans un défi et un sourire malicieux. Je posais Zuluka au sol - qui entreprit de mâchonner le bas de mon pantalon - avant d’attacher mes cheveux.
- Prêts ?
- Prête ... souffla la fauve compétitive.
L’homme retourna son sablier et nous voilà plongeons nos têtes dans l’eau, cherchant à choper les fruits entre nos dents. Mains dans le dos, les pommes roulaient sur elles-mêmes échappant à mon harponnage. Ce n’était décidément pas mon jeu de prédilection. Je voyais les mèches rouges de mon adversaire virevolter, prise au jeu Luz ne remarqua pas mon regard amusé. Je perdis quelques secondes à l’observer avant d’être rappelé à l’ordre par le forain.
- Ce n’est pas comme ça que tu vas gagner ha ha.
Mezcal s’agrippa avant de rouler de l’épaule de la femme qui s’agitait. Il tomba dans un « Pok » retentissant que personne ne remarqua. Vexé, il fonça tête baissée dans la jambe de son perchoir qui ne semblait toujours pas le sentir. Quelle ingratitude. Il décida de partir, tant pis si son maître leur avait bien donné l’ordre de le suivre. Les autres familiers semblaient vaquer à leurs propres occupations, pourquoi pas lui ? Il se donna la mission de rapporter des cadeaux à son homologue rouge, il l’aimait bien. Il voulait lui faire plaisir. Il l’appela d’un petit son ressemblant à un ronronnement avant de partir en quête de trésors.
Tarapaca avait faim, ces nombreuses odeurs autour de lui l’attisaient. Il jouait les nettoyeurs de sol, gobant tout ce qui traînait de mangeable. Voyant Mezcal s’éloigner il partit à sa suite, n’était-il pas le grand frère adoptif de Mezcal. C’est ce que lui avait dit son maître, montrer l’exemple à ce nouveau venu.
- Messcal attendre Tarapaca, Tarapaca veiller copain.
Asti s’ennuyait, elle s’ébroua en recevant les éclaboussures que les humains envoyaient partout. Qu’est-ce qui leur prenait ? Ils semblaient en difficulté pour manger des pommes. Des pommes ?! La tsi’ly ne résista pas un instant à l’appel du fruit et s’invita à la partie, gobant les goldens aussi vite qu’un fourmilier aspire les fourmis avec sa langue. Le marchand s’agaça, son maître s’en amusa avant de lui retirer le museau de l’eau. Pourquoi n’avait-elle pas le droit de manger elle aussi ? Discrètement la femme qu’elle connaissait bien lui glissa un nouveau fruit dans la gueule avant que son maître l’attache un peu plus loin, s’excusant pour le dérangement.
Loupiac volait à toute vitesse, investi de sa mission. Il ne trouvait pas le coursier, il avait peur d’échouer. En revenant vers son maître il la reconnue, la trousse de cuire. Avec elle une loutre géante qu’il connaissait tout aussi bien. La meute de Calixte ! S’il les suivait, il retrouverait l’homme blond et pourrait le conduire à son protecteur. Il plongea vers la troupe, piaillant contre l’âme artificielle à la plume libertine. Contactant son maître, Loupiac lui envoya l’image de ses camarades retrouvés.
Mezcal tomba sur les bottes de la grande femme blonde. Ça tête tapa contre sa jambe et le déstabilisant. Il tomba sur son derrière, agacé. L’avait-elle fait exprès ? La magie qui l’habitait opéra et le glooby vert doubla de taille. Il prit un peu d’élan et frappa le mollet de la garde, prêt à en découdre. Œil pour œil, dent pour dent.
- Messcal pas fait exprès, s’excusa Tarapaca tandis que le glooby vert continuait son méfait, reculant et tapant la lieutenant.
- Ah si, Messcal faire exprès … Tarapaca chercher Naë, Messcal bloqué.
Comme un disque rayé l’animal tapait encore et encore sans grande force la jambe de la garde tandis que Tarapaca retournait au stand un peu plus loin pour retrouver Naë avant que son petit frère n’attire plus les foudres de la grande blonde.
- Oui-Non:
Naë gagne-t-il la partie ? Tirage dé NON
- Magie:
Glooby et enchantement vertcode ─ croquelune