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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Sam 5 Mar 2022 - 17:43 #
    Par habitude, ou crainte de je-ne-sais-trop-quoi, je vérifie, pour la énième fois, que mon épée est toujours en place et rapidement accessible. Ce n’est pas mon arme, elle m’a été confiée par la caserne parce qu’on ne pouvait pas me laisser sortir sans rien pour me défendre ou dissuader d’éventuels criminels lors de ma patrouille. C’est la première patrouille que je fais seul. Enfin, pas vraiment seul. Je suis officiellement accompagné de deux autres gardes, l’un est aussi bleu que moi. Il s’appelle Luke et, bien que je ne le connaisse pas très bien, il m’apparaît vite assez sympathique. L’autre est ici depuis bien plus longtemps. Il a été placé là pour l’expérience et les conseils qu’il pourrait nous fournir pendant qu’on travaille. Il ne parle pas beaucoup et se contente de nous répondre par des monosyllabes ou des hochements de tête. Je crois que ça ne lui fait pas vraiment plaisir de travailler durant la première partie de la nuit. Moi ? Ça me plaît. Mis à part l’incident qui s’est produit lorsque j’étais avec Alinor. Nous étions un groupe de recrues à être en formation cette nuit-là. Et puis il a surgit dans l’obscurité, un trafiquant de drogue d’après mon supérieur. J’aurais pu l’attraper. J’aurais dû. J’ai échoué. Depuis, toutes les autres patrouilles que j’ai pu faire en tant que recrue ont toutes été plus ou moins calmes. En tout cas, elles ne m’ont pas laissé de souvenirs aussi amères que cette nuit-là.

    La patrouille se passe dans le plus grand calme. C’est même un peu l’ennui, jusqu’à ce que Luke prenne la parole.

    - Tiens, Niko, c’est quoi ta plus grande peur ?
    - Ma plus grande peur ? Euh…
    - Moi, c’est le Fenrir. On dit qu’il est aussi grand qu’une montagne et qu’il peut décimer des villes simplement avec un coup de pattes ! D’ailleurs, je crois qu’on ne sait même pas s’il a des pattes et…
    - Le fenrir est une légende. C’est ridicule d’avoir peur de choses qui n’existent pas, marmonne l’autre garde.

    On est un peu surpris qu’il se soit mis à parler et qu’il ait prononcé autant de mots les uns à la suite des autres. On se regarde avec Luke et je ne sais pas lequel de nous est le plus étonné.

    - C’est quoi qui t’fait peur, toi ?
    - Certainement pas les contes de fées. Faut qu’vous soyez plus terre-à-terre les gars. Sinon, vous survivrez pas dans l’métier.
    - Parle pour toi, pouffais-je. Il parlait quand même à un type qui avait été retrouvé enterré vivant.
    - Bah, t’sais, à part le fenrir, qu’est pas une légende pour ta gouverne, j’ai peur… De rester seul. Non mais, pas seul comme ça, seul… Célibataire quoi.

    J’entends l’autre garde qui soupire et qui marmonne une insulte. Je ne sais pas ce que Luke avait derrière la tête en posant cette question alors qu’on se connaît à peine tous les trois. Peut-être qu’il essayait de briser la glace à sa façon ? Je vais essayer de ne pas l’abandonner, malgré l’attitude du troisième larron.

    - Hé, t’sais, j’te montrerai l’une des tavernes où on trouve sûrement les plus jolies filles du Village Perché. Crois-moi, tu resteras pas seul très longtemps avec ça…
    - Vous parlez trop. Concentrez-vous sur la patrouille.

    Nouveau regard échangé avec Luke et on se retient de rire mais on décide de se taire. Peut-être que ce type va faire un rapport à nos supérieurs à la fin de la ronde et j’ai pas envie de faire mauvaise impression alors que j’essaie désespérément d’intégrer la division des Tortugrams depuis des jours. Un quart d’heure passe où on ne dit rien mais où j’ai ressassé la question maintes et maintes fois déjà. C’est quoi, ma plus grande crainte ? Je n'arrive même pas à le savoir. Enfin, si, ma seule peur c’est d’être viré de la Garde. Qu’est-ce que je ferais, si je n’avais même plus ça ?

    Même si je peux avoir l’air distrait, mes sens sont aux aguets et j’entends, au loin, les échos de plusieurs murmures. Je fais signe à mes camarades mais le plus aguerri ne semble avoir envie que d’une chose : de rentrer. Il me fait signe que ce n’est rien, me dit que « des trucs comme ça, on en entend tous les soirs par ici » et qu’il n’y a pas besoin de s’inquiéter. Luke semble du même avis.

    Ils sont vraiment sûrs de ce qu’ils avancent ? J’ai des doutes. En plus, ce que j’entends ressemble à la voix d’une fillette de dix ans. Je n’ai pas envie de passer à côté par fainéantise.

    - Prenez les d’vants, je vous rejoins dans cinq minutes. Je peux pas ne pas aller voir.

    Et sans attendre de réponse de leur part, je m’aventure dans la ruelle, qui est légèrement escarpée et bien plus longue que ce que j’imaginais. Il y fait aussi de plus en plus sombre et je regrette de ne pas avoir de lampe magique avec moi. Je me dirige vers l’endroit d’où me semblent venir les murmures.

    - Hé, p’tite, ils sont où tes parents ?

    Parce qu’il me semble de plus en plus que j’ai affaire à une gamine paumée. Ma voix semble interrompre les murmures pendant un instant, avant qu’ils ne reprennent. Je dois en trouver l’origine. Alors, j’avance encore.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
    Informations
    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Ven 11 Mar 2022 - 11:51 #
    ->♫♫♫


    Elle les avait suivi sur un coup de tête. Ils se promenaient avec insouciance, la petite fille tenant la main de ses deux parents. Ils devaient certainement rentrer chez eux de leur balade quotidienne ? Ou alors c'était une sortie occasionnelle ? Toujours est-il que quelque chose chez eux avait allumer quelque chose en elle. C'était toujours comme ça que ça se passait. La nuit commençait à tomber, peu à peu elle étendait ses ombres sur le Village. Zinovie les avait filé à distance, discrètement. De toute façon, qui aurait pu se méfier d'elle ? Elle savait qu'elle ne payait pas de mine avec sa silhouette chétive, et elle faisait plus jeune que son âge. Le regard vide, elle n'avait pas quitté des yeux cette famille qui semblait étaler son bonheur au regard de tous. Elle serrait la mâchoire. La petite fille n'arrêtait pas de rire, c'était irritant. Pourquoi ses parents ne lui disaient-ils pas de la fermer ? Ils étaient sourds ou quoi ? Ce n'était même plus un rire mais un espèce de bruit strident, même les passants devaient trouver ça insupportable. Zinovie avait un rire plus agréable, elle au moins.
    Quand le petit groupe entra gaiement dans ce qui semblait être leur maison, l'adolescente les regarda avec un air écœuré. Elle fit un tour du pâté de maison, en reconnaissance des lieux. Puis, ayant trouvé un bon endroit où se cacher le temps d'attendre le moment opportun pour s'introduire chez cette petite famille modèle, elle patienta comme une araignée sur sa toile bien tissée. Elle ne pensait pas à celui qui guidait habituellement ses pensées, dans ces moments-là, plus rien ne pouvait la raisonner.

    ***

    Elle n'avait pas eu de mal à s'enfuir. Le temps que le père reprenne ses esprits et appelle à la garde, elle était déjà loin. Elle n'avait pas pu s'empêcher de rire pendant qu'elle courait, et avait dû se couvrir la bouche d'une main tremblante. La fillette avait eu si peur, sa réaction avait été à la hauteur de ses espérances. L'adolescente se demandait si elle n'avait même pas mouiller ses draps. Elle jubilait à cette idée. Elle avait sorti deux cauchemars. Magnifiques, noirs, immenses. La fille et la femme avaient eu le même hurlement. Elles n'étaient pas de la même famille pour rien. Le père avait essayé d'être brave, cependant Zinovie pouvait dire qu'entre les trois c'était bien lui qui avait eu le plus peur. Il avait mis tellement de temps à réagir, sa femme allait certainement lui en vouloir. La jeune fille eut un sourire mauvais. "J'espère qu'ils arriveront à surpasser ça ensemble…"
    Elle arriva au détour d'une ruelle étroite et sombre. Déserte, certainement évitée à cette heure-ci, Zinovie s'adossa contre le mur humide. Elle commençait à avoir ses mains qui se tordaient, et des tics au visage. Essoufflée, elle essayait d'accueillir du mieux qu'elle pouvait la crise qui allait arriver. Son cerveau se mit à pulser, un son étrange se mit à battre dans sa boîte crânienne de plus en plus fort. "Toutoum, toutoum, toutoum,TOUTOUM" Des chuchotements se firent entendre, insidieux, mesquins. Plusieurs voix lui parlaient, des voix au genre indéfinissable tant la nature en changeait au fil des paroles qui découlaient. Des paroles haineuses, méchantes, expliquant à Zinovie l'inutilité de sa personne, à quel point elle était un immondice parmi les immondices, un rebu, une ordure. Elle se frappa à plusieurs reprises les tempes, comme pour faire partir ses mauvaises présences, en vain. Elle était bien trop loin de la Capitale pour trouver un de ses refuges habituels, ceux qui n'attirait pas l'attention. Le Village Perché était son nouveau terrain de jeu, elle n'avait pas encore bien trouvé ses marques. D'instinct, elle savait pourtant qu'ici elle serait à peu près tranquille pour le plus gros de la crise. Et si quelqu'un venait à l'enquiquiner elle l'attaquerait.

    - Avec ta petite main toute rouge tu vas attraper les lames et les plonger dans le beurre. Chantonna-t-elle d'une voix basse, sa main renfermée sur ces ciseaux.

    Les voix étaient maintenant criardes, insoutenables. Zinovie se laissa aller contre le mur crasseux de la ruelle. Elle se balança sur elle même, créant un semblant de soulagement et continua de chantonner. Elle avait froid, et la sensation désagréable et si réelle que mille mains la frôlaient et essayaient d'attraper ses chevilles. Cette sensation la mettait dans un état de panique incommensurable. Elle continuait de balbutier des paroles incompréhensible, toujours très bas, avec cette petite voix d'enfant perdu qu'on ne prêterait pas à une jeune fille de dix-sept ans. Elle se laissait aller par accoup, en avant en arrière, son bras valide enserrant son épaule. La crise dura ainsi un couple d'heures.

    Les voix commençaient à s'éloigner, à arrêter de lui dire toutes ses vilaines choses. On arrêtait de la toucher et de vouloir lui voler ses chevilles. Enfin. Elle reposa sa tête contre le mur, et poussa un long soupir. Zinovie continuait cependant de marmonner, vestige de la crise encore fantôme, dans le fond de son occipital non loin. Elle se frotta les tempes et les yeux frénétiquement, et en cet instant, aurait voulu un câlin. Elle était épuisée. Elle allait devoir trouver où dormir. La jeune fille, dans la brume de sa dissociation passée, crut se rappeler d'avoir croisé un groupe de marginaux non loin d'un orphelinat. Peut-être des anciens du refuge qui n'avaient jamais réussi à s'en sortir. Peut-être qu'ils accepteront de lui faire une petite place. Peut-être.
    Alors qu'elle sondait ce qu'elle avait comme force dans les jambes et qu'elle essayait de jauger la douleur de la migraine qu'elle allait avoir sur dix, elle entendit des pas. Plusieurs pas, adjacents à la ruelle où elle se trouvait. Spontanément, elle se recroquevilla sur elle-même, se faisant toute petite et tendit l'oreille. Or, elle était parfaitement inconsciente qu'elle persévérait dans ses psalmodies délirantes, ce qui pouvait la faire repérer à tout moment.

    Elle pouvait entendre des voix d'hommes, des bottes marteler le sol. Puis, elle crut percevoir des pas qui se rapprochaient dangereusement de là où elle se trouvait. Une voix, gentille et toute douce demanda d'un peu plus loin où étaient ses parents. Ses parents. Ses parents ? Zinovie s'arrêta de murmurer, confuse. Pour reprendre de plus belle. Où sont-ils ? Que leur est-il arrivé ? A cette question, l'adolescente éclata de rire. Elle tourna la tête vers le jeune homme s'approcher d'elle. Car c'était un jeune homme, un garde qui essayait de la distinguer dans la pénombre. Il ne semblait pas la voir mais elle, elle le voyait. Elle avait toujours eu une bonne vue la nuit, comme une chouette. Une jolie chouette.

    - Et toi Monsieur, ils sont où tes parents ?
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
    Informations
    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Dim 3 Avr 2022 - 22:37 #
    Lorsque j’arrive, les murmures s’amenuisent jusqu’à disparaître complètement mais je tourne la tête à droite et à gauche pour vérifier que personne ne s’éloigne. Aucun bruit de bottes, aucun son métallique, même pas un miaulement. Tout semble indiquer que la petite voix qui me répond est seule depuis le début. Le début de quoi, exactement ? Depuis combien de temps est-elle ici ? Il fait si sombre que je ne distingue pas les traits de la jeune fille. J’imagine que c’est une jeune fille, j’en sais trop rien. Pourquoi n’est-elle pas accompagnée ? Je plisse les yeux pour essayer d’en voir un peu plus, distinguer un petit quelque-chose, n’importe quoi. C’est à ce moment-là que son rire résonne dans la pénombre et que les questions s’enchaînent. A-t-elle été droguée ? Le trafic de stupéfiants est assez important dans le coin pour que la question se pose sérieusement. Dans ce cas, qui est son ravisseur ? L’a-t-on laissé, là, dans le froid et la solitude, égarée, confuse, incapable de retrouver son chemin par ses propres moyens ? Tandis qu’elle rit, je m’approche un peu plus et je m’apprête à m’agenouiller lorsque sa question me glace le sang. Du moins de prime abord.

    En réalité, sa question a ravivé un étrange sentiment. Je n’arrive pas à mettre les mots dessus, ni même à le décrire. Où sont mes parents ? Qui sont-ils ? J’ai le souvenir d’une figure maternelle autoritaire, froide et, oserais-je dire, presque méchante. Il y a quelques semaines, à la Capitale, j’ai été informé de son décès par un mercenaire. Étrangement, je n’ai éprouvé aucune tristesse. J’ai même eu l’impression d’avoir été libéré d’un poids. Par contre, aucune information sur mon paternel n’a pu être retrouvée. Je ne sais même pas s’il est encore en vie. Connaît-il même mon existence ?

    - C’est vrai ça ! Ils sont où nos parents ? Faudrait aller les chercher, non ? Allez, suis-moi p’tite, j’peux pas te laisser ici toute seule.

    Ma voix est plus guillerette qu’à l’accoutumée, pour paraître moins menaçant. La lumière de la lune me permet brièvement d’apercevoir son visage. Ses traits sont fins mais marqués par la fatigue, ce que corroborent les cernes sous ses yeux. Est-ce que ce sont les reflets de l’astre lunaire qui confèrent cette pâleur extrême à la demoiselle ? Je lui tends ma main, décidé à ignorer les marmonnements inaudibles qui lui échappent de temps en temps. Si elle est sous l’emprise d’un quelconque psychotrope, il vaut mieux que je lui vienne rapidement en aide.

    Je ne suis pas effrayé. Ce n’est pas moi qui me retrouve dans une situation à première vue inconfortable, et je sais que mes collègues repasseront probablement pour voir si je maîtrise la situation. Même s’ils doivent simplement penser que j’hallucine et que ce ne sont que des conversations de voisinage. Je reste tout de même à distance respectable de l’adolescente. Un accident est si vite arrivé, encore plus dans cet état.

    - Tu habites loin d’ici ? Tu sais comment on rentre chez toi ?

    C’est peut-être pas ça, le protocole. Peut-être que je suis censé la ramener à la caserne pour qu’on notifie l’incident ? C’est vrai que si elle est dans cet état à cause de tiers, il ne faudrait pas que ça se reproduise et qu’on s’assure qu’elle soit vraiment en sécurité - ainsi que les autres gens de son âge. Je jauge ses réactions, histoire de savoir si j’en fais trop ou pas assez. J’ai l’impression d’être face à un animal sauvage. Totalement imprévisible et sûrement capable de me blesser en essayant de s’enfuir. Je me demande ce que ça donnerait si je devais me retrouver à la courser dans le coin. Entre les hauteurs du Village Perché, les racines glissantes et l’obscurité. Certains coins sont mieux éclairés que d’autres, mais ça ne me vend pas du rêve.

    Je reste donc là, accroupi à quelques mètres d’elle, en train d’estimer comment elle pourra répliquer à mon approche. Autour de nous, les arbres craquent. Au loin, un chien aboie. Je reste focalisé sur mon nouvel interlocuteur. Je me suis fixé un nouvel objectif et je ne compte pas la laisser tomber.

    - Tu peux m’appeler Niko. Je suis garde. Tu crains rien, que j’ajoute en lui montrant mon insigne. Je suis fier de cet insigne, mais je crois que j’ai été victime d’un bizutage. Il a pris une étrange teinte violette depuis quelques jours. J’ai essayé de la faire partir au lavage mais rien à faire.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Dim 10 Avr 2022 - 0:37 #



    => ♫♬♪


    Il commençait à l'énerver celui-là, à lui parler comme si elle était une enfant. C'était une chose qu'elle détestait par dessus tout, qu'on l'infantilise. Elle pouvait sentir la fausse bonne humeur mielleuse qu'on utilise pour parler à un minot qui se serait égarer. Zinovie se posa d'abord la question de si elle allait ou non lui planter ses ciseaux dans les yeux. Mais elle se ravisa bien vite, elle n'était pas en état d'attaquer qui que ce soit, de plus même si il semblait relativement mince, il était bien plus grand qu'elle. Elle ne pouvait plus utiliser son pouvoir non. Enfin, elle pouvait en sortir un dernier or, elle préférait garder cette solution si jamais la nuit se passait mal pour elle pour un quelconque motif. Pour le moment, le garçon n'était pas menaçant, au contraire. Il disait vouloir l'aider. Peuh ! encore un qui se prenait pour un héros. Zinovie releva la tête pour mieux le regarder. Il avait de la chance, elle le trouvait joli. Elle aimait bien son visage, surtout ses marques sous ses yeux. Il s'était peut-être fait ça lui même ? Comme elle avec ses bras ? La jeune fille arrêta enfin de marmonner. La crise était finie mais elle était exténuée, elle ne pouvait pas se lever. Elle était donc coincée avec monsieur Joli Cœur qui lui avait tendu la main, tel un prince. Sauf que c'était pas un prince mais un vendu, un traître, un garde. Elle ne pouvait pas lui faire confiance, même si elle aimait bien sa voix à Joli Cœur. Elle soupira et repoussa sa main avec peine, à son contact, elle eut comme un sentiment conflictuel où elle eut une sensation de sécurité. Elle eut l'envie de garder sa main dans la sienne, mais l'image d'un homme au manteau de fourrure aux mille visages apparut dans son petit crâne douloureux et elle combattit cette envie qu'elle considérait déloyale.

    - Pourquoi tu me parles comme si j'étais petite ? J'ai déjà dix-sept ans figure-toi. Lui dit-elle d'un ton morne. Elle étendit ses jambes douloureuses sur le pavé et se mit à faire taper le bout de ses souliers l'un contre l'autre. Le bruit était régulier, rythmique et était satisfaisant. Comme la crise était redescendue, elle sentait le froid de la nuit mordre ses mains et ses joues, frissonnant sans pouvoir le contrôler.

    - Je sais que je crains rien, je vois pas ce que j'ai à craindre. Toi par contre... Elle planta son regard bordeaux dans celui vert de son interlocuteur. Elle fixa un peu plus les cicatrices écarlates entourant le dessous de ses yeux. - Tu as plus de choses à craindre que moi.

    Elle continuait de battre des pieds. Un peu plus vite cette fois, avec la lumière de la lune qui rebondissait sur la matière vernie de ses chaussures. L'adolescente se sentit soudainement désœuvrée. Elle aurait voulu être à la Capitale. Elle aurait voulut être avec Père. Etre enlacée, félicitée, qu'il lui raconte ses histoires fabuleuses. Dès qu'elle rentrerait, elle effectuerait plusieurs missions pour se faire pardonner de son absence. Il ne lui reprochait jamais ses disparitions, qui ne durait que le temps  de deux à trois jours. Cependant, venir ici était peut-être une erreur au vue de la longueur du trajet entre ici et la Capitale. Elle était bien trop loin à présent. Là-bas, elle avait trop sévit, elle avait dû faire profil bas. Et il était quasiment impossible pour elle ne serait-ce que de penser à arrêter. Elle aurait peut-être dû. Elle avait du mal à éprouver de la culpabilité. Elle se rémora une nouvelle fois les visages tordus d'horreur de la fillette et son père, quand elle avait fait jaillir son deuxième cauchemar.  Elle se retint de rire. Et monsieur Joli Cœur qui venait pour l'aider. L'aider, elle, pas eux. Que c'était drôle ! Un petit rire enfantin fusa de sa bouche. Elle se frotta les mains, puis souffla dessus : elle commençait réellement à avoir froid.

    - Oui j'habites loin donc tu peux pas m'aider. J'ai pas de chez moi, mais j'ai pleins d'endroit où c'est ma maison alors laisse-moi tranquille avec tes questions.  

    La jeune fille examina le visage du garde. Elle était fascinée par ces cicatrices. Quelque chose l'appelait. Il aurait pu être son grand frère, peut-être dans une autre vie. Une autre vie. Ahah. Quelle idée stupide à en mourir. Elle leva doucement la main vers le visage de Niko. Niko, par contre ce n'était décidément pas très joli ça, comme nom. Elle trouvait que ça ne lui allait pas. Elle fit glisser son index le long d'une des marques du jeune homme, en le fixant d'un œil vide.

    - Moi c'est Zinovie, j'aime pas les gardes. C'est dommage que tu sois garde.  
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Dim 15 Mai 2022 - 13:07 #
    Je la laisse effleurer l’une de mes cicatrices, en essayant de ne pas faire le moindre geste brusque susceptible de l’effrayer davantage. A-t-elle vraiment l’air terrorisée ? Un peu névrosée, peut-être. La ruelle sombre est si silencieuse que, pendant de longues secondes, je n’entends plus que le cliquetis régulier de ses souliers l’un contre l’autre. J’ai rangé dans un coin de ma mémoire chacune des informations qu’elle a pu me donner, volontairement ou non. A-t-elle vraiment dix-sept ans ? Il faut dire que je ne vois pas grand-chose et qu’il serait préférable que je l’emmène dans un endroit un peu plus éclairé. J’ai envie de la prendre par-dessous les bras et la porter mais ce qu’elle a dit m’en empêche, et ce qu’elle pourrait faire. À tous les coups elle va se transformer en avaleur d’abysse là, sous mes yeux, et j’aurais l’air bien finaud à essayer de l’arrêter. J’ai aussi remarqué qu’elle avait froid. Je pourrais peut-être commencer par là ?

    - Et qu’est-ce que j’aurais à craindre, Zinovie ? J’ai peur de rien, moi.

    Marrant, ça me rappelle la conversation que j’ai eu avec les deux autres. Ils foutent quoi, d’ailleurs ? J’étais certain qu’ils allaient revenir d’ici quelques minutes, voir si j’avais besoin d’un coup de main.

    - Ils t’ont fait quoi, les gardes, pour que tu ne les aimes pas ? T’sais, j’suis là pour te protéger. Puis, j’vois que t’as froid. Viens, j’vais t’emmener dans un endroit où tu auras plus chaud, avec un bon lit. Et un repas chaud. J’suis sûr que t’as pas mangé ce soir, j’me trompe ?

    Je finis par me redresser, lentement, en tendant l’une de mes mains vers elle et je m’apprête à continuer de parler pour la convaincre, quand j’entends un marmonnement étouffé derrière moi. Je me retourne juste à temps pour éviter un coup de poing. Le geste est lent, imprécis et j’attrape le membre pataud en me redressant et je dégaine mon arme. Le bras tordu dans le dos, l’agresseur lâche un râle de douleur et une pointe de surprise transparaît dans son regard quand il voit ma tenue. Il bégaie. Il ne m’a pas pris pour un garde, il pensait que j’étais un criminel, un enleveur d’enfants. Il me dit qu’il est venu voir ce qui se passait parce qu’il a entendu des bruits étranges. Il paraît qu’une famille entière est en état de choc, à quelques pâtés de maisons. Pourquoi il me parle de ça maintenant ? Ah. Je suis garde. Il me demande d’aller voir. Mon regard se durcit. Je dois d’abord m’occuper de Zinovie. Le pauvre homme s’en va. Je range mon arme et je me tourne vers la fillette. Est-ce qu’elle est toujours là ?

    - Hé, Zino. Je voudrais pas que tu tombes vraiment sur les enleveurs d’enfants dont a parlé c’t’homme…

    Pas de réponse, mais j’entends un rire. Enfantin. Je crois la reconnaître, mais ça vient d’en haut. Je lève la tête. Les rayons de la lune sont enfin avec moi et me permettent de voir sa silhouette, perchée sur une des barricades qui entoure cette portion du Village Perché. Je manque de m’étrangler. Si elle tombe, la chute sera mortelle et je ne fais pas ce boulot pour ramasser des cadavres d’enfant un peu trop téméraires. Sa voix ne trahit pourtant pas le moindre signe d’inquiétude ou de folie. Elle a plutôt l’air amusée par la situation. En moins d’une minute, je la rejoins au sommet de ce rempart mais je m’accroupis et je me tiens solidement au rebord pour éviter de glisser. Maintenant, je vois mieux son visage. Je veux bien croire qu’elle approche des dix-sept ans, mais pas qu’elle les a déjà. Qu’importe. Les commissures de mes lèvres s’étirent pour révéler un franc sourire et je la complimente sincèrement.

    - T’es une bonne grimpeuse, Zino. T’as appris ça où, si tu viens loin d’ici ?

    Elle a déjà entendu que je pouvais l’emmener dans un endroit sûr, je vais pas me répéter pour l’instant et laisser cette information faire son chemin. Je marche aussi sur des œufs, je dois faire attention à ce que je lui dis. Si elle ne ment pas, alors c’est probablement une enfant des rues qui a dû apprendre à ne pas accorder sa confiance et à fuir au premier signe de danger.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Dim 15 Mai 2022 - 14:44 #


    - On apprend tout partout. Répondit Zinovie sur un ton de reproche. - Y'a pas qu'ici qu'on grimpe.

    L'adolescente posa ses mains sur ses hanches, et se retourna vers la vue qui s'offrait à elle. A la vue de cette forêt sombre, ses hauts arbres noirs, ce ciel étoilé et ses montagnes baignées par la lumière de la lune, elle sentit comme une tristesse monter en elle.

    - Tu penses que les gens qui enlèvent les enfants, ils les choisissent parce qu'ils ont compris que ces enfants-là étaient pas aimés ? Ils ont vu l'enfant et se sont dit "oh lui, il ne manquera à personne" et l'emporte alors avec lui ? C'est comme ça que ça se passe non ? C'est parce qu'on est inutile qu'on est enlevé.

    A ces mots, Zinovie se mit à fredonner une comptine pour enfant bien connue. Un pied devant, un pied derrière. L'air froid de la nuit lui mangeait le visage, étreignait sa tête comme un étau de glace, mais cela lui faisait du bien. Elle inspira un grand coup, et se remit à aller d'avant, arrière, dans un jeu de funambulisme nocturne, un jeu bien dangereux avec l'humidité qu'avait laissé la pluie sur la surface sur laquelle elle jouait les ballerines. Ce petit manège dura quelques minutes. Puis, comme si elle se souvint soudainement de la présence du jeune homme, elle s'adressa alors à lui :

    - Il t'a pris pour un voleur d'enfants ! Pouffa-t-elle en se retournant vers Niko, qui ne semblait pas apprécier outre mesure sa petite escapade. Niko s'était accroupi, il était tout petit désormais. Il était amusant. Des gens comme lui, qui faisait comme si tout allait bien en cachant leur intention derrière un sourire, l'adolescente les connaissait bien. Elle avait grandi avec. Des manipulateurs, de menteurs. Des "criminels". Ce n'est pourtant pas eux qui cachaient leur véritable nature derrière un masque. c'était les normaux, ceux qui avaient des choses à perdre. On cache beaucoup de choses quand on a des trucs à perdre. M'enfin, ce garde-là voulait surtout s'assurer d'être le héros du jour en la sauvant, la déposer dans un endroit sûr le plus vite possible et être enfin débarrassé.

    - Tu dois être vexé non ? Un garde qui a l'air d'un méchant, c'est pas très propre tout ça ! Railla-t-elle en se rapprochant du garde. - Faut dire que tu lui a retourné le bras comme un vrai méchant.

    Elle mima son geste, reproduisant presque à l'identique la scène entre le garde et le pauvre bougre qui s'était fait retourné par le jeune homme. Elle rayonnait. Cette situation semblait l'amuser au plus haut point.
    Seulement, elle était encore un peu sonnée par la crise, elle sentait ses jambes défaillir, ses genoux flageolaient un peu, ses chevilles tremblotaient. Peut-être était-il temps d'arrêter son petit spectacle et de revenir tranquillement vers le garde.
    Sans crier gare, elle glissa de son perchoir. Il y eut une seconde de vide, où son cerveau tergiversa. Fallait-il continuer de vivre ? C'était souvent une question que se posait un peu tristement cette masse nerveuse. Fallait-il embrasser la nuit ? Voir les arbres et la lune à l'envers, ça serait joli non ?  Mais c'est son corps qui répondit de lui même. Son bras attrapa d'un geste vif la première chose venue, une liane ? Une corde ? Toujours est-il qu'elle était sauve.
    Enfin, "sauve". Zinovie parvint à se hisser sur le rempart d'où elle avait glissé, avec une souplesse qu'on ne lui soupçonnerait pas  et, d'elle même, se rua vers Niko. Seulement, au fur et à mesure qu'elle avançait, elle ralentissait le pas, et se fit plus lente. Arrivée à sa hauteur, la jeune fille agrippa ses mains fines sur les avant-bras du garde, puis posa doucement sa tête contre le torse du jeune homme. Elle avait l'impression de respirer trop fort. Sa tête lui faisait toujours mal. Son corps se mit à trembler, sans qu'elle s'en rende compte.

    -Je suis un peu fatiguée je crois. Dit-elle d'une voix pâteuse, avant de s'évanouir lourdement.

    ***


    Sa tête dodelinait contre quelque chose de dur. Elle était sur un cheval ? Elle eut un espoir vif et joyeux qu'elle était certainement avec Père. Elle était rentrée ! Seulement, une odeur inconnue lui parvint aux narines. Non, elle ne connaissait pas ce parfum. ce n'était pas celui de Père. Ce n'était pas lui. Elle ouvrit les yeux. C'était toujours le Village Perché. ce maudit village.

    -C'est toi encore. Soupira-t-elle en reconnaissant Niko. Le jeune garde la portait sur ses épaules, la tenant fermement par les jambes pour ne pas qu'elle tombe. Il marchait à une allure normale, ni trop rapide ni trop lente. La jeune fille se laissait faire, calme et docile, se rappelant d'une promesse de gîte et de couvert. Il ne lui vint aucunement à l'esprit qu'il pouvait avoir en tête de lui du mal. Il n'émanait pas d'hostilité, en tout cas, pas envers elle.

    - On va chez toi ? Je pourrais manger ? T'as dit que je pourrais manger, t'as pas menti ? Interrogea-t-elle, méfiante, soufflant sur les cheveux du garde qui venaient se coller sur son visage. - Les gardes ça ment tout le temps, mais toi t'as pas menti hein ?

    Elle allongea ses bras et tapa dans ses mains, en rythme avec le pas de Niko, sans prendre en considération le fait que cela pourrait peut-être gêner le garde d'avoir des mains applaudir à quelques centimètres de son visage. Qu'à cela ne tienne, cela la divertissait elle. Elle dodelinait toujours de la tête, volontairement cette fois.

    - Je pourrais dormir dans le grenier ? Ou l'écurie ? Je préfère le grenier, s'il te plait, j'ai peur des chevaux.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Jeu 19 Mai 2022 - 15:46 #
    J’essaie de ne pas trop penser à ce qu’elle a dit. C’est une gamine en manque de repères et je suis presque sûr que certains auraient pu la rentrer dans la case « folle à lier » s’il l’avait vue. Je suis un garde, intègre, droit dans mes bottes. Mon devoir passe avant tout et mon devoir, ce soir, c’est de l’emmener dans un endroit où elle sera en sécurité. Il y a bien l’étrange affaire dont m’a parlé l’habitant du quartier, mais je pense que la meilleure marche à suivre, dans mon cas, c’est de faire mon rapport auprès de mes supérieurs et qu’on dépêche une autre équipe sur les lieux. Peut-être même que mes collègues sont… ? Quand on parle du - des - loup(s). Tandis que je descends de mon perchoir, avec mon poids mort sur l’épaule, Luke et l’autre garde reviennent.

    - Alors, Lehnsherr, tu as trouvé ton… C’est quoi c’que t’as sur le dos ?
    - Une gamine, trouvée là. C’est elle que j’ai entendu. Ça fait longtemps que je suis parti ?
    - Cinq ou dix minutes, à peine. On a été retardés par une bagarre d’ivrognes, dans une taverne à quelques rues de là. Il se gratte la tête, comme s’il était embêté. Faut dire que c’est lui qui est expérimenté, dans l’histoire et que Luke et moi nous ne sommes encore que des novices. M’enfin, ça t’forme au métier, hein ? Bon, la tiote, parents ? Famille ? Je secoue négativement la tête, il reprend. Dans ce cas, tu connais la procédure. Tu veux qu’on t’accompagne ?
    - La caserne n’est pas très loin, ça devrait aller. J’ai surtout eu un témoignage… Étrange. Une famille entière sous le choc. J’ai pas eu plus de détails…

    Ils vont poursuivre notre ronde et essayer de tirer au clair cette histoire. Je reviens un peu sur la première impression que j’ai eu de ce type. C’est un bon soldat, il fait juste son travail. Quant à moi, je sais où je dois aller pour faire le mien. Direction ma seule et unique maison. Je reprends la marche, serrant fermement la petite Zino pour ne pas la faire tomber. Heureusement que c’est un poids plume, ça facilite beaucoup de choses, et qu'on est pas encore en pleine saison chaude. Lorsqu'elle arrivera, ce sera une autre paire de manche de faire ce genre de choses à cause de la chaleur.

    ***

    - Dans l’grenier ? L’écurie ?

    J’ai peut-être un peu trop haussé la voix, sous le coup de la surprise, mais je n’en reviens pas qu’elle me demande une telle chose. Elle ne veut pas plutôt dormir dans un lit ? Qu’est-ce qu’elle a vécu, qu’est-ce qu’elle vit, pour me faire une telle demande ? Je raffermis ma prise sur ses jambes. Maintenant qu’elle est réveillée, la physique naturelle de son corps reprend le dessus et il faut que je trouve un nouvel équilibre.

    - Ce soir, tu vas dormir dans un vrai lit, Zino.

    Je nous fais monter dans un dernier ascenseur et on attend tranquillement qu’il nous emmène un peu plus haut. Une fois qu’on y est, il n’y a plus qu’à faire quelques mètres pour qu’on arrive « chez moi ». Je salue ceux qui surveillent l’entrée, et qui me reconnaissent lorsque je pénètre dans l’enceinte.

    - On y est. Alors, c’est pas le grand-luxe et je te promets que personne ici te voudra d’mal. J’vais t’emmener voir quelqu’un que j’aime beaucoup.

    Je parle de l’infirmière, Oriana. Elle m’a souvent vu débarquer après les entraînements. Sa douceur, son sourire et ses remèdes ont toujours été d’une grande aide. Elle a aussi beaucoup de conversations et, me sachant bavard, j’y reste sûrement plus longtemps que nécessaire à chaque fois. Je ne peux pas voir l’expression sur le visage de Zino. J’espère qu’elle me fait suffisamment confiance, elle m’a quand même dit qu’elle détestait les gardes. Qu’est-ce qu’elle déteste d’autre ? Elle est vraiment singulière. Je crois que je suis surtout de plus en plus intrigué par elle. Il est d’ailleurs hors de question pour moi de la laisser seule. J’ai le sentiment que mon devoir ne sera pas accompli tant qu’elle ne sera pas dans un lieu sauf hors de la caserne, ou au moins avec d’autres personnes de confiance. On est en plein milieu de la nuit, mais Oriana, qui a la particularité d’avoir une longue chevelure dans un dégradé de bleu, m’ouvre et me fait aussitôt rentrer à l’intérieur lorsqu’elle aperçoit l’adolescente que je porte avec moi.

    - Désolé de te déranger aussi tard. J’ai trouvé cette petite, seule et dans la rue. Tu peux m’donner un lit pour elle ?
    - Bien sûr, Niko, mais tu pourrais commencer par… La poser, non ?
    - Euh, ouais.

    Il y a de nombreux lits dans la salle principale de l’infirmerie et ils sont pratiquement tous vides. Je demande à Zino celui qu’elle préfère et, lorsqu’elle m’en a désigné un, je la pose dessus avec précaution. J’ai peur de la casser. J’ai pas non plus envie de vérifier si elle a conservé la trace de mes doigts sur sa chair, par peur de me rendre compte que je l’ai comprimée trop fort et qu’elle ne s’en est pas plaint une seule fois. Tiens, sous la lumière d’un des cristaux magiques qui éclaire la pièce, je peux vraiment détailler son faciès. Je suis surtout happé par ses yeux qui semblent témoigner d’un réel vécu. Je veux dire, elle a un regard qu’elle est pas censée avoir, pas à son âge. Je me permets de poser ma main sur sa tête et d’ébouriffer maladroitement ses cheveux, tout en m’exclamant.

    - Zino, j’te présente Oriana ! J’vais aller te chercher à manger. Tu s’ras sage avec elle, hein ? Elle paraît sans défense, je vois pas trop ce qu’elle pourrait faire, de toute façon, mais hé, on est jamais à l’abri d’une bizarrerie si je m’éloigne trop. Y’a un truc que tu préfères manger ? D’la viande ? Des légumes ? Du fromage ?

    J’attends qu’elle me réponde avant d’emprunter le chemin vers la sortie. Lorsque je passe devant Oriana, qui me lance un regard l’air de dire « Dis m’en plus sur elle », je me contente d’un léger signe de tête et je murmure : « Examine-la, steuplaît. J’veux savoir si elle a été battue ». Puis, c’est son métier à Oriana, elle saura forcément comment s’y prendre. Je devrais en avoir pour une dizaine, allez peut-être une quinzaine de minutes.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Dim 12 Juin 2022 - 20:24 #
    Zino. Zino. Zino. Ce surnom sonnait désagréablement aux oreilles de l'adolescente, qui resserrait son étreinte inconsciemment à chaque fois que Joli Cœur l'appelait ainsi. Cela faisait écho au fond d'elle, très loin, trop loin pour qu'une once de souvenir arrive à faire surface dans son esprit embué. Tout ce qu'elle savait ce que ce surnom se voulant affectif la faisait crisser des dents.  Elle sentit qu'il avait changé de cadence, et qu'il avait raffermi sa prise sur sa cuisse. Elle se dandina un peu, repoussé par ce contact qu'elle venait de prendre conscience.

    -Lâche-moi je suis trop lourde. Elle essayait de lutter, en vain. Il la tenait fermement contre son dos, et parut ignorer totalement sa remarque. Toujours épuisée, même après son petit somme impromptu, elle décida d'abandonner sa tentative de descendre du dos du militaire. Revenant peu à peu à la réalité, elle se passa en revue sa soirée. Elle analysa donc sa situation : c'était un garde qui l'aidait et là où il l'emmenait était certainement un vivier à gardes. Il fallait qu'elle fasse profil bas, et qu'elle cache au maximum son visage arrivée sur place. Niko pourrait jouer les grands sauveurs comme il l'entend, elle aurait à manger et un endroit où crécher pour la nuit. dès qu'elle en aura l'occasion, elle se fera la malle. Bye bye Joli Cœur, elle devait à tout prix regagner la Capitale.

    Ils arrivèrent à hauteur de ce qui devait être une caserne de militaires, et Zinovie enfoui son visage dans les cheveux de son porteur, mimant la petite fille intimidée. Bien, les lourdauds qui montaient la garde n'avaient pas vu son visage, c'était déjà ça. pour le reste, l'obscurité de la nuit jouait en sa faveur. Heureusement, le jeune garde semblait prendre sa mission vraiment à cœur car il ne l'avait toujours pas reposée, même à l'intérieur du bâtiment. Bâtiment bien étrange aux yeux de l'adolescente, qui avait l'habitude de ceux de la ville royale.

    - Quelqu'un que t'aime beaucoup ? Ton petit copain ? Demanda la jeune fille en se cramponnant un peu plus aux épaules de Nikolaos. Une personne de plus à devoir gérer ? Décidément, elle n'avait pas misé sur le bon cheval. Pour peu que cette personne sache mieux lire entre les lignes que le jeune militaire, elle pourrait être vite démasquée. Non pas en tant que celle qui agresse les familles de la Capitale et maintenant une du Village Perché, mais en tant que criminelle tout simplement. Rien que cela serait embêtant.
    Zinovie pouvait sentir ses ciseaux dans la poche de sa robe rebondir au rythme du pas de Nikolaos. Très embêtant. - On peut pas plutôt aller dormir tout de suite ? Je suis fatiguée moi. Répondit-elle d'une voix plaintive. - C'est un garde ? Je veux pas voir de garde.

    Ils n'avaient croisé quasiment personne. Brave Nikolaos. Zinovie avait essayé de tracer dans sa petite tête une carte imaginaire du chemin qu'ils venaient de faire. Malgré la fatigue, elle pensait avoir une idée plutôt fidèle de où se trouvait actuellement l'entrée par laquelle ils avaient pénétré. Elle jetait des coups d'œil par ci par là pour repérer, peut-être, son échappatoire pour demain. Sinon, ça sera par les toits. Si jamais il lui présentait un autre garde, elle n'aurait pas d'autre choix que de s'enfuir le plus vite possible. Quitte à dormir dans la forêt. De toute façon, une fois partie, Nikolaos oubliera bien vite leur rencontre et ça sera très bien ainsi.

    La jeune fille était aux aguets, tel un animal qui aurait été sur le point d'être capturé. Elle parut incrédule lors qu'ils pénétrèrent tous les deux dans ce qu'il semblait être une infirmerie. Une bouffée de panique envahit la brunette, qui écarquilla des yeux ronds comme des billes en examinant les lieux. L'odeur du désinfectant et des herbes médicinales lui arrachèrent un haut-le-cœur. ''Non, non, non, non, non.'' Pas l'hôpital. Pas ça. Hallucinée, elle désigna sans intérêt un lit quand le garde lui demandait lequel elle préférait. C'est ça qu'il voulait ? La laisser ici ? Une infirmière s'approchait d'eux. Danger. Danger.

    Elle s'apaisa légèrement quand il lui caressa la tête mais ce fut de courte durée. Elle ne répondit pas tout de suite lorsqu'il lui demandait ce qu'elle préférait manger. Il fallait qu'elle parte d'ici. Il fallait qu'elle s'échappe.

    - Un sandwich aux œufs et à la mayonnaise. Répondit-elle d'une voix lugubre, sans le regarder.

    Elle regardait l'armature en métal du lit. Elle pouvait presqu'entendre le bruit cinglant des liens contre ces armatures. Elle se frotta instinctivement les poignets. Nikolaos s'en alla. Pourquoi partait-il ? Il voulait donc la laisser ici. Parce qu'il pense qu'elle était folle. Comme les autres.

    - Bonsoir, comment tu t'appelles ?

    L'infirmière sourit gentiment et semblait prononcer des mots, or à ce moment précis, Zinovie ne comprenait plus rien. Son sang battait fort dans ses tempes et elle essayait de se concentrer.

    - Ne t'inquiètes pas Nikolaos va bientôt revenir avec ton sandwich. En attendant, si on discutait un petit peu toutes les deux ?

    Se concentrer. Essayer de contrôler la crise de panique qui voulait la dévorer tout cru. Elle inspirait et expirait doucement.

    -  Moi c'est Oriana. je suis l'amie de Niko. Vous êtes amis aussi ?

    La femme essayait comme elle pouvait de mettre en confiance la jeune fille. Seulement, Oriana qui s'inquiétait pour l'adolescente eut le malheur de poser une main sur son poignet. Elle l'avait pourtant fait avec une douceur infinie.

    - Est-ce que tu m'autorise à regarder tes bras s'il te plait ?

    Le sang de Zinovie ne fit qu'un tour et sa main s'empara de la première chose qu'elle trouva : un bro d'eau en étain. Se saisissant du bro par le manche, elle l'éclata contre le visage de l'infirmière. Il y eut un bruit sourd, puis comme un couinement. L'infirmière Oriana tomba à la renverse, hébétée par le coup qu'elle venait de recevoir. L'adolescente, le bras tremblant, non pas de peur mais de colère, reposa doucement le bro sur le lit. Elle vit un peu de sang imprégner les draps immaculés du lit, et sentit une once de calme la regagner. Elle sortit alors ces ciseaux, et s'approcha de la pauvre femme à terre, qui leva les yeux vers elle.

    - On.ne.me.touche.pas. Cracha-t-elle d'une voix basse, haletante, assez basse pour ne pas alerter le peu de malades endormis présents dans l'infirmerie.

    Zinovie tenait fermement ses ciseaux en main. Ses doigts la démangeaient. Elle regardait Oriana d'un œil vide.

    - Personne.me.touche.
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Mar 28 Juin 2022 - 21:04 #
    J’ai le sandwich aux œufs et à la mayonnaise, soigneusement emballé dans un morceau de tissu propre. J’en ai même deux. Il faut qu’elle mange. Je n’ai rencontré personne dans les cuisines, pas à une heure aussi tardive, et je ne pense pas que quelqu’un va s’offusquer pour quatre tranches de pain, deux œufs et un peu de sauce manquants dans le garde-manger. Oriana aura de l’eau à l’infirmerie, elle en a toujours un peu. J’espère que ça se passe bien, entre les deux. Zinovie est un peu particulière. Je me demande comment est-ce qu’elle a pu atterrir ici et, si elle vit vraiment dans la rue, comment est-ce qu’elle a fait pour survivre aussi longtemps ? Les hypothèses se mêlent les unes avec les autres tandis que j’entre une nouvelle fois dans la bâtisse où exerce Oriana, loin de m’attendre à un tel spectacle.

    Mon sang ne fait qu’un tour. Je lâche les victuailles et je me précipite vers Zinovie, peu importe les ciseaux qu’elle a dans la main. Oriana semble encore sous le choc. Elle ne s’était probablement pas attendue à une réponse aussi violente de la jeune fille qui semble si fragile d’apparence. Son pouvoir ne lui aurait sûrement été d’aucune utilité, Oriana est ici car son don est en parfait accord avec sa profession. Ce n’est pas une combattante. Je n’ai même pas remarqué la moitié de son visage qui est couvert de sang. Je le vois un peu plus tardivement, une fois que j’ai solidement attrapé le bras de la petite pour la forcer à lâcher ses ciseaux.

    - Lâche. Ça.

    Ma voix est ferme, calme. Bien trop en comparaison de mon bouillonnement intérieur. J’ai la cervelle qui va exploser, les pensées qui vont à mille à l’heure. Je ne vois plus une petite fille sans défense sous mes yeux, je vois une criminelle. Ma poigne se resserre sur son bras. Qu’importe si des os craquent, je n’entends rien. J’ai furieusement envie de lui briser les vertèbres et de la laisser agoniser sur le carrelage. Je me sens capable de le faire sans sourciller. Tuer est un jeu d’enfant et je sais que je pourrais aisément lui retirer la vie. Évidemment, je ne remarque pas que mon regard s’est assombri et que, si quelqu’un rentrait dans la pièce à ce moment-là, il considérerait que le malfrat ici, c’est moi.

    - Donne moi une seule bonne raison de ne pas…

    « … te tuer ». C’est ce que j’ai voulu dire, en fixant la gamine droit dans les yeux. Je n’ai pas une once de bienveillance envers elle. Oriana est innocente, je le sais. Elle n’aurait jamais fait le moindre mal à la gamine. Mon faciès se tourne instinctivement vers elle et le voile sombre qui a ombragé mon regard disparaît instantanément. Je n’en ai pas conscience, mais je suis redevenu Nikolaos, le garde.

    - Tu peux te lever ? Je vais m’occuper d’elle. Excuse-moi de te l’avoir laissée. Elle a un problème comportemental, probablement aussi au niveau de la tête.

    Un peu sonnée, Oriana a profité de la distraction pour se reculer et se lever, tant bien que mal. Une main plaquée sur son œil, elle capte mon regard et hoche la tête. Ce que je ne sais pas, c’est que la fureur qui s’est emparée de moi se lit une nouvelle fois sur mon visage ; parce que j’ai recroisé le regard de Zinovie.

    - Je m’occupe d’elle, des rapports, tout ce que tu veux. Soigne-toi, demain matin, elle ne sera plus là. Quant à toi… Donne moi une seule bonne raison de ne pas te jeter dans les cachots.

    Ce n’est vraiment pas ce que j’ai voulu dire. Mais il faut que je me calme. Est-ce que je ne vaudrais pas moins bien qu’elle, si je la tuais sur place ? Je dois résister à cette pulsion et me calmer. Oriana s’est éclipsée, je sais qu’elle ne manquera pas de me rappeler de faire un rapport demain matin. Il faudra que je gère ce problème, mais chaque chose en son temps. Je me baisse pour ramasser la paire de ciseaux et je lâche enfin son bras, lui indiquant d’un signe de la tête de retourner s’allonger dans le lit. Je ramène une chaise en bois, le dossier face au plumard. Je m’y installe, je croise les bras que je pose sur le haut de l’appui-tête et je fixe Zinovie. Je suis toujours aussi calme mais je me suis aussi fais peur. J’aurais été capable de la tuer.

    J’ai également ramené les sandwichs. Même s’ils sont tombés sur le sol et qu’ils doivent être un peu retournés, ils étaient protégés par leur emballage. Je les ai balancés sur le matelas, juste à côté d’elle.

    - C’était quoi ce bordel ? Je vais rester ici et te surveiller tout le reste de la nuit. Tu manges, tu dors et demain j’te ramène chez toi.

    Je ne compte pas la mentionner dans mon rapport. Je me débrouillerai avec Oriana. Je trouverai un truc. Elle a fait ressortir une facette de ma personnalité que je ne soupçonnais, ou que je ne faisais que dissimuler pour me mentir, et je ne l’accepte pas. Je dois montrer que je vaux mieux que ça. Avec un rapport, il faudrait que je mentionne ce que j’ai fais. Je lui ai sauvagement attrapé le bras, je l’ai peut-être même blessée. Non, décidément, il ne faut pas que je laisse la moindre trace sur ce qu’il s’est passé ici cette nuit. Puis c’est qu’une gamine. Peut-être qu’elle a juste besoin de temps pour mûrir, faut que je lui laisse sa chance..
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Ven 15 Juil 2022 - 19:33 #

    Elle se laissa faire, mollement. Fixant ses ciseaux à terre. Elle n'avait pas daigné lui jeter un seul coup d'œil, focalisée sur le visage douloureux de l'infirmière qui s'était permis de la toucher et ses précieux ciseaux. Mais c'était avant d'entendre sa voix. Sa voix avait changé. Elle leva son regard lie de vin sur lui.  L'adolescente le jaugea, puis eut un grand sourire.

    - De ne pas quoi ? Demanda-t-elle d'un air sombre, un sourire mesquin aux lèvres. - De ne pas quoi hein ? Lui susurra-t-elle, le plus proche de son oreille. Il essayait de la tenir à bonne distance, mais elle était étonnement souple. Elle ne le quittait plus des yeux, ses yeux brillaient d'une lueur revancharde.

    Il était comme elle. Elle le savait maintenant. Elle pouvait le sentir. Jolie Cœur jouait aux héros, mais il avait le même regard que ceux qu'elle côtoyait tous les jours. Là, maintenant, tout de suite, il voulait la tuer. Il voulait lui faire mal, comme elle avait fait mal à l'autre gourde de soignante. Elle eut un petit rire étouffé et posa nonchalamment sa tête sur sa propre épaule, amusée par ce spectacle de faux-semblants. Elle aurait pu sans peine se saisir de ces ciseaux, mais il ne valait mieux pas jouer avec le feu. Attendre l'évolution de la situation. Et prince charmant qui faisait comme si c'était le bonne chose à faire que de lui broyer le bras et de s'inquiéter pour l'autre dinde. Quel hypocrite, quel hypocrite, QUEL HYPOCRITE. Elle aussi avait maintenant avait envie de les tuer. Les deux. Mais c'était trop risqué. Elle était en terrain ennemi. La pauvre cruche arriva enfin à se relever, et Joli Cœur, en voyant son état sembla se mettre d'autant plus en colère. Il se mit à évoquer les cachots, ce qui arracha un petit rire à Zinovie.
    Elle le regardait, à l'affut d'une ouverture. Quelque chose s'était réveillé en elle. Malheureusement pour lui, elle avait senti cette chose au fond de lui, cette part bien cachée, tapie dans un coin de son être, prête à surgir. Et elle avait envie de la voir plus en détail. Elle avait envie de le voir se déchaîner.

    - J'avais proposé le grenier. Marmonna-t-elle en se reconcentrant sur ses ciseaux. Il avait intérêt à les lui rendre. Ils étaient à elle. Ils étaient précieux. C'était à elle. A elle. Elle serra la mâchoire, se qui rendit son expression tendue et son sourire se transforma en un rictus déformée par une émotion non identifiable. Elle luttait sans vraiment lutter, calquant ses mouvement à ceux de Nikolaos, laissant aller sa tête sur l'épaule du jeune garde à la sienne ou alors négligemment en arrière.

    Il commençait à lui faire mal à lui tenir le bras comme un étau. Elle secoua un peu le bras, pour favoriser la circulation, et il la lâcha enfin. Sa tête dodelina un peu, elle se malaxa le bras d'une main légèrement tremblante. Elle tremblait à cause de l'adrénaline, mais ça personne n'aurait pu le deviner. La jeune fille balaya la scène d'un œil alerte. Il espérait peut-être qu'elle allait sagement s'allonger et faire ce qu'il demandait ? Quel idiot. Zinovie le fixait toujours, cependant cette fois, elle ne riait plus.

    - Donne moi mes ciseaux. Ils ne sont pas à toi. S'il te plait. Dit-elle en tendant une main grisâtre marbrée de violet. La poigne du garde avait coupé sa circulation. Ses doigts tremblaient faiblement. Cependant, malgré qu'elle devait savoir être plus faible physiquement que Nikolaos, elle soutenait toujours son regard, et gardait une posture de défense, typique dans un combat à venir. Ce qui pouvait trahir certaines origines.
    Elle savait pertinemment qu'il n'allait pas lui rendre. Mais il le fallait, ce n'était pas à lui ! Elle commençait à paniquer. Ces ciseaux c'était tout ce qui lui restait. Son seul souvenir. Son seul souvenir à elle.

    - Mes ciseaux. Articula-t-elle. Donne les moi et je pars. Je reste pas là. C'est ce que tu veux non ? Que je partes ? Alors je pars. Mais pas sans eux. Elle commençait à s'agiter. Des légers spasmes parcouraient ses mains.

    - C'est toujours pareil. Vous faites comme si vous voulez m'aider. Mais tu voulais juste m'enfermer comme une folle à l'hôpital. Et l'autre qui m'a touchée alors que j'ai pas voulu. Elle se mit à ricaner. - C'est pour ça que je hais les gardes. L'hôpital, les cachots, la cave. Si c'est pour me jeter t'as qu'a pas me ramasser, tu nous rendras service à tous les deux.

    La jeune fille montrait des difficultés apparentes à rester calme. Elle respirait de plus en plus vite, et les signes évocateurs d'une crise d'angoisse se manifestaient de plus en plus. Une crise d'angoisse ? Ou était-ce plus que ça ?
    Zinovie avait les larmes aux yeux, le regard oscillant entre désespoir et colère. Les spasmes dans ses mains étaient de plus en plus visibles et elle se les massait avec vivacité comme pour les calmer. Elle se mit à marmonner quelques phrases, et on aurait pu comprendre le terme "Père", parmi certains mots intelligibles prononcés dans le flot de paroles incompréhensibles qu'elle psalmodiait.

    - Maintenant redonne-moi mon trésor et je me taille. Je veux plus être ici.

    Elle leva les yeux en reniflant et les planta dans le regard vert de Nikolaos.

    - Surtout pas avec un loup dans la bergerie Asséna-t-elle d'une voix d'outre-tombe.

    Il était trop tard à présent. Trop tard pour la raisonner. La réconforter. La menacer. Zinovie était partie trop loin dans sa psychose. Joli Cœur n'allait pas l'enfermer ici. Pas ici. Ses mains la picotaient. Mh. Ici, deux devraient suffire. Alors, avant que Niko n'ait pu dire quoique ce soit, elle se leva doucement, un air de dépit sur le visage. Elle écarta légèrement les bras et ses doigts se tordirent d'une manière qui avait l'air douloureuse, en émettant plusieurs craquement à la suite.

    - Désolée.

    C'est à ces mots qu'ils apparurent. Ils ? Elles ? Il y eut d'abord cette espèce de brouillard noir, sortant de Zinovie, se formant peu à peu en silhouettes. Et quelles silhouettes...Totalement noires, dépassant de deux têtes Nikolaos, décharnées, leurs yeux rouges luisaient dans la pénombre de l'infirmerie. Une gueule béante, aux dents acérées, anormalement longues. Les créatures humanoïdes possédaient une chevelure également noire, retombant sur le sol, s'entremêlant entre les barreaux du lit et dessous les meubles, attrapant au passage de force les ciseaux de l'adolescente dans ce chaos silencieux. Car il n'y avait aucun bruit. Les "monstres" n'émettaient aucun son. Et ils n'en firent aucun quand leur chevelure fondit sur le jeune garde, s'enroulant autour de ses chevilles à la vitesse d'un serpent.

    Zinovie, quant à elle, était partie en courant.
    Hé, p'tite, ils sont où tes parents ? Niko_x10
    Nikolaos LehnsherrLa Garde
    Nikolaos Lehnsherr
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Mer 10 Aoû 2022 - 19:48 #
    C’est quoi cette fixette sur ses ciseaux ? Faut pas que je la laisse les reprendre. C’est qu’une gosse. Même si je me suis emporté, même si je lui ai fait du mal, même si elle m’a fait sortir de mes gonds, je suis persuadé au fond de moi que je peux encore la sortir de là. Alors, bien que mes yeux expriment d’autres sentiments, qui sont sûrement plus en adéquation avec ce qu’elle a dit avant de s’enfuir, je reste d’abord pantois. Elle a filé, comme ça. Avec sa putain de paire de ciseaux et en me laissant deux abominations sur les bras. Ça va faire beaucoup de paperasses à remplir tout ça. Je pense que je ne vais plus être autorisé à m’éloigner des autres gardes pendant au moins une lune entière. Enfin, si je réussis à sortir vivant du piège dans lequel elle m’a enfermé.

    Les deux ombres ont grandi et elles sont terrifiantes. Je le disais au début de ma mission, y’a pas beaucoup de choses qui me font peur, mais ces trucs-là ont réussi à se hisser dans mon top trois d’un seul regard. Comment de telles choses ont pu sortir d’une adolescente ? Est-ce que c’est une manifestation de son don ? Beaucoup de questions, peu de réponses. Et puis, ce n'est pas en les fixant que je vais les trouver, les réponses. Surtout que l’une des ombres commence à s’approcher de moi et s’apprête à me frapper.

    Je me mets en garde, j’esquive puis je baisse à temps la tête pour éviter un projectile. Hé, moi aussi je sais en lancer. J’attrape la chaise sur laquelle j’étais assis, quelques instants plus tôt, et je la lance vers la deuxième ombre. La chaise la heurte de plein fouet et le monstre disparaît. Forcément, le deuxième en profite pour me frapper et, comme je ne l'ai pas vu venir, je me prends une sacré droite dans la mâchoire. C’est que cette chose a de la force, pour un truc brumeux qui ne supporte pas de recevoir des chaises dans la tronche. Je frotte ma joue un court instant, avant de me décider à attraper un autre objet au hasard dans la pièce, quand ce véritable cauchemar disparaît d’un coup d’un seul.

    Bizarre, je l’ai pas touché celui-là pourtant.

    Pas le temps de plus y réfléchir, y’a une fillette foldingue en liberté dans la caserne. Même si je ne doute pas qu’elle se sera tout de suite dirigée vers la sortie. Je m’élance hors de l’infirmerie, suivant les seules traces de pas dans les environs, sur ce sol qui est un mélange de terre et de sable puisque nous ne sommes pas loin des terrains d’entraînement. Je l’aperçois enfin, à plus d’une dizaine de mètres du bâtiment où nous étions. Elle court vite, mais moi aussi. J’accélère autant que possible, esquivant plusieurs obstacles qui se dressent sur ma route comme des portes-armes ou ce genre de trucs. Sérieux, qui n’a pas fait son travail et a oublié de ranger le matériel d’entraînement ?

    - Zinovie ! Zino, reviens ! On va s’expliquer !

    Parce qu’après avoir été pris d’un accès de rage et m’être battu contre des entités maléfiques, j’ai les idées qui se sont un peu remis à leur place et je me souviens de ce que je voulais faire en premier avec elle. La protéger et l’aider.

    Je la vois qui grimpe sur les balustrades, qui enjambe les barrières, qui s’accroche à tout ce qu’elle peut pour aller plus vite et me distancer. Pas de chance pour elle, je commence à connaître cette caserne et ses alentours. Alors je la suis, sans trop me faire distancer. Jusqu’à ce qu’elle prenne un embranchement que je ne connais pas et que je sois forcé de ralentir l’allure.

    Merde. Je crois que j’ai perdu sa trace. Je m’accroupis, je scrute le sol, je lève le nez vers le ciel mais je ne vois rien. Est-ce qu’elle est toujours là ou est-ce qu’elle a aussi la faculté de se téléporter ? Ce sont tout autant de questions que je me pose en scrutant les environs. J’avance vers là où je pense qu’elle est allée, ce qui me paraît le plus probable. J’essaie même de l’appeler. On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.

    Puis, comme je suis un peu sans ressource, je tends l’oreille pour écouter tout ce qu’il y a autour de moi. Peut-être qu’elle est là, en train de marmonner quelque chose comme la première fois que je l’ai vue. Peut-être que ça me permettra de la retrouver. Je l’ai laissée dans quel état déjà, Orianna ? Je ferais peut-être mieux de faire demi-tour et de ne pas me mettre plus que ça dans la panade, même si j’y suis déjà plongé jusqu’au cou. À deux doigts de se noyer dans une soupe, le Niko, mais tout va bien, hein ?

    - Zino, si tu m’entends… J’m’excuse. J’voulais pas t’faire de mal et Orianna non plus. On voulait vraiment, sincèrement, t’aider. Pas t’enfermer, ni t’interner où que ce soit. Tu mérites pas d’être toute seule, là dehors, Zino. Tu mérites plus. J’en suis sûre. Puis tes monstres, joli coup.

    Je lève un sourcil et le nez en l’air, pour essayer d’entendre quelque chose en retour, avant de commencer à faire demi-tour, lentement, au cas où elle se ravise au dernier moment et qu’elle est toujours là.
    Zinovie MallarméCitoyenne
    Zinovie Mallarmé
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
    Mer 10 Aoû 2022 - 23:19 #
    TW RP maladie mentale

    Elle riait, elle riait, elle riait. Tout son être vibrait, les voix hurlait dans sa boîte crânienne, elle ne comprenait pas même la moitié de ce qu'elles pouvaient bien dire. Ses mains fines tremblaient dangereusement, et l'envie irresponsable de faire jaillir un troisième cauchemar pour faire rompre la digue de sa psyché malade la démangeait, la torturait, l'obsédait même. Elle allait, à l'instinct dans l'obscurité, tel un animal blessé chassé par ses assaillant, les murs froids de la caserne défilant si vite, tordus par la réalité alternative que commençait de créer Zinovie. Elle se retenait d'éclater de rire, mais la crise psychogène n'était plus très loin et elle fut bientôt assaillie d'une peur panique inexplicable, lui mordant le ventre et la forçant à aller encore plus vite. Persuadée qu'elle était à présent poursuivie par plusieurs infirmiers, et surtout des entités sombres aux orbites vides, elle transpirait abondamment du front, les gouttes salées du transpiration tombaient une à une dans ses yeux exorbités et lui brouillaient la vue. Il fallait qu'elle s'échappe. Sinon ils allait l'attraper et ils allaient la découper. ils allaient l'ouvrir et regarder dans son ventre. Ils allaient faire ça oui. Ces ciseaux contre son abdomen, elle arriva dans ce qui devait être une grande cour, le sol est poussiéreux, elle se mit alors à donner de grands coups de pied dedans pour effacer ses traces. Ceux sans yeux ne pourront pas la trouver comme ça. Oui, c'était mieux ainsi.

    Elle continua sa course effrénée et dans sa tourmente, aperçu les toits. Poussée par une force inconnue, elle entreprit alors de s'approcher des bâtiments où elle pourrait éventuellement y accéder facilement. Comme un chat, un petit chat noir. Car elle avait les cheveux noirs. La jeune fille se secoua les cheveux d'une main frénétique, comme pour vérifier qu'ils étaient encore là. C'est là qu'elle l'entendit. Une voix, mais pas une de celles du son cerveau. Ou peut-être que si ? Elle voulait s'expliquer avec elle. Expliquer ? Expliquer. Elle eut une bouffée d'angoisse qui l'envahit. Non, c'était Rodolf. Il l'avait retrouvée. Il allait la punir. Il avait pas le droit, Père ne lui aurait jamais donné la permission.

    -  LAISSE-MOI RODOLF ! J'AI RIEN FAIT ! Hurla-t-elle en se retournant, échevelée, d'une voix déchirante, désespérée.

    Ses cheveux flottaient dans la brise nocturne, la lune se reflétait sur sa tête au carré noir. Sa robe voletait doucement, et était étrangement en décalage avec le rythme saccadé des jambes fines de la jeune fille. De loin, elle semblait se faire engloutir par le décor de la caserne et de son environnement de nuit.  

    Elle accéléra de plus belle, manquant de tomber plus d'une fois tant ses jambes flageolaient. Elle constata avec horreur que Rodolf n'était plus très loin d'elle. Cependant, il était bizarre, c'était Rodolf mais ce n'était pas lui. Or, qui à part le bras droit de Père pourrait la courser ainsi ? Une voix jeune, rassurante revint en mémoire difficilement dans l'esprit embué de l'adolescente. Un regard vert. Un visage en colère. Une migraine affreuse commençait à prendre en étau l'arrière de sa tête, et le brouhaha constant des voix ne faisait que désorienter la jeune fille.

    "ILS ARRIVENT OH EH attention ilyaunemarchepeut-êtrequedemainçairamieux Père avait raison MAIS TOUT EST ROUGE TOUT EST ROUGE TOUT EST ROUGE Ils n'ont pas d'yeux c'est quand même effrayant ilfaitnuitilfaitnuitilfaitnuit on m'a demandé de parler de l'extraction de la future illusion comme si c'était une mince affaire PLUSJAMAISJETEDISPLUSJAMAIS j'entends plus rien ahahahahahaha Non mais tu sais ça arrive pas qu'aux autres DERRIERE NOUS IL Y A - Ah mince oui non je sais plus LES YEUX LES YEUX LES YEUX"

    - TAISEZ-VOUS S'IL VOUS PLAIT TAISEZ-VOUS ! Implora Zinovie en escaladant échelles et parapets avec une agilité redoutable mais dangereuse dans son état actuel. Elle se tapait de temps à autre les tempes, manquant sans s'en rendre compte de tomber du haut de son perchoir, qui commençait à faire haut. Elle n'avait pas remarqué que la seule personne qui la suivait n'était en fait que Nikolaos qui essayait en vain d'attirer son attention. Avec sa vision nocturne développée, elle remarqua une embouchure qui lui semblait prometteuse, à elle et à ceux dans son occipital. Alors elle s'y glissa et se retrouva dans une sorte d'escalier en colimassion, très étroit, à moitié effondré (ou l'était-il ?) aux pierres glissantes, recouvert de ce qui apparaissait être du lierre.  S'agrippant aux lianes de la plante qui étaient fermement accrochées aux mur et se mit à monter les marches, péniblement. Elle se mit alors à chantonner un texte qu'elle avait appris avec Père, un de ses textes préférés :


    - Quand la pluie étalant ses immenses traînées
     D'une vaste prison imite les barreaux,
     Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
     Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux...


    Elle arriva enfin sur les toits. Mais à quel prix ? Tremblante, les mains prises de tétanie et toujours en pleine dissociation, l'adolescente tomba à genou, heurtant sa peau diaphane contre les tuiles tranchantes de la caserne. Elle crut entendre des pas non loin d'elle. C'était eux. Ils allaient réussir à l'avoir. Elle avait perdu. Elle allait mourir. Zinovie se mit à pleurer. Des vagues souvenirs d'une enfance dont elle ne souhaitait pas se rappeler vinrent flotter dans sa petite tête malade.

    - Pardon. Pardon. Murmura-t-elle en s'affaissant, toujours en position assise, les genoux écartés, les jambes repliées d'une part et d'autre, donnant l'impression qu'elle n'était plus qu'une poupée désarticulée.

    Puis, elle l'entendit. La voix. La voix aux yeux verts. Qui était-ce déjà ? Ah oui. Oui, c'était ça. C'était lui. Elle prononça doucement son nom, en se laissant aller dans les méandres d'un sommeil agité.
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    Re: Hé, p'tite, ils sont où tes parents ?
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