Ruines et histoire

Ft. Sileas Endalar

Ce qui est dommage avec les ruines, c’est que bien des gens ne leur porte pas attention. Pour la plupart, les ruines ne sont que d’ancien bâtiment, des tas de pierres ne servant plus à rien. Pourtant, pour moi, ces maisons, ces puits, ces villages abandonnés, oubliés par Aryon sont une source d’histoire. Entre ces murs détruits, se cachent des secrets que seuls ceux assez attentif peuvent découvrir. Je suppose que sur ce sujet, je suis comme mon père et ses peintures. S’il voit la passion de peintre dans chaque trait de pinceau sur la toile, je vois dans les ruines des histoires que ne souhaite qu’être découvertes et raconter. Des tragédies pouvant être étudié et enseigner pour empêcher que ces mêmes tragédies ne se reproduisent.

Entendant la présence de ruine dans la forêt, je dus me préparer en vitesse. La distance entre l’archipel et les bois est considérable et si je veux être la première, ou du moins, l’une des premières, à investiguer les lieux, je dois partir dès maintenant. L’une des servantes prépare mon sac de voyage tandis que je m’habille. Terminant de lacer mes bottes, j’aperçois mon père entrer.

« Alors tu es déjà prête à partir… »

Son visage avait un air inquiet. Ce n’était pourtant pas la première fois que je voyageais pour retrouver des fragments d’histoire de notre royaume. Peut-être était-il inquiet au sujet des grondements.

« Ne t’inquiète pas, je vais emmener Mila et Aeri avec moi. Je crois que changer d’air leur ferait du bien. »

Leurs têtes se levèrent en entendant leur nom. Mes deux chiennes avaient l’habitude de se promener à l’archipel, mais changer de paysage ne serait pas une mauvaise idée.

« Elles sont très loyales et très bien dressées. Je suis sûre qu’elles te protégeront. Mais entre te protéger contre un malfrat ou d'une créature… Je crois qu’une protection supplémentaire ne serait pas de trop. »

Mais ! Je ne suis plus une enfant. Je sais me défendre. Néanmoins, je comprenais son point. Les rumeurs ne mentionnaient en rien quel genre de créature pouvait se cacher dans la forêt. De plus, je me sentirais mal si Mila ou Aeri devait se faire blesser gravement.

« Alors, je suppose que tu as déjà engagé quelqu’un ? »

« J’ai possiblement trouvé quelqu’un. »

Je roulai des yeux. Évidemment. Il avait déjà trouvé quelqu’un. Il avait sûrement commencé à me chercher une escorte dès qu’il avait entendu parler des ruines. Il resta avec moi encore un peu jusqu’à ce que la servante revienne avec mon sac. Prête à quitter le manoir, j’enlaçai mon père avant de commencer mon voyage en bateau pour rejoindre le grand port.

Enfin arrivé au village, il était temps de retrouver mon escorte. Avant de partir, mon père m’avait expliqué qu’il avait envoyé une missive à la guilde située dans la ville et que je retrouverais certainement mon escorte là-bas. Il ne restait qu’à espérer qu’une personne avait réellement répondu à l’appel et que celle-ci se trouvait à la guilde. Rare était les fois que je devais venir jusqu’ici et ce n’était pas pour rien. Se déplacer dans ce village était le bordel. Après beaucoup trop de temps que prévu, j’arrivai enfin à me rendre à la guilde pour questionner l’hôte présent.

« Bonjour, je suis Nara, fille de monsieur Dreyer. J’ai pu comprendre qu’il vous a envoyé une missive. Quelqu’un avait-il répondu à l’appel ? »

« Bonjour, oui, nous avons bien reçu sa demande. L’un de nos aventuriers s’est proposé volontaire. C’est l’homme là-bas avec les cheveux blonds, Sileas Endalar. »

« Très bien, merci. »

Je quittai le comptoir pour rejoindre l’aventurier, mes deux chiennes marchant à chacun de mes côtés.

« Aventurier Endalar ? C’est bien vous qui vous êtes proposé volontaire pour m’escorter ? Je suis Nara, enchanté. J’espère que vous êtes prêt à partir dans l’immédiat. »

Ruines et histoire

Ft. Sileas Endalar

Une escorte. Ce n’est pas la fin du monde si quelqu’un doit m’escorter. D’un côté, je suis protégée et de l’autre, l’aventurier se fait payer. Théoriquement, tout le monde devrait, être content. Pourtant, quelque chose m’agace en pensant que mon père croit que j’ai besoin d’une escorte. Même si je suis une femme, je suis capable de me défendre. Un coup de pied bien placé ou un coup de coude au visage est généralement assez pour déstabiliser n’importe qui. Et avec mes chiennes, je n’ai rien à craindre. Néanmoins, en posant les yeux sur celui répondant au nom de Sileas, je me dis que finalement, mon escorte n’est peut-être pas de trop. Il semble fort et expérimenter au combat. Et surtout, il est prêt à partir dans l’immédiat.

« Très bien, je vous appellerais Sileas alors. Voici mes deux compagnons qui nous accompagneront, Mila et Aeri. Elles sont bien dressées et très affectueuses envers moi. Pour ce qui est des étrangers, je vous conseille de ne pas approcher vos mains de trop prêt. »

Avec une canne dans la main, je posai ma main libre sur la tête de Mila pour gratter l’arrière de son oreille. Elle devait être excitée de voyager un peu, tout comme Aeri. Je pouvais entendre leur queue frapper au sol et sentir un courant d’air sur mes jambes. Malheureusement pour elles, elles allaient devoir attendre un peu. Si le blond semblait avoir tout le nécessaire avec lui, son glaive avait besoin d’un peu d’attention. Une fois qu’il est satisfait avec son arme, l’aventure peut enfin commencer.

« Alors, sur les ruines, je n’ai entendu que des rumeurs. Selon ce que j’ai entendu, il y a quelques bâtiments en ruines dans le fond de la grande forêt à quelques heures du village perché. Il pourrait s’agir d’un vieux village et il serait fort possible d’y trouver d’anciens artefacts. »

Même si j’aime voyager, j’avais plus d’une raison de vouloir visiter les ruines moi-même. Je voulais moi-même analyser l’architecture des ruines. Si plusieurs aiment étudier l’histoire au travers de vieux livres poussiéreux, je trouve qu’il y a beaucoup plus de choses à apprendre en se rendant sur place. Il serait une perte d’argent que d’engager des personnes ne pouvant pas apprécier des ruines à leur juste valeur. De plus, je voulais voir s’il y avait des artefacts pouvant être trouvé. Il aurait été extrêmement déplaisant et frustrant de devoir engager des gens ne pouvant pas faire la distinction entre un artefact historique et un objet sans valeur.

« La raison de l’escorte est pour me protéger une fois dans les bois. On dit qu’un grondement peut être entendu lorsque l’on s’approche trop. Je n’ai cependant aucune idée de ce qui peut se trouver dans la forêt. Alors j’espère que vous êtes prêt à tout. »

En même temps… S’il s’était proposé volontaire, il devait sûrement être prêt à devoir affronter des bandits et des créatures nuisibles sur la route.

« Pour ce qui est de la route… Je vous laisse me guider. Je ne me rends pas souvent au Village perché ni à la forêt alors j’espère que vous connaissez bien les bois. »

Ruines et histoire

Ft. Sileas Endalar

Le voyage commence et je peux déjà sentir mon excitation monter à chaque pas. Je sais que le trajet sera long, mais je ne peux pas trop me presser. Contrairement à l’aventurier qui doit être en pleine forme, les longues marches m’épuisent rapidement. Si pour l’instant, je n’ai pas encore besoin du soutien de ma canne, je sais que dans quelques heures, j’en aurais besoin. Pourtant, cela n’affecte pas mon moral. J’ai encore mes deux jambes et je peux marcher. C’est ce qui compte. Néanmoins, cela ne veut pas dire que j’avance avec la même rapidité qu’un escargot. Mes deux amies poilues prennent le devant sans trop s’éloigner tout en reniflant l’air. Peut-être sentaient-elles la trace d’un écureuil ou d’un quelconque petit animal ayant passé dernièrement.

« Oui, j’ai une carte. Elle doit être dans le fond de mon sac par contre. J’avais l’intention que l’on s’arrête au village, alors je ne souhaite pas l’éviter. Pour trouver l’endroit plus précis des ruines, j’avais en tête de retrouver les marchands, ou du moins parler avec les marchands ayant l’habitude de faire le trajet entre le village et les montagnes. »

Il était hors de question que je commence à vider le sac pour la retrouver. Et puis, il n’y avait pas un endroit très précis de marquer. Selon ce que j’avais réussi à avoir comme information, les marchands étaient en route vers le Village perché et quittaient les montagnes. Les ruines étaient donc situées au Nord-Est du village et à quelques heures de celui-ci. Pour en apprendre plus sur la localisation exacte des ruines, il serait donc impératif de s’arrêter au village pour parler avec les marchands. Enfin, s’ils y étaient encore. Sinon, il suffira de questionner les gens du village.

« Pensez-vous que nous pouvons se faire attaquer par des bandits ? Je ne sais pas où vous étiez avant d’arriver dans les environs du grand port. Est-ce que la route pour se rendre a été difficile ? »

Même s’il fallait faire aux créatures dangereuses de la forêt, il ne fallait pas oublier que les chemins pouvaient parfois cacher des criminels. Bien que ce n’était pas quelque chose de très fréquent pour moi, ce n’était pas une situation impossible.

« Si jamais une embuscade devait se produire, j’ai confiance que mes chiennes nous avertissent. »

Peut-être si je pouvais me téléporter d’un endroit à l’autre comme bon me semble, les embuscades sur la route ne serait pas un problème.

« Ce n’est pas ma première expédition. J’ai des vivres pour la route et l’essentiel si nous devons dormir à l’extérieur. Cependant, je préférerais dormir aux villages que nous allons croiser lorsque possible. »

On ne peut pas dire que dormir au sol était quelque chose de confortable. Même avec un sac de couchage et une couverte d’extra pour me tenir au chaud, cela ne bat pas le confort d’un lit. Et puis, éventuellement, s’arrêter à un village sera essentiel pour pouvoir me réapprovisionner. Cela devait aussi être le cas pour Sileas.

« Alors, parlez-moi un peu de vous. Y a-t-il quelque chose d’important à savoir sur votre sujet ? »

Si ma sécurité allait dépendre de l’aventurier, il était important de se faire confiance.

Ruines et histoire

Ft. Sileas Endalar

À en regarder son physique, j’imagine que peu de gens ont vraiment envie de trop s’approcher. La vie d’aventure forge le corps pour survivre à toute éventualité, je suppose. Quant à moi… Je ne suis pas très grande. Du haut de mon grand mètre soixante-cinq, je dois lever ma tête pour croiser son regard. À vrai dire, je dois souvent m’éreinter le cou pour parler aux autres… Si je pouvais trouver un artefact pour me faire grandir, je ne m’en plaindrais pas. Même gagner une dizaine de centimètres ne serait pas une mauvaise chose. Les gens arrêteraient de me sous-estimer. Et peut-être que mon père s’inquiéterait moins à mon sujet. Ce n’était pas comme si j’étais une demoiselle en détresse. Je savais me défendre. De plus, je pouvais compter sur Mila et Aeri.

« Elles ont été entraînées pour me protéger. Il est vrai qu’elles ne pourront pas retrouver une odeur en particulier, surtout que nous n’avons rien à leur faire renifler au préalable. Mais, vous seriez surpris de constater qu’elles sont très bonnes pour ressentir les mauvaises intentions. »

Mes lèvres s’étirèrent en un sourire, mais je n’avais pas beaucoup aimé son commentaire. Leur capacité, à ressentir les mauvaises intentions n’était pas quelque chose d’infaillible, certes. Cependant, j’avais une confiance aveugle envers leurs instincts. Si l’une d’elle n’aimait pas une personne en particulier, alors je m’en méfiais. Si elles ressentaient un danger ou détectaient la présence d’un prédateur, alors je restais sur mes gardes. Leurs sens étaient bien plus aiguisés que les miens, alors je devais dépendre de leur ouïe et de leur odorat.

« Un bon rythme… Si j’en étais capable, je nous téléporterais dans les ruines à l’instant. De longues journées de marche peuvent rapidement me fatiguer. Alors il faudra s’arrêter quelques fois en chemin. »

Si ce n’était pas de cette foutue brûlure, je serais capable de voyager des jours et des jours sans problème. Ce handicap me frustrait tant. Si seulement… Enfin. Ce n’était pas le temps de repenser au passé. Des ruines nous attendaient.

« Alors je m’assurerais de couvrir les dépenses concernant la nourriture. La route sera longue, alors j’espère que je serais d’une compagnie tout aussi agréable que la vôtre. »

Cette fois, mon sourire se fait moins froid et plus sincère. S’entendre n’était pas chose obligatoire, mais il était toujours plus facile d’instaurer un climat de confiance avec quelqu’un dont je m’entendais bien. Et puis selon la tournure des événements, peut-être que je retiendrais son nom pour des prochaines demandes. Pourquoi se casser la tête à trouver des personnes pour m’escorter si je pouvais engager les mêmes personnes ?

« Je ne pourrais pas vous dire beaucoup de choses. Mon expertise se trouve dans l’histoire du royaume et dans l’étude d’artefact divers. Le combat n’est pas ma spécialité, alors je tâcherais de ne pas être dans votre chemin, mais je ne suis pas sans défense pour autant. Autre que mes chiennes, j’ai une arme sur moi. »

À ses yeux, je devais sûrement être comme d’autre noble ne sachant rien faire et profitant de leur journée pour boire du thé tout en propageant des rumeurs. Mais que pouvais-je lui dire de plus ? Je n’avais pas plus d’information au sujet de notre destination et rien à mon sujet méritait d’être dévoilé. Je ne retenais aucune information primordiale à la réussite de cette aventure. Qu’il connaisse mon âge, mon pouvoir ou quoi que ce soit d’autre n’était pas une nécessité.

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Ft. Sileas Endalar

La présence de Sileas n’est pas désagréable, et même que j’ai l’impression que les heures s’écoulent plus rapidement. Assez rapidement, on quitte les alentours de la ville que je connais trop bien avant de suivre un chemin m’étant moins connu. Les premières heures de voyage se passent bien, pouvoir voyager sans encombre est très agréable, mais rapidement la fatigue se fait sentir. Quelques pauses s’imposent lors du trajet avant de continuer sur les routes plutôt calmes. Ça me surprend d’ailleurs. J’aurais pensé que les routes étaient plus occupées. Je sais que beaucoup de marchands du grand port utilise les voies maritimes, mais je m’attendais à voir plus de marchands sur les voies terrestres.

D’un pas ni trop rapide, ni trop lent la journée continue et le soleil se couche et il n’y a aucun village en vue. Avec l’heure qui se fait de plus en plus tardive, on croise de moins en moins de gens sur la route. Je ne suis pas certaine si nous avons beaucoup avancée en cette première journée, mais il faut dire l’idée de dormir dans une tente dès la première journée était plutôt déplaisant.

« Si ce n’est qu’une heure ou deux, je peux continuer. Je préfère largement dormir dans un lit et dans un lieu sûr. »

La sécurité avant tout. La journée a si bien commencé, je refuse qu’elle termine mal. Alors d’un pas un peu plus lent, je continue de suivre l’aventurier. Je m’appuie de plus en plus sur ma canne pour m’aider à marcher et mes chiennes sont plus près de moi maintenant que le chemin est moins éclairé. Au bout d’une heures et une poignée de minutes, je vois enfin le village. Il était temps. Même si j’avais des bottillons confortables expressément fait pour de longs voyages, j’avais mal aux pieds. Après un bon repas, j’irais directement au lit. Il ne faut pas beaucoup de temps avant que mes jambes trainent le reste de mon corps jusqu’à l’auberge. Celle-ci est loin du luxe dont je suis habituée, mais c’est déjà mieux que dormir dehors.

« Bonsoir, bienvenu à l’auberge des Bois Dorés. »
« Bonsoir. Deux chambres s’il vous plaît. »

Après avoir vérifié ses papiers, l’hôte nous offrit les clés et nous indiqua la salle à manger. Celle-ci était heureusement encore ouverte. Sans perdre trop de temps, j’informai Sileas que je voulais déposer mes bagages avant de manger. Regardant les escaliers, je soupirai. Je n’aurais pas refusé une chambre au rez-de-chaussée.

Une fois mon sac dans la chambre, il était temps de manger. Il aurait presque été tentant de simplement se laisser glisser jusqu’en bas des escaliers, mais je poussai cette idée dans le fond de mon esprit avant de retourner dans la salle à manger et prendre place avec Sileas.

« J’espère que les prochains jours seront tout aussi calme. »

Peut-être aimait-il les journées plus mouvementées, mais il n’y avait rien de mal aux missions plus calme et simple. Après un moment, l’aubergiste vint nous voir pour prendre notre commande. Je commandai le repas du jour ainsi que des morceaux de viande pour Mila et Aeri. Après une telle journée, elles apprécieraient sûrement de la nourriture différente que celle que j’avais emmenée. Une fois le tout commandé, l’aubergiste retourna à la cuisine. Les chefs étaient plutôt rapides, car au bout d’une dizaine de minutes, nos repas arrivèrent.

« Bon appétit. »

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Ft. Sileas Endalar

Les paroles de l’aventurier sont rassurantes. Je n’étais pas particulièrement stressée au sujet de ce voyage, mais avoir la protection et la confirmation qu’il serait possible de dormir dans une auberge à chaque soir était plaisant. Néanmoins, cela voulait dire que j’avais maintenant une tente, un sac de couchage et un oreiller en trop. C’est toujours bien d’emmener plus que nécessaire, mais présentement ce bagage ne m’aidait pas. Au contraire, ce poids supplémentaire nous ralentissait. Nous avions pris plusieurs pauses durant le trajet pour boire et manger, mais aussi pour simplement se reposer. Peut-être que demain matin, je pourrais demander de livrer mon équipement d’extra au manoir.

« Très bien. Alors, nous ferons attention. »

Les plats arrivèrent et ce n’est qu’une fois l’assiette devant moi que je réalisai à quel point j’avais faim. Durant la journée, je n’avais pas particulièrement ressenti ma faim, mais après une bouché de poisson mon ventre en réclamait plus. Le riz à la lime et coriandre était rafraîchissant et la salade juste assez vinaigrer. À mes pieds, mes compagnons étaient très satisfaits de leur viande et en jetant un coup d’œil vers l’assiette de Sileas, je pouvais assumer qu’il aimait tout autant son plat. La cuisine était différente du manoir, mais elle était tout aussi succulente. Comme dirait notre chef principal, le plus important est de ne pas gaspiller et de préparer chaque repas avec amour. La présentation de l’assiette laissait à désirer et on était loin de la vaisselle luxueuse dont j’avais l’habitude, mais en une seule bouchée, on pouvait goûter l’amour et la passion du chef.

La proposition soudaine du blond me surprit, mais elle n’était pas impertinente. Ce qui était particulièrement lourd présentement était l’équipement qui avait été préparé en cas où nous devions dormir dehors. Mes quelques outils, vivres, vêtements et cartes n’était pas ce qui pesait le plus. Et en même temps, il serait très inconcevable de laisser en possession de Sileas mes sous-vêtements…

« Un sac sans fond. Non seulement, on peut y ranger une quantité phénoménale d’objet, mais le poids du sac ne change pas, n’est-ce pas. »

Malgré la fortune de mon père et la mienne, il ne m’était encore jamais venu à l'esprit d’acquérir un tel objet. Pourtant, il s’agissait d’un objet si commun. Peut-être presque trop commun. Peut-être était-ce pour cette raison que je n’avais pas pensé à acheter un tel sac. Après cette excursion, je me dresserais une liste d’objets à acheter. Commençant par un sac sans fond.

« Je ne refuserais pas une telle offre. Demain, avant de partir, nous pourrons réarranger les bagages. »

Ne pas être capable de profiter d’un lit à chaque nuit n’était pas une idée que j’appréciais beaucoup et je comprenais la logique derrière ses mots. Il était plus avantageux d’accepter son offre. Et puis s’il avait la mauvaise idée de voler mes choses… Eh bien, ce serait bien idiot. Non seulement, je connaissais son nom, mais cela salirait la réputation de la guilde.

« Sur ce, puisqu’une longue journée nous attend demain, je vais me retirer en premier. »

De ma bourse, je sortis les cristaux nécessaires pour payer les repas puis retournai à ma chambre. Il n’était pas très tard, mais il était suffisamment tard. Et pour être en forme, plusieurs heures de repos étaient nécessaires. Après m’être changé et m’être glissé dans le lit avec Mila à mes pieds et Aeri au sol, il ne fallut que quelques courtes minutes pour que je m’endorme.

Avec un grognement, j’ouvris mes yeux. Le soleil était de retour tout comme mon mal de pied. Il faudra plus qu’une nuit pour me débarrasser de ce mal, mais c’était endurable. C’était tentant de rester encore au lit, mais après avoir tourné quelques fois, je réalisai qu’il était impossible de retrouver le sommeil. Sans perdre plus de temps, je me changeai puis retournai à la salle à manger avec mon sac. À cette heure, plusieurs dormaient encore alors je profitai du calme pour siroter un café.

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Ft. Sileas Endalar

Je n’étais pas certaine si mon escorte se levait tôt ou non, mais je fus agréablement surprise de le voir dans la salle à manger si tôt. Plus nous quittions tôt, plus nous pouvions arriver tôt dans un village et se reposer.

« Une fois que je suis réveillée, je n’arrive pas à me rendormir alors je préférais profiter du calme et d’un café pour bien commencer la journée. »

Maintenant, qu’il était présent, le déjeuner pouvait commencer. Une longue journée de marche nous attendait et il était important de prendre des forces avec un bon déjeuner. Et comme le dicton le dit, le repas le plus important de la journée est le déjeuner. Lorsque quelqu’un vient prendre la commande, je commande un grand déjeuner et quelques minutes plus tard, une assiette avec une omelette, des patates et des saucisses est déposée devant moi. Dans un panier, des rôties chaudes et des confitures sont déposées. Lentement, mais sûrement, je mange mon déjeuner essayant de vider mon assiette. Ce que je n’arrive pas à avaler est donné à mes amies poilues.

« Vous pensez qu’il va pleuvoir dans les prochains jours ? »

Les derniers jours à l’archipel, le ciel était clair de nuage. Le soleil avait brillé de toute sa splendeur et la température fut plutôt agréable. Ni trop chaude ni trop froide. La température parfaite. Un peu de pluie n’était certainement pas ce qui allait m’empêcher de me rendre aux ruines, mais j’aurais bien aimé rester sec durant le voyage. Toutefois, ce n’était pas un mal. S’il pleut durant la fouille, alors je pourrais compter sur mon don pour me protéger.

Une fois le repas terminé, c’est le temps de reprendre la route. Je donne à Sileas mon excès de bagage et je soupir de soulagement en glissant mon sac sur mes épaules. Il était bien moins lourd maintenant. Il semblait presque léger. Il me fallait définitivement un sac sans fond. Le voyage est calme et aucun problème ne survient, même lorsque nous sommes sur les chemins moins sécuritaires. Nous arrivons même à atteindre chaque village à temps et quelques fois, nous avons même la chance d’arriver un peu plus tôt pour se reposer. La compagnie de l’aventurier est agréable et aucun nuage de pluie ne couvre le ciel pendant les prochains jours. Nous arrivons à garder un rythme assez rapide sans que celui-ci ne soit trop difficile à suivre pour moi.

Après plusieurs jours, nous arrivons enfin au Village perché. Même si ce n’est pas la première fois que je visite l’endroit, il est toujours impressionnant de voir l’architecture des lieux. Bien que le système de pont et de tyrolienne soit assez compliqué, je ne me lasse jamais d’étudier le village. Il n’y a pas que les bâtiments et les ponts qui sont intéressants, mais leur grande bibliothèque et le grand atelier.

« Commençons par trouver un endroit pour rester, ensuite nous pourrons demander plus d’informations aux marchands. »

Il était encore tôt, mais je préférais prendre cette journée pour m’informer des dernières nouvelles du village et des ruines. Nous pourrons commencer la fouille demain. Jusqu’à présent, aucune pluie n’avait tombé et en observant le ciel, on pouvait en conclure qu’aucune pluie ne tomberait pour les prochaines heures.

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Ft. Sileas Endalar

Durant les expéditions, on ne peut pas être trop difficile. Lorsque l’on croise les villages, généralement, il n’y a pas beaucoup de choix d’auberge. Ce n’est pas très surprenant. Maintenant, que nous sommes arrivés au Village Perché, c’est différent. Nous avons la luxure de choisir un endroit où les lits sont confortables. Considérant que la fouille pourrait prendre quelques jours, ça ne ferait pas de mal à choisir un endroit d’une qualité supérieure.

« Alors, je vous suis. »

Il y a plusieurs ponts à traverser et à quelques reprises, je jette un coup d’œil au sol. Même sans avoir le vertige, il faut admettre que nous sommes à une bonne distance du sol. C’est assez impressionnant de se dire que des gens ont créer des maisons et des bâtiments de toutes sortes dans les arbres. Il ne s’agit pas seulement d’une petite cabane que les enfants demandent à leur parent, mais un village entier qui prospère depuis des années. Après avoir traversé un énième pont, mon regard se pose sur un tronc d’arbre particulièrement large. Pour que l’arbre atteigne une telle grandeur, celui-ci doit avoir au moins un siècle. L’intérieur ne m’impressionne pas, mais le décor est accueillant et après m’être assurer avec l’hôte de la disponibilité des chambres et leurs prix, je tends les cristaux nécessaires contre nos clés.

« Oui, installons-nous ici. Nous pourrons déposer nos bagages et se promener dans le village de façon plus légère. »

Il est vrai que la bibliothèque m’intéresse, mais retrouverais-je les informations nécessaires ? Peut-être que nous pourrions trouver une carte plus précise des alentours et peut-être même des indices au sujet des ruines. En même temps, j’ai l’impression que nous pourrions récolter des informations très intéressantes et un peu plus à jour si nous parlons avec les marchands. Mais… Peut-être que nous n’avons pas à choisir. Le village est sécuritaire, il y a des gardes patrouillant les chemins. Ai-je vraiment besoin d’un garde du corps ? De plus, je peux compter sur mes chiennes au besoin.

« Je crois que nous pouvons nous séparer pour trouver plus d’information. Je pourrais faire un tour à la bibliothèque tandis que vous discutez avec les marchands. Ensuite, nous pouvons nous rejoindre ici à l’heure du repas ? »

Cela nous donnait quelques heures pour trouver des informations. Même si j’aimerais bien lire quelques ouvrages, je ne veux pas perdre mon temps non plus. Pour éviter de prendre trop de temps à la bibliothèque, je suis sûre qu’une bibliothécaire serait en mesure de m’aider. S’il n’y a rien de pertinent, je me rendrai tout simplement au marché. Très bien, ça me semble un plan satisfaisant. À moins que Sileas ne s’y oppose, nous pourrons faire un tour rapide pour déposer nos choses dans les chambres avant de se séparer.

« Ce qui serait le plus pertinent à avoir serait un endroit plus exact et ce qui cause le grondement. »

Selon mes sources, les ruines étaient habitées par une créature. En espérant que celle-ci ne soit pas trop problématique.

Ruines et histoire

Ft. Sileas Endalar

Je garde son avertissement à l'esprit. Je n'ai pas particulièrement peur, mais il n'y a rien de mal à être prudent. Je garde un œil sur mes affaires, ne voulant pas qu'un voleur s'empare de mon sac, puis quitte l’auberge. Je ne regrette pas l’idée de se séparer, après tout, nos chemins se séparent pour mieux chercher les informations nécessaires. Malheureusement, je prends quelques mauvais tournants et je n’ai aucune idée d’où je suis. Ah bordel. Dès que je réalise que je ne sais pas où je suis, je n’essaie pas de faire demi-tour. Essayer de retrouver mon chemin ne ferait que me désorienter davantage, alors je préfère aborder quelqu’un pouvant m’indiquer le chemin.

Au-dessus d’une porte en bois sombre joliment taillé, une pancarte est pendue et on peut y lire Taverne du Héron. Une douce musique s’échappe de l’établissement et au travers des vitres des portes je peux voir plusieurs clients. Je n’avais pas l’intention de débuter mes recherches ainsi, mais ayant besoin de directions précises pour me rendre à la bibliothèque, pourquoi ne pas en profiter pour demander aux locaux. La musique est plus forte lorsque j’ouvre les grandes portes et mon regard est attiré par le duo de barde au centre de la taverne. L’homme et la femme étaient talentueux, mais là n’était pas le temps de profiter de la musique.

« Bonjour ma p’tite dame. Que puis-je faire pour vous ? »

« Bonjour. Je me suis perdue en essayant de me rendre à la bibliothèque. »

« Perdue, vous dites ! La bibliothèque est carrément à l’opposé d’ici. »

Génial. Tout à fait génial.

« Je vois. J’avais l’intention de m’y rendre pour en savoir plus sur les environs du village et les ruines ayant été récemment découvertes. En avez-vous entendu parler ? »

« Un peu oui. Quelques marchands se sont perdus en voulant se rendre jusqu’au village. C’est pas la première fois que ça arrive. Après un bout, on porte plus vraiment attention à ces rumeurs. »

J’imagine. Après tout, la forêt est grande, et même sans vouloir se rendre jusqu’ici, il est facile de se perdre dans les bois. Il faut être un habitué de la forêt ou avoir un très bon sens de l’orientation pour arriver à se retrouver.

« Alors, vous n’avez rien entendu de particulier ? »

« Je n’ai pas dit ça. »

Un sourire narquois s’affiche alors sur le visage de l’homme et je soupire. Je vois, il ne veut pas m’informer gratuitement. L’avantage d’être riche est que je n’ai pas besoin de me soucier de la quantité de cristaux que j’ai. Cependant, je n’aime pas dépenser sans réfléchir. La meilleure façon de rester riche est de ne pas dépenser des sommes extravagantes pour rien… Je dis ça et pourtant, j’ai dépensé plus de 500 cristaux clairs pour une foutue peinture… Fouillant dans ma bourse, je sors un cristal sombre que je lui montre sans lui remettre.

« La quantité de cristaux dépendra de ma satisfaction des informations. »

« Très bien. C’était un groupe de marchand. Ils étaient peut-être cinq ou six venant des montagnes. Ils sont arrivés y’a déjà un moment. »

Il continua de parler, m’informant de chose dont j’étais déjà au courant. Une vraie perte de temps. J’aurais dû simplement lui demander mon chemin. Alors que j’étais prête à l’arrêter dans son discours, il fit un commentaire qui attira mon attention.

« Après s’être perdu, qui sait, p’tête qu’ils devraient faire une demande à la guilde pour une escorte. »

Mais quelle idée ! Finalement, oublions la bibliothèque. Je me renseignerais une autre fois. Si ces marchands tenaient à leur sécurité et celle de leur marchandise, ils feraient sûrement une demande à la guilde. Si c’était le cas, alors on pourrait retrouver les marchands et ils pourront nous dire plus facilement par où ils se sont perdus.

« Dernière chose avant de vous remettre votre argent. Comment je me rends à la guilde d’ici ? »

Une fois le chemin indiqué, je lui laisse son paiement et je file jusqu’à l’annexe tâchant cette fois à ne pas me perdre.

Ruines et histoire

Ft. Sileas Endalar

C’était décevant d’apprendre que le tenancier n’avait aucune information utile. Malgré la quantité de clients qu’il avait dans son établissement et la quantité de rumeurs qu’il pouvait entendre la seule chose qui avait d’intéressant à partager fut l’indice de passer à la guilde des aventuriers. J’hésitais à me rendre là-bas, car j’étais bien plus intéressé par la grande bibliothèque. Ne venant pas souvent au village, c’était l’occasion de lire des documents plus rares. Je suivis le chemin que le tenancier m’avait indiqué tout en continuant mon débat intérieurement. Deux fois à gauche, tout droit, puis à droite. La guilde n’était plus bien loin, je pouvais voir l’enseigne accrocher bien haut et bien visible. Tant qu’à être arrivé à l’établissement, me renseigner auprès des hôtes ne ferait pas de mal.

Le résonnement d’une cloche retenti lorsque j’entrai dans l’établissement. Je fus assez surprise de voir une tête blonde familière au comptoir. Sileas. Peut-être que je ne perdais pas mon ici finalement. Peut-être avait-il entendu certaines informations l’ayant emmené jusqu’ici.

« Je ne sais pas si je dois être surprise ou non de te voir ici. »

Soit il avait déjà parlé avec les marchands locaux ou il avait décidé de passer à la guilde en premier. Dans tous les cas, nous nous étions retrouvés avant le temps de rendez-vous.

« Je n’ai pas encore eu la chance de me rendre à la bibliothèque… J’ai pris un mauvais tournant, mais je suppose que le hasard fait bien les choses de temps à autre. »

Peu de temps après m’être rapproché de l’aventurier, une jeune femme revint avec un papier en main. Il lui avait donc déjà parlé et avait acquis des informations. Un aventurier efficace. J’étais moins découragée.

« Voici le nom du client ayant demandé une escorte. Ils logent pour le moment à l’auberge ‘La dame du lac’. Si vous êtes intéressé par leur demande, nous pouvons remplir le formulaire maintenant. Je vois d’ailleurs que votre collègue est là ? »

Croyait-elle que j’étais une aventurière ? Je n’ai pourtant pas de plaque d’identification sur moi visible. Je haussai un sourcil avant de lui répondre.

« Non, je ne suis pas aventurière. Je suis une cliente et il est mon escorte. Je voulais avoir des informations sur les ruines et la créature rodant autour pour m’y rendre. »

Et s’il était intéressé à l’idée d’escorter les marchands, c’était son droit. Cependant, je n’étais pas très intéressée à me rendre là où les marchands résidaient. À moins qu’ils ne résident à l’archipel.

« Pardon. J’ai donné toutes les informations que j’avais, pour en apprendre plus sur l’endroit précis des ruines alors je vous conseille d’aller voir sir Galaad. L’adresse de l’auberge est sur le papier. »

Cette visite n’était pas du tout une perte de temps et j’en étais bien heureuse. Il aurait été irritant d’apprendre que même la guilde n’avait aucune information.

« Puisque nous savons où trouver les marchands, je propose qu’on les retrouve maintenant et qu’on discute avec eux. Ensuite, nous aurons le reste de la soirée pour se reposer et se préparer pour se rendre aux ruines. »