Haru se trouvait au tribunal de la Capitale en cette belle matinée, souriant à cette belle perspective que l’un des bourreaux de sa pupille va enfin obtenir la punition qu’il mérite. Elle aurait pu régler le problème bien différemment. Elle avait les moyens de payer des mercenaires, commanditer l’assassinat de cette famille qui a brutalisé et plus encore la jeune femme qu’elle a recueilli des saisons plus tôt. Le travail d’enquête a été long mais c’était lors d’une balade en ville avec Sekyung que la Ministre obtient enfin le nom de ces hommes. Von Dorn… le père est déjà dans les gêoles de la prison mais il restait encore à démentaler le réseau de prostitution que cette famille gère. Bien entendu, ce n’est pas aujourd’hui que l’affaire sera totalement bouclée mais la fille Du Lys avait réussi à obtenir un mandat d’arrêt contre Alexander Von Dorn. La perquisition a été faite le lendemain après-midi, après que la détective Alween et Haru soient parties de la demeure pour une infiltration réussie. Elles avaient découvert que Sir Alexander profitait de jeunes filles contre leur gré et Sir Violet organisait cette petite sauterie pour calmer les ardeurs de son associé. Sir Violet était l’homme à abattre mais il y avait aussi un troisième homme, Hugues De Frassac, coureur invétéré, une brute certes mais pas le pire des trois. Malheureusement pour faire une parution immédiate au tribunal, cela concerne certains types de crimes voire de délit. L’heure de l’assaut a été dûment choisie pour que la garde arrive au moment opportun. Une escouade est arrivée dans le bureau de Sir Alexander alors qu’il était en compagnie d’une jeune fille d’à peine quatorze ans. Pas besoin de dessin pour comprendre qu’il était en mauvaise posture et les chefs d’accusation ont été prononcés très rapidement.
Tout ça s’est déroulé, il y a quatre jours de cela. Un juge a été nommé et pour des affaires de viols sur mineur qui se tenaient en cercle restreint pour la première partie, la détective était présente, un jury de professionnels allait assister au procès. Il était rare que le procès s’ouvre sur une seconde partie avec la levée de l’huis clos. L’assistance était composée de personnes avec accréditation ou sous serment. Le procès n’était donc pas ouvert au public. Les affaires de ce genre se veulent privées. Au bénéfice du coupable ou de la victime ? Personne ne pourra vraiment le déterminer mais cela permettait à la Première Ministre d’y assister. Ce n’était pas la première fois qu’elle assistait à ce genre d’affaires. La présence du gouvernement prouve que ces crimes les intéressent et Haru voulait que ça s’arrête le plus tôt possible. Elle avait demandé à son ami, Séréna Stelle, de mener à bien l’argumentaire de la partie civile. La ministre ne voulait pas d’un commis d’office pour ce cas et mettre toutes ses chances de son côté. On ne racontera pas un certain passé entre ses deux jeunes femmes mais Maître Stelle avait accepté sans le moindre souci de participer à cette affaire.
Il était encore tôt et la séance n’avait pas commencé. Dans le public, nous pouvons voir des avocats, quelques gardes et des membres de la commission, une certaine ministre. De l’autre côté, le juge Bashere. Là encore, la Dame Du Lys avait joué de ses relations pour obtenir le juge le plus intransigeant pour les viols sur mineure. Il s’est trouvé qu’il était libre ce matin pour qu’il s’occupe de cette affaire. Cet homme était dur et surtout lorsque le rapport de force était important. La jeune fille a été enlevée de sa famille ou la compagnie de mercenaire a fait un marché avec cette famille dans le besoin pour racheter cette jeune fille. L’enquête n'a pas encore abouti et ça serait le sujet d’un autre procès. Donc Sir Alexandre était donc de bonne famille et la fille disparue retrouvée dans les bras de celui-ci, non consentante de la situation. Voici le topo et la ministre se réjouissait que les preuves soient si accablante.
Le greffier demande aux gens de se lever tous lors de l’arrivée du Juge Bashere. Homme d’un certain âge, on pouvait ressentir toute l’expérience de son métier sur les épaules. Sévère, juste, il est plutôt redouté dans le monde judiciaire. A la connaissance de chacun, il n’a jamais été question de corruption pour ce juge. Tant mieux pensa Haru.
D’un geste de la main du juge, l’assistance finit par s’asseoir.
- Alexander Von Dorn, à la barre je vous en prie.
L’accusé accompagné d’un garde se place à l’endroit désigné. Séréna debout, les mains sur la table suit d’un regard sévère toute la scène. L’avocate et Haru avaient préparé le plaidoyer la veille autour d’un thé amical.
- Nous sommes ici pour l’affaire suivante. Viol sur mineure sous parution immédiaite car pris sur les faits. Monsieur Von Dorn, avez-vous des explications à nous proposer ?
C’est la première fois que Tetsuko assistait au jugement d’une personne et cela la mettait dans un état particulier. Elle était à la fois heureuse de voir que son travail allait mener à l’arrêt d’un crime de longue date et détruisant la vie de nombreuses jeunes femmes; et à la fois triste de se retrouver face à la dure réalité de la vie. Ce qu’elle pouvait lire dans les livres allaient se passer devant elle aujourd’hui et c’était un peu comme le sommet de son travail, voir l’impact qu’elle avait eu après ses derniers mois de recherche.
Elle avait vécu des choses difficiles lors de son infiltration, certaines images ne quittaient plus son esprit et elle voulait voir les coupables en prendre plein les dents. Tetsu aimait la justice.
Elle était assise non loin de sa cliente, Haru. La jeune femme était habillée d’une robe noire, elle voulait se faire plutôt discrète et bien habillé pour l’occasion. Le yukata n’était pas la meilleure tenue pour l’évènement. Elle regardait en silence et suivait les mouvements des personnes autour d’elle, ne sachant réellement comment se comporter. Elle espérait ne pas avoir à passer sous la barre en tant que témoin mais cela serait surement inévitable, elle devrait alors se présenter comme femme de ménage et non en tant que détective, cela l’attristait légèrement, cela lui aurait fait une bonne pub, mais ce n’était pas le moment ni même la priorité.
Alexander Von Dorn se tenait sur la première table et se leva pour se placer à la barre. Son visage était impassible, il semblait avoir un regard confiant malgré les nombreuses preuves trouvées. Son avocat se tenait à cette même table, prêt à intervenir.
- " Je devais garder cette enfant, vous pouvez trouver la signature des parents ici me chargeant à sa garde. "
Son avocat se lava et posa quelques documents à la table du juge.
- "La jeune fille m’avait demandé que je galope comme un cheval avec elle sur mes genoux, ce que j’ai exécuté, elle aime beaucoup quand je fais ça. La garde est arrivée à ce moment et à vue cela comme une agression alors que ce n’était qu’un jeu entre elle et moi. "
Tetsuko leva les yeux au ciel, sur Lucy comment pouvait-il raconter des imbécilités pareil.
- "J’ai ici des témoins pouvant attester de mon intégrité avec les enfants."
Il envoya un regard vers des hommes présents au fond de la salle.
Le juge examine les pièces avec le plus grand sérieux lorsqu’il lève un sourcil lors du plaidoyer de l’interrogé. J’étais plus que surprise quand cet Alexander sort de propos si injurieux avec la plus grande aisance. Est-ce ça sa défense ? Ridicule et je me demande bien quelle direction va prendre Séréna dans cette discussion.
Bien entendu, tout le monde tourne la tête vers les dits témoins. Des hommes qui présentent bien sur eux, semblent aussi influents et aussi sûrs d’eux que notre coupable. Le juge ne dit rien mais note mentalement toutes ses informations.
- Pouvez-vous me donner les noms de vos témoins ?
- Bien sûr qu’ils se lèvent.
- Alors, ces témoins ?
Trois hommes se lèvent, des requins, je le sens quand ils traversent le couloir pour aller vers la barre.
- Votre honneur, je suis Alastair Artwood, je certifie que Sir Von Dorn est un homme bon avec les enfants.
-J e vous le confirme également votre honneur, Nicolas Yacoub
- Je n’ai jamais autant d’amour et de patience pour aider les plus jeunes. Sir Von Dorn est un exemple à tous votre honneur. Et je suis Alec Shiraz.
- Greffier, notez bien ces noms s’il vous plaît. Bien entendu, une enquête sera effectuée sur vous pour la moralité de vos propos. Etes-vous conscients ?
- Bien entendu.
Les trois individus semblent tout à fait au courant de leur petit manège, comme si ils étaient certains qu’on ne puisse rien trouver sur eux. Des faux noms ? Séréna tourne la tête vers moi et semble perplexe avec tout ça.
- Votre honneur, avez-vous d’autres questions ?
-Monsieur Von Dorn. Garder une enfant de quatorze ans qui demande de faire du cheval sur vos genoux ? N’est-elle pas grande pour monter directement sur un équidé par elle même sans faire mal à vos jambes ? Je ne doute pas de vos aptitudes physiques. De plus, je crois que vous avez des chevaux dans vos écuries non ?
- Votre honneur, je comprends bien votre raisonnement mais qui suis-je pour refuser la demande de cette pauvre petite. Ma famille a toujours pris à coeur d’aider les miséreux.
- Je n’en doute pas mais le rapport d’intervention montre un autre scène.
- Elle était apeurée quand elle a vu débarquer la garde. Qui n’aurait pas peur de cette garde d’élite prête à tout pour sauver le monde. Il était armé !
- C’est bien le principe de la garde. Porter des armes.
- Oui, je le sais bien.
- Maître Stelle, avez-vous des questions ?
- Oui Votre honneur.
D’une démarche gracieuse, j’admirais la jeune femme qu’elle était devenue. Calme mais aussi téméraire. Elle va en faire qu’une bouchée de ce procès avec en plus les preuves de la détective, il n’y a pas de doutes.
- Monsieur Von Dorn. Vous confirmez donc que la jeune fille voulait, je reprends vos mots, galoper sur mes genoux et qu’elle aime beaucoup ça ? Est-ce exacte ?
- Bien sûr, Maître, tout le monde garde une âme d’enfant.
- Donc vous insinuez qu’elle ne l’est plus et que cette demande ne reflète pas son âge réel ?
- Maître, je n’ai dit ce qu’elle a désiré, vous interprétez les choses à votre façon.
- Donc le fait que la jeune femme a été retrouvé en pleurs dans les bras des gardes, demandant qu’on la ramène le plus rapidement à sa famille, loin de vous. Vous dites toujours que c’est la garde qui lui a fait peur ?
- Lors d’une phase de peur intense, on recherche toujours son foyer, pour elle, ses parents.
- Savez-vous ce que signifie “ non “ Monsieur Von Dorn ?
- Oui, je le sais bien. Pour qui me prenez vous ?
- Un homme qui est peut-être sourd. Nous avons des preuves qu’elle a refusé plusieurs avances. Bien entendu, ce n’était pas la première fois qu’elle avait droit à ce petit manège non ? D’après votre personnel, il est connu que des jeunes femmes se retrouvent seules dans votre bureau.
- Bien entendu, comme je peux les garder si je ne peux pas les avoir près de moi. Je leur fais de la lecture.
- Un homme d’affaires comme vous, vous prenez le temps de faire ça alors que vous avez une armée de domestiques à votre manoir.
- Je prends le temps qu’il faut pour les gens qui ont en besoin.
- Bien sûr. Après la fouille de votre bureau, on a pu obtenir d’autres formulaires de garde d’enfants. Mon équipe a fait quelques recherches. Ces jeunes femmes ont disparu ou se trouvent dans un état lamentable.
- De fausses accusations. Quand elles sont majeures, elles font ce qu’elles veulent.
- Pourquoi des jeunes femmes ? Pas de garçons ? Des préférences peut-être ?
- Non, ce sont les opportunités qui ont été ainsi.
- Comme le fait que ces familles avaient besoin de beaucoup d’argent ?
- Sinon je ne prendrais pas leur fille comme pupille.
- Savez-vous qu’il existe une procédure pour prendre une enfant comme pupille surtout si la demande dépasse les trois lunes de garde.
- Mon juriste ne m’en a jamais parlé.
- Un contrat sous seing privé ne suffit pas pour ce genre de choses mais bon peut-être au bout de la quatrième enfant, vous aurez pu vous renseigner. Surtout qu’une bonne action comme ça devrait être connue de tous non ?
- Ma famille n’est pas comme ça.
- Modeste, je vois.
Séréna montre déjà les premières discordances de ses papiers. C’était notre première attaque, prouvez que cet homme avait prévu quelques feintes mais la loi était avec nous sur ce coup. Le plus gros serait le témoignage de Tetsuko, celle de sa plante. Je ne sais pas comment elle s’était débrouillée avec l’avocate mais j’étais bien curieuse de savoir maintenant…
Il était l’heure de présenter les dernières preuves qui avait été récupérer à l’aide de la plante. Premièrement, les échanges de lettres, quelques une avaient été retrouvées et contenaient des preuves irréfutables sur les intentions de l’accusé. De nombreux propos choquants y étaient écrits par la main de l’accusé. Séréna donna donc ces lettres et demanda de lire à voix hautes les passages soigneusement surligner.
- "Trouves moi de préférence des fillettes de moins de douze ans, ensuite elles ne sont plus aussi fraiche lorsqu’elles ont eu leur première règle….. J’en veux une qui soit brune et moins d’1m30, c’est parfait pour tenir sur mes genoux et pratique toutes sortes d’activités…. Sinon tant pis je ferais avec ce que tu trouves… je recherche aussi des filles avec des pouvoirs particuliers, si tu pouvais m’en trouver une qui peut prédire l’avenir ! J’imagine qu’on n’aura pas autant de chance que la dernière fois mais qui sait… "
Le juge s’arrêta là, n’arrivant pas à lire les autres paragraphes; ceux-ci étaient déjà assez parlant et graves. Mais bien entendu, les preuves ne s’arrêtaient pas là. Il y avait aussi des feuilles contenant des photos prises à l’aide d’un livre mémoire, comme une sorte de catalogue; Celui-ci a été trouvé dans les bureaux de l’accusé et il était adressé en son nom ! Il contenait des photos de fillette avec un descriptif de leur taille, âge, si elles avaient eu leur règle, leur pouvoir, ect. Certaines étaient entourées et on y retrouvait… la petite fille qui était la victime. Aucun doute, il avait choisi cette enfant. C’est avec un certain dégout que Séréna présenta le livre à monsieur le juge. Celui-ci prit quelques minutes pour l’observer en silence et le déposer au-dessus des lettres.
Il ne manquait plus que le témoignage de la plante, normalement les plantes et leur parole ne sont pas admises en tant que preuve; Tetsuko étant la seule à pouvoir comprendre ce que la plante avait à raconter, la détective aurait pu raconter tout ce qui l’arrangeait. C’est pourquoi il avait été décidé de noter tous ces propos par une personne neutre et de vérifier les faits ensuite; les lettres et le carnet qui avait été décrit en détail par Tetsuko montraient sa bonne foi.
Cependant, l’avocate et Tetsuko étaient conscientes que cette preuve serait moins prise au sérieux que les papiers donner avant; mais qui devrait déjà suffire à eux deux pour prouver les méfaits de l’homme. Elle savaient que c’était une chance de pouvoir ajouter ce témoignage.
- "J’appelle donc Tetsuko à la barre, pouvez-vous nous raconter le témoignage que vous avez recueilli de la plante ici présente."
La jeune détective se leva, déposa la plante à ses côtés et prêta serment pour ne dire que la vérité et seulement la vérité.
- "La plante m’a décrit les filles qui défilaient dans la chambre de monsieur Von Dorn. Celles-ci correspondent aux filles entourées dans le livre donné plus tôt. Nous avons donc une petite rousse, âgée de 18 ans, qui est aujourd’hui portée disparue et introuvable, Layla. Nous avons aussi la victime de Von Dorn pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui, quatorze ans. Celle-ci aurait été environ huit fois dans le bureau de monsieur, pour des activités sexuelles et dégradantes, malgré les non retentissant de la jeune fille. Il en est de même pour les deux autres victimes, Ania, onze ans, retrouvé dans un état lamentable, pris en charge dans un centre de soins et Lilas, douze ans, retrouvée dans un état critique et décédée deux jours plus tard dans le centre de soin. Les enfants ont été battu et fouetté…"
Tetsuko avait maintenant du mal à continuer de témoigner, elle avait fini mais avait eu énormément de mal à retenir ses émotions; il y avait en elle beaucoup de rage et de tristesse et ses yeux étaient emplis d’un voile humide.
- "Bien… passons aux questions pour la plante… nous avons un maximum de dix-huit minutes c’est bien cela ?"
- "Oui.. je ne peux discuter plus longtemps avec la plante."
- "Comment pouvez-vous décrire autant les scènes sans avoir des yeux ?"
- "Notre vision est faite à l’aide du sens du toucher, nous récupérons les vibrations de nos feuilles et fleurs afin de vous entendre parler mais aussi pour ce qu’il se passe dans l’environnement, les déplacements, les bruits, les paroles, tout cela m’a permis de décrire les scènes. L’homme aimait beaucoup parler à voix hautes pour décrire ce qu’il fait. "
- "Comment pouvez-vous comprendre le langage humain ?"
- "Et vous, comment avez-vous fait ? Nous les plantes sommes connectés par le mycelium, nous partageons nos connaissances depuis bien plus longtemps que vous les hommes et avons connaissances de vos langues les plus anciennes. "
- "Bien, avez-vous vu entendu des conversions directes dans le bureau de personne au courant de ce qu’il se passait ici ? "
- "Oui, un certain Violet est venu dans le bureau plusieurs fois et discutait des jeunes filles avec Alexander et aussi Hugues…. Je suis désolée monsieur le juge, j’ai perdu ma connexion avec la plante."
- "Bien… passons à la suite. Violet, à la barre. "
Je gardais contenance mais au fur et à mesure des témoignages et des preuves présentées. La nausée commence à se pointer au creux de mon plexus solaire. Ce nœud intense qui me fait dire que Sekyung a vécu l’enfer chez cet homme. Ça ne serait que moi, il partirait pour des travaux forcés au milieu du désert sans aucun procès. Mais la loi était telle que je ne pouvais pas faire ce genre de choses même si l’envie ne manquait pas.
La jeune détective faisait très bien son travail. Elle explique simplement son pouvoir et Séréna essaye de rendre ça le plus crédible possible. Si on pouvait simplement lui faire boire un sérum de vérité à celui-là, le problème serait réglé mais c’était une denrée trop rare pour la gâcher. De ma place, je voyais que Tetsuko allait certainement craqué et l’avocate le perçoit aussitôt et s’approche de la jeune femme. Elle va devoir lui porter tout le réconfort possible de manière discrète. Si je le pouvais, j'aurais essayé d’apaiser son aura mais ce n’était pas encore dans mes cordes. Séréna jouerait donc ce rôle par des regards ou des attentions tactiles. Peut-être qu'elle arrivera à passer outre mais la plante passe donc à la barre. Enfin façon de parler mais celle-ci avait de l’humour mais pas aux yeux de notre célèbre juge mais il passe outre.
- Messire, présentez vous.
Sir Violet, cet homme était certainement le plus fourbe que tous. Il ne touchait certes à rien mais il pouvait aisément tout contrôler de sa place. Quelle défense allait-il choisir? J’étais curieuse mais surtout nerveuse.
- Sir Violet, associé de Sir Von Dorn sur le commerce que nous tenons en commun. Je suis essentiellement l’intendant desdites affaires dans la partie comptable et commerciale.
- Que répondez-vous aux accusations ?
- Les discussions sur les jeunes filles. Ce n’est qu’une plante, monsieur le Juge. Puis, hors contexte, ces paroles ne veulent rien dire.
- Quelles sont donc les paroles exactes avec le contexte alors Sir Violet.
- Tout simplement que j’étais ravi du tutorat que proposait mon associé mais je ne savais rien de plus. Je ne suis pas là pour contrôler toutes les affaires de mes amis. J’ai vu qu’un budget était alloué dans notre entreprise, j’étais curieux. On a donc eu cette discussion sur cette ligne comptable, voilà tout.
- Sir Violet, vous êtes en train de dire que ces filles n’étaient que des lignes pour vous ?
- Maitre Stelle. Bien entendu. Si j’étais au courant de ce qu’il se passait, j’aurai appelé les autorités compétentes. Je ne pouvais croire que mon ami. Après, je n’étais témoin de rien.
- Vous semblez botter en touche Sir Violet. Faire tomber votre associé, ça vous fait rapporter combien pour vous ?
- Maître, Maître, tout n’est pas question de cristaux mais de la vie de jeune fille. Si mal a été fait, il faut réparation mais je trouve vos accusations trop faible. Le personnel de maison pourra vous le confirmer.
- En parlant de personnel de maison, j’appelle Gabrielle Muriset à la barre.
Je n’avais pas fait attention qu’elle se trouvait aussi dans la salle. Elle avait le teint un peu blafard, on pouvait voir qu’elle avait vécu une terrible semaine. Il faudrait que je me renseigne ce qu’elle devient et voir si je pouvais l’aider. Au lieu de ça, je la suis du regard, elle s’avance dans l’allée centrale, ouvre le portique et se place à l’autre barre.
- Madame Muriset, je vous en prie. Présentez vous
- Merci votre honneur. Gabrielle Muriset, j’étais Gouvernante en chef dans le manoir Von Dorn, j’y travaillais depuis dix-sept ans mais mon contrat a pris fin il y a peu.
- C’est à dire ?
- J’ai préféré partir suite aux menaces sur ma famille de Sir Von Dorn. Il a sequestré de nombreuses jeunes filles. Nous, les employés, on ne pouvait rien dire car il menaçait nos familles. J’avais besoin d’argent et si je n’avais pas mon travail, je n’avais plus rien et il m’aurait fait discréditer de la profession. Ce n’est pas facile de trouver un travail convenable. Puis cette jeune détective m’a dit qu’elle pouvait m’aider alors j’ai parlé, j’ai tout avoué car cet homme.. Est un monstre.
Elle pointait du doigt Alexander. Celui-ci devient fou de rage.
- C’est faux, je n’ai jamais fait ça.
- Pourtant nous avons un témoignage de la garde qui montre que son jeune fils avait vu de nombreuses fois sa mère en pleurs et de faire très attention à vous. Puis diverses autres choses. J’ai demandé à d’autres membres du personnel. Plusieurs ont subi de la pression. Vous avez fait ça de manière intelligente mais on peut retenir un abus de faiblesse de votre part. Tous ont mentionné les allers-venues de jeunes filles dans votre bureau. Toutes étaient horrifiées en sortant, certaines ont pu dire à certaines servantes ce qu’elles ont vécu, certaines sont même tombées enceintes. Vous ne pouvez nier tout ça.
- C’est n’importe quoi.
- Bien sûr, toutes les preuves sont contre vous Sir Von Dorn et je pense que Sir Violet va pouvoir témoigner contre vous ? Ne dit-on pas qu’il n’y pas plus de copinage lorsque la mort vous attend ?
- Je répète que je n’étais au courant de rien des activités de Sir Von Dorn. Je refuse d’endosser cette responsabilité, j’étais dans mon bureau. J’aurai pu aussi bien travailler de chez moi.
- Nous ne sommes pas là pour parler de ça. Avez-vu des allers-venues de jeunes filles dans le manoir.
L’associé commence à calculer qu’est-ce qu’il était bon pour lui. Son ami le regardait désespérément. C’était à mourir de rire d’ici. Violet va trahir son ami… et tant mieux.
- Oui votre Honneur. Des jeunes filles venaient dans le manoir.
- VIOLET POURQUOI TU DIS CA.
- Je ne connaissais pas la raison mais oui, je confirme la présence de jeunes filles avec aucun lien de parenté avec Alexander.
- Merci Sir Violet, je pense que nous avons tout. Autre chose à dire Sir Von Dorn ?
Allez Alexander, dis nous tout. J'ai envie de voir le désespoir dans tes yeux.