Enquête sur la créature des souterrains

Maman avant tout

─ avec Fauve & Ramar

Naë?
Zah ?
Ça te dit un petit combat? elle hésita un instant avant de rajouter Ça fait longtemps.
Je sentais au son de sa voix qu’il n’y avait pas que ça, reine de la tromperie, Zahria me laissait entendre qu’elle voulait qu’on se voit pour une raison qui restera inconnue jusqu’à mon acceptation.
Bien sûr, quand es-tu libre?
D’ici trois jours, ça te va ?
Bien sûr.
Naë ?
Oui ?
Ça fait du bien de t’entendre …
Tu m’inquiètes Zah, ça va ? Un rire étouffé traversa le cristal de communication, ce qui me rassura un tant soit peu.
Sois pas bête, oui ça va. A dans trois jours alors, prépares toi,je ne vais pas t’épargner.
Ha ha, ne soyez pas prétentieuse Madame la garde. taquinais-je, préférant ne pas révéler le véritable statue de l'espionne par l'outil de communication.

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Je m’étirais les épaules et essuyais le sang qui coulait de mon arcade. Zah ne m’avait pas menti, elle ne m’avait pas épargné ! Elle ne s’en était pas sortie indemne pour autant, bien que le combat se termina par une victoire de l’espionne.

- Ça fait du bien !
- Mmh, acquiesçai-je de ma lèvre abîmée.
N’allez pas imaginer que j’étais estropié, nous n’étions pas fous non plus, il s’agissait là que de plaies superficielles.
Nous nous rendions à la taverne où nous avions l’habitude d’échanger de nos nouvelles plus ou moins blessé, autour de chopes salvatrices.
- Naë? De nouveau cette voix cachant une information. Nous voilà arrivé à la véritable raison de notre rencontre.
- Dis moi tout Zah, tu sais que tu peux me faire confiance. Que se passe-t-il?

Elle sourit sincèrement, ravie que nous soyons toujours sur la même longueur d’onde malgré la distance de ces dernières lunes. Elle s’excusa de ne pas avoir pris plus de ses nouvelles, surtout après l’incident de la Cabale. S’excusa pour Luz et lui.
- Tu sais, Luz est heureuse avec son nouveau « compagnon », et c’est tout ce que je veux. Tu sais combien elle compte pour moi?
J’acquiesçais de la tête, je n’avais nullement envie d’entendre parler de cet homme qui partageait Sa vie, et pourtant je me tus, écoutant patiemment ce que voulait me révéler l’espionne.
- Tu comptes aussi pour moi Naë, je ne te lâche pas, tu le sais?
Je lui pris la main comme je l’eus fait par le passé, la serrant pour la rassurer.
- Je le sais Zah, tu me l’as assez prouvé déjà.

Elle me révéla à mi-mot le manque de confiance qu’elle avait en ce fameux Warren sans vraiment m’en dire davantage. Je la rassurais une nouvelle fois.
- Peu importe qui il est, tant que Luz est heureuse. Je veille toujours sur elle, crois moi. Je ne permettrai plus que qui que ce soit lui fasse du mal.
Elle sourit, hoche la tête et nous trinquons, avant que Zah ne me révèle la vraie raison de son appel.
Elle me raconta ses découvertes au Désert volant sous sa fausse identité de Shaloy, sa rencontre avec une créature gargantuesque. Des missions de reconnaissance avaient été lancées suite à cette rencontre et Zah souhaitait que j’en fasse parti.
- Tu as l’expertise requise Naë, et ton don d’observation serait hautement utile. On a besoin de savoir si cette créature est un réel danger pour le Royaume. Surtout, surtout, insista-t-il lourdement, n’engagez pas le combat! J’y étais avec Arya et Jin, des aventuriers aguerris, on a à peine égratigné la bête. Et notre escouade a fini dans un sale état. Prends des potions  surtout et de quoi survivre si vraiment une confrontation est inévitable.
Sa détresse me crispa, ses avertissements n’étaient pas à prendre à la légère. Elle me fit son compte rendu avant que le coucher du soleil nous sépare avec un accord tacite. Nous nous retrouverons ici après ma mission.

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Cal ? On peut se voir?

J’avais lu de nombreux rapport sur le désert depuis mon entrevue avec Zahria, et le nom de Calixte ne m’avait pas échappé. Entre temps j’avais vu Fauve, et par je ne sais quel détour de conversation nous étions tombé d’accord pour mener cette quête ensemble. C’est ainsi que nous retrouvions notre ami commun pour obtenir de plus amples informations.
Le garde fut étonné de nous voir arriver côte à côte.
- Vous vous connaissez?!
- Oui, nous avons fait un partenariat entre le centre Aga et La et la meute de la seconde chance.
Je regardais amusé l’air perplexe du blond.
- Je suis codirecteur de la clinique vétérinaire tenue par le Docteur K au Village Perché. révélai-je en toute détente.
- Oh, félicitations!
- Merci Cal, je ne fais rien d’exceptionnelle, Chrystielle avait besoin d’un coup de pouce pour la paperasse, et comme je traînais pas mal mes bottes au centre avec ma marmaille. Échange de bons procédés.
- Codirecteur quand même ...
Je haussais des épaules.
- On vient surtout pour une autre raison, on va partir en quête Fauve et moi pour étudier la créature des souterrains du désert volant, j’ai lu ton rapport et on voulait connaître tes avis, tes souvenirs sur elle, tout ce qui pourra nous aider dans l’étude de la bête.

Comme s’il ne m’avait pas écouté Calixte s’empressa de me révéler le lien de parrainage entre Fauve et moi, ainsi que la relation qu’avait eu mon coéquipier avec Solveig. Ce que le garde ne savait pas c’est que j’étais déjà au courant. Fauve m’avait révélé par inadvertance toutes ses informations lors d’une rencontre précédente. Je me tournais tout de même vers lui :
- Félicitations. dis-je en souriant avec un clin d’oeil.
- Zah et Luz sont les marraines.
Ça par contre, je ne le savais pas. Luz et moi, marraine et parrain, quelle ironie. J’acquiesçais avant que nous parlions du sujet principal : la créature des souterrains.

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Après de longues semaines de préparation je me rendis au point de rendez-vous pour y rejoindre Fauve et l’aventurier avec qui nous partirons. Nous nous étions rejoints tous ensemble quelques jours avant le départ pour échanger nos informations et nous concerter sur nos apprêts, la manière d’appréhender la mission et apprendre à se connaître un tant soit peu. Vu la dangerosité de la créature il était important de pouvoir compter les uns sur les autres. Autant je connaissais Fauve, autant je devrais apprendre à connaître notre équipier, et inversement. Lorsque celui-ci arriva à notre table – car nous avions convenu de nous retrouver à la taverne des Loyaux – je me présentais :
- Naë, dis-je en tendant la main. Tu veux une chope? Proposai-je en montrant la mienne. Quoi de mieux que de se détendre un peu avant une périlleuse aventure ?

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Maman avant tout

─ avec Fauve & Ramar

La capacité de communiquer avec les objets ? Avaient-ils tous une conscience que seul Ramar était capable de capter ? Les magies d’Aryon ne cesseraient jamais de m’étonner. Fauve prit les devants en présentant son équipe de familiers et ses capacités, demandant plus amples informations si nous en avions connaissance. A sa demande je sortis mon cristal de communication pour le lier au sien et éventuellement à notre coéquipier.

- Ramar … J’ai lu ton rapport me semble-t-il. Je fermais les yeux faisant appel à mon Eye memory pour visualiser le dit compte-rendu. Il me semble que tu as mentionné de nombreuses créatures, certaines plus hostiles que d’autres. De mémoire tu avais noté des corbeaux, un cheval de glace, des sentinelles – qui dans leurs fonctions me faisaient penser aux Wardäns de la cité enfouie, ce qui n’était pas un bon présage – et surtout la fameuse créature et son œuf. Oui sacré mémoire, quand on est équipé pour se souvenir de tout ce que l’on voit ça aide sacrément bien. Peux-tu nous parler des êtres que tu as croisés avant le mastodonte que nous devons étudier ? Comme l’a suggéré Fauve plus nous évitons les affrontements, mieux ce sera.

Je tournais le visage vers le dresseur :
- Jusqu’à quel point ton don te permet de calmer et contrôler les animaux ?

Sortant mon carnet et mon fusain je pris des notes en écoutant les deux hommes, les lire me permettra de les retenir sans altération de la mémoire. J’observais Ramar qui semblait hésité dans son récit. Voyant son écharpe bouger de temps à autre je compris qu’il communiquait avec ses objets aux expressions de son visage. Ce ne devait pas être facile tous les jours d’être constamment interpellé par tout ce beau monde. Avait-il la capacité de les faire taire ? Plutôt athlétique l’homme devait entretenir son corps, nécessaire pour ce type de mission. La fuite n’est pas lâche quand il s’agit de rester en vie. Un aventurier est plus utile en un seul morceau qu’inconscient, certains oubliés cette qualité préférant foncer tête baissée. Cela ne semblait être le cas ni de Fauve, ni de Ramar, ce qui me rassura quant au bon déroulement de notre mission. Des imprévus nous en aurons bien assez, savoir que l’on peut compter sur ses coéquipiers était une chance inestimable.

- Parfait répondis-je lorsque l’homme eut fini son débriefing sur les bêtes qui nous attendaient au Désert. Pourras-tu être notre guide sur ce territoire ? demandais-je enfin.

Il avait là un rôle crucial de notre expédition, le pionner, connaisseur des dangers de ces terres hostiles qu’il nous faudrait apprivoiser. Pour connaître les rôles que chacun pourrait apporter je présentais à mon tour mes magies et mes familiers.

- J’ai quelques objets de pouvoirs liés à mon don d’observation. J’ai une intuition visuelle qui m’amène à voir des détails utiles. Cette capacité me permet d’anticiper certaines réactions. Je donnais un exemple pour mieux me faire comprendre. Lors d’un combat notamment j’arrive à visualiser le coup à venir rien que par le mouvement et la posture de l’adversaire. Tout le monde en est capable avec l’entraînement, cette capacité est juste innée chez moi. Je sortis mes lunettes Achille Eye. Et ça, ce sont des lunettes qui me permettent de voir les faiblesses de toute chose. Un mur, un être … Ce sera un bon élément pour notre créature des souterrains lorsque nous arriverons à son approche. Je rangeais l’outil avant de poursuivre. Tout comme Fauve je serai accompagné de certains de mes familiers : Loupiac qui est mon petit chantelune champion, je partage mes sens avec lui, un bon petit espion. Comme toi avec Shupon c’est ça ? m’adressais-je à Fauve. Despé, la grognedent, sœur d’Onyx, Kir, mon teisheba, un peu capricieux et taquin mais toujours disponible pour une mission, et enfin Asti, ma tsi’ly, monture émérite.

Je vis le regard de mon ami qui se permit une petite interrogation.

- Elle va pas être un peu grande pour le ballon ? Non pas que ça me dérange d’être collé à toi, au contraire, faut quand même qu’on respire.

Toujours le mot charmeur celui-là.

-  Elle est munie du don de rétrécissement, on pourra bien respirer chacun de son côté ne t’inquiète pas.

Nous continuâmes à discuter tous les trois, de la mission, un peu de nous, de nos aptitudes et nos appréhensions, chope après chope. Oui, une bonne équipe que voilà.

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Le jour J était enfin arrivé, nous étions à bord du ballon, cette fois pas de course qui me vaudrait des manœuvres malheureuses et une chute inattendue. Non, la direction du gonflable était aux mains d’experts et cela me convenait très bien ! L’ascension commençait et déjà mon estomac se noua. La mer, les airs… Mon corps aimait la terre ferme et il me le faisait bien savoir. Je farfouillais dans mes affaires, mes poches, mes sacs, créant une agitation soudaine dans la nacelle et attirant l’attention. Fauve se rapprocha de moi tout sourire.

- Tu veux que je t’aide à fouiller ? Dit-il de sa voix suave. Tu cherches quoi ?

Loin d’être glamour ma révélation aurait de quoi calmer ses ardeurs.

- Mes pastilles Nausi’pauses … Je les ai oubliés. Et j’ai le mal du transport ...

Je sentais déjà la bile me remonter. Ça promettait d’être long ce trajet, autant pour moi que pour mes coéquipiers ...

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Maman avant tout

─ avec Fauve & Ramar

Était-ce les baisers de Fauve ou le bonbon que Ramar m’avait récupéré qui avait agit ? Toujours était-il que mon estomac m’offrit du répit en dépit d’une soudaine torpeur. Sentant ma défaillance mes familiers vinrent se blottir contre moi, Loupiac dans mon cou – comme à son habitude, Despé contre mon mollet, Asti sous sa forme miniature me donnait des coups de tête affectueux sur le bras, et même Kir évita de m’asticoter de décharges électriques. Je vous assure, c’était un petit miracle ! Ce n’est pas étonnant que je me retrouve incapable de raconter avec précision ce qu’il se passait sur le ballon, rien d’extraordinaire à part que la chaleur augmentait au fur et à mesure de notre ascension.

Ramar prit les choses en main en déclarant notre arrivée au poste administratif. Une sorte de douane d’autorisation de pénétrer sur ce territoire hostile. Toujours muet je m’équipais de ma tunique anti-climat avant de suivre mes coéquipiers qui avançaient droit sur notre objectif : la butte rocheuse où d’éventuels charognards nous attendaient avant de s’enfoncer dans les tréfonds des ruines du désert. Loupiac vint se protéger de la chaleur assommante en se cachant sous ma tunique, je glissais la miniature Asti dont le museau dépasser du col. Tout comme sa sœur Despé goûta le sable avant qu’une quinte de toux ne la dissuada de continuer, quant à Kir, il ne semblait ressentir les effets écrasant de la température. Bien que caniculaire, le temps était sec, rendant l’atmosphère plus supportable que ce que je m’étais imaginé.
Encore légèrement groggy, le sable semblait s’échapper sous mes pas. Je fronçais les sourcils, en proie au doute.

- C’est moi où le sable vibre sous nos pas?

Mes acolytes n’eurent le temps de me répondre que mon regard se porta à l’horizon où une masse se détacha du ciel déformait par l’air bouillonnant. J’avais lu sur certains rapports l’apparition de mirages au loin. Une illusion optique liée au climat du désert. Je n’avais pas connaissance que la vision duperait aussi les autres sens … Il me semblait entendre un bruit sourd taper le sol à rythme régulier. La masse augmenta jusqu’à prendre une forme plus géométrique et une matière rocheuse se détacha du ciel, avançant à grandes enjambées vers nous.

- Un Golem ... Soufflais-je lorsque le géant fut reconnaissable. Écartez-vous ! C’est comme si nous n’existions pas pour lui!

Un tas de pierres se mouvant d’une énergie inconnue sans but sur l’étendue de sable. J’avais pu lire qu’ils étaient dépourvus d’intelligence, avaient-ils seulement une conscience ? Il était quasiment impossible de leur faire changer de direction, autant s’écarter de ses lourdes jambes rocailleuses.
Passant à quelques mètres de nous, nous pûmes observer le géant et les runes gravées dans sa roche. Les soubresauts de ses pas faillirent me faire perdre l’équilibre, j’écartais les pieds pour me stabiliser, cherchant à la hâte mon fusain et mon carnet pour y graver les symboles du colosse.

- En avais-tu croisé Ramar la première fois? demandais-je à l’homme lorsque la créature se fut éloigner.

Il me fit signe que non, les yeux toujours rivés sur les blocs articulés. Les miens se rivèrent sur Despé qui sentait le sable où une bosse se forma non loin de nos pieds. Méfiant, je rappelais ma grognedent.

- Qu’est-ce que c...

Je n’eus pas le temps de finir ma question qu’une dizaine de bestioles couleur sable surgirent, sautant sur le premier être qui était sur leur chemin. Fort heureusement la constitution de Despé évita que leurs mâchoires ne se referment sur sa peau à la recherche de sang frais. Un bruit strident vrilla mes tympans et l’essaim changea de direction pour nous attaquer. Dérangés par le passage du Golem, ses êtres infâmes s’étaient éveillés la faim à leurs estomacs – j’appris plus tard qu’elles en avaient pas moins de vingt-trois, comme les sangsues ordinaires – et avaient quitté la chaleur du sable pour se jeter sur le premier repas venu. Nous en l’occurrence.
Kir fut le plus rapide et se mêlant aux sangsues de sable, il déchargea son énergie sur le groupe qui s’empressa de s’enterrer pour les créatures encore vivantes. Cinq d’entre elles furent grillés sur le coup tandis que trois étaient envahis de violents soubresauts nerveux.

- Beau travail mon grand. Félicitais-je Kir qui vrombissait de plaisir. Et bien, cette mission promet … Ça fait combien de temps que nous avons mis les pieds ici?

Nous nous regardâmes tous les trois avant de nous remettre en marche plus prudent que jamais.

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