Non, beaucoup d’aventuriers doivent parfois accepter des choses plus modestes. Non pas que je me plaigne, je me vois mal affronter des monstres immenses juste pour le plaisir de parader après avec une part de mon butin. Personnellement, le simple fait de voyager me suffisait amplement. Je me chargeais plus souvent de fournir la nourriture ou tout simplement d’offrir mes talents de pisteur.
Alors autant dire que je ne roulais pas sur l’or le jour où Kyralt, un aventurier avec qui j’avais eu malheureusement des déboires de par mon caractère un peu trop emporté, me fit part d’un boulot parfait pour moi. Chouette m’étais-je dit, il n’est pas rancunier ! Pourtant… la façon comment il m’avait vendu ce job pour une cliente importante aurait dû me mettre la puce à l’oreille… Aurait dû !
Voyez-vous, j’ai gardé de cet échange comme un sentiment d’arnaque… Enfin, justifié ou non, la suite vous le dira ! C’est donc la bouche en cœur que je m’étais rendu à l’endroit où on m’avait donné rendez-vous. Travailler pour une noble… Surement une chose dont j’aurais pu me vanter, moi qui était né au plus bas de l’échelle sociale dans un petit village perdu en cambrousse. D’ailleurs, étant en ville, j’avais décidé de laisser tomber mon attirail habituel, troquant le tout contre une tenue plus légère, mais gardant malgré tout ma cape bleue dont je ne savais pas me séparer. Un simple couteau glissé dans ma botte me rassura presque aussitôt rien qu’à son contact que je serais parfaitement capable d’avoir une réplique tranchante si on me cherchait des noises.
Bien, ce fut à cet instant que je frappais à la porte pour me présenter. Pour moi, ce n’était qu’un contrat comme un autre et je n’étais même pas encore sur de l’accepter en vérité. Tout ce que je savais, c’était que Kyralt avait bien avoué à son ancienne employeuse qu’il lui ferait parvenir un remplaçant. Lorsque la porte s’ouvrit… Peut-être le stress d’être déjà face à un ou une noble… Je me mis à dire en me tenant droit comme un i.
- Bonjour ! Je suis Fenrir, on m’a proposé de remplacer un de mes comparses. Il parait qu’il a eu un autre travail ailleurs et m’a tout de suite rencardé.
J’avais l’air d’un crétin fini sur le moment… Bouah ! Je me dégoûte encore ! … mais j’avais besoin d’argent alors, on ne m’en voudra pas de faire une petite entorse de temps en temps en me montrant un peu plus pro que je ne l’étais réellement. Non ? Sauf qu'à ce moment, je me suis vraiment demandé pourquoi celui qui était avant moi n'avait pas gardé un travail qu'il m'avait vendu comme une affaire en or
Il a fallu plus d'un mois pour trouver le bon logement faute d'être disponible pour visiter les propositions de mon conseiller. C'est une maison qui ne paye pas de mine à côté de la demeure de madame Du Lys située dans le même quartier. Une maison sans étage par commodité avec ma magie personnelle, bien trop grande pour moi seule mais c'est ainsi. Le second problème, c'est de remplir la maison maintenant… Je pensais prendre le temps d'aller acheter moi-même mes meubles et autres objets nécessaires. Mais il faut bien se rendre à l'évidence, je n'aurai pas le temps avant des mois… Je me suis donc résignée à faire appel à un travailleur externe pour mes emplettes. La guilde des aventuriers m'a informée qu'un de leur membre a décidé de répondre à ma recherche de main d'œuvre. Avec l'hôtesse, nous avons fixé le rendez-vous aujourd'hui.
Ayant prévenu mes collaborateurs que j'arriverai plus tard qu'habituellement. L'aventurier ne devrait pas tarder à arriver pour que je l'informe de sa mission. Lorsque les coups résonnent à la porte, je me dépêche d'aller ouvrir, à mon rythme de glooby bien sûr. Sur le pas de la porte se tient un jeune homme pas bien épais… ça va aller pour lui ? Je lui souris lorsqu'il se présente avant de m'indiquer être le remplaçant. Cela, on ne me l'a pas annoncé…
Bonjour, entrez. Heureuse de constater que la Guilde a fait le nécessaire pour remplacer l'aventurier défaillant…
J'espère que le traitement des requêtes plus "importantes" est meilleur… Je tend tout de même une main au jeune homme pour le saluer, il en gardera sûrement un souvenir mémorable avec le maigre filet de bave qu'il va récupérer sur la main.
Par ici Messire Fenrir, je vous propose que l'on prenne un thé le temps que je vous détaille votre travail, qu'en pensez-vous ? Je peux aussi vous proposer d'autres boissons si vous préférez.
Je le guide, à mon rythme de glooby, vers le "salon" qui n'en a que le nom pour le moment. Il n'y a qu'un minuscule table et deux chaises moyennement confortables restes du précédent habitant des lieux…
Non parce que, faut bien admettre, si je l’avais rencontré en forêt… Pas sûr que dans le doute, je ne décoche pas une flèche. Enfin, ce n’est pas le sujet et j’avoue qu’au final, on s’y fait même plutôt vite. Mais sur le moment, je haussais déjà un sourcil en voyant la ministre, craignant plutôt un canular qu’un sale coup. Sauf que, non, c’était bien un vrai contrat et la personne me le confirma assez vite.
Alors, d’accord, je ne suis pas au fait des grands dirigeant de ce pays, non pas que je sois inculte, c’est plutôt que je n’ai jamais vu l’utilité de connaître une information pareille. Les ministres et tout ça, ce n’est pas de mon ressort à moi qui me qualifierait de simple. Une autre aurait dit « bête » mais là, dans le contexte, disons que j’aime me concentrer sur ce qui m’importe avant tout. Égoïste ? Non pas du tout ! Pragmatique !!!
Je lui serrais donc la main qu’elle me tendait, restant un petit moment sur la surprise de voir un liquide bizarre. Comme si j’avais serré une limace trop fort dans la main. C’était par curiosité ! Je ne l'ai fait qu’une fois ! Quoi qu’il en soit, je secouais doucement ma main pour me débarrasser du plus gros tout en répondant d’une voix sans demi-teinte.
- Erk… Ce n’est pas à vous ça, rassurer moi ? Défaillant non pas vraiment, j’étais simplement plus libre que lui.
Ou en tout cas, le terme défaillant ne serait clairement pas la première chose à laquelle j’aurais pensé sur lui. Pour rester dans un langage fleuri, c’est clairement tout un parterre de fleurs verbalement parlant que je lui aurais servi, mais bon. La femme n’était qu’une cliente et peu importe ce qu’elle était, je n’étais pas du genre à porter un jugement. Alors c’est comme tout le monde que je comptais bien la traiter. Pour le meilleur comme pour le pire.
Après l’avoir suivie, je découvris doucement une maison que je n’aurais jamais cru visiter un jour. L’endroit où j’avais grandi, ma propre chambre passait pour une véritable niche à chien à côté. Cependant, le fait que mon employeuse soit en train d’emménager me sautait littéralement aux yeux, encore plus lorsque nous nous installâmes dans une pièce à l’ameublement plus modeste que ce que l’extérieur de la maison laissé supposer. Je me suis dit ! Aller Fenrir, montre toi aimable et serviable. Soit poli et ne gâche pas tout pour une fois. Elle m’avait proposé du Thé, non? Étonnamment, je croyais en avoir jamais bu et j’ignorais même ce que c’était de nom, enfin, je connaissais le "nom" pour l’avoir entendu quelques fois sans savoir que c'était ça. Quoi ça vous choque ? On peut avoir quelques lacunes dans l'éducation, vous savez ce que "contre-bassiner" veut dire vous peut-être ? Ben moi, oui ! Enfin bref, je lâchais naïvement avec un petit sourire détendu.
- C'est gentille. Pour être honnête, je connais mal le thé … mais si vous pouviez simplement laissé infuser quelques feuilles séchées dans de l’eau, ce sera parfait !
Bon, je savais en pratique ce que c’était sans le savoir ! Mais bon, j’y peux rien moi ! Pendant un long moment, j’ai cru que le thé, c’était autre chose, une boisson de noble ou je ne sais quoi ! Enfin bref, j’embrayais de toute façon sur le fameux boulot sans me rendre compte du ridicule de la scène.
- Donc ce travail ? En quoi consisterait-il ?
J’avoue que… Même moi, je ne me serais pas embauché en y repensant. Oublier ce que j'ai dit plus tôt, je suis un inculte et c'est pleinement assumé !
Malheureusement, c'est bien a moi, la loterie de la vie n'est pas toujours une bonne réponse.
Juste "indisponible", ce n'est pas une excuse acceptable… Quel dévouement pour l'honneur de son métier… Mais bon, je vais devoir faire avec… Tant que ce jeune homme est efficace et consciencieux dans son travail, cela devrait bien se passer. Accompagnant Fenrir vers mon salon fort peu équipé, je garde mon masque insensible même si sa réponse m'amuse.
C'est bien cela Messire Fenrir, du thé.
Je me détourne de mon chemin vers mon siège pour rejoindre une vieille commode pour en sortir deux tasses et le thé. Je pose les tasses sur la petite table avant de reprendre mon invité :
Patience, le thé n'est pas encore prêt. Vous êtes si pressé de mettre la main à la patte ?
Ce n'est que taquinerie d'une ancienne éducatrice habituée à donner le ton. Je quitte la pièce juste le temps de récupérer la théière déjà chauffée en prévision de ce rendez-vous. Je ne tarde pas à revenir dans le salon pour m'asseoir face à l'aventurier. Je commence à préparer les tasses tout en commençant à décrire le travail.
J'ai emménagé il y a quelques mois à la Capitale. Comme vous pouvez le constater, l'aménagement des lieux est encore loin d'être terminé.
Je dépose sa tasse devant le jeune homme. Non sans avoir pris le temps d'essuyer les traces de bave sur la tasse.
Laissez encore infuser le thé, il n'en sera que meilleur. Je recherche quelqu'un pour meubler cette maison pendant que je travaille.
Et il y a du travail… Meubles, vaisselle… il manque de tout ici…
Sans parler de ma gêne sur le passage du thé qui n’arrangeait en rien ce moment où je percutais sur le travail qu’elle me proposait. J’avais donc hoché la tête à sa question, un peu trop docilement d’ailleurs maintenant que j’y songe et je ne me souviens plus trop si j’étais parvenu à contenir la petite surprise que j’avais ressenti à l’annonce de ce fameux boulot. Cependant, sur le moment, ma grande bouche fit encore des siennes.
- Eh bien, vous savez… pour quelqu’un qui n’a pas vraiment de chez lui et vit au jour le jour. Je ne suis pas particulièrement le mieux placé pour juger votre logis, ou enfin, ce qu’il va en devenir.
Oui, d’une certaine façon, c’était un point de vue qui se défendait. Évidemment, il fallait qu’elle en rajoute une petite couche sur cette histoire de thé et je jetais un œil incrédule à ma tasse en espérant que cette histoire reste entre nous. Tout en ayant l’intelligence « Pour une fois ! » de ne pas relancer le débat. Principalement, car je m’étais concentré sur la seconde partie de ses mots et avais affiché un air surpris. C’est complètement pris au dépourvu que j’avouais.
- Euh houla, pour revenir sur ce que je disais avant, je m’y connais autant qu’un Gloot dans ce domaine et c’est peu de le dire.
C’était mal parti, il me fallait de l’argent et je me doutais bien que ce travail ne fût pas fait pour moi, cependant, il fallait que je trouve un compromis, quelque chose ! N’importe quoi ! Donc, après un bref instant de réflexion, je me risquais à poser une question. Enfin, mes mauvaises habitudes me firent prendre le risque.
- Vous avez prévu de payer combien pour ce travail ?
Ouais, bon, j’avoue que c’était direct, sauf que je ne savais pas vraiment être autrement. Malgré la tournure de la discussion, je parvins à trouver ce que j’avais espéré sur le moment être le mot juste. Probablement, une opportunité pour moi d’apprendre auprès d’une personne comme elle et aussi… Tôt ou tard, je savais très bien que je ne pourrais pas être aventurier indéfiniment. Je devrais me coller aussi à la lourde tâche de me construire quelque chose qui ressemblerait à un foyer décent. Donc, d’une voix un peu plus sur de moi, je croisais le regard de mon interlocutrice sans vaciller.
- Quoi qu’il en soit, si ça peut vous éviter la pénible démarche de devoir chercher quelqu’un de plus qualifier. Je pense que ça ne doit pas être si compliqué, après tout, j’ai fait des choses qui demandent tout autant de minutie dans ma vie. Puis, si vous avez un peu de temps pour bien m’expliquer ce que vous attendez de moi, j’imagine que ce sera dans mes cordes.
Il n’y avait que moi à ce moment pour savoir qu’un mini-moi avait croisé les doigts très fort dans un recoin de ma tête pendant quelques battements de cœurs.
Ne vous inquiétez pas Monsieur Alyss, il n’est pas nécessaire que vous vous transformiez en décorateur pour ce travail. Je suis certaine que vous ferez l’affaire.
Le jeune homme n’est plus si à l’aise que cela mais il est clair qu’il a besoin d’un travail. Son interrogation suivante est on ne peut plus révélatrice. L’argent est le nerf de la guerre pour de nombreux aventuriers… Malheureusement, beaucoup restent pauvres, peu atteignent les performances nécessaires pour bien gagner leur vie sans la perdre. Autant le rassurer sur ce point, il sera certainement bien plus motivé par la paie que par le travail en lui-même. Mais il n’est pas compliqué d’imaginer comment assurer un travail de qualité…
Pour ce travail, je compte rémunérer la personne avec trois cristaux gris. De plus, si je suis satisfaite du résultat, une prime supplémentaire est envisagée. Vous serez également nourris pour le repas de mi-journée le temps d’effectuer le travail.
Pour remuer des meubles, ce n’est pas une mauvaise paie. Peu d'aventuriers peuvent se vanter de récupérer autant pour un travail aussi peu dangereux. Encore qu’il est possible de mourir écraser par un buffet en bois massif… J’ai peut-être sous-estimé la dangerosité pour les habitants du continent. Les hommes de l’Archipel sont clairement plus charpentés que la brindille que j’ai sous les yeux… L’argument semble faire mouche car son regard se fait plus déterminé lorsqu’il croise à nouveau le mien. Un fin sourire se dessine sur mon visage lorsqu’il se dit prêt à effectuer le travail moyennant des explications plus précises de mon besoin.
Bien sûr, je ne vais pas vous laisser sans instruction, sans dénigrer votre personne, j’attend autre chose qu’une maison d’aventurier. La grande majorité du travail sera de la manutention de gros éléments et l’autre moitié de réaliser des achats. J’ai passé commande de plusieurs meubles chez divers artisans de la Capitale, il faut rapatrier les meubles ici maintenant et les installer à leur place. Et ensuite, il sera nécessaire de les garnir un peu.
Il n’y a pas beaucoup de meubles à transporter, tout juste une grosse dizaine allant du buffet au lit en passant par une table. Pour le reste, il ne s’agit que de simples achats de vaisselles et autres bibelots. Je me lève pour aller chercher une feuille de papier pleine d’écriture et la tendre à l’aventurier.
Voici la liste des artisans avec les meubles commandés à chacun. Il y a également la pièce de destination de chaque meuble. Derrière, vous trouverez la liste du matériel à acheter ensuite. Rissa, ma servante, veillera à ce que vous puissiez accéder à la maison et vous guidera pour positionner les meubles.
Je ne lui demande pas s’il accepte le travail attendant qu’il fasse part de lui-même de sa décision. L’un et l’autre, nous devrions pouvoir y trouver notre bonheur. Lui, une somme rondelette pour subvenir à ses besoins, moi, une maison aménagée.
On m’avait clairement dit que c’était une personne un peu importante sauf que de mon côté, je ne m’intéressais pas vraiment à tout ça. Donc, du haut de mon ignorance, je ne faisais qu’observer la dame qui m’expliquait en gros comment mon travail allait se dérouler après que j’ai hoché la tête concernant les frais de mon contrat.
Si je comprenais bien, c’était surtout de bras qu’elle avait besoin, un larbin en gros. Soit, de toute façon, je ne pouvais pas vraiment me permettre de refuser. Cependant, un plan commençait à prendre forme dans mon esprit. Il était clair en observant la liste que la limace m’avait tendu que je n’étais pas complètement taillé pour ce travail. Ma constitution me permettait certes de me mouvoir comme je l’entendais sur à peu près n’importe quel terrain, mais la … j’allais vite avoir conscience de mes limites et son travail ne serait clairement pas fini dans les temps.
Mais, à défaut d’avoir des bras aux muscles qui sautent à la face des autres, j’avais quelques petites cartes dans ma manche. Un sourire se dessina sur mon visage au moment où j’avançais sur un ton beaucoup plus confiant désormais. Cette pauvre femme ne savait clairement pas dans quoi elle s’embarquait au moment où elle allait accepté de m’engager. Je vois déjà votre sourire bien en évidence, j’en conclus donc que vous connaissais la suite de mon histoire, ou que vous vous en fait déjà une vague idée.
- Très bien, je pense que c’est complétement dans mes cordes alors. Sauf que… Il y a deux petits détails que j’aimerais vous soumettre avant de commencer. Je veux faire les choses à ma manière, avec mes moyens et sans aucune limite, ni interdiction de votre part. Je vous garantis que le travail sera fait en retour et sans dépasser les délais, voir même avec de l’avance. C’est ma première condition.
Puis j’appuyais doucement mes coudes sur la table, serein et détendu pour ajouter d’une voix plus douce. Évidemment, je me doutais bien qu’elle devait probablement juger ma confiance et pourrait même douter de mon affirmation concernant l’avance sur les délais.
- Je n’ai d’ailleurs pas l’honneur de connaître votre nom. Mais on m’a laissé entendre que vous êtes quelqu’un d’important ici. Si c’est le cas, je veux bien réduire mon prix à 2 cristaux, sans aucune prime, mais en échange d’un service de votre part le jour où j’en aurais besoin. C’est de bonne guerre, je vous rends déjà service en vous épargnant une perte de temps fastidieuse pour retrouver un autre aventurier à engager. Alors ? Nous avons un accord ?
Selon vous ? A-t-elle accepté ? Jusqu’à sa réponse, je me souviens avoir soutenu son regard, en affichant un petit sourire. Je savais me vendre et elle n’avait probablement pas prévu cela.
Je ne me suis pas présentée ? Toutes mes excuses pour cet oubli, je me nomme Faith Night. Je suis la Ministre de la Magie récemment nommée, quelqu’un d’important si j’en crois vos dires.
La Guilde a dû cacher le nom du client pour éviter une avalanche de candidatures intéressées uniquement par l’appât d’un nom prestigieux. Une bonne chose, même si cet aventurier a de la suite dans les idées tout de même.
Pour organiser le travail à votre façon, je ne vois pas d'inconvénient. Je mettrais tout de même deux conditions : rien de dangereux pour la population et rien d’illégal. Je trouverai gênant de devoir vous dénoncer à la Garde compte tenu de ma position.
Non seulement, cela serait une charge de travail mais en plus, ce ne serait pas bon pour mon image de ministre récente…
Pour votre proposition de paiement en “service”, gardez bien à l’esprit que je n’ai aucun pouvoir pour vous éviter la potence ou vous sortir de prison. Mes “pouvoirs” et ma parole sont tout de même limités. Comme précédemment, rien d’illégal ou dangereux pour les populations sinon je me chargerai de vous envoyer à la potence ou de vous étouffer avec ma bave de glooby. Toujours partant pour refuser une si jolie prime ?
La menace n’est pas feinte, mon corps de glooby n’est peut-être pas puissant mais il a ses propres armes capable de mettre à terre n’importe quel imbécile si je m’y prend bien. Je n’aime pas cela mais, parfois, il faut faire appel à la “force” pour maîtriser les patients en pleine crise magique… De là à déployer les compétences pour mettre fin à la vie, il n’y a plus grand chose à faire.
C’est lorsqu’elle se présenta, que mon idée prit forme. La ministre de la magie, rien que ça ? Par réflexe, cependant, je me garderais de montrer mon pouvoir. La dernière fois que j’avais fait l’erreur de le montrer à un scientifique si l’on peut dire, ce type m’avait tenu la jambe pendant des heures. Bon peut-être que ministre et scientifique étaient deux choses diffèrent et qu’après tout, il y avait des pouvoirs bien plus passionnants que le mien, mais malgré moi, cette méfiance était installé… J’avais toujours eu du mal de toute façon à en parler. Je la rassurer bien vite sur la seconde réplique qu’elle me donna, confirmant qu’elle ne ferait rien d’illégale et que gare à moi si j’en profitais.
- Je ne suis qu’un simple aventurier qui ne recherche pas d’histoire et qui souhaite vivre sa vie. Rassurez-vous, je ne vous demanderais rien d’illégal ou qui sorte du cadre morale. Bien, si nous avons un accord, j’ai du boulot devant moi vu que le reste de mon après-midi va être chargé et non votre prime, ne m’intéresse pas. Voyez cela, comme un cadeau de ma part, en dédommagement pour le désistement de mon camarade.
Puis de toute façon, lorsqu’elle aurait vu comment je comptais procéder, il était clair qu’elle ne m’accorderait aucune prime. En moins d’une heure, je rassemblais 4 personnes diverses dans la ville, un forgeron, deux villageois et un aventurier. C’était principalement des personnes pour qui j’avais utilisé mon pouvoir à un moment où ils avaient eu besoin de moi. Le premier avait perdu son marteau favori, classique. Le second, son gamin et divers autres choses pour les deux autres
Évidemment, l’un d’eux se montra plutôt réticent et c’est donc avec plaisir que je sortais la carte joker de la position de Faith. Cela n’engageait en rien la ministre bien sûr, je disais simplement qu’il allait m’aider à rendre service à une personne influente de la ville sans pour autant qu’elle lui soit redevable vue que c’était une dette qu’il me devait à la base.
Quoi qu’il en soit, jusqu’à la fin de la journée, les quatre paires de bras en plus me permirent d’avancer plus rapidement la liste que la ministre m’avait donné que prévu, évidemment. Cependant, je savais d’avance qu’il y aurait le moment ou cette dernière aller rentrer chez elle, déjà que sa servante ne savait plus ou donner de la tête. Pour le coup, en toute sincérité, je m’amusais de cette situation jusqu’à ce que la dame du logis rentre, alors que je donnais des directives à deux de mes subordonnés de fortunes qui transportaient un gros meuble depuis le chariot et que les autres transportaient ce qu'ils pouvaient avec la servante pour les aiguiller.
- Non ! C’est un peu plus à gauche, elle nous a dit ! Voilà, c’est parfait les gars ! Vous devriez faire une pause, je suis complétement crevé.
Admis-je alors que franchement, j’étais probablement celui qui avait le moins travaillé dans ce groupe. Je me retournais alors pour faire face à dame Night avec un grand sourire, conscient que probablement, la vue d’inconnu chez elle ne lui ferait pas potentiellement plaisir.
- Oh re-bonjour ! Comme convenu dans notre accord, je procède à ma façon. Il était clair que … je n’étais pas taillé pour le job, mais bon, trouver des bras ne m’a pas vraiment posé de soucis… comme vous pouvez si bien le constater.
J’enchaînais assez rapidement sur un sujet sensible avant qu’il ne sorte.
- Je vous rassure, ça n’augmentera en rien vos frais ! Ils me devaient tous un service pour avoir travaillé plus ou moins gratuitement pour eux une fois ou deux. Enfin, quoi qu’il en soit et comme promis, votre demande sera accordée dans un délai plus court que ce qui était prévu. D’ailleurs, je suis le premier surpris, l’un d’eux fournit le double de ce que les autres font… Ce qui n’est pas plus mal.
La pauvre devait surement commencer à se faire une idée du genre de personne sur qui elle était tombé. Je n'avais aucun scrupule à faire travailler ces pauvres types en plus de leurs travails de base. Cependant, il avait tous accepté de leur plein gré uniquement car j'avais eu la bonté d'être la pour eux à un moment ou un autre. C'était donc de bonne guerre.
Alors, je vais vous laisser à vos préparatifs.
Il est largement temps pour moi de me rendre à mon travail. Il y a une belle pile de document qui m’attend de pied ferme. Essentiellement des rapports d’activités ou de recherches. Je verrai les premiers résultats de son travail ce soir.
A mon retour, la maison foisonne de vie. Visiblement, Fenrir s’est bien servie de son autorisation pour faire les choses à sa manière. Avant de rejoindre l’aventurier pour faire le point sur ses avancées, je fais un tour dans la maison. Les choses prennent formes plus rapidement que ce à quoi je m’attendais. Il y aura encore du travail pour demain mais ça avance très bien. Ayant fait mon tour, je me dirige vers la pièce où l’aventurier est occupé. Quatre inconnus s’activent à positionner une grosse commode sous la houlette de Fenrir. Dès qu’il remarque ma présence, ce dernier se lance dans une longue tirade expliquant le pourquoi du comment ces personnes inconnues se retrouvent chez moi. Il est donc ce genre de personne… De ceux qui uses de « dettes » pour s’assurer d’avoir toujours de la main d’œuvre serviable. Pas les plus ingérables, juste peu scrupuleux en somme.
Je vois cela monsieur Alyss. J’ai constaté que l’aménagement avance plus vite que prévu, c’est une bonne chose. Il va peut-être être temps de libérer ses messieurs pour la nuit et vous également, j’aimerai pouvoir profiter de ma soirée pour me reposer au calme.
Non pas que je refuse que l’aménagement de ma demeure avance au plus vite. Mais un bon repos est une des clefs nécessaires pour être efficace dans son travail.
La propriétaire des lieux nous invita à prendre le reste de notre journée et je libérais ma petite équipe à mon tour en leur promettant mon aide si le besoin s’en ferait sentir. Il n’avait pas rechigné à faire ce que je leur avais demandé et rien que ça, je le respectais largement.
Deux jours plus tard, comme je le pensais, le travail était quasiment fini en milieu d’après-midi. Autant dire que c’était une bonne chose de faite, mais l’un de mes associés temporaire me réinvita à parler à Faith, me demandant s’il pouvait avoir juste quelques secondes d’entretien avec elle. C’était l’un des villageois qui de mémoire s’appeler Véséon, un gentil gars qui ne semblait pas être capable de faire du mal à une mouche. Il vivait avec sa femme en bordure de la capitale et travaillait dans, je ne sais plus quoi pour vivre.
J’ignorais encore que cette histoire allait prendre une tournure plutôt inattendue, mais j’avais relevé l’anxiété de mon interlocuteur qui chiffonnait le bonnet qu’il avait sur la tête quelques instants plus tôt en me demandant ce petit service. Que pouvait-il bien vouloir lui demander ?
Dès le retour de ma patronne temporaire, j’attendis un petit peu qu’elle soit bien rentré et inspecter le travail pour l’accoster tranquillement.
- Eh voilà ! Je suppose que tout est bon au vu de ce que vous m’aviez donné. Il vous reste même une partie de la journée pour profiter de votre maison ! Je vous avais dit que ce serait efficace non ? Mais par contre… J’ai un petit souci d’ordre… Professionnel. Ce type-là !
Dis-je en indiquant de la tête Véséon qui attendait hors de portée de nos voix avant de reprendre.
- Il souhaiterait s’entretenir avec vous, juste quelques instants. Je me doute que vous êtes une femme occupée et tout, mais vous pourriez au moins lui accorder quelque seconde de votre te….
Je ne pus finir ma phrase, car n’y tenant plus l’homme de trente ans s’était approché de nous pour prendre la parole. Je reconnais que sur le moment, je devais paraître surpris de découvrir la raison de sa démarche, car je m’attendais plutôt à ce qu’il fasse une demande banale, mais ça. Il dit à peu près ceci.
- S’il vous plaît, juste quelques instants ! C’est ma femme ! Nous… Nous ne savons plus vers qui nous tourner !
Je l’observais alors d’un regard un peu perdu avant de dire pour le calmer un peu.
- Eh ! C’est quoi cette histoire ? Puis déjà, tu étais censé attendre que je te fasse signe ! Calme-toi, il n’y a pas le feu non plus !
Au moment où je disais mes mots, je relevais les larmes dans les yeux de ce type ainsi que sa détresse. Non, quelque chose n’allait pas, c’était sûr. Il avoua alors que sa femme possédait un pouvoir un peu particulier, une sorte de pouvoir lié au froid, mais dont elle n’avait pas un contrôle total. Le seul bémol dans tout ça, c’est que si le pouvoir n’avait pas empêché de vivre la pauvre femme, en revanche pour avoir un enfant, ça en devenait un enfer, car elle ne faisait que des fausses-couches souvent en raccord avec un refroidissement de son corps incontrôlé. L’homme finit alors en avouant.
- Nous avons tenté plusieurs spécialistes, mais personne ne nous a trouvé une solution. Je vous en supplie, il ne me reste que vous. Ma femme est au bord de l’implosion et chaque tentative la rend un peu plus mal. Je vous demande… n’importe quoi, pour que cela marche une fois… Juste une fois, qu’elle puisse laisser la future mère qui est en elle vivre son rêve.
Il était en larmes, la situation l’affecté aussi et quoi de plus normal. Je regardais à tour de rôle l’homme à moitié au sol et la ministre. Brisant le silence a demi voix.
- Euh… Celle-là, j’avoue que je ne l’ai pas vu venir…
C'est très bien. Sue, vous pouvez aller chercher ma cape pour que je paye ce jeune homme ? Qu'en est-il de se problème Messire Fenrir ?
Peut-être l'aveu d'un petit problème dans son travail… Mais non, visiblement, l'un de ses camarades souhaiterait échanger avec moi. Comme il le dit lui-même, mon temps est compté mais, n'est-ce pas mon rôle de garder ce lien si important avec notre peuple ? L'homme ne semble pas prêt à attendre plus et se rapproche pour me supplier de l'aider. Enfin d'aider sa femme visiblement… Fenrir l'interrompt pour le sermonner de ne pas avoir attendu comme prévu qu'il lui fasse signe. Ah les problèmes d'amour… C'est toujours ce qui pose le plus de soucis au Conservatoire…
Laissez-le s'expliquer, je ne sais pas si je pourrais faire quelque chose pour vous mon cher mais voyons si je peux. Nous serons donc quitte Messire Fenrir, ce sera donc votre service que de venir en aide à votre ami.
J'écoute calmement l'histoire de cet homme. Ce n'est pas simple comme cas. Mais cela me semble typique des cas que le Conservatoire traite chaque jours. Est-ce qu'ils arriveront à un résultat correct vu l'âge de la dame, difficile à dire. Il est plus aisé d'aider les jeunes. Plus malléables, les exercices sont appris plus facilement. Je hausse un sourcil à la remarque finale de Fenrir.
Un peu décence mon cher, ce n'est pas simple de s'ouvrir ainsi pour demander de l'aide. Je vais me permettre une question mon cher ami, pourquoi ne pas avoir conduit votre femme au Conservatoire ? Les spécialistes auraient pu l'aider depuis longtemps.
Madame, sans vouloir vous manquer de respect, vous ne vous rendez sûrement pas de la somme que représente le voyage vers l'Archipel pour des gens de basses extractions comme nous…
Ce n'est pas faux, c'est un point auquel je n'ai pas pensé au premier abord… Combien de personnes souffrent en silence alors qu'ils pourraient recevoir de l'aide ? Il va falloir que je me penche sur ce sujet, c'est important pour la bonne santé de notre peuple. En attendant, j'ai un cas sous la main à gérer… Un suivi particulier va être nécessaire mais je ne vais pas pouvoir m'en charger… Il faut du temps pour ce genre de traitement, ce que je n'ai pas. Sue revient avec ma cape coupant mes réflexions. Profitant de l'arrivée de ma servante, je lui confie une nouvelle tâche.
Merci Sue, j'aurai à nouveau besoin de vos services. Prenez les coordonnées de monsieur pour que je puisse reprendre contact avec lui lorsque j'aurai une solution à lui proposer. Dans l'immédiat, je n'ai malheureusement pas de solutions, il n'est pas possible de bloquer sa magie aussi longtemps, cela serait dangereux. Je vais investiguer les opportunités possibles pour vous venir en aide mon cher.
Tout en faisant part de la suite de mon travail sur le cas de cet homme, je farfouille ma cape à la recherche de ma bourse. Finalement, je la trouve. Je sors la paye prévue pour l'aventurier avant d'ajouter quelques cristaux gris supplémentaires.
Vous distriburez ceci à vos collègues pour leur peine.
On ne se dira pas que la Ministre de la Magie ne rémunère pas la peine des travailleurs qui interviennent chez elle. Et j'espère qu'il n'essaiera pas de tout garder pour lui. Cela serait une mauvaise idée de sa part.
- Ben tiens, c’est facile ça.
Avec un rictus plutôt amusé. C’était rare qu’on me prenne de court de la sorte. Quoi qu’il en soit, je laissais sagement la situation se régler entre eux après mon dernier commentaire dont la ministre cru bon de me rappeler qu’un peu de décence serait de mise. Que l’homme avait dû prendre son courage à deux mains. Il n’y a aucun courage à réagir quand on est au pied du mur. C’est une réaction on ne peut plus naturelle. J’observais donc la scène jusqu’à ce que je sois à nouveau concerné et qu’elle me tende la paye en me demandant de distribuer le surplus aux autres. Pourtant, je me risquais à proposer.
- Il n’existe pas un pouvoir capable de bloquer le pouvoir d’une autre personne ? Le rendre… normal ?
D’instinct, ça me semblait une solution logique, si le pouvoir de cette femme était un problème, pourquoi ne pas tout simplement le bloqué ? Cependant, c’était une solution bien trop simpliste pour que personne n’y ai pensé. Mais parfois, les solutions les plus simples n’étaient pas toujours si évidentes.
Je soupirais cependant, ayant l’impression d’avoir perdu tout ce temps pour rien. Me demandant si j’avais bien fait d’accepter ce travail. Mais malgré tout, je jetais la bourse qu’on venait de me donner dans les mains de l’homme avant de commencer à me diriger vers la sortie. Certes, j’avais besoin d’argent, mais je savais aussi reconnaître quand je n’étais pas celui qui en avait le plus besoin. L’homme me demanda rapidement pourquoi et je répondis avec un petit sourire. Évidement avant, j’avais pris de quoi me payer quelques rations, mais ce n’était pas grand-chose au final.
- C’est pour la future naissance, je te laisse faire la distribution, j’ai perdu assez de temps ici.
En passant à côté de Faith, je me permis d’ajouter au passage avec amusement certes, mais dont on pouvait sentir tout le sérieux possible.
- J’espère que leur petit pourra venir au monde, au prix qu’il me coûte. Ce service sera sûrement pire que ce que j’aurais pu vous demander… Bon courage !
Je disparus alors par la porte, m’évanouissant dans la nature comme j’en avais l’habitude. Pourtant, j’étais content qu’au final, cet épisode ai pu contribuer à faire naître un espoir pour ce type, malgré moi, je souriais doucement pendant un moment alors que j’arpentais une rue en direction de la guilde.
Cela serait possible, le Conservatoire dispose de quelques menottes anti-magie en cas de grave danger. Mais ce n'est jamais pour de longues durées… Réprimer la magie n'est pas sans conséquences dès lors qu'on ne la contrôle pas… Le risque serait trop grand qu'une terrible crise survienne après 9 mois de répression.
Mais le Conservatoire n'est pas dénué d'autres moyens, ils pourront aider cette femme, je n'en doute aucunement. En attendant, la patience sera de mise. J'ai l'impression que Fenrir est un brin fâché de la tournure des choses lorsqu'il décide de quitter les lieux après s'être délesté de la grande partie de sa paie au bénéfice du futur enfant. Il n'en finit pas de me surprendre. Si tous les aventuriers sont comme lui, une partie de la sécurité de notre royaume est entre de bonnes mains.
L'échange avec l'homme ne dure pas beaucoup plus longtemps, c'est à moi de préparer les choses maintenant. Sa femme et lui n'ont plus qu'à attendre que je reprenne contact avec eux. Le temps d'échanger avec mes anciens collègues et cette femme pourra commencer une nouvelle vie avec de bons guides.
Reste le cas de Fenrir à gérer demain matin. En tant que ministre et noble de l'archipel, il est de mon devoir de récompenser son effort à mon service mais également son comportement exemplaire vis-à-vis de son collègue dans le besoin. Je verrai avec les hôtesses pour qu'on lui remette une bourse bien méritée avec un petit mot de ma main pour le remercier de son travail et sa générosité. Je ne sais pas si il l'acceptera mais, je ferai directement appel à lui si j'ai besoin d'un aventurier compétent.