Le marché aux pucesDéfi RP
A la Capitale, pour les festivités du Solstice de la saison chaude, un tas de petites animations ont lieu. Pendant quelques jours s'installe ainsi sur la place commerçante un fabuleux marché aux puces, où des gens de tout horizon viennent revendre leur vieille charrette, leur statuette de Lucy ébréchée, leur linge de belle-mère démodé et tous les fonds de tiroir qu'ils ont pu faire. L'occasion pour les uns de faire un grand ménage chez eux, pour les autres d'obtenir des objets au rabais.

Mais le marché aux puces est aussi connu pour ses petites pépites dissimulées. Les gens ne savent parfois pas ce qu'ils vendent, quand ils font le ménage chez eux. Ils peuvent très bien avoir oublié que cette petite boîte en bois qui appartenait à papy est en réalité un objet unique puissant. Que ce vieux carnet illisible révèle l'emplacement d'un trésor, pour quiconque aurait la volonté de déchiffrer ses runes. Qu'un artefact ancien se cache dans cette collection de nains de jardin en terre cuite. Certains autres savent parfaitement ce qu'ils vendent. Des chasseurs de trésors aguerris et indépendants, qui vont essayer de tirer des prix ridiculement hauts, parfois pour des babioles sans intérêt, car c'est là leur meilleure chance de se faire un salaire pour toute l'année.

Evidemment, Ivaros et Warren ne pouvaient pas manquer un tel événement. Evidemment, ils sont tous les deux venus de leur côté, sans se consulter. Et ils pourraient très bien ne pas se croiser. Ne pas se parler. Ne pas aller vers le même étal alléchant. Mais ce serait dommage.

Oh. Ai-je oublié de préciser que ce genre d'événements attire aussi tous les filous et autres happe-bourses les plus doués des bas-fonds ? Comme celui-ci, qui vient de partir avec vos cristaux, à tous les deux, sans même que vous ne vous en rendiez compte...


Participants :  @Ivara Streÿk & @Warren Richter
Thème actuel : Festival de l'été

Lorsqu’elle avait entendu parler de ce marché aux puces, ça avait presqu’été une évidence pour la célonaute de s’y rendre. Elle allait peut-être dénicher quelques trésors pour l’Ordre, voire même des indices sur un artefact ou une relique. Ceux qui vendaient ce genre d’objets ignoraient souvent qu’ils possédaient une mine de cristaux entre les mains. C’était parfait pour elle, qui pouvait ainsi en profiter pour venir dénicher un bon nombre de pépites. Vêtue d’une courte robe blanche et de sandales estivales, Ivara naviguait parmi les étals en analysant leur contenu. Elle avait failli se faire arnaquer par l’un des vendeurs, avant que l’un de ses sens - probablement un de ceux hérités du mercenaire - ne lui fasse prendre conscience que ce qu’on essayait de lui vendre n’était que de la camelote sans intérêt. Elle était donc devenue plus méfiante, ayant presque l’impression de se retrouver au Marché Noir, où les arnaques étaient aussi de mises et couplées à la vigilance accrue dont il fallait faire preuve au cas où la Garde décidait de se pointer.

Elle était aussi seule, ce jour-là. Ni Faël, ni familier, mais juste elle. Cette solitude lui était profitable, aujourd’hui. Elle avait envie -et terriblement besoin- de calme pour retrouver sa sérénité. Depuis qu’il était parti, elle avait déjà vécu beaucoup trop de choses et il lui semblait important de s’accorder un temps de repos sur toutes ces aventures. Car, elle le savait désormais, sa double-casquette ne lui permettrait sans doute jamais de ne pas avoir une seule journée mouvementée. Il y avait tant à faire et elle avait tant de rêves à accomplir.

Un objet attira son attention. Il ne payait pas de mine au premier abord. Un bibelot ovale, rouillé par le temps mais qui semblait posséder un savoir antique et oublié. Elle s’arma de son plus beau sourire en s’approchant du vendeur, un petit homme chauve qui lui sourit en retour lorsqu’elle arriva à sa hauteur. Elle ne passa pas par quatre chemins, lui demandant de quoi il s’agissait.

- Ça ? Je l’ai reçu de ma grand-mère, que Lucy la garde. Elle m’a dit que sa grand-mère elle-même l’avait obtenu d’un de nos rois. Je sais plus lequel…
- Probablement Bregon ou Melvis Renmyrth souffla-t-elle en tendant la main vers l’objet. Je peux… puis, au hochement de tête approbateur, elle voulut s’en saisir et… TOI ?!

Un cri de surprise, qu’elle ravala aussitôt en plaquant l’une de ses paumes contre ses lèvres. Elle ne s’était sûrement pas attendu à le voir ici, maintenant, dans ces circonstances et lorgnant le même objet qu’elle. Warren Richter. Un nom qui signifiait beaucoup trop de choses. Davantage à mesure que le temps s’écoulait. En couple avec Luz, ancien allié - presque frère ? - d’Inaros, proche de Sandro et Stentor. Le patron de la société Lagoon n’était pas un simple étranger dans sa vie. Elle ne l’avait pas revue depuis la mort d’Inaros. Elle savait juste qu’il avait reçu la lettre. À cette pensée, ses joues s’empourprèrent puis elle affronta son regard en levant le menton et en dardant un regard acéré sur le visage aux traits anguleux du blond.

- Warren, quelle bonne surprise… commença-t-elle avant de sentir un souffle près d’elle.

Instinctivement, elle porta la main à sa sacoche et constata que sa bourse de cristaux avait disparu.

- Rends-moi ma bourse ! Je sais que tu as tendance à avoir les mains baladeuses, mais ce n’est pas une raison pour essayer de me faire ça à moi.

Et elle tendit la main, s’attendant à ce que l’homme lui remette son bien. Il n’y avait qu’eux et le vendeur dans le périmètre. Personne d’autre n’aurait pu la voler. Elle en aurait presqu’été sûre, si un petit détail ne clochait pas… Quel était son objectif, pourquoi commettre ce méfait ?

- Tu ne vas d’ailleurs pas me faire croire que tu as besoin de cristaux et que tu es sur la paille. À moins que tu n’aies préféré tout dépenser dans les maisons closes.

Elle s’en serait sûrement mordue la langue. Elle n’expliquait pas ce langage acéré. Elle avait à la foi une envie profonde de lui planter sa lame B dans le cœur et en même temps de lui faire une accolade et de lui payer un verre à la taverne pour qu’il lui raconte ses meilleurs coups.

- J’attends, conclut-elle, bougeant ses doigts en rythme pour lui faire signe de se dépêcher. C’est qu’elle n’avait pas toute la journée et que la situation était embarrassante.

Si elle avait pu, elle l’aurait probablement giflé sur place mais, un petit quelque chose au fond d’elle lui disait que ce n’était pas comme ça qu’elle pourrait le faire payer pour son affront. Elle pourrait sûrement utiliser une autre méthode. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien trouver dans les méandres de ses mémoires ? Elle avait quelques rémanences, sur un passé lointain, un passé qu’elle n’avait pas physiquement vécu mais qui était devenu le sien. Ils étaient quatre. Lui, Warren, Sandro, Stentor - le véritable pilier de cette équipe ô combien dysfonctionnelle aux premiers abords. C’était si étrange, de se dire qu’elle portait désormais son héritage. Elle ne s’était toujours pas faite à l’idée et n’était pas certaine de s’y faire un jour. La dorée releva son regard vers la main tendue du patron de Lagoon. Pendant qu’il faisait son petit manège auprès du marchand, à la mine bien plus déconfite que plus tôt en comprenant qu’aucun des deux jeunes gens devant lui n’étaient dans la capacité d’acheter son bien, Ivara en avait aussi profité pour cogiter sur la situation. Des relents du mercenaire, hé. Toujours est-il qu’elle en était arrivée à une conclusion simple, très simple d’apparence, mais qu’elle n’avait même pas touché du bout des doigts lorsqu’elle avait remarqué qu’elle s’était fait voler. Ce n’est que parce qu’il l’insultait à son tour de voleuse qu’elle en était arrivée à ce raisonnement.

Et, pas peu fière d’avoir peut-être un coup d’avance sur cet homme qui lui était antipathique aux possibles, alors qu’elle partageait beaucoup plus de souvenirs heureux que malheureux avec lui, elle rejeta ses épaules en arrière et planta son regard droit dans le sien. Enfin, pas vraiment droit dans le sien. Elle savait. Elle savait aussi qu’il savait qu’elle savait. Bref, eux deux savaient et c’était ça qui importait. Son regard était rivé sur l’arête de son nez. Il était hors de question qu’il utilise son don contre elle.

- Jamais d’la vie j’voudrais toucher ta bourse, Richter..

Et elle donna à son tour une tape sur la main tendue du blond, comme s’il n’était qu’une simple mouche qu’on pouvait balayer d’un revers du poignet. Était-ce les sentiments négatifs qu’il lui inspirait qui la rendait aussi confiante ? Était-ce à cause de l’apparente proximité qu’elle ressentait envers lui ? Elle avait l’impression de presque le connaître dans son intégralité. Ses peurs, ses frasques et ses déboires, ses joies, ses peines. Tout ce qu’il avait pu partager avec Inaros était là ; tout ce qu’il avait inspiré de méprisable à la sculptrice était aussi là. Il y avait tant de sentiments ambivalents avec lesquels elle devait jongler en cet instant.

- Je t’accuse. Tu m’accuses. C’est donc qu’il y a un troisième larron dans le coup. Vous avez vu quelque chose ?

Son regard s’était détourné du faciès anguleux de l’homme d’affaires pour se concentrer sur celui du vendeur. S’il était de mèche avec le voleur, l’affaire serait plus compliquée mais elle avait trouvé le moyen de faire payer le prix fort à celui qui lui faisait face. Elle comptait le provoquer, le confronter et le battre à plat de couture. Qu’est-ce qui la faisait déjà jubiler ? Elle voulait le faire sur un terrain où il se considérait sûrement maître comparé à elle.

- Non, rien vu.
- Bien. Les choses vont être encore plus corsées.

Qu’était devenue la sculptrice de verre ? Si elle avait été la narratrice de sa propre vie, elle ne se serait pas reconnue. Prédatrice, dangereuse. Elle avait adopté un tout autre comportement. Comme si elle s’inquiétait, au fond, qu’il veuille marcher sur ses plates-bandes. Elle n’oubliait pas que, outre le vol commun, il avait lorgné le même objet qu’elle. Travaillaient-ils de concert pour l’Ordre ou agissaient-ils pour leurs intérêts personnels ? Elle n’aurait pas su le dire.

- Voyons donc qui est capable de récupérer nos cristaux en premier. À moins que tu n’aies b’soin d’un coup de main ? D’un coup de main… D’ma part ?

Ses iris se mirent à pétiller. Elle se serait giflée, à faire montre de méchanceté, à vouloir répandre de la méchanceté gratuite, là, sur cet homme qui devait probablement être abattu par quelque chose… Quelque chose qui avait complètement ruiné sa vie à elle. C’était sans doute cela, qu’elle n’oubliait pas, qu’elle n’arriverait jamais à effacer malgré tous ses efforts. C’était impossible. Elle n’était plus elle-même. Un sourire étira ses lèvres pleines, elle s’éloigna des oreilles indiscrètes. Elle ne tenait à avoir cette conversation qu’avec Warren, personne d’autre.

- Parce que j’ai toujours une part de lui. Je serais capable de trouver n’importe qui dans cette ville, plus rapidement que toi.

Est-ce qu’il était au courant ? Est-ce que Luz lui avait touché quelques mots sur cette situation ? Était-ce vraiment la chose à faire ? Remuer le couteau dans la plaie, bien qu’elle ignorait en cet instant à quel point Warren pouvait être affecté par la disparition d’Inaros. Elle les savait proches, évidemment, elle ne pouvait même pas effleurer la complexité de leur relation et encore moins la comprendre. Pourquoi avait-elle lâché ça, maintenant, de but en blanc ? Pour le provoquer ? Le forcer à accepter ? Le faire payer ?

Le faire payer quoi ?

Était-il à blâmer pour ce qui lui arrivait ? Devait-elle vraiment se raccrocher à un bouc-émissaire ? N’avait-elle pas fait le point sur sa vie, en compagnie de Luz d’ailleurs, pour se calmer et suivre une voie toute autre qui lui permettrait de s’épanouir davantage ?

Ne venait-il pas de tout gâcher à sa simple vue ? Non. Elle venait de tout gâcher. Elle était la seule à blâmer mais, ça, elle n’était pas encore prête à l’accepter.

- Alors ? Plus tu mets de temps à t’décider, plus l’temps file et l’voleur s’éloigne. Ou les ? Peut-être qu’ils étaient plusieurs ? Est-ce que tu vas vraiment m’laisser récolter tous les honneurs ?

Ô, elle se ferait sûrement tirer les oreilles s’il y avait du monde autour d’eux pour les entendre. Et, selon la réponse et la réaction de Warren, probablement que les siennes seraient devenues aussi rapidement très rouges. Mais la situation était bien trop tentante…

Et puis, ce n’était que des cristaux. À la rigueur, elle était simplement gênée par le fait de perdre l’artefact de vue. Sait-on jamais. Est-ce qu’elle le volerait pas elle-même, avant de se lancer à la poursuite de ses cristaux ?

Elle s’était élancée dans les rues de la ville, Warren ayant à peine le temps de terminer de dire « gagne ». Gagner, c’était bien ce qu’elle comptait faire. Dans un premier temps, elle l’avait suivi à la trace. Ses réflexes étaient comme rouillés, même si c’était plutôt parce qu’elle n’avait pas l’habitude de les utiliser et elle se disait que même si le patron passait son temps enfermé dans son bureau -ça c’est ce qu’elle imaginait- il avait sûrement plus d’un tour dans son sac pour traquer le ou les petit(s) malin(s) qui avai(en)t fait ça. Elle s’était habituée à les redécouvrir. Ses muscles, ses sens qui lui disaient où aller et qui ou quoi éviter. Elle s’était plongée corps et âme dans la peau du mercenaire, sans même s’en rendre compte. Les coups d’épaules de Richter étaient à son avantage puisqu’avec agilité elle pouvait mieux se glisser dans la foule du marché.

Jusqu’à ce qu’elle décide de prendre de la hauteur. Elle connaissait les recoins de la Capitale comme sa poche, comme si petite elle avait erré à travers ces rues toute la journée et toute la nuit, cherchant à se nourrir et à faire les poches des passants. Cette pensée ne la dérangea pas, et une part d’elle aurait probablement rétorqué que c’était simplement parce qu’elle était en train de chercher une prise sur le mur qui lui faisait face. Ses yeux balayaient la surface plane à toute vitesse, à la recherche de cette petite interstice qu’elle connaissait si bien. C’était un mur un peu abîmé, un de ceux que les habitants et les touristes de cette ville ne regardaient pas. Maintes fois, elle l’avait escaladé pour se balader jusqu’à sa planque. Elle se dit qu’elle n’y avait pas remis les pieds depuis très longtemps. Il faudrait peut-être réparer cette erreur.

Là !

Elle s’approcha du mur et prit appui sur ses talons pour se donner de l’élan et sauter jusqu’à l’interstice. Elle l’attrapa fermement, puis commença son ascension. Plusieurs fois, elle se répéta de ne pas regarder en bas. Ivara avait le vertige, même si Inaros fut un très bon grimpeur. Certaines peurs étaient faites pour rester viscéralement attachées à nous, du moins c’est ce qu’elle en avait conclu la première fois qu’elle avait été sur les toits, quelques jours après sa mort. L’un après l’autre, ses pieds la hissèrent jusqu’au sommet. De là, elle pouvait voir ce qu’elle voulait. Et utiliser ce qu’elle voulait. Son pouce gauche roula sur son annuaire opposé, qui était orné d’un simple anneau d’or *. Elle ne savait pas où Inaros l’avait trouvé, mais ce petit bijou avait toujours été bien pratique. Une simple impulsion magique lui indiqua la direction de ce qu’elle voulait le plus en ce moment. Et, ce qu’elle voulait le plus, c’était récupérer sa bourse avant que l’archonte ne réussisse à mettre la main dessus.

L’anneau lui indiqua le nord. Elle s’élança sur les tuiles, glissantes pour certaines, des toits, à toute vitesse. Elle savait précisément où marcher et quoi éviter, ce qui était plutôt pratique. La Capitale était son terrain de jeu, il l’avait toujours été, depuis gamine et à aucun moment les souvenirs passés dans L’Atelier avec son père ne ressurgirent. Son seul père avait toujours été le seul, l’unique, Stentor. Elle s’arrêta après environ cinq minutes de course, un peu à bout de souffle. L’impulsion magique s’était arrêtée, impossible de savoir si elle s’était proche de son but ou s’il lui restait encore de nombreux pas à faire.

- Hé v’nez là ! L’vioque m’poursuit toujours ! On va pouvoir lui faire le reste de ses poches !
- Bien joué p’tit gars ! Vous autres, préparez-vous !

Intriguée par ces éclats de voix, Ivara s’approcha silencieusement du bord du toit, aidée par ses chaussures en cuir silencieux. Ils étaient une dizaine de gamins, entre huit et quinze ans probablement, planqués derrière des murets, des tonneaux ou des bouts de cartons et prêts à attendre l’arrivée de…

Warren.

Rapidement, les gamins commencèrent à l’entourer, alors que celui qui avait volé les bourses de nos deux protagonistes, le plus petit, se glissait derrière les autres pour se cacher. Ni une ni deux, Ivara sauta pour atterrir devant lui. L’arrivée fut… un peu catastrophique. Elle manque de tomber à la renverse et se raccrocha in extrmis à une poubelle, dont le contenu se déversa sur le sol. Ne se laissant pas abattre, elle se racla la gorge et se remit droite sur ses appuis. Le garçon s’était arrêté, reculant prudemment vers ses autres camarades.

- Bé alors, on dirait bien qu’on a trouvé nos p’tits merdeux ! Bien joué. Mais j’pense que j’suis arrivée la première.

C’était pour Richter, évidemment. Elle ne perdait pas le nord et lui non plus. Allez savoir ce que son langage fleuri avait bien pu balancer à ces mioches avant qu’elle ne saute à terre et ne se révèle à tous…

- Vous êtes ptêtre des adultes, mais on est plus nombreux et on a des super-pouvoirs ! On va vous en faire voir de toutes les couleurs. Belle, Bulle et Rebelle, sur le blond ! Sam, Clover et Alex, sur la blonde !

Avant qu’elle ne puisse cligner des yeux ou se préparer à quoi que ce soit, trois petites filles -rousse, brune et blonde- se mirent devant elle et placèrent leurs mains devant elles en s’exclamant :

- Ok Jerry ! Ça va chauffer pour toi ! On est p’t’être sans famille mais on sait s’défendre !
- Ouais, sors-lui ton peigne magique revisitée, elle va bien galérer avec ça !
- Le quoi ?

Pas le temps d’en dire plus, la rousse sortit de sa poche un peigne à l’apparence banale mais aux effets dévastateurs. En quelques secondes, ses cheveux s’entortillèrent sur eux-mêmes et se mirent à faire de nombreux nœuds, lui cachant même les yeux et, pire encore, essayant de l’étrangler.

Elle devint rapidement rouge, tandis que les trois gamines se tordaient de rire en se disant qu’elles étaient vraiment trop fortes.

- Euh, fais gaffe… Ses cheveux sont en train de l’étrangler… On est pas des meurtriers hein…
- Je sais Sam mais c’est bloqué !
- Donne-moi ça !

La petite basanée du groupe attrapa le peigne et le jeta sur le sol en donnant des coups dessus. Ivara, elle, ne voyait rien de tout ça et Warren devait probablement être occupé avec les trois autres super-nanas. Les mains sur ses cheveux, elle essayait de les tirer pour qu’ils arrêtent de serrer sa gorge. Vaincue par trois fillettes, c’était vraiment la loose. Elle espérait que personne ne serait là pour voir ça et que Richter emporterait ce secret dans la tombe, voire même qu’il y passerait avant elle.

Puis, ce fut la libération. Ses cheveux cessèrent d’être animés d’une volonté propre et elle tomba à genoux, crachant ses poumons et essayant tant bien que mal de masser sa gorge violacée.

- Ne… V-vous approchez p-pas… marmonna-t-elle en sortant sa lame du mécanisme de son gantelet, en guise de menace.

Tuer des enfants, elle ne le faisait qu’en cas d’extrême nécessité et, malgré tout ce qu’elle avait ressenti durant la dernière heure, elle ne voulait absolument pas faire le moindre mal à ces petites terreures…