En cette journée de festivités sous le soleil brûlant de la Saison Chaude, vous respirez l'air iodée du Grand Port en profitant de ce qu'il regorge, loin de votre travail et de vos tourments. En déambulant dans ses boyaux, la grande place est occupée par plusieurs stands avec une estrade en son centre, dont la bannière qui l'encadre est la frimousse adorable d'un Chapot.
Un Chapot ? Vous ne connaissez pas ? Ces petits félins aux allures humanoïdes sont au cœur d'une prestation qui montre aujourd'hui les nouvelles collections estivales. De tenues raffinées et légères essayant de s'inspirer par le travail de la couturière Royale (même si c'est impossible) en passant par les maillots de bain et autres combinaisons, des participants peuvent s'inscrire en compagnie de ces animaux mis à disposition (et parfaitement consentant pour l'activité bien entendu) afin d'y laisser parler leur créativité. Le gagnant ? L'ensemble sélectionné par le jury se verra d'avoir l'honneur d'être intégré à la collection de cette saison pour y faire profiter nos chers habitants d'Aryon. Un buffet sera évidemment accessible pour toute personne curieuse de l'évènement, gratuit pour les éventuels participant.
Le textile élégant ?
Des animaux aussi mignons qu'un Lumios ?
La possibilité de loucher et boire des canons ?
Bienvenue au défilé du Chapot !
Participants :
- @Astrid Dalgaard
- @Zahria Ahlysh
- @Olenna Belmont
Thème actuel : Festival d'été.
J'avoue, je ne comprends pas trop pourquoi je me suis retrouvée là, et surtout, pourquoi je me suis retrouvée là sous l'apparence officielle du maître-espion. Je crois que c'est une sombre histoire politique qui m'est retombée dessus, et j'ai juste obéi en bon soldat. La reine qui a été invitée à présider le jury, mais qui a dû décliner parce que, bah, c'est la reine, elle a autre chose à faire, et avec la découverte d'un territoire au Nord c'est un peu l'ébullition en ce moment dans les grandes administrations. Qui a dû refiler le bébé à son fils, qui avait certainement plus envie lui aussi d'être dans les réunions décisionnaires que dans un jury pour décider quel familier est le mieux habillé, et qui en a parlé aux ministres. C'est Furi qui est venu me demander de le faire, mais je ne sais pas si Haru était pas impliquée là-dedans. J'ai l'impression que depuis qu'elle connaît ma véritable identité, elle prend un malin plaisir à me foutre dans des situations pas possibles.
Donc au final, fallait un dignitaire de la Capitale - on aurait pu demander à Yuduar, ça aurait été si simple, il était sur place, mais bon, déjà, il paraît qu'il est super occupé à gérer des trucs liés au désert volant, les routes d'acheminement probablement, il paraît que des pillards en profitent, et puis surtout, fallait représenter la mode "à la Capitale". Et puis sinon c'était Arban, mais il est sur la sellette en ce moment, avec les révélations sur ses liens avec Brando. Ça me fait mal au coeur de le voir comme ça, et j'ai l'impression de ne rien pouvoir pour lui, c'est horrible. Mais du coup ils se sont dit que m'envoyer moi, c'était une bonne idée. Alors que j'en ai strictement rien à faire de la mode. Et puis surtout, m'envoyer moi, sous l'apparence officielle du maître-espion. Qui bon, déjà, certains le connaissent, mettons, mais c'est pas non plus le dignitaire au visage le plus connu, mais surtout, n'a jamais qu'un seul habit depuis des centenaires, donc niveau mode, c'est pas franchement le plus adapté non plus. Et puis personne n'était disponible à cause de la découverte d'Empyrée, mais en fait, j'ai une escouade d'espions à coordonner moi aussi, faut que j'envoie du monde là-bas, obtenir les renseignements qu'on aura pas dans les délégations officielles...
Donc on va vite torcher ce défilé, et puis se casser d'ici, hein.
Enfin, c'est ce que je me disais.
Avant qu'ils commencent à faire défiler des familiers plus adorables les uns que les autres.
Je ne m'attendris d'habitude pas vraiment devant ce genre de choses. Mais faut dire que leur travail est soigné, inattendu et parfois même spectaculaire. Je pensais arriver face à un carnaval infantile, mais non, c'est un spectacle de lumières, de tissus, mis en valeur par des familiers tantôt impressionnants, tantôt drôles et joueurs. Et puis, avec la colonisation progressive du désert volant, ça permet de découvrir de nouvelles espèces. Je ne suis pas complètement venue pour rien, il faut croire.
Après le passage flamboyant d'un Leo tout habillé de flammes en soie rouge, une petite pause est annoncée le temps que le jury puisse débattre au sujet des finalistes. Ah, merde, c'est le moment où je dois commencer à travailler, apparemment. Mais je n'ai strictement aucune idée de comment faire pour les départager, moi, et ça se voit très vite dans les discussions. Très politiquement correct, un marchand de vêtements de luxe du Grand-Port, qui fait partie du jury lui aussi, me propose alors quelque chose, avec concertation avec ses collègues.
« Pourquoi ne pas nous laisser faire une première sélection, et nous viendrons vous consulter pour savoir si ça vous convient, et nous départager en cas de désaccord ? »
Une bonne façon de me dire : "Casse toi on s'en occupe, mais t'auras quand même le dernier mot, si ça te fait plaisir." Moi, ça me convient parfaitement. Je les laisse débattre de tout leur saoul. Après tout, j'ai juste été envoyée ici pour représenter la royauté ou je sais pas quoi. Ils auraient pu envoyer Rhis. J'aurais dû demander à ce qu'ils envoient Rhis. C'est pas à moi de faire ça, bordel. Enfin bon. Je vais pouvoir en profiter pour aller faire coucou à Calixte et Solveig après le défilé. Je crois que l'accouchement est pour bientôt, je ne vais pas trop les déranger, donc je ferais juste un passage éclair. Je ferais bien de manger tout de suite, d'ailleurs, histoire d'avoir une excuse, s'ils veulent me proposer de rester. Donc... direction le buffet.
Je choisis méticuleusement ce que le maître-espion va manger, en n'oubliant pas le petit mot gentil à qui de droit à chaque fois, et refuse poliment les verres d'alcool qu'on me propose. Rah, si j'avais pu venir sous ma propre apparence, ça aurait été autre chose. Mais bon, ça fait partie du job. Enfin, pas vraiment. Heureusement qu'on ne me fait pas souvent faire ce genre de trucs. J'aurais pas supporté.
Mais quand j'arrive au niveau des desserts, je suis surprise de ne trouver que des plats vides, et un gamin en train de se faire engueuler par un serveur.
« Mais je vous assure que c'est pas moi ! J'ai pas volé les gâteaux !
- Menteur ! Il n'y avait que toi ici ! Et maintenant à cause de toi on a plus de sucré à présenter sur le buffet ! Tu vas nous payer le coût de tout ce que tu as mangé !
- Mais j'ai pas de cristaux ! »
Oh. Va peut-être falloir intervenir, au bout d'un moment. Ce gamin a pas l'air de mentir, et la discussion commence à attirer les regards, c'est pas très bon pour l'image du festival parrainé par la royauté, ça...
Écœurée, Olenna referma prestement une des fenêtres coulissantes de son carrosse. À l’intérieur de la vaste cabine, la grande couturière royale replia un éventail en forme de roue de paon pour attraper une affiche pliée en quatre. Dépliant le tract, un chapot bouffi au poil angora croulait sous une montagne de tissu, plusieurs rubans, ainsi qu’un vertigineux chapeau sur lequel dégringolaient des plumes et ornements. Cet accoutrement des plus ridicules et sans aucune balance dans la coupe était supposé avoir été inspiré et en hommage à une tenue de la dernière collection d’Olenna elle-même. L’aristocrate était habituée aux imitateurs, mais elle savait pertinemment que personne n’était capable d’égaler son art comme son talent. Mais lorsqu’on lui a présenté l’affiche et qu’elle avait constaté de ses yeux de quoi il en retournait, le sang n’avait pu que bouillonner. Un concours de familiers attifés de la sorte, c’était une insulte à son nom, à la mode, et au bon goût. Et lors d’un détour au Grand Port dans sa résidence secondaire, la lady avait décidé de prendre les choses en main en personne et d’humilier ce petit monde si fort que plus aucun défilé de cet acabit n’aurait lieu. Passant plusieurs doigts vernis de noir et d’or sur l’odieuse affiche, Olenna la chiffona rageusement avant de l’envoyer se perdre dans un recoin du carrosse. Face à elle, sa servante à masque de chouette demeurait là sans se mouvoir, elle ne pouvait qu’écouter sa maîtresse. Elles arrivèrent bien vite près de l’esplanade où le concours avait lieu, plusieurs têtes se tournant déjà vers leur véhicule.
- Des combinaisons de bain, des bermudas, faillit s’étouffer Olenna en zyeuter de loin à travers des jumelles de théâtre. Cette ville doit être purgée.
C’en était trop pour Olenna, cette infernale comédie devait cesser. Elle se leva de son fauteuil, la Servante fit de même, comme un homoncule animé par la volonté de son maître. La noble ouvrit la porte de son carrosse et émergea enfin à l’extérieur. Une centaine de reflets irisés irradia dès que la porte s’ouvrit, causant plusieurs éclats de voix impressionnés. Telle une déesse foulant le sol, Olenna descendit le marchepied du fiacre et toucha enfin terre. Derrière elle, la Servante masquée ouvrit une ombrelle au-dessus de sa tête et, dès l’ouverture, elle se mit en marche droit vers l’esplanade. La belle portait une magnifique robe noire comme de l’encre, au buste damassé de merveilleuses myriades dorées. Branches grimpantes, elles tournaient autour de sa poitrine et son ventre pour s’épanouir d’élégantes fleurs de weissium. Depuis sa taille, les soieries se dispersaient dans les pans de sa robe en une multitude de racines qui devenaient de plus en plus fines. Entre les racines brillaient plusieurs milliers de diamants aussi petits que grains, donnant l’illusion d’un ciel constellé d’étoiles surplombant la cime d’un bois. Autour de ses bras, Olenna avait passé une étole en gaze de soie qui ondulait derrière elle avec la brise marine. Tandis que ses cheveux avaient été noués en un savant chignon tressé, piqué d’une épingle évoquant une aile de papillon, avec topazes et obsidiennes.
- L…Lady Belmont ! S’écria une femme en robe meringue si grosse et si rouge qu’on aurait dit une betterave géante. C’est vous, vôtre Grâce !
- Heureusement que vous êtes là, je n’aurais pu m’en rappeler moi-même.
Fondant la foule qui s’écartait pour la laisser passer, telle une aquamancienne scindant un fleuve en deux, Olenna progressait vers le lieu du défilé. À ses côtés, la servante avançait en tenant fermement l’ombrelle, glissant sur le sol comme une apparition spectrale. Il y avait tant à faire, Olenna devait rentrer le soir même à la Capitale pour s’assurer de retourner rapidement à la cour royale. La découverte de la nation voisine d’Empyrée était dans toutes les bouches, et une personnalité comme elle se devait d’être en première ligne, tant pour sa réputation que pour son son réseau d’espions. L’aristocrate fit une entrée remarquée sur l’esplanade du défilé, quasi toute l’assistance avait la tête tournée vers elle. Les habilleurs et toiletteurs de familiers affichaient tous des têtes remplies d’admiration, émotion à laquelle Olenna ne daignait même pas répondre. Sur la scène installée, plusieurs félins chapots étaient dressés au garde-à-vous, chacun déguisé d’une tenue de bain qui devenait de plus en plus ridicule à chaque fois qu’elle en regardait un autre. L’un d’eux possédait une fausse queue de sirène à sequins arc-en-ciel, un autre secouaient ses pattes pour se sentir à l’aise dans un boléro en plumes rose qui lui donnait l’air d’un poulet obèse.
- Que va-t-on faire de vous…? Se chuchota-t-elle à elle-même, désabusée.
Préférant s’éloigner avant de devenir insultante, Olenna se dirigea vers les grandes tables de buffet installées sur l’esplanade, sous les regards ravis, et quelques applaudissements alors qu’elle n’avait rien accompli. Arrivant face au buffet, elle s’adressa à un jeune éphèbe guindé dans son pourpoint cintré à épaulettes :
- Servez-moi un verre d’Everluce.
Le serveur attrapa un verre avant de brandir fièrement une bouteille de vin. Débouchant cette dernière, il fit se déverser un beau liquide grenat, limpide et brillant comme l’eau cristalline d’une rivière.
- Bon sang, pas tant ! Nous ne sommes pas dans une taverne !
Le pauvre s’apprêtait à répondre mais vu instantanément coupé par la couturière :
- Silence.
Tournant la tête, Olenna remarqua la présence d’une figure familière. Le Maître-espion en personne était de la réception. Arquant un sourcil, elle attrapa son verre de vin et s’approcha du dignitaire, sa servante toujours sur les talons, tenant la grande ombrelle.
- Vous avez si peu de travail pour être juré dans un concours estival ? Au cas où vous n’auriez pas suivi les journaux, votre département va enfin pouvoir justifier sa raison d’exister.
Près d’eux, le garçon accusé de vol de pâtisserie par le traiteur du buffet commençait à pleurer à chaudes larmes, au grand dam de Lady Belmont, qui détestait les pleurnichards.
- Quel enfer, vous voulez faire imploser cet enfant pour qu’il hurle si fort ? Tança Olenna à destination du traiteur. Si vous pensez qu’un garçon aussi malingre a pu engloutir tout un buffet de gâteaux et de tartes, vous êtes tout simplement stupide. Partez à la recherche du véritable voleur et laissez le tranquille !
Non mais, vous vous en rendez pas compte.
GRATUIT quand même. G-R-A-T-U-I-T. Ou pour ceux qui ne comprenaient pas, GRATOS. Manger et boire, sans payer quoi. Franchement. De la bouffe et de l'alcool, de bonne qualité sûrement, avec des spécialités du sud, GRATOS, pour tous ceux et celles qui voulaient bien habiller un chapot et les faire défilé devant un public.
Autant vous dire qu'il n'en fallait pas plus pour la citoyenne pour s'être inscrite et d'inventer une robe totalement merdique constituée d'un reste de rideau couleur kaki, d'une serviette rose usagée qui avait servi à nettoyer du vomi pour combler les trous, des chaussettes trouées avec des motifs de canards avec des sandales par dessus, et enfin, pour parfaire le tout, un petit nez de clown qui faisait « pouet pouet » quand on appuyait dessus.
Ah bah, quand le chapot s'était aperçu de son sort, il avait clairement regretté d'avoir été consentant à ce genre d'humiliation pure et dure et ça se voyait sur son visage ! Mais lui aussi, il avait quelque chose à gagner dans tout ça, peut-être de la nourriture à la clef, aussi il fit tout de même son job de défiler devant la populace avec le peu de dignité qu'il lui restait tandis qu'Astrid elle s'était pliée de rire dans le public avant de se diriger fièrement vers le buffet GRATUIT pour se goinfrer et picoler comme jamais. Et il fallait qu'elle fasse des réserves pour ses familiers qui appréciaient surtout les gâteaux. Heureusement que le sac sans fond était sans fond.
Résultat, quelques heures plus tard, Astrid ronflait sous une table, cachée par les nappes de celle-ci. C'était plus agréable de faire une sieste à l'ombre du soleil tapant fallait dire. Entourée de bouteilles d'alcool vide et de restes de nourriture, une bonne dose de reste de crème autour de la bouche, il ne fallait pas être détective pour deviner ce qu'il s'était passé. Ce ne fut qu'en entendant du grabuge, plusieurs voix et les pleurs d'un gamin qu'elle se réveilla un tant soit peu.
-Guh ? Koi ?
Avec toute la grâce du monde, elle roula hors de sa cachette tel un baril de bière, l'esprit encore embrumé par la quantité d'alcool qu'elle avait avalé – et encore une fois, il ne fallait pas être détective pour deviner qu'elle avait bu et qu'elle était saoul, vu l'odeur qu'elle dégageait -. Sa première réaction fut d'abord de crier en voyant tout ce beau monde et surtout le soleil brillant de mille feux :
-ARRRRGH MES YEEEEUUUUUUXXXX ! *hic*
Avec un effort incommensurable et une lenteur énervante, elle se releva – un peu titubante, et puis avec une bouteille de vin à la main c'était plus compliqué – :
-Bwah c'est koi tout c'bo monde ! L'concours est djà terminé ? J'ai gagné avec mon chapot? *burp*
Petit rot, parce que pourquoi pas.
-Pourquoi il pleure le gamin là hein ? On peut po dormir tranquille ici ? Toute souriante, Astrid donna un petit coup dans le dos de l'enfant et lui tendit sa bouteille : Allez tiens, bois un coup, ça te remontera le moral ! Bwahahaha ! ….ptain d'merde, j'me sens toute ballonnée….*buuuuuuuuuurrrrrpppp*
Est-ce un avion ? Est-ce un oiseau ? Non !
C'est du vomi. Qui éclabousse.
Et avec des bouts de couscous, de merguez, de fruits de mer, eeeeeeeeeeeeeet de gâteau.
Pourquoi le gamin pleurait déjà?
Ça aurait pu être simple. J'aurais pris parti pour l'enfant, payé quelques cristaux pour qu'ils aillent chercher de quoi remplir leur buffet, et on serait passés à autre chose. Mais fallait que Dame Belmont se trouve ici, et Astrid Dalgaard. Olenna Belmont et moi sommes à mille lieux l'une de l'autre, dans notre quotidien et nos occupations. J'ai entendu dire qu'elle se servait de son métier et son réseau pour se mêler dans certaines affaires politiques de moindre importance, mais j'ai clairement d'autres chats à fouetter qu'une acariâtre noble en manque de pouvoir décisionnel. Et puis bon. Entre l'apparence du Maître-Espion et la mienne personnelle... je suis loin d'être une diva de la mode. J'ai quelques tenues classes pour les missions d'infiltration, mais je me suis souvent fait conseiller par Calixte et mes aînés pour les choisir, si j'ai appris à m'en servir c'est plus comme un outil, une arme, que par passion.
Et puis Astrid Dalgaard. Je garde un souvenir confus de notre première rencontre, certainement car elle était très arrosée, et pas que par l'eau du Grand Fleuve auprès duquel on s'est rencontrées. Il y a eu les bières, et surtout, le vomi. Et voilà que l'intouchable s'y remet, visiblement, elle ne pouvait pas me saluer autrement qu'avec ce fluide immonde. J'esquive la gerbe d'un pas fluide, posant une main sur le bras de Dame Belmont pour l'écarter elle aussi et éviter l'incident diplomatique. Mais du coup, c'est le serveur qui braillait contre le gosse qui se prend la rasade, sous les cris d'indignés de l'assemblée. Ouais, comme je disais, ça aurait pu être simple.
Ceci dit, vu le contenu des fluides gastriques d'Astrid avalés trop vite et trop imbibés pour avoir le temps de passer par la case déchiquetage, on tient là la solution au problème initial. Et peut-être même au reste. Je souris en lâchant le bras d'Olenna, qui va peut-être bien m'engueuler pour ça, mais bon, tant pis. J'alpague le serveur puant le vomi avant qu'il ne se mette à gueuler à nouveau, pour des raisons bien justifiées.
« Allez vous nettoyer, puis vous ferez faire la plonge à la demoiselle qui vient d'émerger de sous la table, qui est vraisemblablement votre voleuse, et qui vous rendra votre vaisselle propre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire... »
Je me tourne vers Astrid avant qu'elle ne s'échappe et l'aide à se relever en lui tenant fermement le poignet. Heureusement qu'elle n'est pas - encore - en état de partir en courant, mais ça va vite arriver, je suppose.
« C'est la moindre des choses, n'est-ce pas, mademoiselle Dalgaard ? Vous feriez bien ça pour qu'un membre de l'Etat-Major vous soit redevable et éviter que ce gamin se fasse engueuler pour rien, n'est-ce pas ? »
Vu comment elle passe à travers les mailles du filet constamment malgré ses délits mineurs, elle doit déjà en avoir, des membres de l'Etat-Major qui lui sont redevables, ou de bonnes connexions. Courir vite peut pas être suffisant. Je vois son nom revenir trop souvent dans les rapports, et même si elle ne fait rien de bien horrible, à un moment donné on aurait au moins pu la foutre un temps en prison pour la calmer. Je relâche son poignet, en espérant qu'elle ne parte pas immédiatement, puis repose mon attention sur Dame Belmont. C'est vrai qu'elle m'avait envoyé une pique avant l'irruption d'Astrid. Je balaye ça dans ma tête, et lui propose mon bras.
« Ça ne me fait pas vraiment plaisir de me trouver ici, et j'ai effectivement d'autres obligations... Auriez-vous l'obligeance de m'aider à départager les vainqueurs ? Vous êtes bien mieux placée que moi pour savoir ce qui mérite ou pas de gagner ce concours... »
Rah. Si seulement j'étais là sous mon apparence. J'enverrai bouler Belmont et boire un coup avec Astrid, pour sûr. La dernière fois, j'avais pas réussi à conclure avec elle, en plus, même si j'avais bien envie. Et puis ça ne me ferait pas de mal, avec tout le boulot que je me tape. Mais bon, je vais pas lui faire un clin d'oeil sous l'apparence du Maître-Espion, quand même, hein ? Si ?