Je bifurquai donc une fois passer la place marchande, déjà je pouvais apercevoir les gigantesques portes qui dominait l'horizon. Tâchant au mieux d'occuper mon esprit pour oublier ma faim grandissante, je songeai à mon entré récente dans la guilde des aventuriers et à la perspective de bientôt pouvoir trouver une utilité à ma malédiction. Je décrocherais bientôt une mission, fallait-il espérer, qui me permettrais de faire mes preuves au sein de l'organisation. Coïncidence ou bien destin, je ne le savais point, mais alors que mon esprit me ramenait vers mon passé au sein de la garde et auprès de mon père adoptif, un caillou me heurta à l'épaule. Ralentissant nullement ma marche, je fouilla du regard les alentours à la recherche de l’enfoiré, propriétaire du projectile.
Mes recherches aboutirent sur un jeune garde en uniforme, installer à la terrasse d'une taverne en compagnie de deux de ses semblables. Foutue garde, pensais-je en serrant les dents.
-Qu'est que tu fou encore en liberté, sale monstre, scanda-t-il avec l’appui du rire de ses compagnons.
-Je vais voir ta mère ! Répondis-je au tac au tac, elle semble friand des langues monstrueuse.
J’accompagna mes propos en laissant ma langue sortir de plusieurs dizaines de centimètre. L'effet fut immédiat sur le détestable immondice dont le sourire disparut aussitôt. À mes yeux il n'y avait aucune différence entre ce genre d'individus et les malfrats qu'il était fréquent de rencontrer dans les petites ruelles de la cité ; Que ce soit l'un ou l’autre, des couilles leurs pousser dès qu'ils se sentaient entouré de leurs congénères.
L'homme ne sembla plus savoir quoi répondre. Tant mieux ! Je continua donc à marcher jusqu’à ce que, du coin de l'œil, je perçoive l’intéresser saisir sa chope. Je stoppa ma marche, ce salopard allait regretter de m'avoir retardé, pour faire volteface. Sans jamais sortir mes mains de mes poches où elles se sentaient bien, je fis jaillir ma langue qui saisit la hanse du projectile au vol, arrachant un hoquet de surprise aux trois gardes. Ni une ni deux, je rétracta ma langue pour engloutir la chope d'une traite. Je sentie le verre se brisée entre mes dents avant de disparaître dans mon gosier, quelle délicieuse sensation ! Mais déjà je pus sentir mon estomac me réclamait davantage. Cependant je me délecta de la grimace de dégoût qui avait remplacer l’air suffisant des trois individus.
-Vous voyez, dit alors le propriétaire de la choppe à ses deux confrères, un sale monstre. Sa place n'est pas en ville, mais dans une cage.
Ces paroles, mêlaient à ma faim qui cognait, furent les mots de trop. Je me dirigea d'un pas assuré vers la table des trois gardes qui se mirent presque immédiatement debout avant d'effectuer plusieurs pas en arrière. L'un d'eux porta même la main à la poignée de son épée.
-Qu'est tu vas faire avec ça ? Lui lançais-je une fois à trois mètres d'eux, tu veux me nourrir ?
Je m’efforçai de présenter le plus carnassier de mes sourire, laissant volontairement apparaître l'une de mes rangées de dent supplémentaire.
-Allez, vas-y ! Dégaine ! Que je bouffe ton épée et ton bras avec !
La simple idée de manger de la chair humaine me rebuté, mais ça ils n'avaient nullement besoin de le savoir. Le garde en question sembla sur le point de répondre à la provocation quand le plus vieux de ses compagnons l’arrêta d'une main sur l'épaule. Les trois compères se regardèrent un instant, pesant sans doute le pour et le contre, puis l'intéressé retira sa main de son arme. On se fusilla du regard un moment, le jour où je baisserais les yeux face à de tel immondice n’était pas arrivé. Après plusieurs longues secondes, suivant la décision du patriarche du groupe, les trois gardes tournèrent les talons. Non sans que le plus jeune n'ouvre une dernière fois sa grande gueule :
-Tu n'en vaut pas la peine sale monstre, j'espère qu’un jour quelqu'un te réglera ton compte.
-De toute évidence ce ne sera pas toi, dit-je plus pour moi que pour eux.
Mon cœur se sera tout de même. On aurait pu croire qu'avec le temps je me serais habituer à un tel traitement… Alors que je reprenais lentement ma route je songea que je détestais cette vie que l'on m'avais donner mais que rester en vie pour emmerder ce genre d'individus me convenait parfaitement.
Une journée comme une autre finalement…
Et cette faim qui cognait… Et cognait…
Ses pieds l'avaient menés du côté du marché, peut-être bien l'endroit le plus vivant de la capitale. Véritable lieu fourmillant de gens et de bruit, c'était un des principaux endroits où le fantôme laissait traîner ses oreilles pour savoir s'il se passait des choses intéressantes dans les environs. C'est depuis les hauteurs d'un toit qu'il avait vu l'altercation. Des gardes et une femme, des insultes, la "conversation" s'envenimant un peu sans pour autant finir en bagarre, rien de bien méchant, mais ce fut suffisant pour intéresser un minimum l'invisible le temps de l'embrouille. Se faisant vieille conscience de part son invisibilité, Nevra suivit la "monstrueuse" personne après avoir bien vérifié que les gardes ne se pointeraient pas à nouveau. C'est qu'il ne les aimait pas trop, lui non plus, mais c'était plus lié à son passé qu'autre chose. Ce n'est qu'une fois qu'ils se trouvaient dans un coin moins bondé de monde que le fantôme ouvrit la bouche.
« Les gardes sont porteurs d'ennuis, hein ? » Micro pause le temps de voir comment la suite s'appréhendait. « Ça va ? »
Arpentant les ombres je pris le temps de m’arrêter lorsque se présenta un grand bac en métal, servant de toute évidence de poubelle à des individu quelconque. Après avoir vérifié que nul n’était là, je fis jaillir ma langue autour de la benne. Ouvrant ma bouche à fond, présentant une gueule à faire palier de jalousie un grand requin blanc, j'englouti le tout dans une seul bouché. Fer, verre et bois, tout fut broyé sans exception avant d’être jeté en pâture à mon estomac gargouillant. A peine fût-ce avalé, que ce dernier m'en réclama davantage.
Je reprenais tout juste mon chemin, lorsque derrière fois je perçu un léger bruit de pas. Rien de tonitruant, mais consciente de l'endroit où je me trouver- et des individus au l'on pouvait y croiser- je me retourna dans l'instant. Rien… Quelque peu étonnés je repris donc ma route. Avant de sursauter à l’écoute d'une voix qui s’arracha des ombres.
-Les gardes sont porteurs d'ennuis, hein ?
Poussé par mes réflexes de combattante je fis volteface pour voir… Encore rien ! Plissant les yeux, je ne discerna guère plus. Je fis un nouveau bond lorsque la voix se manifeste de nouveau, semblant venir de nulle part, à quelque mètre seulement de moi.
-Ça va ?
Qu'est que c’était encore cela ? Un tour de passe-passe ou bien une mauvaise farce. Alors que je fouillais encore l'obscurité en quête de l’inconnue j'en vint à me dire qu'il me faudrait peut-être répondre.
-Euh... Porteur d'ennuie ? Chiant vous voulez dire. Mais eux au moins je peux les voir et me font pas sursauter de la sorte. Sinon je suis habitué à leurs sales caractères, mais sa irait d'avantage si vous étiez devant moi.
Restant sur mes gardes j'attendit la suite. Je ne savais pas à quoi j'avais à faire, un pouvoir inconnu ou un traquenard quelconque. Je m'attendais à ce qu’a tout moment, surgissent des murs nombre d’agresseur. Si tel était le cas il vaudrait mieux pour eux qu'ils soient nombreux, ou je passerais sur eux mon humeur massacrante.
Je patienta donc, tandis qu'au fond de moi grandissait mon agacement.
« Et je suis devant toi. Je faisais juste gaffe de pas me faire voir le temps de s'éloigner de la rue principale. Je les aime pas des masses non plus, les garde. » Il se gratta la tête tout en arrêtant d'utiliser son pouvoir, apparaissant ainsi aux yeux de la nana qu'il suivait tout simplement parce qu'il avait été un peu intrigué par elle au milieu de sa banale journée.
« T'as pas répondu à ma question du coup. Ça va ? » Se présenter ? A quoi bon ? Il préférait attendre et voir comment les choses avançaient dans cette conversation mal engagée.
Réitérant sa question, je leva un sourcils à l’écoute de celle-ci. Il me demanda comment je me porté chose à laquelle je n’étais pas habituer, d'ordinaire on préférer plutôt m'insulter. Depuis combien de temps me suivrait-il ainsi ? S’il m'avait vue dévorer la poubelle il ne semblait pas s'en être formaliser. De nature méfiante je ne pus m’empêcher de me demander ce qu'il me voulait : attendait-il quelque chose de moi ? Me draguait-il ? Si tel était le cas il aller tomber de haut.
-Oui sa peut aller, je vous mentirai si je vous disiez que je n'y était pas habituer, lui répondit-je alors en faisant mon possible pour ignorer la faim, puis-je faire quelque chose pour vous ? Pourquoi cette envie soudaine, pour un homme tel que vous, qui semble vouloir éviter les soucis, de suivre une personne pour moi qui a pour spécialité d'attirer les problèmes ?
J’étais réellement curieux et en partie envieuse. Bien entendu, je rester sur mes gardes, mais je devais bien l'avouer j’étais un peu jalouse, comme je l'étais de chaque individus ne partageant pas la faim noire qui guidé ma vie. Mais au-delà de ça c’était son pouvoir qui m’intriguait autant, avec de tel capacité je crois que jamais je réapparaîtrais.
Me faire des amis ne faisais pas partie de mes qualités. Récemment installer en ville depuis quelque mois seulement, rare était les gens qui ne transpirer pas l'animosité.
Qui était donc cet individu, qui semblait réellement s'inquiéter pour moi ?