C'était une belle température pour se balader dans les bois. Le feuillage offrait l'ombre nécessaire pour éviter l'exposition forcée des rayons du soleil bien que je m'étais vêtus en conséquence de la température. Je portais une chemise justaucorps sans manche avec un capuchon intégré confectionné dans un tissu anti-canicule sur lequel j'avais mis les mains il y quelques années. Un short sciait mon divin postérieur et je portais des bottes en cuir de randonnée surmonté de hautes chaussettes pour éviter le frottement sur la peau de mes jambes. Et quand bien même qu'il ne s'agissait que d'une balade en famille, je ne m'étais pas moins équipé pour autant. Ma bague tsépi toujours à mon doigt, il m'était facile de prendre mon arc en main avec les quelques flèches que j'y avais glissé. Mes dagues étaient toujours accrochées à mes cuisses. Si Devon surveillait le petit de près, il était de mon devoir de pouvoir réagir à la moindre situation et de les protéger. Bien évidemment, nous nous étions tous les deux préoccupé du bien-être de notre petit Cid et mes sacs étaient remplis d'item qui pourrait nous être utile s'il ressentait un peu trop la chaleur et nous avions aussi prévu de quoi manger pour la journée.

Malgré le calme de la forêt, je gardais toujours mes sens en alerte bien que j'essayais de ne pas me laisser trop distraire pour ne pas manquer l'importance de cette promenade. Les premiers moments de notre petit dans mon univers de verdure. Chacun de ses petits doigts pointés dans une direction me permettait de lui montrer et expliquer ce qu'il s'agissait. Même s'il ne retiendrait rien, j'étais heureuse de pouvoir lui montrer le monde dans lequel j'avais grandi et vécu une partie de ma vie comme l'avait fait mon père avec moi autrefois. C'est donc avec le regard brillant que je promenais mon fils d'une fleur à l'autre, tout en lui montrant par moment des nids d'oiseaux dans le haut des branches tout en respectant la nature qui nous entourait. Je me sentais réellement chez moi aussi, même si je savais que ma véritable demeure se trouvait là où ma famille était.

Si tout se passait bien dans les premiers segments de la forêt, il ne me fallut pas bien longtemps avant de réaliser que quelque chose n'allait pas. Une présence se faisait ressentir non loin de notre groupe, mais cela pourrait être n'importe quelle créature curieuse, mais qui ne souhaite pas se montrer. Elle guette le moment où nous partirons. Peut-être sommes-nous responsables de sa fuite ou est-ce les concurrents de la course qui passe au-dessus de nos têtes. Disons que je ne m'inquiète pas dans l'immédiat, mais me contente d'observer et d'écouter.

« Je suis curieuse de voir ces montures volantes. Je n'en ai jamais encore vu! »

Normalement, je ne suis pas du genre excité à la vue des familiers. Ils ne m'aiment pas spécialement, mais je dois dire que depuis que je ne vis plus en forêt, ils me fuient beaucoup moins qu'autrefois. Bon, ça ne veut pas dire que je suis en amour avec ces derniers et que je souhaite en faire la collection comme certaines personnes, mais je dois dire que Devon et moi commençons à avoir une sacré panoplie de compagnon. D'ailleurs, il ne nous restait que quelques mètres à franchir pour arriver sur le lieu de l'événement, mais cette fois-ci, il n'y a pas que moi qui ressentit ce drôle de sentiment.

Nous nous sommes retournés en même temps. Ma dextre était posée sur le manche de ma dague, prête à être dégainée si le besoin se faisait ressentir. Mais deux créatures, plutôt majestueuses se montrèrent finalement, fixant notre trio d'une curiosité non cachée. Leur regard d'acier ne nous quittait pas d'une semelle et connaissant Devon, cela ne me surpris même pas lorsqu'il décida de se mettre entre nous tous. Secouant la tête pour montrer mon découragement, je m'avance légèrement en biais de mon aimé pour regarder dans la direction de ces créatures ailés.

« Non, je n'en ai aucune idée. C'est la première fois que je vois de telles créatures. »

Je m'avançai alors pour tendre Cid vers Devon afin qu'il le prenne contre lui, mais c'est à ce moment que les bêtes sortirent de derrière de leurs buissons fonçant alors dans ma direction. Non, pas que la mienne, mais celle de Cid aussi. Que faire contre deux créatures faisant environ quatre mètres de long, deux becs acérés, des serres tranchantes et des capacités qui m'étaient encore inconnues. Je me jeta alors au sol enrobant Cid dans mes bras, le protégeant ainsi de mon corps, mais les créatures s'arrêtèrent avant de me piétiner. Non, à la place, l'un des deux m'arracha mon sac de conservation et s'éloigna aussitôt à l'opposé fouinant leur nez dans notre goûter. Ne comprenant pas la dangerosité du moment, Cid semble s'éclater comme un petit fou de la situation. Pour lui, c'était drôlement rigolo de voir deux gros poulets géants embêter ses parents.

« Tout va bien… fis-je savoir pour que Devon ne s'inquiète pas plus. Mais par contre, je ne peux pas en dire autant de notre repas. »

Appuyant d'une main contre le sol, je m'aide de ma dextre pour me remettre sur mes genoux avant de me relever en gardant toujours mon garçon contre moi.

« Je ne sais pas dire s'ils nous veulent du mal, mais en tout cas, ils devaient avoir faim. Ils ont peut-être été attirés par l'odeur de la nourriture? »

Devon nous aide à nous remettre sur pieds et je peux lire le soulagement de ce dernier puisque Cid et moi-même n'avons rien eu. J'essaie de sourir pour l'apaiser et dès que j'ai un instant, je secoue les feuilles qui s'étaient collées à mes vêtements d'une seule main puis je fais de même avec le petit. Évidemment, je l'observe attentivement regardant chacun de ses petits membres pour m'assurer qu'aucune éraflure ne m'échappe, mais rien. La seule chose qui avait visiblement subi quelques dégâts était mon sac de conservation dont la sangle avait été abîmée; sauf si les gros piaf décidaient de faire pire.

Je comprends que Devon veuille se remettre en route pour nous éloigner des volatiles, mais c'était mal me connaître. J'allais tout faire pour récupérer mon sac et s'il s'agissait de familier en fuite, peut-être se laisseront-ils attraper une fois leur ventre plein.

" Je ne pars pas sans mon sac, Devon. J'veux bien croire que ça ne coûte pas si cher, mais les cristaux ne pleuvent pas des arbres! Et s'ils ont faim, je vais leur trouver à manger moi! "

Je me pointe avec mon pouce prenant un air plus que confiant et cette fois-ci je remet Cid à son père.

" Puis on pourrait essayer de les attraper s'ils ne sont pas sauvages. On nous offrira peut-être un petit quelque chose en retour. "

Je me retourne finalement en direction des grands oiseaux en faisant claquer ma langue pour essayer d'attirer leur attention. Ils levèrent la tête, m'observant de leurs yeux perçant doté d'une lueur d'intelligence, et firent preuve de prudence. Après tout, il pouvait y avoir un risque de représailles, même si je n'en avais pas l'intention. Enfin, s'ils nous avaient fait du mal, je n'aurais pas donné cher de leurs plumes.

" Vous avez faim? Vous êtes perdus? " dis-je calmement en me déplaçant très prudemment. Évidemment, je fais un signe à Devon de ne pas s'inquiéter. Ceux-ci ne semblent pas fuir et cela me permet de les observer. Un grand bec acéré, de longues griffes, des pattes arrières robustes sans compter leurs grandes ailes et cette queue féline à l'arrière. On pourrait presque croire qu'il s'agissait d'un cousin éloigné des griffons harfang, même s'il y avait des différences notables, mais jamais je n'étais tombée sur ces créatures dorées. Peut-être venait-elle du sud ou peut-être même de cette île flottante? Après tout, il y avait bien des créatures qui peuplaient cette surface désertique.

" Elles doivent être carnivores. Le devant de leur corps semble être celui d'un rapace alors que l'arrière semble provenir d'un mammifère félin. " dis-je à voix haute, surtout pour moi, même si je n'étais pas entièrement sûre de ce que j'avançais. " Mais ils ont quand même mangé ce qui se trouvait dans notre sac. Cherchons des fruits dans les environs. Peut-être en voudront-ils? "

D'une façon, toutes les créatures peuvent être dangereuses lorsqu'on ne sait rien d'elles, mais si elles en voulaient vraiment à nos vies, nous ne serions sûrement déjà plus de ce monde. Mais bon, il faut bien les étudier pour en apprendre davantage. Après tout, s'il s'agit d'un nouveau spécimen que je pourrais de nouveau croiser, il me fallait savoir s'ils étaient une menace pour moi.

« J'veux bien le croire, mais y'a pas que là-haut que tu peux perdre un membre…» dis-je simplement en faisant référence à son bras. « Alors, si je dois avoir peur de l'inconnu, je ne sortirai plus de la maison. » terminai-je à voix basse.

Ma tête tourna légèrement dans tous les sens, bien que je ne fasse pas demi-tour afin de ne pas leur faire dos. Me voyant bouger ainsi, les créatures penchèrent légèrement la tête sur le côté comme si elles étaient curieuses. Que pouvais-je bien faire? Pour ma part, je cherchais un buisson de baies sauvages. Sortir mon arme serait risqué pour tenter de chasser une créature quelconque, puis je ne pense pas qu'elles aient la patience pour cela. J'aimerais aussi ne pas passer à côté de la course de monture volante qu'il y avait non-loin d'ici. Nous étions si près du but. Juste qu'il y avait très peu de chance qu'une situation comme celle-ci se présente de nouveau à nous.

Lentement, mais sûrement, je m'approchai d'un buisson que j'avais repéré tout près d'ici cueillant quelques fruits dans mes mains. Me voyant faire, les créatures se rapprochèrent de moi. La vue de ses fruits avait creusé leur appétit ou du moins c'est ce que j'en avais déduis. Je m'avançai calmement en leur direction, la main tendue leur offrant ainsi ce que j'avais trouvé en gage de bonne volonté et l'une d'elle renifla doucement ma main lorsqu'on son bec fut à proximité. Il lui suffisait d'un seul coup de bec pour m'arracher la main et je dois dire que je restai figé sur place, retenant même ma respiration. Quand bien même Devon s'inquiétait pour moi, il ne pouvait rien faire pour m'empêcher d'agir stupidement. Il avait notre fils en main et s'il bougeait brusquement, il risquait de faire peur aux grands volatiles.

Après un moment de tension où la bête cherchait à savoir si elle pouvait consommer les fruits, elle se décida à en prendre dans son bec. Faisant preuve d'une grande délicatesse qui me surpris, celle-ci échappa un roucoulement de satisfaction lorsqu'elle avala l'aliment. Elle revint même se servir sans laisser la moindre chance à son compagnon quadrupède de venir se servir. Se chamaillant presque, le premier gonfla ses plumes et battit des ailes tout en tentant de lui donner des coups de becs qui ne me semblaient pas dangereux. C'était un avertissement, rien de plus.

« Tout doux, les amis… Il y en a d'autres. »

Je ne sais pas si elles me comprenaient, mais dans le doute, je leur montrai le buisson couvert de baies rouges. Le second s'y jeta aussitôt alors que la première m'observa un moment sans aucune once de malice. Elle se rapprocha de moi et vint frotter son bec sur mon bras, comme si elle me remerciait. Levant ma dextre délicatement, je me risquai à toucher le dessus de son crâne et comme elle ne se dégageait pas, j'intensifie ma caresse sur ses douces plumes jusqu'à ce qu'elle se décide de rejoindre la seconde créature.

Mon sac maintenant libéré de leur emprise, je m'empresserai de le récupérer  alors qu'il avait été abandonné au sol. Le levant dans les airs avec un air qui criait victoire sur le visage, je regardai Devon avec un petit sourire satisfait.

« Je te l'avais bien dit que je n'allais pas partir sans! Maintenant que j'ai récupéré mon bien, on peut poursuivre notre route j'imagine…»

Mon regard se perdit un instant en direction des nouveaux spécimens. Une part de moi voulait continuer à les observer, mais d'un autre côté, nous étions venu ici pour passer un moment en famille.

Quelque peu déçue de laisser ces deux belles bêtes derrière nous, je me fais à l'idée que ce sont des créatures sauvages et qu'il m'est impossible de les observer davantage. Après tout, nous sommes ici pour vivre un moment en famille et observer la course de monture volante. Nous étions si près de notre but et je nous avais déjà bien ralentis sur notre emploi du temps. Me détournant finalement, résignée, mon regard croise un instant celui de Devon. Je sais qu'il comprend ma déception, mais moi j'y vois surtout un refus de sa part. Nous n'avions plus le temps et il nous fallait nous remettre en route.

Un pas, deux pas, trois pas et voilà que derrière nous se font entendre quelques roucoulements. Tournant légèrement la tête sur le côté, Devon me fait savoir quelque chose que j'avais déjà remarqué. Les deux volatiles nous suivaient sans que nous les ayons appâter.

« Oui, faisons cela. Peut-être trouverons-nous quelqu'un qui les reconnaîtra. »

Nous arrivons peu de temps après au campement et sommes aussitôt accueilli par un homme accompagné d'une bête comme celles qui nous suivent. Pas le temps de parler que ce dernier semble croire qu'il s'agit de nos deux compagnons personnels et que nous sommes ici pour participer à la course. Devon se retourne finalement dans ma direction me questionnant finalement sur ce que nous devrions faire.

« Et bien, faisons le tour du campement dans un premier temps. Peut-être trouverons nous des informations sur ces deux griffons dorés. Peut-être que quelqu'un sait s'il y a eu de ces créatures en fuite. »

Cid, qui se trouvait dans les bras de son père, semblait bien intéressé par les montures volantes. Il les pointa du doigt ces derniers en gazouillant à coup de "Dadadada". Pour notre part, nous poursuivons notre chemin questionnant les organisateurs sur la possible perte de familier, mais personne ne semblait au courant de quoi que ce soit. Les réponses furent négatives tout au long de notre investigation et ces créatures semblaient elles aussi s'être amourachés de notre famille.

Nous nous fîmes à l'idée que ces créatures n'avaient pas de maître et nous nous installions finalement dans les tribunes afin de profiter de la course. Cid assis sur les genoux de son père s'esclaffa lorsque les concurrents s'envolèrent. Lâchant des " WoooW! " à chacun des passages des créatures tout en tapant dans ses petites mains. Ils arrachaient bien des regards et des sourires aux autres spectateurs alors que pour ma part, c'est d'un regard tendre que je l'observais.

Lorsque la course fut finalement terminée, nous assistions à la remise des prix et profitons du moment pour acheter quelques souvenirs et montrer les familiers à notre tout petit. Quand il fut le temps de partir et retourner dans la forêt, les deux griffons dorés se mirent de nouveau à nous suivre…

« Je crois qu'ils nous ont adopté, Devon. »

Celui que j'avais nourri se rapprocha de nouveau et vint cette fois-ci mettre sa tête entre Devon comme s'il cherchait de nouveau à manger. Pour le coup, je n'avais plus rien à lui offrir, bien que Cid avait trouvé le moyen de mettre sa petite main dans ses plumes.  Il semblerait que même notre petit appréciait les nouvelles créatures.

« Tu crois qu'on a de la place pour des compagnons supplémentaires à la maison? »

Évidemment, Devon me lance un regard avant de secouer la tête, découragé.

« Si nous pouvions les monter, nous pourrions nous déplacer plus rapidement d'un point à l'autre d'Aryon, puis il me sera plus facile de travailler ainsi. J'éviterais ainsi les dangers terrestres. »

Devon poussa un profond soupir.

« J'imagine qu'on pourra leur construire un abri dans le jardin. »